If you knew what I was afraid of the dark ... [Devan PV]

Après la petite balade du cimetière, la sieste à moins de quelques pas des tombes puis la rencontre d’une nouvelle je décidais de rentrer avant le coucher du soleil. En effet, il était 18h00 et le soleil disparaissait lentement derrière l'Institut.

De retour à Teenagers je me dirigeai vers ma chambre désertée par mes colocataires. Je décidais d'enlever ma chemise, afin de rester en simple débardeur, espérant me sentir plus légère. Ce geste m'arracha un juron :

"-Nom d'un raton, ça sent le rat mort là dessous !"

Instinctivement je me dirigeais vers mon armoire pour saisir des habits propres. Je sortis de ma chambre pour aller dans l’Aile Droite du Bâtiments direction la salle de bain.

Je prends mon temps, puisque ce n’est pas moi qui paye la consommation d’eau. Je me savonne deux fois les cheveux, et reste même sous l’eau sans rien faire. J’aime ! Puis commençant à m’ennuyer, j’arrête l’eau et je sors pour me sécher les cheveux. En me rhabillant je jette un regard furtif à ma montre : 19h50. 50minutes sous la douche…

Pleine d’angoisse… comme d’habitude, je dirais, j’entrouvre la porte et constate que le jour à totalement fait place à la nuit. Je décide d’appeler :

"-Y a quelqu’un ?"

Aucune réponse. Je sens mon cœur battre. C’est l’horreur. Je sais que je n’ai aucune chance de retourner là-haut, dans ma chambre, si je n’ai pas de lumière. De surcroit je n’aperçois pas d’interrupteur mais cela aurait été inutile car il était en panne. Plus tôt dans la journée j’avais aperçut le post-it coller sur celui-ci avec pour inscription : En panne.

Je tends l’oreille. J’ai l’impression d’entendre des bruits, des pas ou de sentir des regards. Pourtant je sais qu’il n’y a rien. J’ai élaboré une technique quand j’étais petite, qui marche très bien chez moi, pour de courte distance mais ici, sachant que je dois monter un étage… j’essaie quand même. Ais-je le choix ?
*un…deux…trois…nan j’ai trop peur, allez, respire, un…deux…trois !*

Cette fois-ci je pars en courant. J’ai l’impression de les entendre derrière-moi. La folie cède à mon âme. Je me retourne, évidement lorsque je les regarde ils se cachent. Mais je sens mon corps heurter quelque chose d’autre… Je me retourne, aperçoit une autre forme devant moi. Je ne vois pas son visage. Mais j’ai peur, je ne m’arrête pas. Je sens des larmes couler, je n’en peux plus. Je ne me repère plus. Le noir me tient en otage, j’étouffe mais je dois continuer. Mon pied se cogne contre un objet, je tombe les quatre mains en avant. Se sont les escaliers…miracle. Je grimpe lorsque que j’entends une voie non loin de moi. Quelques me court après…

Certaines périodes de notre vie sont riches en évènements...

Des rencontres, des amitiés, des amours… pour un coté positif. De la souffrance, de la mort pour une vue négative du sujet. Ce principe fonctionne pour pratiquement tout le monde, certains ont peut-être leur période de bonheur que trop tard, tandis que d’autres ont leur période de bonheur en tant qu’enfant gâtés, avant de sentir la dure réalité de la vie. Pour Devan, le bonheur n’était pas encore vraiment venu mais il savait néanmoins qu’il avait eu sa dose de malheur, ou du moins il l’espérait … Le malheur durant l’enfance… l’adolescence et même une partie de sa vie d’adulte… il était maintenant temps que le bonheur surgisse. Quelques signes déjà : des amitiés… un amour même … un sentiment de bien être accru vis-à-vis du reste de sa vie. Il retrouvait une vie plus ou moins… « Normale » au fur et à mesure des mois… mais c’était qu’un tout petit pas, il avait encore beaucoup de choses à faire d’ici là… de choses à accomplir.

Certaines périodes de notre vie sont le fruit de chance et de choses fortuite… d’autres de malchances.

C’est naturellement lié au bonheur ou au malheur… mais parfois on rencontre toujours les mêmes personnes, on gagne aux jeux, on trouve des choses uniques… la chance. D’autres fois on perd partout, on ne rencontre que les murs comme amis…. Malchances ou période creuse peut-être. C’était dans cet ordre d’idée que Dev’ n’avait plus vu Vitany depuis des semaines, depuis ce déjeuner ensemble. La chance ne lui avait pas souri et ne lui avait proposé aucune nouvelle rencontre avec la jolie fille. Même que les deux dernières semaines avaient été totalement vides en activités… personne, rien de prévu… juste squatter, écouter de la musique, lire et écrire…

5 mars, un soir …. Un crépuscule comme un autre pour Devan, il déambulait dans les couloirs à la recherche d’activité diverses… comme d’habitude. Il commençait à avoir un plan digne d’un architecte dans sa tête, ce mot « habitude » lui permettait de contrôler beaucoup plus facilement les choses. Il avait maintenant anéanti ce stress de nouveauté, cette anxiété constante de la rencontre. Il aurait pu carrément dire qu’il était chez lui… enfin bien sur ce n’est pas chez lui ! Mais du moins il ressentait bel et bien quelque chose qu’on pourrait qualifier… de …

*Je me sens comme à la maison ici, un sentiment familial…*

A la différence de son studio, l’institut présentait un aspect clair, net, précis ; une ambiance sereine, calme et détachée. Son petit lobby californien était plutôt renfermé et ne manquait pas de s’être imprégné des tourments de Devan. Son studio, c’était la salle courageuse qui avait accueilli un homme lassé de la vie, tourmenté jusqu’à en frôler le suicide… Teenagers ? C’était trop large pour être un lieu de tourment… de plus, l’institut avait un contact assez régulier avec l’extérieur, ce qui permettait de toujours garder un brin d’humanité dans le cœur de chaque personne ici présente.

Le premier étage n’était pas le lieu le plus captivant dans le sens où il ne recélait que les dortoirs et les chambres individuelles, ainsi que les douches et tout le reste en nécessaire de toilette. Dev’ avait sa petite préférence pour les jardins bien sur, mais aussi pour l’aile droite : emplacement de la bibliothèque, de l’atelier et de l’auditorium. Ces quatre lieux étaient tous destinées soit à la lecture pour Dev, à l’écriture… voire même la méditation … et à la musique, en particulier du métal. Le toit et l’observatoire étaient aussi deux lieux occasionnels …

Pourquoi être dans un lieu qu’il jugeait si peu intéressant alors ? Tout simplement parce qu’il avait oublié son Ipod dans un tiroir de sa chambre et qu’il n’avait pas d’autre choix que d’aller le chercher avant d’aller autre part. Son Ipod c’était son dieu, sans lui, ce n’était pas la peine de vivre, enfin en théorie… disons que c’est l’un des éléments importants de sa vie. Au-dessus de tout et tout le monde, amis y compris.

*Oué bon… sauf Vitany*

Le désir ardent de la revoir était plus chaud que jamais en lui… mais il ignorait totalement où il pouvait la joindre… peut-être devraient-ils s’échanger quelques moyens supplémentaires de se voir lors de leur prochaine rencontre.

Devan marchait d’un pas rapide dans les couloirs, se dirigeant à toute vitesse vers sa chambre, il voulait encore profiter de la soirée du meilleur moyen qui soit ! Première série de chambres…. Deuxième, troisième… tandis qu’il voyait l’obscurité s’épaissir au dehors. Il poussait finalement la porte de bois marqué de quatre noms, la pièce est vide comme d’habitude. Il jetait des regards à gauche et à droite de manière désinvolte avant de saisir son Ipod à toute vitesse, comme s’il s’agissait d’un masque de respiration… avant de repartir d’un pas plus tranquille.

Le noir ? C’était sa couleur. La nuit ? Son élément, un peu comme la neige … Il adorait la nuit, on n’entend pas les cris des gens, les cris des foules … souvent que des bruits de la nature. Tout vit en réduction la nuit… c’est si calme et si revigorant. Même si la nuit avait été un mal puissant pour lui durant son enfance militaire… il avait compris que ce n’était pas sa faute à elle, mais aux gens… et que la nuit, elle, voulait le silence et le calme. Son affinité avec la nuit était peut-être quelque chose de difficilement explicable… mais le principal était qu’il se sentait bien en elle. L’éclairage automatique de certains couloirs ne s’activait que vers 21h30, avant de s’éteindre à nouveau vers 23h et quelques.

Période d’obscurité savoureuse … Devan contemplait les ornements sous l’effet de l’obscurité, il prenait son Ipod à son coté et entreprenait de le configurer à son aise. Il entendit un bruit, des claquements réguliers… qui ne l’interpellèrent guère au premier abord, avant de le faire relever la tête en remarquant que ces claquements étaient les pas d’une personne courant droit vers lui ! Il se prépara au choc mais celui-ci ne se fit pas aussi violent qu’il ne l’aurait pensé, la tête de la personne vint se heurter sur son torse, sans grande brutalité, la personne semblait avoir appréhendé Devan, avant que celle-ci ne parte sur le coté en direction des escaliers.

*Hum… pas bien grave, ce n’est qu’un fou surement, ça ne m’étonnerait pas ici*

Sa pensée se prolongea dans cette optique, avant qu’il n’aperçoive le visage de l’individu… une femme, dont les traits ne trompent pas !

-Vitany, tu … ? !

Sa voix se faisait hésitante, il ignorait si c’était vraiment elle mais en plus il ne savait pas vraiment quoi dire dans cette hâte. Sur la durée de sa phrase, elle était tombée dans l’escalier et s’était relevée avec une vigueur extrême, elle était comme en proie à une peur. Devan jeta un bref coup d’œil dans la direction d’où elle venait… rien ne la suivait. Dev’ ne réfléchit pas plus longtemps que nécessaire et se lança à sa poursuite. Il réduisit rapidement la distance qui les séparait, il était maintenant à une vitesse assez haute et à une proximité parfaite pour la saisir.

Sa première tentative se solda par un échec du à son manque de vitesse, la deuxième tentative fut repoussée par un geste violent de la jeune fille. Devan n’avait plus d’idée tendre pour l’arrêter… et Vitany devenait extrêmement rapide dans sa course. Quelques rayons lumineux par-ci par-là avaient confirmés à Devan qu’il courait bien derrière Vitany.

*Bon…*

Ce qu’il avait en tête s’annonçait bien plus brutal que les autres tentatives… mais elle était insensible à ses appels répétés, il n’avait plus le choix.

Il saisit le bras gauche de la fille à l’aide son propre bras droit, l’expédia contre le mur à l’aide d’une poussée sur son ventre avec son bras gauche, de manière à lui couper le souffle et la rendre plus facile à garder en prise. Il avait affaibli le choc mural en plaçant son bras et celui de Vitany derrière le dos de celle-ci. Il savait que cela n’était que temporaire, il devait trouver une autre position pour la maintenir.

Il la retourna d’un geste rapide, avant de saisir chacun de ses bras entres les siens, comme pour former un nœud et empêcher tout mouvement en haut. Il se pressa un maximum contre elle, pour se servir de son propre poids pour immobiliser Vitany contre le mur du couloir, il maintenait ses jambes en place à l’aide des siennes. Quelques secondes passèrent, ils avaient tout deux la respiration haletante.

-Vitany, c’est moi; Devan. Calme … toi ...

Il pouvait au moins constater que la …

*Elle a teint ses cheveux !*

Elle arborait maintenant une chevelure très claire, semblable à du blanc. Mais cheveux noir ou blanc… elle était aussi véloce qu’un félin et se débattait telle une tigresse. Devan n’était pas très à l’aise dans cette position… surtout qu’un spectateur extérieur aurait pu amplement croire à autre chose qu’une simple immobilisation…

J’entends les pas qui se rapprochent derrière moi mais je n’ai plus l’impression de contrôler mon corps. Je ne suis plus qu’instinct. Ma nourrice me disait : Expose-toi à tes peurs les plus profondes ; après cela, la peur ne pourra plus t’atteindre. Là je ne pouvais pas faire mieux mais je réalise soudain que jamais je ne pourrai vaincre ma peur du noir. Elle est bien trop forte pour moi. Son emprise me transforme… La personne me rattrape, de justesse mon corps l’évite. Une deuxième, il lui envoie un geste violent. Je voudrai qu’il s’arrête de me courser. J’étouffe, je dois respirer. Cette fois si, on me saisit le bras, je me retrouve contre le mur, le souffle coupé pendant quelques secondes. Je me débats, si je ne bouge pas les djinns me rattraperont. C’est le surnom que portent ceux qui hantent mon esprit et me rendent folles dans le noir.

-Vitany, c’est moi; Devan. Calme … toi ...

Cette voix me rappelle quelqu’un, je cherche dans ma mémoire. C’est Devan, que je n’ai pas vu depuis deux semaines environ. J’ai besoin de lumière. Devan ou pas, il va falloir qu’il me lâche. Je panique, je sans des larmes couler le long de mes joues. J’essaie de penser à autre chose et pendant quelques secondes je m’immobilise. Je sens que Devan relâche la pression. Je bondis sur l’occasion. Vivement je me retourne, cherchant à frapper fort mon adversaire pour qu’il me lâche complètement. Il m’a semblait l’avoir griffé au visage, je m’en veux mais tant pis, je cours déjà vers ma chambre. Je l’a trouve sans problème. Je reconnais malgré la pénombre les quatre noms sur la porte. Dieu merci. De suite j’allume la lumière.

Je cours vers mon lit et m’effondre. La tête sur le lit, je sanglote. La lumière m’apaise, me réconforte. Je repense à Devan, je m’en veux, il m’en voudra.

Lentement je me calme. J’entends la porte s’ouvrir lentement. Des pas, Je ne bouge pas.

Je suis folle et je me hais.

*C’était une grosse erreur …*

Quelle erreur ? Celle d’avoir cru pendant un instant que Vitany s’était calmé et était redevenu elle-même de manière permanente. Ce n’était qu’un mirage et Devan s’en voulait de s’être fait avoir si aisément, c’en était pratiquement indigne pour quelqu’un comme lui. Une faute pareille à la guerre lui aurait couté à la vie…

Mais il savait aussi qu’il n’était plus à la guerre… qu’il tentait d’oublier tout cela. Même si tout disparaissait… il subsisterait toujours ces éternels réflexes. L’armée était encrée dans son corps et son sang et il en conserverait probablement toutes les conséquences et avantages que cela puisse lui apporter. Malgré sa vivacité et sa force d’homme d’arme, il avait échoué en voulant maintenir une femme frêle entre ses bras. Devan s’appuya de ses deux bras face aux murs, tentant de reprendre son souffle en réfléchissant à la situation. Ce n’était pas sa force ou sa détermination qui lui jouaient des tours, c’étaient ses sentiments. L’amour l’avait empêché d’aller plus loin dans cet acte ; face à un homme il aurait largement tenu l’emprise contre le mur, quitte à lui fracasser les omoplates.

Dev’ respirait par rafale, cette course en était le résultat, il avait pratiquement dû tripler de vitesse pour atteindre Vitany et l’attraper … brièvement.
Sa respiration revenait à la normale et il sentait maintenant un filet de liquide couler de sa joue. Il écarquilla les yeux, il pensait d’abord à de la sueur, avant de réaliser que le liquide était d’un rouge écarlate et s’échappait du milieu de sa joue droite.

*Aargh, tu m’as bien eu …*

Il essuya le sang d’un geste vif, mais cela ne fit que réveiller quelques picotements supplémentaires. Il y a appliqua un peu de salive, non sans un rictus de colère et de douleur.

*En effet, une vraie féline !*

Après diverses observations et constatations, il remarqua que la blessure n’était pas simple. Il était entaillé à deux endroits différents, mais certes parallèles. Il toucha les deux plaies du bout des doigts, il les caressa lentement. Celles-ci se prolongeaient toutes les deux de quelques centimètres en dessous de son oreille et descendait jusqu'à un pouce environ du coin de sa lèvre inférieure.

Devan étouffa un juron et s’empressa de jeter un coup d’œil vers la porte entrouverte du bout du couloir : Vitany venait de s’y engouffrer. Déterminé à ne pas s’avouer vaincu si aisément, le soldat se passa rapidement la main sur la face droite du visage et entreprit de marcher d’un pas rapide jusqu’au bout du couloir. Son pas se fit de moins en moins féroce, il était d’abord furieux de sa blessure mais peu à peu il sentait sa colère s’évaporer dans l’air… après tout il faisait totalement noir dans ce couloir, peut-être que Vitany ne l’avait pas reconnu malgré sa voix dans ce vacarme et cette poursuite. Après tout, elle n’avait pas réagi à ses précédents appels, alors pourquoi aurait-elle soudain remarqué que c’était lui ?

Les bruits de pas avaient maintenant cédés leurs places à des sanglots, provenant de la pièce où Vitany était entrée. Devan se redressa tant bien que mal et accéléra le pas. La porte était déjà entrouverte et il n’eut qu’a y appliquer une petite pichenette pour s’y engouffrer.
C’était une chambre, plus ou moins similaire à celle qu’il partageait avec ses trois colocataires. Hormis la décoration qui était différente, une touche plus personnalisée de chaque habitants dans chaque coins de la chambre, l’architecture et la taille de la chambrée était on ne peut plus similaire à celle de Dev'.

Vitany était là, couché sur un lit, probablement le sien, sanglotant sans arrêt. Un détail frappa Devan sur le coup : malgré sa hâte de fuir vers cette chambre, elle semblait avoir pris le temps d’allumer la lumière. Dev’ s’arrêta quelques instants au centre du rectangle, observant Vitany sur le lit. Il finit par s’approcher car après tout il était là pour ça, c’était la seule raison pour laquelle il pouvait se trouver dans la chambre d’un autre !
Il s’agenouilla de manière à avoir sa tête plus ou moins à la hauteur du corps de la fille. Elle a la tête enfouie dans l’oreiller, elle ne le voit pas.

-Vitany…. Tu…

*m’as griffé bordel !!*

Il préféra adopter une approche plus diplomatique et remballer sa frustration au fond de lui-même.

-C’est quoi le problème ?

Il l’observe, il ne sait pas vraiment quoi dire… c’est un peu bête mais c’est comme ça. Il se contente de se frotter la joue, les saignements commencent à se stopper de manière progressive. A vrai dire, il n’ose pas la toucher de peur d’avoir un équilibre sur son autre joue. Il se contente de lui poser un mouchoir près de sa joue.

-Personne te suivait … personne te parlait on dirait …

Il ignorait vraiment la source du problème, elle était telle un démon mais il ne savait vraiment pas pourquoi. Même s’il savait pertinemment que tout cela était explicable de façon plus ou moins rationnelle.

*Peur de la solitude ?*

Non, parce que si c’était cela, l’arrivée de Devan aurait surement dû stopper ce genre de peur, ou peut-être le fait qu’elle ne l’avait pas reconnu n’avait fait qu’aggraver cette peur… Puisque après tout, la peur d’être seul c’était souvent lié au fait de la peur de se faire agresser… Peut-être que tout cela était lié … mais Devan n’y croyait pas vraiment, même s’il ne trouvait rien d’autre à penser.

Le brun attendait une réponse plutôt que d’agir trop rapidement, de plus il avait déjà expérimenté son impulsivité quelques minutes plus tôt et n’était pas friand à l’idée de renouveler l’expérience. Il se leva durant quelques secondes, pour finalement s’asseoir au bord du lit de Vitany, de manière à être dos à elle et la délasser du regard du jeune homme. Il observait la lampe… puis le couloir, de manière alternative.

*Le noir ?*

Les pas se rapprochent… j’arrête de sangloter. J’ai un minimum de dignité après tout. J’entends Devan s’accroupir :

-Vitany…. Tu…C’est quoi le problème ?

Je ne réponds pas. Je sens quelque chose frôler ma joue. Légèrement je bouge ma tête vers la droite et aperçoit et un mouchoir.

-Personne te suivait … personne te parlait on dirait …

Les bras le long du corps, j’attends pour voir ce que Devan va faire. Il s’assoit sur le bord de mon lit. Dos à moi.

Je décide de m’assoir. Je tourne le dos à Devan et saisit son mouchoir.
Je me mouche bruyamment. C’est honteux pour une fille mais au fond j’ai envie de rire. Et j’attends un peu car je sais que mes yeux sont rouges et je ne veux pas que Devan me vois ainsi.

Je n’avais jamais observé le papier peint de cette façon. Sa couleur légèrement orange et ses lignes discontinus… Les petits dessins que celles-ci forment…

Je prends le temps de réfléchir à mon comportement, à l’image que Devan peut avoir de moi. Pourquoi m’a-t-il suivi ? Je ne sais pas quoi dire. Je reste muette. Ah ! Si ! Sa question, je n’y ai pas répondu. Je choisi mes mots et me lance dans une brève explication :

-Je…heu… j’ai peur d’être dans le noir. J’ai l’impression d’être poursuivie, épiée et j’ai le sentiment d’étouffer. C’est affreux. Mais maintenant il y a la lumière. C’est bon.

Je descends du lit et me poste en face de Devan, qui me regarde. Je baisse mollement la tête afin de ma frange recouvre mon regard. De cette façon Devan ne peux pas voir mes yeux. Mais moi je peux l’observer aisément.

J’aperçois une marque rouge sur sa joue droite. Une marque longue et parallèle. Tout à l’heure il m’avait semblé l’avoir griffé. Ici, j’en ai la confirmation, je ne l’ai pas loupé.

Étrangement cette marque m’apporte satisfaction. Avoir joué un sale tour à Devan me rempli de fierté. Lui, soldat s’être fait avoir comme un novice, par une fille de surcroit. Je sens un sourire naître sur mon visage.

Puis me vient une idée. Je m’approche de Devan, par la droite. Je suis tout près de lui. D’une main, en l’occurrence la gauche, je tiens mon débardeur afin de ne pas offrir à Devan, une vue rêvé sur ma poitrine puis je me baisse lentement vers son oreille. Je lui chuchote :

-Je t’ai eu… dis-moi se faire avoir par une fille ça fais quoi ?

Je me recule, rapidement, et vient m’appuyer contre le bureau de la chambre, le seul. Je pose mes mains sur le bureau et regarde Devan, attendant sa réaction.

Vitany et Dev’ restaient assis dos à dos, Devan ne sachant plus quoi dire d’autre à part ce qu’il avait déjà tout dit, il préférait s’asseoir là et observer la progression des faits. Les relations humaines c’était un peu comme de la stratégie militaire en fait. Agir minutieusement, en observant bien les mouvements adverses : leur vitesse, leur puissance… La stratégie militaire c’était aussi être prévoyant dans les futures attaques, pour mieux préparer sa défense. Le social c’était à peu près pareil… agir de manière délicate en ayant la justesse d’observer les actions de l’autre et aussi s’attendre à ses réactions.
A vrai dire, Devan ne savais vraiment pas quelle réaction Vitany adopterait… attaque, défense… ou peut-être la fuite.

*Peu importe… j’ai toujours de quoi dire et de quoi agir entre mes mains, quelle que soit sa réaction*

Pour le moment, elle s’était simplement assise à quelques pas de lui et dos à lui et se mouchait de manière bruyante. Autant que les heures défilent comme des minutes quand l’on est captivé par quelque chose qu’elles sont éternelles quand on attend.

Simplement dans le but de s’occuper un peu, le soldat s’amusait à faire tournoyer son pendentif, celui que sa mère lui avait offert … Il décrivait de long cercle avant de se faire stopper par le poignée de Dev’ et repartir de plus belle ; ces acrobaties prirent fin quand Vitany se mit à parler.

-Je…heu… j’ai peur d’être dans le noir. J’ai l’impression d’être poursuivie, épiée et j’ai le sentiment d’étouffer. C’est affreux. Mais maintenant il y a la lumière. C’est bon.

Devan se contenta d’un sourire narquois en guise de réponse. C’était donc ça… le noir… Dev’ savait que la peur pouvait amener à faire des choses inexplorées auparavant, l’adrénaline était source d’une force nouvelle et d’une vivacité décuplée. De nombreuses fois, Devan s’était lui-même laissé conduire par ses instincts au cours des batailles et conflits participés. Des sprints intenses, des tirs d’une précision extrême, des coups fracassants à mains nues… ce terrain d’action lui était familier. Vitany l’avait griffé par pur instinct mais l’action aurait pu être plus violente que ça.

*Après tout ce n’est qu’une égratin ….raaaah !*

Tout compte fait c’était plutôt profond et rien que le fait d’y passer le doigt réveillait des picotements sur pratiquement l’entièreté de son visage de part la douleur rayonnante. Devan pestait intérieurement.

Vitany se leva et se posta en face de lui, même debout elle ne faisait qu’une tête de plus que lui en étant assis, Devan avait la tête à hauteur de sa poitrine.
Elle s’approche lentement, Devan hume l’odeur de Vitany d’une manière la plus discrète possible mais ne parvient pas vraiment à masquer sa satisfaction. Le brun aventure ses yeux vers la poitrine de la fille mais la maline avait bien veillé à tenir son débardeur assez haut pour gâcher le spectacle aux yeux de Dev’. Sans être totalement frustré mais juste un peu déçu, Devan préfère reporter son regard sur son visage.
Les yeux sont cachés par une de ses franges d’une blancheur éclatante. Devan ne bouge pas, il préfère écouter ce que Vitany lui susurre à l’oreille.

-Je t’ai eu… dis-moi se faire avoir par une fille ça fais quoi ?

Une voix douce mais aussi un petit ton de défi et de moquerie. Devan est bouillonnant, Vitany continuait d’enfoncer le bouchon que Devan avait déjà placé dans le trou. Il avait été conscient de sa propre humiliation et dans son insolence elle ne faisait que l’énerver qu’un peu plus. Elle s’était rapidement retiré de lui pour aller se réfugier contre l’unique bureau ornant la chambre.

Devan maintint sa position quelques secondes avant de se lever d’un geste vif et puissant. Il s’avança vers Vitany d’un pas rapide, comme si il allait lui en coller une mais il rapprocha son visage à quelques centimètres de celui de Vitany, la forçant même à courber le dos pour éviter qu’ils ne se touchent. Le soldat pose ses mains à coté de celle de la fille sur le bureau.

-Repais-toi bien de ta petite victoire … parce que ce sera peut-être la dernière !

Il avait dis ça sur un ton légèrement méprisant, accompagnée d’une voix hachée et agressive. Il la toisa du regard, ses yeux était maintenant un peu verdâtres. Les yeux avaient changés, les cheveux aussi, mais les traits du visage faisant son principal charme, eux, n’avaient pas bougé d’un pouce. Il se mit à observer chacun de ses cheveux, mèches par mèches sans la moindre discrétion : son visage bougeait même avec ses yeux. Il contemplait sans demander la belle femme se dressant devant lui, veillant quand même à rester conventionnel et respectueux ; en évitant par exemple de promener un regard notamment sur sa poitrine, qu’il trouvait à son gout, mais aussi ses hanches et certains autres endroits.

Les mèches couvrant les yeux de Vitany s’étant maintenant décalées, il pouvait voir ses yeux. Ceux-ci arboraient un contour rougeâtre, signe qu’elle avait pleuré il y a quelques minutes de cela.
*Inutile de me le cacher de toute manière, je le savais déjà avant*
Le rictus de colère couvrant le visage de Devan était maintenant une sorte de sourire. Un peu narquois et moqueur.

-T’es …

*extrêmement belle, je fonds sous tes yeux quand tu me regardes, tellement ta beauté m’est fatale …*

Déglutition rapide, les mots restèrent coincés au fond de sa gorge, il refusait de sortir. Il choisit de changer de position, peut-être pour se sentir plus à l’aise. Il prit appui sur son bras gauche et pivota afin de retrouver à droite de Vitany. Il se mit à contempler la fenêtre, on y voyait encore dehors.
Ne sachant quoi faire d’autre, il baissa le store et s’appuya contre celui-ci.

-T’as d’autres peurs comme ça en réserve ? Cela pourrait me permettre de savoir à peu près combien de risques je prendrai par jour et peut-être combien de griffe, voire de morsure pendant qu’on y est, je devrai endurer ou contrer aussi.

Il repassa sa main sur sa griffe, elle était toujours bien visible et provoquait encore pas mal de douleur au contact.

*Raaah, nom de dieu !*

-Je t'ai suivi parce que je m'inquiétais, si tu veux savoir. Mais en y repensant j'aurai mieux fait de continuer ce que j'avais prévu.

Sa réaction ne se fait pas attendre. Devan, subitement s’avance vers moi. Si près que je dois me pencher en arrière, pour que nos visages ne se touchent pas. Sur un ton sec il s’adresse à moi :

-Repais-toi bien de ta petite victoire … parce que ce sera peut-être la dernière !

J’ai envie de lui dire : On pari. Mais inutile d’attiser sa colère. Intérieurement je ris. J’aime ça. Sa réaction me plait.

Je sens son regard se balader sur mon corps ce qui a pour seul résultat de m’agacer. Je ne ris plus. Je décide de le repousser mais il reprend la parole.

-T’as d’autres peurs comme ça en réserve ? Cela pourrait me permettre de savoir à peu près combien de risques je prendrai par jour et peut-être combien de griffe, voire de morsure pendant qu’on y est, je devrai endurer ou contrer aussi.

Ses mots me paraissent cinglants. Alors je me dit que si les mots avaient de la force je lui enverrais une insulte au visage. Son ironique m’irrite. Je ne laisserai pas faire. Je réfléchis…

-Je t'ai suivi parce que je m'inquiétais, si tu veux savoir. Mais en y repensant j'aurai mieux fait de continuer ce que j'avais prévu.

Je me sens offensé. Il insinue que je ne vaux pas la peine d’un détour. C’est lui qui m’a plaqué contre le mur nan ?

Je pose mon pied sur son torse et le repousse le plus fort possible. Il recule. Je me poste en face de lui et prends un air menaçant.

-Tu sais quoi ? Si je suis de si mauvaise compagnie que ça tu peux sortir !

Ma voix tremble de colère. Je me dirige, énervée, vers la porte que j’ouvre violemment. J’attends qu’il vienne. Il ne se décide pas. Je me rapproche de lui et le menace cette fois.

-Sors d’ici ou je hurle à l’aide. J’inventerai un gros mensonge et se sera ta parole contre la mienne. Je suis sérieuse.

Avec ma main droite j'essaie de le tirer au dehors. Il résiste.

Spoiler:

Vitany avait prit la mouche, c’était clair, les paroles de Devan avaient frappé fort ; un peu comme la griffe que la jeune fille lui avait infligé. Dev’ s’en voulait intérieurement, après tout il détestait la blesser mais là elle avait dépassé les bornes, déjà qu’elle le blessait physiquement et maintenant qu’elle voulait le blesser mentalement !

Elle poussait le soldat de son pied, Devan campait sur ses positions, il ne comptait surement la laisser gagner dans ses convictions et ses actes une nouvelle fois.

-Tu sais quoi ? Si je suis de si mauvaise compagnie que ça tu peux sortir !

Devan ne sourit pas, même si cela lui amorçait un petit sourire en coin qu’il eut du mal à repousser. Chacun semblait prendre plaisir à attiser la colère de l’autre, Vitany comme Devan était content de voir l’autre monter sur ses grands chevaux et se mettre à hurler de sortir, d’arrêter ou n’importe quoi d’autre.

*Sortir ? Non non, tu ne triompheras pas deux fois de suite ma jolie, j’ai encore des choses à te dire*

La fille tremblait de colère, ses membres, sa voix, tout. Elle était littéralement hors de ses gonds. Elle tenta de tirer Devan hors de la chambre en lui lançant diverses menaces telles que s’il ne sortait pas elle appelait à l’aide et même qu’elle mentirait pour avoir gain de cause.
Le soldat n’écoutait pas, il la regardait les yeux cernés et ne réagissait même pas, se contentant de resté appuyé à la fenêtre. Vitany tirait de plus en plus fort, tentant même d’autres points d’appui. Dev’ finit par attraper son poignet, il serrait relativement fort tout en lui parlant.

-Je n’ai pas dit que tu ne valais pas le détour, loin de là, je t’ai même dit que je m’inquiétais. C’était dans le but de t’aider ! Mais…

Il désigna la double marque rougeâtre sur sa joue.

-J’ai reçu ça comme gratitude et encore ça ce n’est rien, tu as agi sous la panique et ça se comprends, j’aurai fait pareil voire pire si j’avais une peur comme la tienne.

Il marqua un temps en replaçant une mèche de ses cheveux hors de son œil.

-C’est surtout que tu oses encore me provoquer sur ce que tu as fait à quelqu’un qui ne voulait que t’aider ! Tu te rends pas compte de ça on dirait ! Tu me fous en rage et après tu fais la victime en quelque sorte. J’ai dit que j’aurais mieux fait d’aller ailleurs pour éviter de me prendre cette entaille dans la face ! Mais dans le fond j’aime ta compagnie et tu le sais bien, pas la peine d’inventer !

Un message à double tranchant, d’un coté il la critiquait et d’un autre il la complimentait… il était lui-même un peu désorienté. Il lâcha son poignet avant de reprendre son appui et les bras croisé sur son torse.

-Alors si tu veux que je sorte, eh bien vas-y sors moi. Griffe-moi et mords-moi si tu veux je m’en fiche ! Tue-moi si tu veux mais je n’ai pas envie de bouger d’ici. Il est…

Il regarda son Ipod du coin de l’œil.

-…20h25 et ayant passé assez de temps ici, je n’ai plus le temps d’aller nulle part ailleurs dans l’institut avant d’aller dormir. Donc si tu espères que je vais sortir, aller quelque part pour le quitter en deux minutes tout ça pour tes beaux yeux ; bah arrête d’espérer !

Il attendit, les yeux rivés sur Vitany, guettant une réaction…
Il hésitait entre un lynchage deuxième édition, qu’elle parte bouder, ou encore des coups de dents et de griffe jusqu'à qu’il pisse le sang et doive aller à l’infirmerie pour se faire soigner.

*Là j’aurai une raison de quitter la chambre…*

Il était prêt à engager une conversation normale pour que tout ce bazar cesse et que l’ambiance se détende un peu, mais son cœur était à vif, tout comme ses nerfs et il n’avait aucune envie de réutiliser une once de salive dans ce qui était peut-être que de vaines paroles. Pourquoi fallait-il toujours se disputer avec les gens qu’on aime le plus… ?

*Mouais… parait que certaines disputes rapproche les couples… sauf si on excepte que je ne suis pas en couple !*

Tout cela portait peut-être préjudice à leur relation… ou peut-être était-ce annonciateur d’une relation brulante mais sulfureuse…

Seul l’avenir le dira.

L'ambiance de base de leur rencontre d'aujourd'hui n'avait pas vraiment été un cadeau du ciel mais là cela s'était salement aggravé. Les deux protagonistes se lançaient de fameuses piques cela ne faisait aucun doute. Devan avait par contre une folle envie de la féliciter pour son audace... un fameux culot à vrai dire.

-Je n’ai pas dit que tu ne valais pas le détour, loin de là, je t’ai même dit que je m’inquiétais. C’était dans le but de t’aider ! Mais…
J’ai reçu ça comme gratitude et encore ça ce n’est rien, tu as agi sous la panique et ça se comprends, j’aurai fait pareil voire pire si j’avais une peur comme la tienne. C’est surtout que tu oses encore me provoquer sur ce que tu as fait à quelqu’un qui ne voulait que t’aider ! Tu te rends pas compte de ça on dirait ! Tu me fous en rage et après tu fais la victime en quelque sorte. J’ai dit que j’aurais mieux fait d’aller ailleurs pour éviter de me prendre cette entaille dans la face ! Mais dans le fond j’aime ta compagnie et tu le sais bien, pas la peine d’inventer ! Alors si tu veux que je sorte, eh bien vas-y sors moi. Griffe-moi et mords-moi si tu veux je m’en fiche ! Tue-moi si tu veux mais je n’ai pas envie de bouger d’ici. Il est… 20h25 et ayant passé assez de temps ici, je n’ai plus le temps d’aller nulle part ailleurs dans l’institut avant d’aller dormir. Donc si tu espères que je vais sortir, aller quelque part pour le quitter en deux minutes tout ça pour tes beaux yeux ; bah arrête d’espérer !

Je répondis du tac au tac, énervée par ce stupide mâle sans cervelle.

-Je sais parfaitement que tu as la force suffisante pour me tuer et tu me proposes de le faire. Cela voudrait dire que tu te laisserais faire. Pourquoi ? Maintenant je veux que tu sortes d’ici parce que je l’ai décidé ainsi, après tout tu es sur mon territoire et tu dois bien connaître ce mot je présume. Et si tu refuse de bouger d’ici c’est moi qui partirais.

Je me recule du bureau afin de venir m’assoir sur mon lit et je lui lançais un regard narquois volontairement. Ce type m’amuse bien plus qu’autre chose et j’éprouve d’un plaisir non caché de lui pourrir sa vie. J’attrapais une lime à ongle afin de tailler les ongles correctement. Il n’y avait pas longtemps que mes ongles étaient longs car pendant des années je les ai rongés.

-A moins de bien sur tu es une meilleur idée, Dev’ preux chevalier. Ah, et ne t’avises pas de reposer ta main sur moi, je veux dire de m’approcher d’un peu trop près. Je n’aime pas ça et nous ne sommes que de simple connaissance, tu comprends.

Le ton que je décidai d’employer était volontairement lent, c’était une façon de le narguer particulièrement drôle.
Seul le bruit de ma lime à ongle ne perçait le silence qui s’était installé entre nous avant que je ne rompe celui-ci avec une ultime question :

-Bon, tu décides quoi ?

Un long sourire se dessina sur mon visage, un sourire pervers rempli de malice : J’ai très envie de m’amuser avec ce garçon…

Spoiler:

Sa réponse était plus outrageante que jamais à vrai dire, Devan observait le mur avec désinvolture, s’efforçant de tout son corps à ne pas se retourner et lui flanquer une violente baffe qui resterait gravé dans sa mémoire pour les mois à venir. Il vit Vitany prendre place sur le bord du lit, tout en sentant le poids de son regard dur lui, un regard provoquant, l’incitant à agir. Un regard qui lui intimait pratiquement de lui infliger une correction dès maintenant, on aurait vraiment dit que c’était ce qu’elle cherchait : le provoquer, jusqu’à ce qu’il en devienne brutal et maladroit et finisse par céder à ses moqueries, son air …

Après tout elle n’était peut-être pas si innocente que ça, ce n’était pas impossible qu’elle ait des antécédents pareils dans son réseau social, peut-être est-ce ce plaisir sadique de pourrir la vie des autres qui l’avait amené ici après tout ; ou peut-être encore son « incarcération » ici n’était qu’une fâcheuse conséquence de ce qu’elle était avant. Se braquer: c’était ce qu’elle désirait de Devan.

Le seul moyen était de tout simplement jouer le jeu… faire un peu comme elle et s’amuser avec l’esprit de celle d’en face.

*Même si j’ai horreur de faire ça !*

-A moins de bien sur tu es une meilleur idée, Dev’ preux chevalier. Ah, et ne t’avises pas de reposer ta main sur moi, je veux dire de m’approcher d’un peu trop près. Je n’aime pas ça et nous ne sommes que de simple connaissance, tu comprends.

Un ton lent et agaçant au possible, c’était vraiment un coup monté.

-Bon, tu décides quoi ?

Il laissait le silence planer, se contentant de fermer les yeux et d’écouter le peu de bruit présent.

-Eh bien …ton petit jeu légèrement sadique me fait bien rire, mais sinon rien.

Dev s’étira lentement, avant de croiser les bras en baillant discrètement.

-Mais si tu penses que je vais continuer à te procurer du plaisir dans cette voie, tu te trompes petite peste.

Il sourit en rigolant à moitié, pour une fois que quelque chose le faisait vraiment rire, il n’allait pas se retenir.

-Excuse-moi si ce n’est pas tes petites tortures mentales qui vont triompher de celles que j’ai déjà vécu auparavant, les querelles à petites échelles me faisaient peur, mais en y pensant, ce n’est rien comparé au reste. Ne t'inquiète pas, je ne poserai plus ma main sur toi.

Il s’avança à travers de la chambrée et s’arrêta sur le lit opposé, juste devant Vitany.

-D’ailleurs toi tu aurais dû faire la guerre, ça t’amuserait peut-être moins de pourrir la vie des gens.

Il rigola en se levant, il réajusta sa veste avant de se diriger d’un pas décidé vers la porte. Il ouvrit celle-ci sans manière et s’engouffra dans le couloir. Tout juste avant de quitter la pièce, il avait lancé un pendentif sur le lit de Vitany, il l’avait fait de manière discrète et rapide, de manière à ce que Vitany ne le remarque pas de façon flagrante, bien qu’il ait volontairement visé sa cuisse pour qu’elle sente le pendentif non loin d’elle.

Il lui avait donné son pendentif « free », celui de sa mère, il avait prévu de lui offrir la prochaine fois qu’il la verrait et malgré les circonstances on ne peut plus chaotique, il ne s’était pas dérobé à ses projets.

-Bye et bonne nuit Vitany !

Il fit un dernier signe avant de refermer la porte calmement.

Le couloir était sombre et tortueux, mais ce n’était aucune de ses caractéristiques qui le faisait peur, il était étrangement calme et serein, comme s’il était subitement revenu à la vie. Il ne se posait pas la question du pourquoi, il se contentait de vivre dans son état actuel, se délectant de cette joie.

« - Fleya, je ne sais plus quoi faire… Papa et maman se sont disputés hier soir, et c’était très violent. Je dis ça parce que ma mère hurlait et que mon père est partie dans sa chambre et que je ne l’ai plus revu. Pourquoi il dit rien, hein ? Moi je pensais que les garçons étaient courageux. Tu crois qu’ils sont courageux toi ? Il laisse Maman mener sa vie, si seulement il lui disait, qu’elle nous pourri la vie. Moi j’aurai aimé avoir une mère comme toutes les autres. Avec qui je peux rire, faire du shoping, discuter… hier encore elle m’a frappé me disant que je n’étais qu’une idiote. Qu’est-ce que je dois faire pour qu’elle me remarque ? Pour qu’elle s’intéresse à moi ? Qu’est-ce que je dois faire pour être aimée par les autres personnes ? Je n’ai même pas d’ami… »

Devan sort de la chambre je ne l’ai même pas entendu me parler. Un flash apparut, comme par magie, et repartit en quelques secondes. J’ignorais que j’allais me faire une amie quelques temps après : Sanja.

Je m’élance derrière Devan et stop net sur le pas de la porte, il est déjà loin.

-C’est ça va t’en ! T’as même pas le courage de rester…

La fin de ma phrase s’éteint comme un murmure. Je referme ma porte de chambre. Pose mes chaussettes et m’installe sur mon lit. En m’essayant, j’aperçois un pendentif ou prône l’inscription : Free.

Un rire m’échappe. La liberté n’existe pas. Quand on est tout petit on croit acquérir une certaine liberté en grandissant, mais c’est faux. Prisonnière chez moi et maintenant ici. Un jour pourrais-je oublier mes soucis et rire de tout cœur.

C’est le pendentif de Dev’. Je l’accroche à mon poignet, pour le lui rendre la prochaine fois, si il y en une. J’ai dû le mettre en colère. Plus jamais je n’aurais le courage de lui parler. Je voulais juste qu’il s’intéresse à moi, visiblement ce n’était pas la bonne technique, mais je ne regrette pas.

Je m’allonge sur mon lit, laissant ma lampe de chevet allumée et Morphée ne tarda pas à m’accueillir.

FIN =3

» Devan Clockwork {Done}
» Its eden...[Pv Devan]
» Aujourd'hui ou jamais ? [pv Devan]
» Alone in the Dark

If you knew what I was afraid of the dark ... [Devan PV]

If you knew what I was afraid of the dark ... [Devan PV]

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