17h, à l'institut

Assise devant la fenêtre de sa chambre, Azel lisait. C'était sa première journée de congé depuis qu'elle avait commencé et, elle devait bien l'avouer, ça faisait du bien. Elle avait enfin pût profiter de sa matinée pour lire tranquillement, écouter de la musique. Elle ne s'était pas lever trop tard le matin et elle avait pu mettre un peu d'ordre dans ses notes et surtout, ranger un peu ses dossiers. Mais la jeune femme commençait à se sentir un peu trop enfermer, et la fenêtre ouverte ne faisait que l'attirer d'avantage dehors.

*Tant pis pour ma conscience, ce soir, je sors !*

Prise d'une impulsion, Azel attrapa sa veste qui trainait sur le lit, rangea rapidement ses papiers et quelques billets dans son sac, et sortit. Claquant la porte derrière elle dans un soupir de soulagement. Après avoir passer une semaine à se dire qu'elle profiter de sa journée de repos pour, justement, se reposer, Azel s'éloigna à grand pas de l'institut.

*Bon, je suis dehors et maintenant, qu'est-ce que je fais ?!*
-centre...-

Inconsciemment, la jeune femme laissa ses pieds la diriger vers le centre ville, heureusement encore un peu endormi. Elle marcha tranquillement, jetant un regard dans les boutiques sans vraiment s'intéresser. Azel ne s'arrêta que lorsqu'elle passa devant un vieux disquaire. Avec un sourire, la jeune femme entra dans la boutique.

22h, dans le centre ville

La nuit n'était pas encore tombée, mais les lumières de la ville cachaient maintenant celle du soleil. Les rues s'animaient et l'ambiance n'était plus du tout la même. Azel croisait surtout des jeunes dans cette ville, souvent en bandes, parfois par deux, jamais tous seuls. Elle-même n'était plus seule car le disquaire lui avait proposé de passer la soirée avec elle après la fermeture de la boutique. La jeune femme arpentait donc les rues en sa compagnie, à la recherche d'un bar sympa où finir la soirée. Son compagnon repoussait cependant toujours ces propositions dans tels ou tels bars. Il connaissait, à ce qu'il disait, un bar sympa où ils pourraient bien finir la soirée. Ce n'est que lorsqu'elle remarqua que les lumières, tout comme la musique, faiblissaient, qu'Azel commença à se demander où il l'entrainait. Discrètement, elle s'éloigna du disquaire.

*Je crois que j'ai bien fait de ne pas prendre de vin ce soir...*

Lorsqu'elle ne fût plus à porter de main, la jeune femme se retourna brusquement et se mit à courir. Bêtement peut être, sans aucunes raisons pourrait-on croire. Mais le jeune homme fit aussitôt demi-tour et s'élança après elle. Après avoir tourner deux trois fois dans le but de le perdre, Azel se rendit compte que c'était elle qui était perdue. Elle profita alors d'un virage en épingle, qui la mit hors de vue du disquaire, pour se glisser dans une ruelle voisine. La jeune femme inspira profondément et retint sa respiration, ne faisant plus un bruit. Le dos contre le mur sale, la main sur la bouche, Azel attendit.

Les secondes s'écoulaient, longues comme des heures, et Azel n'osait toujours pas respirer bien que le manque d'air commence sérieusement à se faire sentir. Les oreilles aux aguets malgré une ouïe pas forcément très développée, la jeune femme attendait un bruit de pas, un souffle, n'importe quoi qui indiquerait qu'elle n'était plus poursuivie. La main qui n'était pas posée contre sa bouche griffait le mur dans une tentative désespérée pour se contenir. Soudain, elle entendit quelque chose, des bruits de pas. Elle se plaqua encore d'avantage contre le mur, appuyant plus fort sur ses lèvres. Cependant, la partie encore lucide de son cerveau remarqua que le rythme de la démarche ne correspondait pas à ce qu'elle attendait. Dans le silence complet de la ruelle, Azel comprit que ce n'était pas le disquaire et elle se permit de souffler, le plus doucement possible pour ne pas se faire remarquer. L'air qui emplit ses poumons acheva de lui redonner la raison et la jeune femme observa la silhouette entrer dans la ruelle.
Curieuse, elle ne se manifesta pas et regarda le jeune homme balancer son pied dans une poubelle avant de s'assoir non loin, de mettre sa tête entre ses jambes et... éclater en sanglots. Rien, depuis qu'elle avait quitter l'Institut ne pouvait la préparer à assister à ce genre de scène et, de surprise, Azel resta immobile. Toute sa formation l'avait préparer à aider toute personne en situation de souffrance, mais ces sanglots, dans cette ruelle sombre et malodorante, avaient quelque chose d'irrépressible. L'éducatrice savait qu'un jeune homme de son âge masquait ses sentiments, ses émotions, au monde, et elle se sentait intruse ici, face à cette douleur qu'elle n'était pas censée voir. Elle hésitait entre s'en aller discrètement où s'approcher, pour apporter un soutien quelconque.

*Non assistance à personne en danger...*

Son cœur avait largement eu le temps de reprendre un rythme normal depuis sa folle poursuite, qu'elle avait complètement oublier. D'un pas un peu hésitant, la jeune femme sortit de l'ombre et approcha du fond de la ruelle, les mains bien en évidence pour montrer que ses intentions étaient pacifiques. Elle n'osa cependant pas s'approcher trop près, non pas par peur de représailles, mais surtout pour ne pas entrer dans la bulle du jeune homme sans y être inviter et pour montrer le respect qu'elle lui accordait. Azel n'avait cependant pas conscience que sa course lui avait rougie les joues, ses cheveux étaient complètement ébouriffés et son dos était noir comme le mur.