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| Comme un enchantement... [Elisabeth] | |
| | Sujet: Comme un enchantement... [Elisabeth] Mer 24 Mar 2010 - 23:25 | |
| Daniel avait amené sa petite radio, il l'avait posée sur un piano discret, avait mis un cd qu'il affectionnait tout particulièrement et écoutait, les yeux fermés. C'était un air joyeux, gilleret, rapide, joué dans des tonalités aigues, un air qui constrastait énormément avec son état d'esprit actuel.
Il était assis sur le coussin moelleux devant un piano, les doigts posés sur les touches sans pour autant les enfoncer, immobile, droit, rigide. Ses joues étaient encore humides de larmes, il était quatre heures du matin, il venait de se réveiller, mais il était habillé et coiffé. Daniel avait fait un cauchemard, comme chaque nuit depuis qu'il était plongé au coeur de cet enfer. Un cauchemard horrible où il s'était vu, vieillard aigri, présent dans un couloir de l'établissement, bousculé par des hordes d'adolescents aux cornes de démons et aux rictus hérissés de longues dents pointues. Il s'était réveillé en sursaut, il avait choisi de ne pas se rendormir. Daniel gardait sa rigueur en toute occasion, même totalement désespéré par sa situation, même complètement déprimé et abattu. Il s'était donc habillé, soigneusement, revêtant pour cette fois un uniforme anglais, et s'était aussi coiffé.
Il n'y avait personne dans cette salle. Les brutes qui peuplaient cet endroit étaient-elles seulement sensibles à la douceur de la musique classique? Il n'aimait pas tellement la musique, quelle qu'elle soit, mais savait où se trouvait la grâce et la beauté. Par contre, il adorait le piano. Oh, il ne savait pas en jouer; enfin, il avait essayé, connaissait quelques trucs, mais n'avait pas ressenti le besoin d'approfondir les choses. Il préférait écouter plutôt que produire.
Le morceau de piano se termina, un autre commença, tout aussi enjoué. Daniel se sentait un peu apaisé, calmé par la beauté de ce son. Cependant, le caractère de la musique n'influait pas sur son humeur. Il était certes calmé, mais toujours aussi triste. Il n'avait rien fait, lui... C'était Dan' qui était responsable de tout ça... C'était à cause de Dan' que ses parents avaient peur de lui! A cause de Dan' qu'il n'avait plus d'avenir! A cause de Dan' qu'il était coincé ici... Il soupira. Il ne s'énerverait pas, le pouvoir de la musique était bien trop puissant pour permettre cela.
Il n'avait pas envie d'abattre ses doigts sur les touches, n'avait pas envie de casser par une intrusion l'enchantement provoqué par la musique délicate qui s'insinuait, douce et bienveillante, dans ses oreilles. Il écoutait, juste, il se calmait... Il ne pleurait plus.
Ca lui arrivait rarement, de pleurer, vraiment, vraiment rarement, qu'il soit Dan', qu'il soit Daniel... Mais là, là... C'était dur. Vraiment dur. Heureusement qu'il y avait le doux son du piano, et les livres. Oh, il passait son temps à la bibliothèque depuis qu'il était arrivé. Isolé, plongé dans ses lectures, loin de cette bande de barbares... Loin de Dan'. Oh, Dan' n'était jamais très loin, et d'ailleurs quand il lisait, de temps-à-autres, Dan' pointait le bout de son nez. Mais là... Là, non. Là, bercé par la musique enchanteresse, il était hors d'atteinte de Dan'. Bien trop dans son univers propre, bien trop doux, bien trop calme... Vraiment, invulnérable. Que Dan' aille pourrir en enfer.
Oui, que Dan' aille moisir en Enfer. |
| | Sujet: Re: Comme un enchantement... [Elisabeth] Dim 28 Mar 2010 - 0:54 | |
| Le froid du carrelage s'insinuait peu à peu dans ses pieds nus et des frissons parcoururent sa peau. Cependant, Elisabeth ne semblait pas ressentir la sensation glaciale des dalles sur lesquelles elle marchait. Elle n'avait pas non plus l'air de voir où elle se dirigeait, comme si ses pas la menaient où bon leur semblait. La seule chose qui la maintenant connectée au monde actuel était la musique qui résonnait dans le couloir et dans ses oreilles. Comment était-ce possible ? De la musique classique ? Ici ? C'était comme si quelqu'un avait apporté des glaçons en Enfer ; c'était tout sauf logique, tout sauf normal. Pourtant, les notes s'égrennaient bel et bien les unes après les autres, formant un morceau, léger, délicat qui planait dans les couloirs de l'institut. Au début, la jeune femme n'avait pas été certaine de ce qu'elle avait entendu ; elle s'était endormie sur un des livres qu'elle feuilletait dans le salon commun et c'était la mélodie qui l'avait tirée de son sommeil.
Elle se laissa guider par le morceau qui semblait grandement inspiré de Schubert et remarqua qu'elle provenait d'une immense double porte close. Hésitante, Elisabeth posa son oreille contre le battant et écouta attentivement : pas de doute ; s'il y avait bien une pièce d'où pouvait provenir la musique, c'était bien celle-ci. La curiosité la poussait à entrer dans la salle à l'acoustique impressionnante, mais elle songea également au fait qu'elle était en chemise de nuit (en soie fine, s'il vous plaît, merci papa, merci maman, j'm'en s'rais bien passée) et que de l'autre côté du seuil devait se trouver la dite personne qui jouait avec, soi dit en passant, une incroyable virtuosité. Non qu'elle soit pudique, mais elle ne pensait pas que ça plairait vraiment à autrui de la voir débarquer en tenue aussi légère en plein milieu d'un concert privé. Pourtant, sa main n'avait pas l'air de vouloir se décoller de la poignée qu'elle tenait fermement ; et puis, après tout, un coup d'oeil, juste un seul, ça ne faisait de mal à personne.
Lentement, précautionneusement, elle inclina la clanche et fit pivoter la porte sur ses gonds ; à son grand soulagement, elle ne grinça pas et c'est avec tout autant de délicatesse qu'elle la referma derrière elle. La musique était envoûtante et résonnait encore plus fort dans ses oreilles, sans que ça ne devienne un vacarme insoutenable. Elisabeth se trouvait au milieu d'un immense amphithéâtre, dont les gradins étaient pourvus de siège d'apparence moelleuse et entouraient une scène sur laquelle aurait pu se réunir un orchestre d'une trentaine de personnes environ. Comment un institut pour jeune délinquants pouvait contenir un endroit comme celui-là ? La jeune femme post-poserait cette question à plus tard, car, pour le moment, celles qui envahissaient son esprit était d'une autre nature : tout d'abord, d'où provenait cette tonalité métallique dans les notes ? Et ensuite, qui était le jeune homme assis devant le piano ? Il lui faisait face, mais elle ne parvenait pas à clairement distinguer son visage, malgré un des projecteurs braqué sur l'instrument ; le reste de la salle était plongé dans la pénombre et c'était sans doute pour ça que l'inconnu n'avait pas remarqué sa présence.
Elisabeth descendit les escaliers et arriva devant la scène dont elle gravit les quelques marches. Elle n'essaya pas de cacher qu'elle était là et qu'elle l'observait depuis quelques secondes et de toute manière, à un moment où à un autre, la radio - qu'elle avait fini par remarquer et dont elle avait déduit qu'elle était la source de la musique - finirait par se taire et sans doute aurait-il fini par la remarquer. Soit. Là n'était pas la question. Elle avança souplement vers le piano brillant et attendit que la dernière note ait fini de résonner sous le plafond de l'immense voûte avant de diminuer le volume de la radion en tournant le bouton prévu à cet effet. Juste assez pour qu'il puisse distinguer sa voix sur le fond sonore tout en profitant du nouveau morceau.
"Excuse-moi si tu désirais être seul, mais l'appel de la musique a été le plus fort. Le piano a vraiment un son magnifique."
Puis, souriant légèrement, tout en désignant du menton le piano sur lequel elle avait conservé sa main droite, elle poursuivit :
"Tu sais en jouer ?" |
| | Sujet: Re: Comme un enchantement... [Elisabeth] Dim 28 Mar 2010 - 21:51 | |
| Daniel avait fermé les yeux, et s'était, après ses réflexions, entièrement concentré sur l'écoute du morceau de piano, aussi n'avait-il ni vu ni entendu la jeune fille qui était rentrée dans la salle. La musique l'avait un peu fait émerger de ses sombres états d'âme, et il se sentait moins triste. A nouveau résigné, comme le jour du départ. C'était comme ça, il y avait eu une erreur quelque part, peut-être minuscule mais qui avait eu pas mal de conséquences... Mais c'était ainsi. Toutefois, il sentit la présence de la jeune femme à ses côtés et ouvrit automatiquement les yeux. Elle... Eh! Non, non... Il se rassénéra, elle n'avait fait que baisser le volume. Rapidemment, il laissa son regard courir sur elle, nota ses très longs cheveux blonds, sa chemise de satin qui reposait sur des formes avenantes, mais ne s'en formulisa pas. Daniel était quelqu'un qui se moquait bien de l'apparence physique, et qu'une personne soit belle ou laide lui importait peu. Elle avait baissé le son, juste assez pour parler, mais il entendait toujours les notes pures du piano, qui jouait cette fois plus doucement pour un air un peu moins effréné.
Elle se mit à parler, ce qui l'irrita un peu. D'accord, elle avait attendu que la musique se finisse, d'accord, elle semblait la respecter et la préservait au maximum, d'accord elle s'excusait, mais quand même... Lui qui était venu chercher la sérénité dans cet endroit, le calme et l'apaisement loin des barbares qui peuplaient cette maison de redressement, ça semblait raté. Et en plus... Elle n'avait rien dit, il ignorait si elle avait remarqué les traces d'humidité sur ses joues et la rougeur de ses yeux. Il n'avait pas envie du tout qu'elle remarque qu'il avait pleuré, il désirait conserver sa dignité et surtout craignait qu'elle ne se moque de lui. Il fut pris d'une violente envie de se frotter les joues et les yeux pour diminuer les traces, mais savait que ça n'effacerait pas complètement les rougeurs de ses paupières, et que ce serait vraiment stupide car cela révèlerait à la fille ce qu'il tentait de cacher.
Bon, malgré ces quelques éléments de frustration, restait quelque chose... L'attrait de la musique. L'attrait de la musique? Il y avait donc ici d'autres gens qui aimaient le piano? Eh ben dites donc... Ca l'épatait. Cette fille lui semblait tout-à-coup moins gênante. Oui, le piano avait vraiment un son magnifique, plus encore quand il était authentique, et non pas le fruit d'un enregistrement rediffusé sur une radio au son synthétique. Il retira ses doigts, plaça ses mains sur les genoux. S'il savait jouer...
"Non, j'ai déjà essayé, mais je n'ai pas creusé la chose et je préfère écouter plutôt que de jouer."
Après ces paroles prononcées de ce ton neutre et assez froid, il laissa un blanc de quelques secondes, les yeux rivés sur les touches, le fond musical berçant son oreille, puis il reprit.
"Et toi?"
Il trouvait cette fille un peu vulgaire, avec sa chemise de nuit qui aurait sans douté été considérée comme "sexy" par Dan'. Se promener comme ça dans les couloirs en pleine nuit... Mais bon, l'amour de la musique contrebalançait. Et puis si elle savait jouer, alors il aurait une bonne estime d'elle. Il en était à se demander qu'est-ce qu'elle avait bien put faire pour se retrouver dans cet établissement. |
| | Sujet: Re: Comme un enchantement... [Elisabeth] Mar 30 Mar 2010 - 14:49 | |
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Thème d'Ethan.
Elle crut percevoir une lueur de dépit et de déception dans les yeux de l'inconnu quand il mentionna qu'il ne savait pas jouer de l'instrument qu'il semblait pourtant affectionner. Cependant, son regard montrait également autre chose : apparemment, Elisabeth n'était effectivement pas la bienvenue et la jeune femme était d'ailleurs étonnée qu'il ne lui ait pas encore demandé de débarrasser le plancher, d'une manière... ou d'une autre. Après tout, elle ne connaissait rien du jeune homme et peut-être risquait-elle de se retrouver brusquement contre le sol, après un coup bien placé dans la machoire, qui sait ? Non, elle n'était pas paranoïaque - du moins à la base - mais on n'était jamais trop prudents quant aux personnes qu'on pouvait croiser au sein de ce bâtiment. Soit. Elle remarqua également autre chose, à présent que ses yeux s'étaient habitués à l'étrange jeu de lumières qui se trouvait sur la scène : le visage du garçon, plutôt quelconque au premier abord, témoignait d'une grande souffrance et en y regardant de plus près, on pouvait apercevoir une légère rougeur sous les paupières inférieures et une ride verticale, là où ses sourcils avaient déjà du se froncer à maintes reprises. Il avait également des yeux perçants, mais qui ne semblaient pas habitués à l'impact qu'ils pouvaient avoir sur les autres. C'était étrange...
Elle songea à la question qu'il venait de lui renvoyer et réfléchit à la manière la plus simple de lui répondre. Puis elle se rappela la maxime "Un dessin vaut mieux qu'un long discours" et c'est ce qui la motiva à accomplir ces quelques gestes ; ignorant ce qu'elle crut être un grincement de dents de la part du jeune homme, elle descendit le volume de la radio jusqu'à son minimum et s'avança ensuite auprès de lui. D'un regard, elle désigna le tabouret de pianiste sur lequel il était assis et dit du bout des lèvres :
"Puis-je ?"
Il la regarda avec des yeux ronds et elle vit dans ses iris une rancune mais aussi une curiosité qui venait soudainement d'apparaître. Bon, apparemment, il n'allait pas encore la rouer de coups et elle saisit sa chance au moment où il se redressa pour lui laisser la place. Elisabeth adressa au jeune homme un léger sourire en guise de remerciement avant de s'asseoir et de rapprocher le siège du piano qui lui faisait à présent face. Elle posa son regard sur les touches blanches et noires, remarquant la fille pellicule de poussière qui les recouvrait, et fit raisonner une première note du bout de son index. Le son emplit tout l'auditoire, résonnant jusqu'à la voute, aigu, limpide, parfait. Le piano était accordé. C'était tout ce qui comptait.
Elisabeth avait l'impression que plus rien ne l'entourait ; cela faisait... deux semaines, trois semaines ? qu'elle n'avait pas touché à cet instrument et en avoir la possibilité était... tout simplement bon. Ses mains effleurèrent le clavier, restant encore quelques secondes en suspension, le temps qu'elle inspire et expire profondément, les yeux fermés, son esprit se figurant déjà ce qu'elle allait jouer. Le visage d'Ethan lui faisait face, apaisé, et sa propre bouche dessina le sourire qui régnait sur les lèvres de son frère. Ses doigts coururent sur les notes, une étrange nostalgie vibrant en elle, alors qu'elle entendait à nouveau les rires et les mots de son cadet, que les souvenirs défilaient devant ses paupières closes. D'étranges frissons parcouraient la peau de ses bras, de ses jambes et chaque note qu'elle jouait était entièrement dédiée à Ethan...
Le temps s'était suspendu. Elle était seule. Seule avec son frère assis à ses côtés qui semblait à nouveau vivant... et heureux. |
| | Sujet: Re: Comme un enchantement... [Elisabeth] Mer 31 Mar 2010 - 22:54 | |
| Il grinça des dents lorsqu'elle éteignit le son de sa petite radio. Au moins elle était calme, et non hystérique. Mais tout de même, cette fille ne lui plaisait guère. Ancienne prosituée, il en était certain. S'exhiber ainsi, franchement... Vraiment, cette présence l'importunait quelque peu, mais il avait décidé de laisser sa chance à cette inconnue aux yeux... Bleux, bmleux électriques. Surprenant. En fait, il attendait avec un peu d'impatience -faut pas torp en demander non plus- sa réponse. Si elle savait jouer du piano, elle en jouerait, c'était sur et certain, et il la laisserait faire. Et elle lui demanda l'autorisation de s'asseoir. Ah bon? Elle jouait du piano? Ca alors, il n'aurait jamais imaginé que quiconque dans cet établissement puisse non seulement apprécier le son de l'intrument, mais en plus en jouer... Toutefois, il avait comme une sortes de mauvais pressentiment. Il craignait que cette fille ne s'installe au siège puis frappe violemment sur les touches, dans le but idiot de faire le plus de bruit possible, de réveiller tout le monde, de se moquer de lui. Il imaginait déjà la scène, la fille s'amusant imbécilement, un sourire narquois aux lèvres, s'arrangeant pour éveiller en lui la tentation avec sa petite chemise de nuit... Il frémit, puis se leva.
La situation méritait la prise de risques, après tout... Et si elle agissait comme il le craignait, alors il la toiserait avec mépris et froideur, et de toute façon, ne se laisserait pas avoir à son jeu. Les filles pas plus que les hommes n'éveillaient de désir en lui, il ne s'y intéressait pas. S'il restait assis, en revanche, il perdrait peut-être l'occasion d'assister à un petit solo de piano, ou alors se ferait agresser pour laisser la place. Il n'avait pas franchement envie de s'attirer des ennuis. Aussi resta-t-il debout, rigide, à côté du piano, mains jointes derrière le dos, tandis qu'elle s'installait à sa place. Elle avait l'air très concentrée. Peut-être était-ce bon signe... Elle appuya sur une touche, avec délicatesse, et il soupira intérieurement. Cette fille n'était pas une vandale.
Le son envahit l'auditorium, se répercutant à la perfection, amplifié mais sans être modifié. Cela heurta cependant le jeune homme, car le son était radicalement plus puissant que celui qu'il écoutait à la radio depuis avant. Plus puissant donc, il le choqua un peu, brisant l'harmonie qu'il arrivait jusqu'alors à maintenir encore malgré l'arrivée de la jeune fille. Il espérait qu'elle allait en créer une nouvelle.
Ce qu'elle fit. Elle se mit à jouer, un air doux, plutôt lent, assez léger, un brin mélancolique... Un air qui, il devait bien l'avouer, lui ressemblait. A lui Daniel, pas à Dan'. Cela le troubla un peu, et lui aussi frissonna légèrement pendant qu'elle jouait. Elle connaissait bien le morceau et le jouait avec brio, les yeux fermés. Elle était comme en extase, entièrement immergée dans sa mélodie, un sourire flottant sur les lèvres. Il devait le reconnaître, l'instant avait de la superbe. L'implication de la musicienne jouait évidemment, et il se laissa bercer jusqu'à la dernière note, baignant cette fois dans le son authentique et trouvant bien fade celui remis par la petite radio. Le vrai son était là, parfait, éblouissant de clarté. Le vrai son était là, sous ses oreilles, dans sa tête, dans tout l'auditorium qui baignait encore dans la musique. L'air sentait le piano, les cordes vibraient encore. Il ferma les yeux, inspira un coup, les rouvrit. S'autorisa un léger sourire, un peu froid, un peu dur, mais un sourire.
"Joli. J'ignorais qu'il puisse y avoir ici une seule personne qui aime le piano."
Il laissa planer un silence, juste pour se remémorer encore le morceau joué avec tant d'émotion. Juste parce que le son d'une voix était moins beau que celui des cordes frappées de l'instrument majestueux. Juste pour savourer le moment présent, juste pour se délecter des restes qui voguaient encore autour de lui. Juste pour s'en imprégner un peu plus...
"De qui était ce morceau?" |
| | Sujet: Re: Comme un enchantement... [Elisabeth] Ven 2 Avr 2010 - 17:56 | |
| Chaque note se répercutait sur toute la surface de sa peau, rythmant les battements lents de son cœur apaisé et empreint d’une mélancolie qu’elle essayait d’habituellement maintenir à distance. La présence de son frère à ses côtés n’avait jamais été aussi puissante depuis le jour où… où il était parti. Elisabeth n’en voulait pas à Ethan pour ce geste qu’il avait commis, mais malgré cela, elle ne parvenait pas à le considérer comme autre chose qu’un abandon ; elle se retrouvait seule, dépourvue de la seule personne qu’elle ait jamais vraiment aimé. A chaque seconde qui passait, elle ressentait toujours plus fort le manque de son cadet et si elle avait su, elle aurait donné n’importe quoi pour pouvoir le serrer une dernière fois contre elle en lui demandant pardon. Pardon de ne pas avoir vu et de ne pas avoir compris à quel point il souffrait. Si seulement elle avait pu le protéger convenablement, peut-être qu’il serait bel et bien à ses côtés pour l’écouter jouer cette chanson qu’elle avait composée quelques heures après sa mort, s’enfermant dans une léthargie dont personne n’arrivait à l’extraire, persistant, encore et encore, jusqu’à ce que la mélodie soit parfaite.
La musique représentait la douleur de cette perte irremplaçable, retraçait également en quelques secondes et accords les moments de complicité qu’ils avaient vécus et exprimait sa tristesse, sa culpabilité de ne plus l’avoir auprès d’elle. Il lui manquait tellement. A tel point qu’elle avait l’impression de suffoquer tant sa gorge était serrée et ses poumons comprimés sous le poids du chagrin. Mais elle ne voulait pas s’arrêter. Ce morceau était trop important pour qu’elle ne rate ne fût-ce qu’une note ; la jeune femme tenait à prolonger ce moment, même s’il semblait dénué de sens pour les autres. Tant que ça comptait pour elle. D’ailleurs, elle approchait de la fin de la partition gravée au fin fond de sa mémoire. Inextricable. Et elle avait presque peur de ce qui risquait d’arriver lorsque la musique se tairait ; c’était comme le perdre une nouvelle fois, lui faire ses adieux pour de bon. Alors, elle sentit Ethan poser une main sur son épaule et lui murmurer qu’il serait à nouveau là quand ses doigts parcourraient le clavier pour jouer ce morceau qui lui correspondait tant. Elle n’avait pas à avoir peur. Parce qu’il était toujours là. N’est-ce pas ?
La note finale emplit l’auditoire et résonna pendant de longues secondes, alors qu’Elisabeth conservait son pied appuyé sur la pédale. Elle ouvrit les yeux quand les dernières vibrations s’estompèrent et ne fut pas étonnée de sentir des larmes qui menaçaient de couler à tout moment et lui brouillaient la vue. Les mots du garçon lui rappelèrent sa présence juste derrière elle et même si elle l’avait oublié le temps de son interprétation, la jeune femme ne sursauta pas. Sa bouche murmura un « Merci. » inaudible ; mot qui appréciait davantage le respect du jeune homme de l’avoir laissée terminer que le compliment. Quelques secondes passèrent, durant lesquelles aucun des deux adolescents ne bougea, elle encore bien trop bouleversée pour dire quoi que ce soit, lui semblant apprécier le silence qui régnait alors. Puis, il posa une question. Une simple question qui eut pour effet de fendre le cœur d’Elisabeth d’une nouvelle craquelure. Elle ferma les yeux, inspirant profondément, espérant que sa voix serait suffisamment assurée lorsqu’elle lui répondrait. Une larme glissa sur sa joue, laissant une trainée chaude et humide sur sa peau, et elle se retourna vers le jeune homme, son regard bleu électrique figé dans le sien. Son visage arborait toujours sa neutralité journalière, mais dans ses iris régnait la détresse qu’elle ne parvenait pas à contenir en elle.
« J’ai… composé ce morceau pour mon frère. Il y a quelques mois. Je… »
Sa gorge se noua et ses yeux se tournèrent vers le sol avant de revenir à ceux du jeune homme, qui paraissait pétrifié par ce qu’il était en train de voir. Elisabeth n'osait pas se lever ; elle n'était pas sûre que ses jambes la soutiendraient et même si sa présence devait gêner l'inconnu, elle préférait attendre avant de quitter la salle. Juste le temps de se calmer. Juste le temps que l'image d'Ethan s'évapore une fois de plus. |
| | Sujet: Re: Comme un enchantement... [Elisabeth] Dim 11 Avr 2010 - 23:48 | |
| Daniel attendait un merci. La politesse était importante, elle était la base de la communication humaine, à ses yeux, et il ne supportait pas tout manque à cette sorte de rêgle. Lui-même ne l'utilisait pas à outrance, mais pensait rester dans la norme à ce niveau-là. Toutefois, il ne tolérait aucun écart de politesse et ne manquait pas d'afficher une grimace hautaine lorsqu'on oubliait un "merci" ou que l'on ne s'excusait pas. Même quand il n'aimait pas une personne, il s'excusait et faisait preuve de politesse. Même si le ton était pincé, froid ou agacé, il le faisait, même quand l'autre en face de lui ne le faisait pas, il le faisait. Lorsque quelqu'un faisait un écart de politesse, la personne descendait bien bas dans l'estime de Daniel. C'était sans doute parce qu'il attendait ce "merci" qu'il l'entendu, ou crut l'entendre. Les lèvres bougèrent, il en eu en tout cas l'impression, et -effet de son imagination?- un "merci" à peine chuchoté, à peine audible... Il avait envie de croire que cette fille l'avait remercié pour le compliment, parce qu'elle semblait bien du genre à le faire, et parce qu'elle avait l'air d'avoir une haute estime de la musique et tout particulièrement du piano.
Et puis il vit une larme rouler suite à sa question. Question délicate alors, questiojn qui touche. Ce n'était pas un morceau anodin, ce n'était pas uniquement par amour de la musique qu'elle s'était impliquée ainsi dans ce qu'elle avait joué. Oui, c'était ça, pour son frère. Il devait donc s'être passé quelque chose avec son frère. Daniel n'était pas curieux, ce n'était pas ses affaires, il ne savait pas si ce frère était brouillé avec sa soeur, s'il était mort, blessé, fugué, disparu, s'il lui manquait tout simplement... Il ne savait pas et s'en moquait. C'était assez touchant, ce dévouement par la musique, mais pas assez pour qu'il s'attendrisse, se mette à pleurer, à la réconforter ou quoi que ce soit d'autre. Droit, debout, rigide, tandis qu'elle hésitait, balbutiait, bégayait. Hésitait, balbutiait, bégayait. Hésitait, balbutiait, bégayait, pleurait.
Dédain. Oui, dédain pour cette petite chose fragile prostrée là, amoureuse d'un piano. Amoureuse d'un piano... Dédain pour cet amour de la musique. Dédain, pourquoi dédain? Non non, pas dédain, pas dédain, non... Si dédain, ah que c'était minable. Qu'elle se reprenne! Elle... Une fille, une fille, petite chemise satinnée, chemise de nuit, courte, belle poitrine, belles jambes... Il avait envie de la frapper, et puis tout-à-coup, de la violer. Les deux à la fois, il était partagé, il ne savait plus trop quoi penser. Dédain ou désir? Les deux à la fois? Les deux à la fois, oui...
Dan' grogna, le visage plissé, perdant toute sa rigueur, toute sa froideur. Un sourire sadique s'étala sur son visage, un long frisson parcouru son échine. Ces vêtements... Ajustés à la perfection, collant, ils grattaient... Il tira sur les manches, tira sur le col, arracha à moitié tout ce qu'il portait sur le haut du corps, le jeta en boule à ses pieds, se gratouilla les bras, les creux du coude, un peu le torse, soulagé, libéré, encore un peu agacé par son pantalon mais tout de même, un reste de décence qui palpitait encore au fond de lui... Et cette fille, belle, belle et bonne... Un éclair de lucidité, non, non, c'était une fille, petite garce, provocatrice, mais qui aimait la musique, une des seules sans doute, non non non, Daniel, n'y touche pas, pas à cette fille-là, calme-toi, la musique, le piano, j'aime le piano, j'aime le piano, j'aime le piano, j'...
Bam!
Dans le mur, un coup de poing dans le mur, ta gueule, je suis Dan', je suis Dan' et je vais violer cette fille, je suis Dani... Je suis Dan'! Dan', Dan', Dan'! Trois coup dans le mur, trois coups de poing, un coup de genou, il ignore la douleur, il ne la sent même pas, elle n'est rien à côté du combat, dans sa tête, en lui... Il empoigna ses cheveux mi-long, fermant les yeux, grognant, le front contre le mur frais, le martelant du poing... Il glissa, se retourna, assis par terre, dos au mur, souffla, se calma, un peu, un tout petit peu... Quelques secondes de répit...
Je suis Daniel, je suis Dani...
Bam! Coup de poing dans le sol, ferme-la Daniel, ferme-la! Dan' se releva, un peu chancelant, articulations endolories, balança un autre coup de poing, plus violent que les précédents, dans le mur... Il y avait des choses à casser, des choses à éclater, des guitares, des intruments de musique, de musique horripillante, affreuse, il voulait tous les écraser, besoin de violence, besoin de tout péter... La fille, la fille! Un espèce de rire sadique franchit ses lèvres, il balança la tête, remonta sur l'estrade... La fille était là, entre eux, juste le piano, rien que le piano... Coup de genou doublé d'un coup de poing, le piano ne s'ébranla pas, il hurla de rage, de frustration, de douleur peut-être, chercha dans sa poche, pas de canif, que des poches vides, propres... Nouveau coup de poing sur le piano.
La fille, il voulait la fille. Il la cherchait des yeux, il voulait la frapper, la frapper, la faire hurler, de douleur et de plaisir, la marteler de coups, lui faire du mal, beaucoup de mal et puis la prendre, là, sur ce putain de piano... |
| | Sujet: Re: Comme un enchantement... [Elisabeth] Mar 13 Avr 2010 - 12:42 | |
| « Ecoute... Je suis désolée, je... Je crois que je vais y al... »
Une déchirure dans un tissu la tira de sa bulle ; son regard bleu électrique se leva vers le garçon qui arrachait littéralement chacun de ses vêtements, les uns après les autres. Les sourcils d'Elisabeth s'élevèrent en accent circonflexe jusqu'à disparaître sous les quelques mèches parsemant son front. Elle aurait du être gênée du comportement de l'inconnu – bien que c'est plutôt lui qui devrait plutôt s'excuser ou se sentir honteux d'agir de la sorte – mais elle ne parvenait pas à détacher ses iris du corps mince et sec qui apparaissait lentement devant elle.
« Mais... Qu'est-ce que tu fais ? »
Elle sursauta quand le coup dans le mur résonna dans l'auditoire. Elisabeth ne comprenait pas. Bon sang, c'était quoi son problème ? Lui qui ne disait absolument rien il y a deux secondes, qui restait aussi discret qu'un voleur ; c'était à se demander s'il n'était pas possédé. Et apparemment, le démon n'avait pas envie de s'arrêter là. Il enchaina les coups de poings, de genoux, jusqu'à s'exploser la peau des phalanges. Et Elisabeth regardait, pétrifiée, n'osant faire aucun geste pour le calmer. Il frappait, sans relâche, faisant surgir une colère que la jeune femme n'aurait pas cru possible. Ses réactions étaient plus inattendues les unes que les autres ; la seconde d'après, il se retrouvait prostré contre le mur qu'il avait essayé de massacrer. Et Elisabeth ne disait rien, le regardait, droite comme un « i » sur son fauteuil, alors que les larmes ne coulaient plus.
Nouveau coup, nouveau sursaut. Il remonta sur l'estrade, une lueur de folie dans le regard. C'était comme si son corps déambulait sans savoir où il allait, comme si les membres du jeune homme étaient trop, bien trop encombrants. Mais c'était quoi ce cirque ? Il balança la tête en arrière ; un rire aigu emplit la pièce, se répercuta contre le haut plafond, lui glaça le sang. Un sentiment qu'elle n'avait pas ressenti depuis longtemps fit alors son entrée : Elisabeth avait peur. Ce type était trop imprévisible, trop dangereux pour qu'elle l'approche et ses yeux qui semblaient chercher quelque chose, en passant de droite à gauche, de haut en bas, lui donnaient des frissons désagréables dans le dos. Il se tenait debout, torse nu, face à elle, mais c'était comme s'il ne la voyait pas.
Et brusquement, il déchargea sa rage sur le premier objet qu'il trouva à sa portée. Le piano gémit sur ses pieds, alors que les cordes vibraient en une cacophonie désaccordée. Sans l'avoir réalisé, la jeune femme était maintenant debout. Il frappait, encore et encore, hurlant sa frustration de ne pouvoir sans doute détruire le précieux instrument, alors que son sang s'imprimait de plus en plus sur la surface de bois lisse. Ce garçon était fou, fou à lier. La jeune femme était morte de trouille ; qu'avait-elle dit ou fait pour qu'il réagisse comme ça ? D'accord, cet internat acceptait les cas les plus désespérés, mais... celui-là, il fallait l'enfermer ! Elle hésita un instant, fit un pas en arrière, son regard apeuré toujous braqué sur le démon qui se déchainait, mais ne put se résoudre à partir. Elle ne pouvait le laisser frapper ce piano ; s'il continuait, qui pouvait dire qu'il ne s'acharnerait pas sur d'autres pièces de musique ? Il fallait qu'elle intervienne.
Mais que faire ? Il n'avait pas l'air fort, mais guidé par sa haine, ses muscles étaient sans doute indéniablement plus puissants, et imperméables à toute forme de douleur. Il fallait qu'elle le fasse réagir. Calme-toi, Elisabeth. Calme-toi.
Elle s'approcha et attrapa le bras qui s'apprêtait à envoyer un nouveau coup dans l'instrument à cordes. Son regard croisa celui de démence du garçon ; elle n'hésita plus une seconde. Elle leva sa jambe et son talon alla s'écraser sur le genou du garçon ; il ne s'agissait pas d'une attaque frontale, mais de biais, car, après tout, elle ne désirait pas lui casser la jambe, mais lui envoyer un message de douleur suffisament fort pour qu'il se calme. Ne s'assurant pas que son attaque avait porté, elle le tira brusquement en arrière pour s'interposer entre le piano et lui, ses mains levées, prêtes à frapper à nouveau si c'était nécessaire.
« Arrête ça ! Tout de suite ! »
Son coeur battait durement contre ses côtes ; la peur était toujours présente et elle regrettait presque de ne pas s'être enfuie au moment où elle en avait encore l'occasion. Il était trop tard maintenant. Espérons que les quelques leçons de combat avec Eden porteraient leurs fruits. Si besoin était.
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| | Sujet: Re: Comme un enchantement... [Elisabeth] Mar 13 Avr 2010 - 23:39 | |
| Lorsqu'elle lui saisit le bras, il en fut si surpris qu'il marqua un temps d'arrêt. Comme à chaque fois, il s'était retiré dans sa bulle de violence, et avait oublié le monde autour de lui. Le monde n'était plus qu'un ensemble de choses offertes à sa rage et vouées à la destruction. Le monde n'avait plus rien de vivant, alors quand le monde se manifestait, forcément... Ses yeux s'écarquillèrent un peu plus, la surprise s'y glissa. Puis un sourire, effroyablement sadique. Cette fille venait à lui, très bien, très bien, elle allait voir ce qu'elle allait voir... Lorsque l'on s'interposait, passé l'immobilisation due à la surprise, Dan' devenait encore plus violent, et désirait s'imposer comme maître. Alors Dan' frappait, avec toute la force dont il était capable. Déjà, il levait la main pour jeter cette fille au sol, qu'une douleur fulgurante surgit au niveau de son genou, touchant toute sa cuisse, tétanisant son mollet.
Il hoqueta, vraiment surpris, chancela, n'eu pas le temps de tomber. Déjà, il se sentit happé en arrière et alla s'écraser au bord de l'estrade, roula sur la première marche... La douleur avait pris le pas sur la rage, il n'y avait plus qu'elle, sourde et lancinante dans son genou, envoyant ses mauvaises ondes dans tout son corps... Il se coucha sur le flan, pas vraiment volontairement, serrant son genou touché contre lui, les dents serrées, attendant que la douleur reflue, un peu, un tout petit peu... Et la rage reprit, la compréhension, plutôt, l'attisa. Cette fille, cette fille... Cette fille l'avait jeté au sol, frappé, cette fille... Cette fille devait mourir. Il se releva, lentement, sans s'appuyer sur sa jambe douloureuse, ignorant les égratignures aux phalanges, les ématomes aux genoux, il se releva, grondant presque, l'oeil fou, les dents sorties, les cheveux en bataille, il se releva, vibrant de colère, porteur d'une promesse de mort. Il allait la tuer. Une certitude.
Il arrive que les certitudes s'ébranlent. Lorsqu'une certitude de Daniel Morrange s'ébranlait, c'était tout son être qui tremblait, tout son être jusqu'à son âme. Lorsque l'âme de Daniel Morrange se mettait à balancer, elle penchait d'un côté, ou de l'autre, et alors l'autre prenait possession du corps.
La fille aurait dû se prosterner, s'écraser de peur, ou alors se lever, sur d'elle, absolument confiante et défiante. Entre les deux, c'était étrange. Debout, elle résistait, mais tremblait de peur, suait l'angoisse. Pourtant, elle ne s'effondrait pas. Dan', lui, en pris un coup, tressaillit, stoppa, écarquilla les yeux, encore une fois... Pauvre fille, protégeant le piano, un piano, un instrument de musique qu'elle affectionnait, se mettant en péril par amour pour la musique. Une fille, rien qu'une fille, essayant d'arrêter le garçon fou. Une fille, pauvre fille, apeurée, et pourtant... Elan de tendresse, éclair de lucidité. La rage quitta un instant le visage déformé de Dan'.
Daniel analysa bien vite la situation: il avait frappé, violemment, était torse-nu, faisait peur à la fille. Il savait ce que Dan' allait faire, il ne le savait que trop bien.
"Couvre-toi! Couvre-toi vite, il va essayer de te viol..."
C'était inéluctable, il le savait. Il prononçait le mot violer, il s'imaginait involontairement le viol, et Dan' reprenait le dessus. Sans conflit intérieur mais tout d'un coup, et à nouveau, l'animosité s'installa sur son visage que tordit un rictus. Différence près que Dan' était calmé. Il voulait toujours la violer, bien entendu, mais déjà les quelques minutes de violence se faisaient floues dans son esprit, et, s'il savait qu'elle l'avait offensé, il ne se rappelait plus son désir de la tuer, et n'avait plus besoin d'éclater tout ce qui était à sa portée de main. Il grogna, encore un brin bestial, constata en fronçant les sourcils les articulations ensanglantées. Tiens, il s'était de nouveau fait violent. Pas la première fois, ni la dernière. Qu'est-ce qu'il foutait là, d'ailleurs? Un regard autour de lui... Salle de musique. Lui, dans une salle de musique? Pourquoi? Il n'aimait pas ça. Il ne se rappelait plus bien, c'était un peu flou... Oh, il avait été calme aujourd'hui, c'était tout ce qu'il savait. Ah oui, la fille. Courbes avenantes... Il allait la violer, il était un peu sur les nerfs. Encore remué, bien qu'il ne le sache pas, par sa transformation. Il allait la violer, donc... Ca allait le calmer, parce que là, il se sentait un peu hyperactif. Hyperactif et énervé. Ses mains lui faisaient mal, ses genoux aussi, un en particulier... Mal au crâne, aussi. Une cigarette aurait été la bienvenue, mais il n'en avait pas, d'ailleurs il portait encore ce pantalon horrible. Un mystère, ces habits dont il se retrouvait affublé parfois, sans parvenir à se remémorer quoique ce soit... Cela contribua à son énervement. Mieux valait qu'elle n'oppose pas trop de résistance, il n'avait pas beaucoup de patience, cette nuit, et ne ferait pas dans la dentelle.
Il grogna encore un coup, et, tout en déboutonnant son pantalon, sans la regarder:
"Bon écoute, viens-là, soit gentille, cries pas et tout ira très vite et se passera bien..." |
| | Sujet: Re: Comme un enchantement... [Elisabeth] Mer 14 Avr 2010 - 21:47 | |
| Quand il se releva, Elisabeth remarqua que la trouille la paralysait. Elle était toujours devant ce piano, espérant sottement que la crise cesserait à un moment ou à un autre, que tout ce qu'elle venait de vivre en à peine quelques secondes n'était qu'un rêve. Mais déjà, il avançait à nouveau vers elle, boîtillant un peu, une rage sans nom sur le visage. C'était comme si un félin se trouvait devant elle, prêt à bondir sur sa proie qui n'était autre que la jeune femme, prêt à la dévorer. Et ses pieds qui refusaient toujours de bouger...
Puis, il vacilla. Littéralement. On aurait dit que l'image du jeune homme était devenue floue l'espace d'un instant et quand tout fut à nouveau net, le regard dément s'adoucit tout en étant complètement perdu. L'incompréhension se substitua à la peur et elle fronça les sourcils. Il paraissait tellement différent, tout d'un coup. Pendant un instant, la jeune femme crut qu'il était revenu à son état normal (du moins, si on pouvait qualifier ce type de « normal ») ; la rage avait disparu de son visage maintenant effrayé, alors qu'il semblait prendre conscience de ce qui l'entourait. Ses yeux passèrent du piano au visage d'Elisabeth ; jamais elle n'avait vu quelqu'un à ce point dans l'urgence. Cette situation était trop étrange pour qu'elle bouge maintenant. Et de toute manière, les paroles du garçon l'en empêchèrent tant elles étaient surprenantes. « La violer » ? « Se couvrir » ? Mais avec quoi ? C'était quoi ce discours décousu ? Et c'était qui, ce « il » ?
Un nouveau frisson la parcourut et son sang se glaça quand le visage se métamorphosa une nouvelle fois. Un sourire se dessina sur les lèvres fines, se faisant de plus en plus large, annonciateur de mauvaises choses. Elle fit enfin un pas en arrière, le bas de son dos heurtant le noble instrument qu'elle protégeait encore. Le coeur d'Elisabeth battait à tout rompre et ses jambes ne la soutenaient pas aussi bien qu'elles auraient du le faire. Elle aurait donné n'importe quoi pour se trouver autre part, n'importe où, tant que ce garçon n'était pas également présent. Elle se servait du piano comme soutien, toute force l'ayant soudainement quittée. Cette peur qui l'envahissait était incontrôlable. Les métamorphoses du garçon étaient trop étranges pour qu'elle puisse les comprendre ou les supporter. Tantôt calme, froid et distant. Tantôt plus fou, plus séduisant, plus dangereux. Et pour une fois, Elisabeth eut l'impression qu'elle ne parviendrait pas à s'en sortir. Il lui était impossible de partir ou de combattre le jeune homme si jamais il passait à l'attaque. Elle était seule, affaiblie, les mots du démon et son regard auparavant assassin l'ayant complètement déstabilisée. Elle avait peur de lâcher son appui et de s'effondrer sur le sol. Il ne fallait pas. Elle devait tenir. Mais comment ?
Il déboutonna son pantalon, lentement, prenant son temps et dit quelques mots sur le ton de l'évidence. Attends une seconde... Il voulait que quoi ? Elisabeth était abasourdie. Alors comme ça, il voulait qu'elle « soit gentille », qu'elle « ne crie pas » et ainsi, « tout se passerait bien » ? Non, mais il la prenait pour qui ? Aussi idiot que cela puisse paraître, l'indignation se glissa en elle, submergeant sa peur pendant quelques secondes, permettant à son cerveau de réfléchir. Réfléchir. Il était inutile d'essayer de le combattre ; elle aurait fini par être désarçonnée à un moment ou à un autre et s'il faisait une nouvelle crise de colère, la violence du jeune homme aurait bien vite raison d'elle. Et puis, elle doutait que se couvrir, comme « l'autre » le lui avait suggéré suffise à calmer les ardeurs du fou. Non. Elle n'avait d'autre choix que de s'enfuir. A toutes jambes.
Ce qu'elle fit. Après quelques secondes, le temps que le pantalon du jeune homme glisse le long de ses cuisses, suffisamment pour qu'il ne puisse pas se mettre à courir directement après elle. Sans attendre une seconde de plus, la jeune femme, profitant de l'adrénaline qui monta brusquement en elle, s'élança le long de l'estrade, bondit dans l'allée et gravit la volée de marches aussi vite que possible. La porte n'était qu'à une dizaine de mètres ; quelques enjambées suffiraient.
*Ne tombe pas. Ne tombe pas.*
Pourquoi fallait-il que l'exacte opposée de ce à quoi elle pensait se produise au moment où ça l'arrangeait le moins ? L'angoisse de se faire suivre sans pour autant oser le vérifier en regardant par-dessus son épaule envoya une brusque tension dans ses jambes et elle trébucha avant de s'écraser sur le ventre. Aussi vite qu'elle le put, elle se releva, ignorant la douleur dans ses cuisses et fonça à nouveau vers la porte. Pitié. Que les pas qu'elle entendait juste derrière elle n'étaient pas vraiment là. Il restait cinq mètres avant la délivrance. Cinq petits mètres. Pitié. Qu'il ne la rattrape pas. Pitié. |
| | Sujet: Re: Comme un enchantement... [Elisabeth] Jeu 15 Avr 2010 - 23:00 | |
| Il grogna. Qu'est-ce qu'elle foutait? Maintenant qu'il avait le pantalon en bas, elle se mettait à courir... Le garce. Elle courait vite, et lui était contraint à l'immobilité par ce foutu pantalon. Vite, il s'en débarassa, et se lança à la poursuite de la demoiselle. Elle avait bientôt atteind la porte... Rien à battre, il la rattraperai dans le couloir et la ramènerait ici. Lui qui s'était dit qu'il allait essayer de se modérer un peu pour être un ptit peu plus doux... Tant pis pour elle, elle l'avait cherché. A la hâte, il descendit les quelques marches, non sans manquer de s'étaler au sol à cause de son genou douloureux. Il vacilla, se reprit, continua... Tombée. Oui, elle était tombée. La panique, surement... Ca faisait son affaire. Un large sourire fendit le visage de Dan'. Elle était à sa merci. Alors, il allait pouvoir un peu jouer.
Il n'arrêta pas de courir, parce qu'elle se relevait déjà, mais la dépassa puis alla vérifier que la grande porte était bien clanchée Il s'y adossa et croisa les bras, toujours un sourire goguenard aux lèvres. Bien... Que faire maintenant? Elle semblait apeurée. Normal après tout, si une fille était réjouie par la perspective de se faire violer, alors ça n'en était plus un... Bon, et si il la faisait un peu espérer? Oh oui, pas mal ça, juste la faire espérer... Généralement, quand on était totalement effrayé par une situation, on se rattachait à toute forme d'espoir possible, même si cela puait l'arnaque.
"Bon alors déjà, si tu cries, j't'assome."
Son sourire s'élargit.
"C'pas bien de se balader en p'tite tenue comme ça par ici. Tu sais, on est pas dans un endroit très très fréquentable, hein... Alors tu m'expliques c'que tu fous ici à une heure pareille?"
En fait, Dan' ne savait absolument pas quelle heure il était. Il ne se rappelait plus pourquoi il était là ni rien, mais d'après la tenue de la fille et l'atmosfère sombre, ce devait être la nuit... Le calme aussi, la salle était bien isolée, mais lui était dos à la porte et n'entendait absolument rien qui ne trahisse une forte agitation dans son dos. Du moins, il espérait qu'il s'agissait bien d'une période nocturne, sinon ses mots n'auraient plus aucun sens... Cela le rendrait ridicule. La fille se rendrait surement vite compte qu'il ne se rappelait plus bien pourquoi il était ici, parce qu'il était fort probable qu'elle l'ait déjà dit... Ou pas. Il espérait que non, parce que ce serait mauvais de lui dévoiler une faiblesse. Haha... Il la sentait bien se détendre, se dire qu'il avait oublié son intention première, qu'il s'était calmé... Oui d'accord, il s'était calmé, mais non, il n'avait pas oublié son intention. C'était pas de bol pour elle qu'elle soit si bien foutue. Mais il allait lui faire croire qu'il n'y pensait plus et au bout du compte... Hop! Là par terre, ou dans les gradins, fallait voir avec quelle puissance elle se débattait. Gniark gniark gniark...
Il jubilait déjà. Il jubilait déjà. Il jubilait déjà. Jubilait de quoi? Pas de quoi jubilait. Il jubilait rarement, juste quand il obtenait un bouquin depuis longtemps convoité, qu'il relisait un passage d'un roman particulièrement aimé, qu'il obtenait une note tout-à-fait exceptionnelle, ou qu'il comprenait une chose nouvelle... Pourquoi jubilait-il, ou plutôt, pourquoi Dan' jubilait-il? Le viol, il voulait violer la fille, il était persuadé qu'il y arriverait... Les traits de Daniel se tordirent sous l'effort. La frontière était ténue, mais l'obstination de dan' faisait pencher la balance en sa faveur. Cet horrible personnage était persuadé qu'il la violerait, et il avait de fortes chances d'y parvenir. Daniel grogna, les yeux fermés. Il ne tiendrait pas, pas longtemps, c'était juste une présence éclair, s'il bougeait, tout partirait en fumée... Juste une seconde, une seconde...
"Désolé..."
Il ne savait pas si elle comprendrait, si elle interpréterait bien ce visage torturé, cette voix faible et crispée, il ne savait pas si elle saurait qu'elle avait là eu affaire à Daniel, et non à son double. Il ouvrit les yeux, en grand, pour qu'elle voit, parce qu'il savait que la lueur y était différente, pour qu'elle voit et comprenne, qu'il était, lui, Daniel Morrange, désolé pour elle. Oui, il était désolé, un peu. Daniel se moquait un peu des gens vraiment, et s'il détestait leur faire du mal, c'était plus par égoïsme, parce qu'une personne de violée ou de blessée était une battaille de perdue avec Da...
Un petit étourdissement, rien de méchant mais.. agaçant, vraiment, ces petits moments ouil perdait un peu contact avec la réalité. S'il loupait un détail, cela pouvait être mauvais, très mauvais. Vraiment, ça commençait un peu à l'énerver. Qu'elle réponde vite, et bien, qu'elle se comporte comme il le désirait, ou alors vraiment, il se fâcherait tout rouge. |
| | Sujet: Re: Comme un enchantement... [Elisabeth] Ven 16 Avr 2010 - 20:49 | |
| Il apparut de nulle part, se tenant devant elle avec une nonchalance infernale. Bien qu'il soit en boxer, sa présence la dissuadait de faire demi-tour ; ça n'aurait servi à rien de toute manière, si ce n'est l'énerver davantage et la menace qu'il prononça empêcha Elisabeth de s'enfuir à nouveau. Etrange. Pourquoi n'essayait-il pas de l'attraper, se contentant d'attendre en l'observant de haut en bas ? Même s'il ne faisait aucun geste laissant sous-entendre qu'il allait essayer d'accomplir ce qu'il avait prévu, Elisabeth pouvait voir à son regard qu'il n'avait pas oublié son « projet ». Il semblait se délecter de sa position de force, ne se pressant absolument pas, tant dans ses paroles que dans ses gestes. La peur dominait encore la jeune femme, qui n'osait bouger et avait l'impression que son corps ne lui répondait plus. Ses jambes ne la soutenaient presque pas, alors que son regard bleu ne paraissait plus aussi inébranlable que d'habitude. Elle avait envie de disparaître, loin de ce type qui était sans doute le plus cinglé qu'elle ait jamais vu et qui bloquait à présent la seule issue par laquelle elle aurait pu s'enfuir. Ou, du moins, la seule qu'elle connaissait – car au vu de la taille de cet auditoire, elle imaginait qu'il devait y avoir plusieurs portes d'accès. Soit. Elle était bel et bien coincée et ne pouvait qu'attendre qu'il se lasse et espérer qu'il la laisserait peut-être tranquille. Peut-être.
Soudainement, le visage du garçon changea une nouvelle fois ; on aurait dit qu'il luttait contre quelque chose qu'elle ne pouvait voir, qu'une bataille intérieure se déroulait derrière son regard qui se floutait de plus en plus. Et puis, vint le mot qui changea tout, qui retourna la situation. « Désolé » ? Elisabeth planta ses yeux dans le regard d'acier du jeune homme ; il avait changé. Il était, en quelque sorte, revenu à lui. Et c'est à cet instant qu'elle comprit. Bien que deux personnes se tiennent dans cette pièce, ils étaient trois, en réalité. Un démon avait pris possession du corps et de l'esprit de ce garçon et c'était celui qu'elle avait d'abord rencontré qui venait de lui adresser ses excuses. Il avait essayé de reprendre le dessus, de dominer la violence et la folie, le temps de lui adresser ce message, mais déjà, « l'autre » reprenait contenance. Les iris devinrent plus froids, plus aiguisés, le sourire revint, menaçant et sadique, la raideur fit place à la décontraction et la confiance en soi.
Elisabeth avait déjà lu un livre concernant le dédoublement de personnalité, mais jamais elle n'aurait cru que ce phénomène puisse se manifester de manière aussi impressionnante. Comment un seul et même corps pouvait-il contenir deux caractères aussi diamétralement opposés ? Ca devait être un enfer pour ce garçon. Il fallait qu'elle trouve un moyen de ramener celui en qui elle pouvait avoir conf... Enfin... Le plus normal des deux, quoi. Réfléchis, Elisabeth, réfléchis. Rappelle-toi de ce que tu as lu, de ce que tu as retenu. Qu'est-ce qui provoquait ce changement, ce passage ? Quelque chose. Qu'est-ce qui déclenchait tout ça ?
Déclencher. Déclencher... Un élément déclencheur. Quelque chose correspondant à la personnalité de la personne. Voilà. Il fallait qu'elle ramène le premier à la surface, qu'elle lui fasse gagner cette bataille contre lui-même pour leur sécurité respective. Le piano. Elle devait atteindre le piano. Et ne pas montrer sa peur à l'autre, la cacher. Et savoir ce qui se passait réellement permettait à la jeune femme de reprendre un peu confiance, de retrouver sa force. Elle se campa un peu mieux sur ses jambes, gardant ses bras le long de son corps, mais prête à réagir. Son regard se fit plus dur, plus affuté et elle ne vacilla plus, se tenant droite, bien décidée à ne plus se laisser déborder par la panique.
« Oh, mais je n'ai pas l'intention de crier. Tu as raison ; cet endroit n'est effectivement pas très bien fréquenté. »
Pour se donner davantage de contenance, elle n'hésita pas à lancer au garçon un regard vertical et hautain, comme elle savait si bien les faire. Ses mains sur les hanches, elle continua sa tirade :
« Quant à ma « petite » tenue, je ne veux pas paraître désobligeante, mais je ne pense pas que tu sois vraiment mieux lotti. (Elle haussa un sourcil.) Quant à ce que je fais ici, eh bien... J'avais envie de jouer du piano. Tout simplement. »
Allez. Il fallait saisir sa chance, maintenant.
« D'ailleurs, si tu le permets, j'aimerais... »
Elle esquissa un pas en arrière, ses yeux toujours plantés dans ceux du fou, y cherchant son accord. Comme si elle en avait besoin. Ce qu'elle espérait, c'est qu'il la laisserait faire, bien entendu - une sorte de "dernière volonté" ? - mais surtout que ça marcherait. |
| | Sujet: Re: Comme un enchantement... [Elisabeth] Dim 25 Avr 2010 - 22:16 | |
| Giflé. Vraiment, c'était comme s'il venait de se prendre une claque. Une claque verbale qui le laissait là, muet, le regard hagard. Elle venait de le remballer, carrément, maniant les mots avec une justesse ravageuse que lui, Dan', était bien incapable d'immiter. Tout en acceptant ses paroles, elle lui les renvoyait, et le rabaissait. Il n'arrivait plus à déceler la moindre trace de peur en elle. Lui, en revanche, commençait à assimiler ce qu'il s'était passé et se remettait doucement de son petit moment d'égarement. Il assimilait, et ça ne lui plaisait pas. Elle osait lui faire un affront, elle osait, la petite garce, alors qu'elle n'était rien, rien face à lui... Lui qui avait décidé de la violer tout simplement, il sentait des démangeaisons dans ses mains, une envie, une obsession: lui faire le plus de mal possible. Lui faire le plus de mal pour venger l'outrage. Faire du mal, faire couler le sang. Malgré lui, la vision d'un corps désarticulé à terre, tout sanglant, s'imposa à son esprit et la rage s'alluma en lui à nouveau. Une lueur démente s'empara de son regard, son sourire revint, large, un brin diabolique.
Déjà, elle avait fait un pas en arrière. Elle reculait. Avait-elle conscience qu'elle dévoilait là une crainte de tourner le dos? Si vraiment elle avait été si sure d'elle que semblait le révéler ses paroles, elle se serait dirigée d'un pas tranquille et assuré vers l'instrument. Elle n'aurait pas attendu une fraction de seconde de trop. Piégée, la jolie petite femme. A sa merci.
Jouer du piano... Elle savait jouer, ainsi? Son mépris pour elle n'en était que plus fort. Une de cette race de gens bien élevés qui s'exprimaient avec de beaux mots et s'intéressaient de près à la musique. Il voulait la déshonorer. La faire pleurer, entendre ses supplications, la faire crier, tuer ses cris à coup de poing dans la mâchoire. Ses mains tremblaient. Il voulait du sang, du sang, un orgasme, des craquements d'os brisés, il voulait tout ça, ne plus jouer, ne plus patienter, non, ne plus lui donner d'espoirs, de faux-espoirs, ne pas s'éterniser, tout de suite, tout de suite il voulait...
Un pas en avant, rapide, porté par sa rage, porté par sa folie, un coup de poing au visage, la main sur son épaule, il la balança au sol, immédiatement se mis à genoux sur elle, bloqua ses jambes avec ses pieds, ses poignets avec ses mains, la regarda...
Jouer du piano...
Quand on pense, il y a des mots, et des images. Il l'imagina, assise, jouer une mélodie douce qui lui parvint aux oreilles. Non, se remémorra. Non, impossible, il ne l'avait jamais vue jouer. Stupides pensées... Accaparé par celles-ci, il ne parvenait plus à se détacher de l'image, tandis qu'un son si mêlait. Une mélodie triste, mélancolique, déjà entendue... Non! Non! La violer bordel, la violer la frapper et la détruire, pas... Son frère. Quoi son frère?! Ta gueule, ta gueule! Son frère, la musique, son frère, la musique, plus présente, elle lui envahissait les oreilles, le rendait fou, fou, il ferma les yeux, grogna, grogna plus fort, relâcha sa prise pour prendre sa tête entre ses mains, le sang quitta son visage, son visage, qu'il essaya se lacérer de ses ongles, putain! qu'elle cesse cette putain de musique, qu'elle s'arrête, que ça s'arrête! Il bascula sur le côté,se recroquevilla, position foetale pour tirer sur ses cheveux, tirer, tirer, hurler presque, la musique, toujours plus forte, plus présente, la musique, jolie, jolie musique... Jolie musique... Jolie musique... Un sanglot rauque, sanglot dénué de larmes, il se déplia, s'allongea sur le dos, les bras en croix, respirant faiblement, la figure décolorée, juste quatre marques de griffure sur chaque joue, les cheveux en bataille, épuisé. Epuisé, il retrouvait son souffle, doucement, repris peu à peu consience de ce qu'il entourait, de sa petite tenue, gémit, compris. La fille... Qu'avait-il fait? Il chercha dans ses souvenirs, à peu près certain d'être assez stable pour pouvoir se sl'autoriser, se rappela, la violence... Juste la violence. Il n'avait rien fait de plus, il ne l'avait pas... Violée.
Daniel se rassit, la tête entre les mains.
"Je suis vraiment... Désolé. Je... Je vais me retirer. Je ne désire pas qu'un accident plus grave ne survienne. Navré, au revoir."
Il se releva, un peu chancelant, alla chercher ses débris de vêtement, renfila son pantalon, lissa quelques plis, et, hagard, meurtri, blessé, le corps et l'âme douloureux, se dirigea vers la grande porte à laquelle il était adossé encore quelques minutes auparavant.
[Encore désolée pour le retard... J'ai pas mal fait avancer l'action de mon perso, je pense qu'Elisabeth n'aurait pas été en mesure d'éviter de chuter, mais par contre elle peut évidemment le frapper, se dégager... Il n'est resté que quelques secondes sur elle, je précise. Voilà, je pense que je vais bientôt mettre fin au RP, à moins évidemment qu'il ne se passe un autre rebondissement ^^] |
| Kyllian Andrews | ☼ Administrateen © Snide Bitch ♪
Prince Kelly.ian ~ Like A Bitch.
Surnom : Barbie, Kelly, Kyllie. Âge du Perso : 20 ans. Orientation : Bisexuel Admission : 2 ans passés. Autorisé à sortir : Retirée
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Age : 30 Messages : 2431 Jeux +16 : Oui Disponibilité : Week-end Principalement.
MEDAILLES :
SECTES :
Casier Judiciaire Avertissement: Aucun Nombre d'Arrestations: Quatre. Délits Commis: | | Sujet: Re: Comme un enchantement... [Elisabeth] Sam 3 Juil 2010 - 22:17 | |
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| | Sujet: Re: Comme un enchantement... [Elisabeth] Dim 4 Juil 2010 - 0:58 | |
| Oui ! Désolée de ne pas avoir prévenu avant. :/ |
| | Sujet: Re: Comme un enchantement... [Elisabeth] | |
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| | Comme un enchantement... [Elisabeth] | |
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