Logan Owen. Un cas justifiable ?

A vrai dire, Logan Owen n’a pas une histoire particulière, parmi toutes ces personnes qui l’entourent à présent. Il a tout simplement eu l’audace de naître là où il n’était pas forcément attendu. Oui, Logan est ce que l’on peut présenter comme un « accident ». Sa mère avait rencontré son père depuis quelques temps déjà, ils s’entendaient bien, ils avaient finit fidèles. Oui. Le niveau familial n’était pas très haut : pas beaucoup d’argent, métiers de misère. Pourtant, rien ne les forçait à rester ensemble, rien, pas de mariage, de fiançailles. Ils étaient juste ensemble pour le plaisir d’avoir quelqu’un à ses côtés. Et là, le truc qu’il ne faut pas : la fille qui tombe amoureuse du garçon, et c’est ça la signature : elle aura un avenir pénible. Elle tombe enceinte et le père la fuit, et ce n’est que le début de ses malheurs. Néanmoins, elle garde l’enfant, le prenant pour la survie d’un amour qu’elle vouait à quelqu’un mais qui n’était simplement pas réciproque et elle accouche. Un accouchement long et fastidieux, insupportable. Chaleur éprouvante malgré le mois de novembre. C’est épuisée qu’elle découvrit le visage de son enfant pour la première fois. Habituellement, c’est à cet instant que le bonheur submerge la jeune maman, que l’amour qu’elle voue à son fils se reflète dans son regard, et son sourire. Mais l’avenir de Logan se décida à cet instant. Elle n’arriva pas à l’aimer.
Dés le premier regard, Madame Owen décida de détester son enfant plus que tout, parce qu’elle le trouva affreusement laid. Elle n’écoutait pas les infirmières qui lui disaient sans cesse sans qu’elle ne réponde : « C’est un beau bébé, félicitation ». Et elle s’en voulait de le détester parce que ce n’était pas normal. Chaque mère devait vouer envers son enfant un puits sans fond d’amour maternel, d’instinct protecteur. Elle n’y arrivait pas. Elle se dit d’abord que c’était parce qu’il n’était pas encore lavé qu’elle n’arrivait pas à l’apprécier, que ça changerait avec les jours, et qu’elle finirait par supporter le fruit de ses corps à corps passionnels avec son ancien amant. Mais non. Elle ne parvint pas à changer son sentiment de départ, et c’est là qu’est tout le malheur.

Logan était pourtant un enfant superbe. Bientôt, ses yeux bleus devinrent d’un vert aux légers reflets dorés, ses cheveux se déclaraient châtain, et plus les jours passaient, plus il devenait adorable. Les caissières dans les magasins n’en revenait pas « Quels long cils ! Quel regard ! Quel joli garçon ! » et elles ajoutaient avec un sourire éclatant « Il fera tomber des cœurs, quand il sera plus grand ! » à quoi la jeune mère se contentait de répondre par un léger sourire forcé. Elle ne trouvait rien de beau en cet enfant, et se considérait de plus en plus anormale. Puis, Logan se mit à marcher, et à parler. Il se révéla vite en hyperactif de nature, incapable de se poser plus d’une heure à une activité. Très tôt il se mit à courir dans le minuscule jardin, à jouer avec tout et n’importe quoi. Alicia, nommons-la enfin par son prénom, ne s’occupait vraiment de lui que lorsqu’il lui semblait que c’était nécessaire : nourriture, bain, etc. Le reste, elle le surveillait d’un œil, sans savoir comment lui donner cette affection nécessaire à tout être, alors qu’elle n’en éprouvait aucune. Elle le fit garder par sa mère qui n’était guère plus attentive à lui. C’est dans ce type d’environnement que Logan grandit.

« J’aurai pu être un enfant sage. J’aurai pu évoluer normalement, j’aurai pu être équilibré, j’aurai pu aimer comme les gars dans les histoires d’amours. J’aurai pu me faire des amis, me contenter de copions lors des contrôles pour seules bêtises. J’aurai pu tellement de choses. Mais même si je pouvais revenir en arrière, je referai les mêmes choix, éternellement. Et je redeviendrai ce que je suis actuellement.
Dés mon enfance, je me suis trop fait remarqué. Turbulent tout en étant gentil et conciliant, cependant. Mais curieux. Très tôt, j’ai connu les coups bas des cancres de la classe. Très tôt, j’ai connu les toilettes de l’école, j’ai connu les moqueries, et les violences d’autres élèves. On pourrait limite croire que je suis en train de me plaindre, ce qui est loin d’être mon genre. Le passé est passé, et c’est tout. Mais bon. C’est aussi à ce moment que ma mère s’est mise aux conquêtes. Je suis arrivé en primaire avec peine. Ma mère s’est mise à sortir avec un homme aussi immonde qu’elle qui semblait me mépriser un peu plus chaque instant. J’avais peur de rentrer chez moi, parce que malgré les tortures de l’école, rien n’était plus horrible que me retrouver confronté à eux. C’était la période ou je venais à l’école avec des coups et que j’en revenais avec d’autres. J’avais toujours des bleus partout, et des traces de brûlures. Le copain de ma mère écrasant ses cigarettes sur mes bras sans qu’elle ne réagisse. Les instituteurs réagissaient rarement. Je tentais de paraître le plus discret possible, calmant mon tempérament actif pour me faire le moins remarquer possible. Et ce fut ainsi jusqu’au collège. Si j’aime tant le feu c’est que j’ai l’impression que ça me reflète merveilleusement bien. Logan Owen est un garçon qui ressemble à une flamme. Mais c’était à ce moment là que je me contenais. Mon but était qu’on ne me voit pas, que je commence à faire partie du mur. Je passais la plupart de mon temps caché dans les toilettes durant les pauses, et je ne répondais jamais en classe. Mais on ne contient pas le feu si facilement. J’ai réussi à tenir de nombreuses années, à souffrir en silence, comme un enfant modèle qui n’a pas à se confier. J’étais censé être heureux, c’est ma mère qui me le disait. Elle disait que j’avais de la chance de l’avoir car sans elle je n’aurai pas existé. Déjà à ce moment là, je me demandais à quoi servait mon existence si j’étais sans cesse rejeté, torturé. J’ai finis par me dire que c’était normal. Et je me taisais.

C’est mon arrivée au collège qui m’a réveillé : j’ai rencontré Ethan. Ethan était un garçon plus âgé que moi, il trainait souvent en dehors de l’école et parlait discrètement à beaucoup de personnes. J’étais assez naïf, je ne connaissais rien du monde que celui que je m’étais créé, avec pour seuls amis des êtres imaginaires auxquels j’osais parler. Ethan, il m’a adressé la parole, et le premier sentiment que j’ai ressentis a été la peur. Je venais d’arriver au collège, et je restais étonnement inaperçu des autres, pour mon plus grand soulagement. Le fait était que si Ethan était si connu qu’il le semblait, s’il s’attaquait à moi, tous les autres auraient suivis. Mais le deuxième sentiment fut plus doux : le soulagement. L’incompréhension et la fascination. Pour la première fois de ma vie, quelqu’un m’adressait la parole gentiment comme si j’étais comme tout le monde et que je bénéficiais enfin de ce titre. Il m’a demandé si je fumais j’ai secoué vivement la tête et il a arqué un sourcil.
‘ T’as pourtant une gueule de future toxico.
- Comment ça ?
- Bah, t’as une gueule à fumer, quoi. ‘
Directement, j’ai sentis un vent frais me parcourir de part en part. Il me regardait comme un de ses semblables, mais paradoxalement, il me disait que j’avais une tête à fumer. J’avais toujours comparé l’image des fumeurs à ceux de ma mère et mon beau père qui me martyrisaient lorsque je n’agissais pas comme ils le voulaient, en laissant des marques de brûlures immondes sur mes bras. Ethan ne semblait pas comme ça. Je voulais garder le contact le plus possible avec la seule personne capable de me qualifier comme normal, alors j’ai agis. Il a trouvé en moi un bon client, j’ai commencé mon déclin. Il m’a appris les pires ficelles du toxico de base. J’étais pourtant bien jeune, mais ni moi, ni lui, ne me sentaient comme tels. J’ai volé dans le portefeuille de ma mère, pour payer mes doses. Et j’ai poursuivis mes études. Durant deux ans, ainsi, j’ai côtoyé Ethan tous les jours, je me suis mis à vendre pour ne pas trop me faire frapper à la maison. La flamme à rencontré l’essence et j’ai explosé. Des flammes impressionnantes, comparées à l’étincelle du début. Ethan avait réveillé un démon, et il n’a plus été question de le rendormir. Je me suis mis à répondre au coup de mon beau père, j’ai fais des fugues, j’ai volé des sacs à mains, des portefeuilles. J’ai tellement fumé que je ne comprends pas comment mes poumons sont encore en état de survivre. Je me suis piqué. J’ai tout testé. Je n’avais plus la notion du temps, puis Ethan s’est fait prendre. Je ne l’ai plus revu.

J’ai atteins mes seize ans, et j’ai fugué pour de bon. Je me suis trouvé un petit squat dans lequel je vivais avec plusieurs comme moi. Je traînais dans les rues, je mendiais. Je vendais de la came, je me suis même prostitué. Je voulais de l’argent, je voulais ma dose journalière, je voulais ma survie. Et j’ai connu Kyllian, et plusieurs autres. Ce genre de personne avec qui tu baises parce que c’est cool de baiser quand on est défoncé. Je ne sais pas si j’ai déjà baisé sans avoir pris ma dose de drogue juste avant. Et pourtant, ces rares moments de non-défonce, à fixer le ciel, sentant la pluie me laver de mes saletés… ces seuls instants de solitude totale, de silence apaisants, ce furent ces instants les plus beaux de ma vie. J’ai l’impression que ma vie s’est arrêtée avant d’avoir pu commencé. Je n’ai que des souvenirs vagues de mon existence, ne sachant pas discerner le vrai du faux, et pour savoir si j’avais encore le don des sensations, j’ai glissé mon briquet vers ma peau et je l’ai allumé. Et ce sentiment qui m’a submergé, je l’ai aimé plus que tout. Cette sensation d’existence. Moi j’étais la flamme, je brûlais tout sur mon passage : même moi, surtout moi. Et cette sensation était merveilleuse. La sensation de guérison aussi. Alors j’ai finit par aimer le feu autant que j’avais pu en avoir la phobie lors de mon enfance. Et avec des âmes des rues, dont je ne me souviens plus le nom, j’ai organisé des incendies à chaque fois plus grandioses les uns et les autres. Je me suis fait prendre plusieurs fois. Je me suis fait prendre pour ça, pour les vols ( j’en étais arrivé à voler des voitures aussi ), mais aussi pour coups et blessures. Je me suis attaqué à plusieurs policiers, mais aussi à des personnes envers qui j’avais des problèmes de compte : la came ne fait pas que des amis.

Mon cas à finalement été pris en jugement, et je me retrouve ici. Teenagers n’est pas un endroit que j’ai désiré. Ce n’est pas lui qui va me faire changer. »