Back to life-- I will survive [Vitany, Yoon]

Sujet: Back to life-- I will survive [Vitany, Yoon] Ven 28 Jan 2011 - 14:42

« --Merci beaucoup, au revoir ! »

La clochette de la porte en verre tinte alors que je la pousse de la main droite, légère, un sourire dessiné sur mes lèvres passées au feutre à lèvres rose poudre. Je me retourne et je découvre mes dents pour l’enseigne.Hair Cut. Deux mots qui s’envolent, légers comme moi. On a vu pire comme état pour quelqu’un qui sort de plus de huit mois et deux semaines d’hôpital, dont la majeure partie de coma… A vrai dire, j’ai pris des résolutions. J’ai décidé d’arrêter de me complaire dans le malheur, et de voir désormais la vie sous un angle plus joyeux. Je sais que ça va être difficile, voire très difficile, mais comment font les gens normaux ? Ils ne se posent pas la question. J’ai de la chance, malgré tout, je suis vivante, j’ai une chance d’arriver à la rédemption, je peux m’éclater, j’ai des tonnes d’affaires achetées avec de l’argent –certes plus ou moins légal- et très sympa que l’on m’a amenées, et c’est une magnifique journée de fin d’hiver, presque de printemps. J’introduis les oreillettes de mon iPod dans une oreille, puis l’autre, et je démarre une des chansons que j’ai découvertes récemment. J’ignorais que je les avais. I Will Survive, de Gloria Gaynor. Et c’est tout sourire que je démarre le chemin qui me ramènera à l’Institut Teenagers. Certes je suis suivie par un gorille d’infirmier, mais en même temps, bien que j’aille mieux, ils n’allaient pas me laisser rentrer toute seule, ils auraient trop peur que je m’échappe. Du coup, je profite de sa présence. Je me tourne vers lui qui me suit, l’air d’une huitre croque-mort peint sur le visage, les mains dans les poches, j’enlève une oreillette et je demande d’une voix joyeuse :

« --Ca me va comment, ma nouvelle coupe ? »

Je souris en coin devant son air déstabilisé et surpris. Je m’arrête de marcher à reculons, et je ralentis pour arriver à sa hauteur. Je n’ai pas tellement fait couper mes cheveux. Enfin, ils sont toujours longs, bien qu’ils aient une dizaine de centimètres en moins. J’ai fait retailler ma frange, et surtout, j’ai teint mes cheveux couleur « crème de noisette », comme ils disent. C'est-à-dire qu’ils sont un peu –à peine- plus foncés, entre le blond, le roux et le châtain, le tout très, très clair. Histoire que ça ne contraste pas trop. Je crois que j’ai pris un peu de couleurs à travers la fenêtre de ma chambre. Et puis, on a trouvé pourquoi j’avais des migraines. Hypermétropie très légère, mais suffisante pour me faire mal à la tête. A priori, ça devrait être moins pire maintenant.
Je marche maintenant au niveau du gars.

« --Euh, ouais, c’est pas mal. C’est vrai que ça fait un peu moins fantôme. »

J’étire une fois de plus mes lèvres. Si ça continue, je vais avoir des crampes. Il va falloir que j’apprenne à sourire sincèrement sans engourdir mes joues… Un silence plutôt long. Le soleil de ce début de printemps Californien nous fait taire, nous en profitons. J’en profite pour observer un peu le mec. Pas tellement gorille en fait… Blond, bronzé, typique du surfeur américain, californien et végétarien. Je me demande d’ailleurs s’il l’est. Il préfèrerait surement être dans l’eau, même s’il fait un peu froid, encore… Il interrompt mes pensées :

« --Tu… Ca te fait pas peur de retourner là-bas ? »

Il est plutôt cool en fin de compte… Ou alors c’est juste qu’il s’ennuie… Je me mordille la lèvre inférieure un instant.

« --Je sais pas… Pourquoi ? Je devrais ?

--Ben… Ils sont un peu tarés là-dedans… T’as pas l’air aussi tarée… »

Je pouffe d’un rire jaune, une main sur la bouche. C’est vrai qu’il n’est là que depuis une semaine. Il ne me connait pas vraiment. S’il savait… C’est dommage. Il est mignon.
« --Je suis sans doute la plus tarée de toutes les résidentes… Tu sais, je suis restée huit mois dans le coma, j’ai même perdu certaines capacités… Je ne sais plus parler certaines langues… J’ai oublié l’arabe, le farci, le portugais, l’allemand et même l’espagnol… Enfin, il me reste quand même pas mal de langages… Tiens, on est arrivés. »

Et il m’a remis entre les mains du gardien, qui m’a lui-même amenée dans le hall. Il repart et j’hume cet air maintenant si familier. Je pense à Vitany. C’est la seule qui est venue me voir, et c’est sans doute normal, enfin je suppose. En tout cas c’est la seule que j’ai entendue me parler quand je flottais seule dans le noir. Je l’apprécie beaucoup. Sans doute beaucoup plus que je ne veux bien l’admettre. C’est ma seule véritable amie. J’ai beaucoup pensé à elle ensuite, dans ma petite chambre blanche de l’hôpital. Ce va sans doute être moins dur avec elle. Et de toute manière, Anushka ne me tourmentant presque plus, j’ai bon espoir en la rédemption. Alors, quand je serai sortie d’ici, et elle aussi, on pourra rester proches, peut-être s’installer dans la même ville, et partager notre routine comme des personnes ordinaires ? Je crois que c’est ce qu’il y a de plus souhaitable pour nous deux. Le cliché même de l’american way of life. Espérons que cette vie sera pour nous. Ou bien quelque chose d’extra-ordinaire ? Mais dans le sens mélioratif du terme ? Quelque chose de super, de génial, de… De cool, quoi. Plongée dans mes pensées, je ne me suis pas rendue compte que j’ai avancé de quelques pas, puis que je me suis arrêtée. Et me voilà maintenant hébétée dans le hall, dans la chaleur relative du granit rose. C’est drôle de se dire ça, mais je suis heureuse d’être enfin de retour ici, à Teenagers.

Vitany posa pour la énième fois son livre sur les marches qui donnaient sur le Hall de l’Institut et scruta l’horizon par l’immense porte. Cela faisait un moment que la jeune Vitany attendait sur les marches. C’était aujourd’hui que Moon revenait de son séjour à l’hôpital et elle n’avait rien d’autre à faire que de l’attendre ici. Moon avait été la première personne qu’elle avait rencontrée à Teenagers. Même si Vitany avait trouvé cette fille particulièrement dérangée, elle s’était attachée à elle sans vraiment s’en rendre compte. Il fallut que Moon tombe dans le coma, pour qu’enfin elle prenne conscience que sans elle, Teenagers était trop calme, trop flippant, trop ennuyant, trop nul, mais vraiment trop nul. Alors elle lui avait rendu visite par deux fois. Seulement deux car, l’hôpital était un lieu que Vitany détestait fréquenter à cause de l’odeur, principalement. Mais pour Moon avait elle fait un effort et elle avait même apporté des fleurs.

Elle ignorait si Moon se souvenait d’elle. Après tout beaucoup de gens perdent de leurs facultés mentales après un long coma ou pire, deviennent des légumes. Il fallait que Moon se rappelle d’elle. Vitany n’était pas à l’aise avec les gens mais avec Moon, elle oubliait qui elle avait été.

Elle attrapa Mascha, la ratte qui dormait dans sa capuche. Elle l’avait acheté pendant que Moon était à l’hôpital et elle tenait absolument à lui montrer en espérant que Moewe ne pointerait pas le bout de sa truffe. Ce sale matou, qu’elle avait dû plus ou moins surveiller durant le séjour de Moon. Enfin, surveiller était un bien grand mot, car, quand il venait à elle, c’était que son ventre cirait famine. Elle courait lui acheter de la pâté et ce bouffon mangeait si vite, qu’il en vomissait une partie. Une fois il avait vomi sur son lit ; elle avait failli le tuer. Mais aujourd’hui tout rentrerait dans l’ordre. Mascha était encore un bébé si bien qu’elle tenait dans le creux de sa main. Parfois, Vitany s’émerveiller à regarder sa ratte dormir ou se laver avec sa toute petite langue rose. Après, s’être assuré que Mascha n’était pas morte – Vitany est légèrement parano – elle la replaça dans sa capuche.

Elle reprit son livre, un manga plus précisément. C’était City Hunter, manga culte écrit par Tsukasa Hojo. C’était l‘histoire d’un nettoyeur dans la ville de Tokyo qui sévissait principalement dans le quartier de Shinjuku, traquant les Yakusa. L’histoire était répétitive, parfois salace, mais c’était une partie de son enfance qu’elle tenait entre ses mains et puis Ryo pouvait lui arracher quelques sourires…

Soudain, Vitany sembla percevoir une voix qu’elle pourrait reconnaitre entre mille : celle de Moon. Elle entendit et des pas se rapprochèrent. Escortée, Moon pénétra dans le hall. Dissimulée en haut des escaliers, pour ne pas être vu de la terrible secrétaire d’accueil, Vitany observa Moon. Celle-ci avait repris des couleurs, de la consistance… Une bouffé de joie envahit Vitany qui se leva et descendit en courant les escaliers, à la rencontre de son amie.

Elle s’arrêta à quelques pas d’elle. Comme une empotée, Vitany ignorait tout de ce quelle devait faire. Prendre Moon dans ses bras ? La saluer simplement ? Évidement, quand on vit en se méfiant constamment des autres et en les évitant, on ne connait que peu de chose des codes de conduites. Alors, elle opta pour quelque chose à sa portée. Maintenant la distance, elle afficha un sourire et un peu gênée s’adressa à Moon :

« Salut. Heu… j’espère que tu me reconnais. »

Après qu'on m'ai laissée seule dans le hall, je me suis demandé ce que j'allais bien pouvoir faire en premier. Aller passer mon premier "check-up" à l'infirmerie ? Me rendre dans ma chambre voir dans quel état les pions et les flics l'avaient laissée ? Ou bien chercher Meowe ? Aller grignoter un truc à la cuisine ? Je n'en ai aucune idée. Mais finalement, la réponse s'impose à moi sous la forme de bruits de pas, d'abord, puis de la forme progressivement distincte d'un fille aux cheveux clairs vêtue d'un haut à capuche. Vitany, je la reconnais. Je me prépare à l'étreinte pendant qu'elle court, mais finalement elle ralentit et... S'arrête. On reste comme deux ronds de flan, toutes les deux, à se regarder dans le blanc des yeux, en chiens de faïence, jusqu'à ce qu'elle brise le silence qui s'est installé.

"--Salut. Heu... J'espère que tu me reconnais."

J'esquisse un sourire mi-railleur mi-ému, et je lance d'une voix douce mais teintée de plaisanterie:

"--Ben, oui, quand même, je ne suis pas devenu un légume ! Et puis, c'est pas en s'ouvrant les veines, même en perdant beaucoup de sang, qu'on perd la mémoire autobiographique, c'est en se cognant la tête. A ce propos... Merci d'être venue me voir. Je... La seule chose que j'entendais, quand je flottais dans tout ce noir, c'était ta voix qui m'appelait... Ca m'a pris du temps de répondre, mais si je suis là, c'est grâce à toi, alors... Merci."

Un peu gênée par ma demie confidence, je rosis, passe la main derrière ma tête, et, de manière plutôt imprévisible, j'enlace mon amie. Parfois, il faut se jeter à l'eau. N'empêche, c'est émouvant ces retrouvailles. Le problème est que je suis toujours aussi maladroite. Je fais un faux mouvement, m'emmêle les jambes, trébuche, et entraîne Vitany dans ma chute. Nous nous retrouvons dans une position un peu ridicule, elle dessus, moi dessous, et je pars d'un éclat de rire.

"--Tu vois, j'ai pas tellement changé en fin de compte !"

Je m'extrais du schmil-blix et aide mon amie à se relever.

"--Et ici, quoi de neuf ? Tu racontes quoi ? Et Meowe, tu sais comment il va ? Ca va, les visites chez le psy ? La poule ou l'oeuf ? Chuck Norris à encore fait des siennes ?"

Je ne sais pas ce que j'ai, aujourd'hui, mais je me sens super...Heureuse. Oui, c'est ça, heureuse. Heureuse d'avoir retrouvé mon amie, d'être enfin sortie de cet hôpital et de commencer à aperçevoir la fin du tunnel. Je prends les mains de l'allemande et les serre fort, en lui souriant. Il y a tellement de choses que je voudrais savoir !

[HJ Un peu court,mais je voulais répondre de suite; et puis, ça fait avancer l'action, je crois.]

"--Tu vois, j'ai pas tellement changé en fin de compte !"

"--Et ici, quoi de neuf ? Tu racontes quoi ? Et Meowe, tu sais comment il va ? Ca va, les visites chez le psy ? La poule ou l'œuf ? Chuck Norris à encore fait des siennes ?"

« Ici, rien de nouveau. La bouffe est toujours aussi dégueulasse. Le personnel toujours très aimable, comme les résidents d‘ailleurs… Y a eu pas mal de nouveau. J’te les montrerais si tu veux. Ensuite, j’ai fait une demande pour qu’on soit dans la même piaule parce que j’en ai marres des rustres qui occupent ma chambre, bien sur si ça te pose pas de soucis. Et comme ça on pourra faire des trucs sympa le soir sans se faire griller ! Tu verras et te me diras, hein ! Moewe ? Écoute ! Je ne l’ai pas trop vu mais j’ai veillé du mieux que j’ai pu à sa santé. Sachant que cet hypocrite ne venait me voir que pour sa pâté immonde. »

« Le Fight Club… tu te souviens ? Y a un nouveau boss et y parait que les combats organisés sont géniaux. »

« Et toi ? Comment t’as vécu ton séjour à l’hôpital ? »

« Enfin, non, garde ça pour une autre fois, se sera mieux. »

Spoiler:

Il ne se sentait pas bien. Rien de grave, non. Aucun problème de schizophrénie ces derniers temps. Schizo… C’est ce que les médecins avaient finis par dire. Mais elle ne se guéri pas, oh non, elle peut seulement être ralentie. Mais ce n’était pas ça. Il savait que ce n’était pas ça. Il ne voulait pas que ce soit ça. Un traumatisme. Point. Juste un traumatisme aux répercussions inattendues. Bref. Il ne se sentait pas bien et ça n’avait rien à voir avec tout ça.

Non, juste un rhume et un peu de fièvre causée pas des chocs thermiques, chaud, froid, chaud, froid. La météo ne pouvait-elle pas se décider ? Puis bon, dedans, dehors, dedans, dehors… Ça n’aide pas.
Le jeune coréen sourit, était-il devenu plus sensible au froid depuis son arrivé en Californie et un été passé ici ? Il croisa son regard aux pupilles sombre comme la nuit dans un miroir qui surplombait l’évier de la salle de bain. Visage pâle, encore plus que d’ordinaire et un soupçon violacé sous les yeux. Malade… Il n’avait pas besoin de ça. Il n’avait pas bien dormi, frissonnant toute la nuit.
Il activa l’eau chaude, laissa ses mains sous le jet bouillant tandis que la chaleur se propageait dans son corps. Il se baissa et se passa le l’eau sur le visage. C’est bon. Il se sentait mieux après ça et avoir changé ses vêtements. Il retourna dans le dortoir et s’emmitoufla dans une grosse veste avant de descendre les étages et se retrouver dans le hall.

Il y avait du monde là, dans ce grand espace qui ouvrait sur l’extérieur. Quand la porte s’ouvrit il sentit le courant d’air froid qui le glaça jusqu’aux os. Il n’était pas le seul. Tout le monde tourna pour voir qui entrait.
Il connaissait ce visage. Enfin, il lui semblait, quelqu’un qu’il avait déjà vu rapidement ici. Dans son esprit quelques bribes de souvenirs lui revinrent. Des discussions qui allaient et parlaient qu’une jeune pensionnaire tombée dans le coma il avait de cela plusieurs mois. Il semblait bien que c’était elle. Peut être.
Une jeune fille s’était approchée de la nouvelle venue, une autre pensionnaire qu’il avait déjà aperçut plusieurs fois, ralenti, hésitait. Une multitude d’expression qui parcourait ses deux visages qui se retrouvaient. Incertitude.

Il n’entendait pas ce qu’elle disait et détourna le regard. Ce n’était pas ses affaires. Il y un bruit, son regard changea de direction. Les filles étaient à terre et se relevaient en s’aidant. C’est à ce moment là que l’une d’elle tourna ses yeux vers lui et le regarda fixement d’un ai mauvais. Pas celle qui revenait. L’autre. Jun Hee cligna des yeux, surprit. Qu’avait-il fait ? Elle se plaça derrière son amie et détourna le regard mais il sentit quelques coups d’œil rapides pointer vers lui.

Le jeune homme se sentit mal à l’aise. Coupable. Il ne savait pas de quoi, il ne lui avait jamais rien fait, ni mal regardée un jour. Il sentit son cœur se serrer, vexé. Pourquoi se regard. Glacial. Il frissonna, et serra la veste autour de lui amis elle ne le réchauffait plus.

Cet étrange regard le hantait et dans ses yeux un air interrogateur teinté de tristesse apparu. Il se mit à trembler replongeant devant ses camarades de lycée qui lui jetaient des regards étranges, noirs, effrayés. L’évitait. Il n’avait pas connu cela depuis son arrivée ici. Il était comme els autres ici. Chacun avaient une raison d’être là.

Il ne comprenait pas ce regard. Il devait se retenir avec force pour ne pas se précipiter dehors et fuir.

Spoiler:

Vitany semble ne pas aller très mal non plus. Ceci dit, ça ne veut rien dire. Vitany ne montre pas vraiment la manière dont elle se sent. Elle me dit quelque chose par rapport au fight club. Ah oui, j'en avais entendu parler. J'ai oublié pas mal de choses, cependant. Et elle me rassure au sujet de Meowe. Ce petit goinfre va bien. Elle ne sait pas combien je lui suis reconnaissante de s'en être occupée. D'autant que je n'y pensais pas vraiment quand j'ai voulu mourir. Elle a tout fait comme il fallait. Elle m'interroge sur mon séjour à l'hôpital, et là, je me rembrunis. Je n'ai pas vraiment envie d'en parler, pas encore. Mon coma m'a beaucoup diminuée, et c'est encore un sujet tabou. Un jour je lui dirait. Un jour. Un jour je lui expliquerai comment ça fait. Si elle veut. Mais en attendant, ce n'est pas la peine de traumatiser qui que ce soit avec ça. Elle a compris que c'était délicat. Un bruit. Quelqu'un vient de rentrer. Vitany est plus prompte que moi à se retourner, mais j'ai le temps de voir la lueur de misanthropie dans son oeil, en tapinois. Je pivote également, non sans jeter un coup d'oeil à la secrétaire, qui décide qu'elle en marre de rester là et s'en va. C'est mieux en mieux, on dirait, au niveau surveillance, ici...

Je dévisage le curieux personnage qui vient d'entrer. Enfin, curieux, surtout brun, famélique et très pâle. J'ai déjà vu ce visage, mais il était moins creusé par les problèmes. C'est un asiatique, un coréen. Je me souviens à peine de lui avoir parlé, pourtant nous avons du échanger quelques mots, peut-être. J'ai du mal à me souvenir. Je sais que son nom de famille n'a qu'une lettre de différence avec mon prénom, écrit en alphabet occidental. C'est.... ...oon... Yoon, c'est ça. Il a pas l'air bien. Je pose ma main sur l'épaule de Vitany. Pas que je craigne qu'elle soit violente, mais pour lui faire passer le message. Il ne va pas bien, et ici, on doit être solidaires. Je sais qu'elle, seule, ne va jamais aller vers lui. Et il n'a pas l'air parti pour venir. Moi non plus, avant, je n'aurai rien fait. Je n'aurai pas bougé. Mais maintenant, c'est dingue comme ça me remue de voir quelqu'un dans l'état dans lequel j'étais avant. J'attrape la main de mon allemande d'amie métamorphe, et je l'entraîne vers lui, pas trop vite, que ça n'ait pas l'air d'une agression. Il serre sa veste autour de lui, il a froid. "Nature, berce-le, il a froid." Je sais que parfois Vitany est agressive sans le vouloir. Je le sais parce qu'elle me l'a dit. Je m'approche de sa chevelure claire, et je chuchote des paroles apaisantes.

"--Vi', il n'a pas l'air d'aller bien. Je sais que t'aimes pas trop les gens, mais 'faut qu'on l'aide. We gotta help him."

Je reprends mon cheminement interrompu à mi-parcours, et je fais un tout petit sourire au jeune homme aux cheveux noirs. Arrivée à un mètre de lui, j'élargis un peu mon sourire, je rajuste mes lunettes sur mon nez, et je lui tends plus ou moins la main.

"--Salut, je suis Moon. Et elle, c'est Vitany. Et toi, Yoon, c'est ça ? Enfin, c'est ton nom de famille, non ? On s'est déjà parlé, je crois. Tu... Ca va ? Tu as besoin d'aide ? Tu n'as pas l'air bien..."

Je ne sais pas trop quoi faire. Cette éternité à flotter dans le noir m'ont rendu un peu maladroite. Enfin, pas plus qu'avant. J'attrape la main de Vitany et serre un peu ses doigts. Je viens de me rendre compte que je ne sais pas parler le coréen, et que j'ai oublié l'allemand. Oublié, envolé. J'ai plus rétréci mentalement que je ne pensais. Mais peu importe. Je pose ma main sur le bras du coréen, et je le frictionne un peu, en essayant de ne pas être brutale.

"--Tu as froid ? Tu trembles. Tu as de la fièvre, on dirait. Vitany, tu en dis quoi ?"

Je me sens un peu... Paumée. J'ai un problème, j'ai des gros blancs dans ma mémoire. Par exemple, je me rappelle qu'un certain Illyott a été dans ma vie, mais c'est qui ? Et puis... Satochi, aussi ? Je les ai... oubliés ? J'ai des problèmes de connexion ou quoi ? Enfin, j'aurai le temps d'y penser plus tard. Faut que je me concentre sur autre chose, là. Je suis peut-être avec deux personnes super importantes dans ma vie, là. Ou dans ma vie future. Il faut que je revienne sur terre.

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