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Diathèse morbide, douce léthargie. | Jeremy.

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MessageSujet: Diathèse morbide, douce léthargie. | Jeremy. Diathèse morbide, douce léthargie. | Jeremy. EmptyDim 28 Fév 2010 - 21:08

[Oui certes le titre a pas vraiment de rapport flagrant mais j'aime pas les titres. C'est au présent, j'espère que ça ne te dérange pas ?]

    Il bouge un peu. Les clopes font la gueule, entassées dans un cendrier à ses côtés. Douce léthargie.
    La vie s'écoule au ralenti ces derniers jours. Le froid mordant, le ciel lourd et bas du mois de Janvier, l'éphèbe passe la plupart de ses journées dans sa chambre, volets fermés, allongé sur un lit où il a l'impression de lentement s'enfoncer. Se noyer.
    « J'aimerais fondre, m'évaporer, et que mon corps, trop maigre, ne laisse derrière lui qu'une trace informe, collante et noire, sur ce lit trop blanc. Immaculé. Je veux que mon corps, dans son dernier soupir, le tâche à jamais, et que jamais personne ne puisse enlever cette souillure. »

    Cela fait combien de nuits qu'il n'a pas dormi ? Aucune idée, aucune importance, plus il poursuit le sommeil plus celui-ci se joue de lui. Destiny respire, son souffle résonne dans la chambre déserte. C'est étouffant et oppressant. Dans ces moments là le jeune homme a l'impression de retomber en enfance, quand il n'était que cet enfant pitoyable, que cet enfant jouet, enfant poupée dans les mains de cette femme qui n'aurait jamais dû être mère. Oui dans ces moments là il a l'impression de retrouver sa solitude, cette solitude originelle, la toute première qu'il a jamais ressenti, celle qu'il pouvait encore regretter à l'époque, contre laquelle il se rebellait encore.
    Maintenant cette solitude qui l'accompagnait où qu'il aille, c'était comme devenue une compagne. Quelque chose qui faisait partie de lui, qui l'enfermait dans un monde où personne ne pouvait pénétrer.
    Personne ne pouvait y pénétrer.

    Assis sur le bord de son lit, il fixe un point. Sa chambre est rangée, il n'y a rien. Rien. Un vide criant, à l'image de celui qui l'habite. Il n'y a rien qui dépasse, rien qui respire, rien qui laisse transparaitre l'idée qu'ici, quelqu'un vit. Qu'ici, quelqu'un a vécut.
    S'il disparaît, personne ne s'en rendra compte.
    Personne.
    Cette solitude synonyme d'habitude était toujours accompagnée de souffrance et pourtant il semblait impossible à Destiny de changer son attitude. Changer ce qu'il était. Le changement fait peur. Ce gamin qui n'a pas été compris et a donc décidé de ne jamais l'être. Comment se venger des autres en se détruisant soi-même. Tout un art.
    Il fixe le mur blanc, sa peau nue frottant contre le drap recouvrant son matelas.
    « Cette chambre pue, putain ».
    Sa voix a une sonorité bizarre, et elle résonne d'une manière étrange dans le silence pesant de l'endroit désert. Elle se fraye avec difficulté un chemin dans l'air lourd et froid et s'éteint. Voilà qu'il parlait tout seul, maintenant ? Il devait devenir fou. Voilà tout.

    Un demi sourire, un soupir, ses pensées s'envolent. Évidemment.
    Cela faisait quelques jours et quelques nuits maintenant, qu'il avait évité toute forme de vie, s'enfermant dans cette chambre. Fuite éternelle, du tout comme du rien.
    Il n'y avait pas de raisons. Ou plutôt le garçon aux cheveux bleus n'en cherchait pas. Il ne voulait pas savoir. Il ne voulait pas savoir.
    Destiny se lève. Ses membres craquent, c'est vrai, il n'y a plus que des os dans son corps, a-t-il seulement mangé ces derniers jours ? Non, sûrement pas.
    Un vertige, le noir devant ses yeux. C'était la faute aux gâteaux qu'il n'avait pas mangé. Haha.

    Il s'avance, il ne marche pas vraiment très droit. Son ventre lui fait mal, terriblement mal. Trop vide. Et pourtant, il est léger. Il est vraiment léger.
    C'est pas si désagréable. Non, c'est même jouissif, cette pseudo douleur déguisée. Douce torpeur.

    Et une nausée le prend, son corps se tord, ses mains araignées se glissent vers son ventre qu'il serre avec force. Ça passe, finalement. Ça passe toujours. Il allonge son corps maigre ; reste pendant quelques secondes dans le vide, flottant. Équilibre précaire.
    Il glisse ses jambes maigres dans le jean troué qui était là, plié à côté de lui, comme s'il avait déjà prévu que cette nuit ne durerait pas, que le sommeil ne viendrait pas l'embrasser et qu'il finirait par faire une de ses ballades nocturnes qui étaient devenus presque régulières ces derniers temps. Il enfile rapidement ses docs y fourrant ses pieds nus, ne prend pas la peine de serrer ses lacets et sort dans le couloir, les mains dans les poches. Il doit être quelque chose comme minuit, une heure, deux heures ? Comment aurait-il pu le savoir.
    C'est une bien étrange expérience que de ne plus dormir. C'est une bien étrange expérience que l'insomnie. C'était drôle, parce qu'il n'était pas fatigué, non. Juste un peu, comme en dehors de son corps. Comme si plus rien n'existait. Un rêve où la douleur ne le touchait pas, où ses sentiments eux-même ne lui semblaient rien de plus qu'une douce comptine murmurée à son oreille, des non-sens. Des non-sens absurdes qui ne valent pas la peine d'être écoutés.
    Destiny n'a pas de vrais raisons pour fuir le sommeil, est-ce lui qui fuit, ou bien est-ce l'autre qui court. Cela revient au même, quelle importance, quelle importance. Le temps ne semble avoir de prises sur l'éphèbe qui marche d'un pas lent et morne dans un couloir désert et noir. L'obscurité n'a jamais dérangé l'enfant. Rien ne le dérange jamais vraiment, jamais totalement, surtout pas aujourd'hui. Les papillons devant ses yeux qui viennent titiller sa rétine, ses forces qui le quittent un peu plus à chaque pas, ça le fait sourire. Il aime ça. Le sentiment de perdre, de perdre tout contrôle sur lui-même.
    Il aime ça et à la fois, ça le rend malade. Malade de se dire qu'il ne contrôle rien.

    Douce contradiction, absurde non-sens.

    C'est juste, juste. Cette fatigue, ce sentiment d'être épuisé, constamment. De toute façon, je pourrais bien dormir que je voudrais encore mourir, qu'il pense, le petit dépressif. Je pourrais bien dormir que j'aurais encore la certitude de ne pouvoir me reposer que lorsque tout mon sang aura quitté mon corps.
    L'errance du jeune homme le mène au premier étage où l'enfant, perdu et hagard, regarde un peu autour de lui. Il ne connait encore rien de cet établissement étrange où l'on a rien à faire pour occuper ses journées. C'est agaçant et détestable. Dépressif ne rime pas avec oisif. Au contraire même. Alors il continue. Au hasard, sans but, une ombre lente et sans visage, aveugle parce qu'elle ne regarde pas où elle va.
    C'est d'abord l'odeur de cigarette qui l'attire, et puis l'humidité ambiante. Il aurait su qu'il y avait quelqu'un, sûrement ne serait-il pas rentré. Mais voilà, il ne sait pas, alors il entre. Sans même regarder le visage de celui qui, assis tranquillement, lit un livre à la couverture obscure, une clope à la main. Destiny regarde autour de lui, ses yeux injectés de sang brûlent au contact de la lumière presqu'agressive de la buanderie – car c'est bien là où se tient l'adolescent.

    « Tu me passerais une clope ? »

    C'est qu'il serait presque d'humeur sociale, ce garçon maigre et grand qui a daigné baisser les yeux vers l'autre au charme certain le fixant à moitié inscrivant dans sa mémoire son visage. Ou bien, il a vraiment oublié son paquet de tabac et ses feuilles, et il ne se sent pas, pauvre imbécile anorexique, de remonter un étage pour atterrir dans une chambre qu'il débecte. Qui sait. Quelle importance.
Jeremiah Samuels
Jeremiah Samuels

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Diathèse morbide, douce léthargie. | Jeremy. Araignee-gif-012
Masculin diabolique

Surnom Surnom : Jeremy
Âge du Perso Âge du Perso : 18 ans
Orientation Orientation : Homosexuel
Admission Admission : En octobre
Autorisé à sortir Autorisé à sortir : Accordée

Teen's Teen's : 6157

Age Age : 35
Messages Messages : 192
Jeux +16 Jeux +16 : Oui
Disponibilité Disponibilité : une fois par semaine

RP' RP' : *en cours*
boys boys boys (avec kyllian et nath)
mad world feat nathanaël
l'araignée a fait sa toile (avec aby dan)
*terminés*
entre sade et shakespeare (nathanaël)
devil in a midnight mass (nathanaël)
enfantillages improvisés (aby & nathanaël)

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Diathèse morbide, douce léthargie. | Jeremy. Bhhj Diathèse morbide, douce léthargie. | Jeremy. Bhhj Diathèse morbide, douce léthargie. | Jeremy. Bhhj Diathèse morbide, douce léthargie. | Jeremy. Bhhj / Diathèse morbide, douce léthargie. | Jeremy. Bhhj Diathèse morbide, douce léthargie. | Jeremy. Bhhj

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MessageSujet: Re: Diathèse morbide, douce léthargie. | Jeremy. Diathèse morbide, douce léthargie. | Jeremy. EmptyJeu 11 Mar 2010 - 1:32

Pas dormir. Il ne faut pas dormir. Point dormir.
Pour vivre heureux, vivre cachés. Vivre cachés.



Ses jambes se balancent dans le vide. Pendu. Il lit un livre oui. Mais quel livre? Il ne se rappelle pas vraiment du titre. Il ne sait pas depuis combien de temps il s’est installé là. Dans cette chaleur humide. Le ronronnement discret des machines. Certains parleraient d'un retour aux sources. Création involontaire d’un cocon rassurant. Le ventre de sa mère. Il l’a caressé parfois. Déposé des baisers dessus, souvent. Il a été tendre avec elle. Il lui a promit des choses.

Il tourne une page.

Confusion mentale
. Il oublie l’heure. Relit en boucle la même ligne. Avant de sauter à la suivante. Comme un ordinateur qui étouffe dans un bug. Ses gestes sont automatiques. Ses cils effleurent ses joues. Déposent une ombre artistique sous ses yeux bleus. Ses mains agrippent le livre sans force inutile. Même la manière dont son corps est courbé a quelque chose de gracieux. Il transpire le charisme involontaire. Ses lèvres boudeuses embrassent le filtre de la cigarette. La fumée de la cigarette s’élève jusqu’à son visage. Brume.

Jeremy se sent bien.

Aucun effet secondaire. Aucune malédiction. Krueger lui fout la paix pour ce soir. L’araignée glisse lascivement le long de sa toile. Tisse ses mensonges dans un rire mauvais. Très fière de son dernier coup sans doute.

Il tourne une autre page sans prendre le temps de lire la fin. Roman policier, roman de sciences fiction. Roman littéraire, nouvelle. Épistolaire? Que lit-il? Le mode d’emploi d’un médicament. La comptine tremblante d’une écolière oubliée. Une m*rde de hall de gare. Il froisse la page.

Deux heures. Neuf heures. Dix heures.


La porte qui s’ouvre, un réveil strident. Il cille. Effet non souhaité, et gênant. Il relâche le livre d’une main. Écarte la cigarette pour expirer la fumée. Se fout de la cendre déposée sur les pages. Il contemple le garçon. Avec calme. Les cheveux bleus, le visage fin. L’air d’un paumé qui sait pas ce qu’il fout là. Il vient quand même. S’approche avec une prudence absurde. Découvre l’endroit. Un nouveau? L’éclat métallique de son piercing sous les lumières crus. Ses vêtements étranges.

Benjamin le trouverait cool.

Jeremy s’en fout. Il secoue le livre légèrement. Tourne une autre page. Oublie l’histoire. Plongé dans l’obscurité de sa chambre mentale. Recouverte de coussins. Il pourrait se cogner aux murs. Se cogner à son existence. Les crocs de l’araignée cliquettent discrètement. Un deux trois, il est aux abois. Mais la présence de ce garçon ne l’intéresse pas. Visage trop effacé. Pas assez de souffrance avouée. Air de drogué. Jeremiah s’alanguit dans les couvertures. La soie glisse sur la peau pâle. Passe sur le dessin d’un étrange tatou…

« Tu me passerais une clope ? »


Onze heures.


Il relève de nouveau les yeux. Curieux et attentif. L’apparence stable du mec qui attends son linge. Les machines tournent au rythme du temps. Semblent attendre la suite. C’est beaucoup trop long!

Jeremy hausse juste une épaule sans sourire. Ses doigts glissent jusqu’à sa poche. Sorte un paquet de cigarettes qui a vu de meilleurs jours. Dans l’autre, une barre de chocolat.

Il n’aime pas ça.

Une cigarette calée entre ses doigts tremblant. L’autre qui termine de se consumer. La cendre tombe sur ses genoux.

« Besoin d’un briquet? »


Il fouille sa poche à la recherche de ce dernier. Au cas où. Croise du regard la deuxième clope. Il devrait peut-être la lui donner. Maladroitement, Jeremy la lui tend. Il fixe l'autre. Regard explosé contre indifférence non naturelle. Un puits sans fond.

Cul profond ricane l’araignée. Elle somnole déjà, chanceuse.

Il ne cherche pas les emmerdes. Cherche pas la conversation. Fixe ce reflet piqueté de rouille. La ressemblance est… C'est quoi la fin? Qui est le meurtrier. Il reprend son livre, feuillette les pages. Oublie le briquet. N'attends pas de réponse.

L'autre est toujours là? Sept heures.

L’apparence instable d’un mec qui perd la notion du temps.

***

les paroles en courrier new sont les paroles de "effets secondaires" (mylène farmer)
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MessageSujet: Re: Diathèse morbide, douce léthargie. | Jeremy. Diathèse morbide, douce léthargie. | Jeremy. EmptyMer 17 Mar 2010 - 15:07

    La lumière tamisée, ombres étirées, l'un des néons jaunâtre clignote un peu, donne une dimension glauque à la pièce enfumée.
    Les mains dans les poches, Destiny se sent sale, abimé. Comme pas à sa place, en trop. Il aimerait bien disparaître, se fondre dans la fumée, dans la moiteur ambiante. Comme toujours. Destiny a toujours envie de fondre. A ses yeux ça serait une belle mort. De laisser derrière lui quelque chose de collant, de visqueux. Une flaque.

    Parce qu'il n'est pas dupe, ce gamin. Il sait bien que personne ne l'aime. Il sait bien qu'il n'a jamais manqué, à qui que ce soit. Ceux qui disent le contraire ne sont que naïfs petits cons. Les parents qui aiment leurs enfants ? Foutaises. Foutaises. Destiny n'a jamais été, ne sera toujours qu'un remplacement, le genre de personnes que l'on prend et que l'on jette. Que l'on jette.
    De son casque entourant son cou s'échappe une musique douce aux accords discrets. Il avait oublié. Son Ipod était de toute façon presque toujours allumé, ami fidèle dont les mélodies jamais n'ennuyaient l'adolescent, la seule chose sûrement dont il ne se lasse pas était cette musique dont il ne se lasse jamais d'écouter ; là c'était la voix geignarde et plaintive de Saez qui discrète résonne dans la salle embrumée, annihilé cependant par le ronronnement des machines à laver le linge tournant plus ou moins rapidement. « Lost byways, nobody, like you said, ever missed me. »
    D'habitude l'adolescent n'aime pas la chaleur. Là ça ne le dérange pas, il a l'impression d'être un peu plus réveillé qu'ordinaire, le problème avec les périodes d'insomnies c'est bien qu'on ne dort jamais mais qu'on a toujours le sentiment d'être dans une sorte de rêve désagréable où tout pique, tout brûle, mais rien cependant ne blesse... Quel ennui.

    « Besoin d’un briquet? »

    Destiny lève ses yeux trop bleus vers l'autre. Ah oui, c'est vrai. Il aurait presque oublié sa présence, mémoire de poisson rouge, m*rde. Il l'observe un peu, pas que l'autre l'intéresse, non, juste que le punk aime observer, analyser, connaître et comprendre, comment se protéger d'un monde qu'on déteste ? En en connaissant les moindres rouages, par cœur.
    Les cheveux noirs du jeune homme tombe un peu devant ses yeux, ses mains sont belles, étrangement. Il aime bien ses doigts noueux, tremblants, fragiles peut-être. Les deux éphèbes se fixent. Deux éclairs d'indifférence, de rien. Finalement peut-être que Destiny aime bien cet autre. Il aime bien le vide qu'il a l'impression d'y lire. Pas le même que lui, non, pas vraiment. Mais une sorte quand même. Une sorte de vide personnel, différent. Mais pour une fois la différence ne fait pas peur, pas vraiment. Hum.
    L'adolescent pousse un soupir, fatigué par sa réflexion futile. Il se penche et avec son index et son majeur coince la clope blanche entre ses doigts maigres, il la pose entre ses deux lèvres fines, fait un ou deux pas de recul, pas très droit, pas très sûr, et il s'arrête quand ses jambes filets d'os se cognent contre une machine à laver rugissante. Destiny s'adosse contre elle, posant ses fesses sur l'extrémité moite de l'objet, sans s'assoir réellement pour autant.

    Il murmure.

    « Non, merci, j'ai déjà. »

    A ces mots il prend entre ses doigts ce pendentif large et lourd qu'il traine autour de son cou fragile et en appuyant sur une des pierres verts émeraudes le jeune homme porte l'objet de collection près de la cigarette restée collée à sa lèvre inférieure et inspirant profondément il allume l'objet de ses désirs.
    Puis prenant la clope entre ses doigts et expirant lentement la fumée dont il apprécie la brûlure délicieuse, Destiny regarde de nouveau l'autre. D'habitude c'est lui à qui on impose une présence, là, c'est le contraire. Ce rôle ne lui va pas. Pas ce soir, disons.

    Destiny par moment devient cette sorte de prédateur étrange qui a besoin d'affection et qui manipule sans vergogne pour l'obtenir. A ces instants il devient un monstre sans fond pour qui rien n'est jamais assez, pour qui l'amour n'est jamais crédible, et pourtant, c'est à ces moments là la seule chose dont il a besoin, ce qu'il demande, pathétique et méprisable, l'amour, l'amour, près à tout pour obtenir une quelconque marque d'affection.
    Cette nuit n'est pas une de ces périodes.

    Il ne sait pas quoi dire, il n'est pas terrible, il est nul et solitaire. Il soupire, passe une main sur son visage, fume d'un air rêveur.
    Rien à dire rien à faire. Quelle m*rde. Pourquoi il est là ? Aucune idée. Pourquoi il part pas ? Encore moins d'idées.

    L'ennui l'ennui l'ennui. A en crever. Hum. Si il pouvait crever. D'ailleurs.

    « Tu lis quoi ? »

    Après s'être entendu dire cette phrase totalement inintéressante sur un ton plus que mort, l'adolescent réprime un sourire. Haha. Il aurait été à la place de l'autre, qui se fait déranger alors qu'il lit tranquille dans une pièce déserte, le punk serait déjà parti, sûrement, sans un mot et sans un regard, vers une destination inconnue, bien loin de celui qui lui imposait une présence.

    Un demi sourire sur ses lèvres, rictus ironique, le jeune homme aux cheveux bleus fixe l'autre un peu. Il a décidé de ne plus chercher à réfléchir. Peu importe au fond, s'il n'a pas l'impression d'être lui-même là, s'il joue un rôle qui ne lui correspond pas, il n'a de toute façon, jamais l'impression d'être réel. Un jour l'un un jour l'autre. Nouvelle identité. L'important c'est le jeu, les apparences. L'important c'est de fuir l'ennui. L'insomnie étouffante. Étouffante. Quel ennui. Il inspire calmement sur sa clope au goût presque âcre.
    Hum.
Jeremiah Samuels
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Âge du Perso Âge du Perso : 18 ans
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Admission Admission : En octobre
Autorisé à sortir Autorisé à sortir : Accordée

Teen's Teen's : 6157

Age Age : 35
Messages Messages : 192
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RP' RP' : *en cours*
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MessageSujet: Re: Diathèse morbide, douce léthargie. | Jeremy. Diathèse morbide, douce léthargie. | Jeremy. EmptySam 20 Mar 2010 - 19:02

L’autre est là. Reste là. L’autre fait face, prend la cigarette qu’il lui tend. L’autre a l’air absent pourtant. Désincarné. L’autre penche la tête. Il soupire la vie. Il lui rappelle le briquet, qu’il refuse. Pas besoin. Non, toi t’es comme moi. Besoin de rien, envie de rien. Ca amène les emmerdes l’égoïsme. Mais tu peux pas t’empêcher de fixer ton reflet. Juste pour trouver de quoi te critiquer. L’autre est maigre. L’autre est un corps sculpté en os. Plutôt joli comme œuvre d’art.

Jeremy parie par jeu que d’autres ont du baisser les yeux. Mal à l’aise. L’autre doit se foutre des autres. Doit les éviter un peu plus chaque jour. Doit fuir dans des recoins sombres, espérer se figer. Dans le temps. Doit soupirer la vie à chaque heure à chaque seconde. Doit prier pour prier pour exhaler le dernier souffle. Miroir miroir. Piqueté de rouille, sans tâches de rousseur. Oui. Ils se ressemblent un peu.

Comme deux faux jumeaux perdus sur terre.

Le briquet lui fait de l’œil, doré. Les diamants étincellent sous les néons. Un étrange paradoxe. Et sous le cul de l’autre, le ronron de la machine qui s’affole. Elle tremble, mode essorage.

« Cool le briquet. »


La flamme jaillit. Brûlante. La cigarette rougit, cramoisie. Laisse échapper une fumée bienfaitrice. L’autre fume avec nonchalance. Le commentaire doit se perdre dans le vide. Jeremy essaye de retourner à son livre. Cherche la page, sans être convaincu. Il ne sait plus s’il a commencé par le début. L’histoire lui semble décousue. Rapportée de toutes pièces par un gamin de 5 ans. Manque de vocabulaire. Pas assez de mots pour alimenter une conversation. L’ambiance ne s’écrase pas pourtant. Elle monte, accompagnée par la chaleur humide. Le silence, cocon chaud dans lequel il se vautre. Les yeux mi clos.

La question frôle son oreille.

Il repose le livre. Envoie ses mains en arrière pour se reposer sur la machine inerte. Il contemple l’autre à travers ses cils. Tarde à répondre. Un je ne sais quoi de je m’en foutisme au fond des yeux. Mais sa bouche se plisse un peu. Il est curieux. Les cheveux en pic, ces drôles de vêtements. Devine la silhouette de l’autre. Il y a quelque chose sous ces piercings Il y a quelque chose sous cette peau translucide. Il y a quelque chose qui tente de s’animer, minuscules coups de poing.

Sans / douleur. Sang / douleur, pulsations ralenties.

« Un roman policier. »


Les mots s’enfilent comme des perles. L‘araignée pouffe de rire.

T’en fais une belle de perle.


« Private Eyes.
C’est de Jonathan Kellerman. Ca fait partie d’une série… je crois. »

Il fixe la couverture, comme pour la première fois. Avant de relever la tête. Désarmant l’araignée. Les perlent tombent, claquent. Les mots sont maladroits. Peu utilisés. Mais ils sont là.

« Je te le passerais si tu veux. ... Je m’appelle Jeremy. »


***


Private Eyes
, de Jonathan Kellerman, a été publié en français sous le titre "Terreurs Nocturnes". Il fait partie d'une série policière avec pour acteur principal un psychologue pour enfant, Alex Delaware. L'un des livres de cette série a comme titre français: "Le nid de l'araignée"...
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MessageSujet: Re: Diathèse morbide, douce léthargie. | Jeremy. Diathèse morbide, douce léthargie. | Jeremy. EmptyMar 23 Mar 2010 - 21:03

    A une époque sûrement Destiny savait parler. Était apte à alimenter correctement une conversation ? Du genre, arrivait à choisir les mots, correctement, ceux qui seraient adaptés, qui couleraient sous la langue, qui tomberaient avec grâce, naturellement. Peut-être qu'à une époque, parler était une chose simple, qui ne demandait pas tant de réflexion, qui ne faisait pas ainsi, battre son cœur, naitre une angoisse.
    De qui je me fous. Destiny n'a jamais su parler. Destiny n'a jamais aimé parler, communiquer, avec qui que ce soit, c'est une blague, les autres, il n'en a cure, pourquoi donc chercher à se faire comprendre, lui même il ne se comprend pas, pourquoi donc. Parler, il n'en voit pas l'intérêt, à force, il a perdu son éloquence, il ne sait jamais quoi dire, c'est comme avec l'écriture, si on ne s'entraine pas les lettres finissent par être bancales et le stylo nous échappe des mains, c'est pareil avec la parole, les mots sonnent toujours faux, ne sont jamais satisfaisants, et on finit par se taire, se taire à jamais.

    Il porte calmement sa clope à ses lèvres. Inspire profondément, puis au bout de longues secondes expire la fumée à travers sa bouche entr'ouverte. Ses lèvres sont particulièrement sèches ces derniers temps, l'hiver avait été rude, haha. Comme s'il se soucie de ça. Comme si la pseudo douceur de sa bouche avait une quelconque importance, à ses yeux comme à ceux des autres ; personne ne touchent jamais ses lèvres et ça lui va parfaitement, à ce petit ado traumatisé.

    Destiny lâche l'autre, le libère de ses yeux trop clairs. Il regarde un peu le sol. Pas qu'il soit intéressant. Cela fait bien longtemps que le punk ne cherche plus l'intérêt dans ces actions, il ne cherche plus rien. Sinon l'action, peut-être ? Peut-être. Mais en vérité, ce n'est pas l'action qu'il recherche, mais l'inaction. Tout ce qui le rapproche de sa mort désiré Destiny l'embrasse sans hésiter, finalement c'est au plus près de la mort que l'on se sent en vie.

    Hum.

    « Un roman policier. Private Eyes. C’est de Jonathan Kellerman. Ca fait partie d’une série… je crois. »

    L'adolescent regarde de nouveau le brun, à moitié. Pas complétement en fait. Il regarde à moitié comme s'il ne voyait pas vraiment. A travers la brume délicieuse. L'autre observe la couverture, que lui ne peut voir. Frustrant. Un peu. Il frissonne, murmure.

    « Ah. »

    Puis se mord la lèvre. Pauvre inapte, comme il s'agace lui-même à n'être capable de rien, ne rien savoir faire. Il y avait ces rares moments, rares moments où il aurait aimé être comme tout le monde ? Où il aurait aimé pouvoir, savoir, se fondre dans la masse. Quelle blague.
    Destiny n'en a jamais été capable, il n'a jamais su, être « comme tout le monde », d'un côté, tout le monde selon le gamin, c'est des gens parfaits et qui n'existent pas, c'est tout ceux qui l'écrasent rien par leur existence propre, lui il se sent tellement petit, tellement dispensable, tellement inutile, ce ne sont pas des choses qu'il dit, ce ne sont même pas vraiment des choses qu'il pense, non pas vraiment, son complexe d'infériorité lui sac d'os insipide il l'ignore comme il peut, le plus possible, il l'ignore, il l'ignore.

    C'est pathétique. C'est lui qui engage la « conversation » bien que ce mot lui fasse horreur, et il n'arrive même pas à la tenir. Il pousse un soupir. Hésite.

    « Je te le passerais si tu veux. ... Je m’appelle Jeremy. »

    Ce qui est rassurant, c'est que l'autre a l'air aussi perdu que lui. Oui voilà c'est étrange mais c'est rassurant. L'angoisse se fait discrète, s'endort tel un chat ronronnant au creux du ventre du jeune homme. Pas qu'elle disparaisse. Elle reste là, discrète, prête à ressurgir si son hôte ose l'ignorer. Il n'oserait jamais, voyons. L'angoisse au même titre que la solitude est son amie, une compagne qui le suit et l'occupe des nuits durant, qui l'embrasse lors des insomnies, plus présente et constante que n'importe quel être humain, n'importe quel « ami». Puisqu'on finit toujours seul et abandonné. Seul et abandonné.

    « En général, j'aime bien les policiers. »

    C'est vrai, et ça l'intrigue. Comme si dire quelque chose de vrai, c'est pas normal. Il a l'impression de parler faux. De pas être crédible. D'être stupide. Tss. Il fume lentement, sa clope peu à peu se réduit doucement. Il hésite, et rajoute. Pauvre handicapé.

    « Alors je veux bien », comme si ça n'avait pas été compréhensible avant.

    La lecture peut être un bon moyen d'occuper une nuit un peu trop longue.

    « Hum », il finit par rajouter après avoir fourré une main dans sa poche, poli et éloquent comme à son habitude. Et puis, au bout de quelques secondes où il semble hésiter, il n'aime pas se présenter, il n'a jamais aimé ça, donner son nom c'est tendre une main, et il ne veut pas, il ne veut pas tendre la main, comme il ne veut pas prendre celles qu'on lui tend. Oui mais il ne sait pas quoi faire d'autre il s'ennuie il est presque triste là, enfin Destiny est toujours triste mais ne le « dit » pas, là il se sent juste lourd, tellement lourd, bien plus lourd que toutes les autres nuits. Respirer lui demande un effort monstre, on dénigre bien vite le fait de respirer, c'est plus dur qu'on ne dirait, c'est tellement plus dur, le jeune homme hésite, ses yeux fous font des petits allers retours discrets entre le rien et l'autre, au hasard, non sens, il ne cherche rien, il ne fait rien, il ne sait plus.

    Après un soupir.

    « Moi, Destiny. »

    Avec un sourire d'un dégoût ou d'un mépris palpable, il dit cependant.

    « Tu as l'air aussi doué que moi pour entretenir une conversation.. Jeremy. »

    C'aurait presque été un reproche. Ca n'en était pas un. Peu importe.
    Ce dégoût et ce mépris, c'est à lui même qu'il les destine.
Jeremiah Samuels
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MessageSujet: Re: Diathèse morbide, douce léthargie. | Jeremy. Diathèse morbide, douce léthargie. | Jeremy. EmptyJeu 8 Avr 2010 - 18:42

Drôle de rencontre. Deux enfants paumés dans une moiteur étouffante qui prend à la gorge. Comme la scène aseptisé d’un crime sexuel. Sur les lèvres de Jeremy, un sourire. Un sourire un peu rêveur. Un peu absent. Il ne le lui donne pas. Il le lui prête juste. Son sourire est comme un livre qu’on feuillette au hasard. Tout le monde peut le voir. Mais personne ne s’y intéresse vraiment. Mais il sourit, sans savoir pourquoi. Se donner un genre, se montrer avenant? Ca ne l’intéresse pas vraiment. Il ne tient pas à l’amitié de l’autre. Pourrait-il la lui offrir? Il essaye juste de passer le temps. Un bon moment. En compagnie d’un étranger. Mais la route continue avec lui. A pas lents. Prudents. Ils avancent quand même.

L’autre, s’appelle Destiny. L’autre au briquet si cool. Aux manières désincarnés. A la respiration fantomatique. Aux battements de cœur si faibles que si Jeremy les écoutait… Il pleurerait.

Le mépris dans sa voix lui est indifférent. Il a eut le temps de discerner les tons. Et de s’en foutre, le plus souvent. Qu’il crache, feule ou grogne. Que sa maladresse se fasse violence. Puis distance. Tant qu’il ouvre la bouche, tant qu’il parle. Tant qu’il lui parle. D’une voix monocorde. Tant qu’il s’adresse à l’enfant qui lui fait face. Enfermé dans ce corps trop long. Dont les gestes gracieux se font parfois menaçants. Tant qu’il pose les yeux sur lui, comme maintenant. Le reste, compte-t-il vraiment?

Jeremy s’enhardit. Son regard se charge d’étincelles. Éphémères. Un drôle de feu

D’artifesse?
Et l’araignée hausse un sourcil. Ca va roh, je plaisante.

Oui. Tu l’as déjà dis ça. Autrefois.

« J’peux essayer de faire plus. »


J’ai déjà donné mon corps à bouffer. Manger la main et garder l’autre pour demain. L’autre grignote morceau par morceau. Entretenir une conversation? Je peux. Avec un peu d’efforts. Mais une relation?

« En général… »


Terrain miné. Sables mouvants. Il se dépêtre de ce foutoir de pensées. Essaye de trouver le je. Le fil conducteur. Jusqu’à la poignée de ses tiroirs. Là, dans cette si petite chambre. Des tiroirs qu’il ouvre, des papiers qui s’éparpillent. Blancs de neutralité. Quelques fiches griffonnées. Ses intérêts. A peine suffisant pour un speed dating. Mais à la vitesse où ils se parlent, ça suffira. Amplement.

« En général j’ai pas le temps de lire. Ca... Ca me gonfle. Mais lui… je le trouve bien. Tu peux le lire petit à petit. Tu… rentres dedans. Facilement. »

Et grimace. Secoue la tête pour chasser le bourdonnement aigue. Le fou rire incrédule de l’araignée. Elle se frappe le ventre. Claque des dents. Mais qu’est-ce qu’il lui fait ce petit c**? Voilà qu’il dit moi. Voilà qu’il réfléchit. T’en es vraiment capable? Oh good boy, il t’en demande pas tant…

Donc, c’est quand qu’on baise?


Gratte à la porte. Toque doucement. Insuffle son venin, goutte à goutte. La baise Jeremy. C’est pas ça qu’il veut l’autre? Sinon pourquoi il te parlerait?

Ton livre. Ah… Et, t’y crois vraiment? Parce que si tu veux mon avis… gratuit. Pas comme tes fesses.


Quelque chose dans son cœur, vient de faire bang. Une explosion ou un coup de poing. Un accès de rage incontrôlé. Et des insultes, tellement d’insultes. Une pluie d’insultes, torrentielle.

Un bang qui résonne dans la buanderie. Le livre a été reposé trop vite.

Et ses poings sont serrés. Son souffle entrecoupé. Sa lèvre inférieure tremble. Il y a comme de la fumée dans son regard. Opaque, liquide. Qui trouble, dédouble et multiplie la silhouette en face. Et sa voix, son mince filet de voix, est rauque. Arraché du fond de sa gorge. Comme s’il s’empêchait de bondir. De fuir.

Hors de question que cette petite garce ait la victoire facile.

« Tu le liras de toute façon… T’es… là depuis combien de temps? »

L’araignée, surprise et presque mortifiée, se glisse dans les ombres. Boudeuse. C’est pas des manières de parler à une copine. Garce qu’il lui dit. C’est comme ça qu’il la remercie? Un peu d’humour ne fait pas de mal. Et c’est que son avis, pas le sien. Il est pas non plus obligé de l’écouter. Et…

Blablabla.

Son index s’enfonce dans son oreille. Le plus loin possible. Sourcils froncés.
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MessageSujet: Re: Diathèse morbide, douce léthargie. | Jeremy. Diathèse morbide, douce léthargie. | Jeremy. EmptyMer 14 Avr 2010 - 18:53


    « J’peux essayer de faire plus. »

    Il lève ses yeux vers l'autre. D'un air qui en demande plus, qui dit « Vas-y mon chou, je demande à voir ». Destiny n'y croit pas. Il ne croit ni en l'amour ni aux belles paroles, ni même à ce qu'il voit. Destiny croit en la dégradation, en l'Horreur. Aux rêves qui deviennent cauchemars. Ces cauchemars là qui le hantent, qui le mangent. Qui l'empêchent de fermer les yeux sans avoir peur. Sans sentir cette angoisse qui grandit. Qui le dévore. Qui le dévore.

    Ce ne sont pas des vrais cauchemars. Comme on l'entendrait. Ce ne sont ni un monstre qui le poursuit ni un homme qui le tue. C'est une angoisse sans fond et sans nom qui le traine au fond d'un sommeil de plomb où ne luit que la lumière de ses ténèbres. Celles-là qu'il abrite. Celles-là qui ne font que lui. Angoisse.

    Un demi sourire apparaît sur le visage fin et maigre de l'adolescent. Un sourire pathétique. Ces mots qu'il avait appris une éternité de cela lui reviennent en mémoire. Destiny aime les mots. La magie de ce qui coule sous sa langue. « J'ai l'impression d'être morte, là, ou complétement vide, mais pas encore assez, pas comme il le faudrait », disait le personnage qu'il avait vu vivre sur cette scène minuscule dans ce théâtre à l'éclairage déglingué un soir d'errance. Cette phrase là, il s'en était souvenu. Il l'avait répété maintes et maintes fois. Elle s'était ancrée en lui et avait déchiré sa peau déchiré son intérieur. Il était habitué à saigner.
    Le vide véritable, celui auquel il aspirait, ce n'était pas celui que procurait le bonheur insouciant non mais bien la mort, mort toute puissante et délicieuse qui le tenait sensuellement dans ses bras décharnés. Et qui à chaque secondes, chaque respirations du jeune homme, l'enserrait un peu plus dans son étreinte mortelle. Un jour, un jour Destiny le sait. Il étouffera.


    « En général…, l'autre commence. Destiny le fixe d'un air vide de ses yeux nuages. Il aime sa façon de parler. Posée et lente. Reposante. « En général j’ai pas le temps de lire. Ca... Ca me gonfle. Mais lui… je le trouve bien. Tu peux le lire petit à petit. Tu… rentres dedans. Facilement. »

    Destiny lui adorait lire et a arrêté. A partir d'un moment, les histoires pathétiques ou joyeuses des héros de romans lui semblaient trop éloignées, trop éloignées de sa réalité. Et celles qui étaient assez glauques pour y correspondre lui donnaient bien trop envie de mourir. Cercle vicieux.

    « Moi je me suis désintéressé »
    , il dit d'une voix calme. Et puis il écrase sa clope qu'il avait oublié au bout de ses doigts sur le sol. La cendre étincelle un peu, il l'ignore. Désintéressé il trouve ça prétentieux comme mot. Il n'aime pas. Il se donne l'impression d'être l'un de ces ados asociaux qui se flattent tout seul en s'inventant une pseudo noirceur qui n'existe pas. Ce n'est pas son cas. Ca l'agace. « De la lecture, je veux dire. »
    Il passe une main dans ses cheveux. Tout lui semble laborieux. Sa langue parcoure ses lèvres sèches. Les mots. Les mots. Putain, des mots. Le silence nous tuera tous. « Mais au fond ça me manque. »

    Mensonge, mensonge éhonté. Rien ne manque à l'adolescent sinon sa mère. Rien n'a de goût sinon celle qui l'a aimée, celle qui l'a tant bien manipulée qu'il ne pourra jamais l'oublier. Rien ne manque quand rien n'a d'intérêt. Il transforme son passé en une insipide mer de souvenirs plats. Seuls ceux qui touchent sa mère rayonnent, comme des petits soleils, et il se plonge dans cette mélancolie maladive qui le caractérise.
    S'il ne mentait pas, Destiny ne pourrait sûrement pas se supporter.

    C'est comme s'il regardait l'autre pour la première fois. Ses poings serrés tremblotants cette bouche entr'ouvertes. Dans cette position il lui semble intéressant. Sa beauté disparue devant la violence de sa lutte invisible. « Comment s'appelle t-il, déjà ? » se questionne le punk en l'observant. Ah oui. Jeremy.
    Il aurait pu lui demander s'il allait bien. Mais les mots ne sortent pas. Les mots ne sortent jamais.

    « Tu le liras de toute façon… T’es… là depuis combien de temps? »

    Effort de compréhension pour analyser les mots, puis de mémoire. Un rire discret s'échappe des lèvres de l'adolescent cynique et il se laisse glisser au sol. Loque délicieuse. La tête levée vers le ciel inexistant il fixe de ses yeux douloureux entourés de cernes trop prononcées la lumière violente et artificielle de la buanderie. Aussi vite qu'il était apparut le rire mourut. Éphémère instant de vie flottante.

    « J'en sais rien »
    , il sourit, et il ramène sa tête face à celle du jeune homme, droite sur son cou de cygne. Sa jambe gauche replié contre lui et la droite affalée sur le sol glacé. Peut-être pas très loin de l'autre. L'autre qu'il fixe. Destiny fuit d'ordinaire. Une mauvaise habitude. Les rares moments où il ne fuit pas, il fixe. Il sait. Ca ne dure jamais longtemps. « J'en sais rien » il répète comme s'il disait une mauvaise blague. Et puis il continue et là les mots lui semblent couler. « Ca t'arrive pas toi ? L'impression que ta mémoire n'est rien, rien qu'un truc faux, un truc qu'on aurait inventé à ta place. Comme si tes souvenirs étaient plats, ne t'appartenaient pas. Pas vraiment. Comme si ton passé était celui d'un autre. Comme si celui que tu avais été, enfant, c'était plus ce que t'étais là, aujourd'hui. »

    Il tâtonne ses poches à la recherche de son paquet de cigarette et semble soudain se souvenir qu'il l'a oublié. Il avait dit tout ça sur un ton morne, plat, cynique. Comme si ce qu'il disait était à la fois particulièrement insignifiant, qu'il fallait le prendre à la rigolade. C'était le cas. C'était juste pathétique, futile, nul. Prendre au sérieux ces délires de dépressifs psychotiques, c'est la pire chose à faire. C'est comme ceux qui consolent. Quelle drôle d'idée. Consoler celui qui pleure, c'est lui donner l'impression qu'il a une raison pour laquelle pleurer.
    Destiny est juste une ombre parmi tant d'autres, un nouveau suicide qui s'ajoutera à la liste déjà trop nombreuses de ceux qui choisissent la fuite. Ca ne sert à rien de prêter attention à ces monologues de défoncé.

    Il prend une grande respiration et dit.

    « Si. Je suis arrivé en début février. »

    Au bout d'un temps.

    « Et toi ? »


    Pas qu'il ait vraiment l'envie de vouloir le savoir. Ou peut-être que si. Comment savoir. Éphèbe parfaitement immobile à l'air de statue.

    [Je relis plus tard, désolée pour les fautes éventuelles et l'attente.]
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MessageSujet: Re: Diathèse morbide, douce léthargie. | Jeremy. Diathèse morbide, douce léthargie. | Jeremy. EmptySam 24 Avr 2010 - 21:14

Au fond ça te manque. La vie d’avant. La vie de rêve. Dans le fond, il manque des meubles pour remplir cette chambre. Et des rideaux noirs recouvrent les miroirs. Tu écoutes cette histoire comme celle de ta maman. Tu cherches à te trouver dans ces mots qui te submergent. Au ralentit. L’autre parle, ne semble pas t’écouter. Ne semble pas s’écouter. Il parle, et c’est de la nonchalance non feinte. Un je m’en foutisme terrifiant. Que dit-il déjà?

Il dit qu’il n’en sait rien. Reste attentif, concentre toi. Penche la tête, doucement. Bascule sur ton axe. Renverse ton monde. Ouvre toi. Lie toi. Attache une corde à vos poignets. Et tu peux même te permettre de sourire. Juste un peu. De hocher la tête, de mimer la conversation. Ne plus la miner. Délaisse ton oreille, chuchote des oui. Des oui à n’en plus finir. Oui, il ne sait pas non plus. Ce qu’il adviendra d’eux. Le passé et le futur. Ces choses abstraites qui ne concernent que les gens de dehors. Ceux qui se lèvent à 7h du matin avec des mines fatiguées. Quand toi tu te couches, nauséeux. En apnée.

Comme dans la chanson des dépressifs Jeremy. Tu planes.

Tu étends tes bras comme ceux d’un enfant. Tu voles. Tu ne t’écrases plus, tu contrôles. Tu prends garde, avance d’un pas. Garde le pas.

Et ça t’arrive. L'impression que ta mémoire n'est rien, rien qu'un truc faux, un truc qu'on aurait inventé à ta place. Ca t’arrive. Comme si tes souvenirs étaient plats, ne t'appartenaient pas. Pas vraiment. Oui ça t’arrive. Comme si ton passé était celui d'un autre. Bien trop souvent. Comme si celui que tu avais été, enfant, c'était plus ce que t'étais là, aujourd'hui. Évidemment.

Mais tu es quoi? Tu le fixes sans comprendre, essaye de lire dans son regard. D’entrapercevoir un reflet qui fuit sans cesse. Tu es, un garçon qui pense à la deuxième personne. Tu es sans être ce que tu dois, pouvoir, montrer. Tu es une chose à l’intérieur d’une carapace, entrain de muter.

Et tu fissures ta tête même s’il manque trop de choses. Tu as comme l’impression que ça ne pourra jamais tenir. En toi. Que ça doit s’échapper. Ou tu hurleras sans cesse, pour l’éternité. Et tu voudrais arracher ta tête. T’enfoncer dans ce trou pour flotter avec les autres. Toi aussi. Plutôt que de l’entendre gratter à ta porte doucement. Tendrement.

Tes yeux mouillés par l'innocence. Face à lui. Tu ne te rappelle pas.

Tu es le jeu de construction de Jack.*

« Ca ressemble à de l’eau qui s’échappe. T’arrive à rien. Rien retenir. Finalement, t‘essaye même plus. »


Des secondes des minutes. Des heures qui défilent dans le noir. Le temps d’un clignement de paupière. Et voilà que le jour devient une autre saison.

« Moi aussi je m’en suis désintéressé. »


Vous partagez un repas bien maigre tout les deux. Une festin fugace qui tombe comme des pierres au fond de vos ventres. Dans vos os ça se tord et ça gémit. Ca semble rouiller lentement. Vous buvez des liqueurs de sel. Parfois décortiquez le cadavre d’un rire, pour choisir les plus beaux morceaux. L’écho sur les murs trop blanc, repas froid et cru. Des relents de pourriture dans un fruit qui attends. Vous croquez le futur acide avant de le recracher. Vous n’avez pas envie de dépasser la musique. Vos mâchonnements stupides, langoureux. Comme un chewing gum sans sucre qu’on mastique par habitude. Qu’on avale en grimaçant quand il glisse dans la gorge. Trop épais. Un coulis de miel qui étouffe votre respiration. Enrobe vos battements de cœur ralentit par l’effroi latent. Ca vous fait trembler. Et quelque part, vous vous amusez à vous vous faire peur. Sans doute. La chair de poule sur vos bras, c’est la vie qui frissonne.

« Je suis là depuis un moment. Je traîne tellement ici que je saurais pas te dire la date. Enfin, c’est pas important. … T’es là pour quoi toi? Si c’est pas trop indiscret. »


Une bonne rasade de mots. Qui t’enivrent. T’étourdissent d’intérêt. Alors quoi, c’est vrai? Tu voudrais le connaître lui, et tout ce que ça sous entends? Feulement rageur d’un chaton mécontent, cliquetis de pince. La chose informe change de peau. L’araignée se fait autre, couverte de poils. Pubiens. De crachats blanchâtre. Dégoût et rougeur, morsures. Empreintes minuscules de petits crocs. Bestiole apeurée. Gamine.

Jeremy pâlit. Sur son visage cadavérique, ça se voit pas tant que ça. Taches de vins sur ses joues. Éclaboussures d’un empressé. Ne pense pas trop vite. Tu risquerais de la retrouver. L’araignée.

----

*: le jeu de construction de jack fait référence aux nombreuses répliques du film fight club.

post écrit sur "in the cold light of morning" de placebo. planant et très spécial je trouve. ça donne.. ça. désolé d'avance si rien n'est clair. enfin j'espère que ça l'est un peu.
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MessageSujet: Re: Diathèse morbide, douce léthargie. | Jeremy. Diathèse morbide, douce léthargie. | Jeremy. EmptySam 24 Avr 2010 - 22:24

[ça l'est parfaitement et c'est très agréable à lire. J'aime bien écrire à la deuxième personne comme ça parfois. Quant à mon post je n'ai pas vraiment l'impression qu'il fasse avancer quoi que ce soit, si ça te bloque préviens moi et j'éditerai.]


    Il l'observe. Les yeux morts il l'observe. Souvent il se dit qu'il pourrait être aveugle, que ça ne changerait rien. Absolument rien. Il l'observe mais c'est comme si ses yeux trop bleus, presque transparents le transpercent. C'est comme s'il ne le regardait pas lui. Mais le vide, le vide qui résonne à l'intérieur. Il se demande s'il est plus vide que lui. Il se dit que oui. Il se dit qu'il est le plus vide de tous les êtres qui peuplent cette Terre dans un accès d'égoïsme et de prétention. Il se complait dans son délire de malheur et de dépression. Au fond peut-être que ça le flatte, de se dire malheureux. Quitte à être vide, autant l'être totalement, autant l'être complètement, jusqu'au bout, jusqu'à en crever. « Qu'est-ce que t'écriras avec ton sang quand tu te seras de nouveau coupé les veines, Destiny ? » Lui demande la petite voix doucereuse. La dernière fois, il n'avait pas eu le temps de finir sa phrase. Il s'était évanoui avant. Ce genre de trucs ne marchent que dans les films. Dégueulasse.

    Les mots de l'autre coulent sur lui. Résonnent à l'intérieur. Tournent et lui donnent le vertige. Il y a trop bruit ici. Trop de chaleur, de moiteur, il y a un trop, et pourtant il ne veut pas partir. Parce que le moins fait encore plus peur, parce que le moins est bien plus lourd. Bien plus terrible. Il a peur, là tout de suite, Destiny a peur d'être seul, peur d'être face au silence, le silence de sa chambre solitaire, de sa solitude. « Finalement t'essayes même plus ». Exact. Finalement t'essayes plus. Tu t'abandonnes. Tu t'abandonnes toi même. C'est triste mais c'est comme ça. On finit tous par s'abandonner. C'est ce qu'il murmure pour lui-même sans même s'en rendre compte. On finit tous par s'abandonner. Par se laisser mourir. On mérite tous de crever.

    « Moi aussi je m’en suis désintéressé. »

    Les mots sont froids, décidés, catégoriques. Un sourire apparaît sur le visage mort de l'éphèbe. Il se dit qu'il est bien tombé. Que cette personne là est sympathique. Presqu'aussi paumé que lui, mais pas assez pour l'entrainer un peu plus bas ni pour le faire complexer. Il se dit qu'à sa place, il aurait dit qu'il s'est désintéressé. De tout. Absolument tout. Blasé, nonchalant.
    Depuis combien de temps a-t-il décroché de sa propre vie. C'est une question rhétorique.

    L'autre lui pose une question, et Destiny semble sortir un peu de sa léthargie. Mémoire, mémoire, mémoire. Quelle drôle d'outil. Bien trop instable et fuyant. C'est agaçant. Il a l'impression d'avoir aucun contrôle, aucun contrôle sur lui-même. Il ressemble à ces camés qui étaient ces clients. Cette idée le révulse. Il s'était promis un peu, en quelque sorte, de ne jamais être comme ça. De ne jamais tomber aussi bas. C'était drôle. C'était lui qui s'était dit ça. Lui qui avait quatorze ans et qui était l'un des dealeurs les plus réputés de son quartier. C'était pathétique. Il était déjà tombé tellement bas qu'il aurait fallu que le sol s'écrase. Que le sol s'écrase. S'effondre sous lui. Que tout foute le camp.
    L'apocalypse serait d'ailleurs la bienvenue.

    Si ce n'est pas trop indiscret. On dirait un peu que l'autre s'excuse en disant ça. L'autre, l'autre a un prénom. Jeremy. Connaître le prénom de l'autre c'est un peu entrer dans son intimité. C'est celui qu'ont choisit ses parents. Ou ceux qui l'ont adoptés. Ou ceux qui l'ont vu pour la première fois. Peu importe ? Il se sent bête de penser ça. Un prénom n'est sûrement pas si important que ça. Sûrement pas. Au fond ça n'a pas d'importance. Rien n'a d'importance, n'est-ce pas ? Oui, rien n'a d'importance. Surtout pas lui. C'est plus simple comme ça.

    « Je suis là parce que cet institut de m*rde est censé me convaincre de pas m'exploser la cervelle. »


    Un sourire apparaît sur son visage mort à cette idée et il continue.

    « Je sais pas si c'est ça, ou si c'est le fait que j'étais un petit dealeur paumé qui allait plus à l'école depuis une éternité. Un peu des deux sûrement. »


    Ce n'est pas son genre. Ce n'est pas son genre de dire ça comme ça, de déballer. Il ne se reconnaît pas vraiment. Mais Destiny n'a jamais l'impression de se connaître. C'est à peine s'il ne sursaute pas quand il se voit dans la glace. Il n'est jamais pareil. Trop instable, trop lunatique. C'est un sentiment horrible que de ne pas se connaître soi-même. De ne pouvoir prévoir aucun de ses gestes, aucune de ses réactions. Il ne sait jamais qui il est. Qui il a décidé d'être en ce jour, pourquoi. Qui il sera le lendemain. C'est fatiguant. C'est juste tellement fatiguant. Il voudrait mourir. Il voudrait juste mourir. En finir.

    « Je vais être indiscret aussi et te retourner la question. »
    il dit et son sourire se transforme en rictus étrange. Comme toujours. Destiny ne sait pas sourire, comme il ne sait pas être lui-même. Il n'est qu'une apparence, qu'un visage vide. Inanimé. Une marionnette. Peu importe.

    Il faut bien que le temps passe.
Jeremiah Samuels
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Diathèse morbide, douce léthargie. | Jeremy. Bhhj Diathèse morbide, douce léthargie. | Jeremy. Bhhj Diathèse morbide, douce léthargie. | Jeremy. Bhhj Diathèse morbide, douce léthargie. | Jeremy. Bhhj / Diathèse morbide, douce léthargie. | Jeremy. Bhhj Diathèse morbide, douce léthargie. | Jeremy. Bhhj

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MessageSujet: Re: Diathèse morbide, douce léthargie. | Jeremy. Diathèse morbide, douce léthargie. | Jeremy. EmptySam 1 Mai 2010 - 23:48

(vraiment désolé, c'est pas mon meilleur. si y'a un problème avec, pas de soucis. avertis moi par mp et j'édite)




Masque ou maquillage. Faiblesse de fille. De pédale. De tafiole. Et tu te rappelles de Benjamin. De la manière dont il voulait te toucher. Et tu te rappelles de la porte qui s’entrouvre. De cette chanson qu’il n’a jamais chanté. Du sort qui ne t’a jamais été réservé. Toi tu le crois sans doute. Tout ça est une série. Un épisode de New York Unité Spéciale. T’as du avoir la nausée. Fasciné. Mais c’était un autre que toi. Un autre aux yeux si bleus.

Ce n’est plus la toile. C’est un mur. Ce sont des pics et des barbelés. Qui l’enchaînent. La retiennent. N’étouffe pas la chanson. Oh comme Benjamin aimait ce mec maquillé. Oh comme il aurait voulu lui ressembler. Quand il chantonnait.


Strange infatuation seems to grace the evening tide

I'll take it by your side


Et toi raide sur le lit. Le regard sur le mur d’en face. Le poster de Bowie qui prend la pause. Cette main qui glisse. Ce doigt qui t’effleure. La caresse sur ta joue. Quand tu penses la tête de côté. Évitant le baiser. Et lui chantonne toujours. D’une voix trop aigue. Cassée.


Such imagination seems to help the feeling slide

I'll take it by your side


De l’allergie. C’est une vulgaire allergie à ce mec. Vulgaire. Sa putain de mèche rose. Une pute vulgaire. Désespérement amoureux. Mais balance toi d'un pont. Jette toi d'une falaise. Roméo de quat'sous. Casse-couilles.

Ton corps se crispe. Tu grimaces de dégoût. Tu penses fuir déjà. Sur ce lit une place où il voudrait t'allonger. Dans cette chambre à l'odeur ambrée. Etouffante. Car les hommes portent Cuir Anglais ou ne portent rien. Rien d'autre que leur nudité.

Benjy ne comprend pas. (Rien) Pauvre petit c**. S’il avait pu lui ressembler. A ce corps désintéressé qui lui fait face. Qui ne cherche rien dans son regard. Parle comme résonne un écho. (Rien). Oui, rien. C’est rien que du vide qui fait semblant. (Merci) De rien. Un maigre lien. Qui se tire, s’étire, se déchire. Se brise.

Il viendra plus le faire chier ici au moins.

Et t’aurais pu être accusé de meurtre.

Jeremy éclate de rire. Cascade de gravillons. Son rauque et rêche. Toxico.

Finis de planer cowboy. T'es pas condamné pour consommation illicite de drogue.

Tu es illicite.

Et l’araignée se pend, s’étrangle. Chante plus fort que les souvenirs.


Without me. You’re nothing.


Était-ce vraiment ça, les paroles?

C’est drôle. Quand tu écris protect, ça corrige en proteste.

« Douloureux »


Ton seul commentaire.

A couvert, couvre feu. La balle qui éclate la tête. Pastèque. Tâche le mur de graviers, de caillots. Débris de chevelure qui glissent. S’enlissent.

Tu devrais dormir. Dormir encore.


And every time you vent your spleen...


Mec, frappe ta tête contre le mur. Masochisme langoureux et passionnel. Tu vas aimer. Si tu veux je te tiens. Je t’arrête. Si tu veux on partage l’insomnie. Comme les gosses s’échangent leur chewing gum. Ca sera fun, on rira bien. On se matera de loin. Sans vraiment le faire. On échangera nos vies. Ou ce qu’on croit l’être.

Une autre clope de gâchée. La lumière du briquet vacille. Il souffle sur la braise. Attise sa réflexion. Secoue ces morceaux de lui. Ca fait un drôle de bruit dans la boite. Camelote.

Et toi.

Toi tu es là. C’est vrai.

« … En fait… »


Tout ceci n’était qu’une vaste blague. Une décision trop rapide de ses grands parents. Une exagération juridique. Il traînait après les cours. Après les mecs. Des mecs à la peau si douce. Au regard si tendre. Et les mains courent sur le jean. 1 mètre 40 d’hésitation. Douceur exquise d’un nombril sous sa langue. La bouche de l’autre qui se colle à la sienne. Ces mains qui fourragent dans sa chevelure. Lorsqu’il s’accroupit. Car les mecs sont… puérils.

Et c’est avec délicatesse qu’apparaît l’élastique d’un boxer Spiderman.

« Je… sais pas vraiment… »


Les gémissements trop aigus. La voix de Benjamin quand il chante Placebo. Le claquement d’une portière. La collection de maquettes de son grand père. L’odeur de Cuir anglais, cette putain d’eau de Cologne. Les vendredis après midi, tea party de sexagénaire siliconées. Les ressorts d’un matelas dans son dos.

« … J’ai du faire des conneries. J’vivais chez mes vieux. Des vrais vieux. Ils détestaient que je prenne le parquet pour un cendrier. Je crois. »

Et tout un tas d’autre chose. Filmé en américaine. Trois quart face. Lumière tombante. Des lunettes de soleil qu’on retire. La fumée bleutée. Jean délavé. Analyse ADN.

« Des tas de conneries. »


Le regard d’une femme. Mains croisées sous son menton. Et sa question.

    Et si tu me parlais de Jeremiah ?


Qui tape le texte. Dicte ta conduite. Manie les fils, barbelés si tu veux. Ventriloquie.

« Avec des tas de mecs. »


/ne pensaient pas parfois à retirer leur alliance/

Et tu accroches à la va vite une page de plus dans le scénario.

« C’est bien comme ça. Ici, on m’fous la paix. »


Censée te rassurer.

Après tout, on t’oublie dans un lit du dortoir. T’écoute la respiration des autres. Surveille que la porte est toujours fermée. Verrouillée barricadée protégée sécurisée.

Paranoïa sélective.

I'll take it by your side
He
Hell



***

La majeure partie des paroles en anglais présentes dans ce texte est extraite de Without you I'm nothing, Placebo.
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MessageSujet: Re: Diathèse morbide, douce léthargie. | Jeremy. Diathèse morbide, douce léthargie. | Jeremy. EmptySam 8 Mai 2010 - 22:19

    « Douloureux ».

    Ce mot résonne dans l'esprit brumeux du jeune homme. La douleur. Beaucoup de gens disent avoir mal. Etre malheureux. Le mot tristesse est sur toutes les lèvres. On dit que le monde est malade. Misère.
    Mais la Douleur est quelque chose de plus. Il y a un peu d'Horreur dans Douleur. La Douleur au même titre que la Solitude est une des meilleures amies de Destiny. Au fond il n'est jamais seul. Toujours entouré par ces entités surnaturelles, irréelles, immortelles, invisibles. Ce sont elles qui implacables, les yeux aveugles et bandés, gardent le trou dans lequel il croupit tel le vomi qu'il dégueule tous les matins. m*rde. Serait-il enceint. Cette pensée soudainement vient s'immiscer à travers son monologue intérieur ses jérémiades incessantes et il aurait presque envie de rire. Il s'imagine père. Lui. Lui l'éternel dépressif. Il sait parfaitement ce que ça donnerait. Il sait parfaitement ce qu'il ferait de cet enfant. Il y a déjà tellement réfléchi, tant de fois. Il se sent fatigué et stupide. Absurde. Sans importance. Il mériterait de disparaître, qu'on tire la chasse d'eau afin qu'il ne revienne plus, et qu'il meure noyé.

    Ca ne serait pas douloureux de s'exploser la cervelle. Si c'était bien à ça que l'autre répondait avec ce mot. L'autre a l'air ailleurs. Un ailleurs qui ne serait pas vraiment accueillant. Destiny ne veut pas le suivre. Destiny n'en a cure. Destiny remarque, voit. Lucide. Mais il ne peut pour autant agir. Cette glace incassable qui le sépare des autres. Il peut se coller contre elle, lui faire l'amour, il peut mourir de froid contre sa paroi indifférente. Les autres resteront toujours de l'autre côté. Et lui restera toujours seul. Incapable de s'enfuir. Sûrement y'a t-il une porte. Sûrement y'a t-il une porte. Mais Destiny ne la voit pas. Destiny est aveugle. Il ne voit que ce qu'il veut voir. Et la porte, la sortie, le bonheur. La vie. Il ne veut pas la voir. En vérité, en vérité. Il ne veut pas s'en sortir. Il veut juste mourir. Il a perdu cette notion d'espoir que les autres ressassent toujours. Peut-être est-il juste faible. Sûrement. Sûrement est-il faible. C'est comme cela que sa mère l'a fait. Sa mère. Sa mère. Son dieu. Pathétique enfant. S'exploser la cervelle. C'est le ticket de sortie. Ca sera l'autre porte qui s'ouvrira. Celle là qui ne mène qu'au vide. Ce vide qui le mangera. Il pourra enfin dormir, n'est-ce pas ? Il n'existera plus. Ni pensées ni conscience. Il fera enfin corps avec ce rien qu'il affectionne tant. Il en est sûr. Cette douleur qui le prendra peut-être, pendant durant quelques secondes quand la balle traversera son crâne, elle le fera sourire. Et puis la cervelle ne connait la douleur. Au fond, c'est sûrement l'un des suicides les plus efficaces, rapides et non-douloureux. Le pire reste sûrement de passer des heures à agoniser les poignets béants chatouillant l'air. Et le sang. Le sang qui s'écoule par litres, des centaines, des milliers. Qui s'insinue partout. Cette odeur. Cette horreur. Et puis la douleur. La vraie.
    La cicatrice trou béant. Jamais totalement refermée. Bien trop visible, sur l'intérieur de sa peau trop fine. On s'en fout, des petites écorchures rasoirs de ces émo qui restent six mois et que « Wé trop cool, l'hiver est arrivé ». Les vraies cicatrices. Celles qu'on peut plus voir, m*rde. Celles qu'on peut vraiment plus voir sous peine de vertiges et de dégoût. De souvenirs trop douloureux. m*rde. Et puis, le pire, le pire. C'est qu'il n'y a que soi à blâmer. Peu importe, sa mère. Peu importe, sa vie. Peu importe, son viol. Peu importe tout ça. Peu importe sa pathologie létale. Il n'y avait personne à ce moment-là, pour lui tenir le couteau ferme entre ses doigts tremblants. Il n'y a jamais eu personne, toutes les autres fois. Pour lui faire avaler les médicaments. Pour l'empêcher de s'étouffer dans son vomi et de mourir sous l'atroce douleur des maux d'estomac. Il n'y a personne pour faire le mal, mais y'a personne pour faire le bien aussi hein.
    Y'a jamais personne. Que ces entités sans noms et sans visages. Sans rien.

    Peu importe.

    Destiny n'en veut plus. A personne. Il pardonne. A tous ceux qui un jour l'ont détruits. C'était sûrement sa destinée ? Genre. Mauvais karma. Voilà tout. Il aurait eu un frère jumeau que rien n'aurait changé. Rien. C'était comme ça. Comme dans une tragédie grecque. Une mauvaise série tv. Absurde.


    « … En fait… Je sais pas vraiment … J’ai du faire des conneries. J’vivais chez mes vieux. Des vrais vieux. Ils détestaient que je prenne le parquet pour un cendrier. Je crois. »

    Destiny ne dit rien. Il l'observe. Lui et ses fragments de phrases. Tout semble tellement lourd de sens. Tout semble avoir tant d'importance. Comme si ces mots avaient pour lui une vraie significations. Destiny s'interroge. De « vrais vieux ». Ca veut dire quoi ? Il s'imagine un homme fatigué, aux cheveux trop blancs, aux rides marquées et profondes, une femme trop maigre avec une perruque pour cacher qu'elle devient un peu chauve, trop maquillée. De bonne famille un peu, mais cassés par la vie. Un couple de « vrais vieux », c'est ça ? Il aurait presque envie de demander. Mais il ne fait rien. Il sent peut-être, que ce n'est pas fini. Il parle de son passé comme s'il ne s'en souvient pas, Destiny l'envie. Il l'envie. Il veut le manger. Wé, voilà. Le manger tout entier. Bouffer sa vie et ses souvenirs. Histoire de tout savoir. Allez, allez. Laisse toi faire.

    « Des tas de conneries. Avec des tas de mecs. C’est bien comme ça. Ici, on m’fout la paix. »

    Il ne dit rien. C'est assez clair. C'est trop clair. Il n'est pas dégoûté. Lui il comprend pas, c'est tout. Il comprend pas, il se dit que l'autre sûrement était pute. Ou encore plus incompréhensible, juste « amateur ». De sexe. Rien que ce mot là lui donne envie de mourir. C'est un mot trop agressif. Avec ce « x » qui sonne toujours trop fort. Trop dur. Qui ne laisse derrière lui qu'une odeur dégueulasse et une douleur. Une putain de douleur. Lui il avait pas crié, n'est-ce pas ? Il se demande, mais il ne se souvient plus, mais il croit qu'il avait pas crié, qu'il avait pas voulu leur faire ce plaisir. N'est-ce pas ? N'est-ce pas ? N'est-ce pas qu'il a pas crié ? Il a pas pleuré non plus. Fierté feintée.

    « Wé. »

    En disant ça il plonge ses billes de vide dans les siennes. Il ne trouve que ça à dire. Une main dans ses cheveux. Sa langue sur sa lèvre inférieure qui est trop sèche. Hum. La gorge sèche. Comme toujours. Les gestes imparfaits. Une clope. Une clope. Hop. Non. Il n'a même pas amené sa main jusqu'à sa poche. Il refuse. Non. Pourquoi ? Ta gueule. Non.

    Soupir.

    « Me parle pas de connerie. »


    Ce n'est pas méchant ni sec. Ou peut-être que si ? Peu importe. Sous entendu. Il aurait préféré ne pas le dire. Il aurait préféré passer juste pour le déprimé de services. Remarque. Il ne passe sûrement que pour ça. Les autres conneries on les oublie. Les autres conneries. Ca ramène à trop de trucs. Sa main vient enfermer son poignet gauche entre ses doigts menottes. Des conneries. De la m*rde. Au fond, au fond. A vendre ces petits sachets. Combien de vies il a gâché. Combien ? Pas grave. Lui, il avait un portable en plus quoi. Un pour le deal, un pour les autres. Ah non, pardon. Y'avait pas l'autre. Y'avait que le deal. Puisqu'il n'allait plus nul part. Esclave.

    « Moi je trouve qu'ici, y'a trop de monde. Tu sais. Ces gens qui te sourient d'un air compatissant et t'as envie de leur dégueuler ta rage à leurs pieds. »

    Sourire désabusé, amusé par cette pseudo haine qui se sent à travers ses mots. Elle n'existe pas. C'est comme sa vie. Elle est imaginée, fantasmée. Mais inexistante. Peu importe.

    « Non ? »

    Allez, s'il te plait. Soutiens moi un peu. Soudainement, soudainement. Destiny sent cette solitude. Cette glace. Allez. Il cherche dans les yeux de l'autre. Un quelconque acquiescement.

    C'est normal, non ? Wé, lui répond une des petites voix qui vie en sa tête, c'est « humain ».Putain de m*rde, qu'il se dit. J'aime pas être humain.

    Je veux pas.


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MessageSujet: Re: Diathèse morbide, douce léthargie. | Jeremy. Diathèse morbide, douce léthargie. | Jeremy. EmptyJeu 20 Mai 2010 - 20:20

Tu pourrais lui dire merci. Merci merci merci. Mercy.

Tu hoches la tête. Et ne parle plus de conneries. Ni des images dans ta tête. Tu t'enfermes dans ton silence, comme autrefois. Parce que tu n'avais peut-être plus rien à perdre. Et ce qu'il fallait gagner te foutait la trouille. Alors tu t'emmurais vivant, brique par brique. Ignorant ceux qui restaient de l'autre côté. Qui finissaient par te traiter de putain égoïste. Toi tu posais juste les pierres d'un château, pas vrai? Mais la menace était déjà à l'intérieur. Tu façonnais des briques à ton image. Comme ce pauvre c** avec ses humains en argile. Tu tu enfermais tes pensées dans des rectangles solides. Mais tout ça n'était qu'une création en paille. Un souffle, un coup et tout s'envolait. Et le loup avançait lentement vers tes petits petons. Les croquer du bout des crocs, luisants. De salive et de sperme.

Puanteur, pourrissant. Du pue suintant de tes yeux. A chaque fois que cette ordure se ramenait.

Non. Pardon. Se perdait.

Entre le réel et le pays des merveilles. Perdus. Comme ces garçons contre Crochet. Qui sait si bien ouvrir les portes des chambres à coucher. Crochette le noeud de ton pyjama. Crochette ta bouche.


    Clochette. Le tintement des clés dans la serrure. Et maman qui n'est toujours pas rentrée.


C'est la bande son qu'on n'écoute à peine. Dans tout ce cinéma.

"J'ai pas de rage à leur dégueuler, tu sais. Juste... juste envie qu'ils me foutent la paix. Ils croient même pas à ce qu'ils te racontent. Qu'ils sont là pour toi, quelle connerie."


Le psy ne se donne pas la peine de te poser des questions. Il attends que tu ais quelque chose à dire. Mais pour tout ces cons, t'es déjà foutu. Quand tu plonges dans la m*rde, t'auras beau te récurer. L'odeur restera. T'es marqué. C'est un dossier qu'ils te ressortiront quand tu chercheras à mieux faire. Ce n'est pas ta solution ici. C'est la leur.

"Un foutu camp de concentration. Tu manges ce que tu veux. Une piscine. Un parc. T'as le droit de sortir si t'es sage. Des bonbons, des gâteaux. ... Au final tu finiras abrutit, presque crevé. A leur manger dans la main. T'auras plus envie de sortir."

C'est pas vrai? Des dépressifs et des truands. La criminalité et la folie qui se côtoient. Un même brassage culturel pour un lavage de cerveau. Tête par tête. Une drogue douce: la vie de rêve. Simple et parfaite, avec des horaires strictes. Mais la fiesta quand tu veux. C'est pire que l'île de Pinocchio. Et si tu sors, ça sera pas vivant. La vraie folie, ça sera ta réhabilitation.

Alors tu poses des pierres. Plus haut encore. Tu laisses l'autre faire. Ici, c'est un peu un parc d'attraction. Et le grand 8 c'est avec lui. Au sein de sa toile.


    Son sein, sa douceur. Qu'elle t'obligeait à téter, quand elle n'avait plus de lait. En te caressant la nuque, en insistant. Et t'avait envie de...


"Dégueuler à leurs pieds... j'aime bien l'idée."


Ce qu'il faudrait, c'est tout faire péter. Ou alors s'en donner à coeur joie dans cette orgie psychologique. Juste s'éclater un bon coup, histoire de pas regretter. C'est une prison comme une autre. Il n'y aucune aide pour toi. On te neutralise juste, définitivement. Pour un temps aux limites indéfinies.

"C'est dans des discussions comme ça..."


Comme si t'en avais eu souvent.

"... que je voudrais une bière. Ou même trois. Histoire de bien se marrer."


Il descend de la machine. Prêt à aller leur chercher ce qu'il trouvera. En sa compagnie peut-être. Il doit bien y avoir des surprises du côté des pions. Et il se sent capable de la moindre connerie. Juste pour pouvoir rire encore. Seul, et bien tant pis. Ca sera déjà ça de prit.

Avant d'être prit.
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MessageSujet: Re: Diathèse morbide, douce léthargie. | Jeremy. Diathèse morbide, douce léthargie. | Jeremy. EmptyMer 9 Juin 2010 - 20:03


    « J'ai pas de rage à leur dégueuler, tu sais. Juste... juste envie qu'ils me foutent la paix. Ils croient même pas à ce qu'ils te racontent. Qu'ils sont là pour toi, quelle connerie. »

    Que les autres abandonnent. Qu'ils arrêtent, leurs superficiels discours, leurs paroles remplies de mensonges. On n'aime personne, on n'aime personne, pas même soi-même, ce ne sont que des apparences, de doux mensonges, que l'on se murmure les uns les autres, pour se faire plaisir, masturbation mentale, sociale. L'autre a tort, les autres croient en ce qu'ils racontent, ils y croient réellement, à leurs conneries d'amour et d'affections, ils veulent y croire, de toute leur force, parce que ça serait trop triste, qu'il n'y ait rien de plus, ici solitude est le dernier repas, seule compagnie.
    Personne n'est là pour personne. Jamais. Ca, Destiny l'a appris, au fil des jours, au fil des années, à se laisser abuser par ceux qui prétendaient l'aimer, le soutenir. Personne ne soutient personne, l'égoïsme est la première des valeurs. Il sourit.

    Les mots de l'autre glissent sur lui sans qu'il ne les écoute réellement. Quelle importance ? Un camp de concentration. C'est un peu trop peut-être. Peut-être pas. Gentiment manipulé, Destiny comme tous les enfants a toujours vu l'horreur des camps comme la pire, le summum. Toute la cruauté et la folie d'un monde, réunie en un seul point. Des dépressifs insomniaques, des junkies, des délinquants. Peut-être la comparaison n'était-elle pas si irraisonnée.
    Il continue. Il parle de cette façon désabusée et calme, de l'abrutissement, l'abandon. Pourtant lui ne semble pas avoir abandonné, emporté par les mots qui se déversent de ses lèvres entrouvertes et fines. Sûrement sont elles belles, de cette couleur effacée et pâle. Ce n'est pas comme si Destiny pouvait être attiré par un quelconque être vivant, qu'il pouvait ressentir du désir entre ses veines, lui dont le corps était mort depuis une éternité. Il n'a jamais eu le souvenir de jamais avoir souhaité des contacts autres que ceux que sa mère lui prodiguait, il n'a jamais eu le souvenir d'avoir supporté d'autres caresses que les siennes. Ses mots d'amours empoisonnés alors qu'elle l'entoure de ses bras maigres.
    Si c'est vraiment cette femme oubliée qui a fait de Destiny ce qu'il est, jamais il ne lui viendrait à l'esprit de l'en blâmer. Cet amour d'enfance, cette relation fusionnelle, il la chérit. Peu importe si aujourd'hui, aujourd'hui il est mort, aujourd'hui il est rien, peu importe s'il est dégouté, de tous ces autres qui lui donnent envie de mourir un peu plus, peu importe. Il y a ces souvenirs, ces images, ces odeurs à chérir. Et on ignore le pathétisme.

    « Dégueuler à leurs pieds... j'aime bien l'idée. C'est dans des discussions comme ça... que je voudrais une bière. Ou même trois. Histoire de bien se marrer. »

    Une bière. Drôle d'idée. Destiny n'a jamais bu que seul. La bière est un alcool qu'il a toujours méprisé, trop vulgaire. Il n'a pas bu depuis, une éternité. La dernière fois, ça devait être avant de partir pour Teens. Sûrement. En même temps que la coke, en même temps que la came. Destiny n'est jamais réellement tombé dans la dépendance, il n'a jamais accroché aux substances qu'il revendait. Contre toute attente. « Bien se marrer ». Comme s'il était le genre à apprécier l'effet libérateur de l'alcool ou autres drogues superficielles. Comme s'il était le genre à bien se marrer ? Il lance un regard un peu surpris, probablement, à l'autre. Jeremy. Il sent soudainement une sorte de distance, entre lui et le brun. Une bière, ou même trois ?
    Léger sourire, il observe le corps de l'autre en mouvement. Longiligne. Sûrement que Destiny est encore plus maigre que ça, n'est-ce pas ? Lui, c'est qu'un sac d'os. C'est maigre au point d'être moche.

    Assis sur le sol, Destiny répond calmement.

    « Hum. Quitte à boire, je préfère du whisky. »


    Plonge ses yeux bleus dans ceux de l'autre. Tout aussi ciel.

    « Mais je te promets rien question rires, Chéri. »


    Il sourit. Ce n'est pas une surprise, non ? Lentement il se lève, en poussant un petit soupir, cliquetis des chaines qui ornent ses jambes. Il rajuste son t-shirt, rapidement, relève son jean, trop large. Mais tout est trop large, sur son corps invisible.

    « Euh... »
    Il hésite. Est-ce qu'il a bien compris. Est-ce que l'autre veut vraiment aller chercher quelque chose afin de pimenter cette nuit trop lourde, trop chaude, trop lente ? « Pimenter ». Blague. Il n'y croit pas. Il a du temps, il a du temps à perdre, c'est tout. C'est sûrement pareil pour l'autre. Ne pas chercher à prétendre. « On va où ? »

    S'oublier ?

    [C'est pas terrible, désolée. -_-]
Jeremiah Samuels
Jeremiah Samuels

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cigarettes and chocolate milk
Diathèse morbide, douce léthargie. | Jeremy. Araignee-gif-012
Masculin diabolique

Surnom Surnom : Jeremy
Âge du Perso Âge du Perso : 18 ans
Orientation Orientation : Homosexuel
Admission Admission : En octobre
Autorisé à sortir Autorisé à sortir : Accordée

Teen's Teen's : 6157

Age Age : 35
Messages Messages : 192
Jeux +16 Jeux +16 : Oui
Disponibilité Disponibilité : une fois par semaine

RP' RP' : *en cours*
boys boys boys (avec kyllian et nath)
mad world feat nathanaël
l'araignée a fait sa toile (avec aby dan)
*terminés*
entre sade et shakespeare (nathanaël)
devil in a midnight mass (nathanaël)
enfantillages improvisés (aby & nathanaël)

MEDAILLES MEDAILLES : Diathèse morbide, douce léthargie. | Jeremy. Pumkingkingpluslong Diathèse morbide, douce léthargie. | Jeremy. 9 Diathèse morbide, douce léthargie. | Jeremy. 10 Diathèse morbide, douce léthargie. | Jeremy. Gold Diathèse morbide, douce léthargie. | Jeremy. 13 Diathèse morbide, douce léthargie. | Jeremy. Radiowin Diathèse morbide, douce léthargie. | Jeremy. Ecrit Diathèse morbide, douce léthargie. | Jeremy. 6 Diathèse morbide, douce léthargie. | Jeremy. 4 Diathèse morbide, douce léthargie. | Jeremy. Addicted Diathèse morbide, douce léthargie. | Jeremy. 2hpq145

SECTES SECTES : Diathèse morbide, douce léthargie. | Jeremy. Bhhj
Diathèse morbide, douce léthargie. | Jeremy. Bhhj Diathèse morbide, douce léthargie. | Jeremy. Bhhj Diathèse morbide, douce léthargie. | Jeremy. Bhhj Diathèse morbide, douce léthargie. | Jeremy. Bhhj / Diathèse morbide, douce léthargie. | Jeremy. Bhhj Diathèse morbide, douce léthargie. | Jeremy. Bhhj

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Nombre d'Arrestations: 4
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MessageSujet: Re: Diathèse morbide, douce léthargie. | Jeremy. Diathèse morbide, douce léthargie. | Jeremy. EmptyMer 30 Juin 2010 - 14:10

(désolé pour le temps de réponse. et pour la qualité de ce post. tu peux lancer dans les cuisines si tu veux.)


Le chéri lui arrache un regard désemparé. Il contemple Destiny sans comprendre ce mot. Ca tombe comme une pierre dans un puits. Presque sans bruit. Ca lui écrase la poitrine. Se resserre sur son coeur. Jeremy a presque un halètement de douleur. Dans son dictionnaire des synonymes la page a été arraché. Les mots tendres ne lui vont tellement pas. Même les moqueries innocentes. Même les mots en l'air. Pas ça.

Et c'est tellement triste.


"Je ne ris pas beaucoup non plus de toute façon."



Il époussette son jean machinalement. Se débarrasse de ces pensées qui puent le diesel. Une eau de Cologne huileuse. Se débarrasse de tout ce qui pourrait gâcher cette soirée. Parce que Jeremy veut vivre, au moins une petite heure. Ne pas se sentir interné. Aliéné. Dans une prison trop étroite. Ces murmures, ces regards étrangers. Qui envahissent sa bouche, tentent de l'étouffer. Ces corps qui le frôlent dans des couloirs auparavant déserts. Les mains croisés d'une psy qui voit à travers lui.

Transparence. Jeremy n'ose même pas la rappeler à l'ordre. Attends en silence que le temps soit écoulé.


"Whisky? C'est très bien. Je n'en ai jamais goûté."



Il enfonce brusquement ses mains dans ses poches. Gratte un peu le sol de la buanderie. Et prends son courage à deux mains. Se tournant vers la porte de la buanderie. Qu'il ouvre prudemment. Il n'y a aucun son dans l'académie. Pas même les pas lointain d'un surveillant. Pas même les chuchotements rieurs de quelques voleurs nocturnes. Dont le ventre gargouille déjà à l'idée des sucreries.

Jeremy a envie de se laisser aller dans les bras de l'alcool. Embrumé dans des songes qui le feront rire. La moindre chose de ce monde sera déformée à juste raison. Et ce sera à son tour, de se moquer.

Juste quelques grammes, et pouvoir planer. Là haut, au dessus des autres. Qui n'auront pas le réflexe de lever la tête pour le rattraper.

Et avec ça, une clope au chocolat. Qu'il croquera.

La mâchoire de l'araignée produit un étrange chuintement. Comme si elle avalait sa salive difficilement. Sa curiosité la fait se rapprocher à petits pas. Elle se demande comment réagirait le zombie si elle lui sautait dessus. Pour entraver ses hanches de ses cuisses. Pour mordre son cou avec passion. Le poussant à s'accoupler dans cette moiteur nocturne. Se demande si Jeremy résisterait pour garder le pas. S'il tient vraiment à ce presque inconnu. S'il ne serait pas mieux de couper court à ce scénario.

Avant que ça ne dégénère. Entre ces deux dégénérés. L'anorexique et celui qui oublie de manger. Oublie les heures. Se croit encore à la semaine dernière. Vit dans le passé.

En l'ayant occulté.


"Les cuisines je pense que ça serait un bon début."



    Parle moi de Jeremiah. Où est Jeremiah?

    Mais qu'est ce que j'en sais moi?


La réponse correcte était: Ce n'est pas censé être moi?

Boire. Vite. Les sanglots d'ivrogne passent mieux. On les ignore par réflexe. Ca glisse comme de l'eau sur les plumes. D'un connard.

Le zipp d'une braguette qu'on remonte. Les pas étouffés. La porte qui se referme. Et les tintements des clés qui s'éloignent. Les yeux grands ouverts dans le noir. Ce son qui tourne en boucle. En écho.


Zipp. Tap tap - clak. Cling ding.
Zipp. Tap tap - clak. Cling ding.


Il se précipite déjà dans les couloirs.

Après avoir chuchoté à Destiny: "Surtout, referme bien la porte."
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