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Une île dans un océan de souvenirs [Elisabeth Allen]

Ethan M. Hamkins
Ethan M. Hamkins

Résident
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Oh I could throw you in the lake, or feed you poisoned birthday cake ~
Gagheurgube !
Masculin Musical

Âge du Perso Âge du Perso : 17 ans
Orientation Orientation : Bisexuel
Admission Admission : Fin février 2010
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MEDAILLES MEDAILLES : Une île dans un océan de souvenirs [Elisabeth Allen] 13 Une île dans un océan de souvenirs [Elisabeth Allen] Ecrit Une île dans un océan de souvenirs [Elisabeth Allen] 6

SECTES SECTES : Une île dans un océan de souvenirs [Elisabeth Allen] Bhhj
Une île dans un océan de souvenirs [Elisabeth Allen] Bhhj Une île dans un océan de souvenirs [Elisabeth Allen] Bhhj Une île dans un océan de souvenirs [Elisabeth Allen] Bhhj Une île dans un océan de souvenirs [Elisabeth Allen] Bhhj / Une île dans un océan de souvenirs [Elisabeth Allen] Bhhj Une île dans un océan de souvenirs [Elisabeth Allen] Bhhj

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MessageSujet: Une île dans un océan de souvenirs [Elisabeth Allen] Une île dans un océan de souvenirs [Elisabeth Allen] EmptyMar 13 Avr 2010 - 0:20

Un ciel bleu à vous en faire voyager, un soleil éblouissant à vous en donner chaud, des oiseaux chantant à vous en donner mal au crâne. La fin de matinée faisait rêver et laissait penser que le reste de la journée –et peut-être même les prochains jours- sera radieux. Dans l’air flottait un petit air de printemps à la vue du soleil. Mais qui aurait pu prévoir qu’il allait disparaître derrière des nuages sombres pour laisser place à de la pluie un peu plus tard ? Sûrement pas Ethan sinon il se serait changé, sinon il ne serait pas sorti, sinon il n’aurait pas fait sa sieste sur le toit. Dire que la matinée avait été radieuse sur tous les plans…

Un bruit de serrure qu’on force se fit entendre ainsi que des injures. Alors que le reste de l’institut était accessible, pourquoi fermer la porte qui menait au toit de l’établissement ? Décidément, les gens ici ne devaient pas tourner rond pour interdire l’accès menant à un endroit aussi mineur que le toit. A moins que… Ce soit pour éviter tout accident ? Il faut dire qu’une personne en détestant une autre, ou aimant « tuer », pouvait choisir sa cible du haut du bâtiment, pouvait faire du mal à autrui. C’était peut-être aussi pour éviter qu’un suicide se produise. Après tout, quelqu’un regrettant ses actes et n’ayant pas obtenu le pardon du Seigneur pouvait craquer et décider de mettre fin à sa vie et si cela venait à se savoir, la réputation de l’institut pouvait en prendre pour son grade. Non ?

C’est donc après avoir réussi à forcer la porte qu’Ethan fit un, deux, trois, quatre pas sur le toit. La fraicheur se fit sentir. Après tout c’était assez haut et même si le soleil brillait et que la température actuelle était bonne, la brise refroidissait l’air ambiant.

C’est d’un geste nonchalant que le garçon ferma la porte qui l’avait mené ici. Il ne voulait pas la verrouiller pour ne pas avoir à perdre du temps en essayant de l’ouvrir de nouveau mais il ne voulait pas non plus se faire prendre. Bah oui, si la porte était fermée à clef c’est bien pour empêcher les internes de parvenir au toit, c’est bien parce que l’endroit était interdit d’accès. C’est donc ainsi que la porte se ferma tout simplement. Ethan ne voulait pas se faire prendre mais il ne voulait pas non plus empêcher une quelconque personne de parvenir jusqu’ici.

Le petit prince admira la vue pendant quelques instants. C’est fou comment on avait l’impression de dominer le monde à cette hauteur, c’est fou comment le paysage pouvait s’étendre à perte de vue. A ce moment précis Ethan ne voulait qu’une seule chose : Partager cette vue avec quelqu’un. Quelqu’un oui, mais qui ? Ses amis qu’il avait brusquement quitté, Léna, Elisabeth ? Tout était confus, il ne savait plus où il en était.

Ses amis lui manquaient. Même s’ils ne se connaissaient pas tant que ça, ils avaient toujours été là pour lui, il se sentait en confiance avec eux. C’est ainsi qu’un moment de nostalgie parvint au cœur du garçon. Il était parti avec presque rien, il n’avait même pas dit adieu à ces personnes proches de lui. Depuis le temps qu’il ne leur avait pas donné de nouvelle, peut-être qu’aujourd’hui était le jour de leur écrire. Un mail dans lequel il leur raconterait sa vie ici, dans lequel il joindrait des photos pour leur montrer à quel point l’institut semblait magnifique…

Puis ce fut au tour de Léna. Cette fille qu’Ethan avait fait semblant d’aimer, cette fille à qui il brisa le cœur. Même les excuses n’avaient pas été assez pour lui montrer à quel point il était désolé. Mine de rien la voir au lycée lui apaisait le cœur. Même si le petit prince ne ressentait rien pour cette fille, pour ce prototype de Barbie, il avait quand même de l’affection pour elle et ce même après leur rupture et l’incident.


« C’est du passé tout ça ! »

C’est comme ça qu’il voyait sa vie chez ses parents. Il fallait avouer que c’était bien du passé, que la vie qu’avait mené Ethan en Russie et sur le continent, avant son arrivée ici. Il n’allait pas s’acharner dessus, il n’allait pas s’apitoyer sur son sort. Il voulait recommencer de zéro, avoir le droit au bonheur sans avoir de remords. Au final, peut-être qu’Elisabeth avait raison, peut-être que même lui avait le droit d’être heureux malgré ses paroles, malgré ses actes.

Ah, Elisabeth. Dès qu’elle occupa les pensées du garçon, ce dernier s’allongea sur le sol pour fixer le ciel d’un air absent. Cette jeune fille semblait le comprendre, elle lui semblait pareille que lui. Comme si elle était une sorte d’alter ego, comme si elle était le frère qu’Ethan avait toujours voulu avoir… Ou presque.

Ce frère qui avait partagé le ventre de sa mère durant neuf mois, ce frère qui avait eu à peine le temps de vivre, ce frère qu’il aurait voulu avoir. Ce frère qui lui avait pourri l’existence et pourtant Ethan le regrettait. Pour une fois, depuis longtemps, ce dernier ressentit un vide dans son cœur, dans son ventre, dans son corps. Cette sensation était présente lorsqu’il pensait à cet être qu’il n’avait pas eu le temps de connaître, à cet être avec qui il ne put partager son enfance, à cet être qui aurait pu le comprendre. Cela lui était arrivé plusieurs fois de regretter son défunt frère mais il semblerait que cette fois était plus forte que les précédentes. Allez savoir pourquoi... L'environnement dans lequel était Ethan peut-être, qui sait ?

A moins que ce soit encore un caprice du Créateur. Peut-être voulait-il que le petit prince se remémore des choses qu'il aurait voulu oublier, peut-être voulait-il que le petit prince pense à ce jumeau absent, à ce qu'aurait été sa vie avec lui. Et puis il y avait cette jeune fille... Cette jeune fille qu'Ethan avait rencontré un peu plus tôt dans la journée. Le « A la prochaine » qu'elle avait prononcé résonnait, tournait en boucle dans son esprit. D'accord ils allaient se revoir, mais quand ? Il avait tant de questions à lui poser.

C'est avec un regard mélancolique que le jeune homme regardait l'immensité bleue présente au dessus de lui. Le bleu du ciel lui faisait penser à la demoiselle, puis de nouveau à sa vie... Vie durant laquelle il devait travailler pour deux, vie durant laquelle il aurait voulu ce frère que le Tout-Puissant lui avait enlevé.

Les idées se répétaient, se mélangeaient. Ethan ne savait plus où il en était et c'est ainsi que pour la première fois depuis des mois, voire des années, que ses yeux devinrent humides. C'était à deux doigts. N'importe quelle personne pouvait faire basculer ses émotions et le jeune homme risquait de se montrer faible à tout moment, chose qu'il n'aimait pas. C'est donc pour cacher sa tristesse et s'empêcher de pleurer que le garçon ferma les paupières.

La musique dans son casque résonnait. Les violons, trompettes, tambours et autre instrument pouvant faire partie d'un orchestre faisaient vibrer ses pensées. La mélodie était semblable à une valse lors d'un grand bal, une bataille entre deux hommes pour une femme, une nuit où deux amants se prouvaient leur amour... Oui, la musique lui faisait penser à tout cela et qui pouvait prévoir que bien vite il serait tiré de ses songes ? Sûrement pas Ethan, lui qui espérait un peu de tranquillité mais qui, au fond de lui, désirait revoir cette demoiselle...
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MessageSujet: Re: Une île dans un océan de souvenirs [Elisabeth Allen] Une île dans un océan de souvenirs [Elisabeth Allen] EmptyMer 14 Avr 2010 - 1:49

« Beth ». Ca pouvait paraître idiot, mais elle n'y avait jamais pensé. Après tout, le seul surnom auquel elle avait eu droit venait de son frère et elle ne supportait pas que quiconque, à part Ethan, la nomme ainsi. Ca semblait si peu naturel venant des autres. Elle n'avait pas envie d'être « Lizzie » aux yeux de qui que ce soit d'autre et était presque ''heureuse'' que son cadet ait emporté ce secret si intime avec lui. Mais « Beth », c'était bien. Très bien même. Bien qu'elle ait trouvé ça étrange au premier abord, ce surnom ne la dérangeait pas. Que du contraire. Bizarrement, il lui faisait même plaisir. Bizarrement, car le garçon qui le lui avait attribué était encore un inconnu quelques heures auparavant… et encore maintenant, on ne pouvait pas dire qu’il faisait partie de ses amis proches. Elisabeth aurait même du le placer au rang de « connaissances », mais leur première rencontre avait suscité tellement d’émotions qu’elle ne s’y résolvait pas.

Son regard se leva une nouvelle fois vers la table basse de son dortoir sur laquelle était posée, bien en évidence, une feuille de papier. Ca devait bien être la vingtième ou trentième fois que ses yeux se perdaient sur le dessin et la concentration suffisante pour poursuivre la lecture de son roman s’évaporait peu à peu. A y regarder de plus près, on pouvait voir que les traits sur le papier représentaient une jeune femme en robe longue. Des cheveux immenses, des yeux en amande qui captaient l’attention de l’admirateur, un sourire, léger, empreint de douceur. Elisabeth ne se serait jamais cru aussi narcissique, mais elle ne pouvait le nier : son portraitiste avait du talent. C’était étonnant de se regarder ainsi couchée sur une feuille, mais cela lui permettait de se voir d’une nouvelle manière. C’était comme si ce dessin faisait également partie des éléments qui remettaient les compteurs à zéro, permettant à la jeune femme de reprendre tout depuis le début et de se faire une nouvelle opinion d’elle-même.

Et par ce dessin, qui pouvait pourtant paraître « simple » aux yeux des grands artistes, Ethan lui permettait, en quelque sorte, de se redécouvrir. Depuis la mort de son frère, Elisabeth avait eu beaucoup de difficultés à se faire une opinion d’elle-même ; encore maintenant, elle avait une image plutôt floue de qui elle était réellement. Mais ce dessin lui montrait au moins quelque chose : quelqu’un l’appréciait suffisamment pour lui faire un tel cadeau et la considérait… Heureuse ? Sereine ? Apaisée ? Ou du moins, l'en croyait capable. De plus, il y avait autre chose : c'était peut-être idiot de l'avouer, mais... Elisabeth se trouvait belle sur ce que le garçon avait qualifié de « simple croquis ». Elle espérait au fond d'elle qu'elle pourrait sincèrement se voir de cette manière un jour et avoir ce « droit » de sourire à nouveau, sans culpabiliser en repensant à tous ces souvenirs douloureux.

La jeune femme poussa un soupir résigné en fermant son livre ; ce n'était pas la peine d'insister, elle n'avait plus la tête à ça. Là, tout de suite, elle éprouvait le besoin immense et irrépressible de remercier Ethan, le « nouvel » Ethan. Il lui avait offert la possibilité de se redresser tout en pleurant quand elle en avait eu besoin ; il lui avait offert ce morceau de papier arraché à son carnet et qui se voulait déjà pourtant si symbolique. Et elle n'avait pas eu l'occasion de lui témoigner sa gratitude. Ce n'était pas seulement son éducation qui lui donnait ce sentiment de malaise ; elle désirait vraiment lui dire ce mot qui ferait toute la différence, ce bête « merci » auquel il répondrait sans doute « Mais je t'en prie. » et l'histoire s'arrêterait là. Et l'histoire s'arrêterait là ?

Elisabeth se leva de son lit et mit ses ballerines avant de sortir dans le couloir. Elle avançait sans autre but et espoir que de croiser à nouveau le jeune homme. Si seulement elle savait où il était à cet instant précis, la tâche aurait sans doute été plus facile. Elle l'aurait même été davantage s'il n'avait pas tourné les talons aussi précipitamment après avoir embrassé sa joue du bout des lèvres, lors de leur première rencontre. Pourtant, la nouvelle résidente savait pertinemment qu'elle ne le cherchait pas seulement pour lui adresser ses remerciements ; l'envie de le revoir, mais aussi la curiosité la poussaient à le retrouver. Curiosité, oui : elle ne savait toujours pas ce que voulait dire la phrase qu'il avait notée au bas de son dessin. Etant donné qu'Elisabeth ne parlait pas couramment le russe (si c'était bien la langue dans laquelle la phrase était rédigée), cela la frustrait de ne pas connaître la signification de ces quelques mots. Elle était parfois si bornée, têtue et curieuse. Sale caractère, va.

Bref. Perdue dans ses réflexions, elle arriva dans une aire de l'institut qu'elle ne connaissait pas. Etant donné qu'elle n'avait pas grand chose à faire et qu'un escalier lui tendait les bras, Elisabeth décida de s'y engouffrer. Après tout, autant découvrir l'établissement petit à petit ; elle ne pouvait pas le connaître déjà comme sa poche. Elle gravit les marches et finit par arriver devant une porte close. Curiosité primant, une fois de plus, elle n'hésita pas une seconde quand elle tourna la poignée. Un vent un peu trop fort pour être normal se glissa dans ses cheveux, les soulevant derrière elle, alors que quelques mèches s'éparpillaient sur son visage. La brise se calma peu à peu alors que les yeux de la jeune femme s'habituaient à la lumière bien plus éblouissante que celle de la pièce précédente. Au vu des bruits ambiants, elle en déduisit qu'elle était à présent à l'extérieur et ses pupilles finirent par le lui confirmer. Elle était apparemment sur le toit de l'institut ; en contre-bas s'étalaient le parc et la cour principale avec, tout au fond, les deux immenses grilles qui permettaient l'accès à l'établissement. Elle devait avouer que, pour une prison, c'était plutôt un joli environnement.

Un mouvement sur sa droite lui fit tourner la tête. Oh mon dieu. S'il y avait une chance sur un million pour qu'elle croise à nouveau Ethan dans la même journée au moment précis où elle désirait le voir... eh bien, elle venait de la trouver. Un sourire éclaira son visage et elle prononça un « Ethan ! » suffisamment sonore pour qu'il l'entende, mais toutefois affaibli par l'oppression dans sa gorge ; c'était encore tellement... inhabituel de dire à nouveau ce prénom tant aimé. Pourtant, le jeune homme ne réagit pas ; son visage tourné vers le ciel, il conservait cependant les yeux fermés, comme pour mieux se concentrer sur la musique qui devait emplir ses oreilles ; raison pour laquelle il ne l'avait sans doute pas entendue. Aussi, s'approcha-t-elle encore, jusqu'à se pencher vers lui pour lui effleurer une de ses épaules en réitérant son appel, plus doucement cette fois. Toujours rien. Le sourire d'Elisabeth fondit comme neige au soleil alors que ses sourcils se plissaient lentement. Il y avait quelque chose d'anormal dans l'attitude du jeune homme.

« Ethan ? »

Nouvel appel, nouvelle absence de réaction. L'inquiétude s'insinua dans l'esprit de la jeune femme et elle s'agenouilla face à lui pour le saisir par les épaules, sans doute un peu trop durement. Il avait déjà eu un tel comportement, un peu plus tôt, dans la matinée, lorsqu'il s'était allongé, les bras en croix et n'avait pas bougé pendant de longues minutes. A ce moment-là, elle n'y avait pas vraiment prêté attention, considérant qu'il s'agissait peut-être d'une « sieste improvisée », mais cette fois-ci, c'était différent. Il était comme dans un état second, ses paupières fermées cachant des yeux sans doute fixés sur quelque chose que lui seul pouvait voir.

« Ethan ! »

Le secouant légèrement, puis un peu plus fort, Elisabeth le vit finalement ouvrir les yeux avec, dans le regard, de l'étonnement, mais aussi tellement de tristesse qu'elle crut que les larmes brillant au bord des cils d'Ethan allaient se transmettre à ses propres paupières.

« Tout va bien ? Que s'est-il passé ? Ethan ? Tu m'entends ? »

Elle parlait avec sans doute un peu trop d'empressement alors que le jeune homme semblait reprendre peu à peu conscience de ce qui l'entourait. Il paraissait perdu, hagard, voire apeuré et Elisabeth décida d'enlever le casque de ses oreilles afin qu'il se concentre sur sa voix. Elle posa ensuite ses mains sur les joues du garçon, l'obligeant à plonger ses yeux de nuit dans l'électrique de ses iris et continua à lui parler, plus calmement, comme pour le rassurer. Les pupilles vacillèrent quelques instants avant de demeurer dans les siens, mais sa respiration ne se calmait toujours pas, comme les battements de son coeur qu'elle pouvait sentir du bout des doigts. Que faire ? Elle avait l'impression de voir un enfant sortant d'un cauchemar. Mais peut-être était-ce exactement ce qui se passait, au fond ?

Se disant que les gestes seraient plus efficaces que les paroles, Elisabeth s'approcha davantage d'Ethan pour poser son menton contre le front du jeune homme ; ses doigts parcouraient son dos et l'arrière de son crâne en des carresses qui se voulaient apaisantes. Elle continuait à murmurer des paroles du bout des lèvres, espérant que la respiration qui se calmait progressivement n'était pas que le fruit de son imagination.

« Là... Chhht... Tout va bien. Ethan, tu m'entends ? Tout va bien. C'est fini. Je suis là... »


Spoiler:
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MessageSujet: Re: Une île dans un océan de souvenirs [Elisabeth Allen] Une île dans un océan de souvenirs [Elisabeth Allen] EmptyMer 14 Avr 2010 - 22:07

La musique continuait à défiler dans ses oreilles et son esprit en était affecté. Oui, selon la musique les situations, les personnes étaient différentes. Non pas qu'il dormait complètement, mais presque. Le garçon n'était pas totalement endormi pour entendre toujours la musique qui résonnait dans son casque mais il était assez absent pour ne pas remarquer une présence, pour ne pas entendre qu'on l'appelait.

Donc nous disions : Les situations, les personnes étaient différentes. Par exemple à cet instant c'était la Lettre à Elise de Beethoven qui résonnait dans son casque, à cet instant il s'imaginait encore dans le manoir de ses grands-parents. Il rêvait d'une grande réception, d'amour inconsidéré et de jeunes filles avec de magnifiques toilettes ne rêvant que d'une chose : Pouvoir danser en compagnie d'un jeune homme dont elles pourraient tomber amoureuse. Puis vient à son esprit les grands escaliers qui menaient au premier étage du manoir. Des escaliers imposant en haut desquels étaient un Ethan en costume (Et sans ses piercings cela va de soit) qui se tenait à côté de son parfait reflet dans le miroir. Ah, le voilà encore à s'imaginer une scène avec son frère ! Décidément le petit prince était irrécupérable. Enfin bref ! La scène qui lui vint ensuite à l'esprit était une de danse. Cette fois ce n'était plus Beethoven mais Shostakovich et plus précisément la Valse n°2 et rien qu'aux premières notes Ethan se voyait déjà en train de danser avec une jeune fille. Ah, en cet instant il aurait donné n'importe quoi pour valser de nouveau. C'était le comble ! Lui qui voulait renier son éducation ne pouvait pas s'en détacher : Elle était ancrée au fond de lui comme une épave dans un océan et les « loisirs » qu'on lui avait appris aussi. Le garçon voulait s'en débarrasser mais à un point inimaginable. Malheureusement il ne pouvait pas. Il ne pouvait ni renier ses origines, ni renier l'environnement dans lequel il avait été éduqué, ni renier l'existence de son frère, ni renier ses actes. Oui, il ne pouvait rien oublier. Rien.

La valse touchait à sa fin, signe que la mélodie se terminait. Ethan attendait la prochaine composition pour penser à autre chose. Enfin façon de parler vu que depuis ce matin il n'y avait qu'une chose qui tournait dans son esprit : L'autre part de lui-même. Il se faisait du mal, il en avait conscience, mais il ne pouvait pas s'empêcher de penser à son existence. Peut-être que si son frère était toujours en vie les mots qu'il avait prononcés n'aurait pas été dits, les gestes qu'il avait fait n'auraient pas existés, les situations dans lesquels il s'était retrouvé n'auraient pas eu lieues. Peut-être que si le Créateur ne se serait pas mêlé d'Ethan, s'il n'avait pas prêté attention à sa vie, le garçon ne serait pas là. Fuir. Voilà ce que le petit prince faisait : Il fuyait. Il fuyait son présent, son futur pour retourner vers son passé. C'était peut-être ce qu'il désirait au fond, revenir en arrière comme on le fait sur une cassette vidéo, revenir en arrière pour revivre sa vie d'une autre manière. Décidément il était désespérant.

Il commençait à voir sa vie en Russie lorsque le jeune homme fut secoué. A ce contact il ouvrit les yeux et sa respiration ainsi que les battements de son cœur étaient rapides. Comme si on venait de le tirer d'un cauchemar. Ses yeux étaient encore humides et Ethan voyait flou, cependant cela n'enlevait pas sa tristesse. A l'entente de la voix de la personne qui l'avait tiré de ses songes il cru entendre Léna. Léna ? C'était impossible ! Jamais elle n'aurait pu venir dans un endroit comme celui-ci et Ethan en aurait été informé par ses amis non ? Puis une autre personne lui vint à l'esprit... Elisabeth ? Peut-être. Après-tout le petit prince n'en était pas sûr mais sa vue se faisait un peu plus nette.

C'est ainsi qu'en étant sûr que la jeune fille se trouvait devant lui, Ethan ne pouvait pas cacher son effroi. Comment pouvait-il encore penser à Léna alors que c'était une toute autre personne en face de lui ? A croire que les fantômes de son passé le poursuivaient... A moins qu'il ne voulait pas s'en détacher, qu'il ne voulait pas les oublier.

Un contact chaud. C'était les mains d'Elisabeth, qui se posaient sur les joues du garçon, l'obligeant à la regarder dans les yeux et c'est ce qu'il faisait. Il la regardait, il détournait le regard à gauche puis à droite comme s'il voulait savoir où il était, ce qui se trouvait autour de lui. Il n'arrivait pas. Il n'arrivait pas à se calmer et les battements de son cœur se firent de plus en plus rapides lorsque la demoiselle s'approcha du petit prince. Elle voulait le rassurer comme le ferait une mère avec son enfant et c'est ce qui arriva : Sa respiration saccadé se calmait, son cœur battait plus lentement. Il était redevenu calme et pourtant la moindre parole pouvait tout faire basculer. Bah oui, ses yeux étaient encore humides. Ethan était au bord du déluge et ce qui l'empêchait de pleurer était la présence d'Elisabeth. C'était comme si elle l'apaisait et c'était agréable.


« Merci... »

A ce murmure le petit prince sécha ses larmes et prit la jeune fille dans ses bras. Un dans le creux des reins, l'autre en plein milieu du dos et son visage enfoui dans le cou d'Elisabeth. Il la serrait presque à l'en étouffer. De toute façon son étreinte ne cesserait que par ordre de la jeune fille. Si elle ne voulait plus être enlacée, il la lâcherait et ne recommencerait pas ce geste d'affection. Affection ? Etait-ce de l'affection ou une barrière empêchant la tristesse d'Ethan d'éclater ? Même lui n'en savait rien. Tout était confus dans son esprit et il ne voulait pas se montrer faible. Pas devant Elisabeth.

Le garçon avait donc le visage enfoui dans le cou de la demoiselle. Il pouvait sentir son odeur. Une odeur un peu sucrée. Une odeur douce, agréable. Il fallait avouer qu'Ethan en profitait un peu, le parfum était agréable à respirer et il ne s'en lassait pas. Il ne se lassait pas d'humer la senteur corporelle d'Elisabeth tandis qu'il soufflait dans son cou. Sa respiration était calme, posée malgré la situation. Bah oui, le jeune homme tenait dans ses bras une vague connaissance comme s'ils étaient proches, comme s'ils se connaissaient depuis toujours. D'un point de vue extérieur n'importe qui aurait pu croire qu'ils étaient amis ou bien plus mais non. Ils ne l'étaient pas, ils se connaissaient à peine.


« On peut rester comme ça encore un peu ? Juste un peu, s'il te plaît... »

Il avait dit ça comme s'il l'implorait, comme s'il en avait besoin. A cet instant n'importe qui aurait fait l'affaire tant qu'il pouvait avoir quelqu'un avec lui, quelqu'un dans ses bras. Tout ce qu'il voulait c'était un peu de tendresse et il allait peut-être l'avoir. Un nouveau murmure se fit entendre...

« Pardon. Pardon de te faire subir ça et encore merci. Merci de m'avoir réveillé. »

A cette dernière phrase Ethan resserra son étreinte. La poitrine de la jeune fille était compressée contre son buste et il s'en fichait. Tout ce qu'il voulait c'est profiter encore un peu de son odeur et apaiser pendant quelques secondes supplémentaires son esprit...
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MessageSujet: Re: Une île dans un océan de souvenirs [Elisabeth Allen] Une île dans un océan de souvenirs [Elisabeth Allen] EmptyJeu 15 Avr 2010 - 13:46

« Merci... »

Elle n'était pas sûre d'avoir entendu tant le souffle était imperceptible. Elle n'eut même pas le temps de s'assurer que les larmes dans les yeux du jeune homme s'étaient résorbées, car, la seconde d'après, il la serrait contre lui avec une force jusque là insoupçonnée. La respiration d'Ethan était redevenue normale, mais maintenant, c'était Elisabeth qui avait le souffle court. Elle avait vraiment l'impression d'avoir affaire à un enfant ; d'abord, le cauchemar, la panique, les yeux au bord des larmes. Et puis, ce besoin de sentir quelqu'un d'autre, tout près, contre soi, pour se calmer, pour s'apaiser, pour être rassuré. Elle avait toujours ses mains posées dans son dos, mais n'osait pas bouger ; elle savait que le garçon n'était pas encore tout à fait revenu à lui et elle ne voulait pas le brusquer par un geste ou par une parole mal placés. Alors, la jeune femme attendait, tenant toujours cet enfant perdu dans ses bras ; enfant qui avait presque son âge.

Tout de même, elle n'aurait jamais pensé qu'il puisse faire preuve d'une telle puissance ; il n'allait pas lui broyer la colonne vertébrale, certes, mais la façon dont il la serrait était tellement intense qu'elle n'aurait jamais pu déduire que ces bras d'apparence faible soient en réalité ceux d'un homme. C'était comme si elle revenait quelques années en arrière, quand son frère faisait ses propres mauvais rêves et qu'elle le rejoignait dans sa chambre pour le calmer en le berçant et en lui murmurant des mots rassurants. La situation était similaire, si ce n'est qu'elle avait six ans de plus et que le jeune homme qu'elle serrait contre elle n'était pas Ethan. Son Ethan. Et pourtant, cette étreinte ne la dérangeait pas. Elle se doutait que pour lui, n'importe qui aurait fait l'affaire, mais il avait besoin qu'on le calme, sans doute parce qu'il n'y parviendrait pas tout seul.

Elle raffermit sa prise dans ses doigts et enfouit son nez dans les cheveux noirs du garçon ; Elisabeth le serra plus étroitement, lui signifiant qu'elle était bien là, essayant de calquer sa respiration sur celle du jeune homme. Mais ce n'était pas facile. Le visage d'Ethan était maintenant dans son cou et son souffle glissait sur sa peau, lui tirant des frissons qui la chatouillaient et lui prodiguaient une sensation étrange. Cette proximité ne la dérangeait pas, mais elle l'effrayait un peu ; elle ne le connaissait que depuis quelques heures, mais se sentait déjà trop bien en sa compagnie pour que ce soit normal. Et le pire dans tout ça, c'est qu'elle ne savait pas si ce sentiment de bien-être venait de ses souvenirs ou de ce qui la liait réellement à ce quasi inconnu.

La voix d'Ethan s'éleva à nouveau, presque implorante, presque cassée. Même si elle l'avait voulu, elle n'aurait pas pu s'écarter, tant par la force avec laquelle il la retenait que de par sa propre volonté. Il avait besoin d'elle – ou, du moins, de quelqu'un à qui s'accrocher – et, étrangement, elle aussi avait besoin de ce moment. Sa gorge lui faisait mal. Elle aurait donné tout et n'importe quoi pour pouvoir serrer son jeune frère une nouvelle fois comme ça. L'odeur d'Ethan emplissait ses narines, alors que ses cheveux lui chatouillaient les joues. Ce n'était pas normal tous ces gestes, hein ? Ils auraient du s'en tenir aux salutations cordiales et aux discussions amicales. Ca allait trop vite, à tel point qu'elle en avait le vertige.

« Tu n'as pas à t'excuser. C'est normal que je sois là, comme tu l'as été pour moi. Tout va bien. Je suis là. »

De vieux réflexes faillirent la faire bouger pour le bercer doucement, mais elle savait pertinemment qu'ils avaient tous les deux passé l'âge de ce genre de choses ; ça aurait sans doute rendu le garçon mal à l'aise de toute manière. Alors, elle continua à le tenir contre elle, à lui murmurer des choses qui, l'espérait-elle, finiraient de le calmer, mais évita de prononcer son prénom une fois de plus. Elle ne tenait plus à comparer cette situation avec celles qu'elle avait vécues auparavant avec son propre frère. C'était trop... bizarre. Pourtant, elle descendit lentement son visage et sa joue se retrouva pressée contre la pommette du jeune homme qui ne semblait pas décidé à la lâcher. Ses doigts jouaient toujours avec les cheveux rebelles, faisant disparaître la laque et la structure en pétard qu'il mettait sans doute de longues minutes à élaborer. Elisabeth n'avait pas l'intention de repousser Ethan ; il pouvait la serrer aussi longtemps qu'il le désirait, car il en avait fait de même pour elle, ce matin-là. Et puis, elle ne tenait pas à ce qu'il se vexe ou se sente honteux d'avoir demandé de l'aide quand il en avait besoin. Il n'avait pas à se cacher. C'était normal d'avouer ses faiblesses pour mieux avancer.

« Que s'est-il passé ? Tu peux m'en parler si tu le veux. »

Aucune obligation ou impératif dans sa voix. Elle voulait juste qu'il sache qu'elle était prête à entendre les choses qui lui pesaient. Le serrant toujours contre elle, Elisabeth ne vit pas les immenses nuages noirs qui se profilaient à l'horizon, en total contraste avec le début de journée ensoleillée, en totale opposition avec l'apaisement qu'elle ressentait de le tenir contre son corps, de manière trop intime pour leur relation à peine naissante.
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MessageSujet: Re: Une île dans un océan de souvenirs [Elisabeth Allen] Une île dans un océan de souvenirs [Elisabeth Allen] EmptyVen 16 Avr 2010 - 21:56

Le garçon ne faisait pas attention aux gestes d'Elisabeth. Il était trop occupé à réfléchir aux réponses qu'il allait lui donner et à ce qu'il pouvait lui donner comme excuse lorsqu'il arrêterait de l'enlacer. C'est vrai qu'il avait besoin d'un peu de tendresse, de quelqu'un pour l'empêcher de craquer mais était-ce une raison pour forcer la demoiselle à être dans ses bras, à la tenir captive contre lui ? Non, peut-être pas. En parlant de la demoiselle, elle ne semblait pas repousser Ethan. Non, elle semblait consentante, elle ne semblait pas ne pas vouloir être dans ses bras. Et plus encore, elle avait des geste d'affection pour lui. Bah oui, elle collait sa joue contre celle du jeune homme, elle passait sa main dans les cheveux de ce dernier alors comment interpréter cela autrement que par de l'affection ?

Nous disions donc : Ethan cherchait quoi répondre à la jeune fille. Même si lui avait été là pour elle ce matin, il ne saurait pas comment la remercier et pourtant elle affirmait qu'il n'avait pas à le faire et cela le dérangeait quand même. Qu'il ne s'excuse pas passe encore mais qu'il ne la remercie pas correctement, pas question ! Mais... Comment faire ? D'accord il voulait lui montrer sa gratitude comme il se doit mais le petit prince ne savait pas comment s'y prendre. Tant pis, il s'en occupera plus tard !

Autre soucis : Devait-il lui parler de ses problèmes ? Devait-il lui dire pourquoi il était au bord des larmes, pourquoi il avait l'air d'un enfant sortant d'un cauchemar, pourquoi il la serrait tant dans ses bras, pourquoi il ne voulait pas la lâcher ? Tout était si compliqué. L'envie de tout dire à Elisabeth lui brûlait les lèvres et pourtant il ne pouvait pas, il ne devait pas. Si jamais le garçon lui disait tout, comment réagirait-elle ? Quelle serait sa réaction si jamais la demoiselle savait qu'Ethan voyait en elle cette fille qui n'avait jamais accepté leur rupture, cette fille qui le hantait ? Sûrement mal et c'était donc pour cela qu'il ne devait rien lui dire à propos de Léna.

Et son frère ? Devait-il lui parler de ce frère absent, presque inexistant ? Non, il était trop tôt. Il ne voulait pas avouer ce lourd secret, il ne voulait pas devoir en parler pour la première fois. A la rigueur elle aurait été une parfaite inconnue qu'il était sûr de ne jamais revoir peut-être Ethan lui en aurait parler. Mais ce n'était pas le cas, non, ils allaient forcément se revoir. Même si l'institut était certainement habité par une -voire plusieurs- centaine de personne, c'était obligé que les deux adolescents se reverraient. C'est donc pour cela que le petit prince n'allait pas en parler à Elisabeth, c'est donc pour cela qu'il essaiera que ses propos restent vagues pour qu'il n'ait pas à trop en parler. Il n'était pas près à en discuter avec quelqu'un. Au manoir les gens en parlaient entre eux mais Ethan n'était jamais présent, il ne voulait pas être mêlé à toute cette histoire. Et puis il était trop jeune. Peut-être que ça serait ici qu'il déciderait d'avouer cette étape de sa vie à quelqu'un, qu'il oublierait le fantôme de ce « M » qui lui rongeait la vie, qu'il oublierait le fantôme qu'il voyait comme son propre reflet dans le miroir, qu'il oublierait le fantôme de ce garçon bien élevé et parfait sous tout rapport -ou du ''voyou'' qu'était Ethan lui-même.

Respirant une dernière fois le parfum d'Elisabeth, le petit prince lâcha son étreinte puis écarta petit à petit son corps de celui de sa ''prisonnière'', lui déposant un baiser sur le front. Il la regarda de haut en bas avant de plonger ses yeux dans les iris bleus de la demoiselle. C'est affichant un grand sourire -qui dévoilait ses dents blanches- qu'Ethan décrocha quelques mots :


« Rien de grave, ne t'en fais pas ! »

Sa voix était plus calme et l'on pouvait distinguer un peu de bonne humeur, comme si le garçon était sûr de lui, comme s'il n'avait plus peur. Magnifique tromperie n'est-il pas ? Derrière sa voix rassurante et son grand sourire, le jeune homme était toujours terrorisé. Il avait peur de craquer à tout moment. La situation psychologique dans laquelle il était faisait penser à un film d'horreur : La boule au ventre qui contenait la peur des héros était à deux doigts d'éclater lorsqu'ils rencontreraient ce tueur qui les poursuivait. Oui, c'était comme ça que se sentait Ethan. Il se montrait de meilleure humeur, comme si rien ne s'était passé, comme si la jeune fille ne s'était pas précipitée vers lui pour le garder dans ses bras et le rassurer. Son intérieur était sombre à cause de la crainte qui grandissait dans l'esprit du garçon et pourtant il voulait paraître clair... Un peu comme le ciel. Ce ciel bleu, dégagé laissera place à des nuages presque noirs dans peu de temps alors peut-être à cet instant le petit prince laissera ses émotions éclater et profitera de la pluie pour laisser l'occasion à ses yeux de faire un véritable déluge ses ses joues. Oui, c'était envisageable. C'était difficile de distinguer quelqu'un pleurer lorsqu'il pleuvait alors pourquoi ne pas utiliser ce ''camouflage'' pour ne pas avoir à exhiber ses points faibles ? A cet instant précis les deux jeunes gens ne pouvaient savoir que ce qui devra se passer aura lieu. Non, ils ne pouvaient pas savoir qu'un torrent de gouttes allait s'abattre sur leur corps, ils ne pouvaient pas savoir que l'un d'eux allait briser la barrière qui le retenait à son passé et accepter la fatalité.

Le petit prince se leva et tendit sa main à Elisabeth pour qu'elle fasse de même avant de lui tourner le dos pour s'étirer et de profiter de la vue. Le spectacle qui s'offrait à leurs yeux était magnifique et donnait envie de rester ici, à regarder ce paysage pendant des heures, des jours entiers. Ethan se demandait à quoi pouvait ressembler cette étendue au couché -ou levé- du soleil et même durant la nuit. C'était une expérience à faire. Il s'en souviendra, il n'oubliera pas d'essayer de venir ici au moment où l'étoile chaleureuse s'éteindrait pour laisser place à la lune.

Le garçon lui tournait le dos pendant quelques minutes puis il fit demi-tour pour faire face à cette fille qui avait un peu apaisé son esprit, tout en affichant encore un sourire. Plus modeste que le précédent, mais un sourire quand même.


« Alors, dis-moi ! Que me vaut l'honneur de te revoir aujourd'hui ? »

Les mains dans les poches et le visage détendu, Ethan avait posé sa question à Elisabeth d'un ton détaché. Un peu comme si c'était les premiers mots qui lui disait depuis leur séparation du matin, comme si rien ne s'était passé avant. Oui, il allait faire ça. Il allait faire comme si de rien n'était.


Dernière édition par Ethan M. Hawkins le Sam 17 Avr 2010 - 10:29, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Une île dans un océan de souvenirs [Elisabeth Allen] Une île dans un océan de souvenirs [Elisabeth Allen] EmptySam 17 Avr 2010 - 1:46

Les lèvres d'Ethan laissèrent une marque chaude sur son front. C'était étrange ; l'instant d'avant, il agissait encore comme un enfant effrayé et ensuite par ce geste de protection, ressemblait à un grand frère ou à un homme adulte désirant préserver quelqu'un de cher. Il lui adressa un sourire magnifique, ses yeux plongés droit dans les siens et Elisabeth put y lire combien son visage sonnait faux. Ses mots ne firent que confirmer son impression et elle se demanda si, l'espace d'une seconde, il avait pu voir les soupçons flotter dans ses iris bleu. Il se releva, fit preuve d'une étonnante galanterie à son égard et elle comprit à sa façon d'agir qu'il ne désirait pas parler de ce qui venait de se passer – mais surtout ce qui s'était passé avant qu'elle n'arrive. Pourtant, la voix du jeune homme ne parvenait pas à dissimuler entièrement sa tristesse, sa gorge sans doute serrée laissant un étouffement on ne peut plus clair dans chaque mot qu'il prononçait. Ne désirant pas le mettre mal à l'aise, la jeune femme décida qu'elle n'épiloguerait pas là-dessus.

« D'accord... Je ne m'en ferai pas. »

Son mensonge devait être aussi gros que celui du jeune homme. Elle avait murmuré cette phrase du bout des lèvres, au moment où il en disait une nouvelle, ses yeux perdus dans l'observation du paysage qui s'étendait devant eux. Elisabeth aurait donné n'importe quoi pour se trouver ailleurs en cet instant précis ; il n'y avait que la ville, sombre et puante, s'étalant en bâtiments grisâtres et fumées opaques. Les coups de klaxon retentissaient au loin, et elle pouvait percevoir les bruits du trafic et de la vie citadine malgré la position à l'écart du bâtiment de Teenagers. C'était à vous faire déprimer en dix minutes chrono, cette vue. Elle se concentra donc sur les arbres du parc et l'allée de dolomie claire qui traçait un sillon vers les grilles de l'entrée ; l'institut était entouré d'immense barreaux surmontés de piques, plus décoratives que dangereuses, mais qui dissuadaient tout de même les possibles fugueurs de tenter leur chance à l'escalade. Prison dorée. Elisabeth eut soudain envie de voir la mer...

« Je te cherchais. Parce que j'avais envie de te remercier. »

Oui, la mer. Avec de l'eau aussi bleue que ses propres iris. Des vagues qui s'échoueraient sur ses pieds, en lui léchant les mollets. De l'eau qu'elle boirait à la tasse et recracherait en hurlant de rire, en ayant mal à la gorge de ce trop plein de sel. Du sable, blanc, doux, fin. La mer. N'importe où faisait l'affaire. N'importe où plutôt que chez elle. Ils organisaient des excursions dans ce centre ?

« Te remercier pour le dessin. Et pour tes mots. Tes gestes aussi. »

Il n'y avait pas grand chose à dire. Elle savait qu'il comprendrait. A moins que sa mémoire ne soit défaillante, il n'avait sans doute pas oublié ce qui s'était passé entre eux ce matin. Il n'avait pas pu oublier les larmes de la jeune femme et encore moins l'épaule – ou plutôt, les cuisses – qu'il lui avait proposée pour déverser ses pleurs. Elisabeth se demandait encore comment il avait pu lui témoigner tant de douceur et de compréhension dès les premières secondes, mais à y réfléchir un peu plus, elle avait l'impression que la même scène se jouait devant leurs yeux, mais avec les rôles inversés. Tout comme elle l'avait fait, il lui mentait – ou alors, ne lui disait pas tout – quant à son état. Il cachait. Il dissimulait, comme elle avait également caché sa douleur jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus la contenir et qu'elle explose en chagrin liquide. Mais Elisabeth n'avait pas envie qu'il pleure. Elle ne voulait pas l'empêcher de se laisser aller, mais s'il pleurait, elle ne saurait pas comment agir. Elle avait peur que ça ne lui vienne pas naturellement. Ou peut-être trop naturellement, justement. Plus elle y pensait, et plus elle se disait que cette familiarité entre eux n'était pas normale. Et plus elle y pensait, plus elle se rendait compte qu'elle n'avait pas envie que ça cesse.

« Alors... Merci. »

Elle tourna son visage vers le sien et lui adressa à son tour un sourire, comme celui qu'il avait déjà vu auparavant. Simple. Sincère. Elle cligna des yeux et tourna à nouveau la tête. La jeune femme s'approcha ensuite du petit muret qui bordait le toit – sans doute pour éviter les « mauvaises chutes » (c'était elle ou il y avait bien quelques suicidaires à Teenagers ? « Sécurité oblige », hein ?) et observa l'allée en contre-bas. Depuis toute petite, Elisabeth n'avait jamais eu le vertige. A dire vrai, il y avait peu de choses qui l'effrayaient et le vide n'en faisait pas partie. Elle trouvait dans cette impression de perspective saisissante quelque chose d'attirant, qui l'appelait à se jouer de la gravité et d'un possible déséquilibre. Elle ne tentait pas de se faire mal ou quoi que ce soit, mais elle éprouvait un sentiment de ravissement total lorsqu'elle se baladait au bord d'un trou ou... d'un toit justement. Aussi, d'un bond, elle se retrouva sur le dit muret, les bras en croix, sentant le vent qui se jeta brusquement face à elle. Quelques mèches lui giflèrent les joues, alors que le reste de ses cheveux flottaient derrière elle. La jeune femme ferma les yeux et une nouvelle image de la mer se projeta sur ses paupières ; la brise ne faisait que renforcer l'illusion, la transportant sur une plage où le soleil dardait ses rayons sur son corps presque mis à nu. C'était agréable. Et inconscient. Surtout parce qu'elle ne songeait pas au fait qu'elle aurait pu faire peur à quiconque assistant cette scène d'un point de vue extérieur.

« Dis... Tu as déjà eu envie de t'envoler loin d'ici, loin de tes responsabilités et de ce qui te fait mal ? »

Le « Ethan » ne parvenait toujours pas à sortir de sa bouche. La présence du garçon la rassurait, mais elle n'arrivait pas à le nommer. Ca faisait encore trop mal. Dans cette phrase, aucun sous-entendu laissant croire qu'elle commettrait un geste irréparable. Juste l'envie de savoir, de discuter, de lui faire oublier ce qui lui pesait sur les épaules. Et de partager un nouveau moment avec lui. Elle fit un quart de tour et avança le long de la rambarde, en avant, puis en arrière, les yeux toujours fermés, prenant son temps, les bras à l'horizontale, comme un enfant peu assuré. Le vide ne lui faisait pas peur. Pas le vide physique, du moins. Et sans doute Elisabeth se tenait à une certaine distance d'Ethan, effrayée à l'idée de cette proximité nouvelle qu'elle trouvait bien trop intime, mais surtout bien trop agréable pour être normale.
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MessageSujet: Re: Une île dans un océan de souvenirs [Elisabeth Allen] Une île dans un océan de souvenirs [Elisabeth Allen] EmptyDim 18 Avr 2010 - 21:55

Qu’elle le remercie était prévisible. N’importe quelle personne aurait eu la même réaction que la demoiselle. Après tout montrer sa gratitude, que ce soit par un « Merci » ou un geste montrant sa reconnaissance, était une chose normale non ? Enfin aux yeux d’Ethan cela l’était. Mais… Qu’elle le cherche exprès pour ça lui semblait un peu surprenant. Pour lui, une personne normalement constituée aurait attendu de le revoir –ou même lui aurait dit dans la seconde où il avait eu cette attitude- pour le remercier. M’enfin il trouvait cela marrant. Qu’une fille lui coure après juste pour décrocher un simple « Merci » l’amusait. Il la trouvait un peu cinglée à cause de cela mais aussi adorable. Adorable de l’avoir cherché uniquement pour le remercier alors qu’elle aurait très bien pu faire ça une autre fois, un autre jour.

A cette pensée, il sentit que ses joues prenaient une légère teinte rouge. Le voilà maintenant à être mal à l’aise à cause de ce qu’il pensait, non mais ça n’allait plus là ! Il fallait qu’il se ressaisisse. Son esprit n’allait pas être déjà mis sans dessus-dessous à cause d’une jeune fille qu’il venait de rencontrer, qu’il connaissait à peine ! Il secoua doucement la tête histoire de remettre son cerveau en place et reprit ses esprits.


« C’est normal. Je suis trop gentil avec les autres et comme je t’ai prise comme modèle et que tu étais chagrinée, j’ai préféré t’offrir mon dessin. »

Son dessin… Le petit prince se souvint de ce qu’il avait gribouillé, de ce qu’il avait écrit. D’ailleurs, Elisabeth n’avait rien dit à propos du message qu’il avait laissé. Elle savait ce que ça voulait dire ou n’en avait aucune idée ? Ethan allait lui poser la question lorsqu’il vit la demoiselle grimper sur le muret. Muret servant de rebord au toit, muret essayant de retenir les internes. Muret sur lequel était la jeune fille. Un seul faux pas et elle pouvait chuter, s’écraser au sol en éparpillant ses entrailles de ci, de là. Le risque était là : A tout moment son corps pouvait tomber et s’éclater par terre, se tuant et pouvant faire basculer la vie de quelques personnes. Pourtant elle n’avait pas l’aide de s’en soucier, loin de là. Le garçon avait l’impression qu’elle prenait un malin plaisir à faire cela, qu’elle aimait le vide, peut-être même qu’elle aimait jouer avec la mort.

La question de la demoiselle laissa Ethan perplexe. Fuir ses responsabilités ? Fuir ce qui peut lui faire du mal ? Oui. C’est ce que le garçon voulait : Partir loin de ses problèmes. Si seulement il y avait un moyen de laisser le mal derrière lui, de se faire pardonner aux yeux de tous –mais surtout du Seigneur, il le ferait. S’il y avait un moyen de ne plus penser à Léna, de ne plus penser à ce « M » omniprésent, de ne plus à avoir de problème de conscience, il l’accepterait. N’importe quoi pour que son passé ne lui remonte pas à la gorge, n’importe quoi pour un peu de tranquillité.


« Oui. Depuis que je suis tout petit. Je n’ai jamais voulu être une poupée et pourtant c’est ce que je suis devenu. Je veux partir loin de mes soucis pour qu’ils arrêtent de me hanter et pourtant cela reste une chose impossible. Je veux ne plus souffrir pour tout ce que j’ai pu dire ou faire et pourtant ça reste ancré au fond de moi. »

Il était comme prisonnier. Le garçon ne pouvait pas laisser tout ses actes derrière lui car jamais il ne pourrait les oublier, jamais ils ne disparaîtront. Ses souvenirs les plus sombres le rattraperont toujours, quoi qu’il dise, quoi qu’il fasse. C’était une fatalité : Il ne pouvait pas effacer tout cela de sa mémoire comme ça, sur un coup de tête.

Quand le petit prince vit Elisabeth avancer et reculer le long du muret, il eu une soudaine frayeur. Il voyait déjà son corps en bouillie sur le sol, les organes éparpillés, les cris se faire entendre. A cette pensée, il prit le poignet de la demoiselle pour l’attirer vers lui. Elle descendit du muret par obligation pour se retrouver dans les bras d’Ethan qui se retrouva par terre à cause de son action. Il ne voulait pas la voir écrasée par terre, il s’en sentirait responsable sinon. Il ne tenait pas à voir un corps éclaté sur le sol, il ne voulait pas qu’un autre cauchemar le hante.

C’est dans la situation présente que le garçon se mit à rougir. Certes Elisabeth s’était retrouvée dans ses bras quelques minutes auparavant mais la façon dont ils se touchaient rendait Ethan nerveux. Allez savoir pourquoi ! Calmement, il se décontracta. Il n’était plus tendu au point de se mettre à rire.


« AH AH AH ! Décidément tu lui ressembles mais pas tant que ça. Ca me rassure ! »

Oui, il était plus soulagé. Le fait que la jeune fille ait grimpé sur le rebord du toit rassurait Ethan : Elle ne ressemblait pas tant que ça à Léna. Question personnalité il entend. Mais même si leur voix étaient similaires, même si leurs yeux étaient identiques, leur personnalité semblait vraiment différente. Il fallait dire que si Elisabeth ressemblait à l’autre jeune fille, le petit prince aurait eu vraiment peur. Trouver qu’une personne qu’on apprécie ressemble à une qui nous méprise reste flippant, non ?

Ils étaient là, elle le dos contre son torse, lui ses bras autour de sa taille et son menton posé sur l’épaule d’Elisabeth. Le garçon resta muet quelques instants avant de décrocher un « C’est dangereux, tu joues avec la mort ou quoi ? » d’un ton calme. Il n’avait pas réalisé que leur corps étaient vraiment proches et que la situation dans laquelle ils étaient pouvait être ambiguë. Non, il s’en était rendu compte quand la demoiselle tourna la tête pour le regarder, une fois sa phrase prononcée. Leur visage étaient si proches que cela en devenait troublant. A cette distance, un simple geste de la tête et il pouvait l’embrasser. Il pouvait faire basculer la « relation » qu’ils avaient en goutant ses lèvres, en profitant de la mince distance qui séparait leur visage. Le petit prince aurait pu, oui.

En pensant à cela, ce dernier retira brusquement ses mains de la taille de la demoiselle et recula brusquement (Tout en restant assis, ce qui pouvait donner une situation un peu comique) de façon à se retrouver de l’autre côté du toit, adossé à ce qui servait de « barrière », une main essayant de cacher son visage qui était de nouveau rouge à cause des pensées qu’il venait d’avoir.

Qu’est-ce qui lui arrivait ? Comment cette idée avait pu lui traverser la tête ? Il était en manque ou… ? Il fallait dire que cela faisait quelques temps qu’il n’avait pas eu de contact physique avec quelqu’un, et quand je dis « physique » je sous-entends un rapport sexuel. Il faut dire que la dernière fille qu’Ethan avait touchée –mis à part Elisabeth- était Léna. Quand il se vendait, c’était toujours des hommes qui l’achetaient et il n’avait jamais de plaisir, ou presque. De temps à autres des hommes séduisant lui faisaient envie mais ce n’était pas si fréquent que ça. Ce qui fait donc que le petit prince avait vraiment pris son pied il y a environ un mois. Et puis il fallait avouer que se faire du bien tout seul n'était pas le genre d'Ethan : Il n'aimait pas cela. Il trouvait cette pratique ridicule. Après tout, si c'est pour avoir du plaisir autant en avoir avec quelqu'un au lieu d'en avoir tout seul… Peut-être pouvait-il considérer cela comme du manque. Oui, il allait avoir cela comme excuse.

Ethan se calma pendant quelques instants puis se leva pour retourner auprès de la jeune fille. Une fois en face d’elle, il s’assit une nouvelle fois par terre et lui sourit, comme si de rien n’était. Il n’avait pas totalement chassé ses mauvaises pensées mais elles avaient presque disparues.

Disparues derrière son dessin. Son œuvre était revenue dans la tête du garçon. Il n’avait pas eu l’occasion de poser sa question à la demoiselle et il allait profiter de ce court moment de calme pour lui demander.


« Au fait ! Mon dessin te plaît ? S’il y a besoin je peux le retoucher. Et… tu as pu lire ce que j’avais noté ou non ? »

Le court moment de calme, en effet. Par « calme » voyez par là le soleil car qui aurait pu deviner qu’il allait pleuvoir ? En voyant les nuages c’était prévisible mais les deux jeunes gens n’y prêtaient aucune attention, trop concentrés sur leur discussion.
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MessageSujet: Re: Une île dans un océan de souvenirs [Elisabeth Allen] Une île dans un océan de souvenirs [Elisabeth Allen] EmptyLun 19 Avr 2010 - 23:18

Son poignet menotté fut tiré en arrière et Elisabeth poussa un petit cri de surprise en écarquillant les yeux. La seconde suivante, elle se retrouvait assise sur le sol, une douleur lancinante dans les fesses, et serrée contre le corps de celui qui l'avait fait descendre de force. Pendant une seconde, elle avait oublié qui se tenait juste derrière elle et faillit se retourner pour mettre une droite à son « agresseur », mais quand elle entendit le rire d'Ethan résonner, elle se calma... et se tendit à la fois. La position dans laquelle ils étaient tous les deux était plus qu'embarrassante et bien plus équivoque que toutes celles dans lesquelles ils s'étaient trouvé auparavant. Le buste du garçon était collé à son dos, alors que ses bras enserraient sa taille ; elle pouvait sentir son souffle près de son oreille et des frissons parcoururent la peau de sa nuque alors que son coeur rata un battement. Ouhalalalala... Ce n'était pas bon tout ça. Pas bon du tout. Respire, Elisabeth. Respire. Puis, il posa une question, d'un ton presque boudeur, qui reflétait l'inquiétude qu'il avait sans doute ressentie lorsqu'elle effectuait sa petite promenade surélevée.

La jeune femme se sentit presque honteuse de lui avoir fait peur et elle répondit un « Désolée... » incertain avant de tourner son visage vers celui d'Ethan. Elle se doutait déjà de la proximité qui les liait à présent, mais le regarder au fond de ses iris noirs, alors que ses yeux s'égaraient sur les lèvres fines du jeune homme ne faisait que renforcer leur contact, semblait faire disparaître les centimètres qui les séparaient encore. Une seconde passa, imperceptible, alors que la rougeur sur le visage du jeune homme se communiquait aux joues d'Elisabeth. Il paraissait tout aussi gêné qu'elle, voire plus, car l'embarras pouvait se lire croissant dans son regard ébène. Le temps d'un battement de cil et il n'était déjà plus là, reculant de manière plutôt... ridicule, il fallait l'avouer, son visage aussi rouge qu'une pivoine. Là, c'était trop. Elisabeth ne put retenir le rire qui s'empara de sa gorge et le laissa éclater. Il fut court, mais sincère et monta en puissance au moment où elle vit le regard incrédule qu'il lui lança. Pourtant, aussi vite qu'il était arrivé, son rire disparut, comme si l'habitude de l'utiliser s'était usée durant tout ce temps où elle ne l'avait pas laissé s'exprimer. Et puis, la gêne qu'elle avait ressentie devait également être responsable de la courte durée de son éclat de joie.

Le temps qu'Ethan se relève, lui aussi calmé, et la rejoigne, elle réfléchit quelques instants à ce qui venait de se passer : jamais elle n'aurait pensé que sous ces vêtements plutôt sombres puisse se dissimuler un corps d'homme adulte, en accord avec les mains qu'elle avait déjà remarquées. Les bras du jeune homme qui l'avaient serrée contre lui s'étaient révélés bien plus musclés qu'ils ne le laissaient paraître, alors que contre son dos, elle avait pu sentir des pectoraux et des abdominaux sans doute joliment dessinés. C'était bizarre... Celui à qui elle avait assimilé son frère se révélait de plus en plus différent. Non que son cadet ait souffert d'embonpoint, mais il lui avait toujours paru être un éternel adolescent, jamais un véritable homme. Le Ethan actuel venait de lui prouver le contraire et elle devait avouer que c'était plutôt perturbant.

Ce dernier vint s'asseoir en face d'elle et son sourire finit par lui faire penser à autre chose. Ils avaient tous les deux une attitude étrange, comme s'ils désiraient passer outre de tout ce qui venait de se passer, camouflant leur honte derrière leur sourire et leurs yeux toujours rieurs. D'ailleurs, Ethan réorientait une nouvelle fois la conversation ; son dessin ? Jamais elle n'avait eu à répondre à une question aussi facile.

« Il est vraiment magnifique. Tu ne peux pas imaginer à quel point il m'a fait plaisir. Et puis, ne le retouche pas ; as-tu déjà vu un peintre modifier son oeuvre après l'avoir signée ? »

Nouveau sourire complice. Durant moins d'une seconde.

« Et oui, j'ai pu lire. Maintenant, je n'ai pas réussi à le traduire. C'est du russe ? Du polonais ? Je ne savais pas que tu parlais une langue slave. C'est impressionnant. »

Pas de trace de moquerie dans son compliment, seule de l'admiration véritable, sans doute teintée d'une faible jalousie ou envie. Elisabeth aurait tant voulu savoir parler une autre langue. Elle planta ses yeux bleus dans ceux d'Ethan qui lui adressa un léger sourire avant de lui dire ce que signifiait la fameuse phrase : « Pour que ton sourire soit toujours présent. ». Cette phrase, aussi simple qu'elle puisse paraître était tout bonnement et simplement gentille. Vraiment gentille. Comme il l'avait souligné, le jeune homme avait vu qu'Elisabeth était triste et il avait tout fait pour réussir à la calmer ; cependant, ce dessin était sans doute un des plus jolis cadeaux qu'on lui ait jamais offerts. Il avait retranscrit son portrait en quelques lignes, mettant en évidence un des rares sourires qu'elle daignait adresser à ceux ou celles qui le méritaient. Et Ethan en faisait partie.

Soudainement, il sembla à Elisabeth que les mots n'étaient pas suffisants. Se laissant porter par son intuition et par leur étrange habitude de s'échanger des gestes affectueux, la jeune femme s'inclina vers l'avant et posa sa main sur une des joues d'Ethan. Elle murmura un nouveau remerciement et effleura de ses lèvres l'autre joue avant de s'éloigner à nouveau, un sourire traversant son visage. Puis, elle ajouta, considérant qu'il était temps pour un nouveau compliment :

« Tu es adorable. »

Et mignon en plus de cela. Tais-toi, Elisabeth. Tais-toi.

Elle ne vit pas les nuages qui s'amoncelaient de plus en plus autour et au-dessus d'eux, se perdant dans le noir des iris du garçon qui lui faisait face. Les paroles d'Ethan lui revinrent en mémoire : une poupée. Tout était ancré en lui. Ne plus souffrir. Partir. Elle ne lui ressemblait pas tant que ça.

La jeune femme ne savait pas à qui il faisait allusion, mais une impression étrange lui serra la gorge ; apparemment, elle lui rappelait également quelqu'un, tout comme Ethan lui rappelait son propre frère. Les coïncidences et les ressemblances étaient de plus en plus fortes, entraient de plus en plus en concordance, à tel point que ça en devenait troublant, même flippant... Mais indéniablement attirant. C'était également presque soulageant de savoir qu'une personne comme lui se trouvait dans cet endroit. Quelqu'un qui pouvait la comprendre et qu'elle pouvait comprendre. Et davantage de par les quelques mots qu'il avait employés. « Une poupée »...

Elle hésita un instant puis finit par poser ses doigts sur ceux d'Ethan, légèrement, lui donnant toujours l'occasion de se dégager si ce contact le gênait. Son regard demeura dans celui du garçon et elle poursuivit :

« Je n'ai pas envie de savoir ce qui s'est passé, mais sache que je ressens la même chose. Vis-à-vis de ce que tu as dit. Mais il faut que tu saches une chose... (Elle avait beau essayé, le prénom ne parvenait pas à franchir ses dents.) On n'est pas des pantins. On n'en est plus. Et on a le choix, maintenant. Vraiment. »

Elle pressa légèrement la main d'Ethan dans la sienne, comme pour appuyer ses paroles et termina :

« Je t'avoue que j'aimerais savoir à qui « je ressemble, mais pas tant que ça », mais comme je viens de te le dire, tu peux faire tes propres choix. Et je ne t'obligerai à rien. On est libres maintenant. Peut-être pas de faire exactement ce qu'on veut, mais au moins d'être qui on est. »

Ses lèvres dessinèrent un sourire alors que son regard s'apaisa. Elisabeth ne savait pas vraiment où tout ça la mènerait. Elle savait cependant qu'elle était bien trop à l'aise avec ce garçon, mais que ça ne la dérangeait pas. Elle avait déjà... Besoin de lui, besoin de sa présence. Parce qu'elle lui rappelait celle de son frère, mais sans pour autant la remplacer entièrement. Quelque chose de différent... Et de nouveau les liait ; elle mourrait d'envie de découvrir ce que c'était.
Ethan M. Hamkins
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MessageSujet: Re: Une île dans un océan de souvenirs [Elisabeth Allen] Une île dans un océan de souvenirs [Elisabeth Allen] EmptyMer 21 Avr 2010 - 22:07

C’est vrai qu’elle avait raison. Un artiste ne se devait pas de modifier son œuvre après la signature, alors pourquoi le garçon retoucherait-il son dessin ? De plus, il plaisait à Elisabeth alors autant le laisser tel qu’il était. Et puis il fallait avouer que cela aurait un peut embêter Ethan. Il le trouvait bien, parfait même, alors pourquoi le changer si la demoiselle ne le souhaitait pas ?

S’il parlait polonais ? Dieu que non. Russe ? Oui, bien sûr, cela va de soit. Lorsqu’elle lui demanda ce que voulait dire ce qu’il avait noté en bas de sa feuille, Ethan la regarda dans les yeux. Il ne savait pas vraiment sur quel ton le dire, car après tout au moment du dessin il la connaissait très peu –même maintenant, il fallait le dire. Donc comment faire ? Un ton calme, détaché montrant que c’était naturel ou un gêné, pour lui faire comprendre que cela le mettait mal à l’aise ?


« Pour que ton sourire soit toujours présent. »

Il l’avait dit sur un ton calme. Oui, il avait choisi cela. Ne pas montrer sa gêne, ne pas lui faire comprendre qu’il était embarrassé. Non, il ne fallait pas qu’elle sache. Ceci dit, sa gêne remonta à la surface lorsqu’Elisabeth effleura du bout des lèvres la joue du petit prince. Non pas que ce geste lui était étranger, mais… Le fait qu’elle le fasse comme ça, comme si c’était interdit, lui fit monter de nouveau le rouge aux joues. Mais il n’y avait pas que ça, non. Son compliment aussi.

Adorable ! Adorable ! Adorable ! Comment avait-elle pu dire ça ? Comment ? Comme si c’était naturel ! Des paroles qu’Elisabeth avait pu prononcées, celles là étaient les plus gênantes. La réaction d’Ethan ? De nouveau sa main sur son visage rouge. Il ne savait plus où se mettre. Il fallait dire qu’une jeune fille qu’il appréciait déjà –et qu’il ne trouvait pas laide, loin de là, venait de dire qu’il était adorable. Et puis le garçon n’avait jamais vraiment eu de « contact » ou de compliments de ce genre avec les autres jeunes filles. Comme quoi, la demoiselle qui se trouvait à ses côtés était un peu spéciale. Non pas qu’elle l’était dans son cœur mais à ses yeux elle était différente des autres, ce qui fait qu’elle était spéciale pour lui.

Une fois calmé, Elisabeth posa ses doigts sur ceux du jeune homme. Ceci ne le gênait pas, comparé à ce qu’elle venait de faire, et puis à force il avait finit par avoir l’habitude de ce contact physique entre eux. Au moment où les doigts de la demoiselle entrèrent en contact avec ceux d’Ethan, il prit la main de cette dernière dans la sienne. Comme si c’était un geste automatique, comme s’il voulait lui montrer qu’il voulait encore un peu de contact avec quelqu’un.

Elle ressentait la même chose ? Il n’était plus un pantin, il avait le choix ? Sûrement, mais pour Ethan, lui-même était une marionnette aux doigts du Seigneur. Tout le monde était sa marionnette à vrai dire. Oui, aux yeux du garçon, le Créateur décidait de tout, comme s’il jouait à la poupée avec les êtres humains, comme si c’était un divertissement.

Des yeux apaisés, un sourire se dessinait et une question était posée. A qui ressemblait Elisabeth ? Le jeune homme n’était pas obligé de lui répondre ? Autant jouer franc jeu, autant ne pas le lui cacher. Certes elle ne voulait pas qu’il soit au courant pour son mal de ce matin, certes il ne voulait pas qu’elle soit au courant pour son frère mais pourquoi continuer à mentir ? Pourquoi lui dire de laisser tomber ? Autant être sincère, et puis ce n’était pas cela qui allait lui faire du mal, la fâcher, la faire partir.


« Tu ressembles à une fille que j’ai connue. Tes yeux sont les mêmes, ta voix a le même timbre mais là sont vos seuls points communs. Personnalité, vous être totalement différente. Tu m’as l’air de cacher un lourd secret, de ne pas être très bavarde et d’aimer le risque, vu ce que tu as fait un peu plus tôt. Elle, Léna, c’était un vrai moulin à paroles, elle me racontait sa vie dans les moindres détails, elle avait peur de tout. Tu imagines ? Rien qu’une simple coccinelle pouvait l’effrayer. Mais elle avait du cran… Au po… Du cran, elle avait du cran. »

Non, Ethan n’allait pas encore lui en parler. Il ne lui dirait rien, ou du moins pour l’instant. Ce n’était pas une chose qu’il voulait aborder. Plus tard peut-être, lorsqu’il s’en sentira d’humeur, lorsque la pluie viendra pointer le bout de son nez. Quelques jours peut-être ?

C’était ce qu’il pensait. Il croyait qu’il allait pleuvoir dans deux, trois, quatre jours ? Non, dans quelques minutes. Le petit prince n’en savait rien, il ne se souciait plus du temps maintenant qu’Elisabeth était avec lui, il ne faisait pas attention aux nuages. Non, les deux jeunes gens n’avaient pas fait attention au changement de la météo, ils n’avaient pas fait attention au fait que le soleil avait maintenant disparut et que le vent soufflait un peu plus fort. Pas un vent à en faire décorner les cocus, non. Mais une brise assez forte pour faire voler un peu les vêtements. Une brise assez forte pour faire que les jupes des jeunes filles se soulèvent, comme ce que l’on peut voir dans les livres ou les dessins animés.

Puis, il se souvint. Il se souvint de la remarque d’Elisabeth à propos de son mot. Il voulait faire un commentaire dessus et répondre à sa question, à savoir quelle langue c’était.


« Au fait, pour la note sous mon dessin… C’est du russe. Et pour tout t’avouer, je sais parler cette langue car j’y suis né, j’y ai grandit, j’ai été élevé là-bas, j’y ai vécu un peu plus de la moitié de ma vie à ce jour. Et il faut dire que ce n’était pas de tout repos. »

A cette phrase, quelques gouttes commençaient à tomber. Ethan n’y prêtait pas vraiment attention, il était trop occupé à plonger ses yeux d’ébène dans les iris bleus de la jeune fille. Il n’avait pas prévu cela, non. La pluie n’était pas au rendez-vous, mais peut-être allait-elle être l’élément déclencheur de mots, de gestes qui n’auraient peut-être jamais du venir. Qui avait prévu que la pluie serait de la partie, et que tout ce qui suivrait cet instant aurait eu lieu ? A part le Tout-Puissant lui-même, personne. Non, personne…
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MessageSujet: Re: Une île dans un océan de souvenirs [Elisabeth Allen] Une île dans un océan de souvenirs [Elisabeth Allen] EmptyJeu 22 Avr 2010 - 0:45

La pluie sur le sommet de son crâne était étonnamment tiède. Elle glissait sur ses cheveux, coulait dans sa nuque et dans son dos, collant ses vêtements à présent lourds d'humidité contre sa peau pâle. Elisabeth appréciait la pluie et rester sous ces nuages lourds ne la dérangeait pas et encore moins parce qu'elle n'était pas seule. Certes, les gouttes dégageaient une étonnante chaleur, mais n'étaient pas aussi chaudes que l'était la main d'Ethan qu'elle serrait dans la sienne. Ce geste fut un de ceux qui toucha le plus la jeune femme ; le garçon avait déjà fait tellement plus, mais juste sentir sa paume contre la sienne en gardant son regard visser dans le sien, c'était suffisant.

Elle lui était reconnaissante de lui avoir révélé son passé et bien qu'elle savait que l'histoire ne s'arrêtait sûrement pas là – l'hésitation d'Ethan n'avait fait que confirmer son impression – elle ne désirait pas en savoir davantage pour le moment. Elle était juste bien, là, avec lui, la pluie tombant sur eux de plus en plus fortement, sans pour autant que la sensation des gouttes s'écrasant sur leur peau soit désagréable. Elle songea un instant au pauvre walkman du garçon et espéra qu'il résistait à l'eau – parce que là, il aurait plutôt été servi niveau humidité ! La jeune femme considéra qu'elle devait également la vérité au garçon et ouvrit la bouche pour le remercier et lui révéler également quelques bribes vagues, mais véridiques de son passé quand son regard se perdit le temps d'une seconde sur le buste d'Ethan.

La pluie avait effectivement alourdi leurs vêtements et ceux du garçon se retrouvaient plaqués contre son corps, et surtout son T-shirt noir qui semblait prendre un soin tout particulier à détailler la morphologie de son buste. Elle se surprit à considérer que la vue aurait été plus agréable sans la moindre couche de tissu et détourna rapidement les yeux, espérant qu'il ne verrait pas la rougeur qui lui montait aux joues et qui reflua bien vite quand elle braqua à nouveau ses iris bleus dans ceux de jais du garçon. Vite. Parler. Parler sans bredouiller, sans hésitation. Elle inspira un grand coup et serra un peu plus fort la main d'Ethan dans la sienne lorsqu'elle commença :

« Pour être franche, toi aussi tu me rappelles quelqu'un... »

Elle essayait. Je vous jure qu'elle essayait. Mais elle n'y parvenait pas. Elle avait déjà dit le prénom du garçon, à la fin de leur première rencontre, mais maintenant, elle n'y arrivait plus. Un étrange blocage l'empêchait de prononcer le mot « Ethan », mot qu'elle avait pourtant eu l'habitude de dire, redire et reredire avant... Avant.

« Mon frère. Je trouve aussi que tu lui ressembles, mais vous êtes égalements très différents. Vous avez quelques caractéristiques physiques en commun et aussi au niveau du caractère, mais vous êtes différents. Ce n'est pas la même chose lorsque je suis avec toi. Encore heureux ! Mais... ça m'a vraiment troublée la première fois. »

Puis, sentant sa gorge se serrer, mais les yeux asséchés de larmes, elle poursuivit :

« Ne t'en fais pas ! Tu n'es pas un substitut ou quoi que ce soit de ce genre ! (Elle serra encore plus fort la main dans la sienne pour lui montrer à quel point c'était vrai.) Au contraire. Comme je te l'ai dit, c'est... C'est différent. »

Elle ne parvenait pas à s'expliquer ou à trouver les mots. Elle n'avait pas envie de lui dire qu'elle était déjà bien trop habituée à sa présence, mais paradoxalement pas à son prénom qu'elle connaissait pourtant depuis des années. Ce nom avait pris un aspect douloureux qu'elle n'aurait jamais souhaité connaître et Elisabeth espérait qu'il disparaitraît au fur et à mesure de leurs nouvelles discussions, de leurs nouveaux échanges. Son visage se releva vers le ciel gris, l'offrant à la pluie qui s'y déversa. Le liquide faisait du bien à ses paupières brûlantes et maintenant closes. Elle ne relachait pas la main d'Ethan.

« C'est étrange. Cette impression de te connaître depuis longtemps. J'aime cette impression et en même temps... Elle me fait peur. »

Elle soupira une nouvelle fois, cherchant ses mots pour ne pas le blesser.

« Je veux dire... On se ressemble tellement. Du moins, j'en ai l'impression. C'est complètement dingue. Et puis... (Elle leva leurs mains jointes avant de les reposer sur le sol humide.) Ca ! Ca et tout le reste. On se comporte comme si on était proches, qu'on était ensemble depuis toujours. »

Sa tête s'inclina vers l'avant, ses joues encadrées par le rideau de ses cheveux sombres. Elle divaguait totalement. Elle ne voulait pas qu'il s'en aille ou qu'il prenne peur à cause de ses mots. Autant aller jusqu'au bout.

« Est-ce que... C'est anormal que j'aime être avec toi alors qu'on se connait à peine ? Que j'ai l'impression de te redécouvrir alors que ça ne me semble pas nécessaire et en même temps indispensable ? »

I don't want to let go your hand...

« Je sais pas pourquoi. J'ai l'impression d'avoir déjà tellement besoin de toi... »

I'm becoming crazy... Right ?
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MessageSujet: Re: Une île dans un océan de souvenirs [Elisabeth Allen] Une île dans un océan de souvenirs [Elisabeth Allen] EmptyVen 23 Avr 2010 - 1:24

La pluie continuait à tomber et les deux jeunes gens discutaient toujours. Comme si la pluie n’était pas là, comme si le soleil était toujours présent. Sauf que ce n’était pas le cas, non. Ethan appréciait sentir ces gouttes tomber sur son corps –il fallait dire qu’il aimait la pluie, au point de prendre le risque d’avoir une pneumonie. Même s’il aimait ce temps, le plus désagréable était les vêtements qui se gorgeaient d’eau et qui devenaient lourds. Non pas que le garçon détestait avoir ses habits qui lui collaient au corps –même s’il n’aimait pas particulièrement devoir les enlever quand ils étaient trempés, ni savoir que l’eau rendaient lisse ses cheveux, cheveux qu’il mettait du temps à coiffer correctement et qui maintenant dégoulinaient d’eau, mais devoir supporter le poids de vêtements remplis d’eau comme une éponge était une épreuve. Mais le dicton ne dit-il pas « Quand on aime on ne compte pas » ? Il pouvait être employé dans le cas d’Ethan, oui. Il aimait l’eau, il adorait rester des heures sous la pluie même s’il devait supporter l’idée d’avoir une éponge en guise d’habit. Oui, le dicton s’appliquait donc ici.

Ethan écoutait donc les paroles de la demoiselle. Il les écoutait attentivement, retenant chacun de ses mots. Tout, il allait tout commenter, dire tout ce qu’il pensait à propos d’Elisabeth et de ses phrases, dire ce qu’il avait en tête. Continuer la discussion. Il ne voulait pas être interrompu, il ne voulait pas devoir tout dire en une seule fois ni en plusieurs. Tout raconter d’une traite serait peut-être incompréhensible pour la jeune fille, et pourtant il ne voulait pas qu’elle l’interrompe. On allait bien voir de toute manière !


« J’espère pour toi que ce n’est pas aussi douloureux que moi. Que le fait que je te fasse penser à ton frère ne te fait pas souffrir, que ce n’était pas la raison de tes larmes de ce matin. Je n’en ai pas envie, loin de là. »

Oui, il ne voulait pas. Il ne voulait vraiment pas être responsable des larmes d’Elisabeth. C’était l’une des dernières choses qu’il voulait. Peut-être que si c’était vraiment le cas, Elisabeth ne voudrait plus le revoir pour ne plus souffrir, Ethan ne s’approcherait plus d’elle pour ne pas la voir pleurer de nouveau. Il aimait vraiment être à ses côtés, sa compagnie l’apaisait. Sa compagnie ? Mais oui, bien sûr !

« J’aime ta compagnie. Je suis comme toi, j’aime être avec l’autre. Enfin, je ne sais pas si ce que je dis est rassurant. Peut-être que nous sommes dingues tous les deux. Après tout on se comporte comme si on était proche alors qu’on se connaît à peine. Tu l’as dit, non ? »

Bien sûr à cette question le garçon n’attendait aucune réponse. Les deux jeunes gens la connaissaient étant donné que la demoiselle l’avait dit précédemment. C’était comme si Ethan l’avait posé comme ça, pour animer la discussion ou plutôt par automatisme. Il soutenait les dires de la demoiselle, il appuyait bien sur l’étrangeté de leur relation. Et puis il y avait ce besoin qu’elle avait à propos de lui, ce besoin omniprésent, ce besoin réciproque.

« Tu n’es pas la seule à penser que l’autre est indispensable. Comme tu le dis, tu as besoin de moi et c’est également le cas pour ma part. Si tu n’étais pas là j’aurai certainement craqué, si tu n’étais pas venue me réveiller, je crois que je serai resté dans mes souvenirs. Et puis t’avoir à mon réveil était une bonne chose. »

Une bonne chose ? On pouvait dire ça. Il était vrai que le jeune homme était perdu dans son passé, dans son rêve qui se transformait en cauchemar à chaque fois qu’il y pensait, et que si Elisabeth ne serait pas venue sur le toit en le réveillant, il aurait sûrement pleuré. Pleurer pour la première fois depuis longtemps, cherchant le repos de son âme, l’apaisement de son esprit à propos de cette présence inexistante et pourtant bien là de son frère, à propos de sa relation avec Léna.

En y repensant, Ethan se sentait triste. Mais à cet instant, une chose lui vint à l’esprit : Comment quelqu’un qui a existé pendant neuf mois pouvait-il lui manquer ? C’est vrai qu’ils avaient passé autant de temps dans le ventre de leur mère, qu’ils avaient grandit dans le même œuf mais le garçon n’avait pas connu ce jumeau, ce reflet… A cette pensée, une goutte salée glissa sur sa joue. Heureusement l’averse était bien présente, mélangeant les larmes à la pluie qui tombait sur le visage du garçon. C’était comme prévu : Ca se confondait, on ne pouvait pas les distinguer. Peut-être plus tard, si Ethan se mettait à pleurer comme un enfant. Dans ce cas là ses yeux deviendraient rouges et l’on pourra vraiment voir que sa tristesse ressort, qu’il n’y a pas que des gouttes tombant du ciel qui roulaient sur ses joues. Mais ceci est une autre histoire.

Le jeune homme se secoua la tête, comme pour essayer de chasser ses mauvaises pensées. Il n’essuya pas pour autant la larme qui s’était incrustée : Elle était solitaire, ses pairs n’étaient pas venues. Non, pas encore. Mais passons à autre chose. Quelque chose de moins triste.

Il avait parlé, ne se laissant presque pas de répit. Il faut dire qu’il n’avait pas non plus laissé à la demoiselle l’occasion de placer une phrase, à part un simple « Merci ». Un peu comme s’il voulait absolument dire tout ce qu’il avait en tête, avant que ses idées ne s’évaporent. Non pas qu’Ethan craignait un changement de sujet ni qu’il allait les oublier mais plutôt par déconcentration.

Déconcentration, oui ! Ses vêtements lui collaient à la peau, alors ceux de la jeune fille en face de lui en faisaient autant ! Sa chemise blanche épousait ses formes et se faisait de plus en plus transparente, ce qui fait que la poitrine de son interlocutrice était visible, et Dieu quelle vue ! Non Ethan n’était pas un obsédé. C’était juste un jeune homme de 17 ans, en bonne santé, qui n’avait pas pris réellement son pied depuis un mois, que le plaisir solitaire ne tentait pas et que cela faisait un moment qu’il avait eu l’occasion de toucher à une femme, ou plutôt d’admirer les courbes d’une silhouette féminine. Tout adolescent « normal » aurait du en voir dans certains films, sites, ou magasines de charme mais ce n’était pas le cas d’Ethan. Bah oui, s’il n’aimait pas se faire du bien lui-même, il n’avait vraiment pas besoin de voir un corps de femme nue.

Donc à cette vue, le garçon se troubla. Il rougissait à cause de cela. Malheureusement, il ne pouvait pas vraiment donner sa chemise à Elisabeth étant donné qu’elle était blanche aussi. Son t-shirt à la rigueur mais le noir épouserait également ses formes. Deux solutions se présentaient devant ses yeux : Il devait la supporter, que ce soit à l’extérieur ou non, ou il devait quitter la demoiselle pour que chacun se change et pour qu’ils se retrouvent plus tard, au sec. Ca allait être la première solution ! Ethan ne voulait pas laisser filer son interlocutrice, même si pour cela il devait supporter la vision qu’il avait d’elle.

Donc nous disions ! Le jeune homme rougissait. Il essayait, vraiment je vous jure qu’il essayait, de regarder Elisabeth dans les yeux, de soutenir son regard captivant mais il ne pouvait pas. A chaque fois les iris du garçon descendait vers la poitrine de la demoiselle. Non pas que ceci l’excitait mais ça ne le laissait pas non plus indifférent. C’est donc ainsi que ses yeux basculaient de haut en bas. Non pas parce qu’il avait peur qu’elle remarque qu’il la reluquait, mais plutôt pour soutenir son regard, pour ne pas vouloir l’enlacer, l’embrasser et espérer profiter un peu d’elle.

Elle… Elle lui faisait vraiment penser à Léna, et en essayant de calmer sa gêne, sa vue se déformait. Non pas qu’Ethan avait de la fièvre ou autre chose d’autre, non ! Mais à penser, à parle de Léna et avoir la demoiselle en face de lui, qui lui ressemblait… Il avait l’impression de la voir. Voir cette fille avait qu’il était sorti à la place d’Elisabeth.

C’est donc ainsi qu’il tendit la main vers elle, qu’il se rapprocha un peu plus. Posant sa main sur la joue de la jeune fille, le garçon approcha petit à petit son visage du sien. Ils étaient vraiment proches, l’un pouvait sentir le souffle de l’autre jusqu’à… Jusqu’à ce qu’Ethan frôle les lèvres de la demoiselle avant de reprendre ses esprits. Allez savoir ce qui lui était passé par la tête, allez savoir ce qui l’en avait empêché. Il se recula donc brutalement, retira sa main du visage d’Elisabeth.


« Pardon ! Je ne voulais pas ! Je ne sais pas ce qu’il m’a pris ! »

Il disait ça d’un air affolé, comme s’il craignait qu’elle le frappe, comme s’il avait peur qu’elle s’en aille. Il fallait dire qu’ils avaient eux des gestes d’affection l’un envers l’autre mais pas à ce point. Si Ethan n’avait pas retrouvé ses esprits, peut-être aurait-il fini par goûter aux lèvres de la jeune fille, voire plus…

C’est vrai qu’à cet instant il aurait vraiment pu l’embrasser, mais c’était comme si au dernier moment ses bonnes manières lui étaient revenues, comme s’il avait remarqué que c’était Elisabeth qui se tenait en face de lui. Non pas que ce contact avec cette dernière lui aurait déplu…

C’est donc ainsi qu’Ethan se trouvait à quelques mètres de la demoiselle, gêné par sa bêtise de vraiment confondre ces deux jeunes filles, gêné d’avoir oublié ses mauvaises manières et peut-être d’avoir déclenché l’irréparable…
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MessageSujet: Re: Une île dans un océan de souvenirs [Elisabeth Allen] Une île dans un océan de souvenirs [Elisabeth Allen] EmptyVen 23 Avr 2010 - 13:27

Elle écouta chacune de ses paroles, les respectant par le silence. Elisabeth ne disait peut-être rien, mais n'en pensait pas moins. Elle songea d'abord à ses larmes du matin ; elle n'avait pas envie de mentir à Ethan, mais il en était sans doute en partie responsable, alors que ce n'était pas sa faute. Elle se doutait qu'il n'avait pas envie de lui faire du mal, mais son prénom arrivait à remuer ses entrailles d'une manière beaucoup trop forte et à lui laisser un goût amer au fond de la gorge. Il n'y pouvait rien. La jeune femme ferait en sorte de passer au-dessus de tout ça.

Il aimait être avec elle ? Il avait... besoin d'elle ? Elle ne s'attendait pas à ce que ce sentiment soit réciproque et même si son coeur se détendait à cette idée, persistait une appréhension douloureuse : il avait besoin d'elle, d'accord. Tout comme elle avait besoin de lui. Mais était-ce vraiment l'un de l'autre dont ils avaient besoin ou de cette image, de ces souvenirs qu'ils revisitaient lorsqu'ils étaient en la présence de l'autre ? C'était presque effrayant de se poser cette question. Elisabeth le pensait réellement lorsqu'elle disait qu'Ethan n'était pas un substitut de son frère, mais elle ne pouvait s'empêcher de comparer certains des gestes ou des paroles du présent jeune homme à la personnalité de son cadet. Sans doute Ethan en faisait de même avec elle, quand il songeait à Léna, cette jeune femme à qui elle ressemblait sur certains points. D'ailleurs, la façon dont il avait parlé d'elle, connaissant les petits détails, pourtant si importants, concernant la dite jeune fille, témoignait de la relation qu'ils avaient sans doute eu l'un avec l'autre. Une certaine tendresse mais aussi des regrets transparaissaient dans la voix du jeune homme lorsqu'il parlait de Léna et Elisabeth avait peur qu'il ne voit plus que la jeune femme de son passé en elle. Mais ce ne serait pas le cas, n'est-ce pas ?

Ne sachant trop comment lui répondre, elle bredouilla un « Merci. », contente à l'idée d'avoir pu l'aider au moment où il en avait besoin, tout comme il l'avait fait à son égard. Elle passa une main sur son front, la déplaçant vers l'arrière pour enlever les cheveux qui lui brouillaient la vue et dirigea à nouveau ses yeux bleus vers ceux d'Ethan. Elle ne les trouva pas. Les iris et les pupilles du garçon étaient braqués dans une direction improbable, légèrement vers le bas comme s'il avait honte de quelque chose, mais pas suffisamment pour confirmer cette impression. Le sourcil droit de la jeune femme s'arqua au-dessus de son oeil et le jeune homme releva le visage vers le sien avant de le descendre à nouveau. Ce petit manège était étrange. Il essayait de lui faire comprendre quelque chose ou... ?

La pluie. Tiède. Humide. Mais pas aussi chaude que le regard qu'il adressait en réalité à... sa poitrine. Pendant quelques secondes, elle ne réalisa pas immédiatement ce qui était en train de se passer, alors que c'était pourtant clair : le regard du jeune homme, pourtant gêné, ne parvenait à se détacher que par à-coups du soutien-gorge violet qui apparaissait maintenant sous sa chemise claire. Les plis du tissu ne parvenaient pas à camoufler sa peau qui était de plus en plus visible au fur et à mesure que le vêtement lui collait à la peau. Et puis, brusquement, une rougeur irrépressible lui monta jusqu'aux oreilles, tellement brûlante qu'elle semblait évaporer l'eau qui s'y trouvait. Si seulement ça avait pu être le cas... Elle n'aurait pas eu à supporter ce regard incertain et figé qui essayait de cacher une drôle d'envie qu'Elisabeth trouva presque déplacée.

Si son frère l'avait regardée de cette manière, elle en aurait ri, lui aurait sans doute donné une petite claque sur la tête en lui disant : « Eh oh ! Tu rêves ? ». Mais ce n'était pas Ethan qui se trouvait devant elle. Du moins, pas son Ethan. Et c'est sans doute pour cela qu'elle n'arrivait pas à réprimer la châleur dans ses joues et aux endroits où le regard du jeune homme se promenait. Elle était à ce point gênée qu'elle n'osait pas placer ses bras en barrage de sa pudeur. Après tout, même si Ethan était un homme, il était quelqu'un de gentil et elle ne désirait pas le mettre devant le fait de sa petite exploration visuelle – plutôt inquisitrice, d'ailleurs. Il aurait été encore plus gêné qu'il ne l'était alors et, conciliante, elle préféra faire comme si de rien n'était, même si on pouvait deviner à son visage couleur coquelicot que ce n'était pas vraiment le cas.

Au moment où elle songea à dire quelque chose, il leva à nouveau ses yeux vers les siens et les y vissa pour ne plus en bouger. Un changement soudain se produisit dans ses iris sombres et Elisabeth ne parvint pas à distinguer précisément ce qui s'y passait, la pluie tombant un peu plus fort qu'auparavant. Elle ne put lire son regard sombre que lorsque Ethan se rapprocha. « Se rapprocha » ? Oui « se rapprocha ». Tout en posant une main sur sa joue. Elisabeth ne sourcilla pas ; ce geste, il l'avait déjà eu envers elle et même plusieurs fois. D'accord, la paume la brûlait sans doute un peu plus que d'ordinaire – mais quand un homme vient de regarder vos seins de cette manière, difficile de rester de marbre, non ? – et il se rapprochait d'une manière sans doute un peu trop directe, mais la jeune femme ne bougea toujours pas, trop concentrée pour essayer de comprendre ce qui se passait dans l'esprit d'Ethan. Et puis, il n'allait que poser son front sur le sien. Non ?

Une grande tendresse brillait dans ses yeux, mais aussi de la tristesse. Cette étincelle, Elisabeth ne l'avait vu briller que lorsqu'ils avaient parlé de Léna. Toujours ces mêmes regrets, ces mêmes remords. La jeune femme sentit son coeur se tordre alors que le garçon s'approchait toujours, ses pupilles comme voilées, sa bouche légèrement entrouverte ; est-ce que c'était vraiment elle qu'il regardait de cette manière ? Pourquoi posait-elle cette question alors qu'elle en connaissait déjà la réponse ? Pourquoi était-ce douloureux d'y penser ?

Une décharge électrique traversa ses lèvres au moment où celles d'Ethan les effleurèrent. Elle se recula presque aussi brusquement que lui, au moment où les yeux du garçon s'écarquillèrent. Il était revenu à la surface, comme ça avait été le cas quelques minutes auparavant. Sauf que c'était d'un rêve qu'elle venait de le tirer. A peine une seconde plus tard, la distance entre eux s'agrandit aussi durement que l'avait été leur proximité éphémère. Il bredouilla des excuses alors qu'Elisabeth le fixait intensément, essayant de juguler la douleur qui s'insinuait doucement en elle. Ca avait été le geste de trop. Le geste trop intime, trop personnel. Trop faux.

Elle savait qu'il ne lui était pas réellement destiné et aurait du passer l'éponge ; après tout, il y avait eu tant de complicité entre eux, tant de choses en à peine quelques heures, quelques minutes que, tout comme elle, Ethan ne devait plus trop savoir où il en était. Mais... Ca lui faisait mal. Parce qu'elle n'existait pas réellement à ses yeux, au fond.

« Tu la vois toujours, hein ? »

Sa voix était dure, cassante. Elle ne la reconnaissait pas. Un rictus se dessina sur son visage alors que son coeur battait trop fort contre ses côtes.

« Léna... C'est elle que tu voyais à l'instant, n'est-ce pas ? »

Elle était juste... un miroir ? Un souvenir ? Pourquoi c'était aussi douloureux ? Pourquoi elle sentait des larmes lui monter aux yeux alors que son sourire s'élargissait, forcé, comme une grimace ? Elle se releva, son pantalon pesant lourd sur ses jambes, mais pas aussi lourd que le poids sur son coeur. Un petit rire s'échappa de sa bouche, se termina en suffoquement.

« C'est pas grave. Je comprends. Tu as besoin de te réfugier dans le passé. Ca m'arrive aussi. »

Tais-toi, Elisabeth. Tu lui fais du mal. Tu te fais du mal. Tais-toi...

« J'espérais juste... que je ne serais pas vraiment un substitut. Que je ne serais pas juste son reflet. »

Elle se retourna, avança vers la porte menant aux escaliers, posa sa main sur la poignée et l'abaissa.

« Je croyais que tu me voyais... Ethan... »

Ce nom... Pourquoi maintenant ? Presque comme une vengeance, empli de ressentiment. Elle aurait voulu ne jamais l'employer de cette manière. Mais il avait été trop loin. Ou peut-être pas assez justement. Ses pieds n'avaient pas envie de bouger ; c'était l'eau dans ses chaussures qui les avaient alourdis, sans doute. Elle ouvrit la porte. Putain. Pourquoi elle pleurait maintenant ? C'était sans importance puisqu'il n'y avait rien eu. Rien de « vrai », en tout cas.
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MessageSujet: Re: Une île dans un océan de souvenirs [Elisabeth Allen] Une île dans un océan de souvenirs [Elisabeth Allen] EmptyVen 23 Avr 2010 - 22:04

Un bruit sourd se fit entendre. C’était la porte qui venait tout juste de se fermer. Non non, Elisabeth n’était pas partie, au contraire. Elle était bien là et à présent le garçon se tenait derrière elle : C’était lui qui avait flanqué la porte d’une main, comme s’il voulait empêcher toute intrusion, tout départ. En réalité, ce n’était pas une intrusion qu’il voulait à tout prix empêcher mais plutôt le fait que la demoiselle s’en aille. C’est ça, il ne voulait pas qu’elle parte, qu’elle le laisse sans qu’il ait eu le temps de s’expliquer, qu’elle l’abandonne sur le toit avec tout ses remords.

Laissant sa main contre la porte, le garçon passa son autre bras autour de la taille de son interlocutrice pour prendre sa main dans la sienne. Il voulait qu’elle lâche la poignée, qu’elle se résigne à rester sur le toit, avec Ethan, malgré ce qu’il venait de se passer entre eux. Il fallait avouer que cette fois il était allé trop loin. Beaucoup trop loin ou justement pas assez. Qu’est-ce qu’il espérait ? Qu’elle lui pardonne pour ce qu’il allait faire, qu’elle passe l’éponge et fasse comme si de rien n’était ? Peut-être bien oui, mais la cause était perdue. Rien qu’à voir la réaction d’Elisabeth, on pouvait voir que ce n’était pas la peine d’espérer, qu’elle n’allait pas lui pardonner de si tôt, qu’elle était fâchée, vexée. Vexée de n’être que le reflet de Léna, vexée de savoir que le garçon ne voyait pas vraiment Elisabeth ? Les idées d’Ethan fusaient. Et si en réalité cette demoiselle était jalouse ? Après tout elle ne voulait pas être la remplaçante de Léna, elle voulait qu’il la regarde elle et non quelqu’un d’autre. Alors c’était quoi si ce n’était pas de la jalousie ?

Toujours avec la main de la demoiselle dans la sienne, Ethan resserra son bras autour de sa taille et se colla à elle. Il la tenait comme ça de façon à ce qu’elle ne parte, ou du moins qu’il l’empêche du mieux qu’il pouvait. Et pour appuyer sa volonté, il gardait toujours son autre main sur la porte comme pour indiquer à la jeune fille qu’il n’allait pas la laisser filer de si tôt.

Ils étaient maintenant dans la même situation que lorsque le garçon avait tiré Elisabeth vers lui, lorsqu’elle restait en équilibre sur le rebord du toit. Enfin, pas vraiment la même situation car cette fois ils étaient debout et sous la pluie. Pluie qui ne cessait pas, pluie qui mouillait à chaque goutte leurs vêtements alors qu’ils étaient déjà assez trempés comme ça. Malgré le bruit de ces dernières sur le sol, un murmure se fit entendre. Il avait été prononcé assez fort pour que la jeune fille entende mais il était assez faible pour qu’il ne parvienne qu’à ses oreilles.


« Ce n’est pas la première fois que tu m’appelles par mon prénom, tu l’as déjà fait au matin et tout à l’heure quand j’étais endormi. Même s’il n’y a pas besoin vu que nous sommes que tous les deux, je trouve cela quand même étrange. D’autant plus que dès que tu t’adressais à moi j’avais l’impression que tu hésitais à dire mon nom. C’est une impression ? D’ailleurs en parlant d’impression, les propos que tu tenais au sujet de Léna et du fait que tu n’étais pas son reflet, à l’instant là… Tu étais jalouse ou je me fais des films encore ? »

Il l’avait remarqué, il avait remarqué que par moment, lorsqu’elle s’adresse à lui, Elisabeth hésitait. Elle hésitait à l’appeler par son prénom, alors était-ce pour ne pas réveiller de vieilles blessures ou parce qu’elle ne savait pas vraiment quoi dire ? Il ne savait pas pourquoi, et pourtant il avait l’impression que c’était cela.

Une fois sa courte réflexion intérieure, Ethan retira son bras de la taille de la jeune fille –et sa main de la porte, pour la faire pivoter de façon à ce qu’il la regarde en face. Ou plutôt devrions-nous dire dans les yeux. Tant bien que mal, il gardait ses yeux braqués dans les iris d’Elisabeth et pendant les quelques minutes de silence, ils se regardaient dans les yeux, sans détourner le regard. C’est pendant cet instant que le garçon en profita pour replacer son bras autour de la taille de la demoiselle et il reposa en même temps sa main sur la porte. Ils étaient comme il y a plusieurs minutes auparavant. Rien n’avait changé mis à part le fait qu’Elisabeth lui faisait face à présent.


« Tu sais, jamais je n’ai voulu te voir comme une copie de Léna. Certes quand j’ai voulu t’embrasser j’ai bien cru que c’était elle et non toi. Je ne sais pas ce qu’il m’a pris. Il faut dire qu’on a parlé d’elle et que j’y ai pensé tout l’après-midi… Tout est confus. Mon esprit est chamboulé. Mes souvenirs sont remontés. Ceux de la Russie, cette fille, mo… Ca n’est pas important. Mais il y a toi en plus. Et je ne sais pas vraiment comment placer notre relation. On se connaît à peine et pourtant tous ces gestes que nous avons l’un envers l’autre, et vois-tu à cause de cela j’ai la sensation qu’on est plus proche qu’on ne semble l’être, qu’on croit l’être… »

C’est avec les paroles d’Ethan que le silence se rompit. Il ne voulait pas lui mentir, il ne voulait pas qu’elle parte comme ça, sur cette impression de lui. Il allait tout clarifier au sujet de Léna. Peut-être pas dans l’immédiat, mais un jour il le ferait. Il se le promettait.

Toujours en train de la regarder dans les yeux, le garçon en devenait gêné. Il ne savait plus trop quoi faire, quoi dire. Tenter de s’excuser ? Le fallait-il vraiment dans ce cas-là ou alors est-ce qu’Elisabeth comprendrait que derrière ses propos, qu’il venait de tenir, il s’excusait ? Mais… Allait-elle lui pardonner pour autant ? C’est vrai qu’il avait eu l’audace de presque l’embrasser… Après tout, qui ne tente rien n’a rien, non ?


« Je ne voulais pas. Je ne voulais pas te voir comme un reflet de cette fille. Je ne voulais pas être à deux doigts de t’embrasser. En temps normal ça ne serait pas arrivé. Mais il faut dire que… Enfin… La pluie n’arrange rien… Et puis vu com… »

Il s’arrêtait en plein milieu de sa phrase, oui, encore ! Il savait très bien comment la finir, mais est-ce qu’il était nécessaire de parler du fait qu’Ethan revoyait cette partie de l’anatomie d’une femme pour la première fois depuis plusieurs mois ? Qu’il n’avait pas été touché depuis quatre, cinq, six semaines ? Qu’il ressentait comme du désir, comme des pulsions lorsque ses yeux osaient se poser sur la poitrine d’Elisabeth ? Non non non ! Il ne fallait pas qu’elle sache ! C’est donc ainsi qu’il bredouilla un « Oublie ça » pour ne pas s’étaler sur le sujet. Pour éviter de baisser les yeux sur la vue qui s’offrait à lui, pour éviter de déraper une nouvelle fois, que le garçon retira son bras de son corps et sa main de la porte pour s’asseoir par terre, aux pieds de la demoiselle. Il était déjà trempé de la tête aux pieds, prêt à choper un bon rhum –voire pire, alors s’asseoir n’était pas la fin du monde.

A cet instant, elle pouvait partir à tout moment. Elle pouvait se décaler et entrouvrir la porte qui les séparait des escaliers et s’enfuir. S’enfuir et laisser la responsabilité à Ethan de faire en sorte de ne plus la croiser, de l’éviter, de l’oublier…

Non, il ne pouvait pas ! En y pensant, il secoua sa tête de gauche à droite pendant une demi-douzaine de secondes, même pas. Levant la tête comme pour la regarder une nouvelle fois dans les yeux, ces derniers s’attardèrent de nouveau sur la poitrine d’Elisabeth. Non pas qu’elle l’intéressait –enfin si- mais disons qu’un soutien-gorge violet sous une chemise blanche, et transparente, cela ne passait pas inaperçu !

Reprenant ses esprits, le garçon fixait donc la demoiselle dans les yeux. Comme s’il l’implorait. Mais ce n’était pas de la compassion, de la pitié que cherchait Ethan. Ses yeux ; reflétant une tristesse toujours présente, étaient remplis de sincérité.


« Sérieusement, je m’en veux. Je ne sais pas comment me faire pardonner pour mon attitude. Mais… je suis sincère. Je ne veux pas que tu partes comme ça, en ayant cette impression sur moi. Je ne veux pas être gêné à ce point par mes gestes et devoir t’éviter, t’oublier, pour ne pas te faire du mal. Sache que maintenant c’est bien toi que je vois. Que celle que j’ai en face de moi est bien la Beth que j’ai rencontré ce matin, l’Elisabeth que j’ai enlacé tout à l’heure pour ne pas pleurer, la demoiselle Allen avec qui je me sens bien et dont sa présence m’apaise un peu. »

Plus son appellation de la jeune fille devenait formelle, plus la proximité qu’ils avaient entre eux était mise en évidence par Ethan. Mais malgré ses propos, allait-elle partir sans un mot ? Allait-elle l’abandonner ici ? Les pensées du garçon se mélangeaient et le doute s’ancrait en lui. Si elle lui pardonnait, qu’allait-il dire ou faire ? Comment réagir si elle acceptait ses excuses ? Il n’en savait rien.

Les questions se répétaient de plus en plus au fil des gouttes qui tombaient sur lui. Il s’était mis dans une situation délicate et il serait seul pour s’en défaire. Il n’avait personne autour de lui pour supporter la blessure qu’il aurait si jamais elle prenait ses jambes à son cou.
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MessageSujet: Re: Une île dans un océan de souvenirs [Elisabeth Allen] Une île dans un océan de souvenirs [Elisabeth Allen] EmptySam 24 Avr 2010 - 1:55

D'une certaine manière, elle savait qu'il ne resterait pas sans réagir et elle ne broncha pas lorsqu'il referma brusquement la porte, mais refusait toujours de le regarder ; elle n'avait pas envie qu'il voie ses yeux emplis de larmes qui menaçaient à nouveau de couler (ce qu'elle était devenue pleurnicharde !). Elle ne bougea pas non plus lorsqu'il colla son corps au sien afin de l'enlacer, mais son coeur fit un brusque bond en avant alors que son bas ventre se contractait durement. La pluie qui humidifiait leurs vêtements rétrécissait encore plus la barrière de tissu qui les séparait encore et Elisabeth pouvait sentir les battements du coeur d'Ethan contre son omoplate. Sa main dans la sienne, elle était encore trop étonnée pour pouvoir dire quoi que ce soit et, heureusement pour lui, le jeune homme commença à parler avant qu'elle ne se débatte, chose qu'elle aurait fait si les paroles du garçon ne l'avaient pas autant scotchée.

Jalouse ? Jalouse ? Non, mais il plaisantait ou quoi ? Pourquoi être jalouse d'une fille qu'elle n'avait jamais croisée de sa vie ? Comment être jalouse de cette Léna qu'elle ne connaissait même pas ? Décidément, les hommes avaient un égo bien plus surdimensionné qu'il n'y paraissait. Elle était tellement abasourdie par les propos d'Ethan qu'elle ne réfléchit pas à ses questions concernant son prénom (de toute manière, elle n'avait pas envie d'en parler. Pas maintenant.). Jalouse ?! D'accord, elle appréciait le garçon, mais il fallait voir à ne pas pousser le bouchon-un-peu-trop-loin-Maurice !

La jeune femme était à deux doigts de lui répondre quand il la fit pivoter, l'obligeant à croiser son regard de nuit. Ses certitudes fondirent comme neige au soleil et elle demeura silencieuse, s'abstenant de tout commentaire... pour le moment. Ses yeux étaient pourtant inflexibles et laissaient très clairement transparaître son agacement. Agacement qui s'évapora au moment où il passa une nouvelle fois son bras dans son dos cette fois pour la serrer contre lui. Elisabeth se retrouvait donc coincée entre la porte et le buste du jeune homme, deux barrières infranchissables dont l'une la mettait bien plus mal à l'aise que l'autre. Les bras du garçon l'empêchaient de bouger, mais de toute manière, elle n'était pas sûre d'en être capable tant ses jambes semblaient avoir perdu leurs forces. Le ventre d'Ethan se soulevait contre le sien au rythme de sa respiration étonnamment calme.

Il reprit la parole et ses mots sonnèrent justes aux oreilles de la jeune femme. Ses dernières phrases retranscrivaient à merveille ce qui les liait ; une relation ambigüe, étrange, qu'aucun d'entre eux ne parvenait à qualifier, mais qui leur paraissait déjà indispensable. Et oui, ils étaient proches. La situation dans laquelle ils étaient ne faisait que le confirmer. Ethan mentionna encore le baiser qu'ils avaient failli échanger. Elisabeth se sentit encore plus à l'étroit, car il aurait suffi au garçon de se pencher un peu plus vers elle pour qu'effectivement se produise ce qu'ils venaient d'éviter. Son regard se perdait entre les yeux du jeune homme et sa bouche qui débitait des mots les uns après les autres. Qu'entendait-il par « en temps normal » ? Ah. D'accord. La pluie. Certes. Saleté de chemise maintenant transparente. Tout de même, il faudrait qu'il lui explique comment ses seins pouvaient le plonger dans un tel état de transe ! Ne joue pas à l'imbécile, Elisabeth ; tu sais très bien ce qu'il voulait dire. Oui, elle le savait. Mais avait peur qu'il ne soit pas sincère. Que ça recommence encore une fois. Elle avait juste envie qu'il la voie, elle, mais pas pour les raisons auxquelles il songeait.

Le regard sombre se perdit une dernière fois sur la poitrine encore légèrement camouflée ; Ethan finit par s'écarter, d'abord imperceptiblement, puis catégoriquement en s'asseyant sur le sol. Elisabeth se sentit à son tour glisser sur les dalles de pierre et elle se retrouva bien vite à hauteur de son compagnon de souvenirs. Elle ne savait pas quoi lui dire, mais s'il y avait une chose dont elle était sûre, c'est qu'elle avait chaud. Abominablement chaud.

Ses derniers propos lui transpercèrent le coeur. Il la voyait ? Mais pourquoi avait-elle l'impression qui s'éloignait au fur et à mesure qu'il parlait ? Pourquoi marquait-il soudain une telle distance entre eux alors qu'il mentionnait justement ce lien si fort et incompréhensible qui les unissait l'un à l'autre ? Elisabeth ne comprenait plus rien. Et elle avait peur. La sincérité était présente dans le regard d'Ethan et elle ne doutait pas une seconde qu'il n'avait pas vraiment voulu tout ça, mais la rancune, aussi faible soit-elle lui rongeait le coeur. Il fallait qu'elle mette les choses au clair. Ses jambes se ramenèrent contre son buste et elle posa une joue sur ses bras croisés eux-mêmes placés sur ses genoux.

« Je ne suis pas jalouse. Je n'ai jamais été quelqu'un de jaloux. Je n'ai juste pas envie de paraître celle que je ne suis pas. Je l'ai déjà trop fait. Je n'ai pas envie d'être celle qu'on voudrait que je sois. Je suis désolée si je t'ai déçue sur ce point, mais je ne suis effectivement pas Lé... Pas cette fille. »

Mais pourquoi s'excusait-elle ? Surtout pour une telle chose ? La fatigue sans doute. Ou la pluie.

« Maintenant, si tu me dis que tu me vois, je ne peux pas contester tes paroles. Comprends cependant que ça me fasse peur. Je ne veux pas être un reflet. Et puis... »

Son menton prit la place de sa joue ; elle regardait à présent le jeune homme droit dans ses pupilles.

« Et puis... Même si ce lien qui nous unit est bizarre, je l'aime également. Moi non plus je ne sais pas très bien où j'en suis. Tout va trop vite. Et pas assez à la fois. »

La jeune femme se mit à genoux pour s'approcher du garçon. Elle plaça sa main à l'arrière du crâne d'Ethan et posa son front contre le sien, ses cheveux humides et maintenant lisses plaqués contre leur peau. Elle ferma les yeux, profitant de son contact pour respirer un grand coup et faire disparaître le dernier étau qui lui broyait la gorge. Ensuite, elle remonta doucement son visage, son nez glissant contre le front du garçon pour que finalement ses lèvres y déposent un baiser. Elle ne bougea pas pendant quelques secondes, sa bouche pas vraiment pressée contre la chevelure noire, et s'écarta pour l'observer à nouveau.

« Il nous faut du temps. Pour repenser à tout ce qui s'est passé aujourd'hui. Et la prochaine fois qu'on se verra, on en parlera. »

Sourire confiant. Son coeur lui faisait encore mal, mais elle ne voulait plus l'inquiéter. Il fallait juste attendre. Attendre que tout ça « se tasse », attendre que quelques jours passent. Attendre de se revoir. Vite. Le plus vite possible. Ce qui se ferait. Dans des circonstance ô combien particulières, mais ça se ferait.

Elisabeth se releva et ouvrit la porte avant de disparaître dans le chambranle de celle-ci. Elle espérait qu'Ethan avait pu entendre les quelques mots qu'elle lui avait réservés, comme pour confirmer qu'elle ne lui en voulait pas, mais qu'il lui fallait son temps de réflexion.

« J'ai hâte de te revoir. »




[HS : Voilà. J'espère que ça te plaira. Je pense qu'on peut clore le sujet ici et commencer le nouveau. Je le commence ou tu t'en charges, d'ailleurs ? <3]
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MessageSujet: Re: Une île dans un océan de souvenirs [Elisabeth Allen] Une île dans un océan de souvenirs [Elisabeth Allen] EmptyDim 4 Juil 2010 - 13:35

Terminé Wink Merci beaucoup et désolée !
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