Answers about ourselves in the books? Not really... [Pv avec

Plutôt que d’aller se prélasser sur un banc pour le reste de la journée, comme à son habitude… Devan avait décidé de varier le coup cette fois et de faire quelque chose de disons… plus intéressant ?

Il avait entendu parler des animateurs, ils offraient diverses occupations telles que du sport, du théâtre… mais Dev’ n’aimait pas avoir des supérieurs, il préférait l’autonomie. Il apprécait l’autonomie depuis son grand retour au pays de l’oncle Sam… dégouté de la hiérarchie militaire à laquelle il avait dû se soumettre pendant si longtemps…

Il aurait pu aller nager un peu, dans la piscine de l’institut, il aurait pu aller faire une banse d’autres activités lucratives à l’atelier. Mais un endroit l’avait toujours attiré, aussi petit qu’il était : la bibliothèque.
A son grand soulagement, Teenagers en possédait une ; surement pas une assez grande pour supporter le poids de la connaissance du monde entier…, mais peut-être assez grande pour le satisfaire un minimum.
La dernière vraie bibliothèque qu’il avait visitée remontait à trois semaines avant la date « fatidique » de sa vie, le jour de révélation et le jour de décès de la Mère de Devan.
Certes il avait visité des lieux appelés bibliothèque en Afrique…

*Ils ne pouvaient se vanter que de l'appellation*

En effet, il était bel et bien marqué « bibliothèque » dans certains villages campagnards d’Afrique. Mais l’intérieur était composé de quelques trois ou quatre étagères, ainsi qu’une dizaine de livre.
Des livres parlant de tout et de rien… des livres donnés par des gens qui n’en avaient plus besoin ou par chance, un livre édité non loin du village, dans une ville quelconque donc. Dev’ ne visitaient ces bibliothèques que dans l’unique espoir, que celle visitée au moment…sois meilleure que la précédente…
Mais ce n’était jamais différents, c’était toujours le même, toujours cette pauvreté, ce manque… les enfants de là-bas ne devaient rien apprendre, c’est impossible. Et c’était vrai, il avait un jour dû surveiller des étudiants d’environ dix ans, leurs cours était vide, ils n’avaient que des bases … mais alors vraiment des choses minces.

L’Amérique était autrement mieux fourni, il n’y a aucun doute ; mais à son retour aux USA, Dev’ était tellement obsédé par sa vengeance… puis par après, par sa culpabilité et son enfermement, qu’il négligea de visiter les différentes bibliothèques ouvertes près de son domicile, dans plusieurs quartiers. Il allait se rattraper maintenant…en visitant la bibliothèque de Teenagers.

La pièce en question était sur l’aile droite du complexe, soit la zone des bureaux. Bureau du directeur, bureaux des psychologues… et même la salle de repos du personnel. Le brun n’avait encore rencontré aucun membre du staff…

*Les psys, ça ne devrait tarder… ; le directeur, quelque chose me dit qu’il ne vaut mieux pas*

Il déambulait dans les différents couloirs, s’arrêtant à l’occasion pour lire les petites indications noires. Elles indiquaient les lieux importants de l’aile, et c’est en consultant l’une d’elles qu’il remarqua que « le directeur » était en fait « une directrice ». Kathleen Manchester, et le sous-directeur, un certain Allister McGaughn.
Il détestait les hommes et les femmes bureaucrates, et il espérait donc ne jamais devoir les rencontrer, ça pourrait mal finir…

*Pour eux, mais surtout pour moi en fait*

Bibliothèque, bibliothèque… bientôt, bientôt ! La pièce dont il était question était clôturée par une grande porte, pour environ deux personnes. Une porte de bois, avec deux carreaux, un sur le battant gauche de la porte, et l’autre sur le battant droit.

*Le style de porte classique d’un manoir, ou même de beaucoup endroits en fait*

Cette porte ressemblait à celles qui composaient le manoir Cross… mais inutile d’y penser, si ce ne serait que pour raviver des souvenirs extrêmement horribles.

L’effet ne se fit pas attendre, et en quelques secondes, Dev’ se crût dans une autre dimension… il vit la porte de bibliothèque… sombre, du sang tachetait le carreau depuis l’intérieur de la pièce. Il voyait deux ombres… l’une d’elle rampait, l’autre avançait… La personne qui bougeait, debout, était armé … d’un … d’un…

*Non non, réveille-toi !*

La personne au sol hurlait tandis que l’autre amorçait le canon de l’instrument de mort…Il tira.

Devan se mit à hurler, seul dans le couloir et face à la porte de la bibliothèque. Il était quasi certains que son cri s’était répercuté dans toute l’aile, il y avait mis toute sa douleur sans le vouloir. Il était à présent étendu au sol et fixait le tube néon du plafond… il se sentait mieux mais…

*Je suis sujet à des hallucinations ma parole…*

Il avait du mal à se lever, il ne pouvait pas, il n’avait pas la force… Il avait la force physique et la forme nécessaire. Mais sa fatigue n’était pas d’origine matérielle, c’était une fatigue psychique… une fatigue mentale ; comme s’il avait réfléchi des heures durant à un problème mathématiques sans solutions.
Aucun doute possible, l’image qu’il avait vue durant son hallucination n’était qu’autre que l’assassinat de sa mère.
Mais vu d’un autre angle, en effet, Dev avait simplement vu sa mère se faire projeter du couloir adjacent, dans ses souvenirs. Ici, il l’avait vu ramper dans ce couloir d’où elle a été projetée. Mais comment était-ce possible ? Il ne pouvait pas se souvenir de choses auxquelles il n’a jamais participé… si ? Non.

C’était une image créé par son esprit, c’était son imagination qui avait inventé cette mascarade.

De l’eau, de l’eau ! Il sorti rapidement sa petite bouteille hors du sac et se dépêcha d’en vider le contenu. Le contact de l’eau lui était bénéfique, il sentait le liquide couler dans sa bouche, puis sa gorge… cela produisait un effet calmant à la fois sur son esprit, mais aussi sur son corps.
Il resta assis en plein milieu du couloir, de toute façon conscient qu’il était plus ou moins seul… Il tentait de reprendre ses esprits.

Et dire que cela faisait bientôt quatre mois que Rose était à Teenagers! Quand elle repensait à tous ces jours écoulés dans ce mouroir, elle se demandait si la vie valait la peine d'être vécue ainsi. Réponse : Non - et quoi de plus normal, pour une dépressive? -. Un vent frais soufflant sur sa joue la ramena à la réalité, et elle se rappela qu'elle était allongée sur les tuiles du toit du manoir. Elle soupira, et dans le froid de l'hiver débutant, son souffle ne fût trahi que par un nuage de buée. Elle s'étira, avant de s'asseoir pour regarder le ciel. Un ciel dont les nuages étaient gris. Ca ne valait pas la peine de les regarder, ainsi.
C'est donc dépitée qu'elle s'engouffra à nouveau à l'intérieur des murs de l'institut. Il y faisait plus chaud, certes, mais ce n'était guère un endroit pour laisser divaguer ses pensées comme elle venait de le faire. Sauf que... L'as de trèfle fût prise d'une furieuse envie de lire. Elle trottina presque jusqu'à atteindre l'aile droite. L'aile des bureaux. Les livres pourraient bien attendre cinq minutes, elle voulait voir qui avait pris la place d'Eike.
C'est donc poussée par cette curiosité malsaine que mademoiselle Noctalis se retrouva dans la partie de l'aile réservée aux bureaux des psychologues. Elle parcourut les noms un à un, et quand elle arriva au niveau de l'ancien bureau du jeune homme, ses doigts effleurèrent le nouveau nom présent sur la plaque métallique. Olland. Elle soupira. Alors, c'était lui qui avait pris la place du danois? C'était fort dommage. Elle secoua la tête et continua à parcourir les noms, jusqu'à tomber sur ceux de la directrice et du sous-directeur. Le sous-directeur, elle l'avait déjà croisé au gymnase, mais la directrice n'avait jamais pointé le bout de son nez.
La bibliothèque n'était plus très loin à présent. Rose continua de marcher, un peu perdue dans ses pensées. Elle trébucha sur la jambe de quelqu'un et se rattrapa en prenant appui au mur. Ce "quelqu'un" se trouva être un jeune homme. Elle ne l'avait encore jamais vu; sans doute devait-il être là depuis peu de temps. Durant quelques minuscules centièmes de secondes silencieuses, aucun des deux ne réagit. Statut quo. Presque comme s'ils avaient oublié de respirer ou que quelqu'un avait appuyé sur un bouton "arrêt sur image". Elle finit par prendre la parole.

- Salut. Désolée pour ta jambe.

Même si les bouquins n'étaient pas loin du tout, l'adolescente paradoxale ne se rendit pas immédiatement dans la bibliothèque et préféra s'asseoir aux côtés de ce résident.

- Moi c'est Rose. Qu'est-ce que tu fais, assis par terre comme ça?

M'enfin, elle avait beau lui poser la question, elle aussi avait posé ses fesses au sol!

(HRP : Gyah, je me sens toute petite par rapport à toi >.>')

Image troublante, image partiellement réelle, il n’avait pas vraiment réalisé que ce qu’il avait vu était peut-être la réalité… sa mère avait peut-être réellement hurlé comme ça… il ne s’en rappelait pas vraiment, et il ne se souvenait pas d’un quelconque hurlement avant d’être entré dans le manoir Cross… mais néanmoins ce cas de figure était une possibilité…

Il sentait sa stupeur s’en aller peu à peu, il reprenait lentement contrôle de son esprit tourmenté. Il n’avait jamais eu de pareilles visions, de pareilles hallucinations. C’était souvent des resurgissements de son passé, des extraits, des courtes similarités… de mauvaises choses…

Mais en aucun cas il avait un jour perdu la tête de la sorte. Il avait été à la merci de son imagination, il avait perdu les rennes de vue et c’était sa créativité et ses souvenirs mélangés ensembles…

*Mélange dangereux*

Qui avaient usurpé sa place.

*J’aurai cru avoir fumé une quelconque drogue… ce qui n’est pas le cas*

Devan se posait beaucoup de questions sur son état mental…Etait-il en train de dégénérer ? De se faire attirer par le fond ? Comme un vertige près d’un fossé….

Etait-ce normal ? Ou encore était-ce un chemin vers sa guérison et qu’il finirait par se faire aider par ses parcelles d’images désarticulées… qui germaient dans son esprit si soudainement, sans crier garde…

L’hallucination était probablement née d’un surplus de similarités avec son passé… trop de choses identiques à ses souvenirs.
Ceci avait provoqué ce trouble. La porte de la bibliothèque dansait toujours devant ses yeux, il se croyait complètement saoul, et il pensait bien que quiconque se pointant là, maintenant et le voyait assis par terre l’air si planeur… croirait bel et bien qu’il n’était pas dans son état normal.

*Je suis normal… mais un peu abasourdi c’est tout… rien de plus*

Les sons revenaient peu à peu, il entendait maintenant vaguement des pas se rapprochant de sa position, il sentait que c’était proche, mais il était toujours incapable de se lever. L’image tanguait encore beaucoup trop.

Il sentit comme légère torsion sur sa jambe, comme un coup de masse et il vit quelqu’un trébucher devant lui… En temps normal, ses réflexes l’auraient sauvés, mais là il était harassé… stupéfié…

Une voix retentit non loin de lui, quelques secondes après le choc sur sa jambe. Dev’ n’avait pas bougé d’un poil, ou si peu, sa tête se balançait légèrement de gauche à droite… comme une pendule…

*Bien qu’un peu en panne la pendule*

Il bougea un bras, celui-ci répondait … mais avec un léger retard. Certes quasi indiscernable mais Devan sentait quand même qu’il n’était toujours pas revenu dans état d’origine, il s’imaginait très mal en train de parler. Sa langue était comme engourdi.

-Salut. Désolée pour ta jambe.

*Qui me … parle ?*

La voix de la personne était comme un peu déformée… il n’arrivait pas à distingué une quelconque sorte de féminité ou de masculinité dans cette voix, il peinait déjà à discerner les mots… même ses oreilles étaient atteintes…

*Quelqu’un s’excuse… et me salue ? C’est ça ?*

-Moi c'est Rose. Qu'est-ce que tu fais, assis par terre comme ça?

*Rose ?*

Tout revint d’un coup, le son, l’image… en une seconde tout s’était remis, réactivé… comme si son corps entier avait enfin décidé de sortir du semi-coma dans lequel il s’était plongé. Le soldat sentit un courant froid parcourir tout son corps, partant de sa tête et venant se partager dans toutes les parties du corps de Devan.

D’abord du froid, puis du chaud… puis finalement une température normale… la température corporelle normale d’un humain.
Il mit quelques secondes pour se resituer, le temps qu’il réalise un peu où il était. Il était toujours assis à la même place, c'est-à-dire assis à même le sol. Il y avait maintenant une fille assise à ses côtés.

*Probablement la Rose en question*

Il tourna la tête vers elle. Elle avait les cheveux noirs, un œil noir… et l’autre était…

*Une borgne*

Devan resta sans expression et sans teint, il ne voulait pas mal réagir face à ce genre de choses.
Les borgnes ne sont pas souvent content qu’on observe l’emplacement de leur ancien œil avec trop d’attention, que ce soit pour de la compassion comme pour de la moquerie.

*Et puis ça ne fait pas*

Il fit semblant de rien et continua de regarder son visage. Il remarqua un détail cinglant sur un tard : le cache-œil que portait la jeune fille à l’emplacement de son œil droit avait la particularité d’être orné d’un as de trèfle. Surement un souvenir ou un symbole…

-Euh… je....

Devan se sentait comme légèrement gêné par cette question et ignorait juste comment dire ce qui l’avait conduit ici….

*J’ai pété un plomb et je suis tombé par terre…… nan ce n’est pas bien*

-Je me suis senti pas très bien, donc je suis tombé. Et en attendant que ça aille mieux je suis resté assis ici. J’avais l’intention d’aller à la bibliothèque à l’origine…

Certes, c’était banal et bien loin de la réalité des faits… mais s’il se mettait à raconter ses histoires d’hallucination sanguinaire, mêlé à ces souvenirs… à une inconnue ; qui ne concernent que lui en plus !

Premièrement elle ne comprendrait pas… les chances sont très hautes pour cette option, et deuxièmement, elle risquerait de ne pas trop avoir une bonne impression de Dev’ pour un premier contact.

*Je refuse qu’on me prenne pour un fou… même si j’ai des tendances là, faut que j’avoue*

Il ignorait encore les raisons exactes de tout cela… mais peut-être n’était-ce qu’un passage, une « crise » comme c’est si souvent cité dans les différents types de folie et maladies nerveuses.

Dans sa confusion, le brun en avait oublié l’essentiel…

-Et je m’appelle Devan, enchanté Rose…

Il jeta un regard vif à la porte de la bibliothèque… rien de ce qu’il n’avait vu était présent…

Rose attendit un moment avant de recevoir une réponse. Après ses paroles s'ensuivit un long silence, tandis que le jeune homme aux côtés duquel elle était assise la regardait. En fait, ce n'était pas vraiment elle qu'il regardait, mais plutôt son œil. Elle avait tellement pris l'habitude de ce genre de regards curieux depuis qu'elle était arrivée - et depuis qu'elle était borgne - que cela ne la gêna pas outre mesure.

- Euh… je…

Il semblait gêné, au plus grand désarroi de l'as de trèfle qui haussa un sourcil. Heureusement que cela ne soit pas trop flagrant compte tenu du fait que ses cheveux retombaient près de ses yeux. Enfin, de celui valide tout du moins. Elle poussa un petit soupir, à peine audible, que son interlocuteur devait sûrement ne pas avoir entendu.

- Je me suis senti pas très bien, donc je suis tombé. Et en attendant que ça aille mieux je suis resté assis ici. J’avais l’intention d’aller à la bibliothèque à l’origine…

Tiens, un autre rat de bibliothèque? Intéressant. Elle ne pouvait guère lui avouer qu'elle était venue se shooter à la lecture; et à vrai dire, préciser qu'elle était venue pour lire serait bien mieux présenté. Elle allait lui répondre lorsqu'il ajouta une dernière chose.

- Et je m’appelle Devan, enchanté Rose…

Devan. Effectivement, il devait sans doute être un nouveau débarqué dans "l'enfer" de Teenagers : Elle n'avait encore jamais entendu son prénom, ou alors il s'était fait si petit que personne ne l'aurait remarqué. Chose en elle-même peu probable. Elle nota qu'il se mit à observer la porte de la bibliothèque comme s'il y avait eu quelque chose dessus, ou qu'ils étaient en train de tourner pour une quelconque émission de télé-réalité. La seconde hypothèse était d'ailleurs la plus saugrenue : Qui s'intéresserait à la vie de pauvres petits délinquants ou dépressifs? Si un jour Teenagers en venait à être l'objet d'une émission X ou Y, il y avait fort à parier qu'elle ne remporterait pas franc succès.

- Ben dis donc, t'as vraiment pas l'air dans ton assiette en tout cas. Ca ira?

Sans vraiment qu'elle ne s'en rende compte, elle aussi se mit à fixer la porte de la bibliothèque. L'atroce envie de feuilleter des livres la consumait, et elle s'efforçait de tenir par politesse vis-à-vis de Devan.

- J'allais aussi à la bibliothèque.

Et ce désir de lire... Ce désir si ardent qu'on aurait pu l'apparenter à un brasier. Un brasier dans lequel Rose était une pauvre brindille. Le désir d'aller s'évader dans un monde écrit par quelqu'un d'autre était semblable à celui d'une brindille de sortir d'un brasier. Parce que le monde dans lequel elle vivait commençait sérieusement à dégoûter Rose. C'était périodique. Et vu sa lassitude, elle avait besoin de s'échapper en s'imprégnant d'un personnage pour pouvoir vivre sa vie qui, même si elle n'était pas drôle, nous apparaîssait infiniment plus plaisante.
Elle s'étira. Rien ne servait de cogiter ainsi. Et à trop réfléchir, notre cerveau en devient si overbooké qu'on pourrait s'écrouler net et dormir durant des heures. Car le sommeil aussi permettait d'échapper à l'atrocité du monde actuel, ne serais-ce que par le biais des rêves. Elle secoua doucement la tête afin de chasser ces pensées on ne peut plus hors-sujet.

- Au fait, t'es nouveau, non?

Allez, autant meubler la discussion. Parler empêchait de penser. Et quelquefois, c'est vraiment plus réconfortant.

(HRP : Encore désolée pour le retard <.<' J'ai honte...)

-Ben dis donc, t'as vraiment pas l'air dans ton assiette en tout cas. Ca ira?

Malgré la confusion de Dev’, la fille dénommée Rose avait pris son mal en patience sans s’offusquer, le soldat était finalement parvenu à parler, à dire son nom… en bref de s’exprimer au niveau de pures formalités.
Tout était redevenu stable à présent, la porte était la même qu’a son arrivé et avait perdu cet aspect sanguinaire, cet aspect de meurtre qu’elle avait prise durant son hallucination. Sa fatigue psychique était maintenant de l’histoire ancienne. Il se redressa péniblement, comme si il était un lundi matin et marmonna une réponse inaudible telle que…

« Oué ça va aller… »

Rose s’était aussi mise à fixer la porte, elle avait peut-être compris que le mal de Devan en provenait… ou peut-être avait-elle une folle envie de se ruer dans la pièce et commencer à dévorer un à un les ouvrages de Teenagers.

-J’allais aussi à la bibliothèque

*Hum… je vois que je ne suis pas le seul intéressé ici*

Dev’ n’avait pas vraiment d’idée de ce à quoi il voulait s’atteler en terme de recherche, il ignorait quel livre allait l’intéresser, le temps où il pouvait librement voyager dans une pièce remplie de livre remontait très loin.
Il allait peut-être chercher des ouvrages qu’il se souvenait avoir consulté dans le manoir Cross… ou encore d’autres choses, il n’avait pas vraiment d’idée.

*Un bon Thriller comme je les aimais peut-être…*

-Au fait, t’es nouveau non ?

Devan lui adressa un petit sourire moqueur, cela avait l’air d’être voyant. Le brun était même un peu rassuré : si Rose s’était aperçu qu’il était nouveau, cela voulait dire que le contact entre les différents résidents était plutôt amical. Pas mal de résidents semblaient se connaitre entre eux, peut-être que l’image extérieure que Devan s’était donné de l’institut était fausse après tout….
Peut-être existait-il une solidarité entre les différents protagonistes de cet enfer, ou peut-être une guerre ouverte entre résidents et personnels.

Devan se releva et fit environ deux pas avant de s’arrêter pour prendre la parole.

-Oui je suis nouveau, je suis ici depuis quelques semaines…

La réponse aurait pu s’arrêter là, mais Dev’ souhaitait poursuivre sur sa lancée, de plus, parler lui faisait du bien vu son trouble encore légèrement présent.

-Dis-moi… toi t’as l’air de connaitre les lieux je me trompe ? Tu ne sais pas me décrire l’ambiance générale de l’institut… je suis juste curieux car je n’ai pas rencontré grand monde. Excepté quelques personnes, sympathiques néanmoins.

Il se retourna vers Rose et se mit à la fixer, attendant une réponse éventuelle.

-Le personnel par exemple… je n’ai jamais vu aucun d’entre eux.

C’était parfaitement vrai, Dev’ n’avait croisé aucun psychologue, aucun cuisinier… le personnel semblait inexistant et coupé du monde des résidents. Dev’ se rappelait avoir vu un papier dans la cuisine, comme quoi le cuisinier attitré n’était plus disponible pour cause de maladie grave… mais sinon il n’avait jamais eu aucun contact avec eux.

*Si le contact est si faible… cela m’étonnerait que ce soit conseillé pour moi de les rencontrer*

Devan pouvait toujours aller participer aux animations, il prendrait de cette manière un premier contact avec le personnel, mais il avait d’abord préféré la bibliothèque. Les livres était une de ses passions depuis toujours et peut-être qu’ils lui permettraient d’écrire des réponses aux grandes questions qui trônaient dans son esprit.

*A savoir, la culpabilité de mon père… la gravité de ses actes*

Il préférait lire un livre de psychologie… ou plutôt vingt livres de psy, plutôt que de parler avec ne fut-ce un « psychologue », un membre de cette race à abattre, cette race de charlatan et d’arnaqueur qui ne cherchent en aucun le bonheur du client.

*Mais plutôt leur malheur pour que le nombre de visite soit plus long*

Aller voir un psy pour qu’il dise à Devan…

« Vous êtes troublé monsieur, revenez la prochaine fois et n’oubliez pas l’argent »

Ce n’était absolument pas nécessaire et cela aurait été un acte des plus stupides. Toujours au nombre de deux dans le couloir, avec maintenant un silence d’or, Devan ouvra la porte de la bibliothèque en adressant un signe de la main à Rose.

-Après toi…

A force de défoncer ainsi les portes ouverts, il était certain que Rose allait finir par se faire rembarrer. Sensation désagréable qu'elle ne tarda pas à sentir en aperçevant le sourire de son interlocuteur, qui d'ailleurs se releva.

- Oui je suis nouveau, je suis ici depuis quelques semaines...

Quelques semaines? Il était déjà là depuis longtemps, pour un nouveau. Dans l'esprit de la joueuse, un nouveau était quelqu'un présent depuis quelques jours seulement.

- Dis-moi... toi t'as l'air de connaître les lieux je me trompe ? Tu ne sais pas me décrire l'ambiance générale de l'institut... je suis juste curieux car je n'ai pas rencontré grand monde. Excepté quelques personnes, sympathiques néanmoins.

Tandis qu'il se retournait, elle se releva. Décrire l'ambiance? Eh beh... Voilà bien une colle. Qu'entendait-il par ça? C'était vague. Un sujet trop vaste et trop étroit à la fois.

- Le personnel par exemple... je n'ai jamais vu aucun d'entre eux.

Elle posa les doigts sous son menton, faisant mine de réfléchir un peu. Trier les informations pour paraître plus claire, voilà ce qu'elle devait faire. Un silence s'installa, durant lequel elle mit si longtemps à réfléchir qu'en ajoutant la fumée sortant des oreilles, elle aurait été digne d'un personnage de Tex Avery. Elle sursauta même en entendant Devan reprendre la parole.

- Après toi...

Il avait ouvert la porte et lui adressait un signe de main. Elle lui fit un sourire avant d'entrer. Si ils se faisaient suffisamment discrets, ils pourraient continuer à dialoguer, vu que la bibliothécaire dormait les trois quarts du temps à défaut d'être absente. C'était à se demander à quoi elle servait. L'as de trèfle regarda d'ailleurs dans sa direction... Pour constater qu'elle était encore une fois absente en ayant laissé la bibliothèque ouverte. Elle haussa les épaules et acheva de pénétrer dans la pièce, avant de se retourner vers son vis-à-vis.

- L'ambiance générale... Bah, le contact entre le personnel et les élèves n'est pas hyper bon. Par exemple, les psys, si on y va c'est que lorsqu'on y est obligés. Les membres du personnel sont dans leur bulle, et les résidents dans la leur. D'ailleurs si ils peuvent éviter de croiser les délinquants que nous sommes, c'est pour eux un monde parfait.

Certes, il y avait quelques rares exceptions. Mais c'était à prendre au cas par cas, aussi bien du côté des résidents que du personnel. Elle posta ses mains sur ses hanches avant de poursuivre.

- Et les résidents... Bah, y a une toile d'araignée de liens qui relie les uns aux autres. Une information n'est jamais cachée bien longtemps à cause du bouche à oreilles. Ca ne change pas vraiment des relations scolaires, à l'exception qu'on doit se supporter vingt-quatre heures sur vingt-quatre.

Elle soupira. Il y avait toujours des exceptions à tout, bien entendu, mais les lister serait trop long et laborieux. Puis, elle refit un sourire au jeune homme, avant de s'écarter un peu pour lui faire découvrir les étagères.

- Tu cherches un genre de bouquins en particulier?

Si elle écoutait l'envie qui l'assaillait, Rosy se serait d'ores et déjà jetée sur les étagères. Plus particulièrement celles contenant les Thrillers. Parce que les romans à l'eau de rose, merci bien, mais très peu pour elle!

-L'ambiance générale... Bah, le contact entre le personnel et les élèves n'est pas hyper bon. Par exemple, les psys, si on y va c'est que lorsqu'on y est obligés. Les membres du personnel sont dans leur bulle, et les résidents dans la leur. D'ailleurs s’ils peuvent éviter de croiser les délinquants que nous sommes, c'est pour eux un monde parfait.

Comme d’habitude … et comme souvent dans ce type d’endroit, de nombreux DvD que Devan avait visionné faisaient état d’une sorte de distorsion entre personnel et membre d’un lieu comme cela, tel qu’un asile… un centre de redressement. Il remarquait à présent que cette tension fictive était en fait un fait parfaitement réel et courant. Le personnel n’avait-il aucune envie d’aboutir dans son travail ? D’accomplir l’objectif fixé par l’institut ? Car après tout l’objectif était bien d’assister la jeunesse dans sa réinsertion dans la société non ?

C’était à se demander si cet objectif était une réalité… ou peut-être une utopie ou encore un mensonge ; peut-être que l’institut se contentais simplement de garder les spécimens les plus dangereux en ces murs, en maintenant les jeunes délinquants dans un état frêle, une situation précaire entre la vie et la mort.
Le soldat savait dès à présent que son salut ne viendrait pas de l’assistance de l’institut, mais bel et bien d’une fusion efficace entre sa volonté et de bonnes relations, des liens sociaux susceptible de le faire évoluer … vers une conversion. Son contact avec les gens était surement une clé… qui ouvrirait une tout petite porte… vers d’autres centaines sans aucun doute.

Devan se contenta d’un signe de tête pensif. Rose plaça ses mains sur ses hanches avant de reprendre son analyse personnelle sur l’institut, certainement de meilleure qualité que celle de Devan, ce nouveau ignorant.

-Et les résidents... Bah, y a une toile d'araignée de liens qui relie les uns aux autres. Une information n'est jamais cachée bien longtemps à cause du bouche à oreilles. Ca ne change pas vraiment des relations scolaires, à l'exception qu'on doit se supporter vingt-quatre heures sur vingt-quatre.

Le mot « scolaire » était tel un épais nuage de fumée, ce nom n’était qu’un lointain souvenir puisqu’il avait rapidement été supplanté par des relations de guerres pour ainsi dire. Le mot relation était même trop fort, un succédané comme le mot « côtoiement » militaire peut-être ? Sa vie en Afrique n’avait rien eu d’amicale, ni de sentimentales ; tout était restreint au strict minimum, personne ne voulait se faire des amis, seulement des ennemis pour plus de chair à canon.
Dev’ n’avait pas tenté d’améliorer les contacts, il avait déjà un arrière-goût horrible de la torture et n’avais jamais souhaité être si près d’une personne. Heureusement, tout cela avait finalement cessé et il avait maintenant un contact bien plus fluide avec le monde, bien que son esprit reste marqué au fer rouge.

La bibliothèque était à présent sous ses yeux. Une décoration de choix à vrai dire : des murs peints d’un brun léger, un parquet soigneusement lustré ; le manoir de Teenagers ne perdait donc qu’en de rares pièces sa somptuosité apparente. Des rangées d’étagères, chacune d’entres elle marquées d’un petit écriteau indiquant la catégorie des ouvrages présents. Documentaires, interview, science-fiction… érotisme (oups..) et pleins d’autres, les ressources semblaient plutôt conséquente et Devan en était revigoré tout en espérant que cette collection soit régulièrement refaite. Et cela serait sans doute plus simple avec l’aide d’un bibliothécaire, excepté du fait qu’il ou elle avait l’air de manquer à l’appel.

*Ou alors celui-ci s’est absenté ou alors il est en vacances… ou encore il n’y en a plus !*

Tout cela était parfaitement possible et la crise économique concernait probablement tous les secteurs, mêmes les plus sensibles (même si Devan ne possédait que de faibles rudiments en terme d’économie).

-Tu cherches un genre de bouquins en particulier?

La question était venue à l’improviste. Totalement absorbé par cette mine d’or, Devan avait fini par oublier la présence de Rose.

-Eh bien je… je n’ai pas de style précis…

Il s’avançait dans les rangées tout en soufflant dans le coin de sa bouche…

-Bien que les …

Il désigna vaguement une étagère, avant de s’approche plus près et tracer une ligne invisible de son doigt sur une colonne de livre jaunes.

-… les thrillers me branchent plutôt bien, ainsi que le fantastique.

C’était étrange qu’un soldat recherche le frisson dans des livres racontant sa propre existence dans certains cas… il espérait peut-être découvrir un lot de consolation dans ces recueils pour le moins mystérieux par moments…

Il se contenta d’adresse un léger sourire à la fille borgne, tout en se préparant à une éventuelle réaction…

Finalement, l'interlocuteur de Rose ne tarda pas à formuler une réponse.

- Eh bien je… je n’ai pas de style précis…

Il avança doucement à travers les rangées, et par réflexe, elle resta sur ses talons.

- Bien que les …

Ils arrivèrent peu à peu non loin de la rangée contenant les Thrillers. L'envie de lire se fit plus pressante chez la joueuse, bien qu'elle tente de se contenir. Devan désigna une étagère garnie de livres jaunes. Bingo. Les Thrillers. Et il y en avait à la pelle.

-… les thrillers me branchent plutôt bien, ainsi que le fantastique.

Ils avaient pénétré parmi les bouquins. Le jeune home fit un léger sourire à l'as de trèfle, qui lui en rendit un grand avant de s'approcher plus près de la colonne.

- Si t'apprécies ce genre de lecture, nous sommes deux.

Son sourire grandit et elle se tourna vers l'étagère. Se dressant sur la pointe des pieds, elle attrapa un livre. Un bon vieux King.

- Ca tombe bien, y a pas mal de bouquin de Stephen King ici. T'aimes cet auteur?

S'il lui répondait par l'affirmative, elle devrait se faire une raison : Il ne manquerait plus qu'il écrive, et il serait presque son alter-ego parfait! Se retournant vers lui, elle exhiba fièrement son bouquin préféré : Rage. Allez savoir pourquoi, elle se sentait proche du héros. Ou bien avait-elle lu et relu tellement de fois ce livre qu'elle se glissait à la perfection dans la peau du lycéen? Bonne question. Maintenant qu'elle avait l'objet qu'elle convoitait entre les mains, l'envie de le lire était encore plus dévorante. Sortant un bonbon de sa poche afin de patienter, elle le goba rapidement.

- Manquerait plus que t'écrives et tu serais le gars parfait.

Elle rit légèrement. Décidément, elle ne pouvait s'empêcher de dire tout ce qui lui venait à l'esprit. En tout cas, si elle aimait tellement Stephen King, c'était pour deux bonnes raisons : La première, il mariait à la perfection ses deux genres de lecture préférés, à savoir le Thriller et le fantastique. La seconde, ses histoires ne manquaient jamais d'originalité et dénotaient avec brio diverses facettes psychologiques des êtres humains.

Ils étaient deux dans la bibliothèque, tous les deux dans la même rangées, devant les mêmes livres, ces livres frissonnants, parfois terrifiant, traitant parfois d’horreur mais aussi de guerre, de conflits internationaux ou encore de situation critique et douloureuse.
Devan passait ses yeux sur les différents livres, la couleur jaune revenait souvent, c’était la caractéristiques de livres de types Thriller en format poche et il remarquait que les ouvrages de Teenagers ne faisait pas exception à la règle. Le choix de bouquins du soldat semblait avoir ravi grandement la fille de trèfle, elle lui avait adressé un grand sourire à l’annonce du mot « Thriller ».

-Si t'apprécies ce genre de lecture, nous sommes deux.

Devan ne put s’empêcher d’avoir un petit sourire en coin, cela leur ferait au moins un petit sujet de conversation en commun. Même s’il aimait tous les types de livres, il avait toujours eu une légère préférence pour le thriller. Il lisait parfois son passé… c’était bizarre à croire mais parfois il avait l’impression d’avoir tissé des liens avec la guerre et l’armée… sans le savoir. Pas des liens d’amitiés mais des liens… de profession peut-être ?

Rose se mit sur la pointe des pieds pour saisir un livre un peu plus haut dans la rigole et montra avec un sourire l’auteur du livre : Stephen King. Dev’ sourit légèrement, presque imperceptiblement, mais en pensant qu’il avait déjà lu un peu de cet auteur, notamment « Ca », le Fléau mais aussi le plus important pour lui, son livre et film préféré : « La ligne verte ». La sensation des condamnés et ce petit côté mystérieux et fantastique avait littéralement charmé le jeune soldat. Maintenant qu’il observait un autre livre de cet auteur, il eut envie de retourner dans son studio nord californien et observer tranquillement, dans une semi-pénombre, le DvD déjà tant usagé qu’était celui de la ligne verte.

-Ca tombe bien, y a pas mal de bouquin de Stephen King ici. T'aimes cet auteur?

Elle lui avait dit cela en exhibant le livre de Stephen King, bien que celui-ci utilisait un pseudonyme différent pour l’écriture de cet ouvrage. Rage… il n’avait pas eu l’occasion de le lire mais seulement de consulter quelques résumés à gauche et à droite. La trame principale était claire et précise, d’ailleurs ce genre d’acte lycéen pourrait être une raison… éventuelle comme internement à Teenagers. Dev’ sourit encore.

-Oui j’ai déjà lu quelques ouvrages de lui. J’aime bien son style d’écriture. J’adore la ligne verte !

Il avait exprimé son livre préféré avec un entrain inhabituel, il n’avait pas vraiment coutume de s’exclamer de la sorte.

-Et toi ? Tu aimes Rage visiblement.

Il termina sa phrase avec un petit rire, avant d’aller fureter dans l’étagère opposé afin de trouver quelques romans de Tom Clancy. Il aimait cet auteur, de part son style, ses scénarios de très bonne facture notamment. Dev’ vit Rose sortir un bonbon de sa poche avant qu’elle ne se remettre à parler.

-Manquerait plus que t'écrives et tu serais le gars parfait.

Devan ne put s’empêcher de rougir légèrement, puisqu’il écrivait, il le savait, il avait fait quelques essais tant bien que mal, s’était essayé à quelques noires rimes de poésie ou encore de sombres histoires de torture ou encore de psychologie militaire. Il avait conservé les trois quarts chez lui, dans son studio, il n’avais emporté que le strict nécessaire et il ne possédait… que un ou deux de ses écrits ici, dans le manoir de Teenagers.

-Oui j’écris… quelques petites choses parfois.

Il mentait légèrement sur la fréquence et la taille de ses écrits… mais il ne voulait pas s’exhiber entièrement ou encore moins se faire comparer à un vantard quelconque.

Il passa à coté de Rose, afin d’aller ouvrir la double fenêtre encastré dans cette partie murale de la bibliothèque. Il ouvrit un des battants et se mit à humer, respirer et profiter de l’air assez pur de cet endroit, puisque après tout, ils n’étaient pas dans une grande ville mais bel et bien un coin plus retiré que les autres, un coin plus tranquille. La ville de Los Angeles était à une quarantaine de kilomètre mais Teenagers ne semblait avoir besoin d’aucun recours d’aucune sorte que ce soit auprès d’une ville, d’un état ou d’un village. L’argent semblait disponible en vaste quantité et aucun résident ne semblait se plaindre d’un sentiment d’inconfort dans les locaux de l’institut.

Le froid était toujours présent, le ciel toujours gris, le temps semblait s’être figé depuis son hallucination dans le hall de l’aile droite, devant cette bibliothèque. Aucun oiseau ne voguait dans le ciel… personne ne semblait être libre en cette après-midi de Janvier … Devan prit une grande bouffée d’air et posa un regard interrogateur sur l’herbe du jardin, même si celle-ci n’avait pas changé d’aspect depuis la dernière constatation… Peut-être était-ce ses propres pas, les pas de Dev’ qui manquaient sur cette herbe ?

Eh bien, on pouvait dire qu'ils avaient pas mal de points communs. Petit un, ils aimaient tous deux les Thrillers.

- Oui j’ai déjà lu quelques ouvrages de lui. J’aime bien son style d’écriture. J’adore la ligne verte !

Petit deux, chacun avait lu et apprécié Stephen King.

- Et toi ? Tu aimes Rage visiblement.
- Yep, Rage est mon préféré. Mais j'aime beaucoup La ligne verte, moi aussi!

Petit trois, un des livres de King avait su avoir leur coup de coeur. Rose se mit à relire pour la enième fois le résumé de Rage tandis que le jeune homme furetait dans l'étagère d'en face. Elle se figea lorsqu'il répondit.

- Oui j’écris… quelques petites choses parfois.

Elle redressa la tête. Petit quatre : Ils écrivaient tous deux.

- Damn, mais alors qu'est-ce que le gars parfait fiche à Teen's?

Elle rit légèrement à la fin de sa phrase. Pendant ce temps, Devan partit ouvrir la double-fenêtre. L'as de trèfle sortit une sucette de sa poche; qu'elle ouvrit et déballa avant de se diriger vers lui, une autre sucette à la main.

- T'en veux une?

Elle lui fit un petit sourire et regarda par la fenêtre. Le ciel était toujours aussi gris. C'en devenait blasant à force : Toujours le même ciel. Toujours les mêmes visages, sauf quand de nouveaux résidents débarquaient. Mais à force, on les connaissait tous par coeur. Et le quotidien redevenait terne.
Préférant ne pas s'attarder sur la monotonie de l'institut, elle reporta son regard sur les livres. Puis sur son compagnon. Elle préférait résister à son envie de lire afin de pouvoir répondre à son interlocuteur s'ils se lançaient dans une discussion.

- T'écris quoi, comme trucs?

La curiosité envahissait Rose. Il aimait lire des Thrillers, appréciait King et écrivait. Mais qu'écrivait-il? Était-il d'avantage romancier ou poète? La demoiselle s'était bien tentée à quelques rimes complexe de poésie, dont elle trouvait en se relisant que la plupart n'avait qu'un sens compliqué à déceler; de même, ses écrits la décevaient toujours. Sans doute étais-ce là le complexe des écrivains. On lui avait souvent dit que les personnes ayant du talent avaient tendance à se rabaisser, et que finalement leurs créations remportaient un succès fou. Rosy, elle, doutait être dotée d'un quelconque talent. Et puis, elle avait bien trop peu confiance en elle pour faire lire ses lignes à quelqu'un!

- J'suis p'têtre un peu curieuse, mais... Parle-moi d'toi.

S'appuyant contre le mur, elle regarda l'horizon grisâtre, espérant en voir émerger un ou deux de ses oiseaux préférés : Les corbeaux.

La jeune fille de trèfle semblait heureuse et particulièrement impressionné de tous les points communs qu’elle retrouvait dans Devan. Le soldat en était tout autant surpris, mais s’il s’abstenait de toute forme d’expression concernant cet étonnement.
Il se demandait toujours comment certaines personnes paraissant si … saines d’esprits puissent se retrouver ici, dans une prison géante, à cause de crime méritant normalement la prison. Certes certains délit se font sur un coup de folie, ou encore coup de rage ; d’autres « délits » sont aussi jugés à la hâte…ce qui entraine des erreurs judiciaires, telles que Vitany par exemple.

*Si j’en crois ses dires*

Il ignorait toujours la faute de Rose, ses crimes contre la loi l’ayant mené ici. La question pesait lourd dans la tête et le cœur de Dev’, il ne tarderait pas à exposer sa question devant la brune. Celle-ci confirma l’avance de Dev’ : Rage était bel et bien son livre préféré, elle l’avait fièrement pointé en direction de Dev’, comme si elle lui montrait le plus beau trésor du monde. Devan continuait d’exposer ses gouts de lecture, puis d’écriture, ce qui provoqua une vive réaction de la part de la jeune fille.

-Damn, mais alors qu'est-ce que le gars parfait fiche à Teen's?

*Hum… le gars parfait …*

Il faillit éclater de rire sur le coup, mais il savait que tout cela n’avait rien d’humoristique. Il avait tué des milliers de personnes, assassinés des centaines d’hommes et de femmes innocente pour le compte d’un terroriste. Il avait même tué son propre père dans une atroce souffrance.

Il n’avait rien de parfait, ses goûts convenaient à Rose c’est tout… rien de plus en fait. Le soldat repensait au mot « parfait », tout en continuant d’observer la banlieue s’étendant au-dessus de la grille de l’institut, il alternait son regard entre l’herbe, le béton et le fer. L’herbe tendait à lui rappeler quelques champs d’Afrique, quelques étendues fertiles, mais sans aucune nostalgie bien sur. Malgré leur fertilité, l’être humain n’avait pas hésité une seconde à y verser le sang ou à l’inonder de bombes de toutes sortes. Le béton lui rappelait quelques routes de Medford, quelques routes d’Afrique aussi, mais sans souvenir particulier. Il était néanmoins inutile que le fer lui rappelait pratiquement l’entièreté de son existence. Symbole des armes, composant principal des armes à feu… le fer était à bannir de l’esprit du brun… pour l’éternité.

Il se retourna pour voir Rose passer à coté de lui en déballant une sucette. Il fut surpris en voyant une sucette surgir non loin de lui, accompagnée de la voix doucereuse de la brune.

-T’en veux une ?

Devan n’était pas grand coutumier des sucreries, mais il n’allait pas refuser une offre si gentille et innocente après tout. Il saisit le baton surmonté d’un papier, avant de la remercier d’un signe de tête. Il retournait la sucette dans tous les sens, encore sur la défensive à cause de quelques réflexes de guerre qu’était de vérifier la nourriture qu’on lui fournissait. Les fourberies de ses supérieurs et de ses rivaux l’avait vacciné contre ce genre d’attaque sournoise. Il procédé à une inspection complète, même s’il savait que Rose ne lui voulait aucun mal.

*Sauf si je me trompe carrément*

Après quelques secondes… non loin de la minute, il plongea la sucrerie dans sa bouche et entreprit d’en lécher le bout avec d’habiles mouvements de la langue. Circulaire, droits… il ne laissait aucun à aucun coin un quelconque répit. Ils savouraient tous deux leurs gouters de manière singulière… sans que personne ne parle trop jusqu'à ce que Rose ne rompe le silence.

- J'suis p'têtre un peu curieuse, mais... Parle-moi d'toi.

Devan avait horreur de ça et à peine il eut entendu la question qu’il se disait déjà qu’il n’allait pas s’étendre volontairement sur ce sujet. Rose se contentera du strict minimum, tout ce qu’il faut savoir… et rien de plus intime. La seule personne qui méritait de savoir était Vitany parce que… elle, elle était différentes, une amitié naissait entre eux et un amour naissait dans la tête de Dev’, sa seule présence attendrissait l’esprit du guerrier assidu.

-Je … j’étais un soldat, un enfant-soldat. J’ai tué des milliers de personnes…

Il laissa à Rose quelques minutes pour digérer cette première affirmation…

-J’ai été torturé aussi… mais je préfère ne pas trop en parler. J’ai finalement tué mon père en guise de vengeance pour le meurtre de ma mère… avant de me vendre aux autorités pour espérer une rédemption ailleurs que dans ma solitude.

Il observa Rose s’appuyer contre un mur avant que lui-même ne décide de s’asseoir sur le sol, n’ayant vu aucune autre forme de siège dans son champs de vision…

Rose fût d'abord assez surprise en voyant son interlocuteur inspecter la sucette comme s'il y avait eu un quelconque piège. Après quelques minutes, il finit néanmoins par la mettre en bouche. Allez, n'en faisons pas tout un plat. Un silence s'était installé, jusqu'à que sa curiosité ne le brise.

- J'suis p'têtre un peu curieuse, mais... Parle-moi d'toi.

Savoir. L'être humain n'était rassuré que lorsqu'il savait. Lorsqu'il avait une explication. Les choses étaient ainsi faites. Le genre humain n'aimait pas l'inconnu.

- Je... j'étais un soldat, un enfant-soldat. J'ai tué des milliers de personnes...

Il marqua quelques minutes de silence. L'information s'imprima dans l'esprit de la joueuse. Néanmoins, l'étiquette « assassin » ne se plaçait par, dans l'esprit de Rose, au visage de Devan. Il n'avait pas l'air dangereux! Comme quoi, les apparences sont trompeuses. Enfin. Il poursuivit.

- J'ai été torturé aussi... mais je préfère ne pas trop en parler. J'ai finalement tué mon père en guise de vengeance pour le meurtre de ma mère... avant de me vendre aux autorités pour espérer une rédemption ailleurs que dans ma solitude.

Alors qu'il achevait sa phrase, elle s'appuyait contre le mur. Il lui avait déjà donné plus d'informations qu'elle ne le pensait. L'espace de quelques courtes secondes, elle repensa à sa famille... Avant de chasser celle-ci de son esprit. Le plus rapidement possible. Elle gratta sans vraiment s'en rendre compte l'une de ses cicatrices, à travers son chemisier. Maudites démangeaisons.

- T'inquiète, c'est normal qu'tu veuilles pas en parler. J'comprends.

Au fond, eux deux n'avaient pas vraiment eu de famille. Elle, son jumeau était mort-né, sa mère morte à sa naissance, son oncle décédé lui aussi et son père se fichait de sa fille comme de l'an quarante. Lui, d'après ce qu'elle avait pu entendre, avait tué son père, et sa mère aurait été assassinée. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, en somme! Sarcasme, quand tu nous tiens.

- Donc, t'as été interné ici de ton plein gré... Chapeau.

Jetant un regard à son bras, elle se rendit compte qu'en se grattant elle l'avait légèrement mis à nu. L'une de ses cicatrices était légèrement visible. Elle se tendit et, brutalement, remit sa manche correctement sur son bras. Avant de les croiser tous deux.

- J'te pensais pas aussi courageux, sans déc'. En t'voyant, on s'doute pas d'ce genre de détails.

Elle lui fit un petit sourire chaleureux. Il n'y avait aucune méchanceté dans sa voix, ou dans la tournure de sa phrase. A Teenagers, ils étaient tous dans la même galère, alors cela ne servait strictement à rien de se crêper le chignon pour des broutilles.

Elle avait au moins compris la gravité de son sujet, elle avait capté que la famille c’était une chose noircies à jamais dans le cœur de Devan. La famille pour lui, c’était un lieu de trahison et de complot. Il savait que toutes les familles ne se résumaient pas à cela, mais en même temps… les Cross l’avaient tellement marqué à vie, c’était une entaille au fer rouge qui était enfoncé au cœur de Dev’. La famille c’est un lieu de mort après tout… inutile pour le soldat de se poser d’autres questions dans l’état actuel des choses.

-Donc, tu as été interné ici de ton plein gré, chapeau.

Devan ne réagit pas et se contenta d’un vague signe de la main, c’était sa conscience qui l’avait amené ici, c’était le « petit Devan », endormi depuis si longtemps, qui lui avait dit de tenter une reconversion. Le Devan d’aujourd’hui, le dur et le militaire, avait écouté son « ancien lui » sans trop broncher… après tout, cet ancien présentait bien plus d’aspect positifs de la vie. Entre un avatar de cauchemar, de sang et de peur ; « L’ancien » représentait l’innocence, la joie et la bonne humeur.

-J'te pensais pas aussi courageux, sans déc'. En t'voyant, on s'doute pas d'ce genre de détails.

*Wyoming …*

Cette dernière pensée fit couler une larme cristalline le long du visage blanc. Une soudaine nostalgie de l’enfance innocente… le Wyoming sans y être recherché, un état sans s’y sentir étranger… seulement une terre d’accueil. Il repoussa bien vite son accès de tristesse en reniflant un bon coup et en chassant l’humidité de son visage.

-Le soldat, ce n’est pas seulement quelqu’un qui manie une arme… et qui tue des gens pour son devoir…

Il s’attarda sur les yeux de Rose.

-C’est aussi quelqu’un qui doit faire abstraction de la réalité, faire comme si la personne d’en face n’était qu’une cible de bois, un épouvantail … quelqu’un ? Non, quelque chose ! On doit négliger sa vie et son œuvre, n’importe laquelle qu’elle soit… Etre soldat… c’est avoir un psychisme d’acier.

Tout ce qu’il disait là était naturellement par pure expérience… après tout il avait lui-même vécu cela… Dev’ eut la soudaine envie de poser une question précise à sa compagne ici présente.

-Rose, crois-tu qu’une rédemption est possible ? Dans le comportement de quelqu’un …

Il aurait voulu le savoir de la bouche de quelqu’un d’autre… savoir si cela était vraiment faisable et si un jour il serait normal à pouvoir en sortir de l’institut…
Dans la mesure du possible, il aimerait même sortir avec tous les amis qu’il se serait fait d’ici cette date, à savoir déjà un bon nombre….
Même s’il était très loin d’une sortie quelconque. Son état n’est que trop instable dans l’actuel… Il a pallié certaines choses mais d’autres viennent… comme des épreuves à une course d’obstacles.

*Mais c’est des obstacles dignes des jeux olympiques…*

Devan sentit une grosseur dans sa poche de pantalon alors qu’il patientait après une quelconque réponse de Rose. C’était son couteau de bataille… la seule chose que personne n’avait pris, c’en était même curieux. Il le dégaine à une vitesse alarmante et se mit à en observer la lame sous la lumière du jour.

À la fin de ses dires, Rose eût la surprise de voir couler une larme le long du visage de son interlocuteur. Il s'empressa de renifler, avant de chasser l'indésirable goutte d'eau de son visage d'un geste de main.

- Le soldat, ce n’est pas seulement quelqu’un qui manie une arme… et qui tue des gens pour son devoir…

Elle le regardait, attentive, et remarqua qu'il s'attardait sur ses yeux. Quel était le rapport? Elle, en tout cas, n'en voyait aucun.

- C’est aussi quelqu’un qui doit faire abstraction de la réalité, faire comme si la personne d’en face n’était qu’une cible de bois, un épouvantail … quelqu’un ? Non, quelque chose ! On doit négliger sa vie et son œuvre, n’importe laquelle qu’elle soit… Etre soldat… c’est avoir un psychisme d’acier.

Un frisson courût le long de l'échine de la joueuse. Qualifier un être vivant de « quelque chose »... C'était le mettre bien bas.

- Rose, crois-tu qu’une rédemption est possible ? Dans le comportement de quelqu’un …

Question bien épineuse qu'il lui posait là! Réfléchissant un instant, elle sursauta en le voyant dégainer avec une rapidité et une dextérité impressionnantes quelque chose. Quelque chose qu'elle ne tarda d'ailleurs pas à identifier. Un couteau, dont la lame luisait sous un fin rayon de soleil. Par instinct, elle eût un mouvement de recul. Faisait-il cela pour la presser de s'exprimer?

- Je... Suppose qu'ça dépend d'la gravité des actes qu'il a commis, et d'l'état psychologique qui s'en est suivi.

Elle n'osait plus bouger. Sait-on jamais, des fois qu'une pulsion passe dans la tête du jeune homme et le pousse à lui faire du mal. Car après tout, il avait déjà dégainé un couteau sans raison valable. Elle inspira discrètement deux ou trois grandes goulées d'air pour se calmer. Par réflexe, ses mains se resserrèrent autour de l'ouvrage qu'elle tenait.

(HRP : Désolée du retard et de la longueur >.<')

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