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| | Sujet: [To Carmen] Buch. Lun 3 Nov 2008 - 17:01 | |
| [Premier post]
Où était-il ? Facile. Des étagères imposantes de part et d'autre de son visage, oppressantes. Et avant ? Le dortoir, silencieux, empli de bras d'endormis pendants. Il avait eu une nuit agitée, n'avait plus réussi à se rendormir, se tournant et se retournant dans son lit, la couverture et le pyjama lui collant désagréablement à la peau. Finalement, il s'était allongé sur le dos, à fixer le plafond. Il était alors quatre heures du matin. Aucun bruit, si ce n'était celui des respirations lourdes autour de lui. Les pires locataires étaient déjà partis, ou bien n'étaient jamais rentrés dormir. Doucement, il avait ramené derrière ses oreilles des mèches de cheveux moites, tout en essayant de se remémorer quelles chimères un tant soit peu effrayantes il avait croisées dans ses cauchemars. Mais rien, rien, que du flou à peine palpable. Et il ne parvenait plus à fermer l'oeil. Pourtant il n'avait aucun problème, aucun problème. La plante de ses pieds rencontra le métal froid des barreaux d'une échelle, puis slaloma entre les matelas, avant de stopper devant la porte qu'il ouvrait le plus discrètement possible. Comme tout jeune normal, Fade n'avait jamais aimé le réveil, aussi il venait de mettre une heure à se décider à aller se dégourdir les jambes. Cinq heures.
Les couloirs étaient peu éclairés. Pour la simple et bonne raison que c'était l'aube, qu'on ne jugeait pas utile d'allumer les lampes en pleine nuit, et que les rayons naissants du soleil étaient nettement insuffisants pour illuminer tout un institut - mais la moitié à l'est, peut-être... Est-ce que même les surveillants dormaient, à un moment donné ? Ici, en tout cas, il n'y avait que le son de ses pieds nus sur le carrelage. Schouip. Schouip. Chuuut, tu vas les réveiller. Il s'immobilisa une demi-seconde dans cette optique de passer inaperçu : pas besoin d'être devin pour s'attendre à des réactions surprises du personnel si on le trouvait là. Silhouette dégingandée flottant dans une chemise entrouverte, pantalon le plus large qu'il avait pu trouver, vernis noir écaillé. C'est bon, on pouvait continuer. La liberté accordée par sa solitude et le vide des lieux avait quelque chose d'excitant. Il pouvait courir partout, personne ne verrait rien. Il pouvait même visiter ce qu'il n'avait pas encore eu l'occasion de fouiller. Salles interdites, laboratoires secrets... Sa main poussa une des nombreuses portes alignées sur sa droite. Noir total dans ladite nouvelle pièce. Il s'en fichait pas mal, refermant le lourd loquet derrière lui, s'adossant au bois pour se permettre de respirer.
Ensuite, il poursuivit tant bien que mal son exploration. Où était-il ? Facile. Des étagères imposantes de part et d'autre de son visage, oppressantes. Par là, il y avait une petite source de lumière offerte par une lucarne... Il décida d'aller dans cette direction, pour y découvrir un amoncellement de fauteuils. Un coin lecture. Qui pouvait se prétendre intello, ici ? Fade fronça les sourcils d'un air tout à fait dubitatif, décidé à faire demi-tour. Ses yeux sombres effleuraient les tranches des livres sur les étagères, caressants. Il n'aimait tout simplement pas lire. L'endroit n'avait aucun intérêt. Allons voir la salle d'après. Un peu bêtement, il pila devant une couverture vert et or. Il n'y avait personne... Ca ne froisserait pas la royauté s'il... jetait un coup d'oeil. Et un Ietrich qui se hisse sur la pointe des pieds pour tirer sur le bouquin. Voilà qu'il l'avait, et voilà que tous ses copains feuillus tombaient plus ou moins à côté. Bouaaaah ! Dans un premier temps, le jeune homme fit un mouvement des bras pour limiter le nombre de chutes, peu concluant. Hécatombe de feuilles froissées sur le sol. Au moins, il retenait le reste, en jetant un coup d'oeil par-dessus son épaule sur un éventuel arriviste. |
| | Sujet: Re: [To Carmen] Buch. Dim 9 Nov 2008 - 11:42 | |
| La nuit paraissait tellement longue. Son épaisse couverture fut la cause des sueurs perlant ses tempes. Qu'est-ce qu'il avait chaud. D'un coup de pied précis, il balança le satané morceau de tissu à terre. Grommelant, il quitta son matelas d'un air quelque peu défaillant. Dieu qu'il haïssait ses instants d'insomnie. Cela lui arrivait souvent. Trop souvent, à lui qui appréciait le sommeil, les rêves, le repos et le silence. Il observa l'heure. Quatre heure quarante-neuf du matin. « Damned » souffla Carmen à lui-même. Il s'étira le corps, et entreprit d'enfiler un boxer noir, des pantoufles et un peignoir mauve. Ses longs cheveux se firent prisonniers d'un élastique encombrant. Son actuel métier d'éducateur le contraignait à faire des tours dans l'Institut. Il savait bien qu'il y avait le gardien de nuit, Nika Alyosha, mais pourquoi pas le remplacer de temps à autre. Carmen ouvrit silencieusement sa porte, lampe de poche en main, et quitta le seuil en baillant...
Ses pas l'emmenèrent d'abord vers le Salon. Rien à signaler, et puis qu'est-ce qu'un résident foutrait là-bas ? Il mangerait ses tartines ? Tout seul au milieu des couloirs sombres, Carmen éclata de rire. C'était fou comme il aimait la solitude. En salle de repos, un abruti avec de la bave plein le menton dormait à terre. Monsieur Liviu fit l'ignorant, et laissa l'adolescent livré à lui-même. Passant près d'une fenêtre, la lumière du soleil levant le contraignit à éteindre sa torche. Ses doigts, longs et fins, vinrent se nicher dans les poches douillettes du peignoir.
Soudain, l'écho d'un bruit éclata ses tympans. Il tourna la tête de droite à gauche, étonné qu'il ait pu échapper à un éventuel rebelle. L'agitation émana de la Bibliothèque. Carmen s'y aborda discrètement, parvenant à faufiler sa tête dans l'embrasure de la porte. Ses yeux s'écarquillèrent lorsqu'il aperçut un tas de livres gisant au sol. Le coupable s'entêtait à sauver quelques uns en affolant ses bras dans tous les sens.
- Heeeeey ! Mais fais gaffe où tu marches ! Attention les... les feuiiiilles ! S'alarma-t-il, en vain ; le résident avait déjà piétiné une cinquantaine de pages volantes.
Malheur. Pour Carmen qui vénérait la lecture, ce supplice, il ne l'avait certainement pas mérité. Soupirant un bon coup pour ne pas péter un câble, l'éducateur força un sourire hypocrite. S'approchant de l'adolescent, qui peut-être avait aussi des ennuies d'insomnie, Carmen s'entendit parler d'une voix étonnement calme. Il voyait bien là la prévalence de ces ennuyants cours de théâtre qu'il avait dû, jadis, subir.
Tout en réduisant l'écart qui les distançait, l'éducateur se permit d'examiner l'élève en question. Il ne lui semblait pas familier, sans doute était-il, peut-être, nouveau depuis peu. L'obscurité ne l'aida pas dans sa démarche visuelle, mais pour l'ensemble qu'il distinguait, Carmen s'étonna à apprécier la fragile allure du comparse. Une fois à hauteur de l'impertinent, le Roumain le jaugea d'un regard las.
- Alors, murmura-t-il comme pour éviter que quiconque ne se réveille, auras-tu une bonne excuse qui expliquerait ta présence éveillée, ici, et en pleine nuit ? Adjura l'éducateur de sa petite voix naturelle. Il attendait certes une réponse convaincante. Cela dit, il suffirait que la réponse soit « J'suis insomniaque » pour qu'il compatisse, lui-même subissant les soubresauts de la nuit. Mais il en doutait fort. Les jeunes d'aujourd'hui étaient soit dépressifs, suicidaires et mythomanes, soit atteints d'agrypnie, parfaitement sereins mais tout aussi mythomanes.
Patient, mettant les mains sur les hanches, Carmen haussa un sourcil tout en évitant de penser aux pauvres livres meurtris. |
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