La chambre d'un trio de choc [PV Kenounet & Nathachou]

Fabian avait fait une entrée plutôt discrète à Teenagers.

Déjà, il était d'une humeur massacrante. Il ne voulait pas être dans cette institut de nazes, dépressifs, fous et compagnie, et en plus il n'avait pas eu sa dose quotidienne. De ce fait, son corps ripostait et son cerveau était sans dessus-dessous. Il tremblotait déjà en arrivant et il avait perdu l'espoir de trouver de quoi le satisfaire en voyant la gueule du bâtiment.

Après un épuisant voyage, forcé, ballotté dans tous les sens, maltraité quand il le fallait, la voiture où Fabian était bloqué à l'arrière par un sale type ressemblant fortement à un ours mal léché en uniforme freina. Le jeune drogué regarda par la fenêtre et tira une grimace affreuse. Une institut pour nous redresser, ça ?! Une prison sinistre oui ! Il en sortirait vieilli d'un siècle, avec une dépression chronique aux fesses ! Il fixait la grande porte, l'entrée sûrement, avec un désespoir apparent. C'est alors qu'on ouvrit la porte et que Mister Big Bear le poussa comme s'il n'était qu'un clébard des rues. Fabian manqua de trébucher et de se rétamer au sol goudronné de la route. Reprenant son équilibre malgré le début d'une faiblesse évidente, il fut guidé par d'autres poulets qui le prirent chacun par un bras. Fabian n'était pas un dangereux criminel, violent ou quoique ce soit, il n'avait jamais tué personne de sa propre main, mais voilà, la police américaine s'avéra stupidement prudente envers lui, lui assenant volontairement un petit coup de matraque soi-disant pour le faire obéir. Mais jusqu'ici, Fabian n'avait pas été vraiment capable de repousser les policiers, entraînés de toute façon. Face à un toxicoman en manque, ce n'était que des lâches qui se défoulaient sur ce pauvre gamin...

Ainsi mené, Fabi gravit les escaliers. Normalement, on laissait ensuite l'adolescent se débrouiller, mais en de rares exceptions, on les amenait devant le directeur. Pas une seule fois les policiers ne le lâchèrent, ni pendant le chemin dans le bâtiment immense - Fabian en eut la gerbe - ni pendant l'entretien avec le gérant de l'établissement. Etonnamment, l'homme en question n'était pas un richard sans scrupules avec un cigare pestilentiel au bord de lèvres baveuses, entouré d'un visage gras et chauve dépassant d'un col bien trop serré autour de cette chair dégoulinante... Non. L'homme était élégant, au visage dur certes, mais la voix n'était pas menaçante ou celle d'un vilain sadique pas beau. Il avait de longs cheveux ondulés et d'un brun chocolat. Bon, Fabian ne l'avait pas ainsi décrit dans sa cervelle bouillante et déconnectée, il n'était pas aussi poète, même dans un état clean, mais tout ça, c'est pour dire que le garçon était surpris d'avoir avoir à un directeur aussi... propre sur lui et normal. Les policiers discutèrent quelques instants avec l'homme à l'allure fière avant de lâcher - heu, pardon, bousculer une dernière fois le jeune dealer. Le directeur lui-même se mit à lui faire quelques remarques, à le mettre en garde, à lui expliquer les règles de Teenagers, strictes et s'il y avait un manque de respect envers ces lois rédigées spécialement pour cette institut... les résidents était sévèrement sanctionnés. Mais jamais ils n'étaient renvoyés, ou seulement pour aller dans un endroit pire encore : la prison. Fabian frissonna. La prison américaine n'avait rien de très tentant... Le directeur acheva ce monologue avec une précision qui frappa Fabi : aucune drogue ne peut passer ici. Sans être un centre de désintoxication, comme pour les adultes, il était interdit d'en amener et d'en consommer. Premièrement, Fabian céda à une légère panique ; ensuite, il se calma. Les interdits sont bien faits pour être contournés, n'est-ce pas... ?

Pour finir, le directeur le renvoya dehors et l'adolescent dut se débrouiller pour retrouver son chemin. Il dut aller chercher ses affaires abandonnées dans le Hall d'entrée et puis chercher sa chambre. Il mit presque une heure à la trouver. Par chance, ce n'était qu'au premier étage... si c'était au dernier, il y serait ce soir.

Cette chambre, il y passa deux mois entiers, seul. Malade comme un chien, constamment fatigué mais hyperactif à la fois, seuls les anti-dépresseurs qui n'étaient que des drogues légalisées le faisaient un peu tenir. Son tabac l'apaisait le temps d'une heure ou deux de sommeil agité. Sinon, il restait figé dans un coin de son lit, dos au mur tapissé, dans le noir, yeux grands ouverts et mâchoire crispée, les genoux plaquées contre une poitrine ou le cœur battait soit trop lentement, soit trop vite. Il avait encore maigri puisqu'il ne mangeait quasiment pas. Il maudissait ce bâtiment qui n'était pas prévu pour les drogués en manque... Ils les abandonnaient et s'en fichaient bien de leur sort.

Fabian avait souvent pensé, ces deux mois, à se suicider. Mais en soixante jours, la meilleure manière ne lui était pas venu. Se trancher les veines ? Aïe. Pendaison ? Glup... Noyade ? Paniquant. Il était bien trop lâche pour mourir et, finalement, il se résigna à cette souffrance qui ne se calmait pas et lui attirait des cauchemars de pire en pire chaque nuit...

Et puis, il ne fut plus seul. On lui annonça qu'il allait dormir avec deux autres garçons. On ne lui avait pas précisé si ces garçons étaient fous, drogués, obsédés sexuels ou quoi d'autres, ni pourquoi il devait se les coltiner maintenant. Etait-ce deux nouveaux ? Ou en déménageait-on parce qu'ils étaient trop chahuteurs dans les dortoirs ? Pas très rassuré, Fabi se tut pourtant. Il ne pouvait pas dire son avis, ici. Ainsi, en ce jour, se prépara-t-il à recevoir ces types dont il ne savait absolument rien et qui pouvait, à Teenagers, être n'importe qui ou n'importe quoi...

Comme d'habitude, le dealer de Californie était blotti sur son lit qu'il s'était attribué. Noir quasi complet grâce aux rideaux fermés sur un sale temps, silence de mausolée, odeur de renfermé... Ses affaires étaient déjà rangées soigneusement à leur place et il ne faisait rien de spécial, à part fixer intensément un point sur le mur d'en face. Sauf qu'il était perdu dans d'autres pensées complètement irréelles. Bientôt, des pas de l'autre côté de la porte se firent entendre... Bon sang... Le coeur de Fabi se mit à tambouriner de plus belle et il ne contrôla pas sa crainte. Crainte de quoi ? On n'allait pas le foutre avec un assassin en couche-culotte tout de même ! Si ?... Et si c'était possible ? Les lèvres pincées, Fabian regarda la porte. Le bruit s'intensifia, les pas se rapprochaient. Le dealer était presque en train d'arrêter de respirer. On aurait dit un film d'horreur. Mais tout ça, c'était dans sa petite tête d'allumé...

"It's obvious that you're dying, dying
Just living proof that the camera's lying
And oh oh open wide
Cause this is your night so smile…"

C’est en chantonnant doucement un air de Paramore que Nathanaël vagabondait d’un air nonchalant dans les couloirs, s’étant dit qu’il faudrait PEUT-ÊTRE prendre ses responsabilités et s’occuper de son pauvre bagage qui devait l’attendre comme un chien fidèle au premier étage, en déclenchant une vague de pitié dans le cœur de ceux qui passaient devant. Pauvre p’tit sac. Il avait vraiment un maître indigne. L’Irlandais se consola en se disant que, de toute façon, le temps était trop dégueulasse pour avoir autre chose de mieux à faire. Aussi franchit-il courageusement les escaliers menant au premier étage, arrêtant par la même occasion de chanter son refrain. Il savait que les jours de pluie étaient propices à la sieste. Son sac l’attendait dans un petit coin du couloir. Un sac de sport pas bien gros, et pourtant toute sa vie, depuis des années, se résumaient à ce qui s’y trouvait. Des habits, des livres, quelques trucs indispensables à la vie de tous les jours…Et c’était tout. L’Irlandais s’empara d’une des lanières qui pendait lamentablement et le souleva. En parcourant le couloir des dortoirs, il fit un peu le point sur ce qui s’était passé depuis son arrivée qui datait de ce début d’après-midi. Liv lui avait indiqué les endroits importants de l’institut, et il avait fait des choses plutôt plaisantes avec lui. Mais ce n’était pas le moment d’y penser pour l’instant. Il devait avant tout affronter ses affaires qui ne demandaient qu’à être rangées, et éventuellement son ou ses colocataires qu’il n’avait pas encore rencontrés.

Pour ces derniers, il ne faisait pas trop de soucis ; il était en état de tout affronter. En effet, après avoir prit congé de Liv, il s’était enfilé une dose minime d’héroïne. Certes il planait un peu, mais au moins ses membres ne tremblaient pas et il n’était plus dépressif. Il se sentait même capable de tenir une conversation intelligente, tiens xD ! Quand il était clean, il devenait carrément infréquentable. C’était mieux comme ça. Normalement, il était sensé être là ‘pour guérir’, comme on le lui avait si bien dit en taule pour mineurs, ça n’était pas du tout dans ses projets xD. Il était bien décidé à faire son rebelle (façon Gandhi xD) et faire un gros fuck à la société.
Personne ne le forcera à se souvenir. Personne.

Repoussant inutilement ses mèches noires qui gênaient son regard fiévreux, le junkie se planta devant la porte de sa chambre. L’Irlandais songea un instant à faire irruption dans la pièce comme un sauvage, style fête-surprise foireuse, et faire un gros câlin de bienvenu aux colocataires qui se trouvaient éventuellement derrière cette porte (sinon tant pis, le câlin sera pour le coussin). Mais après réflexion, Nathanaël repoussa cette idée. Il fallait prendre en compte que cet institut était remplit de toxicos, de violeurs ou même d’assassins. Bien sûr, ils étaient peut-être sympas, mais dans le doute, mieux valait faire les présentations en douceur.

Sa main actionna la poignée, la porte qui aurait besoin d’huile crissa en s’ouvrant d’une lenteur calme (treeeeeemble Fab’ xD). Et hop, abracadabra, le jeune homme aux allures d’émo/goth bien malgré lui observa la pièce et la personne qui s’y trouvait avec un air étonné. La lumière du couloir suffit à ce qu’il distingue ses traits. Eh ben, il ne devait pas se sentir bien ce type, pour s’enfermer comme ça dans le noir. Chose qu’il fait lui-même, quand il se trouve trop en manque pour supporter la réalité de la vie. Serait-il, lui aussi, un toxico ? Possible.

Ayant pitié des pauvres n’oeils de son camarade, il n’alluma pas la lumière.

"...Salut ! S’cuse je dérange peut-être…" Il sourit avant de refermer la porte, plongeant à nouveau la pièce dans le noir. Son regard vairon ne mit cependant pas longtemps à s’habituer à l’obscurité "Je m’appelle Nathanaël. On est colloc’ apparemment."

Voilà, présentations faites. Reste à savoir comment son intrusion allait être accueillie. C’est pas parce que Liv a été sympa avec lui qu’il allait forcément échapper à une éventuelle raclée. Ou alors, elle viendra après, dès qu’il aura trop ouvert sa gueule. Bizarrement, il n’était pas trop confiant. Son colocataire avait l’air d’une humeur massacrante, et si jamais il devait en faire les frais…Bah tant pis hein. C’était pas comme si ce genre de choses l’atteignait.En attendant la réponse de Fabian, Nath’ se déplaça furtivement jusqu’à un lit libre, jeta son sac à ses pieds et s’assit en tailleur dessus avant de sortir une cartouche de sa poche pour faire le compte du nombre de clopes qu’il restait dans le paquet qu’il avait volé au flic à son arrivée.

Fabian se faisait des films de plus en plus effrayant. De l'institut, il se trouvait dans sa maison, puis dans un manoir hanté... Il s'imaginait être bientôt en face d'un élève fou, puis d'un assassin, puis il pensa à un monstre... Fabian aurait presque pleurniché, il partait totalement en c**ille.

Puis la porte s'ouvrit, laissant un large rayon de lumière le frapper en plein visage. Le tox cligna des yeux en gémissant. Ca lui faisait un mal de chien ! Mais, bizarrement, c'était plus supportable que ce qu'il endurait nuits et jours depuis deux mois, depuis son arrivée, depuis qu'on lui avait tout enlevé côté cam... Heureusement, le nouveau venu eut l'air d'avoir assez de tact pour ne pas allumer la grande lumière. Il donna même l'impression de regretter d'être venu, prêt à s'excuser s'il dérangeait. Déranger Fabian ? En cet instant ? Impossible, il se fichait bien de ce qui l'entourait. On lui enfoncerait un poignard dans le ventre, à part hurler de douleur, il n'essayerait rien d'autre... Le nouveau venu entra alors et referma la porte, replongeant la pièce dans sa noirceur d'avant. En silence, Fabian le remercia, mais seul un petit soupir soulagé le démontra. Il remit ses paupières mi-levées, mi-baissées, d'un air si las qu'on aurait dit un zombie. Par chance, l'obscurité cachait ce côté fébrile de sa personne.

"Je m’appelle Nathanaël. On est colloc’ apparemment."

- Mh... Oui, grogna doucement le dealer.

Un long silence s'ensuivit, puis Fabian redit de sa voix monotone, faiblissante, tremblante :

- Moi c'est... Fabian.

Il se tut à nouveau, figé dans sa position tordue. Il regardait Nathanaël droit dans les yeux sans sembler éprouver la moindre gêne. Et comme s'il avait été parcouru d'une décharge électrique, il sursauta sur place puis déclara :

- D-Dis-moi... pourquoi t'es ici ? T'as fait quoi ? Tu...

Pour tout avouer, Fabi apercevait les traits du garçon et le voyait un peu comme un drogué. Il avait peur de se tromper et de se trouver à nouveau en face d'un gars comme Seigi, ainsi fut-il plus prudent.

Six Gitanes. Mouai, il n’allait pas tenir longtemps avec ça. En plus elles étaient dégueulasses. Si seulement il avait eu des Malboro…Il allait devoir trouver un moyen de se ravitailler en clope. Il avait le choix : ou il trouvait un moyen de sortir d’ici de temps en temps pour aller au tabac du coin, ou il trouvait quelqu’un pour le faire à sa place. Il lui restait un peu d’argent, et peut-être qu’une autre monnaie circulait ici, genre les meilleurs gâteaux de la cantine ou les bières piqués au personnel. Bah, il trouverait un moyen. Pour le moment, il ne manquait pas d’héroïne, alors pour lui, tout allait bien dans le meilleur des mondes. Chose qui ne semblait pas être réciproque pour son colocataire, qui s’était présenté d’une voix faiblarde. Ses yeux vairons quittèrent son paquet de clopes éphémères et croisa ceux de Fabian, qui le regardait fixement. L’Irlandais fit de même, esquissant un petit sourire signifiant en gros ‘je suis heureux de faire ta connaissance’. Puis il disparut et Nath’ se contenta alors de lui rendre son regard, l’expression neutre. Le regard des autres ne l’avait jamais dérangé, et il ne se gênait pas pour le faire lui-même et tenter ainsi de comprendre à qui il avait à faire.

Dans le cas de Fabian, dont il distinguait désormais beaucoup que la silhouette, il y voyait une maladie qui l’atteignait souvent et dont il craignait toujours autant le courroux : le manque. Les symptômes, il les connaissait par cœur pour les avoir subits lui-même, on ne pourrait en aucun cas le tromper sur ce terrain. Même s’il n’en montrait rien, il avait de la peine pour lui. Et il savait qu’à moment où à un autre, ça serait son tour. Dieu, t’es qu’à salaud. Donne-moi au lieu de tout me reprendre, pour changer.

Fabian brisa le silence qui commençait à devenir oppressant pour lui demander ce qu’il avait fait pour être là, comme Liv avant lui. Peut-être que les gens d’ici se regroupaient selon les critères…Les drogués avec les drogués, les violents avec les violents…Ou alors on lui posait cette question parce que c’était LE point commun que tous avaient ici. Avant de répondre, Nath ramassa son sac pour le poser sur le lit. Il l’ouvrit et commença à farfouiller dedans, semblant chercher quelque chose. Puis enfin il s’éclaircit la gorge pour y chasser la bile qui avait un arrière-goût de tabac.

"Drogue, vols, ébriété sur la voie public et homicide involontaire."

Le jeune homme avait énoncé ses délits d'une telle façon qu'il était impossible de savoir s'il en avait honte ou pas. Encore une fois, comme avec Liv, il ne parla pas du fait qu'il avait vendu son corps contre de la drogue ou de l'oseille. Il s’arrêta un moment de fouiller pour le regarder de nouveau. Pas d’émotions visibles sur son visage blême, neutre au possible. Méfiance. Voir à qui il avait à faire, et se lâcher après. Même si pour le moment, à priori, Fabian ne semblait pas être d'un quelconque camps adverse.

"Et toi aussi c’est la came, j’me trompe ? Tu essayes d’arrêter ?"

En tout cas, pas lui. S’il en était de même pour Fabian, qu’il était là contre son gré et ne voulait pas guérir…Peut-être qu’il pourrait lui donner un peu de son héroïne pour le soulager, s’il en voulait (après tout il ne savait pas ce qu’il prenait). Dans le cas contraire, s’il voulait se débarrasser de tout ça, il n’allait pas le tenter. Mais c’était à lui d’afficher la couleur. Peut-être qu’il allait perdre une précieuse dose de came dans l’histoire, mais en échange il aurait sûrement de bonnes relations avec lui. Il allait sûrement passer pas mal de temps ici à le côtoyer, autant s’entendre un minimum plutôt que d’avoir un teigneux prêt à tous les coups fourrés du monde rien que pour lui pourrir la vie.

Puis de toute façon, il n’aimait pas voir les autres en manque. Ça lui rappelait ses propres crises qu’il fuyait comme la peste.

"Goddamn it"

Le juron anglais retentit dans le silence des corridors, choquant quelques passants qui jettèrent un regard vers celui qui venait de le pronnoncer. Les passants finissaient bien vite par décamper sans afficher d'émotions en reconnaissant le propriétaire de cette langue si malpolie, sans doute habitués. 'si c'est Ken, c'est normal' voilà ce qui se tramait sans doute dans leur petit esprit. En le regardant, comme ça, on comprenait mieux comment il arrivait à blasphémer sans se sentir coupable. Déjà que ses jeans troués aux genoux et que son chandail bleu pâle avec un dessin du doigt d’honneur, recouvert d’une veste grise avec des coutures bleue, ne donnait pas vraiment une impression de mec amical. Bon okay, il y a pire comme habits de rtebel, genre super gothique avec des pics de 6 mètres sur des bottes en cuirs et peut-être même un tatouage de tête de mort pissant le sang par les yeux... Mais non, on va pas faire peur aux gamins, bien qu'il soit peu probable qu'il y en ait dans ce fichu lieu perdu. D'ailleurs, si l'on fichait une carte du monde sous le nez du blond et qu'on lui demanderait de situer l'institut, il fixerait probablement la carte sans expression avant de vous dire d'aller vous faire mettre. Bref, c'était un endroit perdu et ce blond n'avait pas l'air commode avec son accoutrement. La cigarette qui lui pendant des lèvres n’était pas pour changer l’image non plus. Mais le plus choquant, c’est qu’il semblait avoir dit ces mots pour aucune raison particulière. En effet, ses yeux étaient rivés sur un tableau dans le corridor et ses sourcils froncés montraient bien son état contrarié. Il trimbalait un vieux sac aux bords de tissus éffilé d’un beige khaki des plus horrible sur son épaule, sac qui était quand même assez grand. Il n’était pas annormal de voir des gens pousser des jurons dans cet endroit, après tout c’était quand même un institut pour jeunes délinquants, mais de voir un mec de cette tempe avec apparemment beaucoup d’audace regarder une carte, alors ça c’était assez surprenant. Attendez une petite minute... On parle de Ken là? Ken qui lit une carte? Pffeu, on aura tout vu, dans deux minutes, des hippopotames en tutu rose à pompom gambaderont dans le corridor en jouant du tamtam et en trimbalant des cactus empaillés tien! Bref, il était rare de voir le jeune homme blond lire. D’ailleurs, un adolescent qui était assis dans le corridor semblait fasciné par la silhouette du blond, en particulier par son derrière. Apparemment, y'avait des pervers même dans les bas fonds perdus... À croire que personne n'était à l'abris de se faire matter son pauvre cul dans ce bas monde. L’adolescent, sentant un regard sur sa personne, tourna les yeux un moment vers la silhouette assise et lui jeta un regard noir.

"What do you f*ckin’ want, asshole ?"

Alors là, un homme normal ferait la grimace devant ce language si mal choisit. L’adolescent au sol perdit son petit sourire en coin et regarda rapidement ailleurs, n’aillant pas envie de tester la fermetée des poings du blond qui semblait tout disposé à lui refaire le visage. Ken, car c’était bien le nom de la menace sur pattes, remarqua son regard fuyant et perdit aussitôt toute colère. Il fixa un moment l’adolescent avant de pousser un soupir et de se masser les tempes. Le blond prit un moment pour éteindre sa cigarette contre le mur et écraser le mégot sous son pied, se fichant qu’il y avait une poubelle juste à côté. Il augmenta le volume de son ipod, une chanson assez énergique battant à son oreille. Ken jeta un dernier regard au plan, puis rebroussa chemin en retenant sa frustration. Cela devait bien faire une heure qu’il arpentait les corridors de ce fichu institut et il avait toujours pas trouvé son nouveau dortoir. Normalement, ses deux autres chambres avaient été assez proches l’une de l’autre alors il s’était retrouvé facilement. Mais cette fois, son dortoir se trouvait à l’autre coin du bâtiment et il s’était apparemment perdu, parce qu’il était revenu bêtement sur ses pas. À croire que ces connards de maîtres de l'institut aimaient bien s'amuser à le faire chier. D'ailleurs, le blond évaluait les possibilitées que des caméras de surveillance soient en ce moment partout autour de lui et que ces cons soient en train de se fouttre de sa gueule. Évidemment, ce fait l’avait énervé et c’était la raison de sa démonstration de mauvais langage… Fallait aussi comprendre qu’il s’était levé de mauvais poil ce matin, parce que son fichu colloc’ avait passé la nuit à faire l’amour avec sa copine, complètement ivre. Le crétin avait pas appris à user du respect apparemment ! Disons en plus qu'ils étaient pas spécialement silencieux, toute la planète entière devait les avoir entendu! Ken était certain que si le mec avait fait autant d'effort pour se faire entendre, c'était en fait pour cacher le fait qu'il ressentait en fait aucun plaisir, histoire de pas vexer la fille. C'est qu'elle beuglait comme une perdue cette dinde! Il voulait pas faire encore plus de bordel que nécessaire alors le blond s’était tenu à carreaux, endurant en silence, se disant que de toute façon il serait hors de ce trou le lendemain… Pour se retrouver dans un nouveau trou sans doute encore plus profond... Mais les cris jouisifs de la fille lui avait donné des hauts le cœur et il pouvait encore les entendre résonner dans son crâne. Ça avait pas aidé non plus que le lendemain, cette gourde vienne dans la salle de bain pour se maquiller alors qu’il prenait sa douche ! Bon okay, il aurait probablement pas du lui faire peur comme ça, mais quand même !!!!

Ken se passa une main dans les cheveux en grognant, se sortant une autre cigarette. Depuis ce matin, il fumait comme une cheminée… D’ailleurs, faudrait qu’il ralentisse où il lui resterait plus de clopes avant un moment ! Le blond alluma sa cigarette avec son éternel briquet jaune canari avec un dessin de dynamite, le premier objet qu’il avait volé de toute sa vie. Il se mit à réfléchir aux mecs qu'il connaissait dans cet endroit pourri, des mecs qui pourraient lui procurer des clopes. Y'avait bien les filles aussi, mais comme Ken finissait toujours par se frustrer plus rapidement avec les nanas, valait mieux les oublier. Il se rappela soudain qu'il avait plusieurs paquets cachés dans son sac, des paquets qu'il conservait et que Mike lui avait donné. Parfait, pas besoin de faire le lèche botte. Tout en tournant un coin de couloir, le blond ralentit la cadence et fit demi-tour, inspectant les numéros sur les portes en fronçant les sourcils. Merde, il allait pas passer la journée à chercher une putain de porte! L'adolescent se gratta furieusement la nuque, retenant cette envie soudaine qui le prenait de casser un truc. Il était comme ça lui... Quand quelque chose l'énervait, donc à 88 % du temps, il devait cogner. Normallement, il frappait des ballons de soccer, mais dans le corridor... Il doutait que les surveillants trouvent la chose aussi amusante que lui. Le blond se tourna de nouveau et continua un peu plus loin dans le couloir, tentant de distraire son esprit contrarié. Ses pensées revinrent presqu'automatiquement à Mike et à sa visite de la semaine dernière... Sa frustration tomba aussi raide qu'elle était venue, tandis qu'il pensait à son vieil ami. Passer les jours dans cet endroit pourri lui avait fait réalisé à quel point il s'ennuyait de ce mec, pas qu'il allait jamais lui dire ça, plutôt crever ouais... Ken interrompit ses pensées et s'arrêta soudainement devant un autre couloir. Il inspecta l'endroit sans grande conviction, se disant que si c'était pas le bon, il allait vraiment finir par casser un truc, vraisemblablement un mur ou une fenêtre. Le blond serra le poing et fit cesser son ipod d'un coup de pouce sur le bon bouton, se disant que d'entrer avec la musique à fond la caisse sur une chanson hyper rocké, ça faisait pas une entrée des plus... Subtiles. Et il avait pas envie d'attirer l'attention de ses deux nouveaux collocs. Moins il s'attachait, mieux sa vaudrait pour tous les trois. Quand Ken en apparenait sur les autres, il avait tendance à devenir encore plus maladroit que d'habitude, alors non merci. Prenant une grande respiration pour se calmer, l'adolescent avança dans le couloir, sa carrure imposante faisant de l'ombre sur le sol. Il fit quelques pas, puis se rendit ENFIN devant cette porte qu'il cherchait tant. Ken attendit quelques instants, posant sa main sur la poignée sans oser la tourner. Il était soudain nerveux, ce qui l'énervait et il sentait qu'il allait faire un truc pas correct s'il restait plus longtemps de ce côté de la porte. De l'autre côté, il pouvait entendre des voix. Bah tien, pas de chance, les deux ploucs étaient déjà là...

L'adolescent se secoua la tête, se disant que s'était ridicule d'être nerveux pour si peu et tourna la poignée. Malheureusement pour lui, celle-ci était assez vieille et semblait vouloir rester coincée. Il la tourna de nouveau plus énergiquement, sentant son agacement grimper de minutes en minutes. Après quelques temps, il dut s'arrêter pour respirer, sentant ses mâchoires se crisper sous la colère. Les prochaines tentatives furent moins délicates et au bout d'un moment, on put l'entendre clairement beugler :

"F*CKIN' SH*T, TU VAS OUVRIR OUAIS????"

Sur ce, il donna un violent coup de pied dans la porte qui s'ouvrit d'un coup en frappant le mur sous le choc. Résultat : La première chose que les nouveaux collocs' du blond purent voir de lui, furent un mec enragé avec le pied levé et un air pas commode du tout. Ken, se rendant compte de sa posture, posa son pied et jeta un regard circulaire sur sa nouvelle chambre. Mais c'Était quoi cette embrouille??? On l'avait refilé chez les vampires??? C'était quoi toute cette obscurité merde??? On voyait même pas le bout de son nez! Caaaaalme Ken, c'est pas le moment de piquer une crise, tu viens juste d'arriver, alors caaaalme, on respire par le nez, c'est çaaaa. Le blond prit une pouffée de sa cigarette tout en fixant le plafond avec un air bizarre, comme s'il venait de voir une tache hideuse. Bon, c'était pas si mal... Ça sentait aussi dégueu que ses anciens dortoirs et c'était tout aussi laid, mais bon il était habitué. Au moins, c'était pas avec des murs roses poudres, comme chez Mike. Quand la chambre fut observée, le délinquant posa son regard sur ses collocs. Ses yeux noirs fouillèrent rapidement les deux mecs et sentit soudain un lourd poid se défaire de ses épaules. Ouuuuf, pas de gonzesses, déjà, ça s'annonce bien. L'un deux était assez classe, simple quoi. Ça semblait être le premier arrivé, puisqu'il était déjà sur son lit et que ses bagages étaient défaits. Il était plutôt mignon, quoi qu'Il semblait pas dans son assiette. Un junkie sans doute. Depuis qu'il avait fait vente de drogue, Ken était devenu as pour les reconnaître. Bon, tant qu'il se mettait pas à cacher ses merdes sous son matelat, c'était pas trop mal... L'autre, un goth-emo... Bon, le style, Ken aimait pas trop, mais sur le mec, il devait admettre que c'était plutôt beau. Un autre drogué, si on en jugeait par ses yeux. Géniaaaal, deux junkies sautés, qu'est-ce qu'il allait bien dormir lui avec des mecs qui hallucinent des éléphants roses à pois verts et des hommes poirreaux géant en couche-culottes! Bon, tant qu'ils étaient pas des détraqués sexuels, comme son premier colloc... C'est qu'il avait bien faillit le castrer sec ce mec! Ken se rendit compte qu'il restait bêtement dans l'embrasure de la porte et se gratta la nuque tout en fixant l'un et l'autre de ses collocs. Il chercha un truc à dire, puis se résigna et fit un signe de tête brusque en disant :

"Err... Ouais bah, mon nom, c'est Heaster et vous m'appellez pas autrement. Si vous faites ça et que vous faites pas chier, on va bien s'entendre."

Sur cette phrase pleine d'amicalitée, Ken se dirrigea vers le lit libre et posa DÉLICATEMENT son sac dessus. *donc il le lança sans se soucier du vacarme qu'il produisit* Ensuite, il ouvrit la fermeture éclair, pestant contre celle-ci quand elle coinça dans le tissu et se débattit avec le truc pendant un moment, poussant jurons après jurons. Finalement, le sac s'ouvrit et il déversa son contenu pêle-mêle sur le couvre-lit. Pigeant au hazard des morceaux de vêtements, il ouvrit la comode, fourra le tout dedans et ferma le tiroir sans se soucier des trucs coincés dans la craque. Ensuite, il ficha ses quelques effets dans un autre tiroir, cacha ses clopes dans sa taie d'oreiller et ficha son sac vide sous le lit. Sur ce, il sortit une bouteille de bière qu'il avait subtilisé, se coucha sur le lit et sans plus de cérémonie, ouvrit la bouteille pour prendre une gorgée, ignorant totalement les deux mecs aux cheveux noirs qui lui servaient de collocs.

ÉDIT : SORRY POUR LE ROMAN Surprised

*la fille en retard*

Fabian n'avait pas quitté des yeux le premier arrivé. Après qu'il aie posé sa question où se cachait dans sa voix un désir, ou plutôt dans son cas un besoin évident, l'autre jeune homme répondit :

"Drogue, vols, ébriété sur la voie public et homicide involontaire."

Il n'avait pas l'air d'en avoir honte, mais en vérité, il ne montrait aucun sentiment. Cette phrase, il l'avait prononcée comme rien, comme s'il s'en fichait, comme si ce qui se dissimulait sous cette brève révélation n'avait aucune importance. Rien de mauvais, rien de bon. Et, bizarrement, cela n'étonna pas Fabian. Il avait grandi dans la drogue, il avait consommé, vendu, exploité des formes de drogues innombrables. Les pack de beuh, les boulettes de speed ou de coco, les fioles de brune, les posters entiers avec une, deux couches du liquide de seigle tendrement nommé LSD, son petit pot de datura personnel, aiguilles, pailles, miroirs, désinfectants, packs, tout y était passé dans sa vie de jeune délinquant. Il avait tout vu et rarement il n'avait fait que voir. Enfin, tout... son but était justement de tout voir ! Mais pour cela, il devrait voyager, et il était prêt à se faire un tour du monde culturel sur les drogues. Chacun ses trips. Et Fabian, c'était bien le prince des trips... peut-être pas le roi, mais tout de même...

Ainsi, Fabian avait vu juste. Ce garçon avait touché d'assez près le monde des drogues, et à son visage, il n'avait pas fait que le toucher du bout des doigts, non. Même qu'il se demandait si, en ce moment-même, son sang ne regorgeait pas de quelque chose d'intéressant... Seulement dans son sang ? Le dealer avait un petit espoir, parce que lui, il n'avait vraiment pas réussi à passer avec un seul gramme de mat. Comment pourrait-on quand on était connu et reconnu juste parce qu'on tripotait ces choses illégales ? Son visage était affiché dans le coin pouilleux de pas mal de commissariats et les plus anciens policiers, ou les plus avertis, pourraient le reconnaître rien qu'à le croiser dans la rue. Heureusement que cela ne suffisait pas pour l'arrêter... Plusieurs fois on l'avait intercepté alors qu'il se promenait simplement, pour finalement le relâcher cinq minutes plus tard parce qu'il n'avait rien sur lui à ce moment.

Le drogué en manque s'aperçut rapidement que, faire face à un autre drogué de la vie, ça lui rappelait certains souvenirs qu'il ne s'était jamais repassé en tête de lui-même. C'était à la fois agréable et flippant. Et tandis que se ressassaient dans ses pensées des parties de sa mémoire qu'il avait cru oubliés, d'autres pas se firent entendre. De loin, très loin. Déconnecté, souvent dans le noir et le silence total. Fabi avait pris l'habitude d'être aux aguets de n'importe quel petit bruit extérieur. Nathanaël n'eut pas l'air de le remarquer aussi vite que lui, puisqu'il lui demanda de son air négligent :

"Et toi aussi c’est la came, j’me trompe ? Tu essayes d’arrêter ?"

Fabian pinça ses lèvres, reportant son regard sur le jeune homme aux cheveux d'un noir de jais. Comme lui, tiens. Mais les siens étaient plus lisses et donc un peu plus longs, tombant joliment autour de son visage pâle, sans être maladif, lui. En fait, ça lui faisait un peu rire. Si ce gars venait de Californie où y était depuis un certain temps quand même, et qu'il consommait assez bien, ça l'étonnait un peu qu'il n'aie jamais entendu parler de lui, ne fut-ce qu'une fois, dans une conversation entre deux autres dealers, rivaux ou intermédiaires complices. Peut-être aurait-il du dire son nom en plus du prénom... Mais bon, il s'en fichait bien qu'on le reconnaisse. Ce n'était pas son but. Dans l'état où il était, il n'avait pas trop envie non plus qu'on se dise que celui qui est sensé mener une bonne partie des affaires avait fini ici avec des yeux hagards. Fabi toussota puis eut un sourire de travers.

- Ca se voit tant qu-que ça ?

Fabian eut alors un petit rire glacé et glacial qui fit, le crut-il dans son crâne, un écho dans la pièce obscure.

- Non, j'essaie pas d'-d'arrêter. Mais moi j'avais au... cun moyen de ramener quelque chose ici... Ca-ça va faire deux mois que j-je suis ainsi.

Ensuite, son regard se durcit et sembla vouloir transpercer le front de Nath.

- Toi, t'as réu... ssi ?

C'était d'une évidence qu'il espérait un "oui, bien sûr, tu en veux mon bon ami ?". Il avait peut-être même de quoi payer, en partie au moins. Ca, l'argent, il avait réussi à convaincre la justice de lui en laisser dans le bâtiment où il allait, parce que s'il voulait un jour demander une autorisation pour aller en ville, il lui fallait de l'argent. Seulement, alors on préviendrait un policier pour le fouiller avec un chien renifleur pour vérifier que son argent était pour quelque chose de tout à fait raisonnable et légal.

Tout en discutant avec Nathanaël, son premier colocataire, l'adolescent tremblant écoutait le bruit des pas. Ils se rapprochaient et, quand les pieds furent devant la porte, ils s'arrêtèrent, glissèrent sur le côté et on put voir la poignée se baisser, se lever, se baisser, de plus en plus rapidement, et on devinait aisément qu'elle s'était un peu coincé et que derrière, le nerveux - ou la nerveuse !? - s'excitait dessus. Au bout d'un moment, une voix grave et nasillarde à la fois rugit :

"F*CKIN' SH*T, TU VAS OUVRIR OUAIS????"

Fabian haussa les sourcils. C'était quoi ce cinglé ? Il tourna les yeux vers Nath, pas rassuré. Mais il pensa sérieusement que si ça tournait au vinaigre, ça risquait plus de se jouer entre ce gars, Nath, et l'inconnu enragé qui allait finir par péter cette clinche à la c**. Lui, il se fera tout petit, tellement petit, qu'il pourrait partir sur le côté et se tirer comme un lapin sans qu'on ne le remarque avant un bout de temps... Avant que tous les deux soient peut-être à moitié morts sur la moquette poussiéreuse. Bref.

ZBAM !

Le dealer sursauta comme un malade. La porte venait littéralement de se faire défoncer et apparut un blond au visage crispé par une colère de fou, le pieds encore levé. Nath et lui avaient gagné le gros lot. Ce gros lot-là était tout un numéro ; une clope au bec, il les regarda comme un chien de faïence et puis loucha sur un point au plafond. Fabian leva la tête pour voir ce que mattait ce type douteux mais il n'y avait rien. Fabian haussa à nouveau les sourcils et examina le nouveau venu. Taille normale, mince, les cheveux en folie d'un blond banal, des yeux qui font frissonner et rire à la fois, enfin, en ce qui concernait Fabian. Oui, tout compte fait, ce gars avait plus l'air d'un rigolo très nerveux et très chiant qu'un vrai gros méchant bagarreur. Mais il ne fallait peut-être pas trop s'y fier. Et si c'était un assassin, lui, hein ?

"Err... Ouais bah, mon nom, c'est Heaster et vous m'appellez pas autrement. Si vous faites ça et que vous faites pas chier, on va bien s'entendre."

- Hum...

Fabian n'avait pas acquiescer mais il ne vit pas l'intérêt de faire son contrarié et dire qu'il pouvait aller se faire foutre et qu'il appellerait pas Heaster. Pour plusieurs raisons. Fabian n'était pas un sale type, c'était même un chouette gars si on creusait un peu et en dehors de son statut de dealer. Ensuite, ce Heaster allait être son colloc' ; attirer des ennuis de relations dès le départ avec son colocataire pour sûrement plusieurs mois, quand on risquait fort bien d'être souvent aussi faible que maintenant, ce n'était guère une bonne idée. Troisièmement, chose facultative mais intéressante, si c'était un gros idiot, et qu'il s'en faisait un ami, Fabian pourrait s'attirer des faveurs. Qui sait ce qu'un gars pareil pourrait apporter ? S'en servir et lui faire croire qu'il le lui rend bien. Fabian était sympa, oui, mais les pigeons, il adorait les utiliser. Ses amis, il les sélectionnait bien. M'enfin, Fabichou ne voulait pas être trop hâtif et décida de ne pas encore juger ce pauvre bougre.

- Fabian Peater, dit alors le californien en réponse au blond qui venait d'éclater son sac sur le dernier lit.

Maintenant qu'il avait dit son nom entièrement, il verrait bien mieux quel genre de gars étaient ces deux-là. Fabian était plutôt intéressé sur ce Nathanaël.

[J'attend que Nath rep ou...? -__-]

(vas-y, mais tente de faire plus court :p qu'il n'aie pas trop à lire au retour.)

[AAARGH COUCOU JE SUIS LAAAA *agite les bras* vraiment désolé x10 pour cette absence tout à fait imprévue, mais Orange a fait des 'travaux sur ma ligne' et bien sûr ils n'ont pas prit la peine de me prévenir ni de se bouger le cul .__. j'ai pu donc prévenir personne, donc pardooooon >.< pour me venger, j'ai fait un fuck à la Livebox chaque fois que je passais devant -_-]

Citation :: - Ca se voit tant qu-que ça ?

L’Irlandais eut un sourire conciliant. Oui, il était difficile de ne pas deviner le problème de Fabian. Du moins pour lui, c’était une évidence. Le manque, c’était pire que la grippe, comme une maladie inguérissable dont la drogue faisait office de médicament temporaire. L’ironie de la chose était que la plupart avaient décidé de tomber malade, de sombrer dans cette saloperie de monde qu’était ceux des dealers. Pour le fun. Ou pour connaître le nirvana avant de mourir. Le Paradis avant l’heure. Tenter de voir plus rose quand le monde nous paraît trop fade. Fabian dit qu’il n’avait pas l’intention d’arrêter la drogue, mais qu’il n’en avait pas, tout simplement. A cette remarque, Nath’ cessa de sourire. On l’avait envoyé là, en lui enlevant la came pur et simplement ? Quels cons. C’était dangereux de faire ça. Pas étonnant que Fabian soit dans un état pareil. C’est alors que le jeune homme réalisa qu’il avait eu de la chance ; la juge lui avait fournit de l’héroïne pour pouvoir arrêter petit à petit (ce dont il se garderait bien de faire). Pas cool pour son colloc’. Vraiment pas cool. Deux mois sans drogue. Il grimaça ; si cela lui était arrivé, il aurait supplié qu’on le flingue pour abréger ses souffrances.

Dans son propre cas, Nathanaël n’avait pas vraiment choisit de tomber dans ce cercle vicieux. S’il avait le choix, il aurait aimé être avec son père, sa mère et sa sœur, ne pas avoir à s’écarter du droit chemin et devenir astronaute, médecin ou même un métier qui n’aurait plût qu’à ses parents. Mais non. Il avait tout perdu. Il n’avait plus rien de bien qui le raccrochait à la vie. Il n’avait plus que l’héroïne. Il ne pouvait pas vivre sans elle, car son passé était toujours prêt à le rattraper pour le détruire. Sans sa drogue, ses souvenirs le détruisaient. Sans sa drogue, il vivrait un enfer encore pire que dans lequel il se trouvait à Atlanta. Sa vie, en un sens, était déjà finie. Tout n’était plus qu’euphorie artificielle, rêves artificiels…Sa vie était devenue fausse. Tout n’était qu’un gros mensonge auquel il voulait pourtant absolument croire. Mais c’était sa Vie. Tant que son cœur battait encore, il en sera ainsi. Aussi, il voulu répondre à un Fabian insistant que oui, il avait réussit à en emmener et qu’il pouvait lui en donner s’il en voulait, mais ce fut à ce moment précis que choisit d’arriver une certaine…Tornade.

Quand la bestiole commença à s’énerver sur l’innocente poignée, forçant dessus comme un malade en l’insultant comme si elle allait se montrer plus coopérative après, Nath’ eut la même réaction que son colocataire : ils se regardèrent. Fabian non plus ne semblait pas savoir qui était le guignol qui s’excitait tout seul pour un rien. Il semblait même assez inquiet à propos de ce que cette porte allait laisser entrer. Nath’ se dit que son nouveau pote junkie avait sûrement un caractère plutôt docile et effacé. Du genre à éviter les problèmes. Peut-être un peu craintif aussi, mais c’était peut-être dû au manque. Tiens, cela lui rappelait qu’il pouvait lui filer un coup de main. Mais avec un nouveau colocataire dans les parages, qui ne sera peut-être pas un ami qui plus est, il deviendra compliqué de lui donner un bon p’tit sachet d’héroïne avec un grand sourire, sous le nez de l’autre.

Aussi, Nath’ se saisit d’un des sachets planqués dans une doublure de son sac et le jeta sur le lit de Fabian, dans l’ombre de son oreiller. Voilà, maintenant qu’il la sniffe ou qu’il se l’injecte, ça le soulagera pour quelques heures – et pourvu qu’il ait la présence d’esprit de rester discret sur le ‘cadeau’. Il n’était pas dealer, le p’tit Nathou (pas assez dominant pour ça). Ça n’arrangeait donc pas ses affaires si tout un troupeau de junkies en manque venaient le voir parce que quelqu’un savait qu’il avait un peu d’héroïne dans les poches. Ouf, il avait envoyé le trésor juste à temps, car…

VLAN !!

Nath’ accompagna Fabian dans son sursaut, bien que le sien fût nettement moins prononcé (il a toujours 2 de tension, le pauvre). Ses yeux faux jumeaux écarquillés regardaient d’un air ahurit le nouvel arrivant qui venait de faire irruption façon Jackie Chan. L’Irlandais entendit vaguement les voisins se plaindre du boucan. Le blondinet, ou plutôt la boule de nerfs, observa d’un œil critique son nouvel environnement et les deux junkies qui en avaient élus domicile. Nathanaël resta interdit, son esprit fonctionnait encore au ralentit et la seule pensée qui lui vint à l’esprit, c’est que le nouveau ne semblait pas vouloir leur casser la figure et que, par conséquent, le jeune drogué allait sûrement vivre une journée de plus (ou pas). Il put constater aussi qu’il était assez civilisé pour se présenter (vulgairement, mais bon). Il faut dire que Nath’ s’était presque attendu à le voir grogner. Il installa ensuite son p’tit bordel sans plus de cérémonies, y allant à la bourrine avant de se mettre à picoler. Fabian se présenta à son tour, mais l’européen ne pût vérifier la réaction d’Heaster car il était bien trop occupé à essayer de…

…Dissimuler son hilarité.

Eh oui, Nathanaël était, pour ainsi dire, prit d’un incontrôlable fou rire. L’héroïne et l’euphorie artificielle qu’elle lui procurait n’arrangeait en rien sa tentative désespérée de se maîtriser. Nan mais ‘fallait pas abuser non plus ; et va y que j’insulte le mobilier, et va y que j’entre aussi délicatement qu’un ours, et que j’en ai rien à foutre des deux glandus qui se trouvent dans la pièce, et va y que j’m’enfile une bière comme si rien n’était, tel un salarié devant un match de foot le dimanche soir. Cette entrée peu orthodoxe, maintenant que Nath’ venait de percuter, c’était…Drôle ! Oui, drôle. Et quand il trouve quelque chose de drôle, ben il rit. Et ouai. Étonnant, hein ? Non, il ne se moque pas, il rit, tout simplement, comme si on lui avait raconté une bonne blague. Ouai mais nan Nathou, ‘faut de calmer là, ou tu vas encore te prendre quelque chose dans la gueule et là, tu l’auras bien mérité. Ce Heaster n’avait pas l’air commode et, même si tes intention ne sont pas mauvaises, sans doute n’appréciera t-il pas DU TOUT qu’un sujet qui le concerne de près ou de loin te fasse rire. Alors Nathanaël, si tu veux pas te prendre une raclée dès le premier jour, tu vas me faire le plaisir de CESSER DE RIRE COMME UN IMBÉCILE !!

Arf, rien à faire. Comme d’hab’, il avait énormément de mal à faire semblant. Tout ce qu’il pût faire, c’est faire mine d’être prit d’une quinte de toux particulièrement agressive. Le pauvre junkie, en prise de spasmes incontrôlables, était replié sur lui-même au bout de son lit pour dissimuler son sourire bien trop provocant malgré lui. Il en avait les larmes aux yeux. Roh bordel, calme-toi ! Maiheeeeu imbécile ! Bon, continue de tousser alors, si tu tiens à la vie – baheuh c'est-à-dire qu’il n’y tient pas tant que ça hein O_o…Mais bon il lui restait le miraculeux, le magnifique instinct de survie ! Mais oui, ce p’tit truc bien chiant qui lui empêchait de se taillader les veines, là…

"M…Moi c’est Nath-anaël…"

C’est un miracle qu’il ait réussit à dire une phrase sans s’étouffer. Il ne savait pas si Heaster allait se laisser berner par sa ruse -débile-, mais si ça devait tous les jours être comme ça…La collocation s’annonçait difficile.

[OKay, après être morte de rire après le post de Nath, c'est mon tour de répondre super en retard, sorryyyyyyy]

Merde. Ça commençais bien tien... Ouais, Ken avait beau penser à un truc qui pourrait caractériser cette situation merdique mieux qu'un 'merde' bien placé, il trouvait rien. Voilà qu'il avait encore une fois laissé sa fichue colère lui arracher des actions démesurées et une étiquette de mec tarlouse. Parfait, juste ce qu'il avait besoin!!! Il se promettait d'agir à peu près normalement avec ses nouveaux collocs, en aillant vachement marre de changer de chambre à chaque 3 mois, et voilà qu'il fichait tout en l'air à cause d'un putain de porte!!! Sur cette réflexion, le regard obscur de Ken se posa sur la dite porte et s'assombrit soudain sous l'impression que celle-ci se fichait de sa gueule. Il aurait eu envie de lui gueuler de se la fermer, mais il doutait que ses deux collocs trouveraient normal un mec qui se mettrait à gueuler contre les portes. Faut dire, maintenant qu'il avait défoncé cette dite porte d'un coup de pied et qu'il avait été l'image même de la vulgarité, pas grand chose qu'il pouvait faire allait empirer les choses. Sauf bien sûr s'il se mettait à danser en boxer sur son lit avec un sourire béat en gueulant des trucs sans queue ni tête. Mais bon, déjà, jamais le grand blondinet ferait ce genre de trucs. Il préférait resté comme ça, couché sur son lit à siroter sa bière et à s'insulter mentallement pour tous ses faits et gestes. Au moins, si les mecs avaient été juste hideux et stupides, ça aurait mieux passé... Mais non, les deux étaient mignons et semblaient à peu près intelligent sauf pour le fait qu'ils prenaient de la drogue. Merde, pourquoi fallait toujours que ce genre de situation lui arrive à lui??? Fallait toujours qu'il fasse le mauvais truc, qu'il pose le mauvais geste, qu'il dise les mauvaises choses! Il pouvait pas avoir une putain de vie normale pournune fois? Mais non, tout le monde sait que les dieux se marrait bien à le faire chier sans cesse. À croire que c'était leur seule occupation! Bon c'est vrai que passer ses journées perché sur des nuages, ça doit pas exactement être la chose la plus palpitante du monde. Mais quand même, ils pouvaient pas prendre une autre cible pour une fois? Et pourquoi pas ce putain de policier qui l'avait fichu dans ce merdier hein??? Il aimerait bien le voir souffrir un peu pour une fois! Cette pensée figea la main de Ken qui se rapprochait de sa bouche pour y porter la bouteille de bière. Il serra la mâchoire et laissa ses doigt se crisper sur le verre. Merde, pourquoi fallait toujours qu'il se sente coupable en revoyant la tronche de ce flic? Le blond, au comble de l'humiliation et de l'embarra, finit par pousser une sorte de grognement qui le fit vraiment ressembler à un ours. Il déposa brusquement sa bouteille sur son lit et ammena sa cigarette à ses lèvres à la place, sentant soudain une vague de nervosité le prendre au ventre.

Des paroles prononcées assez neutrement dérangèrent ses pensées et il tourna un regard en coin vers celui qui venait de les dire. Il s'agissait du mec classe qu'il avait vu un peu plus tôt... Alors il s'appelait Fabian? Drôle de nom, ça lui rappelait curieusement un mec latino qu'il avait connu en vendant de la drogue. Peut-être qu'il était latino aussi, qui sait... En tout cas, faut croire que ce nom serait toujours associé à la drogue pour le pauvre blond. Ken, perdu un moment dans ses réflexions, observa plus aisément le dit Fabian et dut revenir à ses dernières pensées. Ce mec était pas juste mignon, il était carrément kawaii. Il semblait aussi ne pas trop chercher les ennuis, ce qui lui plaisait bien. Les mecs qui cherchaient les embrouilles, Ken avait tendance à les détester assez rapidement. Un mec comme Fabian serait facile à gérer, surtout qu'Il aurait pas à faire attention à sa colère qui risquerait pas de s'élever dès que le mec se mettrait à parler. Par contre, le blond avait cru remarquer une certaine hésitation chez son colloc quand il avait dit son nom. Aussitôt, il se sentit assez naze d'avoir été si chiant et brusque dès ses premières paroles. Détournant rapidement le regard, Ken poussa un soupir avant de s'asseoir sur son lit et de fixer sa bouteille de bière, songeur. Il en avait franchement marre de toujours piquer des crises de colère pour un rien et il aurait voulut s'excuser d'avance envers son attitude aux deux mecs... Mais comme d'habitude, le blond avait trop de difficulté à exprimer ses sentiments. D'ailleurs, s'il essayait, Ken allait sans doute finir par s'emmêler dans ses mots et se frustrer encore plus, ce qui n'arrangerait certes pas les choses. La culpabilité eut presque raison de lui et c'est avez une certaine iritation qu'il apporta encore une fois sa cigarette à ses lèvres. D'ailleurs, s'il avait été concentré, Ken aurait pu remarquer que cette dite cigarette était dangereusement petite, presque brûlée entièrement. Il ne remarqua ce fait que quand le bout brûlé atteignit son majeur et lui brûla cruellement la peau. Poussant un juron, Ken eut le réflexe de lâcher la cigarette et de mettre la blessure à l'abri de sa bouche, un air frustré et humilié sur son visage. Il avait presque l'air mignon comme ça à se sucer la peau du doigt, les joues rouges de frustration.

Ken entendit soudain des sons étouffés et ne comprit pas leur origine avant un moment. Le blond, se rendant compte qu'il s'agissait de l'emo-goth qui tentait fébrilement de se retenir d'éclater de rire, serra son poing libre et jeta un regard noir sur son deuxième colloc, le défiant de se marrer de sa tronche. Son humiliation l'avait, comme d'habitude énervé et ça promettait pas de donner de beaux résultats... Mais une soudaine odeur de brûlé le distraya de ses pensées meurtrière et il porta son regard sur ses draps, où le mégot de cigarette avait tombé. Ken vit la petite fumée s'échapper du drap et écarquilla les yeux.

"SH*T!!!"

Sur ce, il prit le mégot et le lança rapidement sur le sol avant de chercher fébrilement le moyen d'éteindre les petites étincelles de flamme qui se formaient sur son drap. Prenant le premier truc qui lui vint en main, Ken vida presque toute sa bouteille de bière sur le bébé feu sans réfléchir. À la suite de cet acte, il réalisa ce qu'il venait de faire et poussa un grognement avant de laisser tomber la bouteille qui roula sur le sol jusqu'aux deux autres collocs. Le blond fit une grimace à l'odeur forte de bière qui se dégageait de ses draps et pesta encore contre lui-même. Il souleva le drap devant ses yeux et passa son petit doigt dans le trou aux bords noircis qui ornait maintenant sa précieuse couverture. Génial, qui c'est qui allait dormir dans un lit qui empestait la bière cette nuit??? Le blond poussa un juron et se tapa le front de sa paume, fermant les yeux. Merde, merde et encore merde!!!! Les pouffements étouffés de rire rappela cruellement à Ken qu'il n'était pas seul et son embarra se dédoubla quand il se rendit compte qu'il s'était encore une fois humilié. Son regard noir se posa encore une fois sur son deuxième colloc quand celui-ci lui donna son nom et se mit à crever de rire sur son lit. La salle se remplit d'un silence assez gêné tandis que Nath croulait de rire sur son matelat. Ken tentait de maintenir sa colère. Il serrait et déserrait les poings, faisant des marques d'ongles sur ses paumes. Finalement, n'y tenant plus, il se leva, traversa la salle de grandes enjambées et se saisit de l'emo-goth par le collet avant de le ficher contre le mur, le regard plein d'étincelles de colère. Comme ça, si plein de frustration et dégageant tant de passion, Ken était comme à son habitude magnifique. Il n'avait jamais comprit pourquoi tant de gens perdaient leur temps à le draguer, se trouvant personnellement assez fade... Ce qu'il ne savait pas, c'est que sa beautée provenait de cette passion énorme qui composait son être. Ken leva le poing comme pour cogner ce mec qui se permettait de se marrer de sa gueule, mais au lui de le frapper, il resta suspendu, ses yeux surpris par la vue de deux iris de deux couleur différentes. Le blond n'avait pas remarqué ce détail chez le junkie auparavant... Ça le rendait curieusement vraiment très séduisant. Se rendant soudain compte de ce qu'il s'apprétait à faire, Ken descendit le poing et fixa un moment le mec sans rien dire. Après quelques instants, la brute lâcha le junkie en soupirant et lui tourna le dos, se prenant la tête entre les mains. Le moment sembla durer une éternitée et le silence embarrassé était si grand que Ken croyait qu'il allait finir par étouffer. Il finit par aller vers la porte et la refermer, se rendant compte qu'il ne l'avait pas encore fait. Ensuite, il s'assit sur le sol et tout en se sortant une autre cigarette, il lança :

"Écoutez vous deux... J'suis pas exactement un mec facile à gérer... Je risques de faire faire chier et d'vous insulter bien souvent... M'enfin, s'que j'veux dire c'est que... J'le penses pas vraiment."

Il s'avait pas vraiment pourquoi il sortait ce genre de trucs sentimental, mais il avait envie d'être honnêtre pour une fois, histoire de voir si ça ferait changement. Prenant une pause pour prendre une pouf de sa cigarette, Ken releva ensuite un air songeur vers Fabian et lança avec un demi-sourire assez sexy :

"Ah ouais... Mon vrai nom c'est Ken, mais j'aime pas trop qu'on l'utilise."

(j'me lance, mais j'ai bien peur de ne pas faire quelque chose de terrible T^T')

Fabian restait recroquevillé dans son coin, fixant, l'air un peu hébété, Nathanaël. Pour son cerveau diminué aux neurones cramés, Nathanaël n'était qu'une curiosité comme une autre, qui avait pénétré son monde qui était sa chambre, que lui voyait totalement différemment - aussi à cause de l'obscurité. Le tapage provoqué par le blond ne le faisait quasiment que paniquer comme une petite bête sans défense, mais c'était un peu comme s'il avait peur en lui, à part de grands yeux légèrement affolés et un gémissement à peine remarquable, on ne pouvait pas trop deviner ses pensées et son état d'âme. Il avait l'air juste très c**, très absent plutôt. Prisonnier de son corps, voilà. Tout à fait ça.

Mais quand Nath' envoya un paquet blanc comme neige de plastique sur son matelas, quelque chose étincela dans sa cervelle noyée et brouillée. Il ne fallait pas plus d'une seconde pour qu'il ne sache ce que c'était. Aux premiers abords, il hésita entre speed, coke et héroïne. Ce n'est que quand il l'eut attrapé, d'un geste étrangement vif par rapport à son état physique juste avant, qu'il sut que c'était un bon gramme de brune. Un sourire illumina son visage blafard, les lèvres aussi pâles que sa peau s'étirant faiblement. Il était ravi. Des yeux humides se levèrent doucement vers Nathanaël ; c'était, en ce moment, un peu le sauveur de Fabian. Il voulait lui dire merci, de tout son coeur, mais le mot resta dans sa gorge. Il fut interrompu par l'arrivée brutale de Heaster. Ce blanc bec fit tout un cinéma avant d'aller s'affaler sur le dernier lit pour boire une bière. Fabian grimaça ; il détestait l'alcool, surtout les bières, ça puait, c'était incroyable qu'on puisse en boire de son plein gré. Alors que Fabian s'éveillait doucement, oubliant sa douleur pour regarder le nouveau colocataire, et soulagé rien qu'à tenir le petit packs précieusement serré dans son poing, il s'étonna mais pas longtemps que Nathanaël puisse rire. Mais, finalement, il avait bien la réaction la plus lucide ici. Rire de Heaster, c'était tout à fait normal, ce garçon était hilarant, il avait bon avoir l'air violent et hostile, en fait, il apparaissait plutôt comme un clown. Bien vite, Fabian se mit à pouffer aussi... Puis une odeur de cramé vint rejoindre l'odeur de la bière. La clope du blond venait de mettre le feu à son drap et, contre tout attente, Ken eut la pulsion de renverser sa bouteille sur le petit feu naissant. Une explosion de rires fusa de chez Nathanaël et Fabian, une belle humiliation pour la brute malgré les deux drogués. L'odeur ensuite fut horrible, Fabian en eut la tête qui tournait et même des nausées, ça l'arrêta net dans son hilarité. Heureusement que son estomac était vide, il aurait pu gerbé sur son lit. Ca aurait fait deux couchettes puantes et sales dans une seule chambre, ça aurait pu être drôle, mais Fabian se passerait bien de ce genre de situation dégueulasse...

"Écoutez vous deux... J'suis pas exactement un mec facile à gérer..." dit Heaster. "Je risques de faire faire chier et d'vous insulter bien souvent... M'enfin, s'que j'veux dire c'est que... J'le penses pas vraiment."

Fabian se demanda si c'était lui, ou si ce gars lui avait vraiment souri aussi bizarrement de façon complètement volontaire. Fabian eut une moue de surprise, voire choqué. Si Fabian ne cachait jamais sa bisexualité, il n'avait jamais eu en premier une attirance. Sa bisexualité c'était juste pour dire qu'il sautait n'importe qui, il s'en fichait de la personne comme il s'en fichait du sexe en général. Donc bon, que ce Ken lui affiche ce minois souriant bêtement, ça lui fit un frisson, rien de très positif. (haha, j'dois rester fidèle à Fabian hein XD ne désespère pas)

"Ah ouais... Mon vrai nom c'est Ken, mais j'aime pas trop qu'on l'utilise."

Ken. KEN.

N'y tenant plus, Fabian se remit à rire de plus belle. Il y a pas cinq minutes, il était tout serré sur lui-même dans le noir le plus total et maintenant, c'était un malade qui avait encore une petite lueur de vie dans les yeux. Décoincé de son sale état, mais sans pour autant débarrasser de son satané mal aise de junkie en manque, il en profita pour ouvrir son poing sur le précieux paquet de poudre. Il ne se soucia pas du blond, s'il était pour ou contre la drogue, et à quel point. Il en avait trop envie, non, trop besoin.

Fébrile, il fouilla dans son sac. Il sortit une pochette qu'il ouvrit, toujours avec les mêmes mouvements et gestes de stressé ou d'impatient. Il devenait très nerveux et ouvrir cette pochette devenait presque Mission Impossible... Enfin étalée sur son lit, à peine cachée par son coeur aux deux autres, on put alors voir toute une panoplie d'instruments rien que pour consommer de la drogue. Pailles de métal, miroirs en longueur ou des double-mirois qu'on peut refermer, des lames, des packs, des seringues, des pots d'eau désinfectante... Il sortit justement une seringue, qu'il piqua dans un des capuchons de ces pots d'eau, pour nettoyer. Ensuite, il prépara avec la vitesse de celui qui s'y connaît une seringue remplie de produit. Sans attendre plus longtemps, il releva sa manche et enfonça sans délicatesse la pique dans le creux de son bras, où quelques petites marques se voyaient déjà. Rien de grave, l'héroïne, il évitait assez bien d'en prendre trop souvent, mais assez pour qu'il soit marqué à vie. Quand il retira l'outil vidé de sa veine gorgée, une goutte rouge apparut et coula, suivit d'autres, et une fine coulée de sang dessina un sillon écarlate sur son avant-bras et teinta le tissu des draps blancs... Fabian poussa un profond soupir, la face renversée en arrière et les yeux mi-clos. Une sensation d'extase venait avec le geste, la suite ne tarderait pas à lui monter à la tête, le faisant planer comme jamais.

- Merci, vieux, merci... lança-t-il, presque ému, à Nathanaël.

Sur ces mots, il prit un mouchoir, renversa un peu d'eau dessus et tamponna la blessure qui saignait, plia le coude, question de faire cesser la petite hémorragie. D'une main, il rangea les affaires maudites avec plus de calme, voire avec lenteur, plus du tout stressé, la pochette fila dans son grand sac, il referma la tirette et, le coude toujours plié, il remit sa manche et s'allongea sans plus rien dire. Un grand sourire couvrait son visage, ses yeux étaient fermés, on voyait qu'il attendait gentiment la montée et son départ vers le plus beau monde qui soit. Quand il rouvrirait les yeux, il parlerait, heureux, de son passé pourtant horrible, serait gentil avec tout le monde et plus pacifique, tu meurs.

Pauvre Ken, franchement, Nath’ aurait pu lui réserver un meilleur accueil. Mais malheureusement pour lui, le junkie contrôlait très mal ses émotions, l’héroïne n’avait finalement qu’un tout petit rôle dans son état. Enfin, sans héroïne, il n’aurait pas rit du tout car il serait sûrement en train de se noyer dans son propre malheur, à souffrir du manque comme un soldat amputé d’une jambe. Mais, s’il mettait un instant tout ses problèmes de côté, il en aurait sûrement rit quand même, drogue ou pas. Il n’aurait réussi qu’à le cacher un peu plus, voilà tout. Recroquevillé sur lui-même, il luttait de toutes ses forces contre les contractions de ses muscles et de son diaphragme que son hilarité provoquait. De ce fait, il ne put voir les multiples gaffes de Ken, et tant mieux d’ailleurs. En voyant ça, il se serait carrément mit à rouler par terre. Il entendait vaguement Fabian qui avait l’air de trouver la scène amusante aussi. Ce qui, il faut bien l’avouer, ne l’aida pas du tout.

Tiens donc, des pas qui se rapprochent, aussi discrets que ceux d’un éléphant ? Damned. Sa sentence était proche.

Une main se saisit du col de son T-shirt délavé et déjà bien assez déformé comme ça, et l’envoya violement balader contre le mur. Nathanaël n’avait opposé aucune résistance, comme toujours, il ne fut donc pas difficile au blondinet de lui faire du mal. L’Irlandais sentit une violente douleur à l’arrière du crâne, mais qui, heureusement, faiblit dans l’instant – sans pour autant s’arrêter - pour le laisser complètement étourdit. Il se laissa choir au pied du mur, le dos vouté. Des lumières dansaient devant ses yeux, et des vagues de souffrance allaient et venaient dans sa cervelle, comme une marrée. Au moins, le choc avait un peu calmé son rire, même si des spasmes agitaient encore faiblement son corps. Il se redressa en se massant la tête pour se calmer, mais de toute évidence, Ken ne voulait pas lui laisser le luxe de respirer. Il avait le poing levé, et l’Irlandais sentait d’avance le coup qui allait pleuvoir sur lui. Cela ne l’empêcha pas de regarder avec son regard fiévreux son bourreau droit dans les yeux, le visage crispé, prêt à recevoir les phalanges de Ken. Encore une fois, il ne chercha pas à se protéger, même pas le visage. De toute manière, la douleur physique ne sera jamais aussi grande que celle qui emprisonnait son cœur. Il était habitué à ce qu’on le frappe. Non pas qu’il était maso, mais il avait la langue trop pendue pour être épargné, et trop de douceur et de lassitude pour se battre. Aussi, il survivait sans trop de mal parce que ses adversaires étaient en général lassés de son manque de réactivité avant de lui avoir fait de sérieux dégâts. De toute manière, ce n’est pas avec sa faible stature qu’il aurait pu défier le blondinet.

*Et je suppose que je l’ai bien mérité.*

Pendant que Nath’ attendait le coup, il eut le loisir de voir son bourreau de plus près. Waw. Il y en avait de la frustration dans son regard. Il en aurait sûrement frémis si le rire ne lui avait pas rendu le ventre si douloureux (tadaaaam, c’était le moment érotique du jour ^^). C’était…Assez troublant. Et même assez plaisant, en ce qui le concernait ; une personne émotive (pas dans le sens stupide), c’était en général assez attirant, même si cette dite personne allait foutre une taloche. Si Nathanaël était un nymphomane qui draguait à outrance, il aurait eu sans doute un geste déplacé envers Heaster. Heureusement, il n’en était rien, et même s’il ne pouvait pas (et ne voulait pas) détacher son regard de lui, il resta sage. Il attendait sa raclée, se souvint-il.

Raclée qui ne vint pas, bizarrement. Heaster abaissa le poing et les deux délinquants se fixèrent sans rien dire. Puis son bourreau lui tourna le dos en soupirait. Nath’ se demanda vaguement pourquoi il s’était arrêté. Peut-être qu’en fin de compte il se contrôlait mieux qu’il n’en avait l’air. Le silence était uniquement troublé par les faibles toussotements du jeune homme aux yeux vairons, ses poumons n’étant pas encore remis de la crise de fou rire. Il profita du fait que Ken fut partit fermer la porte pour rejoindre son lit, avec une démarche qui ressemblait pas mal à ceux d’un ivrogne. Il maugréa contre son mal de crâne, se rassit en tailleur sur son pieu et sortit une Gitane *gnééé, j’veux des Marlboro…* de sa poche qu’il alluma, laissant la fumée traînasser un bon moment dans ses poumons avant de la rejeter par le nez. Heaster fit de même.

Citation :: "Écoutez vous deux... J'suis pas exactement un mec facile à gérer... Je risques de faire faire chier et d'vous insulter bien souvent... M'enfin, s'que j'veux dire c'est que... J'le penses pas vraiment."

Nath’ se frotta les yeux avec sa main libre pour en chasser cette satanée brume qui était là depuis le choc. Bon, Heaster n’était pas une brute finie, c’était juste en fait un gars très impulsif, mais doté malgré tout d’un minimum de compassion et de conscience. C’était bon à savoir. Il l’aimait bien. Même s’il devait régulièrement se prendre des coups, l’endroit sera bien plus animé avec un blond pareil dans les parages. Et avec Fabian qui était junkie, comme lui, une petite complicité s’était déjà crée. Il n’était pas si mal tombé, finalement. Ça aurait pu être pire.

Citation :: "Ah ouais... Mon vrai nom c'est Ken, mais j'aime pas trop qu'on l'utilise."

*…*

L’irlandais retira sa clope de la bouche pour ne pas s’étouffer avec et fit un effort phénoménal pour ne pas s’esclaffer comme Fabian (qui lui non plus ne pouvait plus se retenir, le pauvre). Il n’y réussi qu’à moitié, mais il s’étrangla plus qu’autre chose avec sa propre bile. Il comprenait pourquoi Heaster n’aimait pas son prénom. C’était sûrement à cause du kéké boy qui les avait tous harcelés dans les publicités, aux côtés d’une poupée blonde, quand ils étaient gosses. Dommage, c’était un prénom plutôt beau.

"Bon bah, si tu insistes tant, on t’appellera Heaster."

Histoire de ne pas trop avoir l’air de se moquer de lui.

Il lui adressa un petit sourire et tira une nouvelle bouffée de sa cigarette. Sourire qui s’évanouit très vite quand il s’aperçut ce que Fabian trafiquait. Gnééé ? Il allait le faire là, maintenant ? Il avait vraiment deux je-m’en-foutiste en guise de colloc’ ou quoi ? Seigneur Marie p’tit Jésus, il devait être sacrément en manque. Bon, d’un côté, il faisait ce qu’il voulait, c’était pas ses oignons.

Citation :: - Merci, vieux, merci...

…Bon euh si, maintenant c’était ses oignons. Il se serait peut-être offusqué que Fabian le dénonce comme quelqu’un avant de la drogue sur lui, mais finalement il haussa les épaules et sourit.

"Pas d’quoi."

C’était toujours mieux que de le voir au bout du rouleau, se dit-il en laissant tomber de la cendre dans un cendrier de fortune qu’il avait fait avec un fond de bouteille en plastique. Puis il ne risquait pas grand-chose, de toute manière. Il avait le droit d’avoir de la drogue sur lui pour le moment, même si ça allait bientôt ne plus être le cas.

Bon... C'était pas exactement ce genre de réaction qu'il aurait voulut avoir. Vraisemblablement, quand on faisait ce genre de sourire, on s'attendait pas à ce que l'autre se mettre à nous rire au nez. Surtout qu'il prenait même pas la peine de faire semblant de se retenir aussi, il riait à gorge déployée, sans aucune gêne. Dire que Ken avait cru que c'était celui des deux qui était le plus timide... Sans doute que c'était qu'un truc qui durait pas longtemps, le temps que le jeune homme puisse évaluer les personnes avec qui il faisait la connaissance pour la première fois. Mais enfin, rire comme ça devant un rire séducteur de Ken Zox Heaster! C'était quand même assez insultant! Bon okay, le blondinet savait fortement qu'il y avait matière à rire... C'est pas pour rien non plus qu'il disait jamais son prénom à personne et qu'il refusait cathégoriquement que les autres le nomment de cette manière! N'importe quoi sauf ça, même Blondie. Mais Ken??? NON!!! Ça faisait toujours ce genre de réactions, son prénom. Les gens souriaient en coin d'amusement à l'ironie qu'un tel prénom soit attribué à un mec comme Ken, chiant et frustré en un rien de temps. En effet, n'était-il pas marrant que le mec considéré comme le sex symbol de la gente masculine pour les femme, au sourire scintillant, aux manières séductrices, ait le même nom de notre cher petit blond? N'était-il pas encore plus hilarant de considérer le fait que le mec le plus rebel et chiant de son petit coin de ville avait le même nom qu'une poupée barbie? Poupée qui était sûrement manipulée avec un soin extrême par des milliers de petites filles à travers le monde entier. Qui sait, certaines d'entre elles pouvaient bien avoir vêtu leur précieux petit Ken d'une robe à fleur et d'un chapeau de paille, lui faisant boire du thé dans des tasses en plastique roses en compagnie de ses pelluches!!! Cette idée traumatisa le pauvre blond qui retint un frisson d'horreur au tableau qui s'était dessiné dans ses pensées. Secouant rapidement la tête pour chasser cette image traumatisante, il revint lentement à la réalitée... Et aux sons étouffés des rires de Fabian. Son visage reprit son air un peu boudeur et il prit une grande bouffée de sa cigarette, calmant ses nerfs qui semblaient tout disposés à faire taire cet adolescent qui continuait de se rire ouvertement de sa tronche. Finalement, n'y tenant plus, il jeta un regard pointu vers Fabian et lança sur un ton assez brusque :

"C'EST FINIT OUI????"

Ken affichait toujours cet air boudeur qui le rendait presque mignon et finit par se lever en grommelant gentiment, donnant l'image même de Grincheux dans Blanche Neige et les sept nains. Walt Disney serait sans doute lui-même ému devant une image aussi véridicte de ce personnage qu'il avait créé de sa propre imagination. Sans doute que Ken aurait eu droit à un câlin de ce personnage reconnut! Le blond s'ébouriffa les cheveux d'une main et fuma sa cigarette de l'autre, ignorant les rires de Fabian tout en se dirrigeant de nouveau vers son lit, considérant avec une certaine morosité que ses premières tentatives de gentillesse et de sympathie n'avaient pas été pour le mieux. C'est vrai quoi, il faisait l'effort de leur dire son vrai prénom sans les menacer de crever s'ils osaient en rire et se retenait de cogner salement cet emo-goth trop sexy pour son propre bien et voilà comment on le remerciait! Le blond s'arrêta de marcher quand le dit emo-goth lui adressa la parole. S'il fut surpris par sa gentillesse, il ne dit rien. Par contre, il ne tourna la tête dans la direction de Nathanaël que plusieurs secondes plus tard, laissant le silence s'étirer. Finalement, Ken tourna la tête vers celui-ci et lui offrit un air neutre avant de faire un mili sourire et de lancer :

"... Ouais... Thanks."

OMG, ne tombez pas tous de vos chaises en même temps, mais je crois bien que Ken vient de dire merci!!!! OMMMMMMMMGGGGG!!! Laissons quelques instants aux lecteurs pour se reprendre d'un tel revirement de situation non attendu avant de continuer de narrer les beaux gestes de notre blond préféré. D'ailleurs, je reçoit déjà un nouveau sac de lettres de fan du beau Ken de votre part, merci à tous et à toutes. Mais je vois mon perso qui me jète des regards aigus, alors je me remet dans sa peau. Donc, Ken sourit un moment de cette manière à Nath avant que son regard ne soit attiré par Fabian qui s'activait de son côté. Ses yeux se tournèrent donc franchement vers l'adolescent qui s'était enfin décidé à arrêter de se ficher de sa tronche pour se concentrer sur une autre chose. Si le blond se doutait fortement que ses deux collocs étaient des junkies, il ne s'attendait pas à ce qu'ils soient si peu discrets!!! D'ailleurs, Ken resta un moment choqué par le total manque de discrétion de Fabian. Il le fixa avec les yeux grands ouverts, montrant ses émotions aussi facilement que possible comme à son habitude. Quiconque l'observant aurait pu vite arriver à la conclusion qu'il avait jamais vu de drogue de sa vie, ce qui serait totalement faux. Seulement, le blond avait rarement vu des drogués être aussi peu gênés de leurs actes... Fabian devait être en manque sévère! Le blond le regarda faire, comme s'il était un moment fasciné par tous ses gestes, encore debout au milieu de la chambre comme un nul. Non mais c'était quoi cd mec??? Et si un gardien décidait de venir inspecter le dortoir??? Et si quelqu'un entrait par hasard??? C'était de la pure inconscience! Et si... Et si Ken avait été le genre de mec à tout balancer, il aurait fait quoi ce naze? Franchement, Ken n'arrivait pas à voir ça autrement que de l'Inconscience pure et dure! Ken tourna un regard en coin à Nath qui semblait aussi choqué par le manque de gêne de Fabian que lui. Bon au moins, il allait pas se battre pour lui piquer sa drogue, c'était déjà ça... C'est que le blond ignorait que c'était Nath qui avait donné ce truc à Fabian. Du moins, il l'ignora pendant quelques moments, jusqu'à ce que ce crétin de Fabian remercie Nath. Sur ce, il se figea d'autant plus. Cette situation était vraiment excentrique... S'il l'avait voulut, le blond aurait pu courir directement au bureau des surveillant pour balancer ses deux collocs, mais il ne ferait jamais ce genre de trucs. Parce qu'il avait été de ce monde aussi, à vendre de la drogue par manque d'argent. Mais aussi parce qu'il était pas ce genre de mec.

Il se contenta donc de se râteler la gorge avec assez d'insistence, rappelant sa présence. Ken lança ensuite à l'adresse des deux junkies :

"Er... Pas que j'me plaigne mais eux... Vous d'vriez faire plus attention avec ste genre de sh*t là... C'pas tout le monde qui fermerait les yeux..."

Laissant ici passer le message qu'il s'en fichait, Ken retourna à son lit. Il ouvrit un tiroir de commode tout en réfléchissant. C'est vrai, il s'en fichait un peu de la drogue, tant qu'ils essayaient pas de le forcer à en prendre. Et pis si jamais ils se faisaient prendre, tant qu'ils leur fouttait pas la faute dessus, aucun problème. Ken se saisit d'un tee-shirt gris pâle assez moulant et retira son présent tee-shirt avec le magnifique et poétique dessin du doigt d'honneur dessus. Restant un moment torse nu, se fichant qu'il offrait ainsi une vue imprenable à ses collocataires de son dos élancé et musclé de joueur de soccer, il se perdit dans ses pensées. Ensuite, il se retourna, mettant son nouveau chandail qui était beaucoup plus ajusté que l'autre. Tout en faisant cette action, il lança de nouveau à ses collocs :

"Bon... Moi je me fou de votre drogue et tout... Par contre en échange, faut pas chialer quand je fais mes étirements."

Ses ex-collocs avaient tous fait la plaintes qu'il s'entraînait trop souvent avec ses redressements assis et tout le bla bla, ce qui l'avait irrité au plus haut point. C'est vrai quoi, s'il voulait rester en forme, fallait bien qu'il garde la forme! Comment faire ça en restant assis à fumer toute la journée? Bien sûr, le blond ignorait que les plaintes de ses collocs étaient souvent duent au fait qu'ils n'appréciaient pas avoir un tel spectacle si tôt le matin... Les hormones mâles s'excitent facilement de nos jours. Ken se retourna vers son lit et déboutonna sans aucune gêne son pantalon avant de le baisser, pestant un peu contre son pied qui se prit dans un des trous du genoux. Rapidement, le blond se retrouva en tee-shirt gris moulant et en boxer larges noirs avec écrit sur l'élastique 'DON'T FUCK WITH ME' en grosses lettres. Il était évident qu'il s'entraînait, avec ses bras musclés et ses jambes aussi, mais aussi qu'il ne poussait pas trop pour avoir l'air d'un monsieur muscle. Peu conscient du terme 'pudeur' ou 'hormones', il se plaça au sol et commença des push-ups en ignorant ses collocataires, comme si ça avait été la chose la plus naturelle du monde.

"Er... Pas que j'me plaigne mais eux... Vous d'vriez faire plus attention avec ste genre de sh*t là... C'pas tout le monde qui fermerait les yeux..."

Fabian entendit ces paroles comme si Ken, enfin, Heaster, était à des mètres de lui. Il gardait toujours un sourire d'extase, patient, couché, yeux clos. Il ne fit donc pas attention quand Heaster se déshabilla, pour ses étirements. Totalement déconnecté, effacé, le dealer californien se souciait de peu et surtout de rien... Une ou deux minutes passèrent, la montée se faisait attendre, les effets étaient plus longs à venir chez Fabian, à force de se faire une telle tolérance avec tout.

"Bon... Moi je me fou de votre drogue et tout... Par contre en échange, faut pas chialer quand je fais mes étirements."

Il sembla que les lèvres du jeune Peater s'élargirent encore. Etait-il ravi, soulagé de tomber sur un tel gars ? Se moquait-il une fois encore, mais en silence, de ce Ken, tout simplement parce que, chose étrange, Fabian pouvait trouver ignorants et stupides ceux qui n'ont jamais touché à la drogue ? Car il ne pouvait savoir que Ken y avait déjà touché, mais que ce temps était simplement révolu. Il avait seulement entr'aperçu les regards choqués qui devaient fixés ses faits et gestes quand il chipotait son matos de pur et "bon" camé. Mais ce sourire pouvait simplement dire qu'il sentait se rapprocher du Nirvana totalement irréel mais terriblement délicieux. Ou qu'un rien l'amusait. Personne ne le devinerait, et même Fabian ne le savait pas ; pour ainsi dire, son cerveau était en mode veille, il ne réfléchissait plus, seul le plaisir éphémère que son corps fin et blanc, par les stup' et la vie nocturne, comptait en ces instants précis. Seconde par seconde, le visage de Fabian se détendait, d'un zombie on allait arriver à un angelot...

Heaster avait déjà commencé quelques exercices, et c'est sa respiration profonde et rapide qui en informa Fabian. Enfin, le plaisir lui vint, comme une décharge de chaleur et de bonheur. Il rouvrit les yeux, et ces yeux-là, c'était des yeux enchantés, émerveillés, grands ouverts. Toujours ce sourire béat qui changeait complètement son visage. Il avait vraiment l'air de flotter dans l'air, sur un nuage, d'être dans un autre monde. Son regard lubrique vaguait de ci de là, regardant des choses sans importance ou même dans le vide. Des émotions de surprise, de joie, comme un enfant qui découvre la pièce et s'étonne d'un rien, défilaient sur son visage devenu bien plus sympathique. Puis Fabian s'étira, bailla, et même en baillant il trouva le moyen de continuer de sourire.

- Mmmmh, aaahh, rawr...

On aurait dit qu'il sortait d'un jacuzzi après s'être fait massé par les plus belles filles du monde, et qu'il allait manger un festin de roi en compagnie d'une star formidable et d'un banquier qui allait lui offrir toute l'argent que contenait son coffre-fort, comme ça, juste parce que Fabian était beau et fort. Oui, l'héroïne, c'était ça. Ca nous faisait croire qu'on était le meilleur, le plus beau, le plus fort, irrésistible, intelligent, invulnérable. Beaucoup de personnes mourraient à cause de l'héroïne parce qu'il croyait qu'ils ne mourraient pas même en sautant du 20ème étage, par exemple. Les overdoses ne sont pas seulement les dangers guettant les consommateurs. La sensation de l'irréel pouvait atteindre un degré très dangereux. Fabian savait ça et ne se laissait pas avoir, mais il profitait pleinement de l'assurance et de la confiance qui grossissaient en lui. Sous héro, ou coke après beaucoup de rails, il devenait très bavard et voyait tout en positif, en rose autrement dit. Son imagination dépassait ses limites et, des fois, il avait des poussées créatrices. C'était rare, mais quand il s'y mettait, ce qu'il dessinait ou écrivait était surprenant. Dommage que Fab' avait besoin de stup' pour motiver ce bon côté de lui. Et dommage aussi que peu de personnes ont pu témoigner de ces élans artistiques et que les seuls n'avaient aucune preuve. Une fois clean, Fabian était si épuisé ou carrément démoralisé qu'il les mettait quelque part sans s'en soucier et cela finissait par être perdu, s'il ne les jetait pas directement dans un excès de rage - ça n'arrive pas si souvent, à moins qu'il ne trouve pas sa dose quotidienne.

En clair... voilà ce que vivait Fabian. Un sentiment éblouissant lui ravageant les entrailles, ouvrant ses prunelles, rendant le plus terne et le plus laid en la chose la plus belle et colorée qui soit. Surtout après deux mois de torture intense, ce plaisir en solitaire - heu... on parle bien du trip XD - était particulièrement génial. Le toxicoman se redressa et se leva de son lit, et fit quelques pas très lents jusqu'à Heaster. Il se baissa, avec une lenteur majestueuse - c'est ce qu'il croyait en tout cas - et posa une main brûlante sur l'épaule du sportif. Il lui adressa un sourire mielleux et un regard de velours, puis lui intima :

- J'espère bien que tu n'toucheras pas un mot, ni à un adulte, ni même à un résident, de ce qui vient de se passer. Je me chargerais moi-même de me faire la réputation qui me conviendra... Mais si tu dérapes, une seule erreur, mon vieux, et j'le jure sur ma gueule de te faire goûter à l'Enfer.

Malgré la voix suave qui sortit de sa bouche, les mots gardaient la dureté de la menace. Il se releva, son regard plongeant braqué sur Ken.

- J'n'irais pas en prison, c'est clair ?

Son sourire était toujours immense. Ses yeux reflétaient la bonté, ou au moins une certaine sympathie. Sa voix était doucereuse. Mais il jetait de telles paroles sans aucune gêne et semblait franc. Maintenant qu'il retrouvait l'espoir de trouver comment amener ici de quoi choper en suffisance, il n'avait plus peur. Peut-être que l'héro suffisait aussi à lui donner de belles espérances et bien trop de confiance. Dans son quartier, il ne craignait pas les agressions et les rivaux, car il avait toujours une petite flopée de mecs bien baz' pour lui venir en aide, et rien que leur présence autour du dealer suffisait à empêcher certaines tentatives. Au pire, s'il se faisait rouler ou voler, il avait des contacts pour pister les connards en question. Mais ici, il était encore seul. Liv n'était pas de ces gars costauds qui l'avaient déjà protégé physiquement, ils étaient juste complices pour l'exploitation de ganja, et même pas de vente. Nath' ne semblait pas être en mesure de lui tenir tête, finalement. Non, en fait, Fabian se faisait un peu des idées. Mais bon, ce Ken ne savait pas tout ça, et la confiance qu'avait Fab en lui quand il proclamait ces menaces était assez efficace. On ne pourrait deviner qu'il se faisait des illusions, voire qu'il mentait.

M'enfin. Ceci dit, ce fut la seule chose négative qui sortit de lui et qui sortirait tant qu'il serait dans ce "superbe" état. Aussitôt qu'il eut fini d'échanger ces quelques mots joyeux avec son deuxième colocataire, il se dirigea vers Nathanaël et s'assit sur son lit, sans lui demander son avis.

- T'as pris, toi aussi, pas vrai ? T'as l'air de vachement bien géré. Mes effets sont hyper forts, là, ça fait tellement d'temps que j'ai pas chopé d'la brune... J'sais pas comment te remercier. Enfin, quand j'y pense...

Ses yeux se baissèrent, il feignait la confidence. Bien sûr, Heaster pouvait tout entendre.

- ... bientôt, je devrais avoir un pote qui m'amènera d'une manière ou d'une autre c'qu'il faut. Y'a bien des gars assez fous ou un surveillant tout autant accro pour faire le pont. T'es juste à l'héro ou pas ? Perso, j'me fournis en tout, enfin, presque, exagérons pas, donc bon, c'est quand tu voudras. J'te préviendrais, j'te dois bien ça, hein.

Bavard, qu'est-ce que je vous avais dit ? Fabian ne cessait d'esquisser un petit sourire, tantôt l'air malin, tantôt l'air hilare, tantôt simplement heureux. Des fois il pénétrait son regard dans celui de Nathanaël, et leur particularité d'être verrons l'enchanta, des fois ses yeux batifolaient au gré de son délire, suivant un papillon invisible, ou admirait un objet quelconque, un détail sur le mur.

- On va bien s'amuser, tous les trois...

Allez savoir ce qui passait par la tête de Fabian. Selon l'interlocuteur, ça pouvait être perçu comme des avances sexuelles, ou des idées de défonce totale, d'une compétition sportive, ou alors une phrase ironique et Fabian pensait simplement leur faire vivre une abomination au jour le jour. Seuls ses proches sauraient que ses véritables pensées étaient bien plus pures : il pensait simplement à passer du bon temps avec ses nouveaux colocataires, en toute amitié.

Ouf. Heaster était finalement plus cool qu’il en avait l’air. Avec Fabian qui avait, pour ainsi dire dévoilé au grand jour leur petit arrangement (un court métrage publicitaire aurait été plus discret), il avait craint que Ken, agacé par ces deux junkies qui riaient comme des hyènes, aille les dénoncer pour les faire aller se faire foutre. Et pourtant, en mettant de côté ses regards choqués, il les avait simplement mit en garde (qui, selon lui, devraient plutôt concerner Fab’, l’Irlandais ne se serait pas permis de se shooter devant quelqu’un dont il ignorait la couleur). Enfin bon. C’était réglé. La Gitane se consumait lentement entre les doigts fins du Papillon tandis que ce dernier observait d’un œil curieux le junkie, qui ne semblait plus être le garçon craintif et maladif qui était là encore quelques minutes auparavant. Il avait prit une sacré dose, et n’allait pas tarder à décoller pour de bon, après ça il irait mieux.

En voulant ensuite voir comment s’occupait Heaster, Nathanaël s’aperçut que la bestiole était…Torse nu ? Rien de choquant à cela, hein, c’était même un spectacle plutôt agréable, entre nous. Ken était plutôt bien bâtit, il fallait l’avouer. Et ce n’était pas l’Irlandais qui allait se conduire en pucelle et le prier de se rhabiller. De plus, comme il était de dos, il pouvait le mater à loisir sans se faire chopper. Niark niark, très malin n’est ce pas ? Si Nath’ n’était pas du genre à sauter sur tout ce qui bouge, il se faisait volontiers plaisir en ce qui consternait les gâteries visuelles (en restant tout de même discret quand c’était possible). Hum donc bref, quand il avait un beau truc devant les yeux, il regardait, normal. Malheureusement, les belles choses sont éphémères, et Ken eut vite fait d’appliquer cette règle en se rhabillant. Pour peu qu’il en eut l’audace, Nath’ aurait poussé un ‘Oooooh !’ de déception xD. Mais il se contenta d’observer le plafond, avec un sourire amusé, tirant sur sa cigarette.

Citation :: "Bon... Moi je me fou de votre drogue et tout... Par contre en échange, faut pas chialer quand je fais mes étirements."

Hein ? De quoi ? Quels étirements ?

Nath’ tourna de nouveau la tête dans la direction de Ken et ses yeux cernés s’agrandirent de stupeur en le voyant baisser son froc sans aucune gêne, dévoilant un boxer orné d’une phrase assez communicative. S’en suivit des ‘étirements’, comme il disait. Le Papillon eut un instant le souffle coupé devant cette scène plutôt pas banale, ne sachant s’il devait rire ou se taire. Il se racla la gorge pour se dénouer la gorge et lança un regard interrogateur vers Fabian, curieux de voir sa réaction. Ce dernier semblait beaucoup moins sensible au charme de la chose, puisqu’il se leva jusqu’à Hester pour lui dire…

…Une grosse connerie.

*P’t*in de m*rde !*

Non, cette connerie il ne l’avait même pas dite, il l’avait intimé ! Bordel, pourquoi il avait fait ça ?! Tout était bien partit, et il faut qu’il vienne remuer le couteau dans la plaie ! Nathanaël avait la désagréable impression que ces intimidations n’allaient pas du tout marcher, et que ça allait mal se terminer (à moins que ses airs de brute soient du flan, mais il en doutait). OMG, que faire, que faire ? Dieu, help quoi, GROS HELP, SOS !! Malgré l’héroïne qui parcourait ses vaisseaux sanguins, il se sentait un peu inquiet. Fabian, de toute évidence, avait trop prit de brune. Beaucoup trop. Et il espérait ne pas avoir à en subir les conséquences, et qu’il aurait le luxe de dormir tranquille dans ce dortoir la nuit. La paix était encore fragile entre eux, et Fab’ la mettait inconsidérément en péril. Quant à savoir si ses menaces étaient vraies, il n’y pensait pas vraiment. Le fait était qu’Heaster avait dit de lui-même qu’il ne fayoterait pas, et que le junkie le menaçait. La bonne volonté pourrait avoir disparue…

Eh, bé, heureusement que la came l’empêchait de stresser, sinon il se serait sentit très mal, là. La Gitane atteignit le bout de sa vie et Nath’ l’acheva aussitôt dans son cendrier. Pfff, pourvu que cette histoire ne tourne pas au vinaigre. Il avait déjà eu assez de bleus et de cocards comme ça. Sans parler de la jolie bosse made by Ken qu’il avait récolté ce soir. Dure la vie, dure.

Alors qu’il posait son cendrier sous son lit pour pouvoir le ressortir en cas de besoin (et pour éviter de voir la réaction de Ken), Fab’ s’assit sur son lit. Nathanaël lui lança un regard interrogateur, se demandant ce qu’il lui voulait.

Citation :: - T'as pris, toi aussi, pas vrai ? T'as l'air de vachement bien géré Mes effets sont hyper forts, là,

*ouai, ça j’avais remarqué, pensa l’Irlandais pour lui-même*

Citation :: ça fait tellement d'temps que j'ai pas chopé d'la brune... J'sais pas comment te remercier. Enfin, quand j'y pense...bientôt, je devrais avoir un pote qui m'amènera d'une manière ou d'une autre c'qu'il faut. Y'a bien des gars assez fous ou un surveillant tout autant accro pour faire le pont. T'es juste à l'héro ou pas ? Perso, j'me fournis en tout, enfin, presque, exagérons pas, donc bon, c'est quand tu voudras. J'te préviendrais, j'te dois bien ça, hein.

Hoho, voilà une chose intéressante. Nath’ gratta un instant sa nuque tatouée d’un papillon, le temps de réaliser sa chance. Il avait aidé un dealer ! C’était bon ça, très bon même. Tout bénef’ pour lui finalement. Peut-être qu’en fin de compte, il n’allait pas se retrouver sans came. Avant, il s’était toujours arrangé pour que ça n’arrive pas en ayant de bonnes (voir même très intimes) relations avec les dealers. Et là, apparemment, il venait de rentrer dans les bonnes grâces d’un de ceux de l’institut. Dès le premier jour. Quelle chance.

C’est vrai que lui tenait relativement bien la drogue, mais c’est parce qu’il faisait toujours attention à ne pas en prendre trop. La plupart du temps, c’était juste assez pour rester calme et ne pas penser aux choses fâcheuses, se sentir bien quoi. Après, il y a des fois où il prenait de grandes doses pour le fun, mais sinon il préférait rester un minimum lui-même

"Bah…Merci c’est sympa, vraiment. En général j’prends juste de l’héro, mais si y’a pas j’prends c’qu’il y a."

Il voyait cependant que Fabian délirait à moitié, et il essaya discrètement de faire comprendre à Heaster par des gestes discrets qu’il en avait trop prit, ce qui expliquait son comportement audacieux. Espérons que ça suffise à le dissuader de lui casser la figure.

Citation :: - On va bien s'amuser, tous les trois...

Nath’ ne pu s'empêcher de sourire à son colloc', qu'il appréciait de plus en plus. Il ne savait pas trop comment interpréter cette phrase, mais bon, ça ne pouvait pas être mauvais, non ?

"J'espère bien."

Tel un nuage de brume, ses inquiétudes vis-à-vis d’Heaster disparurent. Difficile d’avoir les mêmes idées en tête bien longtemps avec quelques grammes de brune dans le sang. Tiens, en parlant de Ken, cet Apollon né, Nath’ lui lança un regard accompagné d’un sourire Colgate, le pouce levé, comme s'il venait de voir quelqu'un faire un magnifique spectacle.

"Au fait Heaster, super le Strip-Tease. Tu peux le refaire, mais devant une caméra cette fois ? S’teu plééééé !! J’suis sûr que ça peut se vendre cher !"

Évidemment, son ton n’avait rien de moqueur. C’était juste pour taquiner un peu ce BG xD. Le fait d'avoir trouvé un dealer lui avait remonté le moral en un rien de temps. Ses pensées allaient donc rester roses pour un petit moment. Un petit, tout petit bout de Paradis qui allait engloutir son rêve le plus noir.

22... 23... 24... 25... Et 26 pushs ups. Tiens, juste 26? Eh bah, il allait pas s'arrêter de si tôt alors! Dire qu'il tentait d'atteindre les 100 pushs ups chaque matin... C'était à se demander pourquoi d'ailleurs, surtout qu'il jouait au soccer et que ce sport n'avait nul besoin de la force de ses bras. Mais bon, faut pas lui faire le commentaire si l'on a pas envie de recevoir l'un de ses éternels regards noirs... Parce qu'avec lui, un regard n'est pas seulement noir, il est effrayant. Et comme c'est pas tout le monde qui aime avoir la forte impression qu'il va se faire frapper dans les prochaines secondes... Bref, vaut mieux laisser Ken faire ses pushs ups sans trop poser de questions. Il vaut mieux aussi pas se plaindre s'il se donne aussi aisément en spectacle tout en ignorant les pauvres mecs qui avaient du mal avec leur libido. C'était pas sa faute s'il était irrésistible et qu'il le voyait pas! Après tout, il avait jamais été du genre à flirter et à coucher avec tout le monde, alors comment pouvait-il savoir qu'il était si apprécié par les yeux des mecs homos du monde? Pfff, surtout qu'il avait couché qu'avec Kyle, alors bon c'était pas exactement un casanova. Surtout quand on considérait le fait que ça lui prenait presque un miracle pour qu'il réalise que quelqu'un le trouvait sexy. Faudrait que le mec vienne ficher sa langue dans sa bouche pour qu'il comprenne. Enfin bref, là comme ça à faire ses étirements dans la chambre en ignorant ses collocs, leur en mettant plein la vue non-intentionnellement, il avait presque l'air d'un exhibitionniste. À croire qu'il aimait se faire matter le blond. Curieusement, cette pensée ne lui était même pas passé par l'esprit malgré le fait qu'il avait prit la peine de trouver Fabian et Nath mignons à souhait. Vraiment, la seule conclusion logique s'était de se dire qu'il était carrément aveugle et imbécile, pas que ce serait une bonne idée de le noter à voix haute. Donc, chers lecteurs, vaut mieux garder cet opinion pour vous, c'est clair? Merci bien. Donc, Ken ne remarqua même pas les regards admirateurs de Nath, ni la petite lueur d'amusement qui flottait dans les iris de l'emo-goth. Sans doute que s'il s'en serait rendu compte, il aurait tout de suite cessé ses gestes et aurait été très, TRÈS embarrassé. Effectivement, la grosse brute ne savait pas comment réagir à de telles situations. Que faire quand on se faisait mater par un mec mignon? La réponse logique était de rigoler et de lui offrir intentionnellement une meilleure vue dans l'espoir de le motiver à faire le premier pas, mais il s'agit ici de Ken alors on peut tout de suite se défaire de cette idée. À moins qu'il soit carrément ivre mort, il ferait jamais un truc pareil.

Ken était tellement concentré dans ses efforts, la sueur perlant sur son corps et rendant son chandail déjà trop moulant encore plus révélateur, qu'il ne remarqua même pas que Fabian se dirrigeait vers lui avec un sourire de béatitude extrême. S'il avait prit le temps de remarquer ce détail, il aurait put aussi voir à quel point il était défoncé et comprendre ses prochains gestes... Malheureusement pour Fabian, Ken n'avait pas du tout remarqué ce fait. Alors quand le colloc lui mit une main sur l'épaule, le blond s'arrêta dans un demi push up, surprit que quelqu'un vienne ainsi interrompre sa série d'étirements. Il revint tranquillement à la réalité et leva un regard interrogateur vers Fabian qui semblait posséder un égo deux fois plus démesuré qu'avant. Mais ce furent les paroles de l,adolescent qui choquèrent Ken. Inévitablement, son caractère de merde prit le dessus et il fut tout de suite visible sur son visage que Fabian venait de faire une erreur. Ses sourcils se froncèrent et il serra les poings sur le sol, fixant le jeune homme avec un air dangereux sur le visage. Il fallait pas le provoquer comme ça, pourtant c'était assez clair! Mais à quoi jouhait ce crétin de junkie? Sans perdre une seule seconde, le blond se releva et se saisit du col du chandail de Fabian, le fixant d'un air mauvais. Son ton était assez brusque et menaçant quand il lança:

"Ah ouais? J'aimerais bien te voir essayer, asshole!!"

À ce moment, Ken aurait sans doute porté un coup de poing à la sale tronche de Fabian s'il n'avait pas remarqué le sourire béat que celui-ci affichait. La surprise l'empêcha de le frapper et il finit par comprendre que l'adolescent n'était pas dans son état ordinaire. Se rappelant que Fabian venait de prendre une dose assez importante de brune, Ken poussa un soupir. Merde, il pouvait pas frapper un de ses collocs dès le premier jour! Et pis en plus, c'était sous l'effet de la drogue... Okay Ken, on se caaaalme, on respiiiiire... Oui, comme ça, caaaaalme... Le blond finit par fermer les yeux et lâcher brusquement Fabian, détournant le regard. À la suite de quoi, il resta un moment debout, les poings serrés, tentant de se retenir de frapper dans un truc. Après quelques instants, il finit par se calmer, se disant que cette première rencontre n,allait vraiment pas au meilleur des mondes. Il finit par pousser une sorte de grognement ennuyé et alla s'asseoir sur son lit, fixant un moment le sol. Merde, avec ça, il avait perdu le décompte de ses pushs ups... Décidant d'ignorer cette voix ronchonneuse dans son esprit qui lui disait de se venger de ces minables qui lui avaient fait manquer ses exercices, Ken se coucha sur son lit et fixa le plafond. Il ignora également la conversation qui se déroulait entre ses deux collocs, se concentrant à la place à calmer ses nerfs qui courraient comme des dingues dans son corps. Merde, pourquoi fallait toujours qu'il se mette à vouloir tout casser à tout moment? Fallait vraiment qu'il se mette à faire de la relaxation ou un truc du genre, histoire de calmer ses hardeurs! C'est qu'il allait finir par crever sous toute cette tension colérique lui! Ken poussa un autre grognement et se remit en position assise, le regard frustré comme à son habitude. Il aurait voulut être gentil et d'une patience angélique, comme ça il s'attirerait moins d'ennuits... Mais hélas il avait hérité d'un sale caractère de chien qui lui causait que des problèmes. Le blond fut assez calmé pour entendre la réplique d'un Fabian complètement défoncé et haussa un sourcil à celle-ci. C'est que 'On va bien s'amuser tous les trois' ça sonnait franchement comme des avances de mauvais goût. Cette réalisation suffit à rendre Ken mal à l'aise qui avait du mal avec sa libido en manque de sexe depuis quelques semaines. Il finit par décider que la meilleure marche à suivre serait sans doute de faire autre chose pour se changer les idées.

Aussitôt, le blond se mit à faire d'autre sortes d'étirements, enchaînant position étrange sur position étrange et poussant quelques grognements d'effort. Si Nath avait trouvé la vue belle quand Ken faisait ses pushs ups, il devait certainement se régaler maintenant, surtout que certaines positions que le blond prenait étaient assez... Suggestives. D'ailleurs, quand le mood de la pièce sembla s'alléger un peu et que Nath se crut assez sauvé pour lâcher ses dernières paroles, Ken était justement dans une position compromettante. En effet, ses jambes étaient écartées devant Nath et et faisait ses redressements assis qui faisaient lever son chandail sur son torse quelques fois, montrant des parcelles de peau pleines de sueur. D'ailleurs, Ken s'arrêta aux paroles et fronça les sourcils, tentant de comprendre pourquoi au juste son colloc lui disait ça. Pour illustrer le fait qu'il avait rien comprit, le blond s'assit et lança un regard confus à Nath.

"Hein???"

En remarquant le sourire un peu moqueur de Nath, Ken fronça encore plus les sourcils. Il analysa la situation sous tous les angles, cherchant à comprendre... Finalement, une ampoule électrique s'alluma dans son cerveau quand il se rendit compte de sa position. Ses pensées revinrent à ses gestes d'un peu plus tôt et il se souvint de ses pushs ups, de ses positions, de son accoutrement... Presqu'aussitôt, ses yeux s'écarquillèrent et il perdit toute couleur dans son visage. Soudainement, la réaction de ses ex collocs lui devint beaucoup plus claire. Il revit leurs regards embarrassés, les avances du premier colloc et toutes ces histoires bizarres qu'il avait jamais compris. Se sentant soudainement très stupide, Ken se gratta la nuque et détourna rapidement le regard. S'il avait été du genre à rougir facilement, les joues du blond seraient sûrement rouges cramoisies en ce moment. Heureusement, ce n'était pas le cas, sinon son humiliation serait totalement complète. Ken finit par réaliser qu'il avait toujours pas refermer ses jambes et déglutit avant de le faire un peu précipitamment, se sentant soudainement très mal à l'aise. Merde, comment il allait faire pour faire ses exercices dans la chambre maintenant? Rien que l'idée que Nath allait le mater comme ça chaque matin le rendait quelque peu mal à l'aise. En même temps, c'était pas trop désagréable comme idée... Chassant rapidement cette pensée de son esprit, Ken se secoua la tête en se déglutit nerveusement la gorge avant de se relever, cherchant dans ses tiroirs tout en tentant d'ignorer ses collocs. Il sortit une paire de boxers propres pour la nuit et s'appréta à se changer comme d"habitude, mais se figea en se souvenant des dires de Nath. Merde, il pouvait pas carrément retirer ses boxers devant lui quand même, ça serait assez stupide! Et comment il ferait pour répondre aux moqueries de Nath???

Ken resta figé, ses boxers en main et finit par soupirer en se traitant d'idiot. Finalement, quand il se retourna vers Nath, son sourire était assez amusé. Il haussa un sourcil et lança d'un ton assez calme :

"Quelque chose me dit que la cassette, tu la garderais plus pour toi Nath."

Sur ce, il se retourna et retira de nouveau son chandail ainsi que ses boxers, décidant d'ignorer le fait qu'il se montrait en spectacle. Il avait rien à être mal à l'aise, Ken savait qu'il avait un corps bien formé, alors pourquoi se gêner? Le blond enfila ses nouveaux boxers et s'étira un moment, jouant un peu avec les nerfs de Nath, trouvant cette nouvelle situation assez marrante. Il flanqua ses vêtements sales dans un tiroir vide et balaya les bouteiles de bière de son lit. Grimaçant devant l'odeur du drap qui sentant toujours un joli mélange de cendre et de bière, Ken tira sur le drap et sur le truc qui recouvrait le matelat et jeta le tout en tas à côté, observant son lit avec une certaine appréhension. Une idée germa dans son esprit et il ricanna un peu avant de demander à Nath et Fabian :

"Tiens... J'crois que j'vais passer une mauvaise nuit... C'est domage que t'ais fait ton commentaire Nath, ch't'aurais sûrement demandé de partager de la place dans ton lit."

Faisant un sourire moqueur, Ken sortit une veste de ses affaires et se coucha sur le matelat, trop crever pour aller nettoyer son gâchis tout de suite. Il se recouvrit de sa veste comme couverture, parfaitement conscient qu'il dormirait jamais de cette manière. Mais qu'est-ce qu'il pouvait y faire?

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