II || And I see... a cooking star? [Muriel]

"Finiiiiiiiiiiiii!"

Gabriel soupira et plaça la dernière assiette sur le dernier chariot à monter en direction du réfectoire. Ledit chariot fut vite prit en charge par un commis de cuisine, et le Cuistot s'en détourna... Pour faire face à une petite troupe de cocottes et casseroles diverses couvertes de sauces et d'épices en tout genre.
Avec un nouveau soupir, Gabriel repoussa une mèche de cheveux qui barrait son champ de vision puis, remontant ses manches, il boita jusqu'à l'évier pour s'attaquer à une poêle qui gisait là.

Autour de lui, la cuisine semblait particulièrement vaste, avec ses surfaces blanches carrelées avec soin, ses longs plans de travail et ses fourneaux mouchetés de graisse fraiche. L'équipement, des cuivres à l'ancienne, était soit suspendu à un crochet, soit posé dans l'évier en attente de son tour pour rencontrer la brosse à récurer. Quand à Gabriel, il boitait tranquillement d'un point à l'autre, briquant et organisant son matériel, tout en réfléchissant tranquillement au menu du lendemain.

Enfin, après une bonne demie-heure de récurage intensif, l'homme décida qu'il pouvait bien s'accorder un déjeuner avant de nettoyer sa cuisine, puis probablement tout ressalir pour préparer le dîner.
En boitant, il se dirigea vers le réfrigérateur et passa la tête à l'intérieur, un mince sifflet d'argent monté en pendentif coulant hors de sa chemise blanche.

"Voyons voir... Quel menu nous proposez-vous, Mister Fridge?

Aussi étrange que cela puisse paraitre, Gabriel s'adressait souvent à son matériel de cuisine, et en Français, s'il vous plait. beaucoup de gens pensaient qu'il s'agissait du signe d'une gentille folie douce... Erreur. C'était juste la façon qu'avait le cuistot de réfléchir à voix haute!

Or, donc, il en était là de ses réflexion, lorsqu'un pas résonna dans la cuisine, le poussant à sortir du réfrigérateur. Un paquet de blancs de pulet coincé entre les dents, une main sur la porte du frigo et l'autre solidement ancrée sur un pot de crème fraiche, le Cuisinier du plisser les yeux pour distinguer quelque chose entre ses mèches ô combien indisciplinées.

"B'gnour."

C'était une journée particulièrement emmerdante pour notre jeune prince je-m'en-fou-de-tout. Muriel se promenait paisiblement dans les diverses couloirs de l'institut, jusqu'à ce que son ventre émit un gargouillement sonore qui aurait put réveiller les morts. Oui, comme vous pouvez le constater avec son teint plutôt blême et ses allures anorexiques qu'il n'a aps manger depuis un bout de temps maintenant. Mais le dilème était qu'il ne voulait pas manger, aimant mieux se faire souffrir. Muriel avait perdu l'être de vivre depuis qu'il avait perdu l'être le plus cher à ses yeux dut à son père. Heureusement qu'il fut arrêter car sinon le jeune homme l'aurait certainement poursuivit jusqu'à sa mort. Mais, je m'égard maintenant, revenons à notre prince...

C'est quoi que tu regardes toi?

Un garçon n'arrêtait pas de le fixer depuis tout à l'heure. Muriel en avait marre que l'on le regarde de travers même s'il faisait pareil. Mais n'allez surtout pas lui dire, il va vous dire au contraire. Le jeune homme détestait lorsque les autres remarquait les choses à son sujet. Surtout lorsqu'on remarquait qu'il ne mangeait pas.

Et donc, Muriel se leva d'ou il était assit alors que son ventre gargouilla une fois de plus. Peut être est-ce pour ça que le garçon n'arrêtait pas de le regarder ? Car son estomac lui suppliait qu'il aie manger mais le jeune homme refusait. Son ventre émit un autre gargouillement puis, le jeune prince ténébreux parti en direction de la cuisine, histoire de se prendre quelque chose à manger... Il arriva sur place quelques minutes plus tard et il cru entendre quelqu'un. Il posa un pied dans la cuisine et retrouva un homme, la tête cachée dans son frigo. Un nouvelle fois, le ventre de Muriel émit un gargouillement et maintenant il semblait encore plus fort puisque la pièce était petit. Le jeune homme baissa la tête d'embarassement et soupira.

Merde...

Il releva finalement le regard et fixa l'homme à nouveau. Il était surement le cuisinier puisqu'il était là, dans la cuisine. Muriel le détailla plus davantage, admirant sa beauté. Le jeune homme secoua de la tête.

Le jeune homme qui se tenait face à Gabriel ne sembla pas entendre le 'Bonjour' déformé qu'on lui adressait... Ou alors il avait juste la flemme de répondre, c'était possible aussi. très blond et très -trop- mince, l'adolescent était filiforme à faire peur, ses cheveux mal peignés tombant sur ses épaules avec nonchalance. Gabriel lui accorda gentiment le statut de "prometteur" (à cet âge ça change tellement, on ne peu pas qualifier qui que ce soit de 'beau gosse'!)
L'estomac de l'adolescentémit un gargouillement sonnore, et Gabriel sourit: c'était bien la peine de sécher le repas pour venir chercher à manger aux cuisines. Soit ce jeune homme voulait embêter le monde en prétextant que la cuisine était mauvaise, soit il avait des allergies particulières.

'Merde.'

Ou peut-être qu'il n'avait juste pas envie de manger, c'était possible aussi... La question était pourquoi? Ca n'était jamais bon, un ado qui ne mangeait pas. Certains oubliaient de manger, ce qui dénotait un état dépressif avancé. Les autres se privaient de nourriture, et la on pouvait conclure à l'anorexie sans trop risquer de se tromper. Cela dit, tout les cas étaient uniques et complexes, et il ne fallait jamais généraliser...

S'appuyant sur sa jambe valide, Gabriel referma la porte du réfrigérateur à l'aide de son pied gauche, puis boita jusqu'au plan de travail le plus proche, ou il ouvrit son paquet de blancs de poulet.

"Bonjour jeune homme."

Tranquillement, il tira une poêle de son crochet et y déposa ses morceaux de viande avec délicatesse. Après quoi, il déposa le tout sur sa gazinière et essuya ses mains sur son tablier de travail maculé de taches diverses.

"Tu désirais quelque chose de précis?"

La phrase était plutôt neutre et générale, et elle pouvait signifier aussi bien: "tu t'es perdu?" que "Quelle est ta commande pour le déjeuner?" ou encore "Ben quoi, t'aimes pas les nouilles sautées?"... Bref, le nouvel arrivant pouvait l'interpréter à sa guise, ce qui avait l'avantage de ne pas braquer des jeunes souvent plus angoissés qu'ils ne voulaient le laisser voir.

Gabriel ne s'était pas présenté, il le ferait plus tard. Pour l'heure, et en ce qui concernait sa fonction, sa tenue parlait d'elle-même, n'est-ce pas?

Muriel humait l'ôdeur du poulet dans l'air se qui le fit presque baver. Oui, visiblement il avait très faim, même trop faim. Mais le jeune homme ne pouvait tout simplement plus partir sans avoir manger quelque chose. L'odeur de la nourriture lui avait creuser l'appétit.

Ben, ça se voit me semble? J'ai une de ses faims de loup.

Il n'était pas froid ni coléréique dans ses paroles, juste incroyablement calme, même un peu trop calme. Il s'adossa contre un mûr, les yeux à moitié clos, et il poussa un soupire. Bien sûr, le jeune prince n'allait pas daigner à dire pourquoi il avait si faim, surtout qu'il ne se l'avouait jamais. C'était déjà bien qu'il avouait qu'il avait faim à un étrnager totale.

Vous avez l'air délicieux... Ah ! Merde! Je voulais dire vous préparez un repas appétissant!

Le jeune homme plaqua sa main sur son front. Ce qu'il venait dire n'était pas intensionnel. Il commença à rougir doucement et il baissa le regard encore plus.

Pardonnez moi, ce n,était pas intensionnel, j'vous le jure!

Muriel releva tranquillement la tête et fixa le cuisinier avec un air sincère.

[Méfies toi Muriel, il y a pas mal de coquilles qui trainent dans tes posts, c'est assez agaçant^^']

Manifestement, l'adolescent avait nettement trop faim pour que ça soit normal. Bien sur, on peu aussi raisonner, dire que l'imagination de Gabriel lui jouait des tours, m'enfin tout de même, maigre à ce point là... Ca n'était pas normal.
Le cuisinier accueillit sans broncher la réponse somme toute peu aimable de son... disons "invité", conservant le visage neutre qui lui était habituel.

'Ben, ça se voit me semble? J'ai une de ces faims de loup!'

Un léger, très léger sourire apparut sur le visage de notre cuistot à ces mots, et il retourna ses blancs de poulet avec adresse, les laissant produire encore un peu de jus avant d'y ajouter la crème fraiche. C'était bien si l'autre mangeait, quelle qu'en soit la raison, après tout. Gabriel releva ensuite les yeux vers lui et l'interrogea:

"Pourrais-tu me passer le poivre, juste derrière toi, s'il te plait?"

Gabriel attendit qu'on lui passe la poivrière et s'affaira à en saupoudrer sur les portions de poulet, dont la couleur commençait doucement à varier. Il savait néanmoins qu'il n'était pas encore temps d'ôter la poêle du feu, à moins de ne vouloir qu'un repas à moitié cuit!

'Vous avez l'air délicieux... Ah ! Merde! Je voulais dire vous préparez un repas appétissant!'

Surpris par la remarque à laquelle il ne s'attendait pas du tout, Gabriel en laissa tomber sa spatule de bois, qui atterit au sol, éclaboussant légèrement le carrelage.

"Shit."

Autre chose que Gabriel ne faisait quasiment qu'en français: jurer. Il jurait très peu en Anglais, voire presque jamais. Rouge de confusion, il prit appui sur sa jambe droite et se pencha pour ramasser son ustensile. Puis, toujours en boitant, il se retourna vers l'évier et y déposa la spatule sale avant d'en saisir une propre dans un pot, tandis que l'adolescent bafouillait:

'Pardonnez moi, ce n'était pas intentionnel, j'vous le jure!'

Le cuisinier senti ses oreilles se mettre à chauffer à leur tour, ce qui n'était jamais bon signe -c'était généralement à ce stade qu'il se mettait à bégayer- mais parvint à offrir un sourire gêné à son vis à vis.

"Mmhh... J'imagine qu'il vaut mieux en sourire, n'est-ce pas?"

Il se tourna de nouveau vers son plat et remua ses blancs de poulet, avant de tirer deux assiettes d'un tiroir à portée de sa main. Ces assiettes n'étaient, en vérité, pas supposées servir, à moins qu'un pensionnaire ne brise la sienne -intentionnellement ou non, du reste- c'est pourquoi Gabriel l'avait baptisé le 'Tiroir de Secours'.

"Je choisit de prendre ça comme un compliment."

De la même commode, Gabriel sortit deux jeux de couverts, puis prit une grande inspiration avant de se tourner vers le blond qui se tenait toujours dans la cuisine:

"Puisque tu semble avoir faim et que je ne pourrais pas manger tout ça à moi tout seul, que dirais-t-u de m'aider un peu?"

C'était faux, Gabriel aurait très bien pu tout avaler à lui tout seul -il avait beau être petit et frêle, il mangeait beaucoup- mais bon... Il ne se sentait vraiment pas le coeur à laisser l'autre repartir sans rien dans l'estomac.

"Au fait, je m'appelle Gabriel Leroy. Et toi, tu es?"

Un élève. Certes. Mais encore?

Muriel se mordillait la lèvre rigoureusement, n'en revenant toujours pas de ce qu'il venait de dire. Oui certes, le cuisiner était loin d'être laid, mais tout de même! Il trébuchait dans ses mots sans s'en rendre compte. Enfin, il s'en rendait compte après l'avoir dit, malheureusement. Le jeune homme écoutait à moitié le chef alors qu'il lui demanda de lui passer le poivre. Sans trop hésiter, il prit le contenant derrière lui et le passa au cuisinier avant de reporter son attention à ses pieds d'un air pensif. Il était devenu rouge pivoine et il aurait voulu disparaître, devenir invisible mais malheureusement, Muriel n'était pas un super héro. Le jeune homme fut plutôt surprit que le cuisinier le prenne plutôt bien, ce qui soulagea quelque peu le jeune homme. Au moins il n'était pas comme la plupart des gens dans cette institut; violents et facilement provoqués. Bien sûr ce qu'il venait de dire n'était pas méchant, mais plutôt impoli et directe, même trop directe. S'il aurait dit ça à un élève il s'aurait surement fait frapper, du moindre, quelque chose d'horrible lui aurait venu.

Le cuisinier se présenta, histoire de changer la conversation. Muriel commença à reprendre sa couleur normale et sa température commença à descendre. Au bout d'un moment, le petit prince ténébreux releva le regard vers le chef cuisinier avec un léger, très léger, sourire.

Hum, moi c'est Muriel Evans. Et, s'il vous plaid, ne m'appelez pas Monsieur Evans ou un truc du genre.

Le jeune homme humait à nouveau l'odeur de la nourriture fraichement cuite en fermant les yeux de plaisir. Il se retourna vers Gabriel avec un sourire.

Ça sent drôlement bon dit donc. Et, ça m'ferait plaisir de t'aider...

Quoi? Il souriait ? Impossible, Muriel ne sourit jamais ces temps si. Et pourtant, il était bien là, et non dans un rêve, à sourire. Mais ce n'était pas un très large sourire, juste un petit. Et en plus il riait! Effectivement, Muriel émit un léger rire amusé, signe qu'il était plus à l'aise et qu'il avait oublié l'incident de plus tôt. Gabriel a dut être la première personne, depuis très longtemps, à qui le jeune homme avait sourit. Et en plus, Muriel trouvait cela agréable de sourire à nouveau, de rire et d'être heureux. Mais cette joie allait surement se dissiper plus tard, lorsqu'il allait retourner dans son dortoir... Malheureusement.

Un cour silence s'installa, que Gabriel mit à profit pour respirer à fond (en silence, s'il vous plait) et reprendre un peu de contenance. C'était bien sa veine, à lui qui était incapable d'entendre ce genre de phrase sans rougir, de tomber sur un étudiant aussi franc! Parce que bon, ce genre d'accident n'arrivait pas à n'importe qui, à dire vrai! Mais passons.

'Hum, moi c'est Muriel Evans. Et, s'il vous plait, ne m'appelez pas Monsieur Evans ou un truc du genre.'

Cette fois, le sourire de Gabriel fut un peu plus visible tandis qu'il versait la crème fraiche dans la poêle et la mélangeait au jus de poulet pour en faire une sauce d'un marron clair engageant.

"Très bien." Dit-il en partageant les morceaux de vollailles entre les deux assiettes. "Muriel, ça te conviendrait?"

Michel aurait certainement proposé à l'adolescent de l'appeler Mumu, ou quelque chose comme ça... Bah, peu importait ce qu'il aurait fait, après tout. Il n'était pas là de toute manière.
Le Cuisinier coupa la gazinière puis, ayant nappé les deux portions de poulet de la sauce qui les accompagnait, il déposa assiettes et couverts sur la table, avant de plonger dans le réfrigérateur à la recherche d'une bouteille d'eau: il n'allait quand même pas servir de vin à un mineur, non!

'Ça sent drôlement bon dit donc. Et, ça m'ferait plaisir de t'aider...'

Tiens, voila qu'il se mettait au tutoiement maintenant? Remarquez, ça n'était pas gênant, hein! C'était juste un peu surprenant de passer de l'un à l'autre aussi brusquement. Sans agressivité, précisons-le. Non parce que, des Caïds qui jouaient la politesse, puis l'intimidation quand ça ne fonctionnait plus, Gabriel en avait déjà vu plus d'un!

"Evidement que ça sent bon! Je me vante d'être un bon cuisinier."

Mmh? Pas très modeste? Oui ben, en même temps, il faut aussi savoir reconnaître ses propres qualités, hein! Et Gabriel était vraiment un bon cuisinier. Même un très bon. Inutile de le nier, après tout!
Avec un très léger sourire en coin -c'était toujours plaisant quand on souriait à l'idée de manger sa cuisine- Gabriel s'achemina jusqu'au congélateur miniature, d'ou il tira une poche de glace, puis vint s'asseoir en face de Muriel.

Avec un soupir de soulamegement, il déposa le sac de glaçons sur son genou gauche, endormant ainsi la douleur qui s'y était logée pendant qu'il travaillait. Il aurait aussi pu prendre des calmants mais, et d'une l'effet était moins immédiat, et de deux il n'aimait pas l'idée que ses réflexes en étaient diminués!

"Bien, jeune homme... Je te souhaite un bon appétit!"

Et il entama son blanc de poulet.

"Bien, jeune homme... Je te souhaite un bon appétit!"

Euh... Merci... ?"

Bien sûr, ce n'était pas une question, mais Muriel n'avait pas l'habitude, depuis que la mort de Liam, d'être aussi poli et "de bonne humeur". Bie au contraire, au lieu d'être ici à discuter avec le chef cuisinier, il serait probablement dans les couloirs en train de s'atirer des ennuis. Le "prince" n'avait pas peur de se faire mal, il adorait ça même. Il aimait se faire souffrir, se faire mal, se faire saigner. C'est l'une des raisons pour lequel il a commencer à prendre de la drogue et fumer, ains qu'à boire. Se rendre ivre était probablement ce qu'il aimait le plus, car au moin il ne ressentiat plus rien (Oui, Muriel se rendait ivre à ce point là). Mais c'est en se rendant ivre qu'il se fit arrêter quatre fois par la police alors qu'il conduisait en état d'ivresse.

Mais assez de la vie de Nuriel, ce gars à faim! Fixant son assiette comme s'il n'aurait pas manger depuis des semaines (Ce qui n'était pas complètement faux), il se prit un fourchette et un couteau et coupa son blanc de poulet en morceaux pour enfin en manger un. Puis un autre, Et un autre et... Bon je crois que vous avez l'idée. Le jeune homme mangeait avec beaucoup de gourmandise, ce qui était plutôt amusant et rigolo à regarder. On aurait dit qu'il n'avait pas manger depuis des années. Mais, il restait toujours incroyablement calme, indépedant et sage.

Vous euh... êtes ici depuis longtemps ?"

'Euh... Merci... ?'

Bien que le côté interrogatif de cette courte phrase surpris Gabriel, il n'en laissa rien paraître, préférant s'attacher à savourer son déjeuner bien retardé par rapport à l'heure normale admise par l'opinion publique. Cela dit, il était cuisinier, ce qui impliquait qu'au moment ou les autres mangeaient, il travaillait. Autrement dit, il prenait la plupart de ses repas avec deux, voire trois heures de décalage -tout dépendait de la complexité des plats et de l'affluence.

Ce jour là, ayant commencé à cuisiner à l'avance, il pouvait se permettre de manger à peu près à une heure décente, mais tout de même. Il faudrait qu'il en touche deux mots à l'autre cuistot... quand il se déciderais à arriver, ce qui n'était pas gagné!

Muriel n'avait pas l'air affamé. enfin, disons qu'il ne se précipitait pas sur la nourriture comme un chien sur un os... Mais on sentait à la façon dont il mordait à peine dans la viande avant de l'avaler qu'il n'avait pas eu de vrai repas depuis trop longtemps.
Gabriel fronça les sourcils. Il allait falloir remédier à ça...

'Vous euh... êtes ici depuis longtemps ?'

Il acquiesça, sans pour autant perdre de vue sa préoccupation du moment.

"J'entame ma deuxième année."

Le Cuisinier s'autorisa quelques bouchées de viande et une gorgée d'eau -pas de vin en présence d'un mineur... Tssk.- avant de reprendre:

"Et toi, depuis quand est-ce que tu n'as pas pris un repas digne de ce nom?"

La phrase lui avait échappée, et il se sentit rougir. Bien, pour une approche discrète, c'était manqué. Mais cela dit, ce n'était pas comme s'il ne s'était jamais retrouvé dans ce genre de situation, il savait gérer. Pour cette fois là, il choisit la technique du marchandage. C'était exactement comme d'interroger un jeune témoin, sauf que le but n'était pas exactement le même. Ni le but, ni la contrepartie, d'ailleurs.

"Mmh. Je suppose que ce n'est pas le genre de chose dont tu aimes parler..."

Personne n'aimait aborder ce genre de sujet. Du moins, à la connaissance de Gabriel. certes, il n'était pas psychologue, ni médecin... Mais il avait une certaine expérience de l'Homme, si on pouvait le formuler ainsi.

"Alors voila le marché. Je te pose une question et, si tu y réponds, tu peux m'en poser une autre. La règle est de répondre sincèrement. Le "jeu" s'arrête aussitôt que l'un de nous le décide."

Gabriel adressa à son vis à vis un sourire rassurant, la rougeur de ses joues commençant à disparaître. En fait, il aurait du se décider à réagir en flic plus souvent. après tout, lorsqu'il le faisait, il semblait plus confiant, et nettement moins renfrogné qu'à l'ordinaire. Non pas qu'il aime se faire passer pour un ours, au contraire. Il ne savait tout simplement pas comment gérer les relations humaines autrement que sous ces deux angles... Ce qui lui posait quelques problèmes, mais bref.

Muriel écoutait le cuisinier avec attention, restant toujours calme en mangeant son assiette avec gourmandise. Il termina son assiette en un rien de temps et il déposa sa fourchette dans son assiette en relevant de le regard vers Gabriel.

-Ah ça fait un bout que vous êtes ici. Moi ça ne fait pas plus que quelques mois que je suis ici."

Il regarda autour de lui, se perdant dans ses pensées jusqu'a ce que Gabriel lui demande depuis combien de temps il avait eut un bon repas. Muriel serra les poings, se retenant de ne pas s'énerver. Il détestait que l'on remarque les mauvaises choses à propos de lui et il détestait encore plus de parler de ça avec les autres. Le jeune homme soupirant longuement avant que Gabriel ne dise autre chose...

"Mmh. Je suppose que ce n'est pas le genre de chose dont tu aimes parler..."

Le cuisinier avait raison. Muriel détestait parler de ça. Le cuisinier lui proposa un marché. Le jeu se déroulerait ainsi. Gabriel lui posait une question, et si Muriel y répondait, il pouvait y en poser et vice-versa.

-Hmm. Pas bête. J'accepte..."

Fit-il tout simplement. Il marqua une pose et se détourna vers une fenêtre.

-Ça fait probablement trois ou quatre jours que je n'ai pas mangé. Du moindre, pas comme il faut..."

Il avait un peu de froideur dans sa voix à présent. Il se semblait pas de mauvaise humeur, juste un peu contrarier.

-Je passe mon tour, je n'ai rien à vous demander pour l'instant. Vous pouvez en poser une autre..."

'Ah ça fait un bout que vous êtes ici. Moi ça ne fait pas plus que quelques mois que je suis ici.'

Gabriel sourit. Ouais, ça commençait à faire un moment qu'il était présent à Teenagers. Il n'y avait pas que des bons souvenirs, bien entendu, mais ça, c'était comùme pour tout: rien n'est jamais tout rose ou tout noir, comme dirait Michel.
Enfin, après un court silence, le cuisinier se décida à répondre:

"Assez pour connaitre quelques trucs. Gérer des ados plein d'hormones, c'est pas toujours facile, même depuis les cuisines."

surtout lorsque les ados en question étaient pour la plus grande partie des jeunes en difficultés, voire difficiles... Mais ce n'était pas exactement le genre de chose qu'on balançait de but en blanc dès le première rencontre.

Il fallut à Muriel un léger instant pour se calmer d'un grand soupir -manifestement, il n'appréçiait pas la question, chose bien compréhensible- avant de répondre à l'offre de son voisin de table:

'Hmm. Pas bête. J'accepte...'

Une pause. Pour chercher sa réponse? Plus probablement pour se donner une contenance. Parler de ce genre de problème avec un inconnu, surtout si on n'a pas l'habitude d'en parler tout court, ça n'était pas des plus facile...

'Ça fait probablement trois ou quatre jours que je n'ai pas mangé. Du moins, pas comme il faut...'

Le ton était un peu moins chaleureux, sans surprise à vrai dire. et au moins, ça expliquait la pâleur de Muriel. Et puis, honnêtement, Gabriel aurait sans doute réagit à peu près de la même façon dans sa situation.

'Je passe mon tour, je n'ai rien à vous demander pour l'instant. Vous pouvez en poser une autre...'

La par contre, c'était plus surprenant. Le Cuisinier avait beau fouiller dans ses souvenirs, pas une seule fois quelqu'un n'avait passé son tour. Les raisons de Muriel lui étaient propres, bien sûr, mais enfin, ça surprenait quand même.
Toutefois, Gabriel ne se fit pas prier pour enchainer avec la question suivante:

"Et pourquoi tu ne manges pas?"

Arpès une -très- ciourte réflexion, il décida d'alléger l'atmosphère et ajouta:

"Je cuisine si mal que ça?"

Sujet: Re: II || And I see... a cooking star? [Muriel]

» Muriel Garreth Evans

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