La journée avait été plus que monotone pour Rose. Il faut dire que depuis qu’elle avait retrouvé Luca et qu’ils avaient discuté, elle était presque inconsolable. Elle avait beau jouer la gentille mère poule devant lui, elle était réellement affectée. Mais en même temps, à quoi elle s’attendait ? Elle disparaissait trois ans, revenait, et espérait reprendre place à ses côtés ? C’était aussi fou et illusoire que de vouloir mettre Paris en bouteille avec des si. Elle laissait un peu son travail à désirer, car elle ne savait pas à quoi se raccrocher. Si bien qu’après le repas, ce jour-là, elle n’alla pas tout de suite faire une ronde dans le bâtiment comme à son habitude. Même si le couvre-feu était passé. De toute façon, elle dormait très mal, donc elle n’était même pas sûre d’avoir assez d’énergie pour courir après des délinquants ce soir. Elle se dirigea donc vers la piscine extérieure, après avoir poussé un soupir las. Elle regarda vaguement les empreintes de pas dans le sable, et les suivit un peu par automatisme. Elle finit derrière un homme accroupi, et de toute évidence, à en juger par ses jurons, il devait être un membre du personnel. Elle soupira bien audiblement derrière lui.

- Ils vous emmerdent.

Sans lui accorder plus d’importance que cela, elle le contourna et avança un peu, s’offrant une belle vue sur la piscine extérieure de l’Institut.

- Je vais pas vous rabâcher le manque d’effectifs et tout ça, hein ? Vous connaissez la chanson je suppose. Mais on n’est pas les seuls. C’est les militaires qui sont censés prendre en charge et dresser nos charmants petits résidents.

Et sitôt sa phrase finie, elle croisa les bras sur sa poitrine. Elle prenait peut-être des risques en étant ainsi effrontée, mais elle se fichait de tout désormais. D’ailleurs, elle devait ressembler à un zombie, alors pourquoi se la jouer sécurité ? De toute façon, elle ne connaissait pas le grade de cet homme. Donc elle s’en fichait un peu, elle ne savait pas qui il était. Elle sembla chercher quelque chose, tournant la tête un peu dans toutes les directions, et finit par trouver : Un banc trônait là, même si il avait certainement besoin d’un bon coup de peinture fraîche, car il était tagué de partout. Mais la gardienne de nuit s’en fichait. Elle s’y dirigea et s’y assit, avant de tourner à nouveau la tête vers cet inconnu.

- Mais puisque selon vous le travail n’est pas bien fait, je vais me permettre de ne pas faire de ronde ce soir.

A nouveau, elle jouait la provocation, à ses risques et périls. Elle soupira encore une fois, son dos allant tout contre le dossier poisseux du banc, et elle ferma un instant les paupières, afin de se reposer les yeux. De toute manière, elle les rouvrirait au moindre bruit, à fortiori si ce bruit se dirigeait vers elle. En fait, dès qu’elle entendit cet homme bouger, elle rouvrit les yeux, les sourcils très légèrement froncés.