[Extrait du journal de Jake C. Riley]

"Vous qui lisez ce journal sans même encore savoir à qui il appartient, heureux que vous êtes, vous ignorez tout de la chance que vous avez. Apprenez, puisque les présentes pages, sachez-le, traiteront uniquement de moi, de ma petite personne et de tous ceux qui me concernent, que vous avez l'immense privilège de tenir entre vos mains sales et impures le carnet de Jake C. Riley. Celui que vous êtes présentement en train de lire en toute indiscrétion, vous attendant à trouver dans ces pages les confidences salaces et moites de sueur adolescente d'un jeune homme, qui naquit un 24 février, lors d'une nuit d'hiver particulièrement glaciale. Ce qui me donne présentement dix-sept ans. Et le talent de prédire ce que vous pensez: car oui, je peux prévoir ce qui traverse votre petit esprit étriqué et ce sans même savoir lire dedans. En l'occurrence, vous vous demandez comment un homme si jeune peut contenir à lui seule autant de morgue et de dédain dès les premières lignes de son journal. Patience, j'y viens. Ah, et ne vous avisez pas de protester, vous devriez déjà vous estimer heureux de me faire perdre mon temps. Vous vous rendez compte, je suis en train de me donner du mal pour vous. Allez-y prosternez-vous pendant que je raconte. Mais commençons par le commencement. Mon père, a épousé ma mère, alors qu’ils étaient encore très jeunes. A cette époque, ils sortaient à peine du lycée, et ne se doutaient pas une seule seconde qu’ils étaient en train de faire la plus grosse erreur de toute leur vie… Le mariage étant, un enfant est rapidement né de cette union : Elizabeth. Effy. Ma sœur. Après sa naissance, Emily, ma mère, est rapidement tombée dans la dépression. Délaissé par son mari depuis la naissance de son enfant, et ne pouvant rien faire puisqu’elle se devait de l’élever, cette trop jeune mère au foyer est rapidement tombée dans le cercle infernal qu’est la drogue. Tout a commencé doucement, avec quelques comprimés destinés à soigner la dépression… Des comprimés auxquels se sont ajoutés d’autres destinés à soigner les douleurs, et d’autres de tout genre, comme des somnifères. La vie du couple et de la jeune Effy est très vite devenue infernale, et Emily a dû se reprendre. Ce n’est que lorsque mon père est rentré un soir, avec la ferme intention de lui poser un ultimatum, qu’elle a décidé de se reprendre en mains. Les relations entre Emily et son mari se sont alors améliorées… Si bien que, Effy, celle qui aurait dû être une enfant unique, a eu la chance de voir arriver, à peine deux années plus tard, la venue au monde de son jeune frère : Jake Riley, moi. Je n’étais pas un enfant désiré. Je n’étais qu’un accident. Je l’ai toujours su, et ça ne m’a jamais vraiment dérangée dans le fond… Ma venue au monde a changé ma famille tout entière. Peu après ma naissance, ma mère est retombée en dépression. Les médecins disaient, d’après mon père qu’elle était « fragile » et « instable ». Bien trop pour élever deux enfants. William, leur père, les a élevés comme il a pu, jonglant entre son travail, la santé de sa femme et l’éducation de ses enfants. Lorsque j’ai eu 6 ans, c’est Effy qui a pris la relève. C’est elle qui s’est occupée de moi, malgré le peu d’années qui nous séparait. Elle a su être une grande sœur exemplaire : à la fois protectrice, et douce, elle savait remplacer leur père lorsque celui-ci s’absentait travailler. Emily, quant à elle, ne s’en est jamais sortie. Du plus loin que je me souvienne, ma mère avait toujours été une droguée, passant ses journées allongée dans son lit après sa consommation abusive de médicaments. Lorsqu’elle était jeune, je ne comprenais pas vraiment les raisons pour lesquelles les autres enfants avaient des parents, tandis qu’elle, avait sa sœur. Avec le recul, et les années qui sont passées, elle a compris. J’ai grandi, grâce à la seule intervention de ma sœur. Jeune homme silencieux et très observateur, il a très rapidement développé un penchant pour le feu. Pyromane sur les bords, je ne me lasse pas de voir les choses brûler. Etrangement, j’aime détruire tout ce que je touche. Peut-être parce que ça lui permet d’extérioriser un peu ce que je ressens au plus profond de moi-même, allez savoir. Quoi qu’il en soit, mon attitude ne m’a pas vraiment aidée à me faire des amis. Considérée comme un mec trop peu fréquentable par bien des élèves et des parents. La seule personne présente à ses côté n’a toujours été que ma sœur. Lorsque celui-ci est parti à l’université, je me suis retrouvée plus seul que jamais. C’est de plus à cette même époque que William a quitté Emily, ne supportant plus cette vie de débauche qu’elle menait. Effy et moi avons sans aucun doute très mal vécu cette séparation. Mon père était parti du jour au lendemain, sans prévenir, ma mère était restée là sans réagir, et Effy était parti étudier à l’université. La solitude m’a rendue haineux. Haineux envers ceux qui le critiquaient, haineux envers ceux desquels Effy la protégeait habituellement. J’ai dû vite apprendre à se débrouiller seule… Les années sont passées, et rapidement, J’ai su se débrouiller sans ma sœur, profitant tout de même de chaque vacance pour l’avoir à ses côtés et ne plus avoir à supporter ma mère. A vrai dire, Effy était la seule personne sur cette Terre entière à qui je ne parlais pas mal. Parce que je l’aimais. Parce qu’il m’aimait en retour. L’amour de ma sœur, c’est tout ce que je n’ai jamais possédé. Il a été la seule personne à m’avoir jamais aimée, la seule à avoir jamais su qui j’étais vraiment. Les autres, eux, ne s’arrêtaient qu’aux apparences. Ils me pensaient méchant, un peu fou. Peut-être l’étais-je un peu aussi. Mais que voulez-vous ? Comment aurait-il pu garder un esprit sain dans un tel environnement ? Effy m’a apporté sans conteste les meilleurs moments de toute ma vie, les seuls pendant lesquels j’aie été heureux et souriant. Malheureusement, cette époque ne dura pas bien longtemps. Quelques années seulement. Quelques années que je n’oublierais certainement pas. L’été de mes 15 ans, ma vie s’est comme arrêtée… Comme à son habitude, cet été là, j’avais mis le feu à un objet… L’une des photos de famille que j’avais retrouvée dans une des commodes de ma mère. J’avais regardé la photo bruler avec une certaine délectation, et avait voulu en faire plus. Oui. Je suis une pyromane. J’aime le feu, j’aime la destruction, et j’aime Effy aussi. Les trois ensembles n’ont pas fait bon ménage. Effy, de retour d’une fête à laquelle elle s’était rendue avec des amis, s’était rendu dans sa chambre. Moi, de mon côté, s’était endormie dans ma chambre, oubliant complètement les objets que j’avais laissé brûler sur ma commode. Lorsqu’elle me réveilla, quelques minutes plus tard, ma chambre était en feu. Un feu qui ne m’effrayait pas. J’aimais les flammes et, si j’aurais du mourir d’une certaine façon, j’aurais sans aucun doute demandé à mourir dans les flammes… Cependant, le feu était désormais incontrôlable. Il ne bloquait heureusement pas la porte d’entrée, et j’aurais pu sortir de ma chambre facilement si je n’avais pas été si fascinée par ce spectacle qui s’offrait à moi, par toutes ces flammes qui prenaient le pas sur ma chambres, qui contaminaient tout petit à petit… Les rideaux, la moquette, mon lit… Réveillé par la fumée qui la faisait tousser, Effy est rapidement venu à mon secours. C’était une jeune fille courageuse. Elle aurait certainement fait n’importe quoi pour me sauver, comme par exemple y laisser sa vie… Effy est morte en venant me sauver. Effy est morte en voulant me sortir de ma chambre, en tentant vainement de m’empêcher de toucher les flammes qui me fascinaient tant. Oui, je suis un peu fou. Peut-être que les comprimés que ma mère prenait pendant sa grossesse y sont pour quelque chose… Toujours est-il qu’en me sortant de sa chambre, Effy ne pouvait plus respirer. Elle s’est écroulée au sol, sur moi, puisqu’elle me tenait dans ses bras. Un peu dans les vapes, je mis plusieurs secondes avant de réaliser ce qui se passait. Lorsque je repoussai le corps de ma sœur, je constatai qu’elle était morte. L’horreur s’est emparée de moi, ma vie s’est arrêtée. Je n’ai plus jamais été le même. Plus du tout. Les choses n’avaient pourtant pas changées : ma mère était toujours une droguée, mon père était toujours parti. La seule chose qui avait changé, c’était qu’Effy n’était plus là. Une idée à laquelle je n’arrivais pas à me faire si bien que, progressivement, Effy est revenu, dans ma tête. Certains pourraient dire que je suis devenue encore plus folle après ça. Que je suis devenu schizophrène. En réalité, mon cerveau s’est arrangé pour combler le vide qu’avait laissé la mort d’Effy dans mon cœur et dans ma vie. Elle était tout ce que j’aimais, elle était la seule à m’aimer, le seul à me rattacher encore à la vie. Alors, pour rester en vie, je l’ai gardé près d’elle… Et puis il y eu les conséquences, la police m’arrêtée sur dénonciation de ma mère... Je fus amené devant le juge des mineurs pour homicide involontaire et pyromanie. Et ma propre mère qui m’avait fait arrêter avait également témoigné contre moi, alors je compris vraiment l’expression « Retourner le couteau dans la plaie ». Je fus condamné à 2 ans dans un centre de redressement pour jeunes avec suivi psychologique. Mais pas même là-bas, les gens n’essayèrent de me connaître. Tous restèrent sur l’image qu’ils avaient de moi, et peut-être était-ce mieux comme ça. Je ne fis rien pour le changer, bien au contraire. Observant les gens, devinant rapidement leurs points faibles, Je me suis très vite trouvé une occupation martyriser les autres jeunes, ce qui lui a valu une réputation de terreur au sein du centre. Terreur ? C’est un compliment pour moi qui n’a jamais rien connu de bon. Quitte à être mauvais, autant l’être comme il faut, et faire payer à tous ceux qui m’entourent le bonheur qu’ils affichent sur leurs visages d’idiots à longueur de journée. C’est là que j’ai commencé la drogue, tel mère tel fils que voulez-vous. Quand je suis sorti de ce trou à rats, j’ai dus retourner chez moi. Je fus encore arrêté une ou deux fois pour dégradations de bien publics et vente de drogues. Je sombrais de plus en plus dans la délinquance. Deux mois plus tôt, après avoir bu j’avais croisé la route d’un groupe de trois ou quatre hippies. Il faut savoir que je voue une haine farouche à ces débiles aux cheveux longs qui proclament la paix, nan mais sérieusement ce ne sont que des c*ns. Alors toute la haine que j’avais est brusquement remonté à la surface et je les aies agressés avec un couteau suisse que j'avais toujours sur moi, (on ne sais jamais ça peut toujours servir) et j'ai mis mis le feu à leur cheveux sales et emmêlés. Croyez-moi le spectacle valait tout l'or du monde. Malheureusement des policiers sont venus et m’amenèrent au poste de police. Et je suis repassé devant le même juge qui n'a manifestement pas beaucoup d'imagination m'envoya un établissement aux États-Unis, puisque apparemment les centres de mon pays n'était pas suffisant pour ma rééducation. J'ai du quitter mon pays natal que j'aimais tant, emmené de force dans un avion pour le Teenage Institute.