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| Beautiful World ( Pv Isaac.Weiss ) | |
| | Sujet: Beautiful World ( Pv Isaac.Weiss ) Jeu 5 Aoû 2010 - 22:43 | |
| On ne retrouve que des détails, tous ces p’tits rien dont on parle rarement, et on revit certains moments forts même si on n’a pas vraiment envie. C’est tout ça mis ensemble qui restitue une présence. Et on prend conscience du manque, et de la haine qu’on ressent pour celui qui a tout détruit… ( Memento ) Cette façon d’être obsédée par les souvenirs. C’était tout ce qui lui restait. Oui. Elle n’avait pas la force nécessaire pour suivre les gens qui lui répétaient sans cesse que le passé ne constitue pas l’avenir et qu’elle pouvait faire des efforts pour s’en sortir. C’était faux. Elle n’avait en elle qu’un gouffre de nostalgie qui l’avait rendue amer et indéchiffrable. Elle ne s’attachait pas, ne détestait pas, n’espérait pas. Elle était la poupée de chiffon. Elle était elle-même un souvenir. Un souvenir qui s’efface peu à peu. Jamais elle ne s’était demandé si elle laisserait un vide si béant en quelqu’un lorsqu’elle disparaitrait. Elle n’y réfléchissait pas, mais ses agissements faisaient penser que si. Elle était tellement neutre dans le paysage qu’elle ne laisserait aucun impact si elle venait à mourir. Et ça, c’était bien. Elle n’avait pas le désir de faire souffrir qui que ce soit et n’avait pas forcément la sensation de souffrir elle-même. Enfin, c’était ce qu’elle se disait. Comment être heureux quand les journées fades se répètent sans cesse ? Quand cette monotonie rythme le quotidien, quand on ne respire que par réflexe, qu’on n’a envie de rien en se réveillant que celle de se rendormir ? Comment pouvait-elle estimer qu’elle n’était pas malheureuse en vivant ainsi ? Plongée dans des souvenirs qui se trouvaient fort embellis à chaque seconde en comparaison avec les instants présents.
Lou était pourtant une jolie fille. Sa beauté s’était ternie aussi, elle ne faisait pas tellement attention à changer cela non plus, mais son corps n’était pas encore totalement dénué de son charme. Elle n’était pas expansive mais sa façon d’être réservée pouvait être, à sa manière, séduisante. Tout se faisait dans l’inconscience, et elle n’avait pas l’impression d’attirer les regards. Pourtant, cet aspect d’elle même l’avait aidée dans la vente de son corps. Elle simulait parfois le plaisir pour flatter ces hommes et les faire revenir vers elle. Oui, parce que sembler sans vie et avoir l’air de la reprendre lorsqu’un homme la prenait, ça avait son petit impact non négligeable. Elle se jouait d’eux en se jouant d’elle-même. Elle ne se sentait pas sale de tous ces actes commis. Elle ne cherchait pas de pitié, n’exposant jamais ses problèmes malgré que son visage transportait dans ses traits les difficultés qu’elle avait pu vivre sans les avoir prises comme telles.
Depuis qu’elle était arrivée, il y avait bientôt 3 mois et une semaine donc, elle avait pu commencer à voir les choses autrement. Cependant, les voir autrement ne signifiait pas forcément qu’un aspect positif se développait en elle. D’accord, elle avait parlé à quelques personnes et Shayane en faisait partie – cette fille commençait étrangement à lui plaire - , elle avait aussi retrouvé une vieille connaissance, et apparaissait comme un défi à deux garçons qui lui laissaient des impressions franchement opposées. Mais pour elle, c’était insensé que des jeunes s’intéressent à elle ainsi. Ils avaient beau tenter de la sortir de son état amorphe, rien n’y faisait. Enfin si… Mais ça ne durait jamais longtemps en tout cas. Lou n’avait pas d’énergie à dépenser pour faire les efforts nécessaires afin de se sociabiliser. Elle parlait mais ses mots étaient vides. Elle croyait qu’ils étaient vides, plutôt. Aussi vides qu’elle. Et ce n’était pas peu dire.
Pour elle, les internes étaient censés s’occuper d’eux mêmes et de leurs propres problèmes. Elle en avait vu de toute sorte, il y avait des dangers publiques, des tarés, des dépressifs... Elle se rangeait elle même dans cette dernière catégorie d’ailleurs. Le temps qu’elle ne passait pas à dormir, elle observait. Elle observait discrètement, se faisait à peine remarquer, ne parlait jamais, mangeait normalement, se fondait dans un paysage de décadence parmi ses jeunes déchets de la société. Elle leur trouvait des points communs et des points divergents, et quand elle en avait assez de les analyser, elle remplissait son crâne d’une musique douce qui l’empêchait de penser à autre chose. Elle percevait chaque note, chaque geste effectué pour produire tel son de guitare, de piano… Elle se laissait porter par des voix qui la faisaient frémir faiblement et lui donnaient les seuls sensations qu’elles pouvaient encore ressentir. La musique la comblait d’une certaine manière, la remplissait peu à peu, et comme elle se sentait vide, elle pouvait s’abandonner entièrement à celle-ci. D’où sa passion pour la guitare, d’ailleurs.
Mais il n’y avait pas que ça. Ce matin, elle s’était réveillée très tôt, comme tous les autres matins. Elle avait enfilé des vêtements très simples après avoir pris une douche brûlante suivie d’une douche glacée parce qu’elle aimait le contraste entre les deux et la sensation d’être frigorifiée quand elle en sortait. Puis cette douce chaleur qui la pénétrait par tous les pores de sa peau. Un simple débardeur blanc, un gilet gris trop grand, un jean bleu usé assez serrant pour révéler ses fines cuisses. De simples chaussures. Elle avait glissé son Ipod dans sa poche, écouteurs au oreilles, s’était mise à arpenter les couloirs avec la même expression qu’à l’habitude : à la fois vide et pleine de sens. C’était comme si elle traînait un fardeau trop lourd pour ses épaules et dont elle ne prenait même pas conscience. Ce début de matinée fut comme tous les autres et l’après-midi suivrait sans doute cette voie. Il n’y avait aucune raison pour que ça change. Lou détestait pourtant ce genre d’horaires fixes lorsqu’elle était dehors, mais ici ça l’indifférait. Pourquoi ? Elle l’ignorait elle même.
Il était à peine dix heures quand elle sortit, farde à dessins sous le bras, deux crayons et une gomme à la main. Elle arriva sur la terrasse qui n’était pas encore surpeuplée. Le soleil était encore discret et supportable, la journée promettait d’être belle. Elle se mit à dessiner, se plongeant dans sa passion à corps perdu. Elle ne fit pas de pause, les visages sur le papier grainé prenaient des formes un peu brouillonnes, comme troublées. Son dessin représentait une rue. Une rue comme toutes les autres. Une rue vue d’un angle assez original qu’on utilisait relativement rarement. Elle imaginait des vies à chaque personnes parcourant cette rue. Elle leur inventait une naissance, un âge, un prénom, une famille. Comme l’écrivain, elle ne laissait rien de ses personnages au hasard, si bien qu’ils pouvaient parfois reparaître dans d’autres dessins dans des contextes radicalement opposés.
Au bout d’une heure d’un certain plaisir dissimulé derrière une façade de marbre, elle arrêta la musique et rangea son dessin soigneusement avant de se lever. Elle s’était assise sur le sol et son corps commençait à réclamer qu’elle bouge si elle ne voulait pas souffrir plus tard. Elle se dirigea vers la balustrade et regarda le jardin qui s’étendait devant ses yeux. Son regard bleu s’arrêta sur deux garçons. Ils semblaient plutôt tendus, d’ailleurs les voix se faisaient peu à peu plus fortes. Ils en vinrent finalement aux mains et ce n’était pas la première fois qu’elle voyait ça ici. Elle ne pensa pas à chercher qui que ce soit pour régler ça. Cela ne la concernait pas. La dispute eut le temps de devenir vraiment violente avant qu’un surveillant arrive suivi d’un autre. Lou jouait silencieusement avec son crayon alors qu’elle observait la scène avec un œil vide. Seulement, Isaac Weiss était là, maintenant. Un des deux surveillant . Elle l’observait gérer la situation et ce n’était pas la première fois qu’elle s’intéressait à ses actes, même si c’était vraiment malgré elle. En fait… Elle n’observait plus la situation entière mais lui seul. Elle ne savait pas ce qu’il avait de particulier, mais il arrivait toujours à attirer son regard. Elle détestait ça.
Lou appuya ses coudes sur la rambarde et posa sa joue dans le creux de sa main, soupirant faiblement. Elle leva finalement les yeux vers le ciel, faisant tourner son crayon entre ses doigts de sa main libre. A présent, la jeune fille s’efforça d’oublier ce qui s’était passé, ignorant où ils en étaient, là en bas. Elle vida à nouveau son esprit dans un geste d’autoprotection instinctif et ses paupières se fermèrent tandis que son crayon lui échappa des doigts pour tomber dans l’herbe. Elle n’eut pas l’air d’y faire attention et ses pensées se tournèrent vers un prochain dessin à réaliser. Plus aucune inspiration ne lui vint. Elle s’ennuyait. ( Je suis nulle pour les débuts de topic -.- Me rattraperai, promis... ) |
| | Sujet: Re: Beautiful World ( Pv Isaac.Weiss ) Ven 6 Aoû 2010 - 16:40 | |
| J'aurais bien besoin de vacance... Après le monotone Salut, ça va ? Lancé à mon égard par l'un de mes collègues, le mot vacance fut le premier d'une longue conversation s'en suivant. Maxwell, de son surnom "monster" dont les élèves l'avaient si bien affublé, me riait au nez depuis que je lui avais avoué, avoir joué les bon samaritain avant-hier soir. Oui, ma chemise avait subit les conséquences de mes actes & à l'heure qui l'était, elle devait surement se faire incinérer dans la première charge à ordure de la ville. Mais passons, j'avais un haut le cœur rien d'y penser, trente trois livres jeté par la fenêtre...ce n'était pas rien.
Conversation de surveillant à surveillant, nous étions bien tranquillement dans la salle de repos à fumer notre clope, profitant de cette passade calme de la journée pour faire un break. Le début de la matinée avait été rude, entre le cours de sport qui avait viré à un cours de boxe, ou de catch comme vous préférez, le cours de Français à un cours de langue plutôt bien pendu & un cours de maths bien trop mouvementé, troquant le crayon papier & l'équerre par des cutters & diverses lames de rasoir...Sincèrement, quand & où, les élèves trouvaient-ils le temps de se procurer des accessoires aussi sinistre ? Soupirant rien que d'y penser, j'observais à la fois le Maxwell, de haut en bas, qui au passage se foutait toujours de ma gueule, tout en m'avouant qu'avec lui comme coéquipier aujourd'hui, je n'étais pas si mal tombé.
L'homme en question était grand, avec des épaules plutôt carrées. Il me dépassait d'une bonne tête, sa mâchoire fait la triple que la mienne, ses sourcils étaient broussailleux & ses iris ébènes ne montrait aucune sympathie, encore moins lorsque la commissure de ses lèvres se plongeait gravement vers le bas & que la peau de son front se plissait de colère. Ses mains étaient sèches & puissantes, & les cicatrices qui s'y dessinaient, montraient bien la vie rude qu'il avait pu connaitre jusqu'ici. Il avait la trentaine, tout au plus, mais avait déjà fait cinq ans de taule pour violence sur mineur & consommation de substance illicite. Je crois qu'en moi même, cela me choquait plus qu'autre chose. Car bien que grand & intraitable, le sourire qu'il me décochait dès qu'il me voyait & la main qu'il passait dans mes cheveux, dès qu'il voulait m'énerver de ne pas mettre coiffé une fois de plus ce matin, je voyais cet homme comme un ours en peluche. Le surnom dont il avait hérité paraissait vrai en apparence. Il faisait peur & sa voix grave en faisait frissonner plus d'un, mais moi, je l'imaginais très bien comme un papa poule hors pair.
M'étirant, regardant ma montre qui affichait à peine les onze heure, c'est baillant, que quelqu'un entra dans notre salle pour venir nous chercher. Deux élèves étaient entrain de se refaire le portrait dans les jardins, pour un sujet qui en plus, était des plus puériles. Regardant d'un air blasé l'élève qui avait prit la peine de se déplacer jusqu'ici, ma tête se tourna lascivement vers Max, levant un sourcil vers le ciel. Claquant dans ses mains, ce dernier me lança un On y va ! sec & vif qui eut le don de me décoller du sofa. Je pris tout de même la peine d'observer ma garde robe, ne sachant plus ce que j'avais mis sur mon dos ce matin même. Chemise blanche en coton, déboutonné de trois boutons, décoré d'un badge sur lequel on pouvait y lire "boss" en noir & rouge, deux petites chaines en argent partant du badge pour venir s'accrocher à l'opposé, sur le haut de la poche se situant dans le haut de ma chemise, à gauche, un crucifix, de petite taille se promenant sur les chainettes. Un jean bleu sombre & des chaussures en cuirs, pour une fois, je n'y avais pas ajouté de décors superficiels. Seul mes doigts & mes poignets étaient ornés de mes bijoux habituels. Bon, si j'abîmais mes fringues aujourd'hui, je n'en ferais pas tout un plat...
Notre marche fut alors assez rapide bien que je n'étais pas des plus motivé. Mes mains se trainaient dans les poches de mon jean & Max tenait la cadence devant moi espérant une fois de plus faire vibrer ses cordes vocales jusqu'au bureau du dirlo. Moi, j'allais juste me contenter d'observer, malicieusement, l'air idiot qu'allait prendre les deux hurluberlus en le voyant arriver avec ses gros bras. Enfin...Pourquoi se disputaient-ils déjà ? Ah oui, Touche pas à ma meuf, si j'avais bien comprit...Bref, à peine arrivé que les mœurs avaient l'air de se calmer, rien qu'à voir la masse imposante du "Monster" se posant entre les deux jeunes gens, chopant l'un par le col, le second par le bras. Moi, je préférais la manière douce. Je cherchais d'abord à comprendre, tout du moins je discutais, puis j'imposais mes règles. Je cognais ensuite si besoin il y avait. Mais Max n'était pas comme ça. Il tuait, & ensuite il posait les questions. C'était un style comme un autre. La scène me laissa tout de même échapper un soupir d'ennuis. J'étais venu pour rien...Mes iris vaguèrent alors dans les jardins, m'arrêtant au final sur la terrasse mis à disposition des élèves. Il y avait là...quelque chose qui m'interpellait.
Débardeur blanc, veste grise...Visage fin, regard...dénué de sens mais agréablement exquis, main fine & joueuse, je ne pouvais plus détacher mon attention d'elle. Lou, 18 ans...élève bien trop morne pour ne pas passer inaperçue. Cela aurait du être le contraire n'est ce pas ? & pourtant, il y avait quelque chose qui me plaisait chez elle, quelque chose qui me donnait envie de l'avoir, de lui parler, de m'intéresser à elle. Je n'étais qu'un surveillant, mais je pouvais jouer de ma position pour trouver un moyen quelconque de lui parler. J'étais ridicule n'est ce pas ? Mais il y avait tellement de gens intéressant dans cet école que je n'avais pas le droit de me retenir. Si je pensais que quelqu'un méritait mon attention, alors il valait mieux que je fonce...& son regard insistant sur ma personne me laissait à penser que je n'avais peut-être pas tort d'aller la voir.
Lorsqu'elle détourna son attention de la mienne, c'est avec une irrésistible envie que je me tournais vers Max. Ce dernier me regardait un peu effarouché, & je lisais dans ses iris que ce n'était pas le moment de rêver. Mais après tout, il avait la situation bien en main, pourquoi devrais-je répondre présent moi aussi ? Lui décochant un sourire joueur, qui lui était des plus agaçant, il me renvoya d'un geste brut de la tête. Il me libérait de mes fonctions sur ce coup là, je n'avais plus qu'à filer. Ce que je fis sans demander mon reste. Passant alors sous la terrasse au moment ou son instrument tombait du balcon, cela me donna une excuse supplémentaire. Ramassant le crayon, c'est d'un pas rapide que je rejoignais la terrasse.
Croquis en main, l'air songeur, j'apprenais d'elle qu'elle aimait dessiner. Hum, je n'étais pas tellement doué en dessin, mais je me débrouillais comme je le pouvais. J'avais de vague souvenir de ma scolarité ou l'art était encore obligatoire, mais c'était peut-être parce que je séchais les cours. J'aimais bien le dessin, la peinture...mais je n'y voyais pas grand intérêt pour grandir dans le monde adulte...
"Il me semble que tu as fait tomber ça..."
Ainsi, j'entrais plus ou moins en contact avec elle. C'était un bon début, après tout, je n'étais pas un as des relations humaines. Me posant alors non loin d'elle, c'est avec un air intéressé que j'observais son carnet. Je continuais alors sur ma lancé, après tout, je ne perdais rien...
"Ça te dérange si je feuillette ? J'suis pas très doué pour le dessin, mais j'aime beaucoup voir les œuvres des autres."
Cheveux fin, visage fin, lèvres exquises, oreilles percés...Si son regard n'était pas aussi vide, j'aurais pu dire d'elle qu'elle était douce & plaisante. Mais je ne le pouvais pas. Ses émotions ne se reflétaient pas. J'en tirais alors un sourire, doucereux. Elle se devait d'être belle en colère...
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| | Sujet: Re: Beautiful World ( Pv Isaac.Weiss ) Ven 6 Aoû 2010 - 21:22 | |
| Il était bien de choses qui restaient obscures à Lou. Ces choses qui nous semblent élémentaires telle que l’amitié par exemple. Bien sur, elle n’avait pas toujours été aussi amorphe, bien sur, ces choses lui avaient été naturelles à une époque. Elle fréquentait des filles de son âge, se plaisait à converser avec elles, à plaisanter, à regarder les garçons… La jeune enfant avait des rêves plein la tête et une imagination débordante. Elle aimait les histoires et riait parfois à gorge déployée. Malheureusement, il ne restait pas grand chose de cette enfant rieuse et pleine d’énergie. Elle avait oublié la joie, la plaisanterie, les histoires insensées et la compagnie d’autrui. Quand elle voyait des personnes liées l’une à l’autre par un lien inaltérable, elle n’y croyait pas, convaincue de l’éphémère de la chose. Les gens changent, les liens aussi, l’amour n’existait pas à ses yeux, l’amitié non plus. Ces notions lui étaient étrangères et elle n’avait aucune envie de changer ce regard morne sur le monde, cette façon d’être si pessimiste dans sa manière de voir les choses. Il n’existait que le lien du parent à l’enfant, de l’enfant au parent, des frères et sœurs. Le lien familial, il existait, oui, mais il fallait l’entretenir. C’était la seule chose qu’elle faisait encore. Elle chérissait son lien avec sa sœur après s’être ridiculement battu pour user celui qu’elle avait avec sa mère. S’il existait une porte de secours, c’était bien celle-là. Si elle luttait parfois contre elle-même et sa personnalité, c’était bien pour celle qui logeait chaque nuit à ses côtés. Et il était inutile de parler d’autres personnes, elle devenait aussi sourde que possible, ne voulait pas entendre raison, ne voulait pas se lier à autrui… Se lier à quelqu’un rimait avec souffrir de son absence éventuelle. Elle ne pouvait pas se le permettre. Pas à nouveau.
C’était ici qu’intervenaient Isaac et toutes ces autres personnes qui suscitaient le moindre intérêt en elle. Elle ne voulait pas, je dirai même que c’était au-delà de ses forces de se laisser aller à la moindre attirance. Parce qu’elle craignait à juste titre que l’intérêt se change en légère affection puis prenne des proportions ingérables pour sa pauvre personne qu’elle croyait incapable de supporter le moindre surplus d’affection. C’était pourquoi elle devait impérativement arrêter de regarder le surveillant à chaque fois qu’elle pouvait le croiser dans les couloirs. Il y avait tant d’élève dans le manoir qu’elle doutait qu’il l’ait remarqué auparavant. Mais à présent c’était chose faite… Elle pouvait en être certaine. Elle avait déjà croisé son regard de nombreuses fois pourtant mais celle-ci avait été trop longue, trop insistante. C’était pourquoi elle s’était efforcée de faire un effort, de détourner le visage, de l’ignorer comme si elle ne l’avait même pas remarqué. Bien sur, elle ne se faisait pas d’illusion. Mais Lou espérait que son regard n’avait pas lancé un message obscur à Isaac de telle façon à ce qu’il tente d’entrer en contact avec elle de façon à comprendre pourquoi elle le fixait ainsi.
La jeune femme se mordilla faiblement l’intérieur de la joue, ça l’agaçait… Elle avait beau tenter de fermer son esprit à de quelconques parasites, elle revenait toujours sur le surveillant, le revoyant lever les yeux vers elle. Un léger frisson lui parcouru l’échine et ses doigts pianotèrent, impatients, sur le bord de la balustrades. Elle détestait cette sensation désagréable de s’être fait prendre sur le fait, comme un enfant qu’on avait surpris en train de voler un bonbon. Elle se redressa et s’étira un peu, lasse. Il fallait qu’elle rentre et aille se recoucher, c’était le mieux pour replonger dans son habituel silence interne. Ne penser à rien, ne rêver de rien, ne rien vouloir, ne rien espérer. N’être que le rien, d’après elle, c’était ce qu’elle réussissait le mieux. Cela avait pris des années d’entraînement et elle ne laisserait personne foutre tout ça à terre en remplaçant son vide par des sentiments tels que la peur, l’angoisse, et même l’espoir qu’elle désignait comme toujours vain de toute manière. Quelle fille défaitiste…
Elle se retourna pour récupérer sa farde posée au sol juste au moment où une voix s’éleva. Elle riva son regard vers Isaac et sentit étrangement son sang se glacer. Non… il ne pouvait pas. Pas maintenant. Elle n’était pas prête, elle n’avait pas répété. Elle n’avait pas encore réfléchit aux milles situations dans lesquelles il aurait pu intervenir. Elle fut dénuée de ses moyens pendant un quart de seconde avant d’avoir la sensation de retomber les pieds sur terre quand elle remarqua son crayon se situant à présent entre les doigts d’Isaac. Depuis quand l’avait elle perdu ? Elle posa son regard sur le sol où il ne restait effectivement plus qu’un crayon. Sa maladresse avait été punie. Elle lâcha sans réfléchir un faible « Oui » sans chercher à récupérer l’objet qui lui appartenait.
Son regard voyageait sans qu’elle n’eut pu l’arrêter. Elle visitait Isaac des yeux, bien que son regard fut toujours vide d’une quelconque expression. Il semblait pourtant vouloir tout analyser le plus objectivement possible. C’était comme si elle avait longtemps attendu de pouvoir le faire autant qu’elle le voulait. Il lui parlait, il lui avait donc donné la permission silencieuse de le regarder autant qu’elle le souhaitait. Et Lou comprit soudain ce qui la dérangeait dans sa façon d’être pour un surveillant, c’était tellement frappant qu’elle se sentit presque ridicule de ne pas l’avoir remarqué auparavant : son style vestimentaire. Il y en avait vraiment des originaux dans ce centre, mais rarement dans les surveillants. Elle ne dénigrait pas cela, mais constatait juste ce qui l’avait attirée chez lui, malgré elle. Mais que faisait-il ici ? Avait-il toujours voulu être surveillant? Ca l’étonnerait. Elle riva son regard bleu clair vers son visage et inclina très légèrement le sien sur le côté, lui donnant un certain air intrigué même si nulle expression n’arrivait encore sur sa face.
Il reprit la parole, et elle redressa le visage, ramenant ses cheveux en arrière pour qu’ils cessent de cacher son visage –sans grand succès cependant puisqu’une mèche revint directement se placer sur sa joue. Aux mots d’Isaac, sa mâchoire se serra d’instinct et elle répliqua froidement sans même réfléchir au préalable comme elle le faisait habituellement.
- Inutile d’y penser. Je ne les montre à personne.
Isaac ne pouvait pas savoir qu’il avait touché presque le seul sujet pour lequel Lou n’était pas du tout conciliante. Elle était plutôt docile habituellement. Elle répondait brièvement, mais répondait quand même, elle ne disait jamais non à aucune chose que l’on put lui proposer. Au contraire, elle hochait toujours calmement la tête. « Tu veux m’embrasser ? Ok ». « Tu veux me baiser ? Ok ». « Tu veux que je te file ma dernière clope ? Ok. » « Tu veux me frapper ? Vas-y … » C’en était effrayant. Effarant et effrayant. Et la seule chose qui la faisait réagir, c’était qu’on veuille regarder ses dessins, écouter sa musique. Elle en devenait violente si on le faisait sans qu’elle le sache puisque que c’était la seule manière de le faire à vrai dire.
Le surveillant avait attisé sa curiosité, et maintenant elle en payait déjà les frais en sentant que ses nerfs devenaient à fleur de peau rien qu’à l’idée qu’il puisse ouvrir sa farde pour regarder ce qu’elle avait pu créer . C’était son monde, ses seules émotions, et elle ne voulait les offrir à personne d’autre qu’à elle même. Montrer ses œuvres signifiait justement montrer qu’elle était une véritable bombe émotionnelles dans ses traits de crayon. C’était une faiblesse. La seule faiblesse dont elle eut honte, vu qu’elle n’en révélait aucune en montrant sans cesse le masque de l’indifférence. Elle sortit une clope de sa poche pour se calmer même si elle ne montrait pas encore vraiment sa nervosité, il eut suffit qu’il renouvelle sa demande pour qu’elle éclate. Elle alluma sa cigarette fébrilement et tira un coup dessus en plissant légèrement les yeux avant de le fixer à nouveau.
« Tu me regarde avec ce petit sourire qui me rend dingue et j’ignore même ce que tu peux penser de moi à cet instant précis. Peut-être m’as-tu trouvé un intérêt, peut-être t’ai-je même intrigué. Sans doute que cette curiosité s’amenuise à mesure que tu découvres que je ne suis qu’une pauvre fille comme toutes les autres, qui montre pas ses dessins pour qu’on les lui demande à nouveau, et qu’ensuite puissent bénéficier de compliments excessifs et abjects que l’on dit juste pour faire plaisir, juste pour que l’artiste complexe moins, juste pour être poli. Mes complexes sont autres et ça tu ne peux le comprendre. Personne ne le peut et c’est ce que je désire. Je ne veux pas me révéler à quelqu’un comme toi, même si tu m’intrigues, même si je me surprends à éprouver de la curiosité envers toi. Parce que ça me rend dingue que tu puisses m’intéresser ne serait-ce qu’un peu, comme toutes les autres personnes qui ont réussi à me faire parler, ici. Tss. Que je hais cet endroit… »
Son regard se posa à nouveau sur le crayon qu’il avait toujours en main tandis qu’elle expirait sa fumée, il avait dit simplement qu’elle l’avait fait tomber, mais ne lui avait pas encore rendu, elle tendit légèrement sa main libre vers lui, c’était le crayon qu’elle utilisait le plus, elle ne pouvait pas se permettre de le perdre, elle aimait beaucoup dessiner avec.
- S’il vous plait, j’aimerais le récupérer.
Son ventre se contracta un peu, il n’y avait aucune raison d’être sèche, il n’avait pas encore été désagréable et n’avait pas encore insisté pour voir ses dessins, elle détourna le regard comme si elle s’en voulait, mais gardait toujours sa main tendue, une main qui semblait un peu maladroite et ne révélait de Lou que son aspect soudainement peu sûr d’elle. Son visage ne transmettait encore rien, et elle luttait autant que possible pour conserver ses émotions qui lui semblaient trop présentes, tout d’un coup. Mais elle ne se détestait pas encore pour ça parce qu’une autre chose lui semblait bien plus déplaisante : Malgré elle, elle constatait que son intérêt pour Isaac ne s’était qu’accru.
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| | Sujet: Re: Beautiful World ( Pv Isaac.Weiss ) Dim 8 Aoû 2010 - 23:08 | |
| Voilà que j'avais osé. Oui, osé quitter mon collègue pour mon propre plaisir, osé approcher une élève qui m'étais parfaitement inconnue, juste pour le plaisir de lui parler. Lui parler mais pour dire quoi au fond ? Faire connaissance ? Mais voulait-elle seulement faire connaissance ? Non, j'étais juste un égoïste sur ce coup là, ne pensant qu'à moi même, malgré que je pensais bien faire. Mais la nature humaine nous apporte tellement d'incertitude qu'il fallait mieux que j'ose...au fond, je ne perdais rien. Au contraire, j'avais tout à y gagner. Soit elle me répondait, acceptait la conversation & je gagnais une nouvelle relation, soit elle me rembarrait & je gagnais un râteau. A tout prendre...
Lui adressant donc la parole, c'est d'un timide "oui" qu'elle me répondait. Le crayon était bien à elle & j'en étais ravie. Mais pourquoi tant de timidité? Parce que quoi qu'il en était, son regard lui ne l'était pas. C'était comme si je me retrouvais entièrement revue aux rayons X, ses iris parcourant mon physique de haut en bas. Mais cela ne me dérangeait pas. Au contraire, si elle désirait m'observer, c'était son droit. Peut-être avais-je quelque chose de travers sur le visage ? Une tache sur ma chemise ? Quelque chose n'allait pas peut-être ? Ma tenue était peut-être bien même trop excentrique à son goût ? C'était vrai que je marquais les esprit à me saper de la sorte...Cherchant alors une réponse dans son regard bleuté, je n'en trouvais bien évidement pas la réponse. Vide...Elle m'observait mais étrangement...Je ne lui voyais aucun intérêt de le faire. Démuni de sentiment, creusé, épuisé...Pourquoi avait-elle ce regard là? Son visage s'inclina alors sur le côté, comme intrigué. Je ne pouvais pas lire en elle comme un livre ouvert, mais les autre mimique de son visage me permettait de me guider. Maladroitement, mais j'allais apprendre...
"Inutile d’y penser. Je ne les montre à personne."
Ses traits de visage c'étaient crispé, je l'avais vu, je l'avais senti. Oui, je l'avais froissé. Ne paraissant pas étonné de sa réponse cependant, après tout, les artistes avaient une façon d'être & de faire bien différente de la mienne, tout ce que je trouvais à faire était de fermer les yeux. Réfléchir Isaac...Quelle attitude devrais-je avoir envers elle ? Je n'avais aucune raison de m'énerver. Mais je n'avais aucune raison de sourire non plus. Rester stone ? Non plus, ce n'était pas dans ma nature. Me blaser n'était pas une solution des plus évidente pour la situation alors la seule chose que je trouvais à faire était...
"Ne t'en fais pas, je ne compte pas le regarder sans ta permission !"
Rester sérieux tout en faisant des mimiques ri-di-cu-le. La main ou son crayon se situait toujours était mis en avant, gesticulant de droite à gauche pour montrer la négation, tandis que sa jumelle elle, avait posé l'index sur ma joue, en tiquant nerveusement de haut en bas. J'étais pitoyable, mais tester mon interlocutrice m'était primordiale. Enfin, avait-elle seulement prise en compte mes manières ? J'en doutait fortement. M'arrêtant alors, reprenant un peu sur moi, je la vis simplement sortir une clope & se l'allumer. Fumeuse ? Bien. De toute manière, qui dans cette école n'étais pas atteint de cette drogue douce qu'était la nicotine? C'était rare, très rare...
"S’il vous plait, j’aimerais le récupérer."
Sa main c'était tendue vers moi, tandis que son regard n'avait cessé de me fixer. Un regard toujours aussi dénué d'émotion. M*rde, je ne faisais que jouer au devinette avec elle. Ne m'aimait-elle pas ? Que lui avais-je fait? Cherchait-elle a me sonder à son tour ? Pour ma part, je trouvais que je ne m'en sortais pas mal pour savoir à qui j'avais réellement affaire. Bien que cela relevait d'un véritable challenge. M'approchant alors un peu plus d'elle, ma main effleura la sienne lorsque je lui rendis son crayon.
"Je ne vais pas te mordre tu sais. & je suis désolé si j'ai été indiscret, ce n'était pas mon intention."
L'observant un moment, observant son visage aux traits fins, je pu observer à cette distance que sa peau était aussi lisse que je l'imaginais. Ça me donnait envie de la toucher, pour confirmer mes dires...Mais je n'avais pas le droit de le faire. Mordant ma lèvre inférieure, je fis trois pas en arrière & reprenait mes distances. J'étais entré en contact avec elle, mais je ne savais plus que dire à présent. Il aurait été normal que je lui rende son crayon puis que je parte après tout, mais non. Étrangement, j'étais à l'aise avec elle malgré le silence, je voulais aller plus loin. Mais était-ce une bonne solution ?
"Si tu as besoin de quoi que ce soit...Je suis à ta disposition."
Ridicule, lamentable. Était-ce vraiment comme ça que tu allais attirer son attention ? Mais j'ignorais que dire d'autre. Une épreuve que je ne pouvais pas relever ? C'était rare & impossible. Il fallait que je trouve un moyen de franchir cette barrière. J'en avais envie. Je voulais le faire. Pour une fois que je cherchais de la compagnie. Trouve Isaac, cherche quelque chose...n'importe quoi...Non, ne parle pas des autres élèves, évite les renseignements relationnelles extérieures...Le crayon, les dessins...sujet déjà épuisé. Sérieux, moi qui comptait rebondir sur ses traits de crayonné...
"Oh &...rien ne t'y oblige mais...Je suis quelqu'un qui lit énormément & il m'arrive parfois de vouloir dessiner ce que je lis. Mais je ne suis pas très doué pour tout ce qui touche à l'art. Tu pourrais me donner deux ou trois leçons ?"
Isaac, mon pauvre, t'a touché le fond, c'est définitif. Mais passons. Je le désirais vraiment, mais je n'avais jamais osé le demander à quiconque, au risque de me voir quelqu'un me rire au nez. Mais le dessin pouvait être une canalisation comme une autre pour mes pauvres nerfs ? C'était une expérience à tenter, bien que je n'avouerais à personne mes problèmes de brutalité...Mes iris se dirigèrent alors vers le sol, un peu gênées, un peu timide, montrant aussi l'effort dont j'avais fait preuve pour oser demander un tel service...- Spoiler:
[C'est pas génial, Gomen >< ]
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| | Sujet: Re: Beautiful World ( Pv Isaac.Weiss ) Lun 9 Aoû 2010 - 15:32 | |
| [ Tu plaisantes? ._. C'était très bien ♥ . Par contre, Lou n'est toujours pas super active dans ce post non plus x_x ... Pardon.]Il était sûr que deux personnalités singulièrement opposées venaient de se rencontrer. Mais la différence est parfois essentielle pour que deux caractères s’accordent, s’acceptent, se suffisent. Pour Lou, aucun ne pouvait s’accorder à elle, puisqu’elle était si vide et inintéressante à ses yeux. Pour Isaac, visiblement, c’était le contraire. Il n’avait rien à perdre… Contrairement à la jeune fille, il allait vers les gens quand il en éprouvait le désir, quand il voulait savoir. Il n’avait pas peur de l’échec. Il avançait, et ce, peu importe les obstacles qu’il rencontrerait. Au contraire, il semblait apprécier cela. Oui, c’était certain, ils n’étaient pas du tout faits pareil… Lou s’en apercevait déjà. Elle s’en était aperçu dés qu’elle avait posé son regard sur lui. Pour elle, il n’était pas difficile d’être plus actif que ce qu’elle laissait paraître, donc Isaac semblait énergique à ses yeux. C’était comme si le sang du garçon était en train de bouillir dans ses veines. Elle comprenait tout à fait qu’on l’eut engagé à l’institut. Il était grand, et même si il n’était pas très épais, on devinait aisément qu’il avait une certaine poigne, et savait s’en servir quand il fallait. Il semblait futé aussi, malin, elle le lisait dans ses yeux. Il y avait ce deux types de surveillants en général, elle l’avait bien compris : ceux faits de muscles et de forces, ceux faits d’esprit et de subtilité. La ruse de Isaac devait sans doute bien lui servir.
Lou ne cherchait pas vraiment à vérifier ses hypothèses, mais tout comme elle le faisait en dessin, elle traçait chaque individus dans son esprit, d’abord par esquisse puis avec de plus en plus de détails à mesure qu’elle les analysait, les découvrait. Malgré elle, elle avait cette envie de préciser l’image qu’elle avait d’Isaac. Peut-être se trompait-elle, peut-être l’avait-elle catalogué – même si c’était rare qu’elle fasse ce genre d’erreur, n’aimant pas être subjective, elle s’efforçait toujours de garder un regard et un esprit neutre. Mais là était aussi le problème. Pourrait-elle rester neutre intérieurement, après s’être sentie prise au piège dés le début de la conversation ? Y aurait-il une conversation, au fait ? Elle se demandait si il allait rester, il allait lui rendre son crayon, et sans doute que, tâche faite, il retournerait vaquer à son devoir de surveillant. Curieusement, elle n’était pas sûre de vouloir qu’il s’en aille, bien qu’elle ne s’avoua pas le contraire non plus : elle avait envie qu’il reste. Oui, c’était vrai. Une légère et surprenante curiosité s’animait doucement en elle, bien qu’elle détestait cela.
Elle qui avait vu sa propre nervosité monter en flèche à sa simple phrase, ne put directement se calmer à sa phrase rassurante. N’avait-elle donc pas confiance ? Effectivement, elle n’était pas sûre d’y croire. Peut-être était-ce le fait qu’elle ne comptait que sur elle-même que Isaac la faisait douter. Ce n’était pas Isaac le problème, c’était sa propre méfiance qu’elle aurait bien voulu faire taire aussitôt. Elle ne voulait pas s’énerver, ce n’était pas dans sa nature, de plus il n’y avait aucune raison de le faire. Elle se calma d’elle-même peu à peu, se traitant intérieurement de ridicule de le prendre sur la défense directement. Elle avait scruté les réaction de Isaac en même temps qu’il parlait, visiblement, elle l’avait embarrassé. Elle s’en voulait presque, elle qui était habituellement si neutre et s’empêchait ainsi de froisser qui que ce soit. Elle ne le trouvait en aucun cas pitoyable. Ce qui était différent d’elle ne pouvait l’être. Puisqu’elle représentait l’entièreté du pitoyable, selon elle.
La jeune fille observa le surveillant s’approcher d’elle, son visage ne laissait rien transparaître et elle le fixait sans aucune gêne par rapport à cette proximité soudaine. Elle prit le crayon, retint un frémissement au contact de ses doigts. Elle n’avait pas l’habitude que qui que ce soit la touche à part elle même et sa sœur quand elle la serrait dans ses bras. En tout cas, depuis qu’elle était ici, bien sûr. Et puis c’était un autre type de contact. C’était très léger, juste un frôlement. Elle s’était accommodée à la brusquerie des hommes, n’y était plus sensible. Lou serra ses doigts sur son crayon et ancra profondément son regard dans le sien à ses mots. Sa mâchoire se décrispa peu à peu, elle avait même oublié à quel point elle était contractée. Elle se sentit un peu plus légère. Sa légèreté habituelle, à dire vrai. Etrangement, elle ne se sentait pas gênée de sa présence, c’était sans doute pour ça qu’elle désirait – malgré elle – qu’il reste un peu. Inutile de dire qu’elle ne l’aurait jamais avoué.
Isaac s’écarta finalement, laissant la brune aussi stoïque qu’auparavant, bien que décrispée à présent. Elle glissa son crayon en poche et posa sa cigarette entre ses lèvres fines et pâles. C’était sans doute l’instant où il allait partir, et elle n’avait rien pour le retenir. Comme si elle en avait la capacité, elle, l’handicapée émotionnelle, elle, l’insensibilité entière réunie en une seule et unique personne. Mais l’homme ne semblait pas éprouver l’envie de partir. Il était là, il la regardait aussi. Peut-être qu’ils communiquaient par le regard, mais elle était incapable de dire quel message pouvait passer entre eux. Si seulement elle laissait passer un message. Et il ne s’éloigna pas. Effectivement. Au contraire, il finit par rouvrir la bouche pour s’exprimer à nouveau et Lou l’observait en retenant un air de surprise. C’était vrai qu’elle ne s’attendait pas à cela. Des leçons ? Mais il ignorait même son type de dessin ! Elle pouvait très bien dessiner comme un manche, après tout… Même si ce n’était pas le cas. Comment pouvait-il lui demander cela à elle ? Il était bien étrange. Mais Lou ne pouvait refuser, Lou ne pouvait nier sa nature première qui était d’hocher la tête silencieusement, docilement à toutes les demandes. C’était peut-être une forme de prostitution, ça aussi, quoiqu’elle ne vendait pas sa soumission. Oui, cela au moins était sûr, elle était soumise. Soumise de corps, jamais d’âme.
Elle ne répondit pas. Ses lèvres s’entrouvrirent, laissant passer la fumée, lente, légère, s’élevant vers le ciel. Son regard dévorait Isaac sans qu’il ne dévoila la moindre émotion. Il ne la regardait plus, il avait l’air d’un enfant intimidé face à la dame à qui il devait dire bonjour. Elle souffla finalement plus concrètement sur le côté, et la fumée s’évapora davantage. Elle ne dit rien et s’assit, on aurait très bien pu prendre cela comme un refus clair et net, mais ce n’était pas le cas. Elle entrouvrit sa farde pour en sortir une feuille vierge sans révéler ses œuvres à la vue d’Isaac. Elle ressortit son crayon de sa poche et leva les yeux vers le surveillant. Elle ne demanda même pas si il voulait commencer maintenant, elle lui imposait clairement.
- Ca vous gène de vous asseoir par terre ?
La jeune fille parlait déjà différemment, plus calmement, c’était comme si il n’y avait rien eu de contrariant dans les précédentes paroles d’Isaac. Sa voix était calme, faible, presque hésitante et maladroite. Elle le scruta pourtant toujours avec la même indifférence dans les yeux, et sans attendre sa réponse, reprit :
- … Que lisez-vous pour le moment ?
Lou mit la feuille vierge sur sa farde de façon à ce qu’il ait un support, et lui tendit son crayon à nouveau. Peut-être avait-elle trouvé sa gène attachante, peut-être faisait-elle des efforts pour se sociabiliser. Elle voulait faire des progrès – même si cette idée pourrait très bien s’évaporer dans la demi-heure suivante - et avait l’impression qu’Isaac pourrait l’aider. C’était une monnaie d’échange. Même si communiquer était très complexe pour elle, elle profiterait de la facilité qu’elle ressentait en la compagnie du surveillant.
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