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[Libre] A moment suspended in time

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MessageSujet: [Libre] A moment suspended in time [Libre] A moment suspended in time EmptyLun 26 Juil 2010 - 14:17

♫ I say Hello, You say Goodbye ♫



Fatiguée. Je suis claquée. Trois semaines que j’arpentais les quatre coins du dortoir. Nous ne sommes que deux, et pourtant je me sens étouffée. Mais je m’y plais. Pas mis les pieds dehors, peur de ces pulsions meurtrières. Mais je vais bien. Je ne suis pas seule pour affronter les agressions humaines. Aujourd’hui je bougeais. Je prenais mon courage à deux mains et j’allais sur le front armée de mon silence. Tant pis si je dois encore supporter les critiques de ses entités qui ne pensent qu’à se valoriser en rabaissant les autres. En somme, je marchais. Je marchais oui, mais je ne sais pas où j’allais. Je ne connais rien. Si, je sais où se trouve le réfectoire, parce que j’ai sans cesse faim, je sais où est la salle de bain, parce que je pue.

*Oh tu vas où comme ça ?*

*J’ai l’air de savoir où je vais, conn*rd ?!*

*C’est pas encore aujourd’hui qu’tu vas te faire des amis… Quelle humeur de chien !. *

La faute à qui si je ne connaissais personne ?! Si je n’ai pas de point d’attache. Je m’ennuie, je suis las. Je ne suis pas déprimée. Je suis blasée. La nuance est tellement grande… Salon. Ca fera l’affaire. Personne dans la pièce. Tant mieux. Non, pas tant mieux bouffonne. T’as besoin de voir du monde ! Qu’importe. Je vais m’asseoir. Quoique j’ai plutôt besoin de fumer. m*rde, saloperie de toc. Pas le courage de luter, j’eus le besoin de faire mes dix allers-retours sous la porte. Je me sentais mieux, mes muscles se décrispent, mon cœur ralenti au rythme de mes pas.

*1,2,3,4,…*

« Ta gueule, tu me gonfle ! »

J’entrais enfin dans la pièce. La décoration était sympa. J’ouvris la fenêtre, je m’accoudais sur le rebord. Je suis désespérément trop grande. 1m85 avec mes NewRock à semelles compensées. J’allumai ma clope et recrachai la fumée vers l’extérieur. Il était encore tôt, je n’entendais que le sifflement des bestioles. Mais aucune en vue. Bizarrement j'étais sortie plutôt rapidement de ma piaule ce matin. J'avais enfilé un short en jean à demi troué, un débardeur noir et mes bottes aux 10 centimètres d'élastomère en guise de semelle. Cuir noir. C'étaient mes préférées. Décorées de fermetures métalliques et de long lacets, sauvagement noués dans l'empressement. J'avais rien à faire, je n'avais pas encore de rendez-vous avec les psychologues, ni les psychiatres. En même temps je n'avais pas pris la peine de m'y interresser. J'avais bien rencontré quelques fois l'animatrice des cours de dessin à l'atelier et mon colocataire de chambre, mais sans plus. Au final, peut-être que la solitude m'interressait plus, elle me parlait peut-être avec des mots que je comprenais. Et puis j'ai mon homme qui parle. Encore et encore, mais je ne l'écoutais plus, préférant savourer ma cigarette, quoique un peu de poudre blanche aurait été plus adéquate à cette heure si matinale. Ha si, sa blague. Je fis mine de rire, par des éclats de voix aigus, mais il sait que je m'en fous et que je ne comprends pas l'humour. C'est quelque chose qui me dépasse. J'attends tout simplement.



[HRP : Si quelqu'un veut se joindre, c'est ouvert à tout le monde \o/]
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MessageSujet: Re: [Libre] A moment suspended in time [Libre] A moment suspended in time EmptyMer 28 Juil 2010 - 20:13

    C’était un peu comme si le monde s’était arrêté de tourner. Que le temps c’était figé. Comme si elle se promenait entre des actes stoppés. Qu’elle regardait les arbres sans plus les voir pousser. Que le vent s’était arrêter de souffler. Comme si la pluie restait figée dans l’espace. Et c’était comme ça depuis trois ans. Trois années interminables à retenir son souffle, en apnée. Trois années qui avaient fait naître en elle des sensations étranges, parfois douloureuses comme si tout son corps était bloqué par une crampe, comme si des milliers de fourmis glissaient à l’intérieur de sa peau. Comme si elle ne pouvait réellement plus bouger, que ses poumons s’étaient remplis de poussières. Comme si sa gorge était sèche et qu’elle ne pouvait même pas tousser. C’était insoutenable. Elle avait cette impression désagréable de n’être plus qu’une poupée qu’on a oubliée au fond d’un grenier. Et pourtant, elle ne s’attendait pas à ce que ça change. C’était horrible de se le dire, mais Lou s’était habituée. Elle vivait ainsi, survivait plutôt, neutre et imperturbable dans sa façon de voir sa vie. Elle avançait et reculait à la fois. Et pourtant c’était devenu normal.
    Enfin. Ca ce n’était que la sensation générale. Celle que l’on a sans cesse, la pensée qui guide tous les instants. Celle qui fait office de bruit de fond à toutes les autres. Celle qui l’empêchait de rire aux blagues, de sourire au compliments, de râler aux contrariétés. Mais parfois, il arrivait qu’une autre émotion prenne le dessus. Mais alors là, le monde était dévasté. Il n’y avait plus de pause dans l’espace ou que sais-je d’autre de ses images originales. C’était un chaos invraisemblable qui s’emparait d’elle et il lui arrivait donc des crise de totale hystérie.
    Cependant ces dernières étaient plutôt rares, il fallait bien le reconnaître, tant et si bien que peu de personnes pouvaient se vanter de l’avoir vue se mettre en colère. Enfin, si colère il y avait. Parce que Lou n’avait même plus la force d’atteindre un degré d’émotion si élevé que celui de la haine. C’était plutôt le… surplus de rien qui l’amenait à ce genre de « crise bizarres ». Pourtant, elle n’était pas folle, non. La preuve étant écrite plus haut : ça n’arrivait presque jamais. Elle était juste… dépressive ? Sans doute. Etant donné que les rares expressions flottant sur son visage variaient de la plus profonde tristesse au mépris total, sans oublier une certaine dose de désespoir.
    La cause ? Tout le monde et personne le savait à la fois. Parce que Lou n’en parlait jamais. Lou détestait parler, parce qu’elle ne savait jamais quoi dire. Ca l’ennuyait d’ouvrir la bouche pour dire des âneries comme de nombreux en auraient été capables. Ce n’était pas rare les gens bavards inutilement, mais elle ne faisait pas partie de ceux-ci. Elle les regardait de ses yeux ternes, n’arrivant même plus à paraître froide. Juste fatiguée et indifférente.

    Mais ça avait commencé à changer. Un peu. Si peu que personne ne s’en rendait compte. Peut-être sa sœur, mais Lou n’en était pas sûre. Parce qu’elle même ressentait ce changement comme étant très faible. Cependant, peu importait, elle voulait faire des efforts. Enfin, c’est ce qu’elle se disait. Mais son humeur était plutôt périodique, et il n’aurait pas été étonnant qu’elle change de manière de voir les choses une semaine plus tard à peine. Mais cela n’avait pas d’importance, ce qui comptait, c’était l’instant présent. N’est-ce-pas ?
    Lou sentait donc qu’elle commençait à changer. Cela faisait déjà trois mois qu’elle était ici. Les règles semblaient ne paraître qu’à la surface, et tous ce qu’elle était censée avoir quitté se trouvait bel et bien présent dans l’enceinte du centre. Néanmoins, la jeune fille s’assagissait un peu. Elle ne vendait plus son corps, et mangeais à heures fixes. Elle fumait pourtant toujours autant, et dés qu’elle pouvait avoir de quoi s’envoler un peu, elle ne se retenait pas une seconde. Elle considérait les « trips » comme libérateurs. C’était la seule chose qui pouvait vraiment la faire – comment dirai-je - voyager. Pas même le sexe n’y arrivait. Ses partenaires avaient peut-être été trop… Inexpérimentés pour l’emmener bien loin.
    Mais ce défaut finirait bien par s’atténuer à son tour en temps voulu. On pourrait dire qu’elle l’espérait, mais en réalité, la brune n’espérait plus rien. Et c’était pourquoi elle était une adepte de l’autosuffisance, ne s’attachant plus à quiconque de peur de finir déçue à un moment ou à un autre.

    Lou réfléchissait encore à tout ça alors qu’il aurait été préférable de profiter des derniers heures de sommeil dont elle pouvait bénéficier. C’était l’ennui. Dés qu’elle avait du temps libre, elle finissait toujours par s’endormir pour oublier qu’elle s’ennuyait de tout et déprimait profondément. Elle allait parfois jusqu’à prendre des somnifère en dose exagérée au milieu de l’après-midi. Le soucis était qu’après ça, elle finissait toujours par ne plus bien dormir la nuit. Elle se réveillait toutes les heures. Heureusement qu’elle était plutôt discrète, même lorsqu’elle faisait des cauchemars, sinon ses compagnons de chambrée auraient bien pu se plaindre tous les matins. Parfois, elle quittait son lit au milieu de la nuit, n’arrivant plus à se rendormir, voulant prendre l’air, éclaircir le peu d’idées saines qu’elle laissait encore filtrer dans son esprit.
    Cette fois n’était pas une exception. Quoiqu’elle se leva plus tard qu’à l’habitude. Elle ramena doucement ses cheveux en arrière et jeta un regard circulaire à la pièce à moitié vide. Sa sœur dormait encore, et hormis ça, elle ne connaissait pas les deux autres avec qui elles partageaient leur dortoir. Un des lit habituellement occupé était vide.

    « Mmh, celui de la fille qui est arrivée l’autre fois… »

    Elle s’en foutait complètement, à dire vrai, de cette fille qui paraissait assez dérangée – mais ce n’était pas rare au centre. Si elle avait été vraiment préoccupée par sa présence, elle lui aurait déjà parlé une fois au moins. Ca n’avait pas été le cas. Lou n’avait pas envie d’aller vers les autres. Elle avait beau faire des efforts, cette chose lui semblait totalement impossible. D’où le fait qu’elle détestait ses rendez-vous chez le psy. Pour elle, le personnel était aussi crétin que les résidents, ici. Elle s’étira un peu et quitta son lit. Elle se vêtit d’un minishort kaki et d’un débardeur blanc trop large, vu que personne d’autre ne se trouvait éveillé dans cette chambre, elle n’avait aucune pudeur à s’y changer intégralement. Elle ajouta finalement un gilet à capuche vu l’heure matinale et enfila de simple petites baskets par dessus ses chaussettes repliées de façon à ne pas dépasser. Elle n’avait pas la patience de sa sœur, se foutant de paraître jolie, classe, sexy ou autre. Elle peigna ses cheveux et vérifia qu’elle avait son tabac, ses feuilles et son briquet dans ses poches avant de quitter la pièce.

    Lou connaissait davantage les lieux que Shayane, c’était sûr, mais contrairement à ce qu’on aurait pu croire, ce n’était pas grâce au fait qu’elle était là depuis plus longtemps. Non, pas du tout, parce que 1 semaine après son arrivée, la jeune fille avait déjà visité l’endroit de manière sommaire mais de façon à bien repérer les pièces essentielles. Elle n’avait que ça à faire, quand elle ne dormait pas, vu qu’elle n’aimait pas la compagnie des autres, c’était comme chercher à trouver un endroit où il n’y aurait personne.
    Cette fois, il était tôt, elle doutait donc de trouver qui que ce soit qui la perturba. Elle se laissa donc aller à ses envies en choisissant une pièce au hasard où elle pénétra. Déception faite, il y avait quelqu’un. Cette même personne avec qui elle partageait son lieu de repos. Elle retint un soupire et faillit faire demi-tour mais n’avait aucune envie de chercher ailleurs. Et pour ne pas paraître désagréable non plus, elle se permit un simple :

    - Salut…

    En espérant bien sur que ça n’allait pas inciter la belle Shayane à lui répondre de manière trop complète. Puisse-t-elle se limiter aux salutations, espéra Lou en allant s’installer sur un pouf. Elle se mit directement à l’ouvrage en sortant une feuille et son tabac. Il fallait vraiment qu’elle trouve des philtres… Ces cigarettes lui semblaient infumables mais elle n’avait pas le choix pour l’instant. Cela l’aiderait peut-être à limiter ses envies de tabac ? Inutile d’y penser. Un effort après l’autre, c’était déjà bien assez.


( Un peu naze ._. J'espère que ça te conviendra quand même.)


Dernière édition par Lou Sthers le Sam 31 Juil 2010 - 18:53, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [Libre] A moment suspended in time [Libre] A moment suspended in time EmptyMer 28 Juil 2010 - 23:19

[J'espère que tu plaisantais en disant que c'est naze, parce que non c'était pas le cas, j'ai adoré ~]


Quelle horreur. Mais pourquoi ais-je donc une mère aussi timbrée pour porter plainte contre sa propre fille ? Question rhétorique, pas besoin de réponse. Immonde famille. Tout comme les adolescents d’ici d’ailleurs, et à vrai je n’attends pas mieux du personnel. Si, peut-être quelques personnes, mais je n’avais pas encore eut la chance – keuf – de les rencontrer. Non, j’étais mieux isolée, perdue, seule à broyer du noir. Philosopher sur l’existence même de ce genre d’institut. On nous parquait pour ne pas avoir à nous dresser. C’était plus simple car en sortant on irait en asile. Seule, quel terme jouissif qui arrive quand même à me plomber le moral. Rien de grave, un peu d’héro ou un stick et je suis de nouveau sur mes deux petits petons. Sauf Efrain, mais lui, personnellement j’m’en contre fous à cette heure-ci. Qu’il gueule, qu’il meugle même si ça peut lui faire plaisir. Mon cerveau est en mode off. Allez Shayane, soit pas si méchante, rigole à sa blague. Haha. T’es content ? Tant mieux, tu n’auras pas plus.

Sur le rebord de fenêtre, je scrutais les arbres, les chemins, la pelouse. Toute cette nature, j’en vomirais presque, car dedans devaient y grouiller ces maudits insectes et ces infectes écureuils, et autres saloperies. Alors que je portais ma clope à ma bouche, j’entendis une voix. Pas d’entrain, pas de ton, juste par politesse surement. Salutation rapide, sans blabla superficiel. Tant mieux, je fumais. Je ne détournai pas le regard de l’extérieur, me contentant de recracher l’épaisse fumée par la fenêtre. Désolé, je ne peux pas parler quand les toxines sortent de mes poumons, sinon je tousse. Tête légèrement penchée en arrière, ma crinière blanche glissa le long de mes épaules. Mes points allant se nicher dans le creux de mon dos. Quelle galère, fallait sérieusement que je pense à les couper.


« Hm… »

Sorte de petit grognement qui signifiait le dérangement qu’on venait de m’occasionner. Marre de ces perturbateurs. Même en se levant à cette heure-ci fallait que d’autres résidents soient insomniaques. La veine, tu parle. Pas grave, elle n’était pas bavarde, donc pas si chiante que ça. Me tournant vers celle qui m’avait poliment adressé la parole, je me mis dos à la fenêtre. Appuyant mon postérieur sur un bout de mur, frottant le jean de mon short pour le papier-peint. Epaules légèrement lourdes, je croisai mes jambes dans un fébrile mouvement. Ne quasiment pas bouger pendant trois longues semaines ça crève sérieusement. Mais contrairement à la mine que tirait la demoiselle, qui s’avérait d’ailleurs être une de mes compagnes de chambre, j’étais pleine de vie.

*Bon allez, lance-toi, c’pas comme si c’était une inconnue !*

*Hum, presque. C’pas parce qu’elle dort dans la même piaule que j’la connais.*

Silence petit merdeux. J’ai sérieusement besoin d’un truc pour le faire taire. Trois semaines qu’il la ramène à la moindre occasion, qu’il pourrit tout début de relation. Durant son intervention j’avais fermé les yeux, en expirant de désespoir. Oui, ça pouvait s’entendre à l’autre bout de la pièce. Mon regard glissa ensuite sur Lou, si je me souviens bien de son nom. Qu’importe, qu’est-ce que c’est un patronyme après-tout ? Un vulgaire nominatif qui nous différence aux yeux des Etats, et après ? Tabac, feuille. Mmh. Dès le matin ça arrache sans filtre. Dois-je faire preuve de bonté ? Evidemment. Je ne suis pas associable non plus, je suis plutôt généreuse. C’est juste que j’ai tellement l’habitude de me faire cracher dessus que je ne vais pas vers les autres. Plus trop la force. Mais elle… elle ne semblait pas faire partie de ces excentriques en mal d’amour qui se jettent sur vous en vous arrachant une joue, dans un baiser baveux, dont j’ose à peine imaginer la quantité de microbes stagnant sur leurs lèvres.

« ‘Lut… »

Bref, certes mais tout était dit. Je ne la connaissais que de vue, j’allais pas commencer la causette, demander comment ça allait et si sa famille se portait bien. De toute façon, elle semblait tout aussi déterminée que moi à discuter. Je sortis mon paquet de cigarette que j’entrouvris. Presque plein. Me dressant sur mes jambes, j’entrepris quelques pas vers elle. Je trainais un peu la patte, mais j’avançais à mon rythme : lent autrement dit. Une fois près d’elle je lui tendis mon paquet entrouvert, possessivement maintenu par ma main. Mon index squelettique maintenait le bout de carton qui servait à refermer la petite boite. Qu’elle choisisse celle qui lui plaise. Sauf une ! La seule qui n’est pas rangée dans le même sens que les autres, c’est mon vœu. Je ne devrais la fumer qu’en dernière, si je veux qu’il se réalise. J’ai peu d’espoir, mais j’y crois.

« Sers-toi. »

Un ton de voix qui ne traduisait rien, tout ce qu’il y a de plus neutre. Tout comme mon visage, juste mes yeux verts braqués sur elle. Pas de méchanceté, de pitié ou de tristesse. Je suis normale. Bien, sans pour autant entrer dans une phase euphorique de joie. Si elle pouvait répondre ça serait bien, parce que je comptais quand même rester un petit moment dans le salon à me griller quelques cigarettes. Autant en profiter pour tâtonner les résidents. Toucher avec un vieux bâton les monstres qui hantaient les lieux. Tisser quelques liens, si possible. Mais si c’est trop demander, tant pis j’irais voir ailleurs. Je la dévisage peut-être un peu, je constate sa maigreur, imagine sa taille ne l’ayant pas vue debout. Alors que je rangeais mon paquet dans la poche droite de ce qui me servait de bas, je portais de nouveau cette maudite cigarette à la bouche. J’inspire avec lenteur de façon à sentir entrer dans mon œsophage les particules. Je pris ensuite place sur un autre pouf, juste celui qui se trouvait en face de la jeune fille.

Avais-je affaire à une dépressive pour qu’elle tire une gueule pareille ? C’était le temps qu’elle avait passé à l’institut qui l’avait rendu aussi… zombie ? Bonjour l’ambiance, je te jure. Pour le coup je n’avais rien à lui envié si ce n’est peut-être ses cheveux raides. Mais mes vagues de boucles me convenaient parfaitement. Tiens, bien trop silencieux le monsieur. Elle ne t’intéresse plus ? Trop les pieds sur terre, elle avait un regard bien trop lucide sur le monde pour que tu lui porte de l’attention ? Lâche, tu sais que je ne sais pas faire la conversation alors que j’aimerais pouvoir savoir m’y prendre. Lui demander peut-être ce qui n’allait pas ? Et puis quoi encore, ce ne sont pas mes oignons, et Dieu sait que les miens irritent les yeux. Commençons par une banalité, un truc qui l’ennuiera et qui fera que je me retrouverais seule.


« T’es là depuis quand ? »

Bravo Sha’, dans le genre je ne sais pas quoi dire. Imbécile. Contente-toi de te taire, regarde simplement. Ne dis plus rien, là tu parle pour ne rien dire, et même si tu t’intéresse vraiment à quelqu’un tu sais que tu finiras par le perdre. Qu’est ce qui m’arrive ? Depuis quand je suis aussi déprimée pour si peu. C’est cette nana qui déteint sur moi. C’est sa fatigue qui se transmet, elle file la chaire de poule. A-t-elle envie de mourir ?

*Bonne question, demande-lui… u_u’ *

Et c’est reparti. Le revoilà qui revient. Autant tu sais que je t’aime, mais tu sais aussi que je déteste tes interventions quand je ne suis pas seule. Encore plus, quand c’est pour m’enfoncer. T’es bien gentil, mais si tu ne m’abandonnais pas pour ressurgir plus tard, je t’autoriserais ce genre de commentaire. Mais abstient toi pour une fois. Laisse moi en paix, que je puisse être tranquille l’espace de quelques heures. Que je puisse vivre un peu sans toi…

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MessageSujet: Re: [Libre] A moment suspended in time [Libre] A moment suspended in time EmptySam 31 Juil 2010 - 19:06

    Si Lou avait envie de mourir ? C’était une excellente question. Surtout à sa vue, on ne pouvait que se le demander : des cheveux trop ternes, une peau trop pâle, un regard trop vide, un corps trop faible. Elle avait tout d’une dépressive quand on ajoutait à cela de légères cernes se déclarant sous ses yeux d’un bleu éteint. En fait, non… Pour certain, la question n’aurait pas été pertinente, parce que son visage était tellement dénué de vie que ça semblait comme une évidence. Lou voulait mourir, c’était sûr. Mais c’était l’avis subjectif des gens. L’avis de ceux qui ne savent pas. L’avis de l’extérieur. Parce que si nous lui posions la question, Lou n’aurait peut-être pas su répondre. En fait, elle ne savait même pas ce qu’elle voulait. Elle ne pensait pas à l’avenir mais ne remplaçait pas ce vide par « l’idée de la mort ». Elle n’avait jamais voulu se suicider, à dire vrai. Ca ne l’avait même pas effleurée. Lou admirait peut-être ces gens qui s’accrochaient à la mort comme si c’était la fin de tous les problèmes, comme le silence de la douleur. Mais elle n’était pas de ceux là. Dépressive peut-être mais surtout fatiguée de tout, y compris de l’idée qu’elle pourrait tout quitter en pressant sur la détente, se coupant les veines, se noyant ou que sais-je d’autre. Jamais elle n’aurait fait aucune de ces choses, parce qu’il fallait un désir trop puissant pour se tuer soi-même, et les désirs elle ne les connaissait pas. Elle se demandait comment les sentiments pouvaient être aussi forts que pour qu’on s’autodétruise de cette manière.

    Vous me diriez sans doute que ce que faisait Lou était de l’autodestruction aussi, et je vous répondrai que c’est tout à fait exact. Mais cela est… inconscient, dirons-nous. Elle ne le fait pas consciemment pour se faire du mal. Non. C’est juste ainsi. Elle maquillait toutes ses erreurs en les disant commises pour ennuyer sa mère. Elle n’en était plus très sûre maintenant. C’était comme si, par tous ces actes malsains, elle cherchait à vivre d’une autre manière, recherchant la moindre sensation. Peut-être que contrairement à l’impression qu’elle donnait, elle aspirait à la vie et à ses avantages. Mais depuis la mort de son père, rien ne l’émouvait plus. Elle était devenue un bloc de glace sans même en avoir pris conscience. Son émotion ne revenait que la nuit, visiblement. Peut-être cherchait-elle aussi le sommeil pour cela ?

    Mais ceci n’est qu’une succession d’hypothèse, parce qu’on ne peut jamais être sûr de rien. Elle même serait incapable de décrire sa vision de la mort ou de la vie… Elle ferait sans doute varier ses discours avant de se renfermer dans son mutisme, détestant se contredire elle-même, ce qui arrivait souvent quand elle avait l’audace d’ouvrir la bouche. Bref. En tout cas, nous pouvons confirmer que « non », Lou ne voulait pas mourir. Lou s’en contrefichait peut-être. Disons que si elle venait à mourir, cela lui serait peut-être complètement égal. Ou peut-être que ce serait proche de la mort qu’elle comprendrait qu’elle désirait vivre, vivre et profiter de chaque seconde. Mais non. Elle était actuellement insensible sur ces deux sujets vastes comme vivre ou mourir.

    Ses doigts fins exécutaient sa tâche machinale d’étendre le tabac sur le papier. Elle n’accordait déjà plus d’attention à Shayane, n’ayant même pas guetté sa réponse qu’elle n’avait tout simplement pas écoutée. Elle aurait pu être seule, ça aurait été la même chose. Son effort s’était limité à la salutation, et elle ne désirait pas en faire d’autre pour le moment. Sa colocataire ne lui avait encore jamais vraiment adressé la parole, elle espérait donc qu’elle continue dans cette voie. Lou l’aurait-elle saluée si elle avait su qu’elle avait à faire à une fille bavarde ? Elle eut un léger frisson du au sommeil mais aussi à la fraîcheur du matin qui avait envahie la salle. Parfaitement concentrée, elle ne remarqua pas que Sha’ s’approchait d’elle. Elle allait mener sa clope à ses lèvres pour en lécher le papier quand un paquet remplit se présenta à elle. Elle regarda la main fine qui le tenait et son regard remonta le long de son bras jusqu’à son épaule puis son visage, et ce en moins d’une seconde.

    « Sers-toi » avait-elle dit. Lou ressentit une vague surprise qui n’atteint même pas son visage inexpressif. Elle regarde à nouveau le paquet. Que cherchait-elle au juste ? Elle ne le savait pas, mais peu importait. Elle n’allait pas refuser un tel présent. Elle prit une des cigarette mais pas celle qui était à l’envers, se doutant qu’elle devait lui être particulière pour être dans cette position… Si pas, elle ne préférait quand même pas prendre le risque. Elle dit d’une voix calme, neutre, mais c’était déjà exceptionnel qu’un tel mot puisse sortir de ses lèvres :

    - Merci…

    Elle posa doucement la clope sur ses genoux joints et poursuivit ses actes précédents, léchant le papier pour doucement le « coller ». Elle glissa la cigarette qu’elle avait roulée elle-même dans sa poche. « Pour plus tard » et faufila celle que Shayane venait de lui offrir entre ses lèvres. Elle ignorait si l’on pouvait fumer ici, mais n’allait pas se gêner. Elle sortit son briquet et tenta de l’allumer à plusieurs reprises. Presque plus de gaz. Elle y parvint tout de même, plissant les yeux en même temps qu’elle tirait sa première taf de la journée. La meilleure. Elle souffla la fumée sur le côté et regarda Shayane qui avait pris place face à elle. Elle la regarda avec toujours le même air neutre. Peut-être le prendrait-elle mal, peut-être attendait-elle un sourire gentil pour la remercier. Mais Lou n’y parviendrait pas. Elle n’y pensait même pas. Elle avait perdu depuis longtemps le manuel des relations humaines, ne sachant pas ce qu’il aurait été poli de faire. En tout cas, elle était reconnaissante à Sha’ de lui éviter le supplice de la clope roulée dés le matin. Oui de la reconnaissance… Voilà qui est assez surprenant…

    Elle prit doucement son bâton de cancer entre l’index et le majeur tandis que la jeune femme lui adressait de nouveau la parole. Oui. Il fallait s’en douter… Il y avait un prix à tout, cette cigarette en or coûtait bien une conversation. Lou fut prise d’un léger malaise, tout d’un coup. Elle ne le laissa deviner que par son regard fuyant, regardant soudainement la salle, semblant peut-être la trouver plus passionnante que Sha’.

    « A quoi ça peut t’avancer, vraiment ? , se dit-elle intérieurement, t’es qui après tout ? Tu me files une clope et tu estime que ça suffit pour me faire ouvrir la bouche ? … Je ne te connais pas, tu ne me connais pas, et crois-moi c’est mieux comme ça. Faire connaissance engendre l’attachement, le mépris, enfin… Des tas de ces sentiments à dégueuler qui ne me donnent pas du tout l’envie d’y prendre goût. Mais tu n’as pas l’air d’une fille chiante à écouter, même si ta question est plutôt inutile. Tu es même plutôt particulière. D’un regard purement objectif, tu es une jolie fille. Mais qu’est-ce que tu fais avec une personne telle que moi ? Trop fine, trop fade, trop inutile. Crois-moi, tu as des choses plus intéressantes à faire que t’attarder sur mon cas… »

    Elle haussa faiblement les épaules, ses pensées allant à tout allure, elle ne tarda pas à répondre à la question qui lui était posée.

    - Environ trois mois.

    Le soucis étant que si elle répondait maintenant, elle se résolvait à répondre les fois suivantes aussi. Elle était prise au piège par un effort qui lui avait semblé déjà insurmontable. Elle détestait parler, c’est sûr, et maintenant, Shayane attendait sans doute plus. Elle n’allait pas lui retourner la question, elle savait très bien quand elle était arrivée. Elle ne pouvait pas lui demander son prénom, elle le connaissait. Son âge ? Elle trouvait ce détail terriblement trivial.
    Pour excuser le silence pesant qui s’installerait bientôt, elle glissa à nouveau sa clope entre ses lèvres et glissa ses jambes en tailleur, sur le pouf elles aussi. Elle tira sur la cigarette, l’écartant ensuite de ses lèvres, c’est après avoir soufflé la fumée qu’elle finit par improviser.

    - Ca t’arrive souvent de te lever si tôt ?

    Elle trouva sa question aussi vide que celle qui lui avait été posée. Mais c’était comme si elle se sentait obligée de parler, à présent. Peut-être que les mots n’étaient qu’une excuse, peut-être que a conversation se faisait par de simples gestes, de simples regards. Cette idée affligea Lou, ne la convaincant pas le moins du monde, elle se sentait mal à l’aise, regardant à peine son interlocutrice. Et pourtant, pas une seconde il ne lui vint l’idée de couper court à la discussion en s’en allant, par exemple, prétextant un besoin quelconque. Peut-être qu’elle n’y pensait pas, peut-être qu’elle voulait quand même essayer. En tout cas, c’était plutôt exceptionnel.
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MessageSujet: Re: [Libre] A moment suspended in time [Libre] A moment suspended in time EmptyDim 1 Aoû 2010 - 17:23

Vide, elle était vide de toute émotion. Quelle tristesse, à vous en donner des frissons dans le dos. Je ne cernai pas le personnage qui se trouvait en face de moi. Perdue, elle n’était pas avec moi. Elle était plongée dans ses pensées, et ne me prêtait pas plus d’attention qu’à une vulgaire mouche. L’ennuyais-je à ce point pour qu’elle m’ignore quasiment ? Ha, mais si ca y est, elle me scrute, serais-ce l’appel du tabac parfaitement entubé qui nous l’aurait ramené à la vie ? Mais toujours rien, elle fixa un instant le paquet puis finit par se servir. Je remis donc le paquet dans ma poche. J’eu un remerciement, que je n’attendais pas forcément. L’habitude de donner sans jamais en récolter les fruits. J’émis un semblant de sourire, celui que l’on se doit de faire pour montrer sa réception. Soit, je n’en demandais pas tant, mais je devais avouer que ce n’était pas déplaisant de recevoir un peu de gratitude, même avec cette gueule d’enterrement.

Je pris place en face de la dépressive. Ouais, ça serait comme ça que je me souviendrais d’elle. Un corps sans vie. Une jolie jeune femme qui semblait avoir déjà compris que rien ne lui sera servie sur un plateau. Je n’avais pas sa lucidité. Non, je faisais partie de ces gens qui croient encore qu’il y a un sens à tout ça. Du moins je m’en persuadais pour survivre. C’est plus facile. Est-ce faire preuve de lâcheté ? Surement, et à vrai dire je m’en fous. Je n’ouvrirai les yeux que quand l’envie m’en prendra, en attendant je me laisse vivre. J’ai encore espoir qu’il y est quelque chose après la vie, bien que je ne sois pas croyante. Sait-on jamais, peut-être qu’après notre âme se réincarnera-t-elle… Je me plais à y croire. Mais je ne suis pas naïve pour autant.

Je la fixai, assise sur mon pouf. Insistante au début, elle me fuit du regard. Je la perturbe ? Ou je la désespère peut-être avec ma vieille question. Possible. Je fume, elle en fait de même. Bon on a au moins un point commun, c’est un bon début. Je ne décrochais pas mes prunelles qui s’étaient braquées sur elle. Trois mois, et déjà dans cet état ? Pas possible, c’est donc qu’elle était rongée par autre chose. Mais ce ne sont pas mes histoires, je ne me mêle pas de ce qui ne me regarde pas. Puis en fait ça me passe au-dessus pour dire la vérité. Elle me mine déjà assez comme ça, alors si elle était au bord de la dépression et qu’elle venait à m’étaler sa vie sur un plateau, je la fuirais comme la peste. Oui, c’est le terme, comme la peste.


« Ok. »

J’aurais pu trouver mieux. En fait, non je crois même que le silence aurait était une toute aussi bonne réponse. J’avais eut ma réponse, et un acquiescement aurait largement suffit. Cool, mais elle m’avait vu débarquer dans l’institut, donc logiquement elle savait depuis quand je trainais les pieds en ces lieux. C’est donc le bruit du vent qui prit place dans notre conversation. Un long silence tortueux, coupé par le bruissement de l’expiration de la fumée des cigarettes quand elles quittaient nos lèvres. Peut-être que je réfléchissais trop. Mais non, bien sûr que non.

Bon et bien finalement je ne me sentais pas trop mal avec ma question qui cherchait à combler le vide. Si je me réveillé toujours aussi matinalement ? Probablement. Je ne sais pas. Si j’avais le sommeil un peu plus perturbé ici. Je me réveillé plus souvent au milieu de la nuit et il m’arrivait de ne pas dormir. Passant mes nuits à fixer Efrain assis en face de moi. On ne parlait pas. On se regardait dans le blanc des yeux. Généralement il était stoïque, ne bougeait pas. Tout comme moi. Nous communiquions par les yeux, pour être évité que l’on surprenne si l’on venait à converser.


« Plutôt. »

D’habitude c’était elle qui manquait à l’appel quand je me levais. Elle était beaucoup plus matinale. Et même si j’avais l’air de me foutre de tout, et surtout des autres, il n’en était rien.

« Mais d’habitude c’est toi qui est debout avant. »

Je ne parlais peut-être pas beaucoup, mais j’observais. Ma vie se résumait à enregistrer les moindres faits et gestes des autres. J’y trouvais une certaine satisfaction, parce que j’apprenais à les connaître sans même avoir besoin de leurs taper la discute. Je ne connaissais pas leurs âges, parfois même pas leurs noms. Mais j’avais des yeux, c’était largement suffisant pour les distinguer. Je collais des étiquettes grossières, je caricaturais les personnages. J’écrivais ma propre histoire avec ce que j’avais pu noter de particulier sur eux.

Je vivais dans un monde, pas tout rose, mais je me plaisais dans ma bulle. Sans jugement, j’appréciais la compagnie d’autrui sans pour autant leurs démontrer par A+B que je les appréciais. Je ne suis pas très démonstrative et c’est surement là qu’il y a une couille dans ma fabrication. Je ne juge pas. Jamais, j’interprète ce que l’on veut bien me montrer.


« Si tu r’veux une clope, t’as qu’à demander. »

Hou, mais bordel qu’est ce- que je parlais ! Effrayant, pour une fois que j’avais des choses à dire. Pas très recherchées, mais quand même, j’arrivais à faire sortir des sons de ma bouche. L’appel du dialogue. Il est puissant. Tout comme le pouvoir de la cigarette. Les substances qui se mêlent au sang et qui vous soulagent d’une pression bien trop lourde. Ma vie ne me déplaisait pas, j’avais accomplie des choses, acceptée l’impossible, sans trop broncher. Fille issue de l’inceste, je vivais avec mes tocs, discutais avec quelqu’un qui n’existait qu’à mes yeux, posais pour un magasine de mode. J’avais de l’argent, mais personne avec qui le partager. Mais peu m’importait en fait. Marre de me plaindre.

Mon regard c’était perdu un court instant par la fenêtre. Je ne savais plus quoi dire. Et puis, qu’est-ce que je peux bien lui raconter. Elle parle par politesse et j’en fais de même, par la même courtoisie. On avait été bien éduqué, et pourtant on se retrouvait ici. Il y avait donc un problème pour qu'on se retrouve enfermé entre ces murs.


« T’as fait quoi pour arriver là ? »

Question pas si banale, de mon point de vue évidemment. On était coupable de crimes, et voilà notre punition. Côtoyer des gens capables des mêmes choses que nous. Nous étions entre nous, adolescents et jeunes adultes un peu détraqués. Mal formatés. Nous étions en quelques sortes les déchets d’une société individualiste. Mais contrairement à la masse qu’était la population nous n’avions pas mis les pieds dans la même tombe. Nous avions pris le chemin de la décadence, pour répondre à cette p*te de vie. Je suis vulgaire ? Un peu oui. Mais j’aime ça. C’est une façon d’évacuer comme une autre. Certains pleurent, d’autres crient, moi j’enchaine les injures, les jurons. Je les garde pour moi.

* Tu te dém*rde bien toute seule ! *

* Raison de plus pour que tu me laisse. *

* Et si je n’en ai pas envie ? *

* Je me shooterais pour que tu la ferme. *

Je n’étais pas si seule. Et même si nos conversations se résumaient à nous bouffer, qu’il me fasse pleurer, qu’il m’insulte, qu’il me méprise, j’étais contente qu’il soit là. Même si je m’en persuadais le contraire, au fond c’était lui qui m’ouvrait les yeux. Je lui devais bien ça, il n’était pas si inutile. Il était en quelque sorte ma conscience, elle prenait forme sous les traits de cet homme un peu trop bavard. Il était mon opposé et les psychologues ou psychiatres, peu importe ils étaient de la même espèce, m’auraient surement dit que c’était une double personnalité, mon moi, mes pensées refoulées qui ressurgissent. Que je me parlais à moi-même pour fuir ce qui me faisait peur. La crainte des autres, la faiblesse d’affronter ce monde. Peur de me heurter aux difficultés.

Une taffe plus tard, je portai de nouveau mes yeux vides de toute expression sur Lou. Elle me plaisait bizarrement. J’aimais son silence, son peu de conversation, et paradoxalement sa tristesse. Je suis compliquée oui, mais elle n’était pas comme les autres. On voyait qu’elle avait vécut et qu’elle ne se dissimulait pas derrière de faux sourires, et ce même si son visage ne laissait rien transparaître. Elle était intrigante, et j’étais bien curieuse de savoir ce qui avait bien pu l’amener ici.

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MessageSujet: Re: [Libre] A moment suspended in time [Libre] A moment suspended in time EmptyMar 3 Aoû 2010 - 20:20

    Le soucis de Lou n’était pas vraiment de plaire à qui que ce soit. Ca se voyait assez, de toute façon, n’est-ce-pas ? Cette manière de répondre à peine, de ne pas sourire, de ne tenter de se sociabiliser sous aucun prétexte. Pourtant, cet aspect devenait peut-être insoutenable à la jeune fille lorsque, contre toute attente, elle finissait elle-même par s’attacher. Pourquoi donc ? Simplement parce qu’elle taisait ses sentiments d’autant plus fortement dans ces cas-là, ne le révélant au grand jour que lorsque la jalousie maladive prenait place et qu’elle finissait par avoir des réaction excessives… Trop excessives même. C’était aussi pour ça qu’elle s’efforçait toujours de garder un avis neutre sur les choses, de ne pas s’embarrasser de sentiments vis à vis de personnes qui auraient pu la faire souffrir.
    En fait, on ne pouvait pas dire qu’elle était vraiment malheureuse. C’était sur que toute son apparence et sa façon d’être le laissait penser. Elle s’était juste barricadée à toutes les sensations humaines qui pouvaient lui sembler menaçantes. Elle ne voulait tout simplement se laisser porter par celles-ci. Elle s’était construit un mur interne depuis le décès de son père. Et plus les années passaient, plus elle semblait dénuée de tout.

    A vrai dire, c’était aussi pour ça qu’elle s’était laissée aller dans la débauche. Non seulement c’était son seul moyen d’encore vivre d’une certaine manière… Mais aussi parce que sa façon de se fermer à tout lui avait quasi fait perdre toute notion du bien et du mal, du bon et du mauvais. Ou peut-être qu’elle avait abandonné ces concepts préétablis qu’elle ne pouvait plus vraiment supporter. Elle n’avait pas « joué sa rebelle » par pure mode comme certains jeunes auraient pu le faire. Elle l’avait fait avec autant d’indifférence que si elle avait continué sur sa voie toute tracée, semblant toute parfaite… Elle savait très bien au fond d’elle que si aucun passé n’était parfait, aucun avenir ne le serait non plus.

    Elle n’était pas plaintive. Ce n’était pas parce que sa façon d’être faisait pitié ou agaçait les gens qu’elle le faisait exprès. Elle était ainsi, c’était tout, elle n’avait aucune envie de changer à partir du moment où elle ne demandait rien à personne. Selon elle, les gens n’avaient pas à se plaindre d’elle vu qu’elle ne leur adressait même pas la parole. Même si sa présence dans une pièce plombait l’ambiance au point d’être un fardeau, elle ne restait jamais bien longtemps au même endroit et privilégiait les lieux vides de toute présence. Elle se faisait discrète d’instinct, sans même comprendre que c’était une forme d’attention aux autres. Elle aurait nié si on lui avait fait la remarque. Mais elle n’était pas fermée au point qu’on ne puisse plus rien faire pour la sortir de cette façon d’être. Et ceci non plus, elle ne le croirait pas si on le lui disait.

    De toute façon, sans doute que Shayane ne s’en rendrait pas compte tout de suite, vu la tête qu’elle tirait actuellement. Et puis… Qu’est ce que ça aurait changé ? Absolument rien, elle ne connaissait rien de Lou, s’en foutant pas mal de découvrir quoi que ce soit. Enfin, de ce que la brune en pensait. Et il était rare qu’elle pense autrement qu’en niant l’intérêt que les autres pouvaient éprouver pour elle. Il était si rare, à vrai dire, elle suscitait plus l’ennui que l’envie de la découvrir, en général. Elle s’en contentait parfaitement et n’espérait pas changer les choses. Même si en l’occurrence, la jolie Sha’ l’intriguait tout de même un peu. Il y avait une chose différente chez elle qu’elle ne parvenait pas à saisir, ce petit truc qui la titillait malgré elle et malgré son aspect inintéressé et blasé de tout. C’était assez étrange parce que ce détail ne lui était pas encore apparu, il avait fallu qu’elles s’échangent deux-trois banalités pour que cette curiosité s’éveille. Elle n’était pas encore très forte, c’était sûre, et elle aurait pu s’éteindre si Lou avait tout simplement quitté la pièce en cet instant précis.

    La jeune fille écouta la réponse de son interlocutrice. Maintenant qu’elles… discutaient, Lou n’avait pas le choix de rester attentive aux réponses à ses questions. C’était ancré en elle depuis son enfance, sa manière d’écouter les personnes qui s’adressaient à elle. Même si elle aurait parfois préféré garder ses oreilles complètements fermées aux pollutions sonores qu’on pouvait lui infliger. Mais non… Même si elle faisait parfois semblant de ne pas entendre, elle se souvenait facilement des conversations. C’était une chose que son père lui avait apprise. Lorsqu’elle était plus jeune, elle avait pris l’habitude de réécrire les conversations qu’elle jugeait importante. Ce n’était pas un travail de tout repos que d’enregistrer chaque mot, c’était aussi pour ça qu’elle n’était pas vraiment bavarde déjà à ce moment là, trop occupée à étudier et analyser les paroles qui lui étaient dites. D’où le fait qu’elle n’ait jamais réussi à fermer son ouïe aux indésirables…
    Lou ne réagit pas lorsque Sha’ parla de l’habitude. Si elle était aussi observatrice que cela, sans doute savait-elle aussi que la jeune fille n’allait jamais se coucher très tôt non plus. C’était assez étrange, mais Lou préférait vivre le soir. C’était comme si elle respirait mieux et, on avait beau dire, il y avait moins de personne à croiser dans les couloirs dans les heures plus tardives. De plus, vu qu’elle dormait souvent quand elle en avait l’occasion dans la journée, elle n’arrivait jamais à replonger dans le sommeil lorsque le soir arrivait.

    La brune acquiesça silencieusement avec un signe de remerciement lorsque Shayane lui proposa de demander si elle voulait une autre cigarette. Pour cela, Lou serait bien capable d’ouvrir la bouche. Ce qui lui permettait de fumer ou de s’envoler était toujours les seuls choses qui la faisaient réagir. Elle avait besoin de sa dose de nicotine, et les cigarettes roulées devenaient assez pénibles à supporter. En pensant à cela, Lou se rendit compte que sa cigarette se consommait peu à peu et que la cendre tomberait bientôt. Elle regarda autour d’elle. Au moins, ce centre était bien équipé, ils savaient bien qu’une dépendance à la cigarette n’était pas une chose à régler en premier temps, si bien qu’elle vit le cendrier sur la table basse. Elle tendit le bras et d’un léger coup par son index sur sa clope, elle se débarrassa de la cendre en trop. Lou ramena directement la cigarette à ses lèvres et tira sur celle-ci en plissant les yeux, comme à l’habitude. Elle évitait toujours le regard de Shayane subtilement… Comme si il lui était insupportable de regarder une personne dans les yeux en se rendant compte qu’elle était réellement en « conversation » avec celle-ci.

    Cependant, à sa question, Lou fut prise d’une sensation étrange. Elle leva les yeux vers sa belle interlocutrice. Elle haussa faiblement les épaules soudainement, pour toute réponse. C’était qu’elle ne savait pas quoi lui répondre. Fallait-il lui parler comme à ceux qui l’avaient inscrite au centre ? A ces personnes qui attendaient simplement d’entendre les délits qu’elle avait commis. Evidemment, il y avait une nuance à prendre…

    « Pourquoi es-tu là, Lou ? Pourquoi je suis là… Parce que j’ai poussé les limites trop loin. Il n’y avait plus rien d’acceptable, je pense. Je suis là parce que je n’arrive plus à faire la part des choses, à respecter les lois parce que je ne les comprends pas. J’agis… J’agis sans faire de mal. Me droguer ? Posséder de la drogue ? Ca n’implique que moi… et ma santé. La prostitution ? Je n’ai jamais forcé personne à me payer pour coucher avec moi. Ils le savaient tous avant de le faire, non ? Je ne vois pas pourquoi c’est illégal quand ça n’apporte de douleur à personne, ça n’implique jamais que mon corps et moi. Mon seul délit c’est le vol… Mon seul délit c’est d’avoir dérobé quelque chose de trop cher pour sa valeur réelle. Pourquoi je suis là… Ce n’est pas pour toutes ces choses. Non. Si je suis là, c’est juste parce que l’avis de ma mère diffère du mien, que je l’ai détruite en me détruisant moi-même. Je l’ai ravagée plus que les années auraient pu le faire. Et ça c’est mal. Ca c’est horrible. Mais elle… Shayane… Elle n’attend sans doute pas une réponse pareille. Elle attend ce que tout le monde attend, sans doute. Mais moi… Moi je réponds ce que je veux. »

    Elle avait pensé ça alors qu’elle se levait. Ce n’était pas pour partir, non. Elle prit le cendrier et le posa en douceur sur le bord de la table près duquel Shayane s’était assise, elle le fit tellement doucement que l’objet ne fit aucun bruit en rencontrant la surface du meuble. Elle pris place sur le pouf à coté de celui de Sha et scruta ce cendrier en répondant sur un ton un peu trop neutre peut-être :

    - Je crois que c’est parce que j’ai brisé une vie.

    Elle tira d’un geste machinal sur sa clope. Elle resta une seconde silencieuse avant de reprendre, comme se corrigeant.

    - Enfin… Prostitution, drogue, vol…

    Elle s’étonnait elle-même de la fluidité qui s’installait progressivement dans ses paroles. Peu à peu, c’était comme si c’était normal qu’elles conversent. Elle prit néanmoins peur, dans un certain sens. Pourquoi ? L’idée qu’elle ne trouve plus quoi dire l’effrayait. Elle ne savait pas vraiment pourquoi… Si elles n’avaient plus rien à dire, elles cesseraient de discuter, c’était tout. Lou eut un faible frisson, refermant un peu son gilet par réflexe et reprit d’une voix un peu plus faible, voulant soudainement s’éloigner de son cas, n’aimant pas vraiment parler d’elle-même.

    - Et toi… ?

    Elle leva un regard vide vers elle, aucune curiosité malsaine, aucun sentiment à dire vrai. Sha aurait pu répondre n’importe quoi, Lou ne serait pas déçue parce qu’elle n’attendait absolument rien. Elle se surprenait tout de même elle-même, ne pouvant que constater qu’elle avait déjà moins de mal à s’exprimer, même si c’était plutôt par phrases brèves. Elle communiquait, et ignorait si c’était bien ou pas.


( ._. C'est tellement un plaisir de te répondre... )
Lucy Cantarella
Lucy Cantarella

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Une mèche de couleur sur une tignasse brune-rousse, des yeux vairons verts et ambre, un sucette ou deux à la bouche, un balafre et un air de sale gosse vandale ? Ouais, c'est Lulu.
Je ne sais plus qui je suis.
Féminin Play with friends is funny ! Bad Day

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