Voila bien quelques temps que le jeune homme marchait. C’était une de ses habitudes, pendant la journée il opérait une petite ronde englobant quasiment toute la baraque. Cela permettait à tout le monde de remarquer sa présence, ne pas imaginer qu’il perdait quiconque de vue… Une sorte de loup dans une fosse à chien (eh oui, on ne va tout de même pas parler d’une bergerie), dont les cheveux d’un noir de jais flottant jusqu’aux genoux s’agitaient d’une doux flottement… Comme portés par une brise inexistante, un vent doux et malsain l’accompagnant encore et toujours… Comme son petit sourire espiègle, légèrement méprisant lorsqu’il en avait besoin… Et très énervant, dans l’ensemble. Porteur de cette folie douce qui l’animait, et empêchait toute agression à son encontre. Même ses camarades de chambre étaient d’ailleurs soulagés qu’il ne dorme jamais dans cette pièce, lui privilégiant divers coins et recoins selon son humeur (mais par-dessus tout, la pièce luxueuse en haut de la tour).

Hors donc, Eden Evans en était arrivé au hall. Il n’y avait pas grand-chose à y faire, c’était surtout le passage le plus court pour sortit, à partir de là ou il se trouvait lorsqu’il s’était dit qu’un petit plongeon dans la piscine ne serait pas de trop. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’il dut s’arrêter devant une sorte d’épouvantail, sapé n’importe comment -ce que détestait purement et simplement l’ancien délinquant. Mais bon, il ne s’arrêtait que rarement à l’apparence (même si il le détaillait avec précision). Grand, brun -miam-, visiblement bourré ou crevé ou les deux… Ce qui lui tira ce petit sourire à mi chemin entre la moquerie et la curiosité, parfaitement énervant… Mais pas comme une insulte, ce qui le rendait pire: On se rendait parfaitement compte que c’était sa tronche habituelle. Bref, il prit la parole après un certain temps.

« Hmmm… Un peu trop vieux pour un petit nouveau… Tu t’es perdu, mon joli? »

Lorsque le surveillant avait saisi Eden par le col de cette magnifique tunique de soie qu’il avait eu un mal de chien à obtenir, les yeux du délinquants s’étaient mis à briller d’une lueur sombre, malsaine… Ce regard, tous en connaissaient la signification: L’envie de briser quelque chose. Quelque chose ou quelqu’un. Ce n’est que lorsqu’il finit son petit discourt que le corps du résident bougea. Bougea? Un mouvement fluide, digne de l’un de ces félins que l’on pouvait trouver dans la nature, livrés à leur furie sauvage et à leurs besoins meurtriers. Pendant quatre longues années, Eden Evans n’avait pas laissé exploser ce genre de sentiment, cette envie irrépressible de torturer un être jusqu’à la limite de la folie, le torturer jusqu’à ce qu’il le supplie de la tuer… Ce qu’il ne ferait que très lentement.

Le simple geste qu’il lança était sans équivoque: Le militaire l’avait saisi au col, ce qui n’avait jamais été une bonne technique lorsqu’on s’attaque à un habitué des combats de rue: Toutes les petites prises, chaque coup bas… Oui, absolument tout était permis, lorsqu’on était pas limité à un code désuet et à des lois ridicules. Son genou gauche fusa vers l’entrejambe de Vincent… Et celui-ci ne dut qu’à un réflexe salvateur d’avoir encore des chances d’obtenir une descendance, ce qui malgré tout ne devait pas être le plus important de ces soucis.

Face à lui se dresse un petit conn**d qui, loin d’avoir peur de lui ou de faire profil bas, avait échappé à ce genre de prises d’une façon sournoise… Et affichait toujours ce sourire espiègle -quoique cette fois plus teinté d’une joie… Malsaine. Malsaine? Quel mot faible. Le regard d’Eden était une forge, ou la lumière verte donnait naissance à des idées sadiques palpables dans ce hall, ou chaque bruit résonnait d’une façon alarmante, ou le jeune homme semblait accompagné d’une aura électrique… Pourtant, il ne se mit pas en garde. Eden se contentait de se tenir légèrement de côté, les bras le long dur corps… Pire, sa main gauche se glissa vers sa poche. Il reprit la parole avec un air ennuyé, presque las.

« Alors t’es le nouveau surveillant, beau brun? Ça se tient assez, on en change régulièrement… Bon, j’vais être ton premier message du coin: Si tu veux te faire une réputation, c’est bien de t’en prendre aux chefs. Mais je te conseille -respectueusement- de pas viser trop haut. Ici, t’es pas à ton avantage… Donc commence par te faire un nom, avant d’attaquer le sommet. Je suis assurément pas le plus fort ici… Mais on ne me fuis pas comme la peste pour rien. »

Sur ce, il se tourna et entreprit de se diriger vers la sortie, grande double porte bien ouverte, laissant filtrer une magnifique lumière prometteuse d’une chaleur tout juste agréable. Alerté par une sorte de sixième sens, il se retourna après seulement deux pas -pas assez pour que l’ancien militaire réagisse.

« Ah oui. Je m’appelle Eden Evans, beau brun. T’as un nom? »

[je n'ai pas pu répondre hier, j'avais un truc à faire. ]

D'accord... Première règle dans cet asile de fou : ne jamais baisser la garde quelque soit l'adversaire, c'est noté.

Alors que Vincent tenait le résident par le col, celui-ci lança brutalement son genou en direction de ses bijoux de famille... Il eut cependant le temps de voir venir l'assaut suite à la modification de la pose du jeune homme, qui prit soudainement une posture plus agressive.
Le militaire fit un léger bond en arrière et envoya la tranche de sa main droite directement vers le cou du garçon aux yeux d'émeraude, par simple réflexe de combattant, mais s'arrêta net à quelques millimètres seulement de sa gorge. L'attaque était si précise et si puissante qu'elle aurait pu lui briser littéralement la nuque...

Heureusement, Vincent gardait le contrôle et savait parfaitement évaluer la distance et la vitesse de ses coups. Il se vit néanmoins forcé d'admettre que cet étrange individu l'avait surpris, et qu'il avait bien failli y laisser des plumes. Encore plus impressionant, le garçon semblait presque savoir qu'il n'allait pas se prendre le coup et laissa carrément tomber sa position de combat au corps à corps. Il fourra lentement une main dans sa poche, et Vincent l'observa attentivement lorsqu'il prit la parole, intrigué...

"Alors t’es le nouveau surveillant, beau brun? Ça se tient assez, on en change régulièrement… Bon, j’vais être ton premier message du coin: Si tu veux te faire une réputation, c’est bien de t’en prendre aux chefs. Mais je te conseille -respectueusement- de pas viser trop haut. Ici, t’es pas à ton avantage… Donc commence par te faire un nom, avant d’attaquer le sommet. Je suis assurément pas le plus fort ici… Mais on ne me fuit pas comme la peste pour rien."

Une sorte de tuyau ? Ou plutôt de conseil... Dans tous les cas cela lui permettait d'analyser cette situation nouvelle de façon plus efficace. Ce genre de discours, c'est celui qu'on donne à un nouveau gardien dans une prison haute sécurité, et non dans un établissement pour adolescents perturbés.

Toujours impassible, Vincent écoutait sans manifester une quelconque forme de contestation, et ne semblait pas éprouver de rancune envers une personne qui, quelques instants plus tôt, aurait très bien pu lui exploser les seules choses qu'il avait encore en bon état...

Quand il eut terminé, l'homme aux allures de fauve fit volte-face et se dirigea vers la sortie d'un pas monchalant. Bien évidemment, Vincent resta sur ses gardes et le surveillait dans la totalité de ses déplacements.
D'un coup, il se tourna à nouveau vers le surveillant et se présenta, en lui demandant son nom par la même occasion. Eden Evans ? C'est noté ça aussi...

"D'accord Eden, j'avoue que t'es pas une branleuse... Mais il en faudra surement beaucoup plus pour me foutre les boules. J'me suis déjà tapé les terroristes, j'en ferai qu'une bouchée des petites saloperies qui tenteront de me faire dérailler.
Vous avez eu beaucoup de surveillants ? C'est parce qu'ils ont dû péter un câble au bout de trois jours... Mais moi, je suis suffisement cramé pour résister aux flammes de l'enfer, c'est pas 3 junkies schyzophrènes qui vont m'effrayer."

Vincent marqua un temps d'arrêt, puis il reprit sans même hausser le ton :

"Et mon nom, c'est Vincent. Vincent Haggard."

[No problem.]

La réponse de cet espèce d’ancien militaire l’intriguait. Pas vraiment dans un sens « mauvais » hein, cependant il y avait du bon dans cette nouvelle personnalité qui ne manquerait pas de mouvementer les chose. Malgré ça… Vincent ne semblait pas vraiment comprendre dans quel genre d’endroit il était tombé ; cette lacune pouvait, à défaut de lui être fatale, finir par devenir gênante pour sa santé… Et pas que sa santé physique. Avec un sourire résigné, et bien que sans se rapprocher, il dut reconnaitre ça à ce petit nouveau: Il n’avait pas l’air d’un gars qu’on fait flancher facilement. Ainsi, on en était rendu à embaucher des mecs pareils?

« Tu as répondu à ma question, c’est une politesse rare… Bon, pour t’expliquer plus en détails il n’y a pas que « trois junkies Schizophrènes », ici. Je fais partie des rares dangereux qui ont pas d’alliés, mais tu pourras trouver plusieurs groupes d’une dizaine de petits malins qui t’enculeront dans les douches. Et je suis poli quand à ce qu’ils font subir de temps à autres aux gens qui ont la langue un peu trop bien pendue. »

A cette évocation, Eden ne put retenir un élan de nostalgie… Oui, lui-même s’était amusé à infliger de mauvais traitements de temps à autres… Quoiqu’ils n’aient rien eu à voir avec des langues trop bien pendues. Une fois, pris d’une fantaisie quelconque, il avait attaché un mec à son lit, et l’avait épilé au sparadrap… A tous les endroits ou il avait du poil. C’avait été très amusant. Enfin bon, les meilleures choses avaient une fin et il s’était taché… Puis il reposa un regard plus intéressé sur le corps de Vincent.

« Si t’es hétéro commande du viagra ou du répulsif, tu vas avoir des admiratrices… On a aussi notre lot de nymphomanes. »

"Oh, ici tout le monde a du répondant Vincent… Mais tu comprendras vite qu’il y a aussi beaucoup de… Euh… Disons faiblards, qui n’oseront pas te dire ce qui leur passe par la tête. D’ailleurs, si t’as des doutes hésite pas… Ca serait amusant de voir les réactions de mes petits camarades me voyant parler de temps en temps à un mouchard…"

Nulle insulte la dedans, simple remarque de résident. Il ne quittait pas son interlocuteur des yeux, quoique son regard fut un peu plus… Calme, disons plutôt moins farouche. Enfin bref, il semblait donc qu’Eden fut enfin plus enclin à une discussion sans risque de se faire sauter dessus, calme bien évidemment obtenu grâce au calme affiché par le militaire. Bref, il était aussi temps de prendre une autre note intéressante… Disons pour l’avenir.

"Dis… T’es au courant qu’on a aussi des suicidaires, hein? Ils sont un peu à l’écart pour pas se faire traumatiser par les délinquants… Ca risque de t’ennuyer un peu, mais faudra que tu aides à les protéger un minimum. Surtout les filles, j’ai beau être galant j’ai un peu de mal à faire ce genre de boulot."

Puis quelque chose lui revint en mémoire, quelque chose qui lui arracha un rire frais et direct, dénué de toute forme de moquerie. Le genre de rire qu’on entend et voit en disant « bizarre, il lui arrive quoi? ». Bref, même si il s’éteignit assez vite, il avait eu le temps de rendre Vincent perplexe. Il leva la main pour couper à toute question, se contentant d’un large sourire.

"Tu dois penser que je fais le boulot de tes employeurs, à te dire s’que tu dois faire… Mais tu vas vite remarquer que si j’le fais pas, tu sauras pas grand-chose de tes attributions dans le coin. Ils se foutent de tes méthodes, c’est à ton avantage… Si on veut."

[Bon c'était plus fourni avant, mais c'est déjà ça...]

"Oh, ici tout le monde a du répondant Vincent… Mais tu comprendras vite qu’il y a aussi beaucoup de… Euh… Disons faiblards, qui n’oseront pas te dire ce qui leur passe par la tête. D’ailleurs, si t’as des doutes hésite pas… Ca serait amusant de voir les réactions de mes petits camarades me voyant parler de temps en temps à un mouchard…"

Très légère provocation en fin de phrase, malgré la relative incapacité de Vincent à bien se contrôler, il était tout de même en mesure de faire abstraction de ce genre de chose... Eden venait de parler de mouchard ? En effet il risquait gros à trainer avec un chien de la dirlo', les résidents risquaient bien de ne pas apprécier, et ils étaient des résidents tarés, qui plus est...

Eden avait dit qu'il était l'une des rares personne à ne pas avoir d'alliés tout en conservant une certaine réputation de personne qu'il vaut mieux éviter. Mais un homme, aussi violent soit-il, restait toujours un homme... Un type face à vingt mecs, ça la fout quand même assez mal.

D'ailleurs, pourquoi Eden était-il arrivé ici ? Le scénario de base, peut être... Drogues, embrouilles, bastons, accidents et paf, aller simple pour Teenager's Institute et en avant la musique ! Qu'est ce qu'on va se fendre la poire, mes petits potes.

"Dis… T’es au courant qu’on a aussi des suicidaires, hein? Ils sont un peu à l’écart pour pas se faire traumatiser par les délinquants… Ca risque de t’ennuyer un peu, mais faudra que tu aides à les protéger un minimum. Surtout les filles, j’ai beau être galant j’ai un peu de mal à faire ce genre de boulot."

Des suicidaires ? Il y avait déjà songé sans vraiment se poser de questions à ce sujet... En réalité il ne savait pas grand-chose de ce genre de personne et à vrai dire, il s'en foutait royalement. Mais si il était payé pour ça, Vincent allait bien être forcé d'y faire un tant soit peu attention... Les cas instables étaient aussi sous sa protection, mais est-ce possible de protéger quelqu'un contre lui-même ? Au final, ce n'étaient probablement pas eux qui poseraient le plus de problèmes.

"Tu sais moi... Tant qu'on m'oblige pas à torcher les mômes qui font des cauchemars..."

Mais après tout, c'était s'occuper des types qui voulaient se buter ici ou alors crever de froid sur un trottoir, quelle option tu choisis mon vieux Vincent ? Peut être que le suicide aurait été... NON ! Il réprima violemment les paroles de cet insecte crasseux qui se tortillait dans sa tête, cette crevure de rampant qui ne voulait pas partir et le laisser tranquille...

Vincent n'était pas comme ça, il n'était pas comme ces mecs à qui on fait prendre des comprimés pour éviter qu'ils fassent des conneries... Il se refusait catégoriquement à croire cela. (Croire ? Ou admettre ?) Il reprit à nouveau le contrôle de ses pensées et l'insecte finit par rentrer dans son trou, pour le moment...

Subitement, Eden éclata d'un rire assez étrange, fluide et clair, qui s'en alla comme il était venu... Bien qu'il n'ait pas été vraiment troublé par ce que le jeune homme venait de faire, il se dit qu'il valait mieux lui demander si tout allait bien. Mais il coupa Vincent dans son élan d'un geste de main, et il ne chercha pas à aller plus loin. Après tout, il s'en foutait un peu...

"Tu dois penser que je fais le boulot de tes employeurs, à te dire s’que tu dois faire… Mais tu vas vite remarquer que si j’le fais pas, tu sauras pas grand-chose de tes attributions dans le coin. Ils se foutent de tes méthodes, c’est à ton avantage… Si on veut."

Cette absence de consigne était donc voulue ? On lui donnait donc le pouvoir, et la liberté d'action, deux atouts de choix... Vincent saurait s'en servir au maximum, et peut être même qu'il en abuserait un peu.

"En gros j'ai le droit de faire ce que je veux pour faire régner l'ordre, tant que je tue pas les résidents ? Ca va me plaire cette histoire..."

"Tant qu'on ne m'oblige pas à torcher des mômes", hein? Il n'était pas si loin de la vérité… De sa propre expérience, il savait que certains étaient de vrais assistés, qui seraient mieux en asile qu'ici. Bref, Vincent allait avoir de cruelles désillusions au cours du temps qu'il passerait au Teenagers Institute, ce qui devrait être une période dans laquelle Eden pourrait enfin lâcher du lest envers sa sauvagerie naturelle… Car s'il n'était pas tout à fait cinglé, l'ancien délinquant était assurément passé dans la catégorie des psychopathes réprouvés. Enfin bref…

En revanche, la dernière phrase prononcée par le nouveau surveillant le laissa perplexe. "Ce qu'il voulait tant qu'il ne les tuait pas"? Avec un large sourire, Eden repensa à ce qu'il avait fait pour qu'un des siens soit viré méchamment (pour se retrouver en taule), Et réalisa enfin que cet ancien militaire ne serait pas aussi conciliant avec tous les autres qu'il l'était avec lui. Le moment idéal d'y mettre le ola, ce que ne feraient pas les dirigeants. Mais que se passait-il dans la tête d'Eden? Apprécier un homme pareil… Enfin bon, tant pis.

"Je n'irai pas jusque là. Il n'y a pas beaucoup de règles, mais ça veut pas dire qu'il n'y en a pas. Par exemple, si tu venais à trop marquer un résident, comme tu es adulte tu pourrais finir au pénitencier… Enfin bon, tu trouveras toi-même un moyen de les mettre au pas sans les écorcher vifs… "

Cela étant, il pensait avoir plus ou moins tout dit concernant le lieu dans lequel ils se trouvaient tous deux. En revanche, une autre idée vint titiller son esprit atteint d'une folie douce parfaitement délicieuse: Vincent était-il normal? Ses méthodes semblaient plutôt expéditives, et il risquait de traumatiser les psychologues du lieu (ce qu'il valait mieux éviter, même si il n'avaient pas grand pouvoir).

"Ah, très juste… Evite de trop faire de grabuge tant que les psy peuvent te voir… La vraie surveillance, du moins celle qui remettra jamais au pas nos camarades, c'est eux qui la font. Si t'es chopé à faire nettoyer un couloir avec sa langue un gamin qui t'a regardé de travers, c'est eux qui appelleront les flics."

[J'étais trop fatigué pour RP hier. <.< ]

"Je n'irai pas jusque là. Il n'y a pas beaucoup de règles, mais ça veut pas dire qu'il n'y en a pas. Par exemple, si tu venais à trop marquer un résident, comme tu es adulte tu pourrais finir au pénitencier… Enfin bon, tu trouveras toi-même un moyen de les mettre au pas sans les écorcher vifs… "

Quel dommage, les expériences traumatisantes auraient peut être été une bonne façon de s'occuper des résidents problématiques... Mais évidemment, ces abrutis voulaient faire les choses à leur manière alors qu'on pouvait les effectuer bien plus rapidement, et plus efficacement.

Mais Vincent n'avait pas spécialement envie de se retrouver en prison, il aurait déjà pu y faire une petite visite un certain nombre de fois et ne souhaitait pas faire partie du club, dont il connaissait un peu trop bien les membres en France... De toute façon il pouvait toujours faire ce qu'il désirait si il restait à l'abri des regards. Il voulait à tout prix mettre en oeuvre ses petites expérimentations personnelles sans en comprendre la raison. Pourquoi ? Une pulsion, ni plus ni moins... Vincent, un pédagogue de génie ? Il était assez légitime d'en douter...

"Ah, très juste… Evite de trop faire de grabuge tant que les psy peuvent te voir… La vraie surveillance, du moins celle qui remettra jamais au pas nos camarades, c'est eux qui la font. Si t'es chopé à faire nettoyer un couloir avec sa langue un gamin qui t'a regardé de travers, c'est eux qui appelleront les flics."

Saletés de psychiatres ! Qu'ils retournent filer leur dope aux malades mentaux et qu'ils laissent Vincent s'occuper de son boulot ! La solution, dans ce genre de situation, pourrait être d'effrayer ces types au point que la simple idée de contredire Vincent leur fasse faire dans leur froc... Mais après tout ils vivaient dans cet univers de dingue depuis plus longtemps que le militaire, il y avait de fortes chances pour qu'ils soient aussi solides que lui, voir plus...

Le resumé était fait, Eden lui avait livré toutes les informations nécessaires à sa survie et au bon déroulement des opérations, Vincent était en mesure de se débrouiller dans la fosse aux lions... Mais cela n'allait pas être une partie de plaisir. Il devrait se méfier de ses ennemis, et encore plus de ses alliés... Pouvait-il compter sur quelqu'un ? Le simple fait d'offrir sa confiance à cet homme avec qui il échangeait des mots depuis un bon moment déjà était possiblement un acte qu'il regretterait par la suite.

Depuis le début de la discussion, ni l'un ni l'autre n'avait véritablement livré d'information sur lui-même... Vincent comptait faire une tentative pour en apprendre un peu plus sur Eden. Il ne pensait pas que l'étrange garçon puisse s'être retrouvé ici pour avoir volé le sac d'une vieille femme... Alors pourquoi ? Vincent lui lança un petit regard interessé, et finit par lui poser la question.

"T'as fait quoi pour te retrouver là ?"

Une question assez troublante, de la part de quelqu'un qui pouvait avoir accès à toutes les informations dont il avait besoin sur les petits pensionnaires… Ah, il avait oublié que Vincent venait d'arriver… Il poussa n soupir intérieur, sachant qu'il allait probablement se jeter la tête la première dans une situation gênante. A sa manière, l'ancien militaire faisait partie des forces de l'ordre, et il n'était peut être pas conseillé de lui révéler tout cela. Cependant, il valait peut être mieux jouer cartes sur tables? Comme toujours… Enfin, il reprit bien vite son sourire, qui avait laissé place quelques instants à un rictus de réflexion.

" Hem… Bon essaie de pas t'énerver… J'ai commis quelques petits vols à main armées avec mon gang -Au début, puis j'ai tabassé quelques personnes un peu trop… Enfin bon, des choses comme ca. Le chef de bande basique, en gros. Mais en fait si j'ai gagné un aller simple pour cet endroit, c'est parcequ'ils n'ont jamais pu prouver que j'avais été complice d'un meurtre de policier, et de quelques euh… Ils appellent ca "actes de barbarie"… J'ai torturé deux trois mecs, quoi. Rien de bien important…"

Le pire, dans tout cela était probablement qu'il n'ait à aucun moment perdu son petit sourire amusé, ni même opposé la moindre réticence à tout dire… Sur un ton désinvolte, comme si il racontait un vieux souvenir en fait. Il observait calmement Vincent, attendant sa réaction… Et il espérait honnêtement ne pas avoir à le combattre, son physique exprimant clairement qu'il faisait partie de ces personnes capables de lui tenir tête ou de le battre purement et simplement. Et par ailleurs, il se souvenait également qu'il ne désirait pas avoir à s'occuper de lui. Donc, une réaction pacifique l'arrangerait. Il attendait.

"Eh mec, j'vais pas m'exciter pour ça, et puis je suis pas là pour te faire la morale et t'expliquer la notion de bien et de mal, tout d'abord t'es trop grand pour ça et ensuite je crois bien que t'en as vu autant que moi, sinon plus... Parfois on a besoin de faire certaines choses... Des trucs qu'on ferait pas en temps normal..."

Qu'on ne ferait pas en temps normal, hein… Sauf que ces choses avaient fait le quotidien d'Eden pendant bien longtemps, et qu'aujourd'hui encore il ne reculait pas devant l'idée d'être "diabolique", comme disaient ses petits camarades (la seule différence étant qu'il ne se salissait plus les mains, du moins plus sans une bonne raison). Par ailleurs, comme Vincent lui plaisait, il évita simplement d'aborder ce sujet trop en profondeur. D'autant que son visage ne trahirait de toute façon aucune trace d'un remord qu'il n'éprouverait pas. Cela étant…

"Euuuh… Plus que toi, ca m'étonnerait quand même un peu. J'ai pas pass... Mince, en fait si. Bref, non désolé mais je ne vois personne que tu devrais éviter… Ils sont à peu près tous aussi dangereux -je parle des chefs, donc t'as juste à être prudent quand tu en attaques un. Mais a partir du moment ou tu l'as explo... Rah, disons mis au pas, normalement les autres ne réagiront pas. Si j'entend parler d'une alliance, j'te préviendrai va… Ca sera plus marrant."

Voila, il devait à peu près avoir tout dit… Quoique, il se souvint d'un détail qui était assez insignifiant pour qu'il aie quasiment pu l'oublier.

"Au fait, ca ne te dérange pas que j'aie été impliqué dans la mort d'un flic? Enfin je sais pas, techniquement vous êtes tous les deux des mecs officiels, qui défendent la veuve et l'orphelin…"

Vincent s'étira, fatigué par ce long voyage qu'il venait de faire, il aurait largement préferé être sur son canapé, une bouteille de bière à la main, en train de regarder des émissions stupides sur son écran de télévision minuscule dont la qualité laissait à désirer... Chez lui, ce n'était pas terrible, mais c'était tout de même mieux qu'ici. Il avait besoin de fric, il le savait pertinemment mais quelque chose, quelque chose sur lequel il n'arrivait pas à mettre le doigt lui disait qu'il avait plutôt interêt à plier bagage. Une petite voix agaçante qu'il ne pouvait pas faire taire par sa simple volonté. (décidement, le nombre de chieurs qu'il pouvait y avoir dans sa pauvre tête...)

"Euuuh… Plus que toi, ca m'étonnerait quand même un peu. J'ai pas pass... Mince, en fait si. Bref, non désolé mais je ne vois personne que tu devrais éviter… Ils sont à peu près tous aussi dangereux -je parle des chefs, donc t'as juste à être prudent quand tu en attaques un. Mais a partir du moment ou tu l'as explo... Rah, disons mis au pas, normalement les autres ne réagiront pas. Si j'entends parler d'une alliance, j'te préviendrai va… Ca sera plus marrant."

Ca, Eden lui avait déjà dit après avoir tenté de lui pulvériser les parties génitales, mais cette nouvelle information était à prendre en compte : Ils étaient tous aussi fêlés les uns que les autres, une bande de prédateur, une sale nuée de rapaces... Mais qui étaient les proies ? Les suicidaire peut être, à moins que ce ne soit lui...

Eden, bien qu'il n'ait pas l'air très stable lui non plus, avait au moins le mérite de ressembler à un type réglo. Si il lui disait qu'il allait l'aider en cas de problèmes, Vincent lui ferait confiance. Il sentait que ce type n'était pas en train de le mener en bateau, et qu'il pouvait être pris au sérieux.

"Au fait, ca ne te dérange pas que j'aie été impliqué dans la mort d'un flic? Enfin je sais pas, techniquement vous êtes tous les deux des mecs officiels, qui défendent la veuve et l'orphelin…"

A l'instant même où l'homme aux yeux verts s'arrêta de parler, Vincent prit la parole d'un ton poé, pas un mot plus haut que l'autre, les yeux dans le vague...

"Les flics, j'en ai rien à foutre. T'aurais pu m'annoncer que t'avais explosé la tronche d'un soldat avec un 9 millimètre, ça m'aurait fait ni chaud ni froid. Je vois pas un type comme un frère si je l'ai jamais vu en vrai, que ce soit un flic ou un dealer, ou quoi que ce soit d'autre."

Si Eden lui avait dit cela un an plus tôt, la moutarde lui serait monté au nez et il aurait collé son poing dans la tronche sans aucune hésitation. L'idée qu'on ait massacré un type qui veut défendre des citoyens lui aurait bien donné l'envie de cogner, un type qui veut juste défendre son pays... Mais tout avait changé, et Vincent avec. Il posa néanmoins une petite question, par simple curiosité.

"Il t'avait fait quoi pour que tu le butes ?"

Ici, c'etait un peu comme une prison après tout, ils pouvaient bien parler ce genre de chose en paix, non ?

Souriant paisiblement, le jeune Eden jubilait. Pas vraiment que la conversation soit très riche, elle était même assez pauvre d'ailleurs… Simplement l'idée de parler de ses antécédents à une personne sensée veiller à ce qu'il ne fasse pas de bêtises lui semblait être une chose assez simplette, pour ne pas dire carrément louche. Bref, sa main droite passa sur son visage, descendit vers une mèche de cheveux, l'entortillant autour de son index tandis que Vincent reprenait la parole.

"Les flics, j'en ai rien à foutre. T'aurais pu m'annoncer que t'avais explosé la tronche d'un soldat avec un 9 millimètre, ça m'aurait fait ni chaud ni froid. Je vois pas un type comme un frère si je l'ai jamais vu en vrai, que ce soit un flic ou un dealer, ou quoi que ce soit d'autre."

Rien avoir à foutre des flics, hein… Quelque chose d'assez louche pour un ex militaire, même si dans un sens ca pouvait se comprendre. Quoique considérer qu'un dealer et un flic soient égaux l'étonnait un peu, en y réfléchissant bien. Les flics, on ne peut pas faire de commerce avec… Enfin sauf si on cherche à avoir des pains ou du papier. Cela étant, il reprit la parole à son tour avec un air légèrement amusé -mais complètement attentif, au moins.

"C'est une vision assez spéciale des choses… Enfin bon, 'faut de toute pour faire un monde. Même si ca devient un monde pourri."

Ah, et voila la question fatidique… Eden ne pouvait pas dire qu'il ne s'en doutait pas, cependant il avait osé espérer que le nouveau surveillant l'oublierait. Bah, après tout… Il n'était plus à ca près.

"A moi, rien. Mais j'ai fait la bêtise de laisser mes petits choux en tabasser un qui nous avait manqué de respect, et l'un d'eux a dérapé. Le temps de faire disparaitre les preuves, étant le seul chef de gang du coin j'ai été directement suspecté. Mais chui assez doué, donc comme il ne restait aucune trace je reste un simple suspect. Comme pour la fois ou j'ai fait un exemple en torturant un mec avant de l'accrocher sur la porte de sa baraque."

Et voila, encore gagné… Quelques souvenirs, et son sourire carnassier refaisait surface tandis que sa même s'enroulait de plus en plus autour de son doigt.

"Tu l'as échappé belle en fait... Quoi que la prison, c'est peut être pas pire qu'ici. En fait, c'est peut être un copié/collé d'un pénitencier ce bordel, hein ?"

Que voila une étrange phrase... Non, cet endroit n'avait pas grand chose d'une prison, simplement quelques règles et une interdiction de sortir -a moins d'aimer les châtiments physiques. C'était une vieille école, bien ancrée dans des moyens plus que dissuasifs pour ne pas faire oublier aux petits malins qu'ils étaient la pour moins faire les malins qu'au dehors. D'ailleurs, d'après ce qu'il voyait Vincent serait un atout de plus pour renforcer cette idée, ce dont il ne se plaignait pas: Il avait, comme dit précédemment, toujours été doué pour ne laisser aucune trace de ses agissements ; que pourrait faire le surveillant ou quiconque d'autre alors que rien ni personne ne saurait donner une quelconque preuve de sa culpabilité? Bref, c'était pour lui un terrain de jeu avec quelques restrictions mineures. Mais dans la mesure ou il n'était pas un meurtrier, en fin de compte que pouvait-il bien risquer? Bref, lorsqu'il vit le mouvement d'épaule de son interlocuteur Eden se permit enfin de faire lui aussi quelques mouvement d'assouplissement, faisant résonner dans le hall de nombreux bruits secs venant de ses épaules, de sa nuque et de son dos. Comme un tronc qui se casse, ou un os peut être?

"Nan, ici ya pas vraiment de cellules, sauf pour les personnes vraiment dangereuses... J'ai la vague impression qu'on devrait ptètre t'y enfermer, d'ailleurs."

Un petit sourire naissait sur son visage parfait, rendant son regard pétillant d'intelligence encore plus pénétrant, collant à cette tête un tableau de prédateur se repaissant de la peur instillée à sa proie acculée, faisant face à la mort en tremblant de peur. Sauf que Vincent n'était rien de tout ça, donc on pourrait en conclure -avec raison- qu'Eden avait laissé échapper cet air sadique par pur réflexe. La preuve, il reprit bien vite un rictus d'amusement beaucoup moins impressionnant.

"Bien sur, que je pense que t'es taré mon vieux… Tout le monde l'est ici, même ces abrutis de psychologues. D'ailleurs, maintenant que j'y pense… Bwarf, rien en fait. Ça te fera une surprise de taille quand tu en croisera deux ou trois… Mais garde toujours quelques préservatifs sur toi."

Il aurait pu partir d'un rire amusé, si le sujet n'était pas aussi sérieux. Enfin d'un côté hein, rien à voir avec un quelconque danger, simplement Vincent risquerait d'y laisser sa vertu, et il vaudrait mieux pour lui que ca soit avec une certaine protection, car on ne sait jamais ce qui peut trainer dans le coin. D'ailleurs, à moins d'être prêtre, il fallait quand même reconnaitre qu'il tomberait tôt ou tard dans les griffes d'une de ces nymphomanes rendues dingue par une quelconque marque de virilité, ce qui chez Eden n'était pas tellement poussé (il n'était pas vraiment poilu).

D'ailleurs… Non, en fait il n'avait rien de plus à dire à cet homme qu'il venait de rencontrer. Au final, il avait disons… Epuisé ses mises en garde, et c'est en regardant l'heure que son visage prit enfin une expression de surprise, puis de résignation. On aurait pu entendre un "Et merde", s l'on était assez près pour cela, tout en voyant son bras gauche remontrer pour qu'il se gratte l'arrière du crâne.

"Bon, j'avais oublié un rendez-vous important… Le genre de rendez-vous qu'on évite de manquer quand on est un gentleman comme moi. J'vais donc te laisser prendre connaissance des lieux, A plus mon vieux."

Il n'attendit en fait pas de réponse, avant de tourner les talons et s'enfuir vers la gauche (s'enfuir en marchant d'un pas gracieux et loin d'être rapide?), pour passer par une porte menant à un escalier qui le conduirait à une certaine salle ou l'on lavais les vêtements, bien que le linge salle qu'il avait à y trouver ne fut pas aussi désagréable que cela.



[Bon, là je prend un peu les devants… J'espère que rien ne te dérange, si c'est le cas n'hésite pas à me le dire, je corrigerai en conséquence ^-^]