*C'est ta faute...
Non...*

Une jeune fille déambulait - âme perdue – sous la voûte céleste. Ses beaux yeux semblaient se préparer à laisser s'échapper quelques larmes salées.
Lunami aurait voulu pleurer.
Elle aurait voulu savoir comment pleurer.
Elle ferma les yeux. Fort. Tentant de juguler cette voix. La voix. Celle qui se plaisait à virevolter dans sa tête, à lui susurrer d'acides paroles et à la rendre complètement folle.
Elle ne la supportait plus. Ne l'avait jamais supporté.

*Je ne suis pas folle...
-Oh si, tu l'es!
-Non, non. C'est toi.
-Exact. Mais qui suis-je? Je suis toi. C'est toi, Luna...*

Elle était dans l'observatoire. Ignorant l'itinéraire qu'elle avait emprunté pour en arriver là. Elle se savait enfermée. Les gens la croyait folle. Elle s'était enfuie au cœur de l'institut, cherchant un endroit calme où elle ne croiserait le regard accusateur de quiconque. Elle voulait retrouver le regard doux et aimant de son père. En la quittant, devant cet établissement, elle n'y avait lu qu'une insondable tristesse. Une terrible tristesse. Et un profond désespoir.
Un désespoir qui faisait écho à celui se reflétant dans les iris sombres de Lunami. Elle ne savait plus quoi faire. Si tant est qu'elle pouvait faire quelque chose...
Tout. Elle avait tout perdu. Sa mère d'abord. Ses amis. Son père...(La raison...)
Ses yeux rencontrèrent la myriade d'étoiles qui constellait le ciel, déjà sombre à cette heure qui marquait le début de la soirée. Un petit sourire triste éclaira d'une faible lueur le visage de la jeune fille. Les étoiles. Ces tendres éclats scintillants. Cela l'apaisa quelque peu.

*Ne pensais-tu pas, auparavant, que les étoiles étaient les âmes des morts?
-Va-t-en.
-Ta mère est morte, Luna. Elle est là-haut est tout ça est entièrement ta faute...*

Elle eut un spasme et détourna le regard.
Elle ne se sentait plus de forces. Ces conflits internes la laissait exténuée, morte de fatigue et d'anxiété. Elle s'allongea – se laissa choir au sol – et il lui sembla que le contact lisse et et frais de ce dernier contrastait étrangement avec le feu qui pulsait en elle. Non pas un feu chaleureux, oh que non, un brasier de douleurs continues, de souffrances non cicatrisées. Elle se sentait mal. Atrocement mal. Elle se roula en boule.
Elle toucha sa sacoche, qui contenait son appareil photo polaroid et son calepin. Qu'elle ne quittait jamais. Ils étaient indispensables. C'était par eux qu'elle expiait sa folie, et qu'elle s'exprimait puisqu'elle ne parlait plus, ou extrêmement peu. Elle les laissa à leur place. Sa main vint caresser nerveusement son poignet, où serpentait une fine cicatrice. Elle avait les yeux grands ouverts, mais elle ne regardait rien. Ne voyait rien. Ils étaient vides, mis à part cette lueur de folie et de peur au fond de ses prunelles.
Doucement, elle se mit à chanter. Si elle parlait peu, elle chantait avec ravissement lorsqu'elle était seule. Enfin, auparavant, elle chantait pour Ryan mais...

*Mais tu as failli le tuer.
-C'est ta faute!
-Tu n'as toujours pas compris...*

Elle chantait, mais ce chant ne contenait pas de paroles, ou du moins des paroles compréhensibles. Il s'agissait là de son propre langage. Son chant décrut peu à peu, comme si on tournait le bouton « volume » de la chaîne hi-fi.
Elle se leva. Aussi doucement et naturellement que le chant lui était venu, elle se mit à danser. Sans musique, mais c'était quelque chose à voir. Quand elle dansait, elle exprimait par-dessus tout ses émotions torturées, mais elle était belle. Sa danse étaient ses larmes.
Une fois épuisée de tourbillonner dans l'observatoire, elle se rallongea. Sur le dos, les paumes tournées vers le ciel, les yeux ouverts. Elle resta ainsi, prostrée, les yeux dans une chose qu'elle adorait plus que beaucoup de choses: les étoiles.


[Je reprends le Rp après une looongue absence due à des problèmes personnels et un gros manque de motivation allié à un manque d'inspiration. un peu d'indulgence :3]

Un visage assombrit soudain son champ de vision. Oups. Avant qu'elle ait pu réagir, elle sentit sa sacoche lui être arrachée. Ah non, ça n'allait pas être possible. Sous le coup de la surprise, elle resta immobile, jusqu'à qu'il revienne lui donner un coup.

"Allez hop, on bouge et on dégage. m*rde tu va t'rend' malade à dormir dehors."

Mais oui, bien sûr. C'est parce qu'il s'inquiétait pour sa santé qu'il tenait tant à la virer. Lunami se redressa agilement, et dénota très nettement la colère qui transparaissait dans le regard de l'inconnu. Ou plutôt... de l'inconnue. Une fille? Si on ne possédait pas la faculté d'observation de Lunami,on pourrait s'y méprendre. Elle ressemblait vraiment à un individu de sexe masculin. Lunami en vint à se demander pourquoi? Était-ce volontaire? Parce qu'elle était drôlement douée! Mais si elle voulait passer pour un garçon, c'était sans compter avec Lunami. Elle qui savait si bien décoder le corps et son langage. La jeune fille en face d'elle n'était pas totalement homme. (Qui était totalement d'un sexe ou de l'autre? Question philosophique que Lunami rangea dans un coin de sa mémoire et se promit d'étudier plus tard, pour le moment elle se trouvait en mauvaise posture)
Ses grands yeux à présent curieux parcoururent « l'autre ».

"Bouge-toi la p'tite sirène : tu chant'ras dans ta baignoire tu veux ?"

Cette fois, les ton était plus menaçant. Elle ne comprenait pas cette agressivité. Il -elle? - voulait être seul? Il suffisait de demander. Mais notre jeune fille n'avait pas vraiment peur, elle savait qu'il s'agissait juste de l'impressionner. Pour preuve, il sortit une sucette. Pas vraiment terrifiant, ça.
Elle s'en reçut une sur la tête. La regarda avec curiosité. Il voulait la faire partir en lui offrant une sucette?
Elle se leva, la sucette entre les doigts. La jeune fille - qui ressemblait fort à un homme – ne prenait plus garde à elle, et elle le – la? - vit sortir tout un attirail de peinture. Ah, tout d'un coup, Lunami dut vivement intéressée. Voulait-elle peindre le ciel étoilé?
S'approchant, Lunami aperçut sa sacoche, posée plus loin par « l'autre » et alla la chercher, toute gracieuse. Se rapprocha encore de « l'autre ». Les tubes, les couleurs, la toile, elle adorait... Elle tendit la sucette à la jeune personne. Elle n'en voulait pas, pas plus adeptes des sucreries que ça.
Puis, elle sortit de sa boîte à clichés celui qu'elle avait pris du ciel à son arrivée dans l'observatoire. Et le désigna à « l'autre ». Toute timide. Et vraiment curieuse.

Cette personne sembla très surprise de revoir la sucette. Il lui lança un regard bizarre. Heureusement pour Lunami, cela ne dura. Elle supportait très mal les regards bizarres dans ce genre. Ceux qui disaient « Tu es folle ma parole! ». Non, elle n'était pas folle. En tous cas, pas pendant ces crises. Car, une fois qu'elle qu'elle perdait vraiment la raison, oui, là, elle était folle. Mais sinon, à part une voix dans sa tête, ce qui déjà est plutôt tordu, elle était...une jeune fille qui a peur des autres, très peu confiance en elle et...muette, également. Elle parlait déjà assez comme ça dans sa tête. Peut-être qu'elle était folle, tout compte fait.

Une fois le verdict sur sa photo rendu, le jeune homme – ou bien la jeune femme, elle ignorait comment la (le?) considérer – se replongea dans sa toile. Lunami rangea précautionneusement sa photo et, discrète, s'approcha encore. La peinture était, comme beaucoup d'arts, un domaine qu'elle adorait. Elle pratiquait peu, préférant dessiner, n'ayant pas la patience pour peindre une vraie toile. Elle avait un penchant pour les croquis de scènes qu'elle avait vues, des crayonnés, rien de très sensationnel, bien que si un adepte jetait un œil à ses calepins, il pourrait être surpris par la précision de ses œuvres. Comme quand elle regardait, elle accordait une grande importance aux détails. Parfois elle redessinait ses clichés, aussi. D'ailleurs son carnet à dessins allait de paire avec la boîte à photos. Elle ne s'en séparait jamais, seulement en cas vraiment exceptionnel.
Son « camarade » afficha un air contarié.

"T'as un tissu violet ?"

Euh, non. Elle n'allait pas se balader avec tout un fatras de tissus en plus de ce qu'elle avait déjà, pardi! Elle secoua la tête, ses cheveux suivirent le léger mouvement.
Il enfila un pull et soudain, elle réalisa qu'il faisait froid. Qu'elle avait froid. Elle croisa les bras sous sa poitrine, espérant garder un peu de chaleur. Geste dérisoire. Un frisson lui parcourut l'échine. Son regard ne quittait pas l'inconnu, notant ses moindres faits et gestes, empli de curiosité. Il était connaisseur, ses gestes étaient précis et rodés. Il avait apparemment l'habitude. Très intéressant.

Elle sortit son calepin et son crayon. Zut. Il était presque fini, celui-ci. Tant pis.
Elle s'assit par terre, en tailleur. Croquer les scènes telles que celle-ci était un vrai plaisir pour elle.
Par contre, elle ne dessinait pas « normalement ». Petite, déjà, ses professeurs d'art plastique lui avaient fait remarquer qu'il fallait commencer par l'ensemble et ensuite ajouter les détails. Mais c'était plus fort qu'elle. Ici, elle commença par la pointe du pinceau. Elle traçait précisément les fins poils de ce dernier. C'était précis, consciencieux, mais elle faisait ça vite. Quand elle dessinait, elle avait toujours un air un peu pressé. Peut-être par peur que la scène s'évapore avant qu'elle ait fini. Bien sûr, elle l'avait en tête, ce n'était pas un problème, mais elle préférait l'avoir sous les yeux. Et puis comme ça elle ne restait pas seule. Elle n'avait jamais été seule auparavant. Son père avait toujours été là, quoiqu'il arrivait. Enfin, jusqu'à ce que « ça » arrive. Ses yeux verts se voilèrent un instant. A peine une ombre qui dansa dans ses pupilles. Puis plus rien. Un fantôme qu'on n'attrape jamais tout à fait. Qu'elle ne voulait pas attraper, à la vérité. Elle, voulait l'oublier dans les limbes des souvenirs effacés.

Elle se remit à crayonner...

Elle ne savait pas quand il finirait, et donc elle se hâtait le plus possible. Tant qu'elle pouvait: la précipitation n'est pas bonne dans le dessin. La scène prit vite forme sur sa feuille, criante de réalisme. Si elle voyait un défaut, elle l'enregistrait et y revenait une fois l'ensemble fini. Oui, ce n'était pas logique, tout comme sa façon de dessiner... Elle n'y prenait pas garde.

Mince, il avait fini. Bon, au moins, elle ralentit juste un peu la cadence. C'était presque amusant le contraste entre son attitude calme, et l'agitation fébrile de son crayon. Pour elle, tout disparaissait en cet instant, à part son modèle et la mine de ce crayon. L'inconnu vint se mettre près d'elle – il n'était plus en colère? - et une question franchit ses lèvres minces.

-T'as eu un prof ?

Elle suspendit son geste et releva la tête pour l'observer. Elle le fixa dans les yeux juste un instant, le temps qu'un ange passe son chemin, et elle secoua la tête, avec un petit sourire. Ses cheveux firent un adorable mouvement de vagues. Elle cala une mèche blonde derrière son oreille, révélant un peu plus ses traits à son voisin – voisine? Elle ne savait toujours pas comment l'appréhender -, et reprit son œuvre. C'était un peu plus complexe vu que le scène modèle avait disparu. Heureusement qu'elle avait l'imagination fertile. La jeune personne, donc, l'observait, elle le voyait du coin de l'œil. Il avait complètement d'attitude. Une autre ambiance s'installa, entre ces deux adolescents qui partageaient un moment calme dans un institut pour....quoi? Malades mentaux? Cas sociaux?...
Quoi qu'il en soit, ces deux-là partageait plus qu'un moment. Il se passait ici, sous cette lune, une sorte d'alchimie, quelque chose, qui les liait désormais. Rien de très palpable dans l'air, mais Lunami le sentit. Elle acheva son croquis dans le silence.

Ce silence fut brisé par le bruit du papier qui se déchire. Lunami avait simplement fini et avait arraché sa feuille à ses consœurs. Elle finalisa tout à fait en apposant sa signature, « Lunami » d'une écriture qui lui correspondait bien: liée, fluide... Bref. Elle signa donc et se tourna vraiment vers son compagnon. Elle lui sourit timidement et lui tendit la feuille avec douceur. Cadeau. Elle aimait voir le sourire des gens quand ils recevaient un présent qui leur plaisait. Elle espérait qu'il apprécierait.

Il y avait un fort contraste entre son attitude première et celle actuelle. La première était...gamine, capricieuse. Alors que là... il avait pris quelques années d'un seul coup. Il semblait plus mature, plus grave. Plus respectueux aussi. Elle étira ses jambes, légèrement endolories. Mais elle avait l'habitude... Elle tourna son visage et son attention vers « l'autre ».

[HRP: désolée, c'est court T.T je en sais pas quoi faire vu que ça dépend de ta réaction ^^']