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Fox who is Hungry is not Free [PV Kai']

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MessageSujet: Fox who is Hungry is not Free [PV Kai'] Fox who is Hungry is not Free [PV Kai'] EmptyJeu 7 Jan 2010 - 1:05

FOX WHO HUNGRY IS NOT FREE…




    Il n’existait pas de sensation plus horrible, selon Liam, de ne pas pouvoir se nourrir alors que le moindre mouvement lui arrachait une grimace de douleur et pourtant il avait toute la nourriture du monde à portée de main – ou presque – mais sa simple vu l’écoeurait à un point inimaginable. C’était comme si on se trouvait devant le paradis mais qu’entre nous et le paradis il y avait un énorme ravin que nul ne pouvait franchir et en ressortir vivant. Exactement la même chose. Et c’était exactement ce qu’il était en train de ressentir en ce moment même.

    Ses compléments alimentaires s’étaient épuisés bien plus vite qu’il ne l’avait prévu car depuis qu’il était ici, il n’avait pratiquement avalé que ça. Quand il était encore chez lui, sa mère le forçait à jongler entre les compléments et la nourriture ce qui expliquait que les boîtes duraient bien plus longtemps. En prison, il n’avait nul autre choix que de manger comme tout le monde même s’il parvenait à s’arranger – avec ses geôliers ou les autres prisonniers – pour ne manger que des gâteaux secs ou autre chose du même genre – et autant dire qu’il s’était retrouvé plusieurs fois à l’infirmerie, branché à des tuyaux qui nourrissaient directement son sang car manger uniquement des gâteaux n’était pas vraiment conseillé pour rester en forme. Mais ici, sa mère pouvait lui envoyer ses compléments alimentaires pas colis même si jusqu’ici, elle ne l’avait pas encore fait…

    Mais pour le moment, le renard était dans un trop sale état pour se soucier de l’absence de nouvelles de ses parents. Il fallait d’abor qu’il mange. Absolument. Mais d’un autre côté, il était tellement révulsé rien qu’à l’idée d’avaler quoi que ce soit qu’il n’arrivait pas à se persuader de se relever de ce lit où il s’était laissé tombé quelques heures auparavant, laissant son ventre crier famine comme bon lui semblait. C’était tellement pénible ce besoin de manger. Comme s’il avait réellement besoin de ça pour vivre… Et puis, c’était tellement insipide la nourriture qu’il ne comprenait même pas pourquoi les gens étaient prêts à payer pour le faire. Encore pire, ceux qui prenaient du plaisir à manger…

    Alors il fallait qu’il se trouve un fruit… Son seul gros ennui était que l’heure du dîner était déjà dépassée depuis quelques heures… Alors il fallait qu’il trouve où se trouvait la cuisine. De mieux en mieux… En fait, non. Il ferait mieux de se rendre à l’infirmerie pour demander à l’infirmier – ou l’infirmière – de lui commander ses divers et variés complètements alimentaires… C’était sûrement la meilleure solution qui s’offrait à lui, mais là, Fox avait besoin de quelque chose d’immédiat. Or il n’était pas sûr que ses compléments arrivent au moment où il les commandait. Donc pour le moment, il n’avait pas d’autre choix que de se relever pour partir à la recherche de la cuisine. Lieu qu’il aurait préféré évité en toute circonstance pour être franc…

    Le renard grogne en se rasseyant sur son lit, passant rapidement une main sur son ventre comme si ça pouvait réellement l’empêcher de rugir à tout va et jeta un rapide coup d’œil sur son réveil : 23h17… Il se releva aussi discrètement que possible pour ne pas réveiller les autres, sans regarder vraiment s’ils dormaient ou non. Pour le peu que ça changeait sa vie… Il referma doucement la porte de la chambre avant de s’aventurer, totalement au hasard, dans les couloirs à peine éclairer de l’institut, marchant le plus silencieusement possible et dressant l’oreille pour repérer les probables bruits de pas qu’il pourrait entendre. Il est vrai qu’il n’était pas rare de voir de petits groupes de personnes se balader dans les couloirs la nuit à la recherche d’une activité quelconque. Même si la plupart du temps, il y avait plus de chance de croiser vers ses heures là d’éventuels dealers en quête de clients et inversement… Mais ce soir-là, Liam n’était absolument pas intéressé. Il fallait d’abord qu’il mange, et ensuite, il pourrait voir… Juste une pomme et il devrait pouvoir tenir encore quelques jours. Juste le temps qu’il lui fallait pour passer à l’infirmerie, commander ses compléments alimentaires et les recevoir. Ou du moins, il l’espérait. Ou sinon, il y allait avoir de sérieuses répercussions sur son corps vu qu’il serait incapable d’avaler autre chose qu’une pomme et le peu de temps où il était allé au lycée lui suffisait à penser que ça n’était absolument pas équilibré comme repas. Et il risquait de faire quelques crises… Et ça, c’était gênant… Parce que dans ce genre de moment, il était horriblement faible or il se devait de faire face à tout et n’importe quoi avec une certaine… Fierté ? Pas tout à fait… Liam n’était pas particulièrement fier, et encore moins orgueilleux… Mais ça devait être un mot s’en rapprochant. Peut-être un peu moins fort par contre au niveau de l’intensité… En tout cas, il ne voulait plus paraître faible devant quiconque. Plus parce qu’il l’avait déjà été au moins une fois face à Lulu. Quand celui-ci avait découvert qu’il se mutilait… Ou plutôt quand lui le lui avait montré, sans le faire exprès, bien entendu… Il ne manquerait plus que ça.

    Enfin, il n’avait pas à se plaindre. Jusque là, Lulu avait très bien tenu sa langue, et s’il avait craint les premiers jours de voir un membre du personnel l’emmener de force chez le psy ou l’infirmier – et pourquoi pas les deux tant qu’on y était…- il avait rapidement arrêté de se coller contre les murs pour être le moins aperçu possible. De toute manière, il avait été très rapidement été occupé par autre chose. Ce brun avec qui il avait couché une nuit après s’être shooté et avoir un peu bu… Une soirée extra, certes, mais relativement banale quand on y pensait bien. Seulement, il se donnait l’impression de ne pas avoir compris ce fait et jusque là, il n’avait pas pu s’enlever ce visage, ces yeux, ces cheveux et cette peau de la tête. Il avait presque encore l’impression de sentir le goût de ces lèvres sur les siennes. Ce qui était horriblement stupide… Et absolument pas rationnel… Il avait dû boire ou manger un truc pas net ce jour-là…

    Après quelques minutes – voire une bonne demi-heure – à ouvrir une multitudes de portes - ce qui lui fit penser que finalement, l’institut était bien plus grand qu’il ne pouvait le croire – et à tenter de sortir le beau brun de sa tête et occulté sa faim sans résultat bien probant, il tomba enfin dans la cuisine. Ou du moins une pièce lui ressemblant étrangement au vu des nombreux ustensiles de cuisine qui s’y trouvaient. A moins que cette pièce ne soit utilisée comme salle de torture mais elle était trop propres et trop voyante selon Liam pour qu’elle soit réellement utilisée à cet escient. Quoique dans ce genre d’endroit, mieux valait se méfier…

    Fox entra dans la pièce et referma prudemment la porte derrière lui avant d’allumer la lumière et détailler la grande pièce de ses deux orbes curieuses. Des tas d’ustensiles dont Liam ne connaissait ni le nom, ni l’utilité, n’ayant mit que très rarement les pieds dans la cuisine puisque même l’odeur de la nourriture le dégoûtait, des plans de travail, un énorme frigo, une table plutôt grande et plein d’autres choses qui ne méritaient pas d’être mentionnées. A vrai dire, les yeux du rouquin restèrent bloqué sur la table. Ou plutôt sur la corbeille de fruits qui se trouvait dessus. D’un air quelque peu méfiant, comme s’il craignait que les fruits lui sautent dessus, Liam s’approcha de la corbeille et attrapa une poire, fruit qu’il appréciait bien plus que la pomme. Enfin, appréciait était un bien grand mot. Disons juste que c’était un des seuls fruits qu’il pouvait manger sans avoir l’impression qu’il allait tout régurgiter après…

    Une fois le fruit dans sa poche – oui parce que Liam ne comptait pas le commencer avant d’être installé, et il ne pouvait pas s’installer dans la cuisine car il y avait bien trop de nourriture à son goût – et marcha tranquillement dans les couloirs, pour rejoindre le salon. Inconsciemment… Il faut dire qu’à chaque fois qu’il repensait trop intensément à cette soirée avec le brun, ses pas le guidaient automatiquement vers la pièce chauffée agréablement. Du moins elle l’était la dernière fois qu’il y avait mit les pieds. Il ouvrit sans bruit la porte du salon avant d’entrer dedans, frissonnant légèrement sous le froid qu’il y régnait. La cheminée n’était pas allumée cette fois… Quel était l’imbécile qui avait éteint le feu ? Liam se renfrogna légèrement mais ne fit pas demi-tour, fermant la porte derrière lui avant qu’il remarque enfin qu’il n’était pas seul dans la pièce. Il hausse un sourcil, visiblement surpris de ne pas être seul dans cet endroit, même si il aurait dû s’en douter, mais il n’hésita quand même pas à s’installer à même le sol sur un des tapis duveteux, les yeux fixés sur le brun en face de lui qui ne devait pas être beaucoup plus grand que lui et qui arborait – à la couleur près – la même coiffure que lui. Toujours sans avoir prononcé un mot et sans l’avoir lâché ne serait-ce qu’une seule fois des yeux, occupé à faire – comme d’habitude – sa petite analyse de la personne qui était assise en face de lui – plus ou moins – il sortit la poire de sa poche et en croqua lentement un bout, poussant presque un soupire de satisfaction quand son ventre sembla se calmer à cette simple bouchée. Avec un peu de chance, il n’aurait même plus fin avant de l’avoir terminée…

    _ Ca te dérange pas si je reste ici ?

    Il haussa une nouvelle fois un sourcil, semblant attendre la réponse de l’autre qui n’avait pas encore lâché un mot, ne se gênant tout de même pas pour prendre ses aises, étalant ses jambes devant lui, sans pour autant toucher celles de l’autre et il appuya sa tête contre le fauteuil qui se trouvait derrière lui, jetant une nouvelle fois un regard à la cheminée éteinte.

    _ T’as pas froid toi ?

    Oui, il était frileux. Oui, il n’aimait pas le froid non plus. Alors que cette cheminée soit éteinte, ça l’agaçait pas mal. Surtout que son simple débardeur vert pomme ne tenait pas vraiment chaud. Heureusement qu’il avait eu la bonne idée d’enfiler un jean au lieu de rester en short comme il l’avait fait durant la journée. A croire que la nuit, sans le mouvement des résidents, les bâtiments se refroidissaient…
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MessageSujet: Re: Fox who is Hungry is not Free [PV Kai'] Fox who is Hungry is not Free [PV Kai'] EmptyJeu 7 Jan 2010 - 14:21

Il est de ces gens qui ne parviennent à trouver le repos à aucune heure du jour ou de la nuit, ces gens qui peuvent errer durant des heures, sentir les cernes se creuser sous leur yeux, ceux-ci qui ne sont généralement que des puits sans fonds et sans reflets. Ces gens qui marchent à en perdre la notion du temps, à en perdre l'espoir du jour qui se lève, à en perdre toutes leurs forces dans les jambes, dans le corps entier. Tout ça pour évacuer un trop-plein d'énergie, un stress, des angoisses, éviter un cauchemar. Les raisons sont multiples et variées, mais le résultat lui, est toujours le même. Trop épuisés, ils finissent par s'endormir à quelque endroit que ce soit, ou alors ils parviennent à tenir et doivent affronter la nouvelle journée, le teint cireux, les yeux mi-clos, les cernes creusées, les gestes mous. Il y a de ces gens comme ça qui ont oublié le sens du mot espoir.

Et dans ces gens, il y a Kaijuu. Un éternel insomniaque, condamné à tourner et tourner sans jamais trouver le sommeil, sans jamais pouvoir fermer les yeux et dormir. Sans jamais trouver la force de se poser. Car se poser signifiait cesser d'occuper l'esprit, et cela même signifiait le rendre vulnérable aux pensées, aux souvenirs. Et les souvenirs veulent dire passé, et le passé veut toujours lui rappeler qu'il n'a plus de présent, et pas d'avenir. Le passé est toujours à guetter sa tristesse pour s'allier avec elle. A eux deux ils forment une équipe invincible, qui terrasse toujours sa victime, le temps d'une soirée, d'une nuit où il aura eu le malheur de vouloir se reposer. Et au final, la tristesse est bien plus fatigante que tous mouvements confondus. Ce qui revient à dire que marcher vaut bien mieux que s'asseoir. Il en avait trop souvent fait les frais. Trop souvent il avait voulu reposer ses jambes qu'il ne sentait plus, il avait voulu reprendre son souffle, s'arrêter et ne rien faire. Mais encore une fois, le temps l'avait rattrapé, et le temps est synonyme de souvenir. Il n'a plus que rarement fait cette erreur. Bien sûr quelque fois, il ne pouvait s'en empêcher, quoi de plus normal ? Il n'avait pas beaucoup d'heures de sommeil à son actif. Et il ne parvenait pas à les rattraper, encore moins depuis qu'il était ici. Il n'arrivait pas à fermer l'œil, même debout, il avait peur. Terriblement peur, de ce qui l'attendait de l'autre côté de ses paupières. Il avait peur que tout ne soit qu'une peinture friable. Et qu'en rouvrant les yeux, tout ce soit à nouveau effiloché, et qu'il soit perdu quelque part, entre le Japon et l'Amérique, entre l'Américain et le Nippon. Ou alors à l'autre bout du monde, même si il n'était pas assez attentif en cours pour avoir mémorisé quoi que ce soit sur l'autre bout du monde. Quand il voyait un planisphère, il était tout à fait capable de demander de quelle planète il s'agissait. Même si, au risque de paraitre idiot, il n'aurait rien dit. La réflexion lui aurait blessé les lèvres, et il lui aurait été terriblement dur de la retenir. Non pas que ça l'aurait intéressé, mais ça l'aurait interpellé.

Depuis combien de temps il n'avait rien appris ? Il ne s'en souvenait même pas. Il ne se souvenait pas avoir déjà appris, à vrai dire. Mais il avait forcément appris. Sinon il ne saurait ni parler, ni lire, ni écrire. Or ça, il savait. Oui tout de même, il n'est pas le dernier des imbéciles, il n'a juste pas eu un cursus scolaire normal. Et même quand il l'était encore normal, il n'écoutait pas un strict mot de ce que pouvait dire sa maitresse, ou son prof. Il ne se rappelait d'aucun de leur visage, ni rien. Non vraiment, il était absent même sans que son taux d'absentéisme soit élevé. Mais il n'était plus à l'école, et pas près d'y retourner. Il errait dans un couloir, un couloir qui menait sans doute quelque part, mais il avait oublié où. Son cerveau avait comme branché le mode veille, il n'exécutait plus que des gestes automatiques, trop épuisé pour faire autre chose. Ses pas étaient raides comme ceux des robots, son regard était vide comme celui d'un chien mort.

Il était de ces instants où il n'avait pas le manque coincé au creux du ventre. Même ça il n'était plus fichu de le ressentir. On aurait pu le plier, le tordre dans tous les sens, qu'il n'aurait sans doute pas manifesté grand chose. La grande muraille restait impassible, tranquille, mais le château qu'elle renfermait se détruisait avec le temps. Il n'était plus qu'un amas de débris à l'intérieur d'un corps dépourvu d'humanité. C'était peut-être grand à dire. Qu'il n'était qu'un tas de chair et d'os, sans ressenti ni vitalité. Mais pourtant, c'était la triste réalité, et elle ne se lisait que trop bien sur son visage. Ses yeux blancs étaient ternes et pourtant plus profond que d'habitude, il était plus vide que d'habitude. Son teint virait au cadavérique, et ses cernes, à défaut d'être noires, étaient d'un violet très prononcé. Ce qui contrastait plutôt bien ave ses cheveux très mal coiffés, éparpillés en une touffe informe au-dessus de sa tête.

Il n'y avait qu'un détail qui prouvait qu'il n'était pas mort : Il crevait de chaud. Kai ne savait pas pourquoi, mais il était envahi de chaleur, comme si on l'avait plongé au cœur d'un volcan en fusion, et qu'on l'avait ressorti vivant, mais bouillant. Il n'était pas chaudement couvert, la chair de ses bras était à l'air, et pourtant non, en plein hiver, en pleine nuit, il avait chaud. Et il n'avait aucune idée pour remédier à cette chaleur, sauf si peut-être une. Il gravit les escaliers les plus proches, montant jusqu'à l'observatoire, pour finir sur le toit, où il avait déjà fait quelques escapades. L'air y était frais, même glacial, et il se sentait bien. Il avait la vague impression qu'il allait être malade, mais peu importait, il était déjà presque mort. Il s'approcha du bord, avec l'ivresse de ne pas savoir où s'arrêtait celui-ci. Son pied gauche s'arrêta dans le vide, et il eut juste le réflexe de reculer pour ne pas tomber, ça n'était pas passé loin. La mort ne l'attirait pas tant que ça, en fait. Un peu déboussolé et encore un peu sous le choc il fit demi-tour et redescendit, en courant presque. Mais il n'aimait pas courir, alors il marchait vite, si cela peut s'appliquer à ce qu'il faisait.

Dans tous les cas il était redescendu, il avait regagné la terre ferme. Et c'était déjà plus rassurant, parce qu'à part quand il planait, pendant qu'il était drogué, il n'avait pas l'habitude de risquer de tomber dans le vide, et cela ne lui plaisait pas tant que ça. Malgré le fait qu'il avait eu une formidable poussée d'adrénaline, celle qui vous fait accélérer le cœur à presque l'en faire exploser, et qui vous grise quelques instants. Il en avait rarement des comme ça quand il était en état d'en profiter. Il se posa contre le mur le plus proche, mit sa main un peu tremblante à l'endroit de son cœur, cela lui fit un choc de l'entendre battre. Surtout si vite, surtout si fort.

Le voilà de retour à la case départ : Il avait chaud. Exécrablement chaud. Même après la sueur froide qu'il venait d'avoir. Ses jambes tremblaient encore un peu, décidemment, ça ne lui réussissait pas, le vertige. Il se remit néanmoins en route parce qu'il n'avait pas le droit de s'arrêter. Ses longues jambes recommencèrent à se succéder dans leurs gestes. Pied droit, pied gauche, pied droit, pied gauche.
Combien avait-il perdu depuis qu'il était ici ? Sans doute beaucoup. Et puis son traitement, combien de temps qu'il ne l'avait pas pris ? Depuis plusieurs jours. Ce qui commençait à devenir menaçant pour lui, rien que sur ses poignets, les os étaient drôlement saillants. Il avait dans sa poche, des médicaments, son traitement, multiplié par 4. Il avait un effet terriblement étrange sur Kai, il n'aurait pas su le décrire mais ce médicament avait un pouvoir étrange. Et il aimait rechercher cet effet. Sauf que là, si il le prenait maintenant, il n'était pas sûr d'où il allait finir. En effet, il ne réagissait jamais de la même façon après la prise de ses médicaments. Et dire qu'ils étaient censés l'aider à prendre du poids. Si seulement il les prenait correctement, ils l'auraient peut-être fait. Mais là... C'était à la veux-tu en voilà.

Kai s'arrêta deux secondes, pour regarder où il était. Il devait se trouver approximativement dans le salon. Enfin de ce qu'il pouvait en juger. Il allait même pouvoir remédier à son problème de chaleur corporelle. Il avait repéré une cheminée où des buches grésillaient tranquillement, dans le flot impitoyable des flammes orangées. Si seulement il parvenait à l'éteindre, la pièce se refroidirait dans les minutes qui suivraient, mais il ne savait pas comment on éteignait une cheminée. Il s'approcha de la vitre de celle-ci, et en l'ouvrant, une flamme perdue vint lui lécher le visage, produisant une légère odeur de grillé. Il fronça les sourcils, cette odeur était très désagréable pour lui. Surtout quand il songeait au fait que ça venait de sa propre peau, sa peau de porcelaine, ou de cadavre. Aussitôt une image s'imposa dans sa tête, celle d'un corps qu'on fait brûler. Il avait secoué vivement la tête pour tenter de la chasser, mais pendant ce temps, il avait oublié de relever sa tête de la cheminée, et une braise rougeoyante sauta dans ses cheveux, arrachant un couinement au rat et une injure étranglée à Kai. Il se dépêcha de l'enlever, au risque de se brûler les mains, et se recula de deux pas. C'était décidé, il avait officiellement horreur du feu. Et là, il ferait la guerre à cette cheminée jusqu'à ce qu'elle rende son dernier souffle, sa dernière flamme, sa dernière braise, son dernier crépitement.

Bon, la prochaine étape était de savoir comment faire ça, comment arriver à lui faire la misère. Parce qu'en attendant, il cuisait toujours. On ne saura sans doute pas par quelle prouesse technique il parvint à éteindre cette satanée cheminée, mais il avait réussit. Et c'était le principal, qu'importe les méthodes tant qu'on a des résultats, ça devait être la devise de cet établissement. Il partit finalement s'asseoir sur le tapis qui était au centre, il lui paraissait assez confortable, et en plus, il était moins visible depuis l'extérieur de la pièce comme ça. Il s'assit en tailleurs, parce qu'il n'en pouvait plus, et qu'au risque d'être triste et accablé, il préférait reposer ses jambes. Il mit sous sa langue son traitement, pour le faire fondre et agir plus vite que la normale. Il en avait encore, au cas où ça ça ne lui suffirait pas. Le rat descendit aussitôt de son perchoir, partant se mettre sur le genou de Kai. Celui-ci avait renversé la tête en arrière, et s'était étiré avec la grâce d'un chaton. On aurait presque plus l'entendre ronronner, mais c'est une sorte de gémissement qui sortit de sa bouche, quand son dos craqua. Il avait dû un peu trop s'étirer, finalement. Il eut soudain la vive et profonde envie de s'allonger là et de dormir, dormir jusqu'à l'année prochaine, jusqu'à ce que quelqu'un veuille bien le réveiller calmement, gentiment sans hurler et cogner.

Il posa ses mains au sol et se recula jusqu'à être contre le fauteuil de derrière, sur lequel il s'assit, avant de finalement redescendre par terre. Il était en train de commencer à se calmer, quand quelqu'un apparu dans son champ de vision, annihilant temporairement les effets des cachets. Il avait sursauté, la porte n'avait fait aucun bruit, aussi il était en droit de se demander depuis combien de temps l'inconnu était là. Mais il ne posa pas la question, se contentant de poser son regard blême sur le nouvel arrivant qui s'assit face à lui, lui aussi sur le sol, peut-être aussi dans le but de ne pas se faire repérer ? Il n'en savait rien. Ils ne se quittaient pas des yeux, si bien le jeune homme en face de lui que Kai lui-même. Il surveillait et détaillait son nouvel assaillant et potentiel ennemi. Aussi il voyait bien, du coin de l'œil, qu'il trafiquait quelque chose dans sa poche, et il n'en fut que plus méfiant. Sauf quand il vit que c'était une simple poire qui devait être destinée à la consommation personnelle, ce qui rappela à Kai que lui aussi, il avait faim. Mais là n'était pas la question. Que lui voulait cet inconnu ? Il observa un peu plus attentivement son visage. Lisant sur les lèvres en même temps qu'il lui parlait :


- Ca te dérange pas si je reste ici ?

Et si il lui répondait oui, qu'aurait-il fait ? Kai était sûr qu'il serait resté, il le sentait. Alors il ne répondit pas. C'était plus simple. Il tiqua quand son vis-à-vis haussa un sourcil, il avait horreur de cette mimique -que lui même employait souvent- qui donnait une impression d'arrogance, de supériorité, et de mépris de l'autre. Oui vraiment, il aurait préféré être seul. Encore plus quand le jeune homme qui lui semblait être roux allongea ses jambes, touchant presque les siennes, et posa sa tête contre le fauteuil, regardant la cheminée qui avait vécu ses dernières minutes pas beaucoup plus tôt. Les effets des médicaments s'étaient effacés, mais pas estompés. Il soupira légèrement, se demandant à quel moment il commencerait à faire des actions étranges, il ne savait pas comment il allait réagir, alors il espérait que son interlocuteur roux serait parti d'ici là. Mais il fallait avouer qu'il y avait très peu de chance pour que ça se passe ainsi. Le nouveau venu renchérit :

- T’as pas froid toi ?

Avait-il l'air d'avoir froid ? Même deux secondes ? Sinon il n'aurait pas éteint la cheminée, il fallait être logique. Il avait même failli y perdre les cheveux alors évidemment qu'il n'avait pas froid. Mais ça, personne ne pouvait le savoir, puisque personne n'était censé l'éteindre, surtout en plein hiver, et en pleine nuit. La salle avait très peu de chance d'être à température acceptable pour les premiers arrivants qui rejoindraient le salon demain matin, ou ce matin, il ne savait pas exactement. Il se décida quand même à répondre, pour ne pas passer pour muet et timide, ce qu'il n'était pas. Il était juste froid et désintéressé. Froid et mort. Froid et vide. Bref, il répondit :

- J'ai l'air d'avoir froid ?

Ca n'était pas vraiment une réponse, mais ça avait le mérite de composer une phrase, interrogative qui plus est. Bien qu'elle n'invite pas vraiment à une quelconque réponse. Il leva son regard pâle au plafond, puis le rebaissa sur le roux, il remarqua par la même occasion que ses yeux étaient d'un bleu très profond. Mais il ne s'y attarda pas plus que ça. Une légère douleur dans son ventre lui rappela qu'il avait faim. Son regard se dirigea sur la poire à peine croquée, elle lui faisait bien envie. Mais il était un peu trop méfiant - et fier - pour lui en demander un morceau. Il soupira de nouveau, sans raison aucune. Allait-il faire un effort ? Non, ça sûrement pas. Du moins pas de son "plein gré", et il allait attendre avant de faire quoi que ce soit. Donc seul un silence tendu franchissait la barrière de ses lèvres. Il mit la main dans sa poche, la trafiqua quelques secondes, et ramena à sa bouche un autre médicament, l'avalant directement au risque de s'étouffer avec. Il en avait besoin, du moins, il le croyait. Il attendait, presque tranquillement, une réponse à sa question, ou une perspective pour poursuivre la conversation. Il n'avait plus tellement envie que le roux s'en aille. Ca devait être Kaijuu qui parlait, car Kai lui, n'avait qu'une envie, c'était de le voir déguerpir. Il descendit ses chaussettes, il avait vraiment chaud. Il avait envie de dire autre chose, mais il avait pas idée de quoi. Il ne savait pas parler, sauf des choses qui l'intéressaient, et là, il se voyait mal parler de drogue. Surtout qu'il n'en avait pas présentement envie et n'avait pas envie de se donner l'envie. Kurai descendit le long de sa jambe, ce qui le chatouilla beaucoup, et il se mordit la lèvre légèrement. Il ne fallait pas qu'il cède, ses médocs avaient l'air de lui avoir donné une humeur euphorique, beaucoup plus passagère que les autres, et dont la descnte était toujours bien plus dure. Il le savait parce que depuis tout à l'heure, il songeait à des choses totalement débiles. Heureusement d'ailleurs, que ses pensées étaient impénétrables. Il aurait pu agir, se mouvoir et faire quelque chose, dire quelque chose. Mais la seule phrase qui lui vint à l'esprit et lui traversa les lèvres fut :

- Tu vas la manger ta poire ?

Son estomac avait parlé à sa place, et il avait regretté aussitôt cette phrase. Si il l'avait prise, il avait bien l'intention de la manger, non ?
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MessageSujet: Re: Fox who is Hungry is not Free [PV Kai'] Fox who is Hungry is not Free [PV Kai'] EmptyJeu 7 Jan 2010 - 17:25

    Spoiler:

    Si Liam pensait se retrouver face à un zombie quand il se regardait de temps à autres dans un miroir au réveil, il se trouvait réellement à manque de mot pour qualifier le garçon qui se tenait devant lui. Si lui avait une peau de porcelaine, l’autre n’avait absolument rien à envier à la blancheur des morts. Au moins, si on voulait être optimiste, il n’avait pas beaucoup d’argent à dépenser le jour d’Halloween… Pas qu’il était tout à fait repoussant. Loin de là… Si Liam n’était pas complètement obsédé par l’adonis brun, il aurait tout fait pour l’avoir le temps d’une nuit… Quoique finalement, ce n’était pas son obsession pour l’autre brun qui allait combler sa libido… Liam effaça ces pensées de sa tête, ou plutôt les repoussa dans un coin, se disant que ce n’était pas le moment de s’attarder dessus et se remit à son analyse du garçon à la peau marmoréenne qui se tenait assit en face de lui.

    Des cheveux aussi noirs que de l’encre de Chine, aussi soignés que les siens, c’est-à-dire, pas du tout. A première vue, il avait l’air aussi fin que lui. Pour ne pas dire maigre. Liam n’aimait pas la consonance négative de ce mot qu’on associait bien trop souvent à son goût à sa propre personne. Il n’était pas maigre. Juste un peu trop fin, voilà tout. Pas de quoi en faire toute une histoire.
    Des cernes violettes, voire aubergine tellement elles étaient sombres. Pire que les siennes en fait… Comme quoi, s’il y avait mieux que nous, il y avait toujours pire que nous aussi… Mais ce qui restait aux yeux de Liam le plus envoûtant, c’était les yeux de l’autre. Transparents. A croire que la couleur de ses yeux s’étaient délavés petit à petit, jusqu’à laisser derrière elle une transparence à peine croyable. Liam avait bien du mal à les lâcher ses orbes transparentes. C’était la première fois qu’il voyait des yeux pareils… Tout simplement magnifique. Mais les yeux laissaient passer trop d’émotions à son goût. Et pas des plus joyeuses… C’en devenait presque gênant. De tout voir à ce point. C’était comme lire un livre, avoir tous les mots devant soit, sans pour autant parvenir à mettre un nom dessus. Très étrange comme sensation, mais Liam aimait bien ça. Si Liam se contentait de juger une personne qu’avec son physique, il était clair que celui-là lui plaisait beaucoup. Il avait cette sorte de beauté presque irréelle qui fascinait tant le rouquin. Une beauté presque fragile et éphémère, à cause de cette finesse des traits et de la silhouette, sans oublier les cernes qui soulignaient ses yeux à la pâleurs intrigante. Mais pour autant, son regard contredisait cette pseudo fragilité. Un regard plein de défi et froid. Il avait ce petit côté mystérieux que Liam aimait beaucoup. Liam étant d’une curiosité à toute épreuve aimait ce goût du mystère. Avoir l’impression de devoir résoudre ce mystère, sans le vouloir vraiment, parce qu’un mystère, une fois qu’on l’avait découvert devenait d’une banalité affligeante. Or, Liam n’aimait pas la banalité. Il aimait être surpris, alors il ne cherchait pas vraiment à résoudre les mystères qui l’entourait. Juste savoir qu’ils étaient bien là, autour de lui.

    Liam se faisait l’impression d’être un petit animal curieux qui dévisageait avec toute la curiosité dont il était capable l’autre petit animal étrange qu’il avait en face de lui. Deux animaux méfiants se défiant du regard en attente que l’un des deux n’ouvrent les festivités. Et ce fut à Liam de le faire. Après tout, il était le dernier arrivé…

    Une question qui demeura sans réponse. Une question qui n’attendait de toute manière, aucune véritable réponse. A part peut-être une approbation, qui ne vint pas. Mais peu importe, il n’avait jamais eu l’attention de partir de toute façon. Dernier arrivé, peut-être, mais ça ne voulait pas dire qu’il serait le premier à partir. Au départ, il avait pensé vouloir manger sa poire seul, mais finalement, un peu de compagnie, même si elle était relativement silencieuse pour le moment, ne faisait pas de mal. Voyant qu’il n’obtiendrait aucune réponse, loin de se démonter, Liam enchaîna. Le froid. Qu’est-ce qu’il pouvait haïr ça… Le froid faisait tomber malade, or Liam ne devait pas être malade. Jamais, parce que la drogue avait quelque peu baissé ses défenses immunitaires, donc le moindre rhume était capable de l’envoyer à l’hôpital. Et après le froid, la chose que Liam ne supportait pas était l’hôpital. Il y avait passé déjà trop de temps pour toute une vie… Des semaines et des mois entiers. Heureusement qu’il n’en avait pas eu conscience… Parce qu’une fois, il avait dû y retourner suite à une petite complication d’une angine qui avait mal tournée, et il n’y était resté que cinq jours. Cinq malheureux jours durant lesquels Liam avait cru devenir dingue. La blancheur des murs était horripilante, les « bips » incessants des machines l’étaient aussi. Sans oublier les cris, les pleurs que l’on entendait à travers les murs fins à l’annonce d’un décès, d’une maladie irréversible ou encore les pas précipités des infirmières. Impossible de dormir dans ce genre d’endroit. On ne pouvait que rester allongé dans son lit à s’imaginer toutes sortes de scénarios horribles… Et morbides.

    - J'ai l'air d'avoir froid ?

    Liam haussa les épaules, sans pour autant lâcher des yeux l’autre garçon à sa phrase prononcé avec un léger accent qui lui disait qu’il n’était pas vraiment américain – à moins que tous les américains ne parlent pas de la même façon, ce qui serait possible lorsqu’on entendait l’accent particuliers des Texans- mais c’est vrai qu’en regardant bien, il avait l’air d’avoir des origines chinoises ou asiatiques… Il ne se souvenait pas si la Chine était un continent ou un pays ou alors si l’Asie était un pays ou bien un continent, la géographie, ce n’était pas vraiment son fort. Alors il croqua une nouvelle fois dans sa poire, laissant la trace de ses dents. Il n’avait déjà pratiquement plus faim… Deux petites bouchées, maintenant trois lui suffisaient à être calé. Au moins, on ne pouvait pas dire qu’il coûtait cher en nourriture… Mais il fallait qu’il se force, une dernière bouchée et il pourrait laisser tomber. Juste une petite bouchée pour pouvoir tenir jusqu’au lendemain, le temps d’aller à l’infirmerie, commander ses compléments auprès de l’infirmier et se décider à commencer à ranger ses affaires. Vu qu’il devrait bientôt changer de dortoir… Pour passer à une chambre. Pourquoi ? Il n’en savait rien, et pour le moment, c’était le cadet de ses soucis.

    Il sortit de ses pensées lorsqu’il entendit un soupir venir du brun à la blancheur cadavérique et pensa un moment qu’il voulait dire quelque chose. Mais rien… Liam n’appréciait pas particulièrement le silence. Surtout quand il n’était pas seul. Parce qu’à la limite, quand il était seul, il n’allait pas se forcer à faire du bruit juste pour son bon plaisir, mais quand il n’était pas seul, il ressentait le besoin de parler. Ou d’entendre quelqu’un parler. Quitte à choisir, il préférait cette possibilité. Alors il cherchait quelque chose à dire. Sans vraiment trouver… Il n’avait jamais été particulièrement doué pour lancer une discussion. Et c’était dans ce genre de moment que sa curiosité lui servait énormément, elle parlait souvent à sa place. Et c’était vraiment très pratique.

    Etrangement, lorsqu’il vit sa main se diriger vers sa poche, il ne pu s’empêcher de se tendre légèrement. Et il avait remarqué que l’autre avait fait exactement la même chose lorsque lui avait sorti sa poire. Dans ce genre d’endroit, il fallait constamment être sur ses gardes. Se méfier de tout le monde. Surtout des inconnus, ceux dont on ne savait rien. Parce que dans Teen’, certains résidents étaient des criminels, des sadiques ou des jeunes un peu dérangés. Liam était juste drogué, dangereux pour lui-même mais pas tellement pour les autres. Alors lui faisait parti de la catégorie « inoffensif » ce qui le mettait en position d’infériorité face à quelques autres. Les autres qui étaient violents, plus forts et plus grands que lui. Plus manipulateurs aussi… Parce que Liam, n’était que calculateur, manipuler les gens, ce n’était pas vraiment ce qu’il faisait le mieux. Il avait même tendance à se faire manipuler très facilement. Alors il fallait qu’il soit prudent. Tout le temps. Se méfier de tout et de n’importe quoi. D’accord, il était aussi un peu parano sur les bords… Ce qui se confirma lorsqu’il le vit avaler ce qui semblait être un cachet. Médicament ou drogue ? Il n’en savait rien… Il le verrait bien à la suite de toute façon. S’il commençait à se comporter étrangement, il serait sans aucun doute possible – ou presque – sous l’effet d’une drogue. Mais d’un côté, c’était stupide de se droguer à côté d’une personne qu’on ne connaissait pas, qui pourrait nous faire du mal à tout moment… Enfin, il pouvait parler… Il l’avait bien fait lui dés son arrivée avec Lulu…

    Liam sursauta légèrement lorsqu’il vit une boule de poil noire trotter tranquille sur la jambe du brun et mit un certain temps à comprendre qu’il s’agissait d’un rat. Enfin il supposait que c’était un rat vu la taille du rongeur, parce que ça ne pouvait être qu’un rongeur et de la ressemblance qu’il y avait avec une souris. Donc, en toute logique, c’était un rat. Liam le regardait avec un léger sourire, bien qu’un peu méfiant, se souvenant toujours de la fois où il s’était fait mordre par la souris de la voisine. Sa mère était tellement paniquée – pensant qu’il avait attrapé une maladie pas nette – qu’il avait lui aussi prit peur. Depuis, il s’en méfiait un peu. Mais c’était tellement mignon – et il se gifla pour avoir pensé que quelque chose était mignon – qu’il ne pouvait clairement pas en avoir peur.

    - Tu vas la manger ta poire ?

    Liam releva brusquement les yeux vers l’autre, ayant été pendant un moment totalement distrait par la bestiole noire et le fixait avec des yeux brillants d’incompréhension. Mettant un petit temps à comprendre de quoi il parlait. La poire. Il l’avait presque oublié celle-là… Elle commençait déjà à le dégoûter. Plus de deux bouchées et il commençait déjà à avoir des nausées… Il faudrait peut-être qu’il se décide un jour à en parler à quelqu’un parce que ça commençait à prendre des proportions assez inquiétantes… Comme d’habitude, il le pensait, mais il n’allait rien faire pour changer ça. Il oubliait très rapidement ce genre de chose. Ce n’était pas de sa faute.

    _ Non. Plus faim…

    Il fallait bien avouer que pour le moment, cette discussion était assez laborieuse. En même temps, Liam, quand il n’était pas un minimum shooté avait du mal à parler naturellement aux gens. Sauf avec Lulu… Mais Lulu, ce n’était pas pareil. Tout était plus simple avec lui de toute manière, pas de prise de tête, même pas besoin de penser. Juste agir.

    _ Pourquoi ? T’en veux ?

    Oui, ça ne devait pas être une simple question de politesse, enfin, pas de politesse vu qu’il n’y avait rien de poli là-dedans, mais ça n’était pas une question juste comme ça, juste pour lancer la discussion. Ou du moins, Liam ne l’espérait pas… Comment voulait-il rebondir là-dessus après ?

    _ Tiens. J’te la donne si tu veux.

    Joignant le geste à la parole, Liam s’approcha légèrement du garçon, ramenant ses jambes près de lui pour éviter une rencontre trop brutal entre leurs jambes et lui tendit la poire à peine entamée. Son regard fut de nouveau attiré par la boule de poil noire à côté de lui et Liam approcha prudemment sa main des poils courts avant de se raviser. Il aurait l’air malin s’il se faisait mordre… Les seuls animaux qui semblaient l’apprécier autant que lui les aimait c’était les chats. Or les chats et les rats n’étaient pas forcément très ami… Et Liam savait que les animaux ressentaient des choses que l’on ne pouvait pas percevoir, alors si celui-ci savait qu’il était un ami de son prédateur, pas sûr qu’il accepte de se faire toucher pas lui… Oui, Liam pouvait très facilement mettre les animaux à la hauteur des humains. Sa mère s’était toujours moqué de lui sur ce point. Mais à vrai dire il se foutait pas mal de ce que les gens pouvaient penser de ça.

    _ J’adore tes yeux au fait…

    On pouvait toujours compter sur Liam pour que celui-ci sorte des phrases qui n’avaient aucun rapport dans le contexte mais surtout que personne n’aurait sorties si rapidement et aussi naturellement. Seulement, Liam avait tendance à dire ce qu’il pensait, sans vraiment y réfléchir. Quelque chose lui plaisait, il le disait, un point c’est tout. Mais la réciproque était aussi vraie…
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MessageSujet: Re: Fox who is Hungry is not Free [PV Kai'] Fox who is Hungry is not Free [PV Kai'] EmptyVen 8 Jan 2010 - 18:13

Spoiler:

Kaijuu se retrouvait un peu dans le visage qui lui faisait face. L'autre ne semblait pas avoir beaucoup plus dormi que lui, bien que ses cernes soient légèrement moins là, mais à peine. Sa peau n'était pas beaucoup plus colorée, même si il ne savait pas si c'était dû à ses origines ou à un quelconque problème. Quant aux cheveux, on aurait pu croire qu'ils avaient fait exprès de ne pas se les coiffer, en même temps. Seule la couleur différenciait leurs cheveux
Combien de personne comme ça avait-il rencontré dans sa seule vie ? Sans doute très peu. Rare étaient les personnes qui osaient se promener dans cet état, sans sembler avoir aucune honte, aucun scrupule, et aucune expression, qu'elle soit bonne ou mauvaise. Sauf que depuis qu'il était là, les gens n'avaient pas la même vitalité qu'à Tokyo, ils n'étaient pas plein d'entrain, pleins de bonne humeur, pleins d'une joie communicative. La seule chose qui se communiquait ici, c'était la peine. Tous les visages semblaient tristes, renfrognés, chagrinés, mauvais. Comment aurait-il pu en être autrement ? Ils étaient là, rassemblés dans un enclos assez vaste pour qu'ils aient l'impression d'être libre, jusqu'au moment où ils frôlaient les barrières, et là, ils n'y revenaient généralement pas. Le coup de jus était assez fort. La limite du monde de ces adolescents était la même que celle de cet établissement. Qui avait intérêt à sourire ? Qui avait intérêt à avoir l'air en bonne santé et jovial ? Personne, absolument personne. Tous étaient enfermés là, sans doute contre leur gré, sans perspective de sortie. Sans perspective d'avenir.

Et ils se coupaient lentement, de toute forme extérieure. Ils ne savaient plus si il y avait quelque chose de l'autre côté de leur mur, et ils avaient l'impression que c'était vide. Alors ils essayaient malgré tout de se complaire dans leur cage. On n'enferme pas des humains. Etaient-ils tous des monstres pour être tous ici ? Il le fallait bien, sans doute. Sauf si, les monstres étaient ceux qui les agglutinaient ici. Et là, on tapait dans le mile.

Kai observait , le détaillait, faisait des phrases pour le décrire, pour essayer de se souvenir de son visage. Parce qu'il avait un très beau visage. Ses cheveux roux et indomptés lui rappelaient -avec une once de déception- les flammes libres de la cheminée. Et c'est là qu'il les voyait. Elles n'étaient pas libres ces flammes, elles n'étaient pas dévorantes, vagabondes. Elles étaient prisonnière de leur écrin de métal, condamnée à se nourrir de bûches déjà coupées, sans pouvoir goûter aux plaisirs de la nature. Le roux non plus, n'était pas libre. Les yeux qui le regardaient, étaient bien bleu comme ils l'avaient remarqué, mais pas un bleu simple, couleur d'océan. Non, un bleu nuancé, un beau bleu. Si les os de Kai saillaient par endroit, ceux de son interlocuteur ne devaient pas être très éloignés de la peau non plus. Et ça se comprenait si on comptait qu'il ne mangeait que ce qu'il avait dans la main, c'est-à-dire une poire. Peut-être avait-il mangé autre chose, il n'avait pas de moyen de le savoir, et de toute manière s'en fichait, mais en tout cas, il était fin.

Pourquoi était-il là ? Son visage ne semblait pas mériter l'emprisonnement. Et pour la première fois, il se demandait ce que l'autre avait fait pour se retrouver dans le même pétrin que lui. Il le trouvait sordidement beau. Non pas qu'il soit sordide, loin de là, ce qui lui paraissait sordide, c'est de trouver quelqu'un attirant dans un endroit pareil. Parce que la personne qu'il avait en face de lui, était, d'une façon ou d'une autre, là pour quelque chose. Quelle que soit la raison de sa présence ici, il y en avait une. Parce que sinon il ne serait pas vraiment là, pas vrai ? On enferme pas les oiseaux qui ne le méritent pas. Alors... Il avait fait quelque chose d'assez réprimandable pour être là. Et ça, c'était sordide. Enfin, ça l'était parce que Kai ne s'était pas attardé sur le sujet. Et finalement, après une légère réflexion, il se rendit compte que ça n'était pas sordide. Du moins, pas autant qu'il le pensait. Si il était là, c'est qu'il avait fait quelque chose de grave, mais pas assez pour aller à la case prison. Et si il était là, dans cette sorte d'internat. D'hôpital psychiatrique en somme. Il n'y avait pas de raison que la vie ne suive plus son cours. Et cesser de trouver les gens attirants était, pour Kai, une marque d'arrêt de la vie. Quand il commençait à poser un regard sur quelqu'un sans avoir le réflexe de se demander comment il le trouvait, c'était le signe avant-coureur de quelque chose de plutôt grave. C'était inratable. Donc finalement, il était content d'avoir réussi ça. Il faut dire qu'il aurait eu du mal à ne pas le trouver attirant. Il se sentait légèrement fasciné. Plutôt étrange il se sentait, enfin en tout cas, même Kai n'avait plus envie qu'il s'en aille. Les deux avaient réussi à trouver des raisons pour ne plus avoir envie de le voir partir. Quand il n'avait plus envie de voir partir quelqu'un, il devenait moins froid, moins sec.

Suite à sa demande pour savoir si il avait l'air d'avoir froid -demande dénuée de sens et de but, je vous l'accorde-, il avait observé un haussement d'épaule chez le garçon aux cheveux de flamme. Il faut dire que cette expression lui rappelait le fâcheux incident qui avait failli coûter la vie à ses précieux cheveux, mais bref. Qu'aurait-il pu faire d'autre à part hausser les épaules ? Hausser les épaules. Si il avait rit ç'aurait été mal placé, et Kai ne valait pas la peine que le roux se vexe. Tout ça pour dire qu'il avait simplement eu la réaction que l'adolescent aux cheveux couleur corbeau avait attendu. Donc qu'il n'y avait aucune surprise. Ils ne s'étaient pas lâchés du regard, sauf quand celui de Kai dériva sur la poire qu'il amenait de nouveau à sa bouche. Par une sorte de réflexe, il eut le goût de la poire dans la bouche, comme si c'était lui, qui venait de croquer dedans, lui qui venait de sentir la chair de la poire craquer sous ses dents précises. Pourtant ça n'était qu'une illusion de son esprit, à aucun moment il n'avait croqué, à aucun moment le goût de poire n'avait envahi sa bouche. Ca n'était qu'un tour joué par son esprit. Comme lorsque de la fumée se mettait à ressembler à un dragon ou d'autres farces de mauvais goût dans ce genre là. Il était indubitablement fou, fou à lier peut-être même. On devrait attacher les mains de quelqu'un qui les laisse faire n'importe quoi. On devrait frapper le corps de quelqu'un qui se sert du sien pour faire mal aux autres. Bien qu'il n'en ait pas conscience. Ce n'est pas quelqu'un de méchant, qui aime à faire du mal aux autres, il n'aime pas ça. La violence de son père lui a montré comme ça faisait mal, les coups. Alors si il pouvait éviter d'en donner, il le ferait. Mais il ne peut pas, bien trop fou pour ça, justement. Et comme il ne peut lutter contre ça, il se défend, il se protège. C'est tout ce qu'il peut faire, se cacher en attendant que la guerre passe. Il espérait seulement qu'elle n'était pas éternelle. Qu'elle allait bientôt se terminer, qu'il allait signer l'armistice. Même si cet espoir s'amenuisait jour après jour, heure après heure. Et s'il s'éteignait ? Il n'aurait plus grand chose à faire... Se jeter par la fenêtre peut-être. Se laisser brûler dans les flammes d'une cheminée. Mais il fallait bien admettre qu'il y avait peu de chance que cet espoir revive. Qu'est-ce qui aurait pu le raviver, après tout ? C'est pour éviter que sa réflexion ne s'éternise, qu'il avala un autre médicament. Si ça pouvait l'aider à oublier de penser. Il ne voulait pas se faire agresser par la tristesse, surtout devant quelqu'un. Quelqu'un qui s'était tendu de la même façon que Kai quand sa main avait glissé vers sa poche. Le jeune homme aux yeux couleur de l'air n'y avait pas prêté attention sur le coup, mais en y repensant, ça devait être un réflexe commun des gens qui avaient appris à se méfier des autres.

Le silence qui s'était instauré ne convenait pas vraiment à Kaijuu, bien que Kai s'en suffisait. Il n'aimait pas cette impression, celle que les mots n'arrivent plus à trancher l'air, à se déplacer, de vibration en vibration, pour atteindre l'oreille de l'autre. L'impression que le temps s'était tellement ralenti que aucun son ne pouvait plus passer. Et surtout, surtout, l'impression de deux personnes qui n'ont rien à se dire. Celle-là était particulièrement désagréable. Mais il fallait s'en convenir. Avait-il d'autre choix ? Il ne savait pas quoi dire et le roux aux yeux bleus avait le regard fixé sur Kurai, qui avait gentiment chatouillé Kai. Il avait remarqué un éclat dans les yeux de son vis-à-vis, de la brillance que lui n'avait pas, de l'incompréhension. Qu'est-ce qu'il ne comprenait pas ? Le rat ? Ou autre chose ? Comment pouvait-on briller d'incompréhension ?

Kai était relativement méfiant quand quelqu'un posait son regard sur sa boule de poils, aussi il voulait réussir à détourner l'attention, l'amener sur autre chose que sur le rat. Si jamais il avait voulu lui prendre ? Ses réflexes étaient beaucoup moins rapides quand il ingurgitait son traitement. Alors il cherchait quelque chose, à dire ou à faire. Profitant de l'occasion, c'est son estomac qui avait parlé en lui demandant sa poire. Il l'avait surpris et il s'en félicitait intérieurement. Le regard bleuté était remonté en un instant vers lui, et il avait pu observer avec plus d'attention cet lueur étrange qu'il avait aperçue. Elle était bien là, en tout cas. Il avait semblé... Pas déboussolé, non, mais il avait semblé ne pas comprendre immédiatement la question du brun. Kai ne s'attendait pas à ce qu'il lui dise qu'il n'en voulait plus. Ca aurait été parfaitement illogique, elle était à peine entamée. Mais si elle avait pu finir dans la bouche de Kai... Il en aurait été ravi. Les poires étaient froides, et plutôt sucrée. Que demander de plus ? Il avait envie de bonbons à vrai dire... Mais bref.


- Non. Plus faim…

Kai haussa un sourcil, reproduisant ce geste qu'il n'aimait pas chez les autres. Mais là, c'était plutôt parce qu'il s'étonnait, qu'il n'avait pas vraiment compris. Il avait compris la phrase, bien sûr ( Il avait fait d'énormes progrès en anglais en écoutant les autres parler ) mais il ne comprenait pas comment c'était possible. Soit le roux avait mangé énormément avant et avait cru avoir faim alors que ce n'était qu'une illusion. Soit il y avait autre chose que Kai n'était pas en mesure de saisir. Lui, il avait tellement faim qu'il aurait pu avaler un carton de poires. Enfin non, sans doute pas. La nourriture était quelque chose de compliqué chez lui. Et sans les petites pilules qu'il avait pris quelques minutes plus tôt, il serait sans doute tellement maigre que ses jambes n'auraient plus été à même de le supporter. Parce qu'il aimait manger, mais même quand il avait très faim, ça n'était pas aussi simple. Il lui avait dit qu'il n'avait plus faim, mais il n'était pas allé plus loin. Peut-être qu'il n'avait pas saisi le sous-entendu de la phrase, à savoir " Moi en tout cas, j'la veux bien. " Peut-être qu'il ne voulait pas la lui donner, ou peut-être qu'il attendait simplement qu'il la lui demande. Mais en fait non.

- Pourquoi ? T’en veux ?

Ah. Voilà qui devenait intéressant pour le brun qui hocha la tête. Enfin en même temps, pour quelle autre raison que pour en avoir aurait-il demandé ça ? Pour le plaisir de parler ? Non, il l'avait fait dans deux buts. Attirer l'attention de l'adolescent, et se remplir l'estomac. Surtout que plus il se détendait -à cause des cachets- plus son ventre criait famine. Et ses muscles le tiraillaient gentiment. Il était toujours tellement tendu que ses muscles étaient aussi durs, aussi tendus, que des os. Et quand ils se relâchaient, ça faisait souvent mal. Malgré tout, il fallait qu'il fasse attention, car sa méfiance commençait à s'endormir. Et c'était risqué, très risqué. Même si il lui proposait sa poire, il aurait pu très bien vouloir l'amadouer pour lui faire des sales coups derrière. Il serra les dents à cette pensée. Après tout... Ce n'est pas ce qu'on lui avait toujours fait ? On l'avait amadoué, caressé dans le sens du poil, et après on avait exigé des choses de lui, on l'avait tordu, écrasé, plié. Tout ça parce que "sa méfiance s'était endormie". Mais il n'avait pas toujours envie d'être méfiant, quelque fois il avait envie de se relaxer, d'être tranquille. Mais il ne pouvait pas, pas quand il était conscient de le faire.

- Tiens. J’te la donne si tu veux.

Un sursaut imperceptible l'avait secoué, il ne s'attendait pas à ce que le rouquin lui propose sa poire à l'instant même. Mais il en fut content, et son ventre aussi. Le possesseur de la poire s'approcha après avoir ramené ses jambes à lui. Et il lui tendit. Il la prit sans hésiter un instant, et l'amena à sa bouche pour croquer dedans. Le gout envahit pour de vrai sa bouche cette fois et il ferma un instant les yeux en savourant. Il n'était plus méfiant, presque plus le moins du monde. Dès qu'on lui offrait quelque chose sans rien lui demander en retour il ne se méfiait plus trop. Un autre défaut qu'il aurait bien aimé savoir combattre. Néanmoins il rouvrit les yeux pour surveiller les gestes de l'autre. Il vit qu'il approchait sa main de Kurai et qu'il changeait d'avis, craignant peut-être quelque chose. Pourtant ça n'était pas un rat agressif. Les seuls envers qui il avait de l'animosité étaient les autres rats. Sans doute comme son maitre, agressif envers ceux de son espèce. Enfin, ça n'était pas plus mal qu'il ne l'ait pas touché. Il faut se méfier de l'eau qui dort. Il faillit ne pas le remercier, ce qu'il aurait fait d'habitude sans gêne, mais là, c'était différent.

- Merci.

Ca ne mangeait pas de pain après tout. Même si sa phrase était peu longue et très peu sympathique, c'était bien suffisant. On ne faisait pas du loup un agneau du jour au lendemain, certainement pas en l'achetant avec une poire après qu'il ait pris quelques médocs. Il en faudrait sans doute plus que ça. Sentant son corps réclamer une détente il s'étira de nouveau légèrement, sans renverser la tête cette fois, gardant son regard blanchi sur le jeune garçon aux cheveux orangés comme le ciel d'un soleil couchant. Hm. Il n'aimait pas des masses le soleil. Bref, il finit son étirement qui lui valut un nouveau craquement de la part de son dos. Il croqua de nouveau dans la poire.

- J’adore tes yeux au fait…

Alors là, pour le coup il faillit s'étrangler. Le morceau dû se coincer dans sa gorge, toujours est-il qu'il se mit à tousser violemment, n'arrivant plus à respirer. Il toussa pendant plusieurs minutes, pour arriver enfin à se calmer. Ca lui avait brûlé la gorge et par un réflexe débile mais humain, il en avait eu les larmes aux yeux. Il passa sa main sur ceux-ci pour être sûr qu'aucune larme ne franchirait la barrière de ses pupilles. Puis, seulement, il analysa avec plus d'attention ce que venait de lui dire son interlocuteur. Adorer ses yeux ? Personne ne lui avait jamais rien dit d'aussi absurde. Et lui les avait toujours détestés. Ils lui avaient valu la haine de son père. Et tout le monde disait qu'il ressemblait à un monstre. Même si ils disaient plutôt " Tu portes vraiment bien ton prénom ! Le monstre ! " Alors croire que quelqu'un pouvait adorer ses yeux était quelque chose d'inimaginable. Aussi l'étonnement se peint sur son visage. Comment était-ce possible à imaginer ? Il ne pouvait y croire. Et en repensant à ce qu'on lui avait dit à propos de ses petits yeux transparents, il faillit rire. Un rire jaune, un rire triste. Mais il n'en fit rien, se contentant de rester interdit. Il ouvrit la bouche pour parler mais aucun son ne voulait sortir. Il n'y arrivait pas. Il referma la bouche. Peut-être était-ce ironique, mais ça n'en avait pas l'air. Ou peut-être qu'ici les gens ne trouvaient pas cela monstrueux. Déjà une fille, Moon, lui en avait parlé. Mais elle n'avait pas dit qu'ils étaient hideux. Elle lui avait juste posé une question à leur propos. Mais là... Dire qu'il les adorait... Décidemment, il n'était pas normal. Ou alors peut-être que ça l'était. Les gouts et les couleurs ça ne se discute pas après tout. Bien qu'il aurait aimé discuter de la couleur de ses yeux.
Il retrouva la parole même si il en restait toujours abasourdi. Mais la seule phrase qui réussit à sortir n'était pas une phrase de remerciement.


- Tu te fous de ma gueule, là ? Hm ?

Il reprenait sa tranquillité un peu plus vite qu'il ne l'aurait reprise d'habitude. Sachant que d'habitude il aurait été tout à fait apte à entrer dans une colère phénoménale et à se mettre à frapper tout ce qui se présentait sous ses poings. Mais pas là. Il prit une nouvelle bouchée, attendant la réponse du roux. Même si il était persuadé de la connaitre. Que pouvait-il faire à part se moquer de lui en lui disant ça ? Pas grand chose sans doute. Mais pourquoi ? Si c'était bien dans ce but il aurait pu utiliser n'importe quoi chez le brun. Ses cernes, ses cheveux, la finesse de son corps. Mais non, il avait choisi les yeux. Il faut dire que les autres critères auraient pu être mal placés. Mais tout de même. Il ne s'expliquait pas ce fait. Il prit une nouvelle bouchée, presque inconsciemment. Il avait besoin de faire quelque chose de ses mains quand il réfléchissait. Kai décida finalement de ne pas trop chercher avec ça.

- Elle est vachement bonne en tout cas, tu perds un truc.

Il ne savait pas quoi dire d'autre, il avait l'impression que son cerveau se ramollissait au fil des secondes. Il s'arrêta dans son mouvement, brusquement. Il s'arrêta de mâcher et si quelqu'un était assez proche de lui, il aurait senti le souffle régulier de sa respiration s'arrêter un instant. Il fixait le garçon assit face à lui. Il l'observa plusieurs minutes, puis recommença à mâcher comme si de rien n'était. Il dit tranquillement :

- Moi, j'adore tes cheveux. Même si j'trouve pas d'mot pour les qualifier.

C'était vrai. Il avait essayé de les comparer aux flammes. Mais il n'aime pas le feu. Au soleil, mais pareil, il n'aime pas le soleil. Quoi d'autre était orange ? Une question aussi banale pouvait le travailler pendant plusieurs heures. Surtout quand il n'était plus apte à réfléchir à quoi que ce soit d'autre, ce qui était à peu près le cas. Il continuait de grignoter tranquillement la poire devenue sienne.
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MessageSujet: Re: Fox who is Hungry is not Free [PV Kai'] Fox who is Hungry is not Free [PV Kai'] EmptyDim 10 Jan 2010 - 6:09

    Spoiler:

    Liam fut légèrement surpris de l’empressement de l’autre à manger la poire. Surpris qu’il semble aimer ça. Quoique lui aussi avait aimé sentir son ventre se calmer dès la première bouchée. Peut-être que lui aussi avait faim et que quelques bouchées après il se débarrasserait à son tour du fruit entamé. Parce que Liam n’arrivait pas à comprendre comment les gens aimer manger. Il ne comprenait pas que cette obligation soit un plaisir pour eux. Il pensait plutôt que les humains aimaient détourner les règles, telles quelles soient. Et pourtant, celle-ci, ils l’appliquaient sagement. Sans jamais essayer de la contrôler. Ils avaient faim, ils mangeaient. Aussi simple que ça. Liam n’avait pas faim, il ne mangeait pas. Liam avait faim, il ne mangeait pas non plus. Sauf quand la sensation commençait à se faire dévorante et qu’il n’avait nul autre choix de manger ce qu’il y avait. Enfin, n’exagérons rien, il y avait certaine chose, comme la viande, qu’il ne mangerait pour rien au monde. C’est pour ça que les compléments alimentaires étaient très pratiques… Mais comme ils ne suffisaient pas , de temps à autre, il devait faire une transfusion pour que son sang récupère tous les nutriments dont il avait besoin.

    Liam n’aimait vraiment pas manger. Ce n’était qu’une perte de temps, quelque chose d’agaçant et répétitif. Or le renard n’aimait pas les choses qui se répétaient trop souvent à son goût. Alors il ne mangeait que quand il savait que la corde fragile qu’était son corps allait craquer. Manger, selon lui, ne devrait pas être obligatoire. Et si on contrôlait assez bien son corps, on devait pouvoir se retenir de manger autant de temps qu’on le souhaitait. Jusqu’à ce que les obligation de la nature humaine reprenne le dessus et le force à avaler quelque chose… Liam savait que penser ainsi n’était pas normal. Qu’il aurait dû, comme les autres, aimer au moins un peu la nourriture. Ses psys le lui avaient assez répété toutes ces années. Ne pas vouloir manger, perdre quatre kilos en trois mois, passant ainsi sous la barre des cinquante kilos, se forcer à ne pas le faire était une maladie. Et dire qu’en temps normal les filles étaient plus sujets à être touchée par l’anorexie… Et non, il avait fallu que lui tombe là-dedans. Lui déjà androgyne… Pourtant, Liam ne faisait pas ça pour son physique. La maigreur, c’était moche. Il le savait, quoiqu’encore lui n’avait pas trop à se plaindre… Mais il fallait qu’il se calme un peu, qu’il remange au moins comme avant qu’il n’entre en prison. Un yaourt et un morceau de pain par repas… Ce n’était pas grand-chose, ce n’était même pas équilibré, mais au moins, il mangeait. Dans son cas, on ne pouvait pas vraiment faire la fine bouche à ce sujet. Seulement, il savait très bien qu’il ne pourrait pas se remettre à manger normalement – ce que lui appelait « normalement » plutôt – seul, il en serait incapable. Ne manger que quand ça devenait une urgence lui était devenu naturel. Ce n’était même plus qu’il se forçait à ne pas manger, il n’y pensait même plus. Il s’était habitué aux tiraillements de son ventre et ne les remarquait que quand ils se faisaient insoutenable. Comme ce soir-là…

    Liam esquissa un léger sourire quand il entendit le remerciement, visiblement venant du fin fond du cœur… Enfin, il ‘avait remercié, peu importe le ton qu’il avait employé. Il aurait même pu ne pas le faire que ça ne l’aurait pas outré autre-mesure. Après, tout, ce n’était qu’un service qui lui rendait autant service qu’il n’aidait le renard. Le renard n’en voulait plus, et il avait trouvé le moyen de s’en débarrasser sans faire de gaspillage. Enfin, ce n’était pas comme s’il faisait vraiment attention à tout ça. Pour le peu de temps qu’il lui restait sur Terre – parce qu’il savait très bien qu’en se droguant comme ça et en mangeant si peu, il ne risquait pas de faire long feu – il n’allait pas s’embêter avec ça. Alors au final, lui avoir donné sa poire, ça l’arrangeait plus que ce n’était un véritable sacrifice.

    Liam avait définitivement abandonné l’idée de toucher au rat noir. Et puis, la preuve que celui-ci ne voulait pas qu’il le touche, il restait prêt de son maître. Enfin, son maître… Liam n’aimait pas cette appellation. Il ne voyait pas pourquoi les animaux étaient considérés comme des objets… Après tout, ils pouvaient partir comme bon leur semblait… D’accord, sauf ceux qui étaient enfermés dans des bocaux, dans des cages ou dans des vivariums… Mais en dehors de ça, ils étaient tous libres de partir dès qu’ils le souhaitaient. Les chats par exemple… Les chats n’avaient pas de maîtres. Ils voulaient partir, ils s’en allaient. Tout simplement. Liam considérait les animaux plus comme des compagnons de route. Ils apportaient de la compagnie, un peu de chaleur, et en échange, les gens les nourrissaient et leur apportaient eux aussi un peu de chaleur. Il ne fallait pas croire, les animaux aussi étaient des êtres intéressés… Liam étaient sûr que si les animaux pouvaient parler certains se révéleraient être encore plus vils que les humains.

    Sans aucune raison logique, cette petite réflexion interne lui fit penser aux yeux du brun en face de lui. Oui, Liam était capable de réaliser des liens, aprioris dans aucun rapport les uns entre les autres. Enfin, lui-même n’était pas capable d’expliquer pourquoi cette pensée sur les animaux lui avait fait penser aux yeux de son vis-à-vis, mais c’était ainsi. Et il ne pu retenir la phrase qui lui était venue aux lèvres. Il ne retenait que très rarement les phrases qui lui venaient en tête de toute manière. Il n’en voyait pas l’utilité. Et puis, avec des yeux pareils, il ne pouvait vraiment pas s’en empêcher. De toute manière, Liam était réellement fasciné par les yeux des gens. Pas tous, bien entendu, mais il adorait ça. Enfin, ce n’était pas tellement qu’il aimait ça, mais chez une personne, après son allure générale, c’était la chose qui retenait son regard. Sauf exception. Mais bien entendu, les « beaux yeux » n’existaient pas en tant que tels. Ils allaient toujours avec l’allure générale du corps. Parce que deux yeux sans le reste du visage, qu’est-ce que c’était ? Deux boules rondes colorées et pleines de vaisseaux sanguins. Effectivement, ce n’était pas intéressant. Liam fixait donc un peu plus précisément, essayant de comprendre pourquoi les yeux de l’autre n’étaient pas au pire des cas, rouges. Quand il l’avait vu avec sa peau aussi claire et avec ses yeux encore plus clairs il avait tout de suite pensé qu’il était albinos. D’accord, ça ne lui avait pas immédiatement sauté aux yeux, mais maintenant, ça lui rappelait ça. Seulement, il pensait que tous les albinos avaient les yeux rouges – à moins que ça ne soit vrai que chez les animaux…- , et non transparents… Donc il avait ensuite pensé aux lentilles de contact, mais le problème était qu’il ne voyait pas les habituels contours d’une éventuelle lentille… Ce qui lui laisser penser qu’il n’y avait pas de lentilles. Mais…ce n’était pas possible. N’est-ce pas ? Enfin, peu importe, il avait des yeux étrangement fascinant. Du moins, c’était l’avis de Fox.

    Aussi fut-il surpris quand il vit l’autre s’étrangler. Comme s’il avait dit quelque chose de particulièrement absurde. A moins que l’autre ne pense qu’il lui faisait du rentre-dedans… Effectivement, en y repensant bien, il est vrai que ses paroles pouvaient être mal interprétées… Tant pis… Pour le moment, Liam s’inquiétait plus pour le brun qui semblait clairement étouffer. Il devrait sûrement faire quelque chose ? Lui-même s’était étouffé – à la différence que lui s’était parce qu’il rigolait – il y avait quelques jours et pour l’avoir vécut, il pouvait dire que l’expérience était très peu agréable. Pour ne pas dire pas du tout… Heureusement pour lui, mais surtout pour l’autre, Liam n’eut pas à réagir vu qu’il retrouva son calme au bout de plusieurs minutes. Ayant, visiblement, toujours du mal à avaler la pilule… En ce moment même, l’émotion qui passait sans aucun doute possible dans ses yeux était l’étonnement. Un étonnement qui aurait presque pu mettre mal à l’aise Liam s’il n’était pas lui.

    Un nouveau sourire se dessina sur ses lèvres quand il le vit u=ouvrir la bouche avant de la refermer aussitôt. Comme si les mots qu’il avait voulu prononcer s’étaient soudainement dissipés. Ca devait sûrement en être le cas d’ailleurs. Pourtant, Liam savait bien que ce genre de phrase avait tendance à faire l’effet d’une bombe sur les gens qui n’avaient pas toujours l’habitude d’autant de franchise. Ou tout simplement de ce genre de phrases qui pouvaient aussi être mal interprétées car elles portaient très souvent sur le physique. Mais ce n’était pas une raison pour dire qu’il était superficiel. Après tout, dans la plupart des cas, la première chose à laquelle on faisait attention quand on rencontrait une personne, c’était son physique. Analyser aussi rapidement leur « bonté intérieure » était souvent le signe précurseur d’une personne relativement ennuyante… Et jusqu’ici, Liam avait la chance de n’avoir jamais rencontré de personne réellement ennuyante. Donc jusque là, son avis était, au départ, essentiellement basé sur le physique.

    - Tu te fous de ma gueule, là ? Hm ?

    A ce moment-là, il aurait sûrement dû lui faire un sourire goguenard, en lui disant qu’effectivement, il ne faisait ça que pour se foutre de sa gueule comme c’était si bien dit. Mais il ne le fit pas. Pourquoi ? Liam revenait très rarement sur ce qu’il disait. Surtout sur la portée de ses mots. S’il avait voulu être ironique, il aurait utilisé le ton prévu à cet effet. Sur ça, on pouvait lui faire confiance. L’ironie, il maîtrisait plutôt bien. Ou du moins, il se débrouillait suffisamment pour que ses interlocuteurs comprennent qu’il s’agissait d’ironie. Sauf les plus bêtes – ou défoncés – d’entre eux. Pour cela, Liam ne cherchait même pas à préciser. Les causes perdues étaient irrécupérables, sinon on ne les appelleraient pas « causes perdues ». Logique.

    Liam resta un long moment silencieux, ses yeux essentiellement plongés dans ceux de son vis-à-vis ou bien posé sur le rat qui l’accompagnait. Plus il le regardait, plus il se disait qu’avoir aussi un compagnon de route à quatre pattes pourrait être intéressant… C’était une idée à ne pas exclure… Le seul problème était qu’il avait peur de se lasser rapidement du compagnon à quatre pattes en question et d’oublier petit à petit de le nourrir avant de l’éjecter tout simplement de sa vie. C’était ce qu’il avait fait avec ses anciens petits-amis – à part les nourrir, bien sûr… Parce que oui, il était déjà sorti avec des gens même si ses relations dépassaient très rarement le stade et cap fatidique des trois mois. C’était très simple, au bout de trois mois, il jugeait connaître assez la personne pour quelle ne soit plus intéressante à ses yeux. Encore ce besoin irrépressible de mystère irrésolu et obsédant. Il aimait l’idée d’être constamment être à l’épreuve, de ne jamais être sûr de rien et de ne rien n’avoir d’acquis. Il aimait se remettre en question, même si au final il ne changeait pratiquement rien. Ca lui était juste très agréable.

    Mais en attendant, Liam ne lui répondait toujours pas. A vrai dire, il avait même oublié qu’il lui avait posé une question. Pourtant la phrase résonnait toujours dans sa tête… Les effets de la drogues étaient dévastateurs chez lui. Il ne pouvait le nier. Des absences de ce genre là lui arrivait de plus en plus souvent, mais pour être franc, il trouvait ça plus amusant qu’agaçant. Être plongé dans son monde à ce point et sans être mis dans des conditions particulières, ce n’était pas quelque chose qui était permis à tout le monde.

    - Elle est vachement bonne en tout cas, tu perds un truc.

    Liam descendit ses yeux vers la poire qui disparaissait lentement, croquée à chaque fois avec un plaisir évident par l’autre sous le regard presque dégoûté de Liam. Il y avait une chose qui pouvait lui être encore plus désagréable que de manger lui-même. C’était de regarder les gens manger et qui y prenaient un plaisir évident. Manger ce n’était pas un plaisir, juste une corvée imposée par notre nature humaine. Rien d’autre. En tout cas, ça n’était rien d’autre aux du rouquin.

    Il savait très bien ce qu’il perdait en ne mangeant pas cette poire, il perdait l’occasion de ne pas vomir au-dessus d’une cuvette parce que son estomac aurait l’impression d’avoir trop mangé et qu’il se sentirait dans l’obligation de tout recracher, ce qui au final, aurait donné du travail à Liam pour rien. Par qu’il n’était pas boulimique. La nourriture, quelque soit sa forme, le dégoûtait. Certaine moins que d’autre, mais en général, il n’aimait pas ça. Alors non, manger pour vomir intentionnellement la nourriture après n’était pas dans ses habitudes. Il ne se mettait jamais de doigts dans la bouche pour se faire vomir. Non, chez lui, ça venait naturellement… Il ne pouvait pas dépasser certaines doses où il recrachait tout. C’était purement mental. Il le savait, mais seul, il ne pouvait rien y faire. Il n’était même pas sûr d’avoir la motivation nécessaire pour changer ça… Durant certains de ses délires quand il était shooté, Liam était persuadé que s’il maigrissait assez, il pourrait tout simplement disparaître de la surface de la Terre. Sans mourir. Juste disparaître comme ça parce que sa masse serait devenue inexistante. Encore mieux, elle serait devenue négative.

    Liam, tout perdu en lui-même avec la réflexion qu’il avait faite quelques mois plus tôt à l’un des camés qu’il côtoyait de temps en temps – quand celui-ci était assez défoncé pour lui passer de la came gratuite pour être franc – à savoir s’il était possible ou non d’avoir une masse négative, ne remarqua pas l’arrêt brutal de l’autre garçon dans son geste. Ou plutôt, il ne le remarqua pratiquement pas. Puis une fois avoir conclu – toujours mentalement – que si les chiffres pouvaient être négatifs, il n’y avait pas de raison pour qu’un poids ne le soit pas, il constata qu’ils étaient toujours en train de se fixer en chien de faïence. Quoiqu’à ce niveau là, ça ressemblait plus à une analyse visuelle qu’autre chose. Si celle de Liam restait purement objective, ou du moins - il n’essayait pas vraiment de porter un jugement de valeur sur son apparence, bien qu’étant humain, il le faisait forcément – il n’en était pas forcément de même pour l’autre. Autre qui fixait avec un soin tout particulier la crinière fauve sur le crâne du rouquin. Crinière qui apportait beaucoup de soucis au renard qui, plusieurs fois avait voulu les couper dans des accès d’énervement plutôt remarquable. Mais finalement, il n’avait jamais eu le courage de le faire. Trop peur de se louper et de se retrouver avec une coiffure encore plus moche. Et puis, il s’y était fait à ses cheveux mi-long… Même si, il était vrai qu’une telle coiffure n’atténuait pas son allure androgyne. Mais peu importe. Comme il disait, les gens pouvaient penser ce qu’ils voulaient, il n’en avait rien – ou presque – à faire.

    Durant de longues minutes où le garçon ne quittait toujours pas ses cheveux du regard, à un tel point que Liam passa une main quelque peu nerveuse dedans pour vérifier que rien ne clochait. Pas plus que d’habitude en tout cas. Autant ça ne le dérangeait pas qu’on le fixe, autant, à un moment, ça pouvait devenir réellement… Bizarre… Il comprenait un peu mieux pourquoi la plupart des gens détournaient le regard quand il se mettaient à les fixer ainsi. Quoique lui ne restait pas bloquer à une seule partie – ou très rarement – ou bien son regard « accrochait » à certaines puis reprenait aussitôt son chemin. Plusieurs fois, certes, mais au moins, son regard ne devenait pas brusquement fixe, une poire dans la bouche et semblant être frappé par la vision de la vierge s’amusant à mettre des bigoudis ou des chouchous dans ses cheveux… Oui, là, ça pouvait même devenir intimidant. Juste pour vérifier, deux fois valent mieux qu’une, qu’il n’y avait vraiment rien d’anormal dans ses cheveux, sa main repassa dedans, plusieurs fois mais ne constata, cette fois pas plus que l’autre, rien d’étrange. Tant mieux. Mais d’un côté, ça n’expliquait toujours pas pourquoi l’autre les regardait comme ça…

    - Moi, j'adore tes cheveux. Même si j'trouve pas d'mot pour les qualifier.

    Aussi simplement que cela. Et il croqua dans sa pomme, comme s’il ne venait pas pendant plusieurs minutes de ne rien dire en fixant sa chevelure. Quelque chose lui disait qu’il n’était pas le seul à ingéré des trucs pas très nets… Peut-être que les cachets qu’il avait prit quelques minutes auparavant n’étaient pas à but uniquement médical… Ca expliquerait le comment du pourquoi en tout cas… Bref… Il s’en foutait un peu. Enfin non, pas tant que ça. Si ce mec avait effectivement de la drogue avec lui, il pourrait alors se révélait utile en plus d’être intéressant. Deux choses très importantes que Liam essayait toujours d’évaluer quand il rencontrait quelqu’un. Après son physique, il relevait s’il était intéressant ou non, et si oui, son degré d’intérêt – selon un système purement arbitraire, il fallait bien l’avouer – et s’il lui était utile ou non. Liam acceptait de revoir une personne, uniquement si elle remplissait au moins une de ces deux cases. Autrement, ça ne servait à rien. Tout devait lui servir. Peu importe la façon, mais les gens devaient lui servir. Sinon, quel était leur intérêt ?

    _ Hn… Merci. Pour les cheveux…

    Liam avait cette manie incessante de toujours expliquer pourquoi il remerciait quelqu’un. Il pensait que les gens n’étaient pas capable de comprendre par eux-mêmes la raison pour laquelle il les remerciait et précisait donc le sujet du remerciement avant d’entendre un quelconque « Mais pourquoi tu me remercies ? ». On lui avait deux trois fois le coup, et depuis, il avait retenu la leçon. Toujours expliquer pourquoi on remerciait quelqu’un. Pour ne pas avoir à se répéter… C’était déjà assez embêtant à faire…

    Le fait qu’il ne trouve pas de mot pour les qualifier lui plaisait particulièrement. Il n’aimait pas l’idée que quoi que chez soit sur lui soit aussi facilement qualifiable. Comparable à autre chose en quelques secondes. Il aimait l’idée qu’aucun mot ne puisse le qualifier dans son exactitude. Et c’était le cas. Les mots ne pouvaient pas décrire à la perfection une personne. Pourquoi ? Parce qu’on pouvait les employer pour d’autres personnes alors que chaque personne est unique en son genre. Et c’est pour ça que deux mots, placés sur deux personnes différentes n’auront pas la même intonation. La même importance. Et Liam n’était pas gêné par ce compliment. S’il aimait faire des compliments aux gens, il aimait aussi en recevoir. Ne gardant que le meilleur pour jeter le pire que l’on pouvait lui dire. Il n’avait pas besoin des autres pour se rabaisser. Il le faisait très bien tout seul.

    _ Et sinon : non. Je ne me foutais pas de toi quand je disais que je trouvais tes yeux magnifiques…

    La question venait juste de revenir à la surface du lac brumeux qu’était son esprit. Question qui lui était revenu parce qu’il avait de nouveau croisés ses yeux pour finalement y rester. Ne voulant surtout pas baisser son regard sur la poire en train de se faire déguster. Il ne tenait pas plus que nécessaire à devoir partir en courant de la salle parce qu’une nausée intense aurait pointé le bout de son nez… Il en venait même parfois à se demander s’il ne faisait pas une phobie de la nourriture…

    _ Ils sont… Fascinants je trouve. C’est comme…plonger dans un endroit entièrement blanc qui semblerait étrangement coloré… ‘Fin, c’est bizarre.

    Comment pouvait-il expliquer ça ? C’était comme si le monde blanc serait son iris et que la couleur dans ce monde blanc serait la multitude d’émotions qui traversaient les iris. Effectivement, ça sonnait un peu comme le discours d’un allumé… Enfin, il n’avait plus grand-chose à perdre. Passer pour un allumé ou pas, est-ce que ça changerait quelque chose dans sa vie déjà bien emplie ?

    _ Mais c’est pas des lentilles. N’est-ce pas ?

    Il était pratiquement sûr que ça n’était pas des lentilles. Même si ça semblait si peu probable… Des yeux transparents, ça n’existaient pas. Mais si ça pouvait être vrai, il était sûr que son analyse sur l’autre n’en ressortirait que mieux. Il ne voyait pas les contours de la lentille, alors il y avait une chance pour que ça soit vrai… Mais en même temps, il étai un peu trop loin pour voir clairement. Tout naturellement, Liam s’avança un peu plus, approchant son visage de celui de l’autre quand son corps ne pu s’avancer d’avantage et plissa légèrement les yeux comme pour voir mieux. Après quelques secondes d’analyse, Liam pu constater, qu’effectivement, si lentille il y avait, ça ne se voyait absolument pas. Donc soit la technologie et la science avaient fait de nouveaux progrès au niveau des lentilles, soit il ne portait tout simplement pas de lentilles. Conclusion très simple à laquelle Liam était arrivé.

    _ Nh… On voit rien en tout cas… T’es albinos ou un truc du genre ?

    Liam recula par la même occasion son visage, se disant que parler à quelqu’un que l’on ne connaissait presque pas – pour ne pas dire totalement - à quelques centimètres de son visage, devait être quelque chose qu’il fallait éviter de faire. Enfin, c’était surtout à cause de l’odeur de poire qu’il s’était reculé. D’accord, l’odeur ne le dégoûtait pas, mais mieux valait ne pas tenter la petite bête. Une nouvelle fois, la franchise de Liam avait frappé. Pas un seul instant il ne s’était dit que li l’autre était, effectivement, albinos, il ne voudrait pas en parler. Après tout, l’albinisme était considéré comme une maladie. Et beaucoup de gens n’aimaient pas parler de leur maladie. Mais une fois de plus, Liam n’en avait rien à faire. Après tout, lui était bien drogué et il s’assumait totalement…
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MessageSujet: Re: Fox who is Hungry is not Free [PV Kai'] Fox who is Hungry is not Free [PV Kai'] EmptyMer 13 Jan 2010 - 2:22

Spoiler:

Kai aimait donner un nom aux choses. Aux couleurs. Aux personnes. Non pas qu'il aimait connaitre l'appellation d'un objet, le nom d'une personne, ou quoi que ce soit. Non, il aimait avoir ses mots à lui pour se représenter quelque chose. Pour avoir le modèle de base en quelque sorte. Parce que les détails n'ont pas de noms, et il fallait avouer que ça l'ennuyait bien. Parce que le roux qui lui faisait face était plein de détails, et qu'il ne pouvait pas les nommer. Et comme pour lui, tout ce qui n'a pas de nom n'existe pas vraiment, il aurait largement préféré trouver des mots. Mais les mots sont un art abstrait, ils sont à la fois tout et rien et Kai n'en a que trop bien conscience. Il ne sait que trop bien et à son grand désespoir qu'on ne peut pas se souvenir de quelque chose avec des mots. On ne peut se souvenir que du contour, mais pas des détails, justement. Sauf pour le caractère, mais il prenait rarement le temps d'analyser le caractère en profondeur. Ca ne l'intéressait pas. Un caractère est quelque chose qu'on forge soi-même, au fil de sa vie. Et quand on a pas de caractère, c'est qu'on a pas de détails. Alors il pensait qu'il suffisait d'arriver à saisir les détails de quelqu'un pour savoir qu'il avait un caractère. Après, la nature de ce caractère ne s'apprenait pas, pas comme un visage, elle se redécouvrait à chaque fois. Parce que si on connait le caractère de l'autre, il n'y a plus de surprise, plus d'intérêt. Et les choses sans intérêt sont ennuyantes. C'est pourquoi le brun s'efforçait de ne jamais analyser le caractère de quelqu'un. Il faisait du repérage de surface en quelques sortes. Mais pour ça, il lui fallait des mots. Et là, il en manquait cruellement. Il essayait de trouver bien des expressions qui auraient pu qualifier ses cheveux, ses yeux. Mais il n'y arrivait pas. Peut-être que son vocabulaire s'amenuisait quand son cerveau se mettait en veille. Et là, sa boîte crânienne rendait l'âme. Ce qui était fort probable et logique, qui plus est. Finalement, il en oublia la chevelure rousse du jeune homme en face de lui. Celui-ci avait semblé nerveux quand Kai le fixait mais, trop absorbé par son analyse, il n'y avait pas prêté attention. Il ne s'était sans doute même pas rendu compte de l'insistance portée dans son regard. Si il avait eu un tant soit peu conscience de l'étrangeté de son acte, il se serait sans doute abstenu. Et encore, rien n'était moins sûr. Il n'était pas vraiment prévisible et même lui -surtout lui- ne savait jamais à l'avance ce qu'il ferait dans telle ou telle situation. Mais là, c'était quand même clairement bizarre. Kai aimait être bizarre, il aspirait à ça, mais il fallait qu'il se rende compte que bizarre et ridicule allaient souvent de paire. Et que le ridicule était loin d'être son idéal.

Mais ce qui est fait est fait. Et il est inutile d'espérer pouvoir revenir dessus. Faire quelque chose c'est comme aller chez le coiffeur, on ne peut pas revenir dessus dans l'immédiat. Et pour sa part, c'était plutôt jamais. Même si, de toute manière, à l'instant, il n'était pas vraiment capable d'émettre un jugement de quelque nature que ce soit sur les quelques minutes qu'il avait passé à fixer des cheveux roux avec un air d'halluciné. C'est un halluciné, après tout. Il se souvenait vaguement qu'une de ses questions était restée sans réponse. Mais à vrai dire, il n'était présentement plus en état de dire laquelle. Kai s'en fichait un peu. Mais les effets qu'avaient les médicaments aujourd'hui sur lui, lui faisaient se demander si il ne s'était pas trompé de pilules avant de partir. Après tout, c'aurait été possible. Mais il ne voyait pas ce qui pouvait agir de la sorte sur lui. Le brun sentait son encéphale se ramollir. Bientôt ça ne serait plus qu'un vulgaire milkshake et il ne savait pas combien de temps ça allait durer. Normalement les effets n'étaient pas aussi grands. Et ça, c'était légèrement stressant. Enfin, si il était encore en état de stresser, ça n'était pas plus mal. Parce que parfois il partait tellement dans son délire qu'il ne ressentait plus rien, en ce qui concerne les émotions négatives en tout cas. Et parfois c'était l'inverse, les bad trips. Ouais, ça lui arrivait de temps en temps. Alors il préférait se méfier quand il ne connaissait pas la marchandise. C'est pourquoi il avait emmené tellement avant de venir, il ne doutait pas qu'il pourrait trouver sa dose ici. Mais il n'avait pas d'argent, -bien que payer en nature ne le dérangeait pas- et en plus, il ne savait pas ce que c'était. Et se faire avoir pour finir dans un bad trip... Non, merci. L'adolescents aux yeux blancs avait déjà donné là-dedans. Ca n'était que très rarement joli à voir. Et encore moins à vivre. Alors... Non, il ne voulait pas prendre de risque. Ce n'était pas vraiment le moment. Pour prendre des risques, il faut connaitre son environnement, avoir des repères. Mais pour l'instant lui, il n'en avait pratiquement aucun. Perdu dans des pensées cotonneuses il revint difficilement à la réalité quand le roux en face de lui se manifesta.


_ Hn… Merci. Pour les cheveux…

Les cheveux ? Kai regarda ses mains, sans savoir pourquoi. Il avait peur d'avoir fait quelque chose avec celles-ci, vu qu'il ne se souvenait même plus de la raison pour laquelle il le remerciait. Mais il n'avait que la poire dans les mains. Il releva les yeux vers son interlocuteur, se demandant si il devait lui poser la question fatidique : Le pourquoi du comment. Il ne savait pas de quoi il parlait et n'avait aucune idée de ce qui s'était dit avant. Mais là, il avait conscience que ça frôlait de très près le ridicule. Ou plutôt que ça l'empoignait à pleine mains. Alors il préféra ne rien dire. Ce qui lui semblait sur le moment une sage décision, étant donné qu'il était sans doute censé savoir sur quoi portait le remerciement. Il se mura alors dans un silence, il ne voulait pas que ça se voit qu'il commençait à perdre la tête. Même si le cacher était sans doute peine perdue. Ca n'était pas très malin de sa part d'avoir pris des médicaments assis dans le salon, mais à ce moment là il ne se doutait pas que quelqu'un allait arriver, et qu'il allait se retrouver dans cet état là. Alors c'était de sa faute, oui, mais pas totalement. Il n'avait pas lu sur le grand livre de l'avenir qu'il allait rencontrer un jeune homme roux aux yeux bleus dans le salon de l'institut Teenagers après avoir éteint la cheminée et avalé des médicaments. Alors il ne pouvait décemment pas prévoir. Enfin, il aurait pu se douter qu'il n'était pas le seul à passer par ici malgré l'heure tardive. Mais ça ne lui avait pas effleuré l'esprit. Et maintenant il était là, dans l'état semi-comateux sous lequel il se présente à cet instant. Et lui, il voudrait bien sauver les apparences. Mais il n'est que trop conscient que c'est très mal parti. C'est peut-être bien la seule chose dont il est encore conscient. Si ce n'est qu'il trouvait le jeune homme en face de lui de plus en plus attirant. Il ne pouvait pas s'empêcher, dès qu'il ingurgitait quelque chose, sa libido remontait en flèche. Mais il fallait qu'il évite d'y penser. Ca n'était peut-être pas approprié à l'instant.

Il s'en souvint d'un seul coup. Comme si il avait été frappé par la foudre et que ça lui avait ravivé la mémoire. Kai lui avait dit qu'il adorait ses cheveux. Il ne se rappelait pas encore d'avant. C'était déjà assez dur de se rappeler de ça pendant plus de temps qu'un poisson serait capable de le faire. Trois malheureuses secondes. Alors pour ce qui s'est dit avant, il faudra repasser. Le brun remarqua, très inconsciemment, que l'autre avait cessé de tenter de s'approcher de Kurai qui était remonté sur l'épaule du jeune homme. Lui-même ne savait pas pourquoi le rat s'obstinait à rester avec lui. Parce qu'il l'avait soigné et qu'il était loyal ? Parce qu'il se plaisait bien avec lui ? Ou tout simplement parce qu'il n'avait rien de mieux à faire ? Il n'était pas près de connaître les pensées profondes de son tas de poils noir. Mais ça l'intriguait quand même. Il se demandait ce qu'il pouvait ressentir. Si il ressentait vraiment. Il lui arrivait de se demander ce que les yeux sombres du rat regardaient quand il fixait un point que lui seul semblait voir. Mais il n'avait jamais trouvé la réponse, jamais il n'avait pu affirmer quoi que ce soit. Personne ne sait sonder un esprit humain, alors celui d'un animal... D'ailleurs, l'humain ne sait pas faire grand-chose. Et plus le temps défilait plus le camé prenait conscience de ça. Ils n'étaient tous que des machines imparfaites. Des machines qui exécutent leurs propres ordres. Sans se soucier de ce qu'ils pourraient voir en tournant la tête. Regarder devant. Jamais à côté. Toujours devant soi. Et du coup, ils ne prenaient jamais le temps d'admirer le paysage, de découvrir le monde qu'ils pensent connaitre. Kai le reconnait lui-même, il est une de ces machines, à défaut que lui n'exécute que ses propres ordres, et encore, pas toujours. Il avance tant qu'il y a du chemin sans jamais tourner. Mais lui, il s'arrête parfois, il s'arrête et rêve. Rares sont les robots qui rêvent. Il n'est pas un robot. C'est ça, la réelle différence. Et pourtant elle est infime. Il est un robot de chair et d'os, comme tous les autres, mais lui, il a su ouvrir ses yeux. Pas entièrement, peut-être pas les deux. Mais au moins un quart d'œil. Et il a pu entrapercevoir le monde. Et le fond de son iris décoloré était un miroir qui lui renvoyait l'image de ce monde. Il était un peu comme ce qu'on supposait des chiens : Il voyait en noir et blanc. Sans couleur. A part le rouge, le sang. Et la mort. Si tant est qu'elle ait une couleur. Mais il fallait qu'elle en ait une, sinon il était impossible de décrire comment c'était après Elle. Mais après tout, ça l'est, impossible, pas vrai ? Quand la Mort vous prend elle vous rend aveugle. Peut-être parce que sa couleur est trop belle pour son appellation, allez savoir. Kai voyageait gentiment dans ses pensées quand, de nouveau, la voix du rouquin face à lui s'éleva dans l'air.


- Et sinon : non. Je ne me foutais pas de toi quand je disais que je trouvais tes yeux magnifiques…

Un instant de conscience, une seconde d'éclaircies. Comment pouvait-il être sérieux ? Kai en fut de nouveau scotché, mais il n'avait rien à redire. Parce qu'il n'avait pas les mots. Pour lui c'était impossible. Et l'impossible est négatif, or, chez lui, les nombres négatifs n'existent pas. Alors l'impossible reste impossible, même si on lui prouve de manière pertinente le contraire. Et on n'allait pas lui faire croire si simplement que ses yeux amandés et blancs étaient beaux. Lui-même les trouvait hideux. Mais c'était peut-être parce qu'il était conditionné pour ça. Les gens avaient souvent l'impression qu'il portait des lentilles. Et une fois, quelqu'un lui avait mis le doigt dans l'œil pour essayer de l'enlever. Il ne s'en est pas sorti indemne, le pauvre. Et Kai en est sorti encore plus méfiant qu'avant, vis-à-vis de ses yeux. Les iris avaient naturellement de la couleur, ca prouvait que leur propriétaire était vivant. Les yeux des tierces gens pouvaient briller de toutes sortes d'éclats, grâce à leur couleur, ils pouvaient être, grâce aux émotions qui passaient dans leurs yeux. Alors, la couleur des yeux était un peu synonyme de vie pour le brun squelettique. Et lui, avait perdu la couleur de ses yeux, en même temps qu'il avait, entre guillemets, perdu sa vie. Ca signifiait qu'il était mort ? C'est la conclusion qu'il avait, de prime abord, tiré. Puis en y réfléchissant, un peu, il en avait conclu que ça représentait le déclin de son humanité. Pour finir par sa destination finale : La perte de toute humanité. Pourtant ils étaient beaux ses yeux quand ils étaient encore bleus. Un beau bleu, plus clair que le ciel, plus profond que l'océan. Un bleu à la fois pâle et vivant. Il n'était qu'enfant. Et c'est l'espoir qui fait vivre, c'est bien connu, à partir du moment où l'espoir n'est plus... Les yeux meurent. Pour toujours. Même quand une étincelle d'espoir parvient à les faire briller quelques instants. Ca ne dure jamais assez longtemps. L'allumette craque, et tout disparait. Les deux minuscules cendres rouges s'éteignent dans l'immensité. Et elles aussi, elles représentaient un regard. Un regard mourant, un regard saignant. Rien de plus.

-Ils sont… Fascinants je trouve. C’est comme…plonger dans un endroit entièrement blanc qui semblerait étrangement coloré… ‘Fin, c’est bizarre.

Kai haussa un sourcil. Jamais il n'avait pu imaginer son regard sous cet angle. C'est difficile d'imaginer son propre regard, on ne le voit jamais, sauf peut-être au détour d'un miroir. Et encore, parfois on fuit son reflet. On fuit, la peur de se voir, de se découvrir. L'angoisse dévorante de prendre conscience. Tant qu'on ignore la gravité de la situation, qu'on ignore les cernes qui mordent sur les joues. Qu'on ignore le teint cireux, plus sinistre que la poussière. Et qu'on fait semblant de ne pas voir les os qui s'échappent quand on regarde ses poignets. Mais Kai ne regarde pas ses poignets. Quitte à fermer les yeux, à repousser tout ce qui ressemble à sa peau, de près ou de loin. Toujours est-il qu'il n'avait jamais imaginé que ses yeux puissent fasciner quelqu'un. Le regard blanc du brun avait croisé le regard bleu du roux. Et ça lui paraissait étrange. Etrange qu'il arrive à trouver ses yeux fascinants Il était prisonnier du modèle qu'on lui avait imposé, à savoir : Toi et tout ce qui te compose, c'est monstrueux, horrible, hideux. Et jamais il n'avait été capable d'en démordre. Il aimait exhiber son corps mais jamais le regarder. Parce qu'il se fichait qu'on le trouve beau ou pas, il voulait extérioriser tout ça. Il se souvint vaguement qu'il avait un fruit dans la main, et l'amena à sa bouche, croquant un petit morceau avant d'esquisser une grimace. Elle n'avait plus le même goût savoureux qu'il y a quelques minutes. Pourtant elle était toujours la même, mais il était persuadé qu'elle était différente. Et celle-là, il ne la trouvait pas bonne. Il haussa les épaules, plus pour lui-même que pour autrui. Un monde blanc et coloré. Dans ses yeux ? Ca n'était pas très clair. Bien que Kai ne soit pas en mesure de l'affirmer, il pensait que le roux qui lui faisait face était, lui aussi, susceptible d'être gentiment accro à la drogue. Gentiment, ou moins gentiment d'ailleurs. Tout dépendait. Mais cette pensée fut si fugace qu'il n'eut pas le temps de la voir passer.

- Mais c’est pas des lentilles. N’est-ce pas ?

Le brun manqua de peu d'avoir le réflexe de fermer les yeux. L'expérience des lentilles l'avait légèrement traumatisé, et son œil en avait pâtit pendant plus d'une semaine. Alors, il ne souhaitait pas outre mesure risquer une nouvelle fois de se faire griffer l'œil. Parce qu'en plus de lui chercher des lentilles dans l'œil, la personne n'y était pas allée de manière très douce. Et son visage aussi avait gardé la trace des ongles pendant longtemps. Mais il avait stoppé son mouvement avant qu'il ne dépasse le stade de pensée.

- Nan, c'en est pas.

A peine avait-il dit ça que l'autre s'approchait dangereusement de lui. Comme pour le griffer. Il se trouvait à quelques centimètres de son visage. Et le brun faillit devenir hystérique. Il aurait pu repousser violemment l'autre, s'enfuir en courant, frapper, ou toute autre action stupide du genre. Et pourtant l'effet médicament lui revint en pleine tête, l'empêchant d'avoir une quelconque réaction face à ce rapprochement. Il se contenta d'hausser un sourcil, sans bouger d'un millimètre ou bien sans tenter de reculer, ou d'esquiver. Il le fixait dans le blanc de l'œil ( Même si l'expression est mal choisie ) attendant la sentence. L'autre semblait observer très attentivement ses yeux. Ce qui eut tout de même l'effet de lui faire cligner un peu trop pour la normale. Il avait beau dire le contraire, Kai aimait bien quand les gens étaient proches de lui. Sentir la chaleur d'un souffle sur sa peau était quelque chose qu'il aimait particulièrement. Il avait l'impression d'exister en tant qu'être à part entière. Avec un corps bien délimité et pas abstrait. Mais ça, jamais il ne l'aurait avoué. Par fierté sans doute. Ou par crainte de ce que ça impliquerai. Il était un peu une petite créature faible qui se défend en sortant sa seule et unique arme, dévastatrice, mais éphémère, et discontinue. Par réflexe, nerveux et provocateur à la fois, sa langue passa lentement sur ses lèvres, alors que ses pupilles restaient plantées dans celles de son vis-à-vis.

- Nh… On voit rien en tout cas… T’es albinos ou un truc du genre ?

Le garçon aux yeux couleur des nuages tiqua un peu sur la fin de la phrase. D'abord parce qu'il eut un mal fou à comprendre le mot "albinos" mais il y parvint par on ne sait quel miracle. Peut-être qu'il l'avait entendu, sans vraiment le savoir, et que son inconscient l'avait enregistré, allez savoir. C'est en fait la question qui lui posa problème. Pour le reste, il était évident qu'on ne voyait rien. Puisqu'il n'y avait rien. Il lui avait même dit. Pour qui se prenait-il ? Bien qu'il ait totalement raison de remettre en doute la parole du brun. De plus, celui-ci avait plutôt tendance à mentir à droite et à gauche. Bien qu'il ait très légèrement perdu cette habitude depuis son arrivée à Teen. Chassez le naturel et il revient au galop. L'adolescent aux yeux bleus se recula un peu, un peu plus commode pour parler, sans doute. Mais cette proximité n'était pas pour déranger celui aux cheveux corbeaux. Ce n'était pas vraiment son interlocuteur qui lui faisait cet effet mais plutôt le fait qu'il avait beau n'y avoir pas trop pensé, c'était indéniable : Il était en manque. Et pas que d'héroïne. Il fallait qu'il donne une réponse à la question du roux. Celui-ci n'était pas généreux en questions mais n'avait pas vraiment les meilleures. Au moins, ils ne s'échangeaient pas les prénoms. Les gens estimaient que c'était la moindre des choses. Mais un prénom, ça n'est rien, rien d'autre qu'une appellation qu'on n'a même pas choisi. Alors non, ça n'était pas la moindre des choses. Lui se plaisait bien tant qu'on ne lui posait pas trop de question, sinon, il était tenté de mentir. Comme là. Il n'était pas albinos, même si au fond il n'en savait rien, mais la question était tentante. Et c'était si facile. Malgré tout, il hésitait encore entre "albinos" ou "truc du genre".

- Yeah. Dans l'mile.

Ca n'était pas vrai. Et alors ? Est-ce qu'on a besoin de se dire la vérité ? Il n'était même pas sûr qu'il le recroiserait un jour. Ou qu'il lui reparlerait. Et puis au pire, il pouvait mettre ça sur le compte des effets médicamenteux. Ceux-ci se permettaient de faire des aller-retour entre la raison et l'inactivité cérébrale. Ce qui n'était pas pratique pour trouver une certaine stabilité. Il ne la recherchait pas tant que ça, mais c'était quand même préférable qu'il soit à peu près capable de se contrôler. Il avait, de nouveau, oublié le fruit qu'il tenait dans la main, celui-ci n'avait pas l'air de trop apprécier l'air ambiant. Il regarda quelques instants autour de lui, puis avisa la cheminée, si quelqu'un rallumait le feu, elle se consumerait. Ca n'était pas très discret de la laisser ainsi derrière soi. Il n'avait pas non plus envie de se relever pour se rassoir. Alors il se décala légèrement et se pencha sur le côté, s'étirant au maximum -c'est-à-dire beaucoup-, malgré le dos qui craquait sinistrement, laissant au passage tout le bas de son ventre et de son dos à l'air. Pas assez pour que sa cicatrice soit apparente néanmoins. Il ouvrit la porte de la cheminée et y jeta son fruit avant de la refermer et de se rassoir normalement. Il en avait oublié de lui demander si il en revoulait. De toutes les manières, ça n'aurait sans doute pas été très bon pour lui. Alors, il ne perdait pas grand-chose. Le brun fit craquer légèrement son dos.

- 'scuse, t'en voulais plus, hein ?

Le début de sa phrase était prononcé en japonais mais il avait su se rattraper sur la fin, juste pour qu'elle soit compréhensible. Le "scuse" était le seul mot à être sorti dans la langue du pays du Soleil levant. Kai reposa sa tête sur le fauteuil derrière lui, histoire de ne plus avoir à la porter.
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MessageSujet: Re: Fox who is Hungry is not Free [PV Kai'] Fox who is Hungry is not Free [PV Kai'] EmptyVen 15 Jan 2010 - 2:01

    C’était étrange ce besoin de toujours devoir trouver ce qui sortait de l’ordinaire. Ce besoin de ne pas faire comme les autres, de sortir de la foule étouffante et qui compressait tout votre être. Cette foule dont le seul but était de vous formater, de vous faire marcher dans le rang, comme tous les autres, sans avoir le droit de s’arrêter ou de s’asseoir un moment. On ne pouvait pas se reposer dans cette foule sous peine de se faire écraser. Ou alors, on pouvait prendre le choix d’en sortir dès que l’occasion se présentait. Sortir de cette foule, se retrouvant ainsi donc libre de ses mouvements, mais seul. Parce que les autres ne s’arrêtaient pas. Ils ne se retournaient même pas en vous voyant vous échapper à ressort de coups d’épaule et de bousculade. Non, ils n’en avaient rien à faire. Tout ce qu’ils voulaient, eux, s’était de continuer à avancer, tant pis pour ceux qui s’égaraient ou tombaient en cours de route. Ils allaient vers le bonheur qu’ils disaient…

    La réussite absolue.

    Mais Liam n’y croyait pas. Il était sûr que personne n’avait pu atteindre cette destination, certes alléchante, mais inexistante. Pourquoi le faisaient-ils alors ? Parce qu’ils avaient tous été manipulés. Depuis leur plus jeune âge. Il suffisait de voir les enfants dans la cour de récré… Dès qu’ils voyaient un enfant habillé d’une autre façon qu’eux, qui préférait lire ou regarder au lieu de se bagarrer, courir dans tous les sens et crier avec les autres, il se faisait tout de suite pointé du doigt. Puis, petit à petit, il se faisait repousser. Et il devenait un paria de la microsociété qu’était l’école. Et plus le temps passait, plus il s’éloignait des autres. Et plus il s’éloignait des autres, plus le fossé entre eux s’agrandissait. Et cet enfant – maintenant devenu adolescent – devait subir les moqueries et les boutades des autres de son âges qui s’en donnait à cœur joie. Les enfants étaient horribles à cet âge-là… Et Liam parlait en connaissance de cause… Quoique lui avait eu de la chance. Il avait toujours été assez malin pour se trouver les bonnes connaissances. Celles qui empêchaient les autres de trop le « taquiner ». Surtout avec sa taille… Il aurait fait une victime de choix. Parce qu’après, il y avait deux sortes de parias. Ceux qui faisaient tout pour se défendre, qui ne se laissait pas faire parce qu’ils pouvaient se le permettre, et il y avait ceux comme Fox qui n’avait nul autre choix que de lancer des regards glacés qui, au final, amusaient plus qu’autre chose. Bien sûr, il ne se laissait pas toujours faire. A certains moments, il avait dû prouver aux autres que lui non plus il ne fallait pas l’embêter. Que s’il voulait, il pouvait être encore plus horrible que les autres gros bras ? Comment ? Liam s’attaquait directement aux parties très sensibles des autres garçons et essentiel pour assurer le surpeuplement de la planète. Ce n’était pas très fair-play, effectivement, mais au moins, c’était on ne peut plus efficace.

    Bref, Liam avait échappé à une adolescence ponctuée par les insultes, moqueries et coups des autres. Mais plusieurs fois, il avait eu l’occasion de voir ce qu’il se passait – sur d’autres parias, parce que finalement, lui avait réussi à s’intégrer suffisamment pour échapper à tout ça – lorsqu’on n’avait pas le temps de faire les bonne rencontre. Comme quoi, les Hommes étaient tous formés dès leur plus jeune âge à faire souffrir et évincer tous ceux qui différaient un peu trop de la norme.
    Dans tout ça, il y avait juste une seule réponse que Liam n’avait pas pu comprendre. Pourquoi ? C’est vrai, pourquoi évincer tous les gens considérés comme anormaux ? Quoique là, il faudrait encore qu’on lui explique ce qui était normal de ce qui ne l’était pas. Quel était l’intérêt de tout cela ? A croire qu’ils avaient peur que tous les « anormaux » révèlent aux moutons qu’étaient les « normaux » qu’ils choisissaient la mauvaise voie. Que le voie du bonheur absolue n’était qu’utopique et qu’ils ne pourront jamais le découvrir ? Peut-être…

    Quoiqu’il en soit, Liam, à partir de cet instant, avait décrété que tous les gens qui sortaient, ne serait-ce qu’un peu de l’ordinaire étaient forcément intéressants. Et s’ils se retrouvaient à Teen’, c’était aussi une autre preuve qu’ils l’étaient. Ils n’avaient pas voulu suivre les lois et tout ce genre de règles stupides – à son humble avis – qui régentaient leur vie. Alors, ils étaient forcément dignes d’intérêt. Logique.

    D’accord, le brun en face de lui n’avait, pour le moment, que des yeux qui sortaient de l’ordinaire. Pour le reste, il semblait être relativement normal. Même si pour le moment, il semblait être un peu…absent. Sûrement à cause des cachets qu’il avait pris. Peu importe… Liam avait l’habitude de parler avec des gens shootés. Même s’il savait – en connaissance de cause – que parler à des shootés tout en l’étant soi-même était bien plus agréable. Surtout parce que c’était beaucoup plus simple pour parler aux autres. Il n’y avait pas à s’embarrasser des formes. Même si Liam ne s’embarrassait pas non plus des formes sans être shooté… Mais défoncé, il était pire… Plus aucune notion des choses que l’on pouvaient faire et celles qu’il ne fallait faire sous aucun prétexte et même si on décidait de le frapper, il parvenait à trouver ça amusant. Il souffrait, mais c’était marrant. C’est pour ça qu’il faisait quand même gaffe avec qui il se shootait… Enfin, dans la mesure du possible. Alors c’est vrai que le brun avait pris quelques risques en ne se cachant même pas pour prendre ses cachets. Mais sur ce coup, c’était plutôt normal. Il n’y avait pas d’honte à prendre une quelconque substance plus ou moins illicite pour atteindre un bonheur que peu de personne pouvait se vanter d’avoir connu naturellement.

    En sachant que pour le renard, toute personne se défonçant de quelque façon que ce soit, ayant des tendances suicidaires et autres étaient normales, il était tout à fait sensé que l’autre en face de lui soit aussi relativement normal – chez les anormaux... Relativement, parce qu’il y avait toujours ses yeux qui restaient un point gênant. Pas dans le sens où ça le dérangeait réellement, mais dans celui où Liam n’arrivait pas à s’expliquer pourquoi ses yeux étaient de cette couleur. Ou plutôt n’avaient pas de couleur… Des yeux très clairs, d’accord. Mais transparents… Jamais entendu parler. D’un autre côté, ça serait tellement amusant si chaque personne avait une couleur pour les yeux qui lui était propre et que personne d’autre vivant sur terre ne pouvait avoir…

    Ne pas être comme les autres. Voilà ce que devait être le plus grand but de Liam. D’accord, un de ses plus grands buts. Il avait la sale manie de les changer comme on changeait de tee-shirt… Après tout, pourquoi n’avoir qu’un seul but dans sa vie ? Ca devait être bien ennuyant… Lui avait comme but de mourir grâce à la drogue – sur ce point, il ne devait pas avoir trop d’ennuis à se faire, sauf si on décidait de le tuer avant -, d’essayer de comprendre ce que signifiait réellement « s’attacher aux gens » en oubliant toutes les descriptions idiotes qu’il avait pu lire dans les livres pour comprendre par soi-même, ne s’attacher à personne et faire souffrir le plus de monde possible, monter sur le toit et se faire un petit mélange coke/ecsta/héro et voir s’il était toujours en vie après avoir sauté du toit pour s’être prit pour un humain-volant ou bien après avoir fait une bonne overdose, mourir en atteignant la jouissance – et shooté si possible -, être heureux pour pouvoir dire ce que ça fait de l’être et il y en avait tellement d’autres qu’il ne pourrait pas tous les énoncer. Surtout parce qu’il les inventait au fur et à me sure du temps. C’était la plupart du temps des idées tout à fait loufoques qui lui venaient en tête et qu’il mettait de côté dans sa tête, se disant qu’un jour il aurait l’occasion de les tester. Et peu importe si certains de ses buts se contredisaient. La vie, s’était la contradiction. Une vie sans contradiction, c’était comme être heureux sans avoir connu le désespoir. C’était impossible et ennuyant.

    Puis l’autre lui confirma être albinos, ce que Liam eut un peu de mal à croire. Puis il accepta finalement l’explication, se disant que si, à la base, il avait des parents avec des yeux relativement clair, il était tout à fait possible que ses yeux à lui soient tellement clair qu’ils paraissent transparents… Pas « paraissent ». Ils l’étaient, transparents. Il avait quand même pu le constater par lui-même. Et s’il y avait bien une personne à qui Liam pouvait faire confiance aveuglément, c’était à sa propre personne. Mais il nota tout de même dans sa tête d’aller faire des recherches dans la bibliothèque pour voir si un tel cas avait déjà été observé… Ca aurait le mérite d’occuper son esprit pour qu’il arrête de penser à ce brun et cette satané nuit qu’ils avaient passé ensemble. Il était ridicule.

    Mais aussitôt que le brun amorça un mouvement, les yeux du renard se braquèrent sur lui, comme si, au final, il ne pouvait s’empêcher de surveiller le moindre de ses gestes. Le renard n’accordait pas aussi facilement sa confiance aux gens, même s’il pouvait le laisser paraître à la surface. Il fallait toujours faire croire aux autres qu’on ne se méfiait pas d’eux – pour qu’ils ne se méfient pas non plus – alors que… Mais ce n’était pas bien compliqué d’endormir sa méfiance… Le renard était peut-être prudent, mais au bout d’un certain temps, il ne pouvait tout simplement plus se méfier des autres. Juste au début… Les premières minutes. Après, si on ne faisait aucun mouvement qui semblait atteindre sa sécurité personnelle, le renard devenait complètement aveugle, même à une manipulation des plus évidentes pour le commun des mortels. Enfin, ça c’était la plupart du temps… Il y avait tout de même quelques fois où il parvenait à se réveiller avant qu’on ne le roule totalement dans la boue afin de mieux l’humilier.

    Et en voyant que l’autre ne voulait que mettre la poire – qui finalement n’aura jamais eu la chance d’être entièrement mangée – dans la cheminée. Il n’y aurait pas pensé, lui, à sa place… Comme quoi, il avait bien fait de lui donner sa poire… C’était dans ce genre de moment que Liam se demandait s’il n’était pas continuellement shooté pour avoir des pensées aussi…inutiles. Malheureusement pour lui, il était incapable de s’arrêter de penser. Même quand il était défoncé il pensait. Peut-être à rien de vraiment logique, mais il pensait quand même.
    Et en ce moment-même, Liam grimaçait en se disant que l’autre devait avoir de sérieux problèmes de dos pour craquer ainsi. Le bruit des os qui craquent… Liam n’appréciait pas particulièrement ce bruit qui avait le pouvoir de lui donner la chaire de poule. C’était horrible comme son. Pourtant, il aurait dû avoir l’habitude… Avec le « gang » dont il faisait parti plus jeune, les passages à tabac où l’on craquait avec un sadisme inouïe les os des doigts des « ennemis » n’étaient pas rares. Et s’il n’y avait jamais participé et qu’il se contentait de faire le guet - la potiche - dans un coin en attendant que les autres finissent le boulot pendant que lui surveillait que la voie reste libre, les cris plus ou moins étouffés des « victimes » et le bruit des os cassés répercutaient plutôt bien dans ses oreilles. Rien que le fait d’y repenser les donnait des frissons de dégoût.

    - 'scuse, t'en voulais plus, hein ?

    Japonais. Il devait sûrement être japonais. Le mot qu’il venait de dire, même s’il ne ressemblait à rien – sûrement du langage parlé…tout le monde le faisait, alors pourquoi pas les japonais ? – ça ne devait sûrement pas être du chinois. Donc c’était du japonais. Il faut dire que pour Liam, l’Asie était uniquement constituée du Japon et de la Chine, l’Europe était un grand pays où il y avait de la bonne nourriture – personnellement, il ne parierait pas là-dessus…-, les plus beaux vêtements et les parfums les plus…parfumés. L’Afrique c’était un énorme pays où les gens vivaient dans des sortes de maisons en paille et côtoyaient les animaux et des sortes de phénomènes étranges et l’Australie était une petite île où il faisait chaud et où les gens passaient leurs journées à faire du surf ou sauver des animaux marins en détresse. Après, quelque part au milieu de tout ça, il y avait la Russie, et son désert de neige sans oublier les pays arabes contre lesquels l’Amériques étaient en guerre depuis quelques années. La vision du monde vu par Liam. En effet, c’était très simplifié. Etait-ce de sa faute si tous les profs qu’il avait eu en géographie l’endormaient plus qu’autre chose ? Et puis, il savait l’essentiel : l’Amérique c’était le meilleur coin du monde – même si techniquement, la terre, étant une sphère, ne pouvait guère avoir de coins, mais peu importe – et plus précisément la Californie qui n’avait rien à envier au reste du monde. A part peut-être sa tolérance plus que limitée pour les consommateurs de drogues dites illicites… Mais bon, chacun avait le droit de faire des erreurs. Le pire dans tout ça, c’était que Liam n’était même pas patriotique. Mais on lui avait toujours plus ou moins fait comprendre ça à l’école. Quand il disait qu’on les formatait dès leur plus jeune âge…

    _ Non. Si je te l’ai passé c’était pas pour la récupérer après.

    Ton mi-amusé, mi-railleur. Son ton naturel en quelque sorte. Il ne fallait pas voir là-dedans de la méchanceté. De toute manière, l’autre avait l’air tellement…pas vraiment là qu’il n’y avait sûrement pas fait attention. C’était un avantage avec les gens shootés. Ils avaient un sens de l’humour à toute épreuve. Même quand il n’y avait pas d’humour… On aurait pu apprendre à un Liam shooté qu’il allait mourir dans quelques heures qu’il aurait déclaré cette phrase blague de l’année et aurait rigoler à ne plus pouvoir s’arrêter. Ce qui avait presque – d’ailleurs – faillit lui arriver dans l’auditorium il y avait déjà quelques jours… Il en avait eu de la chance sur ce coups. De toute manière, il avait toujours une certaine chance qui l’empêchait de mourir.

    _ Dis. Tu es japonais à la base. Non ? T’as pas une tête de chinois d’toute manière… Pas le visage assez…aplati. Et puis, t’es même pas jaune…

    Il eut quelques secondes de réflexion avant de reprendre, l’air encore perdu dans ses pensées. Ce qu’il était d’ailleurs…

    _ Ah ouais… Mais les japonais aussi sont jaunes… Ils ont juste un visage moins aplati… Mais vu que t’es albinos, tu doit être beaucoup plus clair. Ouais, ça doit être ça…

    Heureusement que Liam n’avait pas conscience des énormités qu’il pouvait sortir parfois… Non, le renard n’était pas bête. Vraiment pas. Il n’avait juste aucune culture. La culture, ce n’était pas son truc. Il n’y avait aucun domaine dans lequel il était incollable. Même dans la drogue… Anton – un certain camé qu’il avait rencontré un jour – avait au moins réussi à lui faire comprendre ça à défaut de faire rentrer dans sa petite tête qui tenait désespérément à rester vide que les médicaments et la drogue, c’était exactement la même chose. Même composition chimique, seuls les noms changeaient. Quelques fois…

    _ Mais t’as des cheveux de japonais. Alors tu dois vraiment être japonais. Hein ?

    Et le tout, sans lui laisser une seule fois la chance de répondre pour couper court à ses élucubrations. N’empêche que là, sa non-culture atteignait des sommets assez impressionnants. Il devait commencer à être en manque. Pas possible autrement… Même s’il parlait normalement quand il était clean, il n’enchaînait pas énormités sur énormités… Alors il était sans aucun doute possible, en manque. Oh, rien de bien dramatique. Pour le moment du moins… Disons juste que son comportement allait se retrouver légèrement…altéré. Heureusement, ce coup-ci, il semblait avoir choisit la bonne humeur plutôt que la déprime. Ce qui, en soit, était quand même une bonne chose. Au moins, même s’il serait un peu…lourd, il ne serait pas d’une trop mauvaise compagnie ce soir-là.

    Liam termina finalement son petit discours sur la probabilité plus que probable que son interlocuteur soit japonais et se rapprocha à nouveau de l’autre qui avait posé sa tête sur le fauteuil, en faisant une petite moue boudeuse qui allait parfaitement avec son visage angelot, même si toute personne connaissant bien le garçon aurait été surprise de voir un tel air sur le visage habituellement impassible du garçon – en tout cas dans son ancienne vie, vue qu’ici son caractère semblait avoir changé radicalement. De toute façon, Teen’ n’était qu’une sorte de monde parallèle… Tout ce qui se passait ici n’était pas vraiment réel. Juste une parenthèse de leur vie qu’ils oublieraient rapidement en sortant d’ici, ou qu’ils se remémoreront comme une sorte de rêve très long… Ou de cauchemar. Tout dépendait du choix que l’on avait pris en vivant ici. Faire tout pour profiter, ou tout faire pour regretter sa présence entre ses murs. Le cœur de Liam balançait entre les deux propositions, même s’il tendait tout de même plus – à présent – vers le « tout faire pour profiter ».

    Bref… Le renard quelque peu boudeur – quel gamin ce Fox quand il s’y mettait…- passa ses mains – sans aucune gêne, bien entendu, il ne fallait tout de même pas attendre de lui qu’il change du tout au tout – derrière la nuque de l’autre pour le forcer à redresser sa tête et marmonna, ou plutôt lui chuchota à l’oreille vu qu’il avait, entre temps, rapproché sa bouche des oreilles de son vis-à-vis.

    _ J’aime pas quand on me regarde pas quand je parle à quelqu’un…

    Oui. Liam était relativement pénible quand il faisait ce genre de chose. Exiger des choses des autres qui, pourtant, ne lui devaient rien. Tout exiger comme s’il avait tout pouvoir sur chacune des personnes qu’il rencontrait. Comme si chaque personne qu’il apercevait devenait aussitôt un hypothétique jouet qu’il était en pouvoir d’utiliser quand bon lui semblait. Cette manie insupportable de toujours ordonner, de faire en sorte que les autres fassent ce qu’il avait envie qu’ils fassent et pas autre chose. Le renard avait besoin d’exercer son pouvoir sur quelqu’un. Malheureusement pour lui, sa frêle taille – enfin, il ne faut pas trop exagérer non plus… il n’était pas bien grand ni bien épais, mais frêle, tout de même… ce mot horripilait le rouquin de toute manière – ne lui permettait pas tellement ce genre de débordement vu qu’on avait vite fait de le remettre à sa place. Ce qui ne l’empêchait quand même pas d’essayer à chaque fois… Et là, il aurait sûrement pu se reculer, vu que pour le moment, il n’avait rien à ajouter. Mais il ne le fit pas. Besoin de contact, et une envie folle de ne pas bouger de là. Oui, il aimait embêter son monde. Même quand il était en manque. Chieur un jour, chieur pour toujours…
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MessageSujet: Re: Fox who is Hungry is not Free [PV Kai'] Fox who is Hungry is not Free [PV Kai'] EmptySam 16 Jan 2010 - 3:29

La vie n'était pas comme ça à Tokyo. Et plus le temps passait ici, plus il s'en rendait compte. On l'avait bien prévenu. On lui avait dit que le monde serait radicalement différent, mais il n'avait pas écouté. Il en avait marre d'écouter. Et les rares fois où il le faisait encore, c'était pour mieux tromper les ordres. Il écoutait ce qu'on lui disait avec une sorte d'énergie sadique qui le poussait à être souriant, puis il s'en allait, guilleret, faire l'inverse de ce qu'on venait de lui dire. C'était son mode de fonctionnement. Même avec les gens qui sont parvenus à compter pour lui, il faisait ça. C'était un besoin étrange et maladif de ne pas faire ce qu'on attend de nous. Comme si il aspirait à ne pas satisfaire les autres. Qu'il voulait juste les contrarier, et les faire craquer. Parce qu'un humain qui craque est une créature faible. Et que les créatures faibles sont des proies faciles, surtout quand on est soi-même faible. Les humains sont, d'une manière générale, des créatures rampantes. Des insectes qu'il suffit d'écraser. Ou de bousculer. Des insectes qui marchent sur un fil, un fil très fin. On l'appelle La Vie. Et il suffit de pousser à peine quelqu'un, pour qu'il tombe de ce fil. Dans un cri déchirant, un appel à l'aide. Mais personne n'essaye jamais de te rattraper. Tu es le seul à pouvoir le faire. Parce que la volonté fait tout. Et une raison. Il faut avoir une raison pour parvenir à vivre. S'accrocher à cette raison jusqu'à en perdre haleine. Ne jamais la lâcher même quand elle disparait. Ca n'est pas vraiment la solution, juste un intermédiaire. Parce que c'est le but qui fait avancer. Et sinon, c'est le manque de courage. Quand on a pas le courage de se laisser tomber, qu'on a encore l'envie d'y croire, enfouie là, tout au fond. C'est elle qui fait battre notre cœur quand rien d'autre ne le fait. Cette partie utopiste encore persuadée que le monde peut être beau, sous certains aspects. Mais cette partie ne nous dit jamais quels aspects peuvent être beaux. C'est simplement parce qu'elle même ne le sait pas. Elle remplit son rôle tout en étant consciente qu'elle diffuse un mensonge. Pourtant elle hurle, jusqu'à s'en écorcher la voix. Et nous tenons. Parce que nous n'avons pas le choix. C'est la seule règle que Kai a accepté de respecter. Celle de la vie. Celle où tu dois marcher pour rester en vie. Et lui, il l'applique à la lettre. Il marche, marche, sans aller nulle part. Il décrit un cercle. Un cercle vicieux qui se ressert et se rapproche de son centre, la Mort. Et elle est belle la mort qui vous regarde en souriant. Pourtant, elle attend, toujours. Parce qu'elle est patiente, jusqu'au moment où elle ne l'est plus. Et là... On faisait comme son père, on s'éteignait, plus ou moins doucement.

Les parents. Ce sont des choses. Des choses qui s'utilisent. Tant qu'on le peut encore. Voilà ce qu'il pensait des parents normaux. Mais lui n'avait pas de parents. C'était lui qui était utilisé. Utilisé jusqu'à l'usure. Usé par les coups dont il ne lui reste que des souvenirs vagues. On aurait dit que la drogue s'amusait à grignoter sa mémoire. A l'avaler pour se nourrir. Parce que la drogue aussi, elle est intéressée. Tant qu'il y a des choses à aspirer, elle les prend. Elle les prend pour se faire du bien. Jusqu'à ce qu'il n'y ai plus rien. Et dès lors, elle se révèle être la complice de la Mort. Mais passons, il n'a jamais rien connu. Personne ne lui a fait découvrir quoi que ce soit. Sauf l'absence. Parce que c'était comme ça qu'ils brillaient. Qu'elle brillait. L'image irréelle de trois personnes heureuses, riantes à en verser des larmes. Ridicule. Mais elle était quand même là. Et ça, la drogue n'y touchait pas. Elle ne rongeait pas la seule image qu'il voulait faire disparaitre. Il voulait arrêter de croire que c'était possible. Mais il n'avait pas assez de volonté. Il avait trop besoin d'y croire. Trop besoin de sentir cet espoir vivre en lui. Et pourtant il le blessait à chaque fois. Il lui faisait sentir qu'il était encore vivant. Et ce par la douleur d'un coup au cœur.

Quelque chose qu'il n'a jamais réussi à concevoir, c'est que chaque personne, quelle qu'elle soit, puisse avoir une vie. Dans sa tête, ce ne sont que des visages, aussi éphémères que le flash d'un appareil photo. Des visages qui cesseront d'exister à la seconde même où il ne les verra plus. Il a l'étrange impression qu'ils ne sont là que pour qu'il les voie. Comme un décor en carton. Il est fait pour être regardé. Mais il est juste démonté, voire détruit, à la fin du spectacle. Le décor, s'il ne ressert pas, devient inutile et cesse d'exister. Les visages dans la rue existent tant qu'il pense à eux. Et pourtant, lorsqu'il y réfléchit quelques peu, ça lui parait impossible qu'ils ne soient que des visages montés là pour lui. Malgré tout, il ne parvient pas à penser autrement. Pour lui, c'était obligatoirement comme ceci et pas comme cela. Le brun avait essayé une fois, de s'imaginer la vie des gens. Il voulait savoir ce que vivait cette vieille dame qui promenait son chien. Ou ce jeune qui venait de tomber de son skate. Ou même encore ce couple qui se tenait la main à l'arrêt de bus. Est-ce que tous ces gens pensent ? Sont-ils autre chose que des "gens" ? Kai arrive encore à en douter. Non pas qu'il soit le seul à exister, mais tous ceux qu'il ne connait pas n'ont pas de vie. Peut-être même que les personnes en face de lui n'ont pas de vie. Peut-être que le roux qui lui fait face à cet instant n'est qu'une surface vide. Qu'il n'a pas de passé et qu'il a le même présent que Kai. Juste l'instant présent. Une vibration, un immense vide. Comme si il était le centre du monde. Que tout tournait autour de lui et dépendait de lui. Vous me direz sans doute qu'il est égocentrique. Pourtant pas vraiment. Il essaye juste d'instaurer une logique. Aussi fausse soit-elle. Et de se convaincre qu'elle est juste. Et ça lui parait tout bonnement impossible que le monde ( Le monde se résumant, pour lui, à sa ville et cet institut ) soit assez vaste pour contenir autant de problèmes. Rien qu'ici. A Teenagers. Ils ne pouvaient pas tous avoir des problèmes. Pas au même moment. Sinon, les murs exploseraient. Il s'imaginait une sorte de tour de rôle. Comme si la réalité se jouait de tout le monde pour intervertir les rôles. Peut-être qu'à la seconde qui suivrait cette pensée, quelqu'un d'autre se mettrait à penser, lui s'arrêterait. Une microseconde. Et l'instant d'après, il se serait déroulé beaucoup de choses pour certains et lui reprendrait sa conversation. Sans avoir conscience de ce qui venait de se produire. Voila ce que lui pensait. Et il eut envie de grimacer. Parce que ça ne lui convenait pas. Il ne voulait pas être dirigé par la réalité. Et surtout, qu'il s'arrête de marcher. Comme si, en fait, il y avait autant de fils de la vie que de gens dans le monde ( Il estimait ce chiffre à 300 milles parce qu'après il ne savait pas compter, et n'était pas sûr d'arriver jusque là ) Parce que même si chaque personne pouvait se trouver en présence d'autres, il aurait son propre fil de pensées.

Il devait arrêter. Absolument. Fou. Il allait devenir fou. Si ça n'était pas déjà fait.

Kai était conscient que la folie le guettait de près. Il croyait même en avoir déjà fait son alliée. Mais il ne connaissait pas la définition du mot allié, alors il croyait qu'elle allait l'aider. Il espérait, mais il se rendait compte que ça ne serait pas le cas. La folie ne vous aide pas à vous en sortir. Elle vous aide juste à avoir mal, et, parfois, à mourir plus vite. Parce qu'ils sont rares, les esprits capables de supporter la folie. Les élucubrations dérangées et dérangeantes qui ne sont jamais les bienvenues. Alors la folie tue. Autant que la clope. Même si elle ne s'achète pas dans un bureau de tabac. Et en ce qui concerne la folie, ça n'est pas toi qui l'entretient, contrairement à la nicotine. C'est les autres qui te rendent fou. Ils te rongent, et s'en amusent. Les gens sont plus forts que toi, pauvre fou. Alors ils en profitent, parce qu'il y a toujours plus fort que soi. Kai n'était pas réellement tout en bas de la chaine, parce que s'il se mettait à frapper, parfois, il pouvait faire très mal. Sans s'en rendre compte. Vu que c'est la drogue qui décuple sa force. Et que drogué, tout lui parait normal. Rien ne peut faire mal à qui que ce soit, tout est joli. Même quand il est énervé au possible, c'est joli. Et malgré ce qu'on peut croire, c'est autant un avantage qu'un inconvénient. Ca n'est pas très pratique... De tout trouver joli, au point de ne jamais vouloir s'arrêter, même quand les autres ne trouvent plus ça joli, eux. Et parfois, quand on prend des coups, c'est bien de pouvoir trouver ça génial.

Ca lui faisait penser à la photographie. La photographie, il n'avait aucune limite. Et personne ne lui avait jamais dit d'en mettre. Personne ne lui avait jamais dit comment vivre, comment faire toutes ces choses qui paraissent banales, alors il essayait de se faire son opinion, d'arriver à se faire une idée sur le monde. Mais, la photographie, c'était devenu quelque chose de naturel, il pouvait très bien se mettre nu devant un appareil photo sans que ça ne lui pose problème. Ou plutôt, sans qu'il n'ait conscience qu'on peut faire ce qu'on veut de ces photos. Sans avoir conscience que ça lui fait du mal, beaucoup de mal. Sa tolérance à la douleur est devenue assez importante pour qu'il ait l'impression de ne jamais avoir mal. Ni à l'intérieur, ni à l'extérieur. Comme un mur contre lequel on lancerait des bombes. Et lui, il voyait ses pierres tomber, une à une, sans avoir l'air de s'en rendre compte. Ca ne semblait pas lui importer plus que ça. Il était fatigué.

Dormir. Voilà bien une action que Kai ne parvenait pas à comprendre. Il n'arrivait pas à trouver le besoin de dormir. Trouver cela plaisant. Parce que dormir, pour lui, ne signifiait pas trouver un sommeil réparateur et se réveiller en forme. Pour lui, le fait de dormir impliquait uniquement de passer plus vite à la journée suivante. Comme si il mettait le monde sur "Avance rapide" et qu'il n'avait qu'à reprendre son film plus tard. Comme si c'était les publicités. Et il avait beau trouver ça inutile au possible, il en mourait d'envie. Il voulait plonger dans le rêve sucré que son cerveau semblait vouloir lui promettre, et ne plus se réveiller. Du moins, pas tout de suite. Les seuls moments où dormir lui paraissait une bonne idée c'est quand il allait encore en cours. C'est peut-être un cliché, mais il est un cliché. Le cliché de la débauche. Alors il dort en cours. Pour un peu plus conforter cette image. Puis il a arrêté d'y aller, au moins il n'y dormait plus. Pour dire vrai, il n'a pas vraiment arrêté quand il a rencontré Kenji. Déjà un peu avant, il oubliait souvent de revenir l'après-midi. Il avait peur. Non pas que qui que ce soit lui fasse du mal. Mais les visages des gens lui faisaient peur. C'est bête à dire, mais leurs expressions rieuses étaient ce qui faisait le plus mal au brun. Le seul cours où il ne dormait pas, c'était en cours de japonais. Il faisait des rédactions immenses. Tout le temps. Les professeurs avaient beau expliquer ce qu'ils voulaient, il rédigeait. Rien et pour personne. Mais il grattait. C'était un peu le moment de détente qu'il s'octroyait dans ses journées chargées. ( C'est dur de dormir, notez-le ).

Kurai s'était glissé dans sa touffe brune pour se tapir dans ses cheveux, ne montrant qu'à peine le bout de son nez. Il se confondait dans les cheveux de Kai, qui n'était pas son maitre à proprement parler. Mais le rat semblait l'avoir adopté. Et ça lui donnait l'impression de parler à quelqu'un quand il discutait tout seul. Ca lui enlevait, ne serait-ce qu'un peu, l'impression d'être fou. Il ne se souvenait plus où il l'avait trouvé, mourant, blessé par un autre rat sans doute, ni pourquoi il l'avait soigné. Qu'est-ce qui s'était passé dans sa tête à cet instant, qui a fait qu'il a finalement consacré tout son temps à le soigner. Vu qu'il n'avait rien d'autre à faire c'était peu de choses. Mais ça n'avait aucun sens. Comme tout le reste. Il avait failli perdre Kurai. Quand il était retourné dans sa "famille d'accueil" après ses deux mois à la rue, la femme avait failli le tuer. Mais Kai l'a frappée. Elle ne l'a jamais dit, mais il l'a frappé fort. Comme si il était devenu fou, enragé et subtilement triste, complètement désespéré. Parce que c'est toujours ça qui l'a animé, le désespoir. Il l'avait frappée jusqu'à ce qu'elle tombe, ou le repousse il ne s'en souvenait pas, et qu'il fonde en larmes. C'était le jour après qu'il soit revenu, c'était bête. Mais il était épuisé. Complètement épuisé. Et, en tant que bon humain qu'il est, quand il est exténué, il craque.

L'impression qu'il avait eu de devenir le centre d'attention au moment où il avait bougé pour jeter la poire avait été assez troublant. L'attention de l'autre était revenue sur lui dès le moment où il avait bougé. Lui aussi était méfiant. Il se méfiait de chaque geste. Chaque petit geste pouvait lui paraitre suspect. C'était une qualité mais en même temps ça pouvait être gênant d'être toujours obligé de se méfier. Par acquis de conscience. Parce qu'au bout d'un moment on ne fait même plus attention à ce de quoi on se méfie. On se contente... d'être méfiant. Mais il n'y avait pas réellement fait attention, il n'était pas apte à faire attention à grand-chose. Son inconscient l'avait juste noté, pour lui ressortir plus tard. Comme quand on prend des notes, alors que les mots de notre interlocuteur nous paraissent incompréhensibles, on les analyse au calme, la tête reposée.

Kai lui avait demandé si il en voulait encore, mais étant donné qu'il l'avait déjà jetée, ça n'avait aucun sens. Il semblait doué pour les questions décalées avec le moment présent, sa réalité était un peu déphasée, alors il ne savait plus à quel moment il devait dire quoi. Déjà que d'ordinaire il avait du mal, mais alors si en plus il avait quelques substances louches dans le sang, c'était l'apocalypse. De plus, il avait parlé en japonais, ce qui devenait de plus en plus rare. Il n'aimait pas réellement dialoguer mais pourtant, il faisait tout pour apprendre la langue, pour pouvoir le faire quand même. C'est important, parler. Sans avoir l'impression de parler à une porte. Et c'est assez nouveau pour lui. On ne lui a jamais vraiment laissé l'occasion de parler. A qui que ce soit. Mais tout seul, il a eu des discussions assez impressionnantes. Dénuées de sens dans l'optique où il ne connait rien à rien, mais assez réfléchies pour les dires d'un drogué.


_ Non. Si je te l’ai passé c’était pas pour la récupérer après.

Kai ne releva pas, la tête encore renversée dans le fauteuil, il observait le plafond avec un intérêt certain. Le plafond le plus classique qu'il n'ait jamais vu, mais à cet instant, il lui paraissait merveilleux. Il y aurait presque vu des éléphants roses faire la ronde en se tenant les pattes et en chantonnant gaiement. Oh, il avait bien entendu la phrase, pas de souci. Mais il n'avait pas semblé distinguer le ton légèrement moqueur du roux. C'était quelque chose qui avait tendance à l'énerver. Il n'aimait pas qu'on se moque de lui sans vraiment le faire. Tout ça parce qu'il ne savait jamais ce qu'il devait dire et quand il devait le faire. Etait-ce de sa faute, si il n'avait reçu aucune éducation ? Il n'aurait demandé que ça. Alors il s'était contenté de marmonner un :

- Ok.

Plutôt confus et à peine audible. Il n'était même plus sûr que le son avait bel et bien franchi ses lèvres. C'était incertain. Il n'était pas en mesure de l'affirmer avec précision. C'était un gros problème quand il était dans les vapes, comme à cet instant. Il pouvait discuter -croire discuter- pendant plusieurs heures, sans qu'il n'ait jamais ouvert la bouche. Il avait l'impression de parler, d'entendre les voix dans sa tête, si bien la sienne que celle de son hypothétique interlocuteur. Mais par contre, quand il se faisait rire, ça ne restait pas dans sa tête, alors il passait facilement pour un halluciné. Donc, il n'était jamais sûr, à partir du moment où il était un peu en décalage, qu'il parlait vraiment. Généralement, il parvenait à garder un certain contrôle là-dessus, mais parfois... Enfin, parfois il pouvait arriver n'importe quoi. Une fois, après la prise d'un champignon hallucinogène, il avait bien eu l'impression de courir au milieu d'un champ de lamas... Alors, il ne fallait jamais se reposer sur ses acquis.

_ Dis. Tu es japonais à la base. Non ? T’as pas une tête de chinois d’toute manière… Pas le visage assez…aplati. Et puis, t’es même pas jaune…

Cette absurdité eut au moins le mérite d'attirer l'attention du brun. Si sa tête avait été en mesure de bouger par elle-même il aurait penché la tête vers le garçon aux yeux bleus et l'aurait regardé, un sourire amusé et franchement moqueur sur les lèvres. Mais là, il n'était pas en mesure de juger que c'était absurde. Il trouvait que c'était un raisonnement intéressant, qu'il pouvait être sympathique de poursuivre, juste pour voir où ça l'aurait mené. Sûrement très loin. Mais il fallait reconnaitre, que le roux ne devait pas non plus être tout à fait clair pour dire des choses pareilles. Même Kai n'était pas ignorant à ce point. Bon d'accord, il croyait que les Indiens -qu'il confondait avec les Chinois d'ailleurs- étaient rouges comme des tomates, au sens propre du terme. Et puis il était persuadé qu'il n'y avait pas grand-chose d'autre que l'Asie dans le monde -et il ne maitrisait pas très bien encore-. Maintenant il savait qu'il y avait : la Californie. Il savait pas vraiment si c'était une île ou quoi que ce soit. C'était Teenagers, en fait. L'existence d'une question dans la phrase du roux lui était totalement passé au dessus. Il n'aurait, de toute manière, pas eu le temps de répondre. Il lui fallait faire une phrase, ce qui était, en soi, une épreuve assez conséquente vu que son état n'allait pas en s'améliorant. C'était plutôt anormal, d'ailleurs. Jamais, ses médicaments n'avaient fait ça. Vraiment jamais. Peut-être qu'ils avaient fouillé dans son sac et remplacé son traitement par cette chose étrange qui le rendait semi-comateux. Mais dans ce cas là, il ne lui restait plus longtemps à vivre. Sauf si il allait réclamer son vrai traitement. Ce qu'il irait peut-être faire, un jour. Sûrement le jour où il n'aurait plus de ce traitement, même si c'était le faux. Sauf si les effets étaient trop indésirables pour qu'il puisse continuer à le prendre. Il ne fallait pas qu'il oublie qu'il devait aussi prendre du poids. Et que même en mangeant beaucoup, sans ça, ça ne servirait à rien.

_ Ah ouais… Mais les japonais aussi sont jaunes… Ils ont juste un visage moins aplati… Mais vu que t’es albinos, tu doit être beaucoup plus clair. Ouais, ça doit être ça…

Cette fois, ça le fit rire. Pas éclater de rire au point d'en pleurer, mais il rit quand même. Il le trouvait vraiment trop marrant. Mais d'un côté il espérait pour lui que le rouquin faisait exprès de dire des énormités pareilles. Il n'y pensait pas directement, mais c'était quand même présent. Au fond de la soupe qu'était devenu sa tête. Il ne comprenait pas pourquoi il disait qu'il était albinos. Mais finalement, il s'en souvint. Il lui avait menti, si on peut appeler ça comme ça, au sujet de ses yeux. Le visage aplati... Aussitôt une image s'imposa à Kai, une image qui lui donna envie de rire au point qu'il se mordit la lèvre. Celle d'un japonais, avec la tête réellement plate. Comme la Terre, quoi. Plate, en deux dimensions. Et vraiment, c'était ridicule. Et apparemment, très drôle.

_ Mais t’as des cheveux de japonais. Alors tu dois vraiment être japonais. Hein ?

Et c'était le grand final. Ce petit speech eut le mérite de faire beaucoup rire le brun qui se disait secrètement qu'il n'était pas le seul à n'y rien connaitre. Mais il se demandait quand même si c'était normal. Peut-être que son interlocuteur était fou, ou tout simplement bête, il n'en savait rien. Mais ça l'avait fait rire. Et ça, il essaierait de s'en souvenir, ce qui serait une tâche compliquée.

Il continua à rire un peu, puis finit par se calmer. Son regard pâle regardait toujours le plafond, il avait l'impression qu'il allait lui tomber sur la tête. Une énorme fissure le barrait -dans son délire, du moins- et quelque chose allait en tomber. Et lui, il voulait savoir ce que c'était. Définitivement, il n'avait pas pris les bons cachets, ça n'arrivait qu'à lui ce genre de choses. C'était quand même relativement inconvenant pour le jeune drogué. Il faudrait qu'il se dépêche d'aller à l'infirmerie. Enfin, il supposait qu'il devait aller là, mais il n'en savait trop rien, à vrai dire. Cet endroit, il ne le connaissait pas encore. Et dire quoi correspondait à quel besoin quotidien était une tâche fastidieuse dont il préférait se passer pour le moment. Il préférait, et de loin, retourner à son plafond. La question de son vis-à-vis lui revint en tête. Enfin, la question elle-même et la phrase qui allait avec, même si au début, il se demandait ce qu'il avait dit pour que l'autre lui réponde "Hein ?" Mais finalement il avait compris.


- Et j'en suis.

Plus la conversation allait plus il se demandait si son interlocuteur n'avait pas l'impression de parler dans le vide. Il répondait rarement une phrase complète. Il en aurait sans doute déjà eu marre, à sa place.

Kai rebaissa ses yeux sur l'adolescent dont il ne connaissait pas le prénom - Ce qu'il venait seulement de remarquer - et sursauta en remarquant qu'il avait approché sa tête de lui. Son visage présentait une expression... boudeuse. Le mot était juste. Il avait l'air de bouder. Le brun ne se demanda que durant un dixième de seconde le pourquoi du comment, puis laissa tomber. Les ressentis humains, ça n'était pas pour lui. Surtout que, si il avait pu les observer là-bas dehors. Ici, ils étaient dans une cage. Une prison dorée. Parce que la vie n'était pas horrible ici, il fallait l'avouer. Même si l'air pollué de sa ville lui manquait, si l'ambiance électrique des soirées lui manquait. Il devait avouer qu'il aurait pu tomber sur pire. Mais d'un autre côté, si il n'était pas retourné dans cette fichue famille, il serait toujours là-bas. Mais sûrement mort. Au final, valait mieux être ici. Même si ça lui faisait perdre de précieuses années qu'il aurait préféré passer ailleurs. Peut-être qu'avec un peu de chance, ils le laisseraient sortir avant l'heure. Mais c'était peu probable. Parce que pour ça, il aurait fallu qu'il fasse l'effort de s'en sortir. Mais il n'en avait nullement l'intention.

De nouveau, il était perdu dans des pensées pleines de mélasses qui s'emmêlaient et se battaient dans un fouillis sanglant et désordonné, aussi fut-il surpris quand un frisson lui parcourut l'échine, et que sa tête fut redressée -non pas sans lui arracher un grognement râleur- sans qu'il lui ait demandé de le faire. Surtout qu'à cet instant, il ne connaissait pas la provenance du frisson, et n'avait donc aucune raison de le ressentir. Mais quand il réalisa que les mains de son vis-à-vis avaient glissé dans sa nuque, pour lui relever la tête, il écarquilla légèrement les yeux. Non pas que ça le dérangeait profondément, mais il ne s'y attendait pas. Pas du tout. Il haussa un sourcil, avec une incompréhension flagrante. Mais déjà le rouquin s'était approché de son oreille et avait soufflé :


- J’aime pas quand on me regarde pas quand je parle à quelqu’un…

Le brun mit un certain temps à tout enregistrer en un seul coup. Puis les mains qui soutenaient sa nuque, à défaut de lui paraitre encore agréable, eurent l'effet totalement inverse. Et cet effet était dû au fait que l'autre lui donnait un ordre. Sous une forme légèrement différente, mais il avait reconnu là un ordre tout de même. Et toute forme d'ordre était bannie. Il fronça les sourcils. Il fallait bien avouer qu'il avait encore du mal à tout comprendre. C'est dommage il était marrant. Le défi avait repris sa place dans son regard.

- Et moi, j'aime pas qu'on me dise ce que je dois faire.

Il aurait pu le regarder, pour lui faire plaisir, ça ne lui aurait rien couté, mais non. Il n'allait pas le faire. L'autre ne s'était pas reculé, et ça par contre, ne lui posait vraiment aucun problème. Il aimait bien sentir le souffle de quelqu'un contre lui, même une tierce personne. Néanmoins, si il voulait faire l'inverse de ce qu'on venait de lui ordonner, il devait s'éloigner. Pas vraiment, mais au moins, il devait reposer la tête sur le fauteuil. En plus, il ne se sentait pas le courage de la porter. Mais là, il ne se sentait pas non plus le courage de forcer les mains de l'autre à le lâcher. Quand bien même il n'était pas particulièrement fort, lui, à cet instant, était particulièrement mou. Ca contrastait avec son habituel état de pile électrique. Il baissa les yeux sur ses jambes, parce qu'elles commençaient à avoir mal d'être un peu trop pliées. Il mit ses mains sur chacune d'elles, pour les allonger, les calant de part et d'autre du roux, non pas pour l'encercler, mais parce qu'il ne voyait pas d'autre place. Puis finalement, retrouvant un semblant d'énergie, il partit mettre ses mains sur celles de l'autre. Bizarrement, il n'avait plus du tout l'envie de rire. La situation n'était ni jolie, ni rien. Autre preuve que le traitement était factice. Il voulut essayer de le forcer à le lâcher mais les muscles de ses bras étaient aux abonnés absents. Il gardait donc les mains sur celles de l'autre, sans arriver à faire autre chose. Il pédalait dans la semoule. Tout ça à cause de ces fichues pilules. On aurait dit que ça le paralysait petit à petit, du moins que ça l'endormait. Et il ne savait pas qu'une telle chose pouvait exister.

Kai se recala contre son fauteuil, la tête toujours soutenue, mais il la laissa partir en arrière, essayant d'y ajouter de la "force" dans l'espoir qu'elle puisse retrouver sa place sur le fauteuil, qui était son emplacement initial. Une seule chose était sûre, même si ça ne fonctionnait pas, il ne le regarderait pas. Par ailleurs, il eut la sensation agréable du cuir contre ses cheveux, et du renfoncement du fauteuil qui accueillait sa tête avec amour et chaleur. Mais, une nouvelle fois, il ne faisait plus la distinction entre ce qui était réel de ce qui ne l'était pas.
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MessageSujet: Re: Fox who is Hungry is not Free [PV Kai'] Fox who is Hungry is not Free [PV Kai'] EmptyLun 18 Jan 2010 - 0:36

    Il était donc bien Japonais. Pendant de longues minutes, Liam tenta d’imaginer ce que pouvait être le Japon selon ce qu’il avait pu entendre sur ce pays. Pour commencer, il voyait des cerisiers en fleurs. Beaucoup. Ce qui donnait un paysage d’un rose pâle écœurant. Liam nourrissait pour cette couleur un dégoût permanent. Et ce depuis sa plus tendre enfance. Jamais il n’avait adressé la parole à une personne portant du rose. Des filles, la plupart du temps… Pour Liam, ça devait être une grande différence qui séparait la plupart des garçons et des filles : le rose. C’était une couleur écœurante, une couleur pour fille d’ailleurs. Les filles étaient donc écœurante. Donc, en toute logique, Liam ne voulait pas être écœuré alors il était gay. Le renard fut, un instant, complètement désabusé par sa logique…pas tellement logique et stoppa là son raisonnement pour reprendre là où il s’était arrêté. Il n’aimait pas quand ses pensées dérivaient à ce point. Ca lui faisait à chaque fois oublier d’où il était parti et où il voulait en venir exactement. Et ça, c’était relativement pénible.

    Le Japon… Premier point à retenir là-dessus : un paysage très – trop – rose. Ensuite, il ne fallait pas oublier les nombreux tremblements de terre ce qui donnait donc un paysage rose, détraqué voire même cataclysmique. Et pendant ce temps les Japonais, eux, n’en avaient rien à faire. Les vieux travaillaient sans relâche et les plus jeunes passaient le plus clair de leur temps entre les études et les jeux vidéos. Parce qu’il ne fallait pas oublier que c’était grâce au Japon que les consoles de jeu, les robots ressemblants presque à des humains et les voitures parlantes existaient. Et pour le travail, Kylian disait toujours à sa mère que les Japonais – Asiatiques en vrai, mais l’Asie, c’était au Japon de toute manière…ou bien était-ce le Japon qui était en Asie ? – étaient de vrais bourreaux du travail. Et pour blaguer, il s’amusait à dire qu’il faudrait peut-être qu’ils envoient Liam là-bas, comme ça il bosserait au moins un peu… Et il pouvait toujours compter là-dessus. Peu importe le pays où il irait, Liam passerait son temps à se défoncer et à baiser. C’est tout. D’ailleurs… Il ne savait même pas s’il y avait de l’ecsta au Japon… Il devait y en avoir. Un pays sans ecsta, ça n’existait pas. Ça ne devait pas exister…

    Quoiqu’il en soit, le Japon avait l’air un pays pour le moins…défavorisé. Et Liam ne pouvait qu’être heureux de vivre en Californie. Et l’autre aussi devait l’être puisqu’il avait échappé à tout ça. Franchement, devenir bourreau du travail ne devait réellement pas être intéressant… De toute manière, travailler était déjà quelque chose d’inintéressant en soit alors… Alors Liam se dit que le brun devait peut-être s’ennuyer ici s’il avait l’habitude de travailler d’arrache-pied quatorze heures d’affilées et de passer ensuite le reste de son temps sur une quelconque console de jeu… Ca pouvait aussi expliquer le fait qu’il ne parlait vraiment pas beaucoup. Pas assez au goût de Liam en tout cas. Et puis, les Japonais n’étaient pas réputés pour leur blabla incessant de toute manière. N’est-ce pas ? Quoiqu’il n’en savait trop rien en fait… Mais Liam voyait très mal des gens passer leur vie au travail ou sur des jeux vidéos être particulièrement bavards, donc il décida – en son âme et conscience – de dire que les Japonais n’étaient pas des personnes bavardes.

    Une fois de plus, Liam s’arracha brutalement de ses pensées, se disant que finalement, que peut-être – et il disait bien peut-être – la drogue n’avait pas que des avantages. Pas sur ce point par contre… Il y avait une seule chose due à la drogue que Liam n’appréciait pas particulièrement. C’était l’état de manque qui allait avec. Parce qu’il pouvait se traduire chez lui de plusieurs manières selon son importance. Quand s’était un manque relativement faible – comme maintenant – ses pensées prenaient un tour très bizarre, il devenait plus impulsif que la normale et son caractère s’altérait légèrement. Quand le manque devenait un peu plus important, il commençait à se montrer agressif – plus verbalement que physiquement – et sa paranoïa commençait à refaire surface. Et puis venait le moment où la drogue devenait un besoin vital, et là, les tremblements s’emparaient de son corps, il avait l’impression d’avoir aussi chaud que froid, il étouffait – au départ, ce n’était que mentalement, mais au bout d’un moment, le mental prenait pas sur le corps – il était capable de tout pour avoir ne serait-ce qu’un cachet d’ecsta, voire de n’importe quelle autre drogue, même si ça devait-être un médicament. Du moment que ça le calmait, ça lui allait. Et puis il y avait le stade final, celui où Liam était incapable de se déplacer seul tellement son corps était parcouru de spasmes et de frissons, et s’il n’avait pas sa dose dans les minutes qui suivaient… Et bien, il ne pouvait pas dire ce qu’il se passerait puisque ça ne lui était encore jamais arrivé. Et il comptait bien ne pas le savoir.

    Pour le moment, il était au stade le plus bas. Il pourrait donc tenir encore quelques heures avant de passer au deuxième stade. Donc ça ne servait à rien de partir en courant en direction de sa chambre pour prendre sa dose. Tant mieux d’ailleurs… Ce japonais albinos – vu qu’il ne savait pas comment il s’appelait et que l’appeler « le brun » commençait à devenir lassant, il fallait bien trouver une autre façon de le qualifier – avait le don de titiller sa curiosité au point qu’il pouvait, pendant plusieurs minutes ne pas penser à son obsession aux yeux gris qui l’hantait depuis quelques jours déjà.

    Et c’est alors à ce moment-là que le renard se rapprocha de l’autre. Pour lui demander de le regarder. Ou plutôt pour le lui ordonner. Le meilleur moyen de mettre Liam sur les nerfs, de lui donner des sueurs froides et de faire accélérer son cœur de la façon la plus horrible qui soit, il n’y avait pas de meilleure façon que de l’ignorer. Fox détestait être invisible. Il l’avait déjà été trop souvent à son goût. Combien de fois lui avait-on dit, quand il marchait dans la rue avec sa mère ou ses prétendus amis « T’es où ? Ah, t’es là. J’t’avais pas vu » alors qu’il était juste à côté, légèrement en retraite, certes, mais assez pour que l’on sente sa présence. Et il ne supportait pas ça. Parce que si on ne lui faisait ce coup qu’une ou deux fois par semaine, ça irait, le seul problème était qu’on le lui faisait au moins quatre fois par jour. Et à chaque fois avec une personne différente, sinon ça ne serait pas drôle… Et depuis, le renard ne supportait pas ça. Il avait le besoin incontrôlable de sentir que les autres le voyaient, le prenaient en compte. Ne pas exister c’était comme être mort. Et être vivant tout en ayant l’impression d’être mort devait être la pire des punitions. Liam ne pourrait jamais vivre seul. Il avait trop besoin des autres. Sinon, comment savoir s’il était en vie ou pas ?

    Alors, si en temps normal le rouquin se contentait de serrer la mâchoire et de faire grincer ses dents les unes contre les autres quand on l’ignorait et qu’il savait que ce n’était pas fait consciemment, mais là, il n’était pas dans son état normal. Alors il n’avait pu s’empêcher de le lui dire. Mais l’autre n’avait pas semblé apprécié la remarque. A vrai dire, il n’avait surtout pas apprécié l’ordre caché derrière cette remarque. Et la moue boudeuse de Liam se raffermit légèrement alors qu’il fronçait à son tour les sourcils en voyant que l’autre ne le regardait toujours pas. C’était…exaspérant. Le renard sentit plus qu’il ne vit les jambes de l’autre s’étendre, le faisant ainsi se retrouver entre elles, mais peu importe. Pour le moment, ce n’était pas ce qui l’intéressait le plus. Tout ce qu’il voulait, lui, c’était que l’autre le regarde. C’était un minimum. Non ? Mais Liam – malgré son agacement – ne pu s’empêcher d’esquisser un sourire amusé lorsque le brun posa ses mains sur les siennes, sûrement dans le but des les lui retirer mais qu’il n’y parvint pas, sûrement trop shooté à cause des cachets qu’il avait prit un peu plus tôt.

    Il fallait qu’il trouve un moyen de le forcer à le regarder. Et comme il était shooté, ça ne devrait pas être compliqué à faire ça… Oui, Liam n’était absolument pas le genre de personne à s’encombrer d’une moralité qui lui dirait de ne pas profiter d’une personne quand elle n’était pas dans son état normal. De toute manière, lui aussi n’était pas tout à fait dans son état normal donc on ne pouvait rien lui reprocher. Une fois Liam en manque – ou shooté -, sa façon de penser devenait… réellement intéressante. Si on pouvait dire ça comme ça. Il voyait de la logique là où il n’y en avait pas et ne la voyait pas quand elle était présente. Enfin, d’un autre côté, le rouquin avait toujours eu une moral qui lui était plus ou moins propre… D’après lui, les tornades et autres catastrophes naturelles sans oublier les famines et les guerres étaient vraiment très utiles. Surtout pour eux, les pays dits riches… Parce qu’il y avait trop d’hommes dans le monde. Et grâce à tout ça, ça permettait d’éliminer plusieurs milliers de personnes, tout le temps. Et il se disait que, si jamais on éliminait tous ces facteurs de mort, les humains seraient bien trop sur cette Terre et il serait impossible de garder le niveau de vie que le renard avait en ce moment même sans que la Terre explose ou que les hommes se jettent dans une autre guerre mondiale. Mais qui cette fois engloberait vraiment tout le monde et pas seulement deux ou trois continents… Et pour être franc, et terriblement égoïste, tant que tout ça lui permettait de garder son petit confort et que ça ne lui arrivait pas à lui, ça lui allait parfaitement. D’un côté, il n’avait pas tout à fait tort. Il avait même plutôt raison mais il ne pouvait pas nier que son raisonnement était on ne peut plus égoïste. Mais d’un autre côté, il n’avait rien à reprocher, qu’il soit d’accord ou non avec ces visions des choses, peu importe. On ne lui demandait jamais son avis à lui de toute manière. Surtout pas à lui. Il n’était qu’un adolescent aux idées glauques et suicidaires et drogué par-dessus le marché. Non, effectivement, on n’allait certainement pas lui demander son avis de sitôt.

    Tout à sa réflexion, la pression que ses mains exerçaient sur la nuque du brun pour maintenir sa tête faiblit et l’autre, en forçant légèrement, parvint à reposer sa tête sur le siège. Ce qui, immanquablement fit grogner Liam qui considérait ça comme une défaite. Il allait le regarder. Il pouvait compter sur lui pour ça… Il lui fallait une idée maintenant. Et vite. Liam recula très légèrement sa tête, observant l’autre qui ignorait à merveille ses orbes bleus. Et ce qui le fit se renfrogner encore un peu plus. Proximité. Ils étaient près l’un de l’autre. Il fallait donc qu’il utilise cette proximité pour capter son regard. A partir de cette conclusion, plusieurs choix s’offrait au rouquin. Soit il tentait une nouvelle fois de le forcer à redresser la tête, ce qui dans son cas serait plutôt simple puisque l’autre semblait avoir perdu sa force – s’il en avait en temps normal…- ou alors il lui mettait une gifle, profitant de l’effet de surprise occasionnée pour que leurs yeux se rencontrent durant ce laps de temps. Seulement, la dernière possibilité présentait quelques failles. Première faille, Liam n’était pas un être violent si on ne le provoquait pas. D’accord, l’autre l’avait peut-être défié en refusant de le regarder – plus Liam y pensait, plus il trouvait cette manie de vouloir absolument qu’on le regarde, totalement stupide, mais lui n’y pouvait rien…- mais il ne l’avait pas provoqué physiquement ou verbalement. Et donc, la violence physique était proscrite dans ce cas. En plus, s’il le giflait, il se doutait bien qu’il y aurait des répercussions. Pour l’instant, l’autre n’essayait peut-être pas de se reculer vraiment parce que c’était – il faut bien l’avouer – quand même ridicule, mais s’il se mettait à l’attaquer pour de bon, Liam n’était pas sûr qu’il reste aussi apathique. Et Liam, même en n’étant pas tout à fait dans son état normal se doutait bien que ça serait une très mauvaise idée. Peut-être pas la pire qu’il n’ait jamais eu, mais une sacrée mauvaise idée tout de même.

    Par exemple, la fois où il avait eu l’admirable idée d’embrasser cet homophobe baraqué qui n’arrêtait pas – accompagné de ces autres larbins, tous, eux aussi, taillés comme des armoires à glace, bien évidemment, ça n’aurait pas été marrant sinon…- de lui lancer des remarques désobligeantes tout ça parce qu’il avait eu le malheur de le frôler un peu trop près. Et alors, Liam, après ce qu’il avait compté comme étant la dix-septième rencontre avec ses empêcheurs de tourner en rond du jour, avait tout simplement pété les plombs et il lui avait tout à fait logique à cet instant, dans sa tête, que l’embrasser serait la meilleure façon de lui faire payer la journée pourrie qui lui avait fait passé. Et il l’avait fait. Un simple contact qui lui avait valu une rencontre violente avec le mur derrière lui et une course poursuite dans les couloirs durant plus de dix minutes. Bref. Si à la limite le mec aurait été canon, ça aurait été de joindre l’utile – se venger – à l’agréable – le baiser.

    Et à cet pensée, un sourire goguenard se dessina sur les lèvres du garçon dont le visage avait retrouvé sa lueur joyeuse, voire malicieuse pour le coup… Il la tenait sa solution… Si jamais il embrassait le brun, il serait forcément surpris et relèverait la tête pour comprendre ce qui était en train de se passer… Et alors leurs regards se croiseraient. Et Liam aurait eu ce qu’il voulait…avec un bonus en prime. Parce que le brun était – contrairement à l’autre baraqué – à son goût. Si ça pouvait avoir des conséquences après ? Peu importe. C’était tout ce qu’il avait en stock pour le moment, et il voulait absolument faire comprendre au brun que Liam obtenait toujours ce qu’il voulait, peu importe la façon dont il devait s’y prendre… On ne pouvait rien lui refuser, parce que le renard n’acceptait pas le refus. Tout simplement. Et puis, même au niveau des conséquences, ça ne pourrait jamais être pire que ce qu’il avait déjà vécut la dernière fois que cette idée lumineuse lui était venue. Après tout, l’autre semblait trop…endormi pour pouvoir lui courir après pendant plus de dix minutes et en plus, le mur était trop loin de lui pour qu’il se le prenne. A moins que le brun cache finalement une force exceptionnelle que l’on ne pouvait deviner à l’œil nu… Mais pour être franc, le rouquin en doutait beaucoup.

    _ Et moi j’aime qu’on m’obéisse.

    Si le renard était dominateur ? Non, pas tellement. Du moins, pas vraiment. Mais c’est vrai qu’il ne supportait pas qu’on ne l’écoute pas, dans tous les sens du terme. A vrai dire, pour combler réellement le renard, il faudrait presque boire toutes ses paroles et réaliser tout ce qu’il demandait. Mais dans une certaine mesure… Autrement, le renard se lassait. S’il était compliqué ? Pas tellement… Une fois qu’on comprenait comment il marchait, il était aisé de le manipuler à sa guise. Enfin, pas trop non plus, il était peut-être naïf sur les bords, mais il ne fallait pas pousser. Le renard est un animal intelligent. Son sourire taquin toujours aux lèvres, et bien décidé, le renard redressa son dos, se trouvant à présent à genoux entre les jambes du brun et posa rapidement ses lèvres sur celles de l’albinos, ne lui laissant pas le temps de réaliser ce qu’il allait faire. Fox qui avait gardé les yeux ouverts, juste pour pouvoir observer la réaction de son vis-à-vis fut heureux de voir les yeux transparents se plonger dans les siens. La durée ? Il ne pourrait pas trop l dire. Ce qu’il avait lu dans ses yeux ? Il analyserait tout ça plus tard. Pour le moment, il laissait libre court à sa satisfaction d’avoir obtenu ce qu’il voulait. Et surtout, il profitait de ces lèvres contre les siennes, se disant que le contact ne durerait pas bien longtemps de toute manière… Ses mains se trouvaient toujours derrière sa nuque, essayant de faire en sorte qu’il ne puisse pas reculer la tête avant que lui ne le souhaite, mais le renard se doutait que s’il le voulait vraiment, il pourrait se détacher de sa poigne. D’une, il n’était pas particulièrement fort, et en plus, il était occupé pour le moment et son esprit avait du mal à se concentrer sur plusieurs choses à la fois… Et dans un sursaut de hardiesse, la langue aventureuse du renard tenta de s’infiltrer dans la bouche du brun, sans savoir si elle y parviendrait réellement ou pas. Les risques du métier…

    Spoiler:
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MessageSujet: Re: Fox who is Hungry is not Free [PV Kai'] Fox who is Hungry is not Free [PV Kai'] EmptyMar 19 Jan 2010 - 3:38

Les ordres. Si Kai devait définir une chose qu'il haïssait plus que tout au monde c'était bien les ordres qui arrivaient en numéro un au palmarès des choses qu'il détestait. Pourquoi en était-il ainsi ? Même lui ne saurait le dire. Toujours est-il qu'il éprouvait une rage sourde dès qu'il s'agissait d'un ordre ou d'un quelconque dérivé. Peut-être que les ordres lui donnaient l'impression de n'être rien. Or il n'aimait pas être rien. Personne ne devrait être en droit d'enfermer ceux qui réclament un semblant de liberté. Personne ne devrait avoir le droit de leur brûler les ailes. On n'empêche pas un oiseau de s'envoler. Et pourtant, eux, personne ne les laissait s'exprimer. Les humains étaient à peu de choses près, la même chose que les machines qu'ils réparaient. Des entités dépourvues de Moi intérieur qui ne pensent qu'à ce qu'ils vont faire dans les instants qui suivent. Non. Pas à ce qu'ils vont faire. A ce qu'on va leur faire faire.
Marionnettes.
Voilà ce qu'ils étaient tous. De vulgaires poupées de chiffons dirigées par des cordes qu'il suffit d'actionner. Qui tire les ficelles ? Qui est le maitre de la danse ? Un être dont le cœur ne serait même pas absent mais profondément noir. Un être qui rirait à voir ses confrères souffrir. Que dis-je ?? Ses confrères ? Oh diable non. Diable, c'est le cas de le dire. Ce doit-être le diable lui-même qui s'est proclamé souverain de ces moins que rien qui gesticulaient sans avoir nulle part où aller. Oh qu'ils étaient libres, ces humains sans maitre ni loi. Mais ils ne savaient pas comment marcher, ni où aller. Et lui, il s'est présenté, pour leur offrir un semblant d'humanité, et peut-être une éternité. Mais le jour où il a retiré son masque, il était trop tard. Pauvres poupées rendues inanimées. C'est à jamais que vous serez contrôlées. Peut-être bien que c'était tout cela, un ordre. Un vulgaire ordre qui cachait tant de choses. Tant de choses étaient cachées par un ordre. Blasphème. Hérésie. Et Kai ne voulait pas cela. Il ne voulait pas être une poupée de chiffon aux mains d'un Diable sans états d'âme. Alors il se refusait à obéir. S'y refusait catégoriquement. Et il restait persuadé que rien ne pourrait lui faire changer d'avis.

La dernière fois qu'il s'était plié à un ordre, il l'avait amèrement regretté. Il était pourtant simple... C'était juste "Viens ici, tout de suite !". Bien sûr, le ton aurait dû l'alerter. Et il aurait eu deux possibilités. Soit, il y allait immédiatement et c'aurait été tout simple. Soit il partait en direction opposée, pour le plaisir de déplaire. Mais il n'avait fait ni l'un ni l'autre. Il avait attendu, se perdant dans l'immensité de la question. Devait-il y aller ? A cet époque, son déni des ordres n'était peut-être pas aussi important qu'aujourd'hui, alors il y alla. Mais il avait trop fait attendre. La porte s'était refermée sur lui. Il n'aurait pas dû y aller.

Les seuls ordres qu'il exécutait étaient ceux de son corps. Ceux qu'il ne pouvait défier sous peine de devoir défier son plus grand adversaire : La Grande Faucheuse. Et il n'en mourait pas d'envie, si je puis me permettre.

Kai tenta bien difficilement de se souvenir de la première fois qu'il avait désobéi à une grosse règle pour tomber sous une autre : Celle de la drogue. Qu'avait-il pris la première fois ? Une chose était sure, c'était avait Lui. Qui d'autre ? C'était lui qui l'avait trainé dans la boue, et lancé du haut de la falaise, de toute manière. Enfin, c'est un mensonge que de dire ça. Il ne fut que l'exécutant. Celui qui poursuit ce qui est déjà commencé. A l'époque où il l'avait rencontré, il était en équilibre instable au dessus du gouffre. Et c'est lui qui arriva en courant, pour le pousser violemment. Voilà qu'elle était au fond, la poupée démembrée. Et ses mains s'écorchèrent sur la paroi sans accroches. Et ses doigts s'arrachèrent sur les murs blancs et lisses. Elimé le tissu. Démembrée la poupée. Que reste-t-il de nos espoirs ? Détruits, envolés. Mais il avait besoin d'être. Besoin de marcher pour aller quelque part, alors il l'avait suivi. Suivi au bout du monde, son monde. Et il l'avait laissé pour compte, perdu là, seul, mort. Elle était belle, l'illusion d'exister. Le mensonge n'en fut que plus faux. N'est-ce pas terriblement cruel ? Un tel mensonge derrière une si belle image. Et, n'y avait-il que chez lui que cela arrivait ? Que dans son monde détraqué ? Mais, quels étaient les autres mondes ? Qui étaient les autres malheureux ? Y'en avait-il réellement ? Et toutes ces questions qui restaient sans réponses, toutes ces questions qui resteraient sans réponses. Parce qu'on ne peut pas répondre à ce qu'on n'a pas envie de savoir ? Il ne voulait pas se dire qu'il n'était pas le seul. Parce que tant qu'il était le seul, il se sentait exister. Même si, quand il était seul, il n'y avait personne pour le regarder. Bon, ça, il n'y avait pas réfléchi, ca n'avait même pas effleuré son esprit. Et puis quoi ? Il ne fallait pas qu'il détruise l'esquisse de rien qu'il venait de monter.

Combien de temps mit-il avant de se rendre compte qu'il était totalement ailleurs ? Qu'il avait perdu le fil de la réalité ? Qu'il avait plongé dans une autre dimension ? Il eut du mal à se reconnecter à la réalité. Et si le plafond l'avait observé, il aurait vu à quel point son regard était halluciné, comme perdu entre deux chemins. Et puis lequel devait-il choisir ? Etait-ce si mal d'être perdu dans ses pensées ? Parfois, oui. Ca avait failli lui couter la vie une fois. Disons que quand ces "pertes" surgissent dans des moments inopportuns, elles peuvent être dangereuses, voire mortelles. Quelle idée de rouler les phares éteints sur une ruelle aussi sombre ? Enfin, lui ne conduisait pas. D'où revenait-il ? Il rentrait d'un "service" qu'il avait rendu à un "ami", bien entendu, il n'était pas totalement dans son état normal, mais suffisamment pour se sentir épuisé et sale. Son pas se trainait de manière lasse et il rêvait à un quelconque autre monde. A une autre réalité dans laquelle il lui aurait suffit de plonger. Et, comme à son habitude dans les ruelles un peu désaffectées, il marchait en plein milieu, monopolisant tout l'espace. Puis il ne marchait plus. Il s'était arrêté, le regard accroché sur un point que lui seul semblait percevoir. Et la voiture avait eu beau klaxonner, il n'avait pas bougé. Peut-être qu'elle avait ses phares au final, mais elle n'avait rien à faire là. Et ça n'était pas passé loin, comme à chaque fois. Et lui s'était retourné, doucement, comme si il venait d'arriver d'une autre planète, l'air halluciné au visage, sans s'être rendu compte un seul instant qu'il avait frôlé la mort de très près.

Et la fille était sortie de sa voiture, venue le voir, voir si il allait bien, et il l'avait regardée, sans comprendre de quoi elle parlait. Et elle s'était excusée, longtemps, longtemps. Puis il avait regardé, ses jambes tremblaient assez fortement et le capot de la voiture lui paraissait excessivement près.

Oui, il y avait du mal à se perdre dans ses pensées. C'est certain. Mais il n'avait pas encore retenu la leçon apparemment. Enfin, peut-être que quand il était en état de s'en rappeler, il l'avait retenue. Mais il avait non seulement l'impression de s'endormir tout en restant éveillé, mais il avait l'impression de se faire manger le cerveau. Comme si des milliards de petites bêtes s'amusaient à grignoter sa matière grise. Et c'était franchement désagréable. Une troisième Guerre Mondiale dans sa tête. ( Comment ?! Tokyo et Teenagers en guerre ?!). Non plus sérieusement, il sait juste qu'un jour, des gens se sont tapé dessus et sont presque tous morts. Et il en a déduit le fait que Tokyo était la seule ville restante au monde, bien évidemment, il apprit depuis peu l'existence d'une ville nommée Teenagers. Une autre survivante, sans doute. Et bref, quelqu'un ou quelque chose lui mangeait la tête, c'est tout ce qu'il en retenait. Ceci provoquait donc un léger sommeil de son corps entier, une non coordination dans ses pensées, une perte de mémoire aussitôt que les choses se passaient, une léthargie poussée et une tendance à délirer. Même si celle-ci restait plutôt faible, pour l'instant du moins. Comment savoir ce qu'il allait se passer ? Il avait dû délirer quand l'autre lui avait levé la tête, non ? Ce devait être ça, forcément. Pourtant il avait bel et bien senti le fauteuil revenir à lui - il ne s'était pas réellement senti revenir au fauteuil - Alors peut-être que l'Américain l'y avait reposé ? Mais c'était quoi au juste, l'Amérique ? Il avait vaguement entendu le mot quelque part, mais il était bien incapable de dire ce que c'était. Un truc autour de Teenagers. Ou tout le monde était gros. Voilà ce qu'il avait appris. Et pourtant, le rouquin face à lui n'avait pas l'air gros. Et sa vision ne pouvait s'être déformée à ce point. Il lui semblait réellement fin. Alors non, ça il ne pouvait pas l'avoir inventé. Et puis, il n'était peut-être pas... Américain comme ils disent. Il n'en savait rien après tout, il ne le connaissait ni d'Eve ni d'Adam. Mais théoriquement il n'était pas gros donc pas Américain. Cliché. Et alors ? C'était possible et plausible. Il avait entendu parler d'un monde ( ou d'une planète il ne savait plus trop ) où l'on cueillait des trèfles ( Il ne savait même pas ce que c'était ) toute l'année et où l'on était roux, peut-être qu'il venait de là. C'était donc quelqu'un qui venait... d'Ailleurs ? C'était peut-être son monde qui avait installé ces étranges cartes un peu partout dans le monde. Car elles ne ressemblaient en rien au monde que connaissait Kai. Alors... Il était un "invaseur" ? Venu d'où ? Du futur ? Heureusement que ça n'était pas dans les yeux bleus de son interlocuteur que ses yeux d'ahuri étaient dirigés. Mais le plafond, lui, devait bien rire.

Stop. Il s'extirpa de nouveau de ses songes, pour le bien de tous. Surtout de lui même, et de sa dignité. Même si il l'avait mise au placard il y a bien longtemps. Le peu qui lui restait ne devait pas être anéantie. Qu'est-ce qu'un homme sans dignité ? Un chien. Rien de plus qu'un vulgaire chien qui se traine dans la boue. Enfin, il ne devait plus se considérer comme tel. Et puis, il avait presque sous les yeux une potentielle source de distraction. Peut-être que le rouquin pouvait lui offrir à s'amuser. Comment ? Il ne le savait pas encore. Surtout qu'il n'était pas réellement en mesure d'esquisser un mouvement... Mais il allait trouver, il le fallait. Parce qu'il fallait bien qu'elle serve à quelque chose, cette rencontre. Sinon, pourquoi l'aurait-il faite ? Et puis, il se répétait peut-être mais... Il était diablement beau, même -et surtout- à ses yeux divagants. Alors, il fallait vraiment qu'il trouve. En même temps, il se voyait mal faire quoi que ce soit. Si il se levait, il tomberait aussitôt. En plus, il s'était promis qu'il ne le regarderait pas. Et les promesses qu'il haïssait le plus à trahir, c'était celles qu'il se faisait à lui-même. Déjà parce qu'il n'en faisait jamais aux autres. Et en plus parce que se faire du mal tout seul n'était jamais génial. Malheureusement et à son grand dépit, elles étaient celles qui se trahissaient le plus facilement. Mais il avait compris, ça faisait longtemps qu'il ne se faisait plus confiance. Enfin, en tout cas, il s'était promis de ne pas le regarder, alors il était condamné à rester passif, jusqu'à ce que sa promesse soit rompue, d'une manière ou d'une autre. Après tout, il était là aussi pour s'amuser, non ? Et puis, même si ça n'était pas le cas, il n'avait pas envie de se laisser abattre par un vieux coup de cafard qui vous attaque par derrière.

Toute sa motivation était revenue -On se demande comment et pourquoi d'ailleurs- , peut-être allait-il enfin arrêter de se lamenter sur lui-même. Seulement, la motivation avait être là, massive et franche, il lui était impossible de passer à l'acte. L'ordre n'arrivait pas à circuler jusque là. Quoi ? Encore des ordres ? Il en faut bien.
De plus, le Faux-Américain qui se tenait entre ses jambes ne semblait pas très partant pour lui laisser une quelconque possibilité de bouger. C'est alors et seulement alors qu'il sentit qu'il avait encore des mains fines dans le cou. Alors et dans une logique particulièrement approfondie, il déduit que les mains du roux étaient toujours là. Et que ça n'était pas les mains de quoi ou qui que ce soit d'autre. Ce qui était, somme toute, évident.

Tout ce qui était évident était compliqué à démontrer de toute manière, pas vrai ? Par exemple, lui, il savait que la Terre était plate, et pourtant il n'avait jamais réussi à le démontrer. Et personne ne l'avait jamais cru -Etonnant, non ?-. Mais il en restait intimement persuadé. Comment pouvait-on marcher sur l'envers de la Terre, donc, avoir la tête et bas et ne pas tomber ? A moins qu'ils ne marchent sur les mains... Ah ! Il avait compris un point existentiel dans sa vie. Les gens qui vivaient de l'autre côté se servaient de leur mains pour marcher si la Terre était belle et bien ronde ! C'était tout à fait logique ! Quoi que non, la Terre ne pouvait pas être ronde. Pourquoi ? Ca impliquait qu'il suive le modèle indiqué, alors c'était réfuté. Sans même prendre la peine d'être analysé, c'était réfuté. Et il n'avait, de toute manière, pas envie de se décarcasser sur le sujet. Puisqu'il ne connaitrait jamais le Bout du Monde. Il se contenterait de repartir à Tokyo et de reprendre sa vie où il l'avait laissée. Aussi simplement que cela. Jusqu'à ce qu'une overdose ne le tue. Il pourrait alors se targuer d'avoir fait ce qu'il voulait toute sa vie - ou presque -, sachant que si il mourait à 23 ans, il n'aurait eu que deux ans de liberté... Mais au moins, durant toute sa vie il aurait pensé comme il le voulait. Oui. Il était fier de ça. 'Fallait bien qu'il la trouve quelque part sa fierté, le pauvre garçon vous pensez bien. Et quand on n'a pas grand-chose, tout peut nous rendre fier. Enfin, il le vivait comme ça, lui, ce sale drogué.

Bon, il fallait qu'il agisse avant que sa motivation ne s'évapore. Mais il n'avait pas réellement envie de bouger, la proximité qu'il avait avec le roux lui convenait parfaitement. Donc au final, rester là n'était pas plus mal. Et surtout, surtout, ne quitter le plafond des yeux pour rien au monde. Comme si il était devenu son point d'accroche, sa seule raison de continuer à respirer. C'était excessif, mais si ça marchait... Une voix le sortit de sa torpeur :


- Et moi j'aime qu'on m'obéisse.

Haussement de sourcil de la part du brun qui ne bougea pas d'un millimètre. Pour qui se prenait-il ? Il n'avait pas à oser lui dire ça. Si il refusait d'obéir, il le refusait. Et même si il gagnait son regard par la force, Kai ne considérerait pas ça comme une victoire du camp adverse. Tout ça parce qu'il n'avait pas envie de se maudire. Après les avoir haussés, le brun fronça les sourcils. Il ne le trouvait vraiment plus aussi drôle qu'avant. Pourtant il dégageait quelque chose, un quelque chose particulier. Mais il n'aurait su dire lequel. D'une manière ou d'une autre, il sentait que le roux allait lui apporter quelque chose. Il ne savait quoi, un divertissement, de la came, du sexe, qu'importe. Un léger courant d'air le fit frémir, enfin, faute de courant d'air, l'autre avait légèrement bougé. Il s'était juste mis à genoux entre les jambes du brun. Quoi d'autre ? Peut-être en avait-il marre de rester ainsi, le dos vouté. Et si ce geste aurait dû pousser Kai à agir, il n'eut que l'effet de le faire rester immobile. Pareil à une statue. Peut-être aurait-il été normal qu'il se demande pourquoi il s'était reculé de la sorte, mais la réponse lui paraissait évidente : Il devait avoir mal au dos. Ou peut-être que Kai était hideux vu de près, ou qu'il avait mauvaise haleine, allez savoir. Il ne se tracassa pas réellement avec ça, estimant que ça n'en valait pas la peine. Et même si il y avait porté un intérêt quelconque, il n'aurait rien vu venir. De plus, sa motivation, faute de s'être évaporée, avait été recouverte par un nouvel élan de drogue/folie qui avait déferlé dans sa tête. Et son regard était redevenu trouble. Tout ça n'avait servi à rien. Les efforts de concentration qu'il avait employés étaient vains. Et ça l'aurait frustré.

Si seulement il en avait eu le temps. Seulement, au moment où la frustration s'immisçait dans son esprit, des lèvres se posèrent sur les siennes. Un sursaut infime le traversa, mais il n'avait pu réellement bouger. Et, évidemment et à son grand damne, son regard était revenu. Dans la précipitation et la surprise, il s'était posé dans celui du roux. Et en cet instant, il serait inutile d'avouer qu'il ne pensait plus du tout à cette histoire de regard, d'ordres et d'obéissance. Son regard à lui exprimait la surprise, et derrière ça, la satisfaction. Pas comme un vieux désir qu'on parvient enfin à satisfaire, mais plutôt comme une impulsion réglée sur le champ. Et les impulsions, il aimait ça, même si ça n'était pas la sienne. Il faut dire qu'il ne savait plus de qui partait le geste, mais comme il ne se souvenait pas d'avoir bougé... Enfin, la surprise s'effaça doucement, malgré qu'il restait choqué et peut-être un peu tétanisé. Combien de fois lui avait-on fait ce coup-là ? Le prendre au dépourvu pour s'emparer de ses lèvres. En plus, en bon jouet, il ne refusait jamais un baiser. Surtout qu'il aimait ça. Jamais il ne se serait reculé. Parce que dans ses cas là, en plus de se sentir vivant, il se sentait grandir. Et ce sentiment il ne l'aurait brisé pour rien au monde. Alors, il se laissait faire, violent ou tendre, quel que soit le baiser il laissait le donneur y mettre fin. Plus d'histoires d'ordres, d'histoires de dignité. Il n'était plus qu'un humain comme les autres, ne résistant pas à l'appel des lèvres. Bahh... C'était peut-être stupide. Mais dans l'optique où, pour lui, chaque contact, chaque petit geste est une preuve d'affection, donc d'existence, il ne les refuse que très rarement. Et là, il n'avait fichtrement aucune raison de le faire. Quel que soit le temps qu'allait durer ce léger contact, il en tirerait pleine satisfaction. Jusqu'au moment où il se rappellerait de sa promesse oubliée et trahie. Mais nous n'en sommes pas là.

La langue du rouquin sembla vouloir s'immiscer entre les lèvres fines de Kai qui, redevenu chien, redevenu jouet, entrouvrit sagement la bouche, histoire de laisser libre cours à l'envie de son vis-à-vis très proche en cet instant. Ses yeux n'avaient pas bougé, ils n'avaient pas quitté l'emplacement du regard bleu, sans même avoir fait attention si celui-ci vagabondait ou disparaissait sous des paupières. La voilà, sa distraction. Il l'avait bien sentie. Ses pensées tournaient à présent très vite, trop vite. Mais à quoi pensait-il ? Lui-même ne le savait pas, et ça n'avait aucune importance. La seule chose qui ait de l'importance, c'est les lèvres. Et ç'avait toujours été ainsi, qu'il embrasse un parfait inconnu, un camarade de jeu, ou celui qu'il aimait, il y accordait toujours autant d'importance. A son tour, sa langue s'était montrée, histoire que le roux puisse faire ce qu'il voulait. Un statut qu'il n'appréciait que guère et qu'il ne respectait d'habitude, que quand il n'avait vraiment pas le choix. Or, là, il l'avait choisi de lui-même, même si on le lui avait un peu imposé. Un statut, pas soumis, mais presque. Enfin. En tout cas, il verrait bien où ça le mènerait. Sa langue se mêlait au jeu, subtile et agile. Et, sans en accomplir le geste vraiment, ses paupières s'abaissèrent, pas entièrement, mais suffisamment pour qu'on ne distingue plus réellement l'œil. Les mains du jeune brun se posèrent au sol pour lui conférer une certaine stabilité. Et qu'allait-il se passer ? Comme allait-ce se faire ?


Spoiler:
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MessageSujet: Re: Fox who is Hungry is not Free [PV Kai'] Fox who is Hungry is not Free [PV Kai'] EmptyLun 25 Jan 2010 - 2:23

    Spoiler:

    Provocation.
    Qu’est-ce que Liam pouvait aimer ce mot. Il adorait ça, provoquer les gens… Leur faire perdre doucement mais sûrement leur calme. Les forcer à l’attaquer avec des mots ou physiquement, peu importe. Tout ce qu’il voulait, c’était les faire réagir. Toujours ce besoin de se sentir important… Oui, le rouquin deviendrait sûrement fou si on l’empêchait de voir d’autres personnes, de leur parler, de les toucher aussi. Seulement, depuis quelques temps, il provoquait de moins en moins… A vrai dire, depuis qu’il était ici, il n’avait pratiquement « embêté » personne. Assez impressionnant si on l’avait connu avant. Où était passé ce garçon qui ne pouvait s’empêcher d’aller chercher des noises à tout le monde, même aux plus forts que soit. Où était passé ces sourires froids, presque effrayants sur un visage si doux qu’il distribuait à la ronde. Pourquoi avait-il soudainement arrêté de tout faire pour se mettre les gens à dos, pour se faire des ennemis, pour se faire haïr ? Pourquoi essayait-il à présent de se faire apprécier des autres ? Peut-être qu’il se servait d’eux, mais s’il ne le regrettait toujours pas d’utiliser les autres, il s’attachait de plus en plus facilement à ceux qui ne devaient que lui être utile. Pourquoi avait-il autant changé en si peu de temps ? Pourquoi il avait l’impression d’aller « mieux » depuis que tous ces changements s’étaient opérés en lui ? Il n’aurait pu répondre à toutes ces questions. Il avait déjà essayé, une fois, mais il avait rapidement abandonné. Il était rapidement passé à autre chose, se disant que tant qu’il continuerait à se droguer, il n’y avait pas de quoi s’inquiéter. Que c’était même bien qu’il change un peu parce qu’il avait moins de problèmes à présent. Et que, peut-être, il pourrait sortir un peu avant sa majorité… Qu’il pourrait profiter un peu de sa vie en tant que « jeune » et de pouvoir mourir après avoir atteint sa majorité.

    Parce que pour le renard, lieux valait mourir que de vivre adulte. Il ne voulait pas devenir adulte. On ne pouvait pas devenir adulte quand on n’avait pas eu d’enfance. Du moins, quand on ne s’en souvenait pas. Déjà qu’il avait du mal à s’en sortir en tant qu’adolescent, il savait que s’il devenait adulte, sans avoir retrouvé sa mémoire, il aurait beaucoup de mal à grandir. Mentalement… Parce que si pour le moment il n’avait pas trop à s’inquiéter du fait qu’il était trop facilement influençable, il savait que plus tard, on ne le laisserait pas tranquille. Les gens comme lui étaient facilement manipulable, et une fois adulte, toutes sortes d’ « organisations » pourraient venir le voir et lui prendre tout son argent – même s’il n’avait pas grand-chose…- ou au moins l’utiliser pour parvenir à des fins pas toujours très réjouissantes… Par exemple, Liam était persuadé que si on utilisait les bons mots, on pourrait très facilement lui mettre quelques bombes dessus pour qu’il aille se faire exploser – lui et quelques centaines d’autres personnes – à côté d’un quelconque bâtiment rempli de gens. Le plus étonnant était peut-être qu’il s’en rendait très bien compte. Mais d’un côté, il était sensible à certains mots, à certaines idées, que même s’il savait au fond de lui qu’il allait droit dans le mur, il ne pouvait pas s’en empêcher. Jusque là, il s’en était plutôt bien sorti, même s’il s’était quand même fait quelques fois enrôlé dans des sortes de sectes débutantes, mais heureusement pour lui, quelqu’un l’en avait toujours fait sortir avant qu’il ne soit trop tard, même si c’était pour le déposer dans une autre secte, et ceux, jusqu’à ce qu’il atterrisse en prison. Effectivement, sur ce point, la prison lui avait évité de mourir trop tôt. Ou de devenir un pantin sans cervelle, au choix…
    Tout ça pour dire, qu’une fois adulte, le rouquin serait bien trop facilement manipulable, et avant de faire des choses qu’il regretterait forcément – et il était presque de renommée mondiale que le renard ne supportait pas regretter quoique ce soit – il préférait encore mourir. Au moins, la mort serait un certain havre de paix ou plus personne ne pourrait abuser de son absence totale d’esprit-critique… Du moins, il l’espérait… Enfin, d’un côté, rien ne pouvait être pire et plus dangereux que la vie elle-même. N’est-ce pas ? Au moins, quand on était mort, on ne craignait pas de revivre, tandis que quand on était vivant, on craignait la mort. Ouais… La mort devait être quelque de plutôt reposant finalement…

    Liam s’était toujours demandé comment il faisait pour penser à autant de chose en même temps en seulement quelques secondes. C’était comme si se pensées traversaient sa tête, en plusieurs minutes, mais que lui appuyait sur la touche « pause » pour pouvoir y réfléchir autant qu’il le voulait avant de reprendre le film de sa vie et oublier la voix off pour reprendre le fil de l’action. Parce qu’au final, la voix dans sa tête, sa voix en fait, arrivait toujours à parler de choses qui ne concernaient que trop rarement le moment présent. Elle divaguait, parfois pas tellement loin, mais souvent, elle partait à des endroits, sur des sujets que Liam avait beaucoup de mal à raccorder au présent. Alors la plupart du temps, il n’y faisait pas attention, il laissait sa voix mentale divaguait toute seule, et ne l’écoutait que d’une oreille, se concentrant plutôt sur l’action. L’action, s’était toujours ce qui avait de plus intéressant. Pour les yeux… En vrai, il n’y avait rien de mieux qu’un joli petit dialogue au début ou à la fin du film, rien de plus émouvant, mais les gens n’en avaient rien à faire. Les gens n’allaient pas voir un film pour entendre, mais pour voir. Alors ils négligeaient le dialogue pour juste ravir leurs yeux. Ils ne prêtaient attention qu’aux bombes qui explosaient, aux deux héros qui s’embrassaient, et le dialogue, plus personne n’en avait rien à faire. Ca devait être pour ça que les films avec des effets spéciaux marchaient bien tandis que dès qu’on mettait un peu de côté l’image pour travailler les paroles, le film marchait tout de suite moins bien. Et pour une fois, Liam marchait comme tous ces gens. Il ne pouvait pas non plus être toujours unique… C’était fatiguant de se forcer à ne pas faire comme les autres… Alors lui faisait ce qu’il avait envie de faire. Tant pis si d’autres le faisaient aussi. De toute manière, quoique l’on fasse, on était jamais le seul à le faire. Alors autant faire ce que l’on voulait réellement. Non ?

    A vrai dire, Liam n’en avait rien à faire. A vrai dire, Liam ne savait même pas pourquoi il pensait cinéma. A vrai dire, il s’en foutait on ne peut plus de faire ou de ne pas faire comme les autres en cet instant même. Parce que pour le moment, il était en train d’embrasser un mec. Heureusement que c’était un mec… Le jour où il embrasserait une fille ne serait pas venu. Son esprit lui envoya une image de Lulu, et Liam dû reconsidérer sa pensée. Le jour où il embrasserait une fille qui s’habillait réellement comme une fille et qui se considérerait vraiment comme une fille n’était pas venu. Bref, tout ça pour dire que pour la première fois depuis trois jours, il embrassait enfin quelqu’un. Et ce n’était que maintenant que ses lèvres étaient posées sur d’autres, que sa langue s’invitait sans la moindre pudeur dans la bouche de l’autre que Liam s’apercevait que cette sensation lui avait réellement manquée. Il en avait presque poussé un gémissement de plaisir. Ou peut-être qu’il l’avait réellement fait… Pour le moment, il était incapable de dire s’il avait imaginé ou non le son. Mais c’était tellement bon… De toute manière, Liam n’était que très rarement rebuté à cause d’un baiser. Ou alors, il fallait être vraiment pas doué… Mais jusque là, Liam avait toujours eu la chance de tomber sur des types un minimum doué pour embrasser. Liam qui s’était très rapidement fait à l’idée qu’il allait bientôt se faire repousser dès que l’autre reprendrait ses esprits et qu’il ne fallait donc pas qu’il se…plonge de trop dans ce baiser, avait été réellement surpris quand il avait senti l’autre langue glisser sur la sienne, jouer avec la sienne et entamer cette danse hypnotique à laquelle Fox ne pouvait résister. Et l’autre se débrouillait très bien en plus. Vraiment trop bien… Mais le surprenant dans tout ça, c’est que Liam ne se fit pas repousser. Mais il n’y accorda pas plus d’attention. Il ne s’était pas fait repoussé ? Tant mieux pour lui… Il n’allait sûrement pas perdre son temps à chercher à comprendre le pourquoi du comment…

    Ce qui était quand même amusant dans tout ça, c’était que les gens dans cet endroit semblait tous aimer se faire embrasser… Même quand s’était fait par surprise mais surtout par un parfait inconnu… Enfin, ce n’était pas lui qui allait se plaindre puisqu’il avait la très mauvaise manie d’embrasser à peu près tous ceux qui avaient le malheur de croiser son chemin – et les mecs…pas les filles, forcément… Un de ces jours, il allait tomber sur un os et il sentait qu’il allait le regretter… Et pas qu’un peu. Mais pour le moment, il n’en était pas là. Non, pour le moment, il essayait tant bien que mal de contenir ses frissons – c’était réellement agaçant d’être aussi réceptif à quelque chose d’aussi simple qu’un baiser…- mais surtout cette chaleur qui menaçait de le mettre dans une situation quelque compromettante s’il ne se dépêchait pas de la réprimer. Et c’était dur. Sans mauvais jeu de mot… Mais finalement, il parvint à contrôler cette partie de son anatomie – pendant combien de temps ? Il ne saurai le dire – mais se recula tout de même un peu, sans pour autant détacher ses lèvres de celles du brun, pour éviter tout désagrément futur. Ca faisait quand même trois jours qu’il n’avait eu aucun contact de ce genre alors s’excitait peut-être un peu rapidement… Déjà qu’il avait toujours eu une libido peut-être trop importante même pour un adolescent normal, pratiqué trois jours d’abstinence n’était vraiment pas une chose conseillée dans son cas. Le pire dans cette histoire, c’était que personne ne l’avait obligé à coucher avec quelqu’un d’autre… Ca lui avait presque paru…naturel. Non, peut-être pas naturel. Le terme était trop fort… Mais durant ces trois jours, ça ne lui avait presque pas manquer de ne rien faire avec personne. Vraiment rien… Même pas une petite séance « pelotage » avec Lulu au détour d’un couloir… Il devait vraiment ne pas être dans son état normal… Mais peu importe, il comptait bien se rattraper ce soir.

    Les mains du renard se détachèrent assez rapidement de la nuque de l’albinos pour se poser sans la moindre gêne sur ses hanches. De toute manière, ils n’en étaient plus au stade où l’o pouvait encore se sentir gêné… De toute manière, Liam n’avait jamais ressentit la moindre gêne pour quoique ce soit… Puis tout aussi naturellement, ses doigts remontèrent tranquillement, quoiqu’avec une certaine fébrilité le tee-shirt de l’autre pour laisser apparaître la peau définitivement aussi pâle que la sienne. Et pour le moins toute aussi douce. Oui, on pouvait vraiment dire qu’il ne se dérangeait pas… D’ailleurs, ça pouvait même ne pas plaire à l’autre qu’il s’en foutait largement. Il était en manque. En manque de drogue, en manque de sexe, peu importe, il était en manque. Et pour le moment, il devait faire avec ce qu’il avait sous les mains. Et jusqu’à preuve du contraire, sniffer un corps dans l’ultime but de se shooter était relativement compliqué, alors Fox avait opté pour la solution la plus simple, c’est-à-dire, comblé sa libido. Ou au moins, la réduire le plus possible puisqu’il lui semblait impossible de la combler. Sa libido, ça devait être la deuxième chose qui lui demandait le plus d’attention avec sa curiosité… D’un côté, la libido, ce n’était qu’une autre forme de la curiosité… C’était la curiosité de connaître le corps d’un ou d’une autre – même si dans le cas du renard, le seul corps qui l’intéressait était celui du « un »…- donc ce n’était qu’une autre façon qu’avait sa curiosité pour s’exprimer. Et celle-là n’était pas forcément la meilleure façon qu’elle avait de s’exprimer. Parce que Liam sentait qu’il pouvait faire une bêtise… Un corps plus qu’à son goût – il n’était pas difficile de toute manière, mais là, il n’avait vraiment pas à se plaindre…- qui, semblait-il, était dans l’incapacité de se défendre et qui embrassait d’une manière plus que convenable d’un côté, et de l’autre, lui, en manque, de ses deux principales drogues, c’est-à-dire l’ecsta et le sexe, et prêt à –pratiquement- n’importe quoi, pour se satisfaire… Effectivement, c’était une très mauvaise idée de continuer ce baiser. Une très mauvaise idée que de retirer ce haut pour pouvoir contempler cette peau vraiment pâle et presque veloutée sous ses doigts. Oui, c’était une très mauvaise idée… Alors il écarta un instant ses lèvres. Légèrement. Trop légèrement… Si bien qu’il ne résista pas à la tentation de la capturer de nouveau. Et le baiser qui, jusque là, c’était uniquement fait curieux, voire même timide, même s’il n’en était rien devint tout de suite plus violent. Plus désespéré. Désireux aussi… Il y avait trop de chose dans ce baiser. Trop de frustration surtout. Mais le renard ne s’en rendait pas compte. Tout comme il ne se rendait pas compte que ses doigts s’enfonçaient peut-être un peu trop dans les hanches de son vis-à-vis.

    Fox n’était pourtant pas vraiment violent. Non, il n’était pas violent. Sauf avec sa mère, et encore, il ne s’était jamais attaqué à elle, juste aux objets qui les entouraient, mais ses accès de violence avaient toujours eu lieu en présence de sa mère. Et uniquement en sa présence. Ce n’était pas dans ses habitudes d’envisager la possibilité d’abuser d’un autre s’il ne voulait pas la même chose que lui. Mais d’un côté, il n’avait jamais vraiment eu le pouvoir nécessaire pour soumettre qui que ce soit à sa personne. Trop faible, pas assez déterminé pour. Il n’en savait rien. Mais en attendant, jamais une telle idée ne lui était passée par la tête… Mais d’un autre côté, il n’était plus vraiment lui depuis qu’il était arrivé à Teen’ – ou peut-être qu’au contraire il était réellement lui… QU’est-ce qu’il pouvait en savoir ? – alors plus rien ne l’étonnait vraiment…
    Et puis, une certaine partie de lui voulait se venger de l’autre. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il n’avait pas voulu le regarder quand il le lui avait demandé… Immédiatement, Liam avait ressenti le besoin de le soumettre à son désir. Et maintenant qu’il avait réussi une fois, il en voulait plus. Certains avaient soif du pouvoir, Liam, lui, se découvrait une soif de domination… Il faut dire que l’autre ne résistait pas tellement à ses assauts aussi. Et ça ne faisait qu’encourager Fox. En y réfléchissant bien, peut-être que ça ne dérangeait pas l’autre. Il ne se serait pas laisser faire sinon… N’est-ce pas ?

    Quoiqu’il en soit, le renard abandonna très rapidement toute idée qui avait pour but de considérer un éloignement de leurs deux corps et il poussa même le vice à passer un de ses bras autour de la taille du brun pour le rapprocher ou plutôt pour le presser contre lui. Etait-ce de sa faute s’il était avide de contact ? Trois jours sans aucun contact, finalement, ça avait été la pire idée de toute sa vie. Mais ce n’était pas bien important… Il comptait bien se rattraper dès ce soir… Sa langue avait abandonnée sa comparse et était retournée à son domicile tandis que le rouquin délaissai finalement les lèvres à présent délicieusement rosies du brun pour descendre vers son cou, ses lèvres effleurant tout d’abord la peau de cette zone avant de mordiller tranquillement sa carotide, puis sa jugulaire. Comme les vampires… Il avait toujours aimé faire ça… Même s’il n’avait pas encore tenté de planter ses dents violemment dedans pour en aspirer le sang… Il n’était peut-être pas un parfait exemple de normalité – pour le peu que la normalité existe réellement – mais il n’était quand même pas dingue ce point… C’était juste que c’était un endroit du corps qu’il appréciait particulièrement pour une raison qui lui était inconnue. Peut-être parce que lui était particulièrement sensible dans cette zone là… Peut-être… Peut-être pas. En tout cas, il adorait ça…
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