(Amène ton monsieur Chaaat )


Ewa venait royalement d'emmerder le début de la journée de ce toutou Matvey. Contente et non peu fière d'elle, elle s'était ensuite baladée partout dans l'institut sans manquer de faire quelques bêtises, anodines certes, mais très très chiantes.

Ainsi, la peste avait-elle mélangé les livres à la bibliothèque, mettant des porno' de la réserve où elle s'était faufilée en douce dans le rayon des encyclopédies ou des livres sur les animaux de compagnie. On trouvait même du Stephen King entre les Winnie l'Ourson & ses petits amis. A la salle de repos, elle avait caché tous les coussins si douillets et laissé le robinet couler à gros jet. En passant par la cuisine, elle avait mis énormément de sel dans la sauce aux tomates et mis dedans des morceaux de chocolat blanc... destiné à un dessert où elle avait remplacé ce chocolat par des feuilles de persil et de basilic entre les tranches de biscuits qu'elle a exagérément beurrées à l'arrache. Ensuite, elle avait réussi à rentrer dans des chambres imprudemment laissées ouvertes et vides et chiper ce qu'elle pouvait, et en retournant matelas, tirant le duvet et les draps, et versant les gel douches à terres. Elle avait même ouvert la cage à un hamster qui devait être en vadrouille dans la chambre à présent. Rien que d'y penser, Ewa était hilare.

Maintenant, elle voulait se calmer un peu et monta donc tous les étages jusqu'à atteindre l'observatoire. Elle s'appuya sur le bord du balcon et rêvassa un peu. A quoi ? Qui le saura... ?

C'est un miaulement qui prévint Ewa, tout juste suivi par une voix de jeune homme :



Elle se retourna et ne reconnut pas le garçon aux cheveux bleu-vert. Mais elle trouva ça drôle, des cheveux rose bonbon, et des cheveux turquoise foncé. Avec un petit sourire amusé, elle répondit, comme si c'était normal qu'on la reconnaisse rien qu'à la voir et qu'on sache d'office son prénom :



Elle se retourna totalement et s'adossa en arrière contre le bord. Elle examina le nouvel arrivé. Beau torse. Bonne taille. Belle carrure et joli minois. De beaux yeux, aussi. Et puis, un gros chat blanc adorable. Les yeux d'Ewa pétillèrent en voyant l'animal :



Elle s'approcha et tendit une main qui vint caresser le doux pelage blanc comme neige.



Elle ignora, par contre, totalement celui du garçon.

Elle n'avait pas l'air du tout de se moquer. Son air extasié était tout à fait sincère, ainsi que ces mots :



Elle afficha un grand sourire avec ses lèvres roses et ses grands yeux bleus qui pétillaient toujours, et encore plus à présent. Elle ne se doutait pas qui était ce garçon, mais rien que le fait qu'il a un chat si beau, ben, elle l'appréciait. C'était idiot, mais Ewa, ben elle était comme ça.

Quand Gabriel lui tendit le gros chat blanc, elle rigola et le prit aussitôt. Elle se mit à le caresser avec énormément de tendresse ; Ewa avait de l'affection aussi pure qu'avec les animaux. Les humains, elle s'en fichait, juste bon à la sauter ou se laisser sauter, avec ou sans leur consentement. Les animaux ils étaient gentils, Ewa ne leur ferait jamais de mal.



Elle eut une petite moue dubitative. Surprise par cette question, elle leva ses iris vers le plafond, un air très songeur sur le visage.



Puis, son regard pensif changea en une seconde et devint à nouveau celui d'une joyeuse fille sans souci et sans mauvais sentiments. Elle haussa les épaules.