Mon regard était planté dans le sien. Un petit sourire narquois sur glissa sur mes lippes. Provocation. C’était une drogue dure, pure et tellement enivrante. Un petit rire s’échappa de ma gorge : folie, douceur et amour chantaient dans ma gorge. Et puis il eût ce mouvement sec, brusque et sans appel. S’échappaient alors de mes doigts cette masse sombre, noire, beaucoup trop longue. Beaucoup trop féminine pour moi.  Je laissais tomber à terre l’arme de mon crime, et passais mes doigts dans cette nouvelle chevelure raccourcie. C’était laid, et je me promis de couper plus court encore, dans quelques jours. Tondre ces cheveux tout simplement immondes. Disparaître et changer.

Parce que j’ai gagné. Et chaque jour depuis mon réveil, je savourais ce sentiment de plénitude, de fierté extrême. Et pour fêter cela, j’ai passé la nuit avec ma doucereuse et ragoûtante araignée. J’avais oublié combien ses crochets étaient douloureux, combien sa douceur était trop violente. J’avais oublié combien son amour était sulfureux, et son sang tant empoisonné. Et pourtant, c’était sûrement ce que je préférai le plus au monde, ici, et puis chez lui.
Ma langue se glissa sur mes lèvres pâles, alors que je levais mes mains face à mon visage transformé. Je vins à défaire ces bandages, pour laisser à l’air libre ces traces blanchâtres, au trois-quarts cicatrisées : mes nouveaux ornements. Les bijoux de toute une vie.
Je jouais un instant avec mon piercing au labret inférieur, avec celui de ma langue, et puis après quelques touches de sombres aux yeux, j’enfilais mes vêtements. Un jean sombre un peu trop large, qui tombaient sur ces hanches définitivement trop fines. Un haut large, pour dévoiler clavicules et muscles. Cet abrutit s’était mis au sport, avait prit du poil de la bête. Mais certainement pas assez pour moi. Ce n’était pas suffisant.

Alors après avoir prit un bon, grand, gros déjeuner, je filais. Une bouteille d’eau à la main et une serviette, j’avançais lentement dans les bâtiments. Je me souvenais encore combien certaines parties avaient été ravagés. Je me rappelais qu’il y avait eût des décombres ici et là-bas. Un sourire mesquin ravagea mon visage en passant l’une de ces salles où tout avait commencé.

Aujourd’hui, il m’appartient. Et nul ne pourra récupérer mon amour. Cette colombe tachée de sang est enfermée, mais surtout en sécurisé. Personne n’osera effleurer son plumage éphémère sans moi. Je briserai le cœur et les os de ces personnes là. Je planterai mon dard au plus profond de leur gorge, et leur feront vomir leur tripe. Seigneur des nuits, je deviendrai Maître des Horreurs.  
Un petit rire satisfait résonna dans le couloir, avant que je ne sorte dehors pour rejoindre le gymnase. Du sport pour la santé, la forme, et surtout mon incroyable paraître. Je ne serais jamais assez parfait. Toujours un peu plus, et de n’importe quelle manière qu’il soit. Je suis parfait dans ma décadence, parfait dans mes horreurs.

J’étais silencieux, et je me pensais seul. Jusqu’à ce que je le vois, lui.

Fuis, je t’en prie.

C’était tellement plaisant à le voir, lui, se mouvoir juste dans le simple fait d’entretenir son corps. Pour lui, mais aussi pour les autres. C’était sûrement le seul point commun qui nous liait, lui et moi. Mais rien au monde, n’empêcherait  l’amour capricieux, ma haine trop douce, que je nourrissais pour cet adorable blondinet. Rien n’était capable d’étancher ma soif. Tôt ou tard, je le dresserai, tôt au tard, je le tiendrai entre mes mains. Il ne deviendrai alors qu’une créature soumise. Peut-être que j’aurais la présence d’esprit de lui apprendre comment faire… Comment faire pour t’approcher, toi. Toi qu’il désire plus que tout, mais sûrement moins que son corps à lui. Il ne vit pas pour toi, il vit pour lui. Il ne vit pas pour toi, il vit pour son paraître. Il vit pour ces photos, pour son corps, pour l’argent. Comme… TOI.

C’est tellement pathéthique. Il me donne envie de vomir. Comme toi, comme moi, comme nous. Nous sommes tous si misérables. Mais à ce jeu là, excusez-moi mes dames, je serai encore et toujours le meilleur.

Je posais mes affaires, et m’approchais lentement. Sans un bruit, te laissant malmener le sac de boxe, te laissant voguer sur cette musique trop forte. Et puis je me glissais derrière toi. Mes doigts remontèrent le long de ta colonne vertébrale, dégoulinante de sueur masculine. Tu me paraîtrais presque viril, mon amour. Lentement, mais sûrement. Mon autre main attrapa l’une de tes oreillettes pour te faire revenir sur Terre. Attends-moi pour partir ailleurs. Nous irons ensemble plus loin, plus haut, loin de tout ça.

Il n’eût qu’un seul mot qui franchit mes lèvres. Un seul, qui devait te rappeler bien des souvenirs. Une première syllabe quasi muette, puisque trop désireuse. Un murmure, un souffle, juste une deuxième syllabe audible. Ce même prénom que Kyllian savait si bien gémir, souffler, murmurer, lorsque tu le touchais trop intimement, lorsque tu embrassais son cou le matin. Lorsqu’il était encore là. Lorsque tu étais encore là.

« Isaac… »

Et un doux sourire se glissa sur mes lippes, faisant alors rayonner faiblement mon visage. Je m’hissais à peine sur la pointe des pieds pour venir te voler ces boutons de chair rosée, une fois que tu te fus tournée vers moi. Ma main se logea contre ton torse, recouvert de ce voile brillant. Je sentais ton cœur au creux de ma paume, mais elle finit par se glisser plus haut encore, pour se poser contre ta nuque. Ce baiser je le voulais. Je te le donnais, tout comme je te le réclamais. Pas l’un de ces baisers de prince charmant, dont l’autre était friand. Non, un vrai baiser, celui qui te ferra frémir de la tête aux pieds. Je sais ce que tu aimes, je sais ce que tu veux. Je sais comment t’embrasser pour te faire rêver.
Et maintenant, je m’écarte lentement, avec une légère moue aux lèvres. Une moue terriblement adorable, et un regard plein de malice. Parce que c’est ce que tu préfères chez lui. Sa fragilité, pour avoir la sensation d’être grand et fort. Avoir la sensation de le protéger, pour qu’il t’aime encore et encore.

Et il t’aime, encore et encore.
Mais maintenant, c’est moi que tu dois protéger, mon cœur, mon amour, mon blondinet chéri.
Moi aussi, j’ai besoin de toi.

Sentiment d'extase totale.
Isaac aime être torse nu, il aime sentir les regards sur lui, sur son corps qu'il adule, tout comme il aime montrer un peu son tatouage, le seul qu'il ait pour le moment, parce que oui, il ne l'a pas fait pour rien. Un beau gosse, un top modèle après tout, notre secrétaire aime se faire plaisir & penser qu'il fait plaisir. Après, chacun ses goûts certes, mais personne n'irait cracher sur sa personne, si ?

Passons. Notre jeune homme n'a rien de toutes ses pensées futiles en tête non. Plus aujourd'hui. Depuis l'incident qu'il y a eu dans l'enceinte de l'école ce soir d'orage, après avoir fini enfermé pendant des heures & des heures, & surtout, après avoir retrouvé Kyllian sur ce lit à l'infirmerie...beaucoup de choses ont changées. Déjà physiquement, il se muscle, beaucoup plus. Il devient même de plus en plus plaisant pour son photographe, ce qui n'est pas un mal. Il a coupé ses cheveux également, même si cela fait longtemps, mais continue de les entretenir comme avant afin qu'ils repoussent plus souple. Des détails physique, oui, mais le mental ?

Le moral a prit un coup, c'était inévitable. De plus avec les militaires, à présent, pour tous les encadrer, un vrai bordel psychologique. & Kyllian dans tout cela ? Oui, il pense à lui souvent, il n'a guère eux le temps de retourner le voir à cause de la paperasse, mais aussi parce qu'il était surveillé en quelque sorte. Toujours quelqu'un avec lui, & des dossiers, à n'en plus finir, à revoir, reclasser, re-ranger, ressortir, à lire...oui, on l'avait forcé à mieux connaitre les élèves, alors qu'il ne s'en portait pas si mal sans avant. Connaitre quelqu'un par son dossier...il le faisait avant, mais il avait bien comprit que chaque élèves ici présent, voulaient juste changer de vie, passer à autres choses, alors se fixer sur leurs erreurs déjà commise ? Foutaise.

Son sport de la journée allait lui faire du bien. Ce pourquoi, torse nu & en bermuda prévu à cet effet, il avait bandé ses mains pour se faire les bras, tapant dans ses sacs de sable, prévu à la boxe. Musique à fond oui, même avec cette dernière, son regard restait dur, concentré sur ce qu'il faisait, trop d'image lui venant en tête. Il tapait alors, soufflait, s'entrainait. Oui, il était passé d'un physique fin avec quelques poignées d'amour, à un corps taillé en V, toujours élancés, mais musclé. Cela lui allait bien néanmoins, il n'était pas non plus monsieur muscles tout en un, il était juste un digne représentant d'une pub pour un parfum quelconque...

Mais passons une fois de plus, l'arrivé de ce quelqu'un allait changé la donne sur son comportement. & lorsqu'il lui retira ses écouteurs, Isaac stoppa tout, rattrapant le sac de sable, avant de porter son regard sur...lui. Il avait bien senti ses mains dans son dos, sur sa nuque...

« Isaac… »

Sa voix le fit frissonner, abandonnant totalement sa musique, dont il vira complètement les écouteurs qui tombèrent au sol, pour l'observer, avec ses...cheveux court. Qu'avait-il fait ? De plus, ses marques, sur sa peau. Il ne pouvait pas vraiment s'en vouloir, mais il aurait tout de même du être là ce jour là. Comment l'aurait-il deviné ? Il l'ignorait, mais...il s'en voulait, parce qu'il ne comprenait pas & surtout, parce qu'il se disait que Kyllian lui avait peut-être lancé des signaux d'alarme & que lui, sombre idiot, il n'avait tout bonnement rien vu. Puis il y eut se baiser. Mon Dieu. Un baiser auquel Isaac répondit avec tendresse, venant poser une main sur ses hanches, si fragile à ses yeux.

Puis je te regarde, là, posé devant moi. Cette mine boudeuse que je lis sur tes lèvres...me donne envie de fondre. J'ignore si je dois te sourire réellement. Ce pourquoi je te souris tout de même, mais d'un sourire faux, dont tu pourras pourtant deviner aisément toute l'hypocrisie possible. Je ne t'en ai jamais offert des comme ça, pourtant, là, je n'ai pas le choix. On m'a appelé pour une affaire urgente la fois ou je suis venu te voir à l'infirmerie, & les derniers mots qui sortirent d'entre tes lèvres, furent que je te faisais vomir. Comment pourrais-je oublier ?

« Kyllian...qu'as-tu fais à tes si beaux cheveux ? »

Ma main se glisse alors dans ces derniers. Cela te va bien aussi, quelque part, mais cela n'est pas le Kyllian que j'ai connu. Bien évidement, si tu t'aimes ainsi, tant mieux, mais je trouve cela dommage, je ne pensais pas que tu désirais t'en...débarrasser de la sorte. Je finis alors retirer mon Mp3 de ma poche, je range mon bordel, me recule, dépose tout sur mon sac. Je prends ma serviette avec laquelle je m'essuie un peu, avant de revenir vers toi, quelque peu inquiet...

« Tu vas mieux ? Je n'ai pas pu revenir te voir, l'on ma surveillé. Pourtant ce n'était pas l'envie qui me manquait. J'aurais aimé être là... »

Je glisse alors une main sur ta nuque, alors que je te rapproche de moi, l'autre venant caresser ta joue. Je t'observe alors, longuement. Avant de déposer un baiser chaste sur ton front & ne plus m'en décoller. Tu m'as manqué, je me suis fais du souci...mais j'avais les rapports de l'infirmerie pour me soulager de savoir que tu allais mieux de jour en jour.

« Ça va aller, avec les militaires ? Ça aussi cela m'embête, j'ai bien trop peur qu'ils se méprennent sur toi à cause de ton dossier. Ils ont tout lu... »