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Welcome to Mystery [Ilana Norwen]

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Anonymous

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MessageSujet: Welcome to Mystery [Ilana Norwen] Welcome to Mystery [Ilana Norwen] EmptyLun 26 Sep 2011 - 17:04

    Tic tac. Tic tac. Tic tac.


    Les secondes qui s'égrennent, s'effilochent, se suivent et se tordent sans logique, sans ordre, avec rigueur, à l'infini. Il regardait les heures passer, défiler, se languir sous ses yeux sans jamais se presser. L'ennui. Alex s'ennuyait. Peut-être pas vraiment. Il ne pensait pas précisément, il n'imaginait rien, ne voyait rien. Rien de plus que deux aiguilles qui se pourchassent, se piétinent et se doublent. On l'avait condamné à l'ennui éternel, au vide intérieur. C'était son père. Son propre père ! Pourquoi ? Alex ne comprenait pas ce qui s'était passsé. Croyait-il qu'il suffirait de l'éloigner de chez lui pour le rendre normal ? Parce que c'était bien ça qu'il lui reprochait, son anormalité, non ? Si, c'était ça. Il le savait. Ca ne pouvait être que ça. Après tout, quoi d'autre ? Avait-il seulement, un jour, fait quelque chose de mal ?

    Réfléchis, réfléchis deux secondes.


    L'agression ? Oui, mais cet homme avait refusé, s'était dérobé à sa volonté. Il n'avait pas à faire ça. Alex ne demandait pas grand-chose, il voulait juste du contact. Violent. Mais du contact. Rien de plus, rien de moins. Son père ne pouvait pas l'avoir envoyé là pour ça. C'était absolument impossible. Alors pourquoi ? Pourquoi ? Peut-être qu'il avait eu honte ? Honte de l'abominable chose qui lui servait d'enfant ? Mais il n'avait jamais eu honte de lui auparavant, si ? Non. Tout était confus, confus, brouillé, mélangé, dans son esprit. L'adolescent se mordit la lèvre inférieure. De l'ordre, de l'ordre. Il fallait de l'ordre dans ses pensées. Quelle était la dernière chose qu'il se souvenait du "monde extérieur" ? L'hôpital. Ah, oui. La tentation était grande, trop grande. Appuyer encore, encore plus, sentir le frisson de douleur traverser tout le corps. C'était si bon, si bon. Puis il n'avait plus su s'arrêter. Le souvenir de cette sensation de plénitude lui arracha un léger frisson. Mais, quand même ! Il aurait pu mourir ! Quelle chance il avait eue, que son père soit rentré au même moment. Quelques minutes auparavant, il aurait peut-être eu le temps d'y passer. Quelle horreur. Il ne voulait vraiment pas ça. Au contraire, c'était la vie qu'il cherchait, pas la mort.

    Il n'avait trouvé ni l'un, ni l'autre. Et maintenant, il moisissait ici, sans but ni futur.

    Alex trainait ici et là depuis deux semaines. Il se sentait désorienté, perturbé, perdu. Le vague à l'âme. Il n'avait même pas l'envie de jouer de la guitare. Chose extraordinaire. Il réalisait, maintenant qu'il avait perdu sa liberté, à quel point elle était savoureuse. A quel point les gens qu'il prétendait détester pouvaient lui manquer maintenant qu'il ne les côtoyait plus. Son petit confort, son petit groupe, ses petites habitudes, il en était devenu dépendant. Et le sevrage serait dur, surtout qu'il n'avait aucune volonté à aller mieux. Sans doute parce qu'il n'avait pas l'impression d'aller mal. Qu'attendait-on de lui ? C'était ça qu'il ne comprenait pas. Il ne pouvait pas aller contre ce qu'il était. Déjà parce que c'était son essence, et puis parce qu'il n'en avait certainement pas l'envie.

    Alors il était assis là. L'adolescent portait une sorte de pyjama très large, parce qu'il n'avait pas envie de s'habiller. Cet état de lassitude l'agaçait. Il n'était pas comme ça. Pas vraiment. Pas aussi longtemps. Il était temps de se reprendre en main. Peut-être qu'il pourrait découvrir des aspects positifs à cet endroit, après tout, qui sait ? Oui ! Ca n'était certainement pas si atroce et terrible et nul et ennuyant qu'il avait bien voulu l'imaginer. Il était là pour un certain temps, il n'allait pas le passer à dépérir de la cuisine à son lit, de la douche à la salle à manger. C'était décidé.

    Alex, revigoré par cette décision, avait quitté son horloge et s'était précipité sous la douche pour essayer de ressembler à autre chose qu'à une loque ambulante. Il se prélassa sous l'eau brûlante un long moment puis sortit et s'habilla avec soin. Il allait enfin apparaitre dans cet institut. Ou du moins le voulait-il. Comment un petit blondinet comptait-il faire mouche dans un si grand établissement ? Aucune idée, mais il le souhaitait vraiment. Il était d'humeur relativement douce, agréable. Le genre de moments un peu plats, dépourvus d'intérêts mais pas moins plaisants pour autant. Il se sentait presque léger. Ses vêtements fétiches, ses immenses chaussures, et il était paré. Paré à quoi ? Il ne le savait pas encore.

    Il sortit de la douche, et commença à réfléchir. Comment pouvait-il bien se faire un minimum remarquer dans son nouvel habitat ? Il fallait bien qu'il commence à avoir des liens, quelle qu'en soit la nature profonde. Amis, ennemis, il n'en avait cure. Il aimait les deux. Il retrouva sa guitare adorée. Le meilleur moyen de se faire entendre était bien de faire du bruit, non ? En plus, après deux semaines sans sortir une seule note, ses doigts commençaient à le démanger. Il caressa doucement son instrument, laissant ses doigts courir sur les cordes. Complètement désaccordées, au passage. Alex s'éloigna de son dortoir et chercha un endroit où s'installer. Il franchit plusieurs pièces, et déboucha sur quelque chose de nouveau : Ca ressemblait à un salon, avec des poufs et une cheminée. Voilà qui l'intéressait. La pièce correspondait à son humeur. Assez chaleureuse, plus encline à bonne humeur qu'à hurlements.

    Plus que sur un coussin ou un pouf, le jeune homme s'assit par terre, en tailleurs. Cela lui rappelait bien plus sa petite bande que les amas de tissus. Dans la rue, avec ses "amis", il était plus souvent par terre que dans des coussins bien confortables. Il accorda son instrument tranquillement. Alex était toujours très attentioné, très soigneux, très appliqué envers sa guitare. C'était bien la seule qui avait ce privilège, mais elle était sacrée.

    Pas vraiment d'humeur à composer, il joua une chanson qu'il avait entendue quelque part, dont il avait retenu :

    "This is a place where your mind can escape
    All the problems today and go far, far away
    This is a time with no history
    Welcome to Mystery. "
    Welcome to Mystery - Plain White T's

    Il trouvait la chanson plutôt appropriée à l'instant, bien que la partition n'était évidemment pas exacte. La tête baissée sur son instrument, il n'entendit que vaguement quelques bruits aux alentours.

    [ J'espère que ça te convient Smile

    EDIT : Adieu l'énorme faute dans le titre de la chanson, fatiguée moi >< ]




Dernière édition par Alex Phillis le Lun 26 Sep 2011 - 20:26, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Welcome to Mystery [Ilana Norwen] Welcome to Mystery [Ilana Norwen] EmptyLun 26 Sep 2011 - 20:05

J'étais immobile sur un lit. J'aurais bien dit mon lit, mais je n'y avais dormi que cette première nuit à l'instut. Je songeai à...
À rien du tout en fait. 
Je voyais trois secondes de ma vie passer en boucle. Trois secondes. Trois coups de feu. 
Puis un clic.
Encore et encore, de plus en plus fort. Je me roulai en boule. Je pressai mes jambes contre ma poitrine, mes mains contre mes oreilles, comme si ça aurait pu éloigner le bruit. 
Des larmes coulaient sur mes joues, mais je ne me rendais pas compte du goût salé à la commissure de mes lèvres, de ma vision brouillée, de leurs caresses sur ma peau. 
Je crois que je finis par m'endormir, le sommeil me libérant enfin. 
En tout cas, je me réveillai. 
Quelqu'un était passé, car j'étais en sous-vêtements, de nouveau vêtements etaien posé sur le carde métallique de mon lit. 
J'eus affreusement honte. 
Je me redressai sur les coudes. 
Le bruit avait disparut, remplacé par un mal de tête lancinant. Et un creux à l'estomac. 
Je crois que cela signifiait que j'avais faim.
Alors je me levai en serrant les dents pour ignorer mes migraines. 
Je m'habillai, découvrant avec bonheur que les habits mis à ma disposition ne différaient pas trop des miens. 
Même si bonheur n'était pas le mot. 
Je les balançai sur mon bras et cherchai la salle d'eau. C'étaient des douches communes, séparées les unes des autres par des rideaux souvent manquants. 
Mais après l'austérité de celles de la prison, je n'allai pas me plaindre. 
Le savon était rêche, râpait la peau. L'eau était changeante, passant du froid au chaud en un quart de seconde. Je ne m'attardai pas. 
Je dénichai une brosse abandonnée, à laquelle il manquait la moitié des piques. Mais je bataillai ferme avec elle et mes cheveux, jusqu'à ce qu'ils aient l'air acceptables. 
Puis je rabattis la capuche de mon sweet sur ma tête. 
Certains auraient jugés stupide que je me coiffe pour ensuite cacher mes cheveux. 
Je ne jugeais pas. 
Je repassai par mon lit, jetai mon pyjama dessus. 
Je savais que j'aurais dû le faire. 
Mais la petite voix de ma conscience m'avait lâchée, et elle ne me réprimait plus depuis bien longtemps. 
Je poussai la porte du dortoir. Pour découvrir un couloir désert. Alors qu'intérieurement, j'avais espéré trouver de la vie, quelque chose, quoi que ce fut, qui m'aurait empêché de penser. Je m'adossai au mur rugueux derrière moi. Me laissai glisser. 
Les irrégularités du mur tracèrent des lignes de feu sur mon dos à travers de mon pull. Je n'en avait rien à faire. 
Je restai assise comme ça, les genoux remontés contre la poitrine, les joues pressées contre les genoux, le regard perdu dans le vague. 
J'essayais de fixer le vide, me perdais dans la contemplation d'une fourmi qui agonisait juste devant moi. J'aurais pu tenter de l'aider, la remettre sur le ventre. Ou tout du moins abréger ses souffrances. Je n'en fis rien. 
Je regardai le petit, tout petit insecte se tortiller sur le sol, mourant. 
Quand finalement, il se figea, un rictus envahit mon visage. 
Suivit immédiatement par une vague de sentiments contradictoires. 
J'avais laissé crever cette pauvre bête, sans esquisser un mouvement pour l'aider. 
Ce n'était qu'une fourmi parmi tant d'autres. Ni la première ni la dernière à croiser ma route. 
Ce qui m'effrayait, c'était le sentiment que j'avais ressentis en la voyant expirer. 
Non que cette sorte de joie amère qui me restait coincée en travers de la gorge ne me gênait. 
Au contraire. 
C'était la première fois depuis bien longtemps que je ressentais autre chose que du rien, du remord ou du désespoir. 
Et cela me faisait peur. 
Je me mis à trembler, sans vraiment m'en rendre compte. À pleurer. 
Encore. 
Puis quelque chose d'étrange se produisit. Un son vint percer ma bulle pour éclore dans mes oreilles. Puis un autre, encore un. Carrément un accord entier. Guitare.
Et une voix. 
Qui chantait des paroles incompréhensibles. 
J'avais l'impression que chaque note me brisait. 
Me consolidait. 
Que chaque mot incompris emportait avec lui une partie infime de mon désespoir. Une goutte d'eau en moins dans l'océan. Et pourtant, il suffit d'une goutte d'eau pour que le vase déborde. 
Ou arrête de déborde et se vide petit à petit. 
Mais chaque mot était aussi une larme de plus. 
Je desirai plus que tout au monde que cette musique ne s'arrête jamais. 
Et pourtant, chaque fibre de mon corps hurlait pour qu'elle cesse. 
Contradictions insupportable. 
Déchirement. 
J'avais l'impression que j'allai imploser si je ne bougeais pas. 
Exploser si je me mouvais. 
Je finis quand même par déplier mes jambes. Lentement. 
Puis, prise d'une soudaine et inexplicable frénésie,  je me levai fébrilement et je courrai jusqu'à la porte d'où les notes s'échappaient. 
Elle était entre-baillée, je la poussai doucement. 
Un adolescent à la tignasse blonde, qui devait être un peu plus âgé que moi, grattai les cordes d'une guitare en chantonnant.
Déchirait mon âme et la soudait à chaque fraction de seconde. 
Complètement dans son monde, il n'avait pas conscience de ma présence. 
Je restai appuyée au chambranle de la porte. Tremblante. Je remarquai que je pleurais car ma vision était brouillée, je ne le voyais plus bien. 
Mais chaque miracle et chaque déchirement a une fin. Chaque chanson aussi. 
Il releva la tête. Croisa mon regard. 
Je détournai vivement la tête, pour qu'il ne voie pas mes yeux vairons. Et mon visage ravagé. 
Trop tard. 
Je fixai la pointe de mes All Star noires, comme une gamine à qui on reprocherait quelque chose. Je me crus obligée de dire quelque chose, mais les seuls mots qui réussirent tant bien que mal à franchir mes lèvres furent :

- Je... euh... J'aimerai... Tu... Belle chanson...

Lamentable. Les mots fuyaient mon esprit. J'étais incapable de proférer une phrase qui ait du sens. Alors je me tus.

[oui, c'est très bien. Tu écris vachement bien !!! J'en espère de même...]
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MessageSujet: Re: Welcome to Mystery [Ilana Norwen] Welcome to Mystery [Ilana Norwen] EmptyLun 26 Sep 2011 - 21:20

    Au départ, ça n'était qu'une chanson entendue à la dérobée dont il n'avait retenu que quelques mots. Mais finalement, il se rendait compte que si il la connaissait, c'était parce qu'il l'écoutait sans arrêt, il y a quelques temps de ça. Et pourquoi ? Parce que tout, tout ce qu'il avait, tout ce qu'il possédait, ne lui convenait pas. Pas qu'il ait tout ce dont il avait besoin, qu'il n'avait aucune raison d'être aussi anormal qu'il l'était, bien sûr. Simplement que, ce qu'il avait, il ne savait que le dénigrer, le mépriser. Il voulait le mieux sinon rien. Alors les paroles de cette chanson lui avaient parlé, et il l'avait retenue. Contrairement à ce qu'il croyait, il connaissait pratiquement chaque note sur le bout des doigts, chaque inflexion de voix.

    Mais d'ailleurs, il ne se souvenait pas d'avoir commencé à chanter. Réflexe. Automatisme. Il ne s'en rendit compte que lorsque la dernière note s'essoufla, laissant sa voix mourir quelques secondes plus tard. Mais pour l'instant, il pensait à autre chose, les yeux fermés. Il pensait à Joe, son père. Devait-il lui en vouloir ? Ou alors pardonner, faire comme si de rien n'était ? Certainement pas. Alex n'était pas de ceux qui effacent tout d'un revers de manche. Après tout, il l'avait fait contre son gré. Une nouvelle fois, son père lui enlevait ses seuls points de repère. Oui, il avait déjà commis quelque chose de similaire ! Bien sûr ! C'est pour cela qu'Alex avait une impression très ancrée d'abandon, d'isolement. Il avait procédé ainsi pour l'éloigner de sa mère.

    Alex, ne sois pas si idiot, veux-tu ? Pour une fois, essaie de faire l'effort. Imbécile.

    Le jeune homme fronça les sourcils sans perturber sa chanson. Il n'aimait pas que ce soient des choses imatérielles qui l'insultent. Il ne pouvait pas les attaquer, et la douleur mentale ne lui apportait rien que du dégoût. Non, vraiment, ça ne lui plaisait pas. Il prit cependant la peine de considérer ce qu'on lui demandait. Ne pas être si idiot. Qu'avait-il pensé d'idiot ? "L'éloigner de sa mère ?" Oui, oui... C'était ça. Non, bien sûr. Il n'était pas rancunier pour ça, c'était un mal pour un bien. Il n'était si obtus que ça, tout de même.

    Et donc ? L'institut ?

    Ca, non. Son esprit ne voulait pas parachever le raisonnement. Il ne voulait pas avouer que son père avait eu raison. Pas encore, pas déjà. Il allait rester dans cette rancoeur désagréable encore un temps. Son cerveau se rebiffa donc contre l'évidence, parce qu'il n'y avait pas beaucoup de pire mauvaise foi qu'Alex et son entêtement. De toute manière, la chanson venait de se terminer.

    Comme il avait vaguement senti ou entendu que quelqu'un était arrivé pendant sa chanson, il leva les yeux. Sa petite joute intellectuelle l'avait frustré. Il se mordit légèrement la lèvre inférieure, pour calmer la tension qui montait insidieusement en lui. Tension qui augmenta d'un cran lorsqu'il remarqua que son futur interlocuteur n'était rien d'autre qu'une interlocutrice. Ca le décevait beaucoup. Pas qu'il ait quelque chose contre les filles en particulier, mais il ne les aimait pas, n'aimait pas leur présence, leurs manières, leur tête. Non, c'était physique, psychique, il ne les aimait pas. Peut-être aussi que son seul modèle féminin avait un peu conditionné cette haine envers la gente féminine.

    Mais ce qu'il avait sous les yeux n'avait pas l'air d'avis à changer sa vision des choses. C'était une fille, certes. Qui pleurait, en plus. Qu'avaient-elles toutes à pleurer ? Pourquoi elle pleurait, celle-là ? Ce qui lui plu un peu plus, c'étaient ces yeux. Quel était le terme, déjà ? Borgne ? Non... Vitreux ? Non plus... Vairon ! Ah, voilà ! C'était ça. Un peu d'originalité, de différence. La gamine ( Il s'autorisa à penser "gamine" dans la mesure où elle avait l'air un peu plus jeune et qu'il ne penserait pas à voix haute. ) avait une capuche sur ses cheveux. Pourquoi ? Elle venait de dehors ? Il pleuvait ? Ah, quelle importance ?

    La jeune fille avait baissé les yeux vers ses chaussures. Cela arrangeait bien Alex, qui pouvait la dévisager à loisir sans avoir à être discret ou à cacher ses ressentiments. Elle dégageait un certain mystère. Différent de toutes les filles qu'il avait croisées. Peut-être qu'il n'avait pas bien compris, lui, que tous les résidents de Teenagers avaient, comme lui, un si ce n'est plusieurs problème(s) suffisamment grave(s) pour qu'on les envoie en "redressement". Alors que les filles de son lycée, elles, n'étaient certainement pas le genre à avoir des problèmes qui pouvaient conduire ici. Du moins elles n'en avaient pas l'air. Cette jeune fille, donc, n'était pas aussi inintéressante qu'il l'avait cru, et cela effaça quelque peu la frustration qui l'avait gagné.

    Une voix. Quelques mots. Déstructurés. Informes. Pardon ? Il n'était pas sûr qu'il faille chercher là un sens à une phrase concrète. Non, tout ce qu'il devait retenir, c'était la fin. "Belle chanson". Certes, dans la mesure où elle n'était pas de lui, c'était normal. Il hocha légèrement la tête en signe d'assentiment puis, pas certain qu'elle ait remarqué, il ajouta :

    - Welcome to Mystery, Plain White T's.

    Alex n'aimait pas beaucoup parler. Il aurait pu épiloguer sur la complexité instrumentale de la chanson, disserter sur la portée des paroles, ce qu'elles évocaient pour lui, mais il n'en fit rien. Il se contenta de la regarder, intrigué. Il devait sûrement ajouter quelque chose, elle n'avait pas l'air très bien, il devait peut-être... La réconforter ? Allons, laissons l'impossible au domaine de l'impossible. Alex en était bien incapable. Surtout une inconnue. Surtout une fille inconnue. Ce n'était pas dans sa nature. Il se contenta de demander, essayant d'avoir un timbre de voix sympathique :

    - Pourquoi tu pleures ?

    Il était un peu bourru, pas très habile avec les mots. Ca voulait peut-être dire : Ne t'inquiète pas, ca va aller. Ca avait peut-être pour but de l'inviter à se confier, à s'expliquer, à sécher ses larmes...

    Foutaises. C'était simplement de la curiosité pure et dure. Mal placée. Pourquoi se réservait-il le droit de savoir ? Parce qu'il avait envie, tout simplement. Peut-être même pas. Mais parce qu'il s'estimait en droit de recevoir cette information. Après tout, si elle venait pleurer devant lui, c'était bien pour qu'il demande, non ?

    Pauvre fou. Tu choisis devant qui tu pleures, toi ?

    Une fois de plus, il ignora l'attaque personnelle de son esprit et se concentra sur la situation présente.

    [Ca me va parfaitement Smile]
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MessageSujet: Re: Welcome to Mystery [Ilana Norwen] Welcome to Mystery [Ilana Norwen] EmptyLun 26 Sep 2011 - 23:12

Je ne savais comment réagir. Devais-je tourner les talons, tourner le dos à cet inconnu et espérer ne plus jamais le revoir ? Ou au contraire, devais-je dire quelque chose d'autre, et si possible de plus intelligent ?
Ou plus simplement, attendre sa réaction à lui, et m'adapter ?
Je n'étais pas une battante, ne l'avais jamais été. Dans les périodes où je remarquais la présence des autres autour de moi, c'était plutôt les autres avant moi. Consoler le garçonnet qui est tombé dans la cour et s'est ouvert le genoux, plutôt que de panser mes propres plaies. C'était peut-être le seul moyen que j'avais trouver pour me concentrer sur quelque chose. Quelque chose d'autre que moi. Voilà pourquoi j'avais une sainte horreur du noir. 
Parce que dans la nuit, il n'y a rien d'autre à faire que fermer les yeux et réfléchir. Penser. Analyser. Songer. 
Aucun point à fixer bêtement, personne à aider, aucune parole à écouter. Rien que le noir et le silence. 
Et l'attente interminable d'un sommeil toujours fuyant. 
Mais bon, je m'égarais. J'essayai de reporter mon attention sur mon interlocuteur, toujours sans le regarder vraiment. Il me dit le titre de sa chanson. Que j'oubliai aussi sec, comme la grande majorité des choses que j'étais censée retenir ces dernières semaines. 
Heureusement que je pouvais reconnaitre n'importe quelle voix déjà entendue entre mille, et l'associer à des souvenirs, parfois même à un visage. 
Jamais à un nom. 
J'avais un sérieux problème pour retenir les noms. 
Mais peut importait puisque l'inconnu qui me faisait face ne m'avait pas offert le sien. Forcément, puisqu'il m'était inconnu. 
Il me demanda autre chose. Pourquoi je pleurai ?
Sa question me heurta de plein fouet. Je n'en avais aucun idée. Aucune raison concrète à lui offrir sans lui déballer ma vie. Et je n'avais pas l'intention de lui déballer ma vie. Pas maintenant. Pas apres deux secondes de conversation étrange. 
Certes, j'aurai pu lui dire que sa chanson était émouvante. Qu'elle me touchait. 
Mais cela aurait été lui dissimuler la vérité. Et je ne pouvais pas mentir. Autre partie de mon étrange comportement.  Je ne pouvais pas mentir aux inconnus. 
Avec mes amis, bien que je n'en aie plus depuis longtemps, ma psy, mes profs, mon assistante sociale, tous les gens que je connaissais un peu, qui connaissaient vaguement mon histoire, aucun problème. 
Mais pas avec un inconnu. 
Je savais que c'était complètement stupide. Étrange. Ridicule. 
Mais c'était comme ça. Il y avait une sorte de blocage. Je ne pouvais décemment pas imaginer que les relations qui s'esquissaient quand je rencontrais quelqu'un pouvaient être basées sur un mensonge. 
Toutes ces réflexions avaient au moins eu le mérite de me faire penser à quelque chose d'un tant soit peu concret. 
Et d'assécher mes larmes. 
Alors dans un seul geste, je rabattis ma capuche en arrière, séchai les quelques larmes qui restaient sur mes joues avec ma manche et relevai la tête. 
Je fixai l'inconnu de mes yeux différents. 
Mes yeux qui m'avaient valu tant de commentaires désobligeants, tant d'exclusion de la part des autres parce qu'ils me rendaient différente. L'un bleu-gris, l'autre vert. 
Et s'il n'y avait eu que mes yeux...
Je dis d'une voix un peu plus assurée qu'avant :

- Je ne pleure pas...

Dans la bouche d'une autre, cette remarque aurait pu paraitre insolente. Elle eut des airs de supplication. 
J'eus une sorte de flash. Qui sembla durer des minutes alors qu'il ne se passa qu'un instant infime. 
Je revis mes premières vraies larmes. 
Le jour où tout a commencé. 
La mort de ma mère. 
J'avais compris à présent. 
C'était une "guide touristique". Sauf qu'elle faisait accéder ses clients à d'autres sortes de lieux "paradisiaques". Et qu'elle avait fini par tomber enceinte. Père inconnu, parmi tous ceux qu'elle avait "guidé". 
Il n'empêche qu'entre la drogue et le lit, elle faisait tout ce qu'elle pouvait pour être une bonne mère.
Et qu'elle me manquait.  
Une unique larme coula sur ma joue, démentissant ma réplique dix secondes plus tôt. J'avais déjà trop pleurer pour ma mère pour pouvoir verser des flots pour elle. 
Une unique larme. 
Que je cueillis du bout de mon doigt. Je regardai la gouttelette tremblotante au bout de mon pouce. 
Je l'ecrasai rageusement avec mon indexe, fermai le point. 
Et, pour tenter de faire bonne mesure s'il ne me prenait pas déjà pour une folle, je me tournai vers l'inconnu. 

Il fallait que je change de sujet. Alors je demandai brusquement, alors que je savais que sa réponse ne m'apporterait rien :

- Comment tu t'appelles ?

Décidément, notre conversation était intelligente... J'avais demandé ça car j'étais sûre qu'il pourrait me répondre. Mais aussi parce que je n'aurais su comment réagir s'il m'avait posé une autre de ses questions désarmantes. Et si je n'étais pas une battante, je n'aimais pas me sentir désarmée pour autant. 
Mais pour une fois, fait rare quand je posai cette question plus "polie" qu'autre chose, j'avais vraiment envie de connaitre la réponse. J'avais envie que cet inconnu n'en reste pas un, et en même temps, j'aurais souhaité qu'il disparaisse de ma vie, qu'il me laisse pleurer sans que j'aie à expliquer pourquoi.

[Désolée s'il y a des fautes, je me rends compte à ton niveau d'écriture que j'aurais dû mieux apprendre à rp avant de venir ici... Faut dire que je suis sur un rpg où il faut faire que 10 lignes...]
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MessageSujet: Re: Welcome to Mystery [Ilana Norwen] Welcome to Mystery [Ilana Norwen] EmptyMar 27 Sep 2011 - 0:50

    L'adolescent n'était pas d'une patience infinie, c'était le moins qu'on puisse dire. Si il avait été dans les conditions normales de n'importe quel jour aux alentours de chez lui, il l'aurait secouée, l'aurait agressée. Juste pour qu'on satisfasse sa curiosité. Parce qu'il aimait bien qu'on le satisfasse, Alex. Une tolérance zéro à la frustration, une propension à l'agacement et le tour était joué. Seulement, on ne pouvait dire qu'il était dans son habitat naturel. Il était entouré de lieux, de gens, d'objets inconnus. Alors il préférait rester sur ses gardes. Prudence est mère de sûreté, lui a-t-on dit. Parmi d'autres maximes et préceptes qui lui ont semblé totalement sans intérêt. Ce n'étaient que de vagues opinions. Alex avait eu une introduction à la philosophie, un jour. Tout ce qu'il avait retenu, c'était cette définition :

    Opinion : Jugement non fondé en raison.

    Ca ne lui parlait pas vraiment, c'était assez vague, un peu trop imagé, mais il aimait bien la consonnance de cette phrase. Il s'en servait pour qualifier tout ce qui ne reposait que sur de fragiles bases, sur des à priori. Il n'avait foi qu'en le concret, qu'en ce que l'on ne lui dictait pas comme la pensée à avoir. Pourtant, la parole d'autrui, quelque fois, était sans doute très bonne à prendre, à utiliser. Mais lui, quand bien même il se servirait de ces renseignements, les interrogerait.

    Ah, passons. Rien d'important, rien d'important. Toujours était-il qu'il ne devait pas s'impatienter. Peut-être était-ce une phase de test ou était-elle une malade dangereuse réchappée de l'asile ou quelque chose de pire encore. Comme une criminelle au sang-froid, tueuse calculatrice et froide et...

    Et puis quoi encore ? De redressement, pas d'incarcération.

    Voilà qui le ramenait à la raison. Ses pensées se prenaient à dériver comme ça, loin, très loin, trop loin. Et qu'il lui était impossible de revenir au bord, il perdait pied. Généralement, cette même petite voix lui intimait l'ordre de revenir. Donc ça n'était pas une tueuse. C'était déjà ça. Mais alors pourquoi prenait-elle autant de temps ? Alex serra les dents.

    Pas de mots. Des gestes. Trois, plus précisément. Triple action. Cela impliquait, logiquement, des mots, des explications. Surtout du fait qu'elle ait essuyé la trainée qu'avaient laissé les larmes sur ses joues. Etait-elle jolie ? Il ne se posait pas la question, puisqu'il n'avait pas d'avis dessus. Il était plus de ceux qui regardent les corps plats et finement musclés que les formes et les mini-jupes. Peut-être qu'elle était sublime, il n'avait absolument aucun critère de jugement.

    Sous sa capuche, ses cheveux n'étaient pas mouillés donc il supposa qu'elle n'était pas allée dehors. Mais alors où ? Pourquoi l'avait-elle ? Non, non. Ne croyez pas ça. Les informations ne l'intéressent pas vis-à-vis de la jeune fille. Non. C'est simplement que, peut-être, cela lui permettrait de découvrir des informations sur l'institut, le lieu de son exil.

    Voilà ! Il était un exilé, un condamné. On voulait l'exclure du carcan de la société. Il n'y avait pas sa place, on allait essayer de lui en forger une. Malgré tout ce qui pouvait paraitre logique, Alex nageait dans un flou impressionant par rapport à son internement ici. Il avait l'impression qu'on l'avait envoyé à la potence sans motif d'accusation.

    Deux poignets tranchés à la lame, du sang et des urgences. Non, vraiment, tu ne vois pas ? Tu ne veux pas voir.

    Parce qu'il ne voulait pas se sentir coupable. Il était le seul responsable de sa présence ici. Le seul et l'unique. Mais c'était trop du de l'admettre, alors il préférait s'user l'esprit à chercher un malfaiteur. Sa principale cible étant plus victime que bourreau. Ah... Tout ça lui vrillait le crâne. Réfléchir... Non, vraiment, c'était pour les autres.

    La jeune fille lui répondit. Il avait pratiquement oublié qu'il avait posé une question. D'ailleurs, il aurait préféré l'oublier, dans la mesure où la réponse n'offrait aucune découverte intéressante. Elle ne pleurait pas ? Eh, et lui n'était pas un garçon aussi, non ? Après tout, c'était de la même trempe. Il poussa un soupir de déception. Elle ne le mettait pas en colère, pas vraiment. Peut-être parce qu'elle avait plus l'air de demander de l'aide que de vouloir à tout prix démentir une vérité inébranlable. Il l'avait vue, elle le savait. Peut-être... Peut-être qu'elle souhaitait simplement se convaincre de l'impossible.

    L'inconnue prouva l'irrationalité de sa réponse quelques instants plus tard, lorsqu'Alex aperçut une gouttelette pailletée courir sur sa joue, puis sur son doigt. Alex n'avait pas répondu. Il ne savait pas trop ce qu'il ressentait à son égard. Un agacement sourd et latent, lancinant; un dégoût profond et physique; une sympathie pour sa légère déviance; une haine véloce et agressive, ou un ennui commun, habituel. Peut-être un mélange de tout cela ? Trop tôt pour se forger une idée.

    La gamine écrasa sa larme, se tourna vers lui, et posa une question presque aussi pertinente que la sienne avant. Son prénom ? Oui, c'était l'usage. Peut-être pour pouvoir penser des choses sur lui en d'autres termes que : L'inconnu, le jeune homme, le blond, le guitariste ou encore le petit. Du moins, lui s'en servait pour ça. Mettre un nom sur les visages les rendait existants. C'était très important, il lui semblait. Pourtant il n'avait pas ressenti le besoinde lui demander le sien.
    Toujours pour limiter au maximum les échanges, il s'est entendu répondre :

    - Alex. Toi ?

    Il poussa de nouveau un léger soupir. Son prénom était une abréviation. Fabuleux. Ca ne changeait rien, et en plus il l'aimait bien, mais il n'empêchait que.

    Alex n'avait pas bougé. Assis en tailleurs dans un coin, ses muscles commençaient à s'engourdir. Il posa sa guitare contre un mur, prenant grand soin à vérifier qu'elle tienne sans risque, et se leva doucement pour s'étirer les jambes et se rassoir sur un des poufs qui trainaient là. Après tout, ils n'allaient pas avoir une conversation à soixante mètres l'un de l'autre, l'un assis lamentablement par terre et l'autre se tenant religieusement à l'écart, debout dans l'embrasure de la porte.

    Il regardait vaguement la cheminée. Chez lui, il n'y avait pas de cheminée. Jamais de chaleureux feu de bois dans la maison. Y'avait-il une cheminée chez l'inconnue ? Son furieux accès de mélancolie revint plus vite qu'il ne l'aurait souhaité. Sa maison...

    - T'es là depuis longtemps ?

    Combler le vide, faire parler le silence, ne pas s'y engouffrer, s'y enfermer. Peut-être elle avait-elle connu plusieurs étés, plusieurs hivers ici. Peut-être qu'elle avait vu toutes les saisons défiler avec lenteur et nonchalance. Peut-être...

    [ Mais non t'inquiète pas ! Il faut bien s'exercer quelque part de toute manière ! Wink ]
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MessageSujet: Re: Welcome to Mystery [Ilana Norwen] Welcome to Mystery [Ilana Norwen] EmptyMar 27 Sep 2011 - 23:59

Il me donna son nom. Alex. Je répondis à sa question monosyllabique avec le mien. Lana. Même si ce n'était pas mon vrai prénom, seulement une abréviation de celui-ci. 
Il posa son instrument contre le mur avant de se lever pour se laisser tomber dans un pouf. Puis il daigna m'adresser à nouveau la parole. Depuis quand étais-je là ?
J'aurai pu lui répondre directement depuis hier. 
Mais sa question avait fait naitre quelque chose en moi. 
Pour éviter qu'il ne le remarque, je m'assis sur un pouf multicolore. Le feu craquait dans le cheminée et je fixai ses flammes mouvantes. 
Une nuit. Cela faisait une nuit que j'étais là. 
Mais automatiquement, penser à mon arrivée me fit penser au trajet qui l'avait précédé. 
Infernal. 
Menottée à ma banquette en métal à l'arrière de la camionnette. Coincée avec mon assistante sociale visiblement contente de se débarrasser enfin de mon dossier et un garde qui ne cachait pas son ennui. Mais au moins eux, ils avaient un vrai siège. 
Chaque bosse, chaque anfractuosité de la route me faisait faire des bonds douloureux. J'étais arrivée avec les cervicales en compote et les poignets sanglants. Ainsi que la taille et les chevilles. 
Mais penser à cet affreux trajet me fit penser à ce qui s'était passé avant. 
Le clic retentissant de l'arme. Puis mon état second. 
Je m'étais réveillée dans une cellule, menottée, avec un brassard sur lequel il était écrit "suicidaire". Après la garde à vue, la prison. Je fus mise au trou pour avoir essayer de casser mon assiette pour en faire du plastic coupant. 
Autre menottes. 
J'avais perdu beaucoup de poids. Trop. 
J'avais accumulé les malaises, pour finir à l'hôpital, attachée à mon lit. Comme si j'allai tuer quelqu'un ?
Quelqu'un d'autre que moi, bien entendu. 
J'avais fini par sortir de l'hôpital et retourner au trou. 
Mais je n'avais pas vraiment repris de poids, et je restai squelettique. 
Machinalement, je me frottai les poignets, et caressai du bout du doigt les cicatrices multiples qui y courraient. Certaines anciennes de quelques mois, d'autres à peine refermées. 
Mais je réalisai brutalement que je n'étais pas seule, et je baissai soudainement mes manche, tirant dessus pour masquer mes poignets. Tout en priant pour qu'Alex n'ait rien remarqué. 
Je lui donnait enfin sa réponse :

- Depuis hier soir.

Et comme personne n'était arrivé en même temps que moi, je me dis que forcement, il devait être là depuis plus longtemps. Alors j'ajoutai :

- Et toi ? Tu connais des gens ?

Cette dernière question avait fusé, étrangère. Ma voix sonna faux à mes oreilles. Surtout sur le dernier mot. Gens. Je m'en voulus de lui avoir demandé ceci. J'étais misanthrope, de nature solitaire, préférant nettement le silence aux paroles. Ou la simplicité de la lecture et l'évasion de l'écriture à la complexité et al futilité d'uns banale conversation. Et je n'avais nullement envie qu'il me présente une bande de copains soudée. 
Et en même temps, vu le genre d'endroit où j'étais, il ne devait pas y avoir des masses de petit gras jovial et sympathique. Et vu le comportement d'Alex, il ne devait pas être entouré d'amis. Ou alors, peut-être qu'il ne se comportait ainsi qu'avec les filles ?
Enfin, quoi qu'il en était, le mal était fait, la question était posée. Alors j'attendis la réponse. 

[désolée pour ce rp un peu plus court, j'arrive pas à tenir ton rythme...]
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MessageSujet: Re: Welcome to Mystery [Ilana Norwen] Welcome to Mystery [Ilana Norwen] EmptyMer 28 Sep 2011 - 15:03

    Lana. Court. Concis. Précis. Alex aimait bien ce type de prénoms. Simples et efficaces. Le genre de noms qui claquaient sur la langue sans s'étendre en syllabes inutiles et lourdes. Non, vraiment. Deux syllabes. C'était le nombre parfait. Mais, soit. Elle n'aurait pas non plus choisi d'en avoir quatre, cinq, trois ou douze. Ce n'étaient que des détails inintéressants au possible mais qui avaient le mérite de lui occuper l'esprit. Il ne pensait pas à tout ce qu'il perdait en entrant ici. Enfin, au fond... Que perdait-il vraiment ?

    Un père qui avait visiblement sauté sur une occasion pour se débarasser de son fardeau, quelques connaissances avec qui il n'avait jamais partagé que des clopes, tout au plus des bouteilles et un lit, une liberté factice qui l'emprisonnait presque encore plus. Et une mère qu'on lui avait déjà volé. Non, il ne perdait peut-être pas tant de choses que ça. Mais il n'y gagnait rien. Pas d'amis, d'ennemis, de divertissements, de contacts, de parents. Un psy sur le dos, un comportement limité et surveillé. Ah, si, il avait gagné l'étiquette de "dérangé". Puisqu'internement signifiait pour lui folie.

    Tu as la mauvaise foi d'une petite fille, Alex.


    Oubliant, préférant oublier, son débat intérieur, il se reconcentra sur l'autre réponse qu'il attendait. Peut-être qu'elle pourrait lui raconter, elle. Comment c'était ce confinement, comment on faisait pour s'en sortir. Peut-être, peut-être... Mais il n'était pas certain de vouloir l'écouter. Enfin, si. L'écouter parler. Pas écouter le silence qu'elle laissait vivre entre chaque phrase avant de l'assassiner brusquement, sans qu'on ne sache trop pourquoi cet instant là. Alex n'aimait pas ce moment de doute, d'indécision. Il lui laissait du temps pour penser.

    Le jeune homme regardait les flammes s'avaler, s'entretuer, se cracher et s'insulter. Il les voyait naître entre deux grandes, et mourir au fond de l'âtre. Entre temps, elles dansaient. Une danse funeste, agressive. Elles semblaient faire le deuil de toutes celles qui étaient mortes avant. Les petites, trop faibles pour s'épanouir, les vieilles, dont les racines s'étaient flétries, et celles qui s'écrasaient sous la domination d'autres. Avec ses yeux, c'était relativement angoissant. Aussi préféra-t-il se tourner vers Lana, quêter sa réponse.

    Alex nota que la jeune fille avait relevé ses manches, et qu'elle jouait du bout des doigts avec ce qui semblaient être des cicatrices. Il y en avait une multitude. Myriade de petites doses d'extase. Du moins, pour lui. Les yeux fixés sur ces marques, beaucoup d’images affluèrent dans sa tête.

    Il se voyait, allongé dans sa chambre, avec sa lame de bonheur. Chaque incision, chaque effleurement lui donnaient des sensations extatiques. Son corps qui lui manifestait la douleur. Cette dernière qui le parcourait d’un bout à l’autre, comme une décharge d’adrénaline. La bouche pâteuse, les lèvres mordues. C’était trop bon. Beaucoup trop bon.
    « Regarde, Papa, j’ai pas fait exprès, j’ai cassé la fenêtre. Mon bras est passé à travers. »
    « Hein, dis, Papa, j’ai oublié d’éteindre le gaz. Tu m’en veux ? »


    Il cherchait constamment le conflit. Auprès de tout le monde.

    « Hé, mec ! Fais gaffe, ta copine c’est un sacré bon coup ! »

    Et forcément, les coups fusaient. La provocation. Toujours. Attiser la haine des autres. Des représailles. L’éternel pécheur, toujours châtié, jamais grâcié. Voilà ce qu’il voulait être. Et, tout à coup, comme si il se rappelait comme ça faisait du bien, il voulut avoir mal. Souffrir. Il voulait, il voulait...
    Réponse.

    Stoppé dans ses délires, dans ses désirs également, il rouvrit les yeux qu’il avait fermés et se tourna de nouveau vers Lana. Quelle était la question ? Depuis. Question de durée. Ah ! Quand était-elle arrivée. Voilà, c’était ça. Le visage de l’adolescent se rembrunit encore un peu plus. Lui qui avait espéré des explications allait devoir en donner. Et, en effet, elle le lui demanda.

    Connaissait-il des gens ? Ah. Non. Il avait passé ces deux dernières semaines comme un zombie, éteint et aveugle. Peut-être qu’il avait vu des gens potentiellement intéressants, des gens potentiellement partants pour une conversation, une cuite, une altercation ou quoi que ce soit d’autre. Il n’en savait rien. Rien du tout. Il allait très certainement passer pour l’ermite froid et distant qu’il lui arrivait d’être, mais il répondit :

    - Depuis deux semaines. Et pourtant non.

    Alex avait vaguement remarqué qu’à aucune de ses réponses il n’avait pris la peine de donner la forme d’une phrase. Pourquoi ? Etait-ce sa puérile répugnance à tenir la conversation à une fille, ou son habituelle humeur maussade qui revenait plus vite qu’il ne l’espérait ? Il se sentait de nouveau plat, vide, désintéressé, désabusé. Tout était obsolète. Décidemment, ces variations d’humeurs, il ne les contrôlerait jamais. C’était toujours très pénalisant, d’autant que parfois ça n’était en lien avec rien. Aucun évènement. Aucune phrase. Non, vraiment, c’était très embêtant.

    Alors, cette Lana, elle aimait à se saigner, elle aussi ? Peut-être qu’il ne pouvait pas demander ce genre de choses. Ca ne faisait pas partie des règles de bonne conduite en société, des règles de bienséance. Qu’en avait-il à faire ? Où était la société, dans ce trou là ? Aux oubliettes. Bafouée. Rayée. Oubliée. Il n’y avait de société que la hiérarchie vaguement mise en place. Et de toute manière... On l’avait exclus de la société, non ? Le jeune n’avait, en fait, jamais eu aucune loi morale. Aussi désigna-t-il à la jeune fille ses poignets maintenant recouverts :

    - Pourquoi tu fais ça ? T’aimes bien ?

    Toujours très délicat, le blond. Toujours très classe. Adorable. Poli. Non, vraiment, il s’en fichait de tout ça. Il voulait juste des réponses à ses questions. Et, d’ailleurs, selon sa réponse, la jeune fille monterait ou descendrait considérablement dans son estime. Il n’aimait pas beaucoup ceux qui cherchaient plus la mort que la vie.

    [Pas de problème Smile]
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MessageSujet: Re: Welcome to Mystery [Ilana Norwen] Welcome to Mystery [Ilana Norwen] EmptyMer 28 Sep 2011 - 22:44

Il ne connaissait personne d'autre. Ou peut-être ne voulait-il pas me le dire... Mais cette hypothèse me semblait peu probable. Moins envisageable que l'autre en tout cas. Au vu de son élocution, cela ne m'étonnait pas beaucoup. Et en même temps, peut-être n'était-il comme ça qu'avec moi ?
Je repoussai immédiatement cette éventualité égocentrique. 
Je remontai mes genoux contre ma poitrine, les serrai de mes bras et posai mon menton dessus. 
Écoutai sa question. Qui en souleva une myriade d'autres. 
Mes cicatrices étaient dues à la perversité de mes gardiens de prisons, qui serraient les menottes au maximum pour le plaisir sadique de me voir serrer les dents, saigner et retenir mes larmes. Parce que le métal froid et mordant rouvrait d'anciennes plaies, parce que chaque mouvement était une torture sans nom. Et si la perversité de mes gardiens s'était arrêtée à cela... Je frémis au souvenir de leurs mains rugueuses, de l'impossibilité de bouger parce que j'étais enchaînée. 
Mais enfin, que voulait dire Alex avec sa question, au fait ?
Je regardai les siens, de poignets. Son mouvement pour désigner les miens avait fait se remonter un peu ses manches. Juste assez pour découvrir légèrement les siens. Et les longues cicatrices qui y courraient. Plus importantes mais moins nombreuses que les miennes. Cousines plus que soeurs. 
Je compris. 
Il avait fait avec une lame ce que j'avais tenté de faire avec une arme moins courante. 
Malgré la chaleur qui régnait dans la pièce grâce au feu qui crépitait joyeusement, je frissonnai. Je sentis presque le cercle de métal froid de l'arme contre ma tempe. Le bruit du feu fut couvert par des sirènes et des hurlements. Je sentis mon doigt crispé se recourber sur la détente. L'enfoncer lentement. La froide détermination qui était devenue maîtresse de moi. La dernière lueur de ma lucidité qui voletait follement en lançant des appels à la raison. Le désespoir qui l'étouffa soudainement, ne laissant que du vide dans ma tête. Du vide et une furieuse envie d'en finir avec tout ça. 
Je sursautai. 
Repris petit à petit mes esprit. Tentai de me convaincre que je n'étais pas folle, malgré tous les indices qui prouvaient le contraire. Mes mains tremblaient certes,  mais ne tenaient plus une hypothétique arme à feu. 
Je resserrai un peu ma pris autour de mes jambes. 
Non, souffrir ne me plaisait pas. J'avais l'impression de disparaitre. Que chaque larme impossible à retenir était un bout de mon âme, que chaque goutte de sang une partie de moi. 
Je préférais le silence, ou la berceuse d'une plume grattant une feuille de papier, aux irrégularités des sanglots, aux cris de douleur. Ou à la solitude de la souffrance. 
Mais au vu des poignets du guitariste, ce n'était pas son cas. Nous n'avions pas beaucoup de points communs. Differents. Complementaires ? À part peut-être notre apparente misanthropie. Qui n'était pas qu'apparente pour ma part. J'avais commencé à me poser des question quand, à l'âge de huit ans, tous mes camarades se promenaient déjà en bande alors que j'étais seule dans mon coin, "la folle du foyer". Puis plus tard, quand chaque bise me faisait frissonner, chaque contact, même simple heurt dans une foule d'inconnu me faisait sursauter, chaque conversation devenait montagne d'improvisation fuyante. 
D'ailleurs en parlant de conversation, celle décousues que nous avions méritait une contribution de ma part. Alors je lui offris ma réponse, mon point de vue. 

- Non. Ces marques sont les traces qu'ont laissée mes menottes. Je n'éprouve pas de plaisir à souffrir. Et je n'ai pas essayé d'en finir... Du moins pas comme ça...

[Encore désolée, tu écris comme tu respire ou quoi ? Tes rps sont trop bien, et ta cadence pratiquement insoutenable... Franchement, tu es la personne la plus motivée avec qui j'ai rp... On est déjà à 7 réponses !!!]
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MessageSujet: Re: Welcome to Mystery [Ilana Norwen] Welcome to Mystery [Ilana Norwen] EmptyJeu 29 Sep 2011 - 0:43

    Le silence. Encore. Les poètes disent que "Le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle"*. Il n'y avait guère de ciel ici, seulement du rien. Du vide. Histoire sans parole, mélodie sans air. Ce silence qui l'attrapait à la gorge, qui le serrait, serrait, serrait, presque à vouloir l'étouffer. Un étau qui se refermait autour de son coeur. Lentement, sournoisement, vicieusement. Qu'il ne s'en était pas rendu compte, de prime abord. Légère douleur abdominale. A peine remarquable, à peine remarquée. Non, vraiment, pas de quoi s'alarmer. Même pas de quoi lui accorder l'esquisse d'un semi-instant. Tout s'était fait crescendo. A chaque silence avec lequel elle l'assomait, l'étouffement s'approchait. Et un peu plus, parce que c'était plus facile que d'affronter ce rien, il s'aliénait quelque part dans sa tête. Droit d'asile. Jamais, ô grand jamais il ne restait dans le silence. Qu'il parle tout seul, que ce soit une musique, un bruit de rue. Quelque chose sur quoi il puisse se concentrer. Le crépitement des flammes ? Trop ténu. Leurs respirations ? Trop faibles. Le dehors ? Inexistant. Plus de dehors. Que du ici et maintenant. Le dehors était à l'intérieur, nulle part ailleurs.

    Nulle part. Exactement. Ici, c'était ça. Nulle. Part. Existence nulle. Zéro existence. Part. Parti. Lieu. Nulle part. En aucun lieu.

    Rien. Rien. Rien. Rien. Rien !

    Un long frisson d'angoisse secoua le jeune homme de part en part. On s'agitait dans sa tête, sa folie creusait ses tranchées, elle faisait la guerre. Coloniser. A coups de bombe nucléaire et d'obus. Les éclats volaient. Que faisait-il ici ? Il ne voulait pas, il ne le voulait pas, il ne l'avait jamais voulu, il... N'avait plus qu'à se résigner. Soumission. Se soumettre à la hiérarchie. Ca le rendait fou. Fou de rage, fou de haine.

    Fou de peur. L'angoisse. Elle l'attrapait maintenant, violait tout son être. Deux semaines de délai. Peut-être avec dix-sept ans de délai. Comme une agonie en retard. La respiration erratique, qui brûle la gorge, qui s'affole, qui s'affale, le corps qui s'affaisse.
    Petit oiseau tombé de la falaise.

    Et qui se bloque. Comme un éboulement de la trachée. L'air ne voulait ni rentrer, ni sortir. Seulement au goutte à goutte. Flic, floc. Mélodie du sang qui coule. Cacophonie de malheur. Ca hurlait, ça hurlait dans sa tête. On s'agitait, laissez passer. Allons, allons, écartez-vous monsieur. Laissez-nous l'atteindre. Tentative de suicide ? Ah, ces jeunes, monsieur, vous savez... Il avait mal, trop mal. Mal en son for intérieur, mal à l'âme. Une douleur terrible, terrible.

    De l'extérieur, rien. Deux jeunes. Pas un bruit. Le crépitement délicat, délicieux, des flammes dans la cheminée. Ambiance chaleureuse. Une guitare contre un mur, des sièges colorés. Relaxation. Détente. L'enfant est recroquevillée. Elle se tient chaud, pourrait-on dire. Avec beaucoup de mauvaise foi, de bonhomie aveugle. Et de l'autre, de l'autre côté. Un garçon. Les dents, les poings, les jambes, les fesses. Le plus serré possible. Ne rien laisser sortir. Pas un soupçon de cet effondrement intérieur.

    Laisser au silence sa suprêmatie. Elle se briserait bien assez tôt. Puis, si il brisait son règne, il n'était pas certain de pouvoir s'arrêter d'hurler. Froid. Il avait froid. Froid à l'intérieur. Son coeur gelait et éclatait en milliards de petits morceaux.

    Qui, qui tuerait le silence ? Alex et son hurlement, ou la fille avec sa réponse survenue au hasard ? Il fallait, il avait besoin que le silence se taise. Qu'il s'enterre pour de bon. C'était dans ce silence incomplet qu'il avait passé ses deux semaines d'errance, et quelques années de sa vie. Un simple souffle et le bruit reprendrait ses droits, assierait son autorité de nouveau. Pour quelques instants.

    Délivrance. Enfin, enfin, elle lui donna ce qu'il attendait. Pour profiter de la résonnance de la voix, il analysa la phrase, la découpa. Non. Refus catégorique. Réponse principale à sa question. Non, voyons ! ...les menottes. Prison. L'idée de tueuse l'effleura de nouveau, mais trop furtivement pour qu'il la saisisse. Et tant mieux, le pauvre allait déjà imploser. ...pas de plaisir à souffrir. Le jeune homme lui lança un regard étonné. Ah bon ? Mais.... Ah, non. Rien que du très normal. Le commun des mortels n'aimait pas beaucoup la souffrance. Il baissa les yeux vers ses bras crispés, ses manches masquaient ses cicatrices. Pourtant, il n'en avait pas honte. Ce n'était rien que du vivant, pour lui. Du palpable, du concret. Et je n'ai pas essayé d'en finir... Ca, c'était bien. Très bien. Peut-être qu'elle n'était pas... Du moins, pas comme ça... Le blond fronça les sourcils. En fait, si. Elle était. Cela le décevait fortement. Pas que ça lui ait importé, mais son émotivité était accrue en ces instants de déperdition.

    Néanmoins, le dialogue lui avait permis de desserer légèrement les dents. Il devait se contrôler. Tout n'était qu'une affaire de volonté. Pas vrai ? Non, pas vrai. C'était très dur d'aller à l'encontre de sa nature. Son enveloppe charnelle fraichissait autant que l'intérieur de lui-même. Alex avança vers la cheminée, jusqu'à ce que les flammes lui lèchent les mains. Lui lèchent, lui abîment, lui usent. La chaleur le traversa tout entier, en même temps que la douleur.

    Sentant que la menace du silence recommençait à gronder, il sonda rapidement son cerveau à la recherche d'une réponse à ce problème. Et les mots n'eurent même pas le temps d'être travaillés :

    - Alors, comment ? Hein ? Comment tu voulais clamser, toi ?

    Comme il se sentait mal, il entrait dans l'agressivité, dans l'attaque. Il protégeait son terrain, c'était instinctif. Une fois la question posée, il se rassit sur son siège, attrapa sa guitare et commença à chatouiller les cordes, histoire de pouvoir patienter sans mourir à petit feu.

    * Baudelaire - Les Fleurs du Mal, Spleen.

    [ Uhuh merci ><' Oui c'est vrai qu'on est très motivés là on dirait ! (Je vais ralentir avec l'arrivée du W-E je pense en fait) ]
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MessageSujet: Re: Welcome to Mystery [Ilana Norwen] Welcome to Mystery [Ilana Norwen] EmptyJeu 29 Sep 2011 - 23:24

Il fronça les sourcils. Je serrai les dents. 
Ma réponse n'avait pas été telle qu'il l'espérait. Je m'en rendais bien compte. Mais j'avais dit la vérité, je n'aurai pas pu dire autre chose. 
Question. 
J'avais essayé de Clamser. 
Deux voies s'offraient à moi. Deux voies et une issue de secours. 
Je pouvais lui mentir. 
Ou énoncer neuf mots. Court, concis. Simple. 
"Arme à feu. Je n'étais pas moi-même."
Ou encore, le chemin le plus ardu, je pouvais me dévoiler. Lui ouvrir mon esprit, tout lui raconter. 
Un choix important s'offrait à moi et je n'avais aucune idée de la route à emprunter. 
Les secondes s'engrenaient, rendant ma décision de plus en plus importante. Pressante. 
Mon cœur battait fort dans ma poitrine, martelant mes tempes. Ma respiration devint saccadée. 
Je tentais de me persuader que c'était ridicule de s'affoler pareillement pour une simple réponse. 
Ce fut Alex qui prit ma décision à ma place, sans le savoir. 
Alors qu'il commençait à gratter les cordes de sa guitare et qu'à nouveau, les notes m'épuraient. 
Je voulais continuer de l'entendre jouer, je ne voulais pas qu'il me déteste et ne me regarde plus jamais.
Et je ne pouvais pas tenter une relation amicale, si fragile soit-elle, sur un mensonge pareil. La vérité finit toujours par se savoir.
Adieu l'issue de secours.
Restaient deux possibilité. Je choisis la deuxième. 
Peut-être se servirait-il des informations que j'allai lui donner contre moi. Peut-être répéterait-il tout à ses amis, qui se moqueraient de moi tout le long de mon séjour ici. Mais peu m'importait. J'avais l'habitude d'être seule et martyrisée, alors au pire des cas, je finirai dans ma bulle une fois de plus. 
- J'avais trois ans quand ma mère est morte. J'ai enchainé familles d'accueil et foyers, personne ne voulant de la gamine décalée et renfermée que j'étais. L'âge n'a pas aidé, et j'ai fini pas péter les plombs.  C'était ma première fugue. Elles se sont enchainées, de plus en plus rapprochées, de plus en plus longues. La dernière a duré un mois. Pendant lequel je n'ai pratiquement rien mangé. Mes économies trainaient aux fonds de mes poches mais je n'avais pas vraiment envie. 
Et un soir, dans un ruelle, j'ai vu un homme en costard cravate acheter une arme à un type louche. Ça a fait tilt en moi. J'ai suivi les pas de cet homme et donné tout ce qui me restait au type louche. En échange d'un flingue minuscule. Longtemps, je l'ai retourné entre mes mains. Puis je suis entrée dans une épicerie. Le regard dévorant que m'a lancé le vendeur, comme s'il n'en avait strictement rien à foutre de moi mais qu'il conviait ma chair m'a mise hors de moi. J'avais l'impression de ne plus exister pour cet homme que sous forme de perversion. Et j'avais un furieux besoin de sentir que j'étais humaine, que mes sentiments avaient une quelconque valeur et que les autres pouvaient ressentir pour moi autre chose que de l'envie ou du dégout. Alors j'ai sortis mon arme. Lui ai ordonné de vider sa caisse. L'adrénaline qui coulait dans mes veines, le sang qui martelait mes tempes, la frayeur dans le visage de l'homme. J'avais enfin l'impression d'exister. J'ai pressé la détente à côté du type, pour qu'il ait encore plus peur. Pour qu'il me prenne au sérieux aussi. Mais la détonation a effacé tout le reste. Je suis sortie. La police est arrivée avec son tas de projecteurs et de micros. Ils épiaient chacun de mes gestes. J'avais atteint le maximum. Jamais plus autant de gens épieraient le moindre de mes tressaillements. J'ai pressé la détente. L'arme était enrayée. J'ai fais deux-trois mois de prison pour la tentative de vol. Et maintenant je suis...

Ma voix mourut. Je ne pouvais plus parler. Les larmes coulaient à nouveau sur mes joues, mais sans sanglots, doucement. Je baissai la tête, n'osant regarder Alex en face...

[ok, t'inquiètes, si ça ne te gènes pas que mes rps soient un peu plus courts que les tiens...
Et j'ai lu spleen il y a quelques jours en cours, il est marquant... ]
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MessageSujet: Re: Welcome to Mystery [Ilana Norwen] Welcome to Mystery [Ilana Norwen] EmptyVen 30 Sep 2011 - 0:57

    La musique adoucit les moeurs. Oui, c'était ce que l'on disait. C'était ce qui passait pour être vrai. Les âmes, les peines, les douleurs. Pour Alex, la musique était un exutoire parfait. Il y mettait tout, absolument tout. Elle l'apaisait, le rendait calme, il se sentait amoureux d'elle, même parfois. Tant de fois il aurait voulu, juste un instant, pouvoir serrer la musique dans ses bras, l'étreindre, sentir sa chaleur l'envelopper, panser ses plaies. C'était, et ça resterait très certainement la seule femme qu'il ait jamais aimée. La seule à pouvoir le comprendre, retranscrire la moindre de ses émotions. C'était merveilleux, vous savez. Ce sentiment de plénitude lorsqu'il avait son instrument au bout des doigts. Il était accompli, heureux.

    Et ça, ça n'était dû qu'à une seule personne. Son père. Il avait tellement insisté pour que le petit apprenne à jouer, apprenne les émotions, les notes, tout ce qu'une guitare pouvait transmettre, tout ce qu'elle pouvait donner si on savait recevoir. Jamais, jamais il ne le remercierait assez de lui avoir enseigné ce savoir. La musique, ce serait toute sa vie. Enfin... C'était. Puisque sa vie finissait ici. Ce n'était plus une vie, d'être enfermé comme ça. Non, vraiment. Et puis il n'imaginait pas pouvoir retourner dans le monde extérieur. Voilà, ils l'avaient assassiné, en fait !

    Alex, je t'en supplie, recommence pas...

    Bonne idée. Il se concentra sur sa mélodie. Beaucoup plus belle que le silence meurtrier qui avait précédé. A présent, il était calme, serein. Personne d'autre, à ce jour, n'était capable d'une telle prouesse. De l'angoisse au calme absolu. Comme ça, si vite. Personne.

    Lorsque la voix de la jeune fille s'éleva, instinctivement, il régla le tempo de sa musique sur le débit de ses paroles. C'était fluctuant, mais il y arrivait plutôt bien. Il n'y pensait pas vraiment. Cela donnait une sorte de chanson.

    Chanson mortuaire.


    Le contenu des paroles était terrible. Lana se confiait toute entière à cet adolescent qu'elle ne connaissait ni d'Eve, ni d'Adam. On ne s'était jamais confié à lui, et il comprenait maintenant que ça ne lui avait jamais manqué. Pourquoi racontait-elle tout ça ? Qu'était-il sensé en faire, lui ? Il ne savait pas s'occuper de ses propres histoires, alors garder celles des autres...

    Cependant, il n'était pas totalement irrespectueux, pas complètement immoral, aussi la laissa-t-il poursuivre sans l'interrompre, sans soupirer, sans rien dire mais sans avoir l'air non plus de s'y intéresser. Au moins, il avait le pourquoi du comment. Même si, pour lui, rien n'excusait le fait de vouloir mourir. Cela dit, elle lui disait bien que c'était parce qu'elle voulait sentir la vie. La vie qui s'en va, qui souffre et qui s'enfuit, mais la vie quand même. N'était-elle pas comme lui, au fond ? Certes, il déformait les mots, les arrangeait à sa sauce. Simplement parce qu'il n'était pas suffisamment attentif pour retenir les termes précis. Il entendait ce qu'il voulait bien entendre. Il essayait d'écouter, vraiment. Pour une fois, il y mettait de la bonne volonté.

    Mais non. Il s'en fichait royalement. Jamais il ne lui avait demandé de raconter sa vie. Il avait dit "Comment", et non pas "Pourquoi" c'était pourtant différent. Cela le plongeait dans la confusion. Il avait entendu dire que les gens se confiaient généralement à leurs amis, à ceux en qui ils avaient confiance. Or, c'était impossible qu'elle ait confiance en lui. N'est-ce pas ? Bien sûr. Irréaliste. Ou alors elle était folle. Il lui répondait de manière presque monosyllabique, sans manifester d'intérêt, un peu d'agressivité. Rien qui inspire la confiance. Peut-être qu'elle voulait le faire fuir définitivement ? Non, ça n'avait pas l'air d'être son intention. Elle pleurait. Et sa voix s'était éteinte au fond de sa gorge.

    Bon, il avait au moins sa réponse. Elle avait voulu se faire sauter la cervelle. Direct. Franc. En public, en plus. Ca ne l'agaçait même pas. Il n'avait pas cessé de jouer, entamant un air un peu plus enjoué. Simplement parce qu'il n'était pas mauvais dans le fond, et qu'il ne trouvait pas d'autre moyen pour tenter de la faire arrêter de pleurer. Aussi parce que, il fallait l'avouer, ça l'ennuyait un peu qu'elle soit encore en train de pleurer.

    Alex savait qu'il aurait dû lui répondre. Conventionnellement, il aurait dit quelque chose comme "Ca ira mieux demain" ou d'autres conneries bienveillantes et utopistes. Mais il n'était pas comme ça, le blond. Il fallait qu'il s'empêche d'être démoralisateur et fataliste. Ce n'était pas approprié non plus.

    - C'est pas la joie ici non plus, bien moins pire quand même.

    La fin de la phrase avait été longue à venir. Il s'était bataillé pour ajouter quelque chose de plus sympathique, c'est tout ce qui était venu.

    Quelle impression devait-il lui faire ? Un adolescent maussade, assez peu sympathique. Ou quelque chose dans le genre. Avec un certain franc parler, une propension à l'attaque personnelle. Mais ça lui importait peu. Ils n'allaient pas se marier, non plus. Il ne comptait pas non plus à passer tout son temps avec elle. Alors il pouvait bien paraître le pire du monde, ça ne changeait pas grand-chose à sa vie.

    La mélodie se modifia. Elle devint plus sombre, plus tragique, un peu à l'image de l'histoire de la fille. Tragique, très, très triste, agonisante également. C'était l'impression qu'il avait de la jeune fille. Une créature fragile, triste. La musique s'en ressentait beaucoup.
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MessageSujet: Re: Welcome to Mystery [Ilana Norwen] Welcome to Mystery [Ilana Norwen] EmptySam 15 Oct 2011 - 12:16

C'était beau ce qu'il jouait. Touchant. Marquant.
En parfaite harmonie avec l'ambiance de la pièce.
Sauf que j'en avais marre !
Marre de ne jamais prendre la bonne décision. Marre de ne jamais réussir à parler normalement. Marre de ne pouvoir rencontrer quelqu'un de normal. Marre de ne pas être capable de mener une simple conversation. Marre d'être dans ce trou paumé, genre trou du c** du monde. Marre de me plus dormir. Marre de souffrir. Marre d'en avoir marre.
J'avais envie de me mettre à hurler. De crier ma rage au monde. De déchirer limage d'une fillette renfermée sur elle-même que les gens se faisaient de moi. De hurler à m'en décoller les tympans. De crier jusqu'à n'avoir plus de voix. De me remettre à pleurer. De disparaître dans un trou de souris.
Je me mordis la lèvre inférieure. Serrai les poings.
Les poings seuls auraient suffit. Ma lèvre se mit à saigner.
Alex répondit alors que le sang s'insinuait entre mes dents pour répandre un gout désagréablement métallique dans ma bouche. J'avais envie de vomir. Je me contentai de déglutir et de desserrer mes doigts car mes phalanges étaient devenues complètement blanches.
Pas la joie ?
Comme si je n'avais pas remarqué !
Moins pire ?
Ça, ça restait à confirmer.
Je me demandais pour quoi il me prenait. Sans doute rien qu'une gamine, une gamine qui ne se sait pas ce qu'elle veut. Une gamine prête à craquer. Une pleurnicharde juste bonne à venir lui déballer sa vie sans aucun prétexte. Juste bonne à venir l'embêter. À ne pas lui laisser la paix avec sa guitare, lui qui n'avait rien demandé.
Sauf que ça, ce n'était pas vrai. Il m'avait posé des questions. Abruptement. Et comme une débile, une égocentrique, j'y avais répondus. Mais en fait, je n'avais même pas vraiment répondus à sa question.
Il continuait à gratter les cordes de la guitare. Je me demandai brièvement si j'aurai été encore capable d'en jouer. J'avais commencé des cours, joué une année ou deux, avant de laisser tomber. Comme tout le reste. C'était un assez bon résumé de ma vie. Laisser tomber. Abandonner. Lâcher prise.
J'étais accrochée à une bouée qui se faisait remuer dans tout les sens sur un océan déchainé. Sauf que j'étais en train de lâcher ma bouée, pour sombrer dans les profondeurs sans fin de l'océan.
Il fallait que je dise quelque chose. Pour oublier le froid qui me saisissait, pour empêcher les larmes de rouler à nouveau. Pour mettre un terme à tout ça.
Sauf que rien, absolument rien ne me venait à l'esprit. Alors je dis juste ça.

- Et toi ?

Court. Il n'avait peut-être pas eu le temps de percevoir le tremblement dans ma voix. Mais moi je l'avais entendu. Comme un coup de cymbale à un centimètre de mes oreilles. Étais-je donc incapable de dire un mot ou deux sans trembler ? Sans que les larmes ne me viennent aux yeux ?
Je me mis à trembler.
Encore.
J'avais froid. Sauf que le feu crépitait toujours dans la cheminée et que la température de la pièce devait surement être agréable.
Mes mains étaient glacées et je frissonnai quand je les posai sur ma nuque.
Brûlante.
Je devais couver quelque chose. Ou alors étais-je simplement folle. Je m'imaginais être malade, peut-être pour qu'on s'intéresse à moi, pour qu'un adulte, soit-il simplement un médecin bourru, me voie comme autre chose qu'un esprit irrécupérable, une folle finie, mais comme une vraie patiente, une adolescente avec de la fièvre et un mal de crâne qui avait besoin de pana dol et pas de calmants ou de trucs qui me feraient oublier.

[Je sui VRAIMENT désolée, jai eu deux semaines de malade, et pas un instant pour rp... mais maintenant c'est les vacances alors je vais pouvoir te répondre... Excuse moi pour toute cette attente, je tâcherai de prévenir la prochaine fois... ]
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MessageSujet: Re: Welcome to Mystery [Ilana Norwen] Welcome to Mystery [Ilana Norwen] EmptyLun 17 Oct 2011 - 0:38

    « I'm falling, I hear my home calling. »

    C'est la seule phrase qui lui venait à l'esprit. Elle tournait, elle chantait, elle se découpait, se recollait, le démontait sans le réparer. Il tombait. Un immense précipice. Sans début ni fin, sans lumière, sans frontières. Un gouffre sans fond. Un abyssal abîme. Il était Alice. Mais ce pays n'avait rien de merveilleux. C'était un monceau de déchets, tous plus immondes les uns que les autres, qui s'effondraient, qui se traînaient. Des milliers de voix que personne n'entendrait jamais. Que personne n'écouterait jamais. Parce qu'on les avait mis là, justement, pour ne plus avoir à tenir compte de leurs paroles. Ce n'étaient que d'insignifiants débits de parole. Ils étaient fous, les pauvres hères. Quel sens donner à leur propos ? Aucun, absolument aucun. Et ça, c'était merveilleux. L'excuse parfaite. Des dérangés ! Des voleurs ! Violents parfois ! Troubles de la personnalité, anorexie, schizophrénie... Comment leurs divagations pouvaient être autre chose que du non-sens ? De l'absurde ! Leurs plaintes pouvaient bien être des râles d'agonie, qui s'en soucierait ? Qui ? Qui ? Des ratés, des ratures, raclures d'Enfer, détritus, vomissures ! Qui ? Mais qui ? Quelle personne douée de raison ? Aucune ! Aucune ! Ce trou dans lequel il tombait, il pouvait y crier, il pouvait y hurler, ça n'aurait aucune incidence. Hurle, hurle. Égosille-toi, laisse mourir ta voix, s'il te plait. Vas-y, vas-y, tout le monde s'en fout. Tu ne dérangeras personne. Quelques remous dans l'obscurité, qui mourront avant d'atteindre du tangible. Allons, allons, vas-y, qu'attends-tu ? Hein ? Voyons. Jette-toi contre les murs, laisse-toi mourir de faim, arrache-toi les yeux. Les lèvres qui tremblent, pour contenir les sanglots de désespoir. Pourquoi, pourquoi de telles idées ? Pour que tu comprennes. Non, non, non.
    Non !
    Arrête, arrête, arrête.
    Tais-toi, tais-toi ! Par pitié, par amour !
    Laisse la mélodie remplir ta tête. Laisse-la t'embrasser, te submerger, t'étouffer.


    Fermer les yeux. Le plus fort possible. Oublier. Oublier la douleur. Oublier ces pensées, ces idées. Fausses. Tout était faux. Ils n'étaient pas des fous. Juste des jeunes, trop désespérés pour se plier aux règles. Rien d'autre. Et quelqu'un les entendait. Quelqu'un les entendrait, si jamais il le fallait. "Si jamais". Jamais. Notion d'éternité. Si. Hypothèse. Aucune certitude. Non, non. Aucune importance. Penser à autre chose. A la jeune fille. Lana. Il rouvrit les yeux, la chercha du regard. Alex devait reprendre le contrôle. Il devait évincer ces mots, qui s'étaient répercutés d'un bord à l'autre de son cerveau, se faisant écho, s'amplifiant pour devenir des murmures et hurler de nouveau. Effacer. Sinon, à ce rythme là, il allait finir fou, se fracasser le crâne contre les murs. Il fallait qu'il reprenne son calme, son éternelle accalmie. Ce que cette voix assassine lui suggérait, ce hurlement, il lui avait brûlé les lèvres. Il avait sentit sa gorge se serrer pour retenir le cri. Tout ceci défiait tout bon sens. La jeune fille saignait.

    Dans son errance, il n'avait pas du tout fait attention à son environnement. Elle n'avait rien dit, c'était certain. Mais qu'avait-elle fait ? La tension déformait encore ses traits. Décidemment, ils faisaient bien peine à voir. Deux bombes à retardement. L'implosion. C'était ça qui les guettait. C'est l'impression que ça lui donnait. Ses doigts caressaient toujours les cordes. Automatisme. Réflexe. Survie. Si le silence resserrait son étau, c'en était fini de sa pauvre raison. Il fixait maintenant le feu dans la cheminée. Inspirer. Expirer. Calmement. C'était tout ce qui comptait.

    « Et toi ?»

    Et toi quoi ? Quelle était la dernière question qu'il ait posée ? Avait-il seulement posé une question ? Il ne parvenait pas à s'en souvenir. Ca lui échappait. Ils avaient parlé de la longueur de leur internement. Puisque qu'il n'avait discuté avec personne présent depuis plus longtemps que lui, il n'était pas certain qu'on y survive, du moins sain d'esprit. Mais ce n'était pas cette question là. Alors laquelle ? Il ne parvenait pas à réfléchir. Aussi demanda-t-il :

    - C'tait quoi la question ?

    Quel âge ? Non. Quelle ville ? Non plus. Ils n'en étaient pas là. Puisqu'Alex refusait de manifester un tant soit peu d'intérêt à ce qu'elle disait. Ah ! Sa vie ! Elle lui avait raconté sa vie ! Tragique. Même si il n'en avait pas retenu quoi que ce soit. A part peut-être l'idée de suicide pour se sentir vivant. Ah, voilà ! Comment avait-elle voulu mourir. C'était ça la question. Et toi ? Comment avait-il voulu mourir ? Mais... Ca n'avait jamais été son intention. Pourquoi supposait-elle cela ? Il baissa les yeux vers ses bras. Peut-être avait-elle aperçu ses cicatrices à lui. Il avait peut-être bien perçu un regard, maintenant qu'il y pensait.

    Ah, jamais ! Jamais mourir. Il avait trop peur. Beaucoup, beaucoup trop peur. Déjà qu'il se sentait dépérir ici. ( Il ne semblait définitivement pas prêt à accepter son sort, apparemment ) Mais alors la véritable mort, oh non. Il l'avait effleurée quelques fois. Ils avaient peut-être échangé quelques baisers, quelques contacts. Mais elle ne l'avait jamais attiré plus que ça. Pas de coup de foudre entre eux. Pourtant, elle l'avait appelé. De toutes ses forces. Mais non. Quelle joie. Comment exprimer cette idée sans en dévoiler trop sur lui ? Devait-il répondre ? Il n'en avait pas envie. Parce qu'il n'aimait pas qu'on sache des choses sur lui. Il avait peur qu'après, les gens prétendent mieux le connaître qu'il ne se connaissait lui-même. Et il avait surtout peur que cela soit vrai. Alors il gardait religieusement la moindre information.

    - Ah, ça.

    Il marqua une pause. Quelle décision prendre ? Répondre, ou passer pour quelqu'un de méprisant ? Il n'aurait eu que faire d'avoir l'air mauvais, d'ordinaire. Mais il se rendait bien compte que la solitude ne lui seyait pas du tout. Et que s'il voulait garder un minimum les pieds sur terre, il fallait qu'il profite de chaque présence. Alex n'aimait pas les gens, mais il ne s'aimait pas assez pour se suffire.

    - J'pas voulu mourir, moi.

    Appui sur le moi. Moi, je ne suis pas comme ça. Je ne suis pas souillé par la Mort. Elle n'a pas posé ses chaines à mes chevilles. Bien faire comprendre, qu'il trouvait détestable d'essayer de se supprimer. Si elle ne comprenait pas, il ne pouvait rien faire pour elle. C'était tragique, mais c'était comme ça. Pourquoi tragique ? Ca n'avait rien de tragique. Il trouva fin, intelligent, subtil, merveilleux, d'ajouter :

    - Ca m'servirait à quoi, franchement ?

    Qu'il en remettait une couche. Ce que tu as fait est inutile et cela me semble méprisable. Je te le dis et te le répète des fois que cela ne soit pas suffisamment évident. Il la fixa quelques instants. Quêter sa réaction. C'était dans sa nature. Provocateur.

    [ Pas de problème ! Contente que tu sois revenue o/ Bonnes vacances ! Very Happy ]
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MessageSujet: Re: Welcome to Mystery [Ilana Norwen] Welcome to Mystery [Ilana Norwen] EmptySam 29 Oct 2011 - 14:24

Je frissonnai. Encore une fois. Il me demanda quelle était ma question. Je ne répondis rien. Soit il ne prêtait vraiment aucune attention à la conversation et il ne s'en rappellerait absolument pas, soit il avait quand même de l'attention, même juste de surface, et il se souviendrait de la question qu'il m'avait posée. S'il ne s'en souvenait pas, j'étais prête à lui dire un *oublie* ou *laisse tomber* et de m'en aller. D'oublier ce garçon étrange, de retourner me coucher, de dormir de tout mon soul, jusqu'à ce qu'on me dise qu'enfin, je pouvais m'en aller.
Ça.
Oui, ça. Sauf que ce n'était pas *ça*. C'était une question. Douloureuse, mais une simple interrogation tout de même. J'avais lu un jour que l'intelligence de quelqu'un se mesure au nombre d'incertitudes qu'il est capable de supporter. Selon ces critères, je devais être plutôt calée. Je ne savais pas grand chose. Je ne savais pas vraiment qui j'étais, ni qui était mon père. Je ne savais pas ou plus ce que je faisais ici, dans cette pièce, à grelotter alors qu'un feu brûlait avidement dans la cheminée, à tenter de mener une conversation avec un type lunatique...
Lui.
J'aurais pu le traiter de ramassis d'egocentrique, ou moins finement de tout autre nom d'oiseaux. J'aurais pu m'indigner. Partir. Je m'immobilisai, incapable de bouger, pressentant que le moindre tressaillement mettrait à vif la blessure qu'il venait de rouvrir avec une simple phrase. Cinq mots. Cinq flèches qui se plantèrent en moi comme tant d'autres avant elles. Cinq flèches qui écartèrent la brèche, juste assez pour laisser passer les suivantes. Qui me touchèrent encore plus profondément. Qui lapidèrent le masque que je portai continuellement. Réduisant à néant tous mes efforts pour me cacher.
Je me crispai entièrement, fixée uniquement sur le but de ne pas craquer. Ne pas exploser. Ne pas me mettre à hurler ma douleur et mon désespoir. Ne pas exiger mon droit d'être moi, entièrement moi et juste ça.
Je ne pouvais pas parler, ma voix tremblante aurait montré mon trouble. Je ne pouvais pas pleurer, il aurait comprit qu'il avait touché plus juste que n'importe qui d'autre avant lui. Je ne pouvais pas bouger, l'étau qui enserrait ma souffrance exploserait.
*Les mots sont des armes, les mots sont des dons, les mots ne se gaspillent pas. Rien de ce qui a été dit peut être ravalé, rien de ce qui a été dessiné peut être gommé, rien de ce qui a été écrit de peut être effacé, rien de ce qui a été fait ne peut être oublié. Parce que tous nos mots, tous nos schémas, tous nos actes et tous nos forment notre vie. Une seule vie, de la naissance à la mort. Une vie unique, sans possible retour en arrière, sans remise à zéro des actes, des gestes ou des pensées. Une vie à respecter. Une vie à vivre. Intensément.
Alors pourquoi avais-je...?
Parce que l'on se construit plus par les drames auxquels on survit que par les bonheurs que l'ion vit.* Parce que la dureté de la vie avait dévoré mes rêves, m'avait mené à une impasse. Parce que si l'amour rend aveugle, le désespoir en fait souvent de même.
- Et que veux-tu que je te dise ? Que je suis désolée ? Contente pour toi ? Que tu n'es surement pas si blanc que ça puisque tu es ici toi aussi et contre ton gré apparemment. Que les marques sur tes poignets démontrent tout de même que si la vie t'est précieuse, tu as une drôle de manière de la parcourir. Que la marge entre mutilation et tentative de suicide est faible. Qu'il suffit d'un tressaillement pour passer de l'un à l'autre. Tu veux que je te dise que tu as touché un point sensible, pour que ton ego en soit encore plus fier de lui ? Tu veux que je m'effondre ? Tu veux que je m'en aille ?
Je m'arrêtai là. J'avais des centaines de mots sur le bout de la langue, mais j'espérai qu'il avait compris. Les questions rhétoriques se bousculaient dans mon esprit, je les fis taire.


* Ce passage est fortement inspiré de l'œuvre de Pierre Bottero.
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MessageSujet: Re: Welcome to Mystery [Ilana Norwen] Welcome to Mystery [Ilana Norwen] EmptyMer 2 Nov 2011 - 0:20

    « Such a lonely day shouldn't exist »

    Alex se sentait esseulé. Tous l'avaient abandonné. Pas un n'avait pris de nouvelles. Pas un ne lui avait dit au revoir. A part ses parents. Traitres. Traitres. Qu'ils le regardaient partir, des larmes factices dans les yeux. Ils pleuraient à en suffoquer. Mais, alors, pourquoi l'avoir envoyé ? Là, dans cette prison sans barreaux. Ici, au milieu des suicidaires. Le prenaient-ils aussi pour un dépressif qui flirterait constamment avec le désir de ne jamais plus subir un lever de Soleil ? Est-ce qu'ils avaient cru qu'un jour, ils le retrouveraient se balançant au bout d'une corde, un couteau dans le ventre, écrasé sur le trottoir ou sur des rails ? Le méconnaissaient-ils tant que ça ? Ne savaient-ils pas, aucun des deux, à quel point il pouvait aimer la vie ? Aimer la vie parce qu'il ne savait pas faire autre chose. C'était tellement plus facile de l'aimer que de la maudire, en même temps. Et pourtant, et pourtant... Avait-il seulement eu un jour l'air épanoui et heureux ? Jamais franchement. Toujours à mi-mesure. Un bonheur qu'il ne s'autorisait pas à consommer, et qui se consumait comme une cigarette. Une vulgaire cigarette. Quelques taffes de bonheur. Qui vous bouffaient les entrailles, vous encrassaient les poumons. Néfaste, néfaste. Tout était néfaste. Peut-être, peut-être que ces bouffées de bonheur ne faisaient qu'empirer la chute ? Ces entailles, n'étaient-elles pas des cigarettes ?

    Tu vas arrêter, à la fin ? Tu es là simplement parce que tu l'as mérité. Et il n'y a pas d'autres divagations qui vaillent la peine. Alors maintenant, tu cesses tes âneries.

    Le blond arbora quelques instants une moue boudeuse, puis poussa un soupir d'agacement. Cette voix. Il ne savait pas si il l'entendait vraiment, si il y avait vraiment une voix qui le réprimandait dès qu'il partait dans l'insensé, ou si c'était simplement ce qu'il pensait réellement et qu'il se le disait juste avec mécontentement. Il n'en savait rien, mais il pouvait lui donner des intonations. C'était une voix masculine, assez grave. Le ton était ferme, paternel. N'était-ce que ce qu'il se répondait, ou était-ce une réelle manifestation sonore qu'il croyait entendre ? Il n'aurait su le dire. Mais il préférait penser, parce que ça impliquait moins la folie, que ce n'était que sa pensé profonde et qu'il n'entendait pas réellement une voix qui n'existait pas. Était-ce le cas ? Rien n'était moins sûr. Mais oublions ça.

    Qu'allait faire la jeune fille ? Lana avait semblé se contracter. Comme pour bloquer toute émotion. Ne serait-ce que l'esquisse d'une bribe de ressentiment. Il ne fallait rien laisser passer. C'était l'impression qu'elle lui avait donné. La tension avait monté d'un cran. Alex réprima un léger sourire de satisfaction, et se contenta d'attendre, impassible. Il savait qu'il avait tapé en plein coeur. Banaliser un acte de fin de vie, en faire la chose la plus honteuse, la plus misérable qu'il existe sur cette Terre injuste. Ca faisait mal, il le savait. Surtout à ceux qui avaient été victime de cette folie, de cet état de désespoir si intense. Il avait déjà essayé, avait ramassé nombre de coups et insultes en tout genre. Alors il allait perpétrer ça. Parce que, il fallait l'avouer, il aimait bien remuer les couteaux dans les plaies. Pas consciemment. Mais ça le satisfaisait. De voir ces gens retenir toutes les larmes de leur corps. Et pourtant, Dieu seul sait à quel point il avait horreur qu'on agresse son propre mode de fonctionnement. Parce qu'il savait que les autres avaient raison, mais que cela le mettait hors de lui. Il réfutait tout en bloc et pouvait se mettre dans une colère effroyable. Parce que ça lui faisait mal, et que s'il l'avait accepté, il aurait été obligé de remettre en question ses habitudes. Et ça, c'était hors de question.

    Et que veux-tu que je te dise ? En fait, il n'en savait trop rien. Pas grand-chose en particulier. Que je suis désolée ? Contente pour toi ? Que tu n'es surement pas si blanc que ça puisque tu es ici toi aussi et contre ton gré apparemment. Ce discours commençait à fortement lui déplaire. Elle effleurait du doigt ce que son esprit tentait depuis des heures de lui faire comprendre, et c'était hors de question qu'il l'entende. Que les marques sur tes poignets démontrent tout de même que si la vie t'est précieuse, tu as une drôle de manière de la parcourir ? Il avait froncé les sourcils, et cessé de jouer. Il serra les poings. Il avait une envie terrifiante de la jeter dans le feu. Pour qui se prenait-elle à lui dire des choses pareilles ? Qui était-elle pour juger ce qu'il faisait de sa vie ? Qu'en savait-elle ? Rien ! Rien ! Rien ! Alors qu'elle se taise ! Ses mains commencèrent à trembler. Que la marge entre mutilation et tentative de suicide est faible. Qu'il suffit d'un tressaillement pour passer de l'un à l'autre. Non, non, non, non... Elle n'avait pas le droit de dire ça. Elle ne pouvait pas se le permettre. C'était impensable, pas vrai ? Alex se sentit frappé de plein fouet. Il tenta d'enterrer tout cela, mais noyé par tout le reste, il lui faudrait un peu plus de temps que prévu. Il se mordit la lèvre inférieure jusqu'à saigner. Ne pas bouger. Ne rien desserrer. Sinon, il l'étriperait. Tu veux que je te dise que tu as touché un point sensible, pour que ton ego en soit encore plus fier de lui ? Il voulait qu'elle se taise, qu'elle cesse de débiter des inepties qui étaient trop vraies pour qu'il accepte de les accepter. Tu veux que je m'effondre ? Tu veux que je m'en aille ? Il n'écoutait plus.

    Ses yeux s'embuèrent, que ce soit de colère ou de tristesse, mais il réussit à empêcher les larmes de couler. Le sang lui courait dans le cou en un léger filet. Les ongles plantés dans la main. Il ferma les yeux, respira doucement, jusqu'à parvenir à reprendre le contrôle de son corps, de son esprit. Une fois qu'il eut réussi, il lâcha progressivement sa main, desserra les dents, étala le sang en voulant l'essuyer et planta ses yeux dans ceux de la jeune fille.

    Il finit par cracher :

    - J'aurais préféré que tu la fermes, en fait.

    Elle aussi avait touché un point sensible. Sa mutilation. Son plaisir à souffrir. Et la remise en cause de ses principes. Tout ça déclenchait un tourbillon de contresens, de questions, de vides en lui. Mais le pouvoir de l'esprit, surtout du sien, excellait particulièrement dans la mauvaise foi. Aussi avait-il déjà enfoui tout cela en se disant que ce n'était qu'un ramassis de conneries. Voilà, ça allait mieux. Il reprit sa guitare, reprit sa mélodie, bien qu'un peu plus saccadée et nerveuse, et reprit :

    - Ouais, ou que tu gueules pas comme ça. Qu'est-ce que j'y peux si ça t'a blessé ? Je trouve ça misérable, je trouve ça misérable, point. C'est mon avis.

    Il secoua la tête, se concentra sur sa guitare en poussant un léger soupir de mécontentement. Maintenant, il avait peur qu'elle parte. Qu'elle le rende à sa solitude, à son désespoir. Elle faisait naître des émotions horribles en lui, mais il avait peur de ce qu'il pourrait se faire ressentir si il était livré à lui-même. Il voulut lui demander de rester, mais n'avait pas envie de passer pour quelqu'un d'incapable de rester seul ou d'assumer ses propos. Aussi se contenta-t-il d'espérer.

    « The most loneliest day in my life. »
    Lonely Day - System of a Down
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MessageSujet: Re: Welcome to Mystery [Ilana Norwen] Welcome to Mystery [Ilana Norwen] EmptyDim 27 Nov 2011 - 20:37

Il ne jouait plus. Le silence avait reprit ses droits, encore plus glacé qu'avant comme s'il prenait sa revanche. Un léger trait rouge coula de son menton pour aller longer la courbe de son cou. Ses yeux étaient embués et ses mains si crispées que ses tendons traçaient de profonds sillons sur le dessus de ses mains. 
Nous faisions un duo des plus hétéroclites. Une jeune dépressive avec un jeune mutilé. Deux âmes perdues, avec pour seule et dernière ambition de quitter cet endroit. De faire éclater les barreau de cette prison de verre quitte à se couper sur les éclats. 
Sauf que les piques que nous aurions pu balancer contre cette paroi pour tenter de la fissurer, nous nous les lancions l'un contre l'autre. Jusqu'à ce que l'un des deux craque. Et pourtant, je n'avais pas envie de lui faire du mal. Il m'avait poussée dans mes retranchements et je ne faisais que me défendre. J'étais nulle à ce petit jeu là. 
Je n'avais que chuchoté mais j'eus l'impression que mes mots avaient déclenché une tempête en lui. Et bien il pouvait toujours rêver, je n'allais pas lui lancer de bouée. Il n'avait qu'à apprendre à nager.
Il essuya le sang qui coulait encore mais ne fit que l'étendre. Je me relâchai imperceptiblement, juste assez pour libérer une violente migraine qui me vrilla le crâne. Je fronçai les sourcils et fermai les yeux mais la douleur ne reflua pas.
Me taire ?
Et comment aurais-je pu ? Je ne pouvais pas rien répliquer à ses stupidités blessantes. Je n'avais que murmuré mais il était à la limite du hurlement. Preuve de plus, s'il m'en fallait, que j'avais touché à peu près juste. 
Je posai ma main glacée contre mon front mais le mal de tête était toujours là, m'empêchant de réfléchir. 
Il en rajouta une couche mais cette fois-ci, cela ne me fit rien. Je ne tressaillis pas, je ne lui offris pas le délice de voir couler une larme sur mes joues. Je restai calme. J'en avais assez de cette joute stupide. Assez de recueillir les piques pour mieux les relancer. Assez de mon mal de crâne qui commençait sérieusement à me taper sur le système. Assez de devoir toujours réfléchir avant de parler. Assez de peser mes mots. Assez de cette discussion blessante.
Le sage et le lâche ont en commun l'art de la fuite.
Mais je ne pouvais pas partir, pour la simple et bonne raison que dans cet institut, je finirai indubitablement par le croiser, et je n'osai imaginer ce qui s'en suivrait. Alors je pris une grande inspiration, fermai brièvement les yeux avec l'espoir vain que la douleur refluerait et dis :
- Écoute Alex, écoute-moi bien parce que je ne me répéterai pas. J'ai compris que tu ne voulais pas que je te critique, compris que toi par contre, tu aimais presque autant me faire du mal que t'en faire à toi. Sauf que je ne veux pas rentrer dans ton petit jeu où chacun lance une flèche à l'autre chacun son tour. J'assume mes actes, comme tu finiras peut-être par assumer les tiens. Est-ce que je regrette ? Je vais t'offrir une phrase que tu ne comprendras peut-être pas tout de suite. Il y a deux réponses à cette question, comme à toutes les questions. Celle du savant et celle du poète. Et je ne te donnerai ni l'une ni l'autre, pas tout de suite en tout cas.
Je voulus me lever, comme pour donner plus de poids à mes paroles. L'atmosphère de cette pièce était devenue irrespirable et il fallait que je bouge. Mais alors que j'esquissai un geste pour me redresser, mon mal de crâne reprit et une myriade d'étoiles envahit mon champ de vision qui devint noir. Je n'étais pas tombée dans les pommes mais peu s'en avait fallut. Mon souffle était court et mon coeur battait la chamade à mes tempes. Je rouvris les yeux et les gardai ouverts, fixés sur Alex, malgré la lumière qui m'agressait les pupilles, malgré la douleur. Attentive au moindre tressaillement de sa part. 

[Encore une fois, désolée du retard..:(]
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Welcome to Mystery [Ilana Norwen]

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