Que faisait-elle donc dans la salle de bains? C'était simple : Rose avait eu envie de s'isoler un peu. Pas pour se mutiler, non. Elle n'y avait pas le coeur. Elle se posait trop de questions. Assise par terre, le dos contre un mur, les jambes repliées contre elle, elle attendait. Qui, quoi? Elle-même n'en savait rien.
Elle se demandait pourquoi Luca l'évitait, depuis leurs ébats dans le salon. Regrettait-il? Il lui manquait. Leurs rires, leurs délires... Tout cela lui semblait bien loin. Trop loin. Elle laissa une fine larme dévaler lentement sa joue. Elle n'aimait pas pleurer, pourtant. Elle enfouit la tête dans ses genoux. Que faisait-il? A quoi pensait-il? Échafaudait-il une blague quelconque? Elle se souvenait de la mèche rouge qu'il avait arborée ce jour-là. Il était le seul à l'institut à l'avoir touchée aussi profondément, aussi bien sur le plan physique que moral. Elle secoua la tête. Il fallait qu'elle évite d'y penser. Elle s'en voulait déjà assez comme ça. Elle ne savait pas ce qu'elle avait fait, mais pour que Lulu ne lui adresse plus la parole, ce ne devait pas être rien. Alors elle ne pouvait pas s'empêcher de culpabiliser.
Elle se releva rapidement et s'essuya la joue. Il ne fallait pas qu'elle se laisse démonter! Elle irait voir Aby à l'occasion, et tout irait bien. Oui, l'arc-en-ciel lui remonterait le moral. Il fallait vivre. Se postant devant le miroir, elle ôta toutes les breloques qui ornaient sa tête et entreprit de brosser un peu ses cheveux. Oui, c'était déjà le soir. Elle songeait à aller se coucher. Tant pis si elle loupait le repas, elle n'en avait cure. Et alors qu'elle brossait doucement sa tignasse, perdue dans ses réflexions, elle n'entendit pas la porte s'ouvrir.

(HRP : Court T.T" Sorry).

[parfait ♥]

Vous savez quoi ? Se sentir c** est le propre de l'homme.

Beaucoup de chose sont le propre de l'homme à vrai dire. Les mots, le sentiment d'avoir besoin de philosopher, se haïr soi-même ou s'aimer, avoir besoin de savoir ce que les autres pensent de nous ce qui engendrera la société, les remords. Les sentiments et la compassion ? Non, tous les animaux le peuvent. Les éléphants font des dépressions nerveuses. Les primates sont capable de se mettre à la place d'un congénère. Une mère peut donner de l'amour à ses petits. Et rien de ce qu'elle ne fait ne sera de la haine. De la peur, de la méfiance, mais pas de la haine.

Mais une chose dont on peut être sûr, c'est que ce sentir c** est le propre de l'homme.

Et peut-être de la femme, mais ça reste à prouver.

En attendant, la grande bringue adossé au mur là-bas, toute maigre, encore plus maigre qu'elle ne devrait l'être, les yeux vitreux plongés dans le vide alors que son corps n'est plus qu'une loque dont les vêtements sont de larges chiffons, que ce soit un homme ou une femme, se sent c**, se haï elle-même quand bien même elle vous répondra le contraire avec une pointe de narcissisme si vous le demandez, et est tellement fatiguée qu'elle n'a même plus la force de haïr le monde.

Une peau plus pâle, un visage plus creux encadré de cheveux brun-roux presque lisses descendant en cascade rocailleuse sur ses épaules. Une mèche d'un rouge dont l'éclat à été perdu au fil tu temps lui arrive au milieu de bassin. Ses lèvres paraissent encore plus rouge que jamais et sous ses yeux se sont installés des cernes peu élégante d'une couleur violette indiscutable. Sur son corps entier serpente une cicatrice elle-même plus vivante que l'être, plus coloré que celui qui a perdu ses couleurs.

Après trois mois, on ressort bien amoché, hein ?

Le premier mois était la souffrance, le second la détermination et le troisième l'effacement. Le second mois, il avait pu faire semblant. Après, il était trop fatigué pour ça. Les angoisses cachées se sont immiscé pour venir le hanter la nuit, et puis peu à peu, il avait eu la flemme de faire quoi que ce soit. Et pour finir, il ne faisait plus rien.

Dans la main une trousse de toilette ou plutôt un vagniti un peu grand pour ne contenir qu'un shampoing une brosse à dent, du dentifrice et un tube de crème contre l'acné, le gamin format allumette amaigris inspire un bon coup et se relève pour quitter le mur de son couloir et descend une main dans la poche le labyrinthe niveau facile qu'est le premier étage du manoir. Direction la pire destination pour la poupée rebelle hyperémotive, un endroit où il y a des miroir et un endroit dans lequel il a des souvenirs pour ainsi dire spéciaux. Liam, m*rde ! Merci encore. Mais on t'assure qu'il t'aime encore.

La vie était devenue banale, et même pire. Il n'arrivait plus à s'en sortir, il voyait le monde en gris, gris foncé, le brouillard, le noir. L'impression d'étouffer. Chaque pas une épreuve sans récompense, chaque respiration une supplice qui ne nous achève jamais. Alors on descend les couloir, on traverse en regardant le sol, on est "gris" vide, plein de vide. Nos bonheurs incapable de se réveiller. On s'arrête par automatisme, on se tourne sans même plus se rendre compte, on a le tournis sans avoir envie de vomir, sans avoir envie de s'allonger, ce tournis qui tourne, qui te dis que quelque chose change sans que tu ne le commande, mais toi tu ne fais rien. Tu ne reçois rien, tu n'as plus rien. Rien que le vide, rien que le noir. Tu ne fais plus rien par toi-même.

Et un, et deux, et trois, nous voilà devant la porte. Et quatre, et cinq, et six, on pose la main sur la poignée. Et six, et sept, et huit, on pousse.








Une jeune fille ou une jeune femme, à vous de juger, se coiffe les cheveux dans une glace. Dans cette pièce un peu froide la nuit, il fait encore assez chaud et humide : certaine personne viennent d'utiliser l'eau chaude. La porte de la pièce tout ce qu'il y a de plus banal s'ouvre de manière tout aussi banale, apparait un grand maigres aux cheveux trop longs et au visage livide et une cicatrice dans le cou et sur le bord du visage. Comme par réflexe il recule et commence à refermer la porte, après avoir à peine vu la fille-là bas. Et puis il s'arrête la main sur la poignée, l'ouvre finalement et entre. Il regarde vers le bas et parfois sur le côté, comme nerveusement, tourne la tête de profil par rapport à elle et lance un faible son dans la pièce trop vide :

"Hi."
[salut]

Dans ton journal, t'as dit que tu ne fuirait plus. Ne fuis plus, même si tu as peur de la perdre.

Rose sortit de ses songes en entendant des pas non loin d'elle. Elle se fit force pour ne pas repartir dans sa léthargie, alors que les pas qu'elle entendait semblaient hésitants. Sa main se crispa sur le manche et elle écarquilla les yeux en voyant l'adolescent. Rêvait-elle? Elle se convainc que oui, et ferma fort les paupières durant quelques minutes. Pas qu'elle ne voulait pas le voir, mais elle ne voulait pas que ce soit un mirage. Elle avait déjà Arktos, et c'était bien assez. Cela lui suffisait largement, d'ailleurs. Et avoir l'illusion de quelqu'un qu'on aime rend fou. Elle ne voulait pas que ce ne soit qu'un songe.
Elle rouvrit lentement les yeux, de ce genre de lenteur qui caractérise l'appréhension. Et elle fit à nouveau de grands yeux en voyant qu'il était toujours là. Un peu plus maigre, des cernes sous les yeux et la mèche d'une autre couleur, mais il était là. Et il parla, même. La brosse tomba à terre en un bruit sourd. L'As se retourna vivement, s'appuyant contre le lavabo, les jambes tremblantes. Il fallait qu'elle se tienne si elle ne voulait pas tomber. Même ses bras tremblaient, un peu moins que ses jambes qui lui semblaient plus cotonneuses que jamais, mais tout de même. Parce que oui, en effet, elle avait l'impression que ses jambes se dérobaient sous elle.
Parvenant enfin à détacher ses mains du rebord du lavabo, elle se frotta les yeux. Pour s'assurer une nouvelle fois qu'elle ne rêvait pas. Et elle se pinça même. Pas possible que cela soit réel : Cela faisait trois mois. Mais après ce pincement, elle dût se résoudre à se rendre à l'évidence : Il était bel et bien là. En chair et en os. Amoché, mais vivant. Décidant de tenter le tout pour le tout, elle rassembla ses forces dans ses jambes et s'élança vers lui. Alors qu'elle aurait pu, ou même dû le gifler, elle se jeta sur lui, le prenant dans ses bras, l'y serrant fort. Elle fût heureuse de constater, avec une certitude indélébile cette fois, qu'il ne s'agissait pas d'un rêve. Elle le serra de toutes ses forces, passant une main dans sa tignasse pour le rapprocher encore d'elle. Et il était là.
Son coeur fit un bond dans sa poitrine et se mit à battre la chamade. Ses yeux s'embuèrent, alors elle les ferma.

- Luca.

Un prénom. Un seul. Prononcé dans un seul petit murmure. Unique. M*rde; combien de temps cela faisait-il qu'elle ne l'avait pas serré contre elle? Il lui semblait que cela faisait une éternité. Trop longtemps.
Le gifler. Oui, elle aurait pu. Elle en avait envie, même. Mais elle ne pouvait s'y résoudre. Alors elle le serrait le plus fort contre elle, et l'une de ses mains venait caresser sa chevelure. Elle le prit finalement par les épaules et l'écarta d'elle, rouvrant les yeux pour porter son regard sur lui. Cet adolescent fatigué. Il lui semblait avoir vieilli de quelques années. Elle mit ses mains de part et d'autre de son visage, le fixant droit dans les yeux, essayant d'aligner une phrase intelligible. Sauf que dire deux mots lui semblait déjà être un parcours du combattant. Elle tourna la tête dans une autre direction, ses mains venant s'ôter de son visage. Elle recula de quelques pas pour lui laisser un minimum d'air. Se remettant une mèche de cheveux derrière l'oreille. Elle inspira un bon coup, sans oser reporter ses globes oculaires vers lui. Un seul mot parvint à franchir le seuil de ses lèvres.

- Pourquoi?

Elle ne comprenait pas. Elle se questionnait, mais ne trouvait aucune réponse. Elle soupira, puis se massa l'arête du nez.

- Qu'est-ce que j'ai fait de mal?

Elle avait peur, sans savoir pourquoi. Et elle avait mal, aussi. Même si elle avait tant rêvé de le revoir, maintenant qu'il était en face d'elle, elle avait l'impression qu'une infinité de lames aiguisées au maximum étaient plantées dans son coeur. Des lames glacées. Ce genre de glace si froide qu'elle nous paraît brûlante. Et c'était atrocement douloureux. Elle alla croiser les bras dans son dos, tête baissée, sans rouvrir les yeux. Trop peur de soulever une nouvelle fois les paupières. S'il avait l'air d'avoir vieilli de quelques années, elle, elle devait avoir rajeuni de cinq ans au moins dans cette position-là. Comme une gamine de douze ans prise en faute. Elle se rendait compte d'à quel point elle était faible. Elle décroisa les bras et s'adossa au mur carrelé derrière elle. Et ses jambes la lâchèrent. Son dos glissa le long des dalles et elle finit les fesses à terre, les jambes repliées contre elle. Les yeux toujours indéniablement clos. Elle se sentait incapable de les rouvrir. Elle avait l'impression que jamais elle n'y parviendrait. Elle soupira. Elle n'était qu'une faible femme. Quoique, pas encore une femme. Juste une humaine de sexe féminin, point barre.

(HRP : Désolée pour les fautes, je me suis pas relue. Et pour le retard : J'avais oublié de poster >.<').

La peur. C'était sans doute le sentiment qui habitait le plus profondément Rose à l'heure actuelle. Pas le genre de peur qui vous fait prendre les jambes à votre cou et fuir, ni celle qui vous paralyse. Cette peur-là était... Indicible. Elle avait juste l'impression que son être entier fourmillait de braises ardentes de froideur. Vous savez, comme quand on prend un morceau de glace et qu'il est tellement froid qu'on a l'impression qu'il nous brûle. C'était ça que Rosie ressentait. Son coeur battait si fort qu'elle avait l'impression qu'il allait lui transpercer les oreilles. Et elle ne savait pas quoi faire.
Elle l'entendit vaguement poser sa mallette dans un coin. Puis un bruit sourd la fit sursauter. Luca... Bon sang, n'était-il pas assez amoché comme cela? Il n'avait pas besoin de se blesser encore plus. Elle tendit la main vers lui. Du moins, elle voulût; car au bout de quelques secondes, avant même de l'avoir vraiment avancée, sa paume tremblante retomba sur sa cuisse. Faible. Voilà ce qu'elle était. Aussi faible qu'une poupée. Ou qu'une esclave. Et dans ce cas-là, elle était esclave de ses sentiments. Des sentiments lancinants, écrasants. Douloureux. Affreusement douloureux.
Et il parla. Sauf que dans l'esprit de l'As, il n'avait rien fait. Elle était la seule et unique responsable de ces actes. Pour qu'il l'évite aussi longtemps, elle avait forcément fait quelque chose de mal. Alors il ne fallait pas qu'il se rejette la faute. Elle aurait aimé dire quelque chose, mais n'y arrivait pas. Chaque mot lui semblait être un obstacle infranchissable. Alors elle le laissait parler, sans piper mot. Elle n'avait pas envie de le frapper, malgré qu'il le lui suggère. Elle s'en savait incapable. Bien sûr, les coups, elle savait les recevoir. D'ailleurs, ça ne la dérangeait pas, de subir. Elle était en revanche bien moins capable de se défendre avec les poings. Elle ne s'était jamais vraiment battue. Contre les policiers, elle s'était contentée de fuir. Peut-être étais-ce ça qu'elle savait le mieux faire. Fuir. Comme une lâche. Mais l'entente de la voix cassée de Lune lui fendit le coeur. Elle eût à peine le courage d'écouter sa phrase, puis se plaqua les mains sur les oreilles en fermant fort les yeux. Elle aurait voulu lui dire d'arrêter. Mais elle n'y arrivait pas. Le reste des mots qu'il prononça fût si sourd qu'elle n'en comprit rien. Sauf... Un prénom. Liam. Ce rouquin. Elle secoua la tête : Après tout, il n'était plus là. Alors pourquoi Lulu en parlait-il encore? Elle n'arrivait pas à comprendre. Tout ce qu'elle savait faire, c'était s'enfuir. C'était pour cela qu'elle avait décidé de ne rien entendre, en se mettant les paumes sur les oreilles. Fuir les mots. Elle se mordit la lèvre inférieure. Elle avait envie de pleurer, mais si il y avait bien une chose qu'elle n'aimait pas, c'était cela. M*rde. Elle inspira un grand coup, essayant de se reprendre. Mais une seule inspiration ne suffit pas. Ainsi, elle réitéra la chose jusqu'à ce que cette émotion se soit calmée. Et elle ôta ses mains. Tout doucement. Rouvrant les yeux avec lenteur. Cessant peu à peu de se mordre. Ses paumes tremblantes retombèrent mollement de part et d'autre de son corps. Elle s'éclaircit discrètement la gorge. Maintenant, il fallait surmonter les obstacles et parler.

- J'pourrais jamais t'frapper, idiot. T'sais très bien qu'j'en s'rais incapable.

Une autre inspiration. Elle referma les yeux et arqua légèrement les sourcils. Ses mains se serrèrent lentement en poings sans force.

- Arrête de t'trouver des excuses. C'ma faute, pas la tienne. Pour qu'tu m'évite, j'ai dû faire un truc... Un truc qui t'a pas plu. Quelqu'chose de mal. C't'obligé.

Elle pencha la tête en arrière, ignorant le fait que son crâne frappe le mur carrelé. Nouvelles inspirations. Mais elle n'avait pas la force de rouvrir les paupières.

- Et arrête de t'faire du mal, Lu'. T'es d'jà bien assez amoché comme ça, pas la peine qu't'en rajoute.

Ses poings se serrèrent un peu plus fort et ses sourcils retrouvèrent leur place initiale. Une larme vint s'écraser sur sa peau. M*rde, c'était tout ce qu'elle ne voulait pas. Elle se fit force pour que d'autres perles salées ne puissent pas couler de ses yeux clos. Elle avait l'impression d'être un pantin sans vie. Ces derniers mois, elle avait tout fait mécaniquement. Robotiquement. Elle mangeait parce qu'il fallait manger – et encore, elle ne se privait pas de s'en soustraire parfois –. Elle buvait parce qu'il fallait boire, s'hydrater. Elle dormait parce qu'il fallait dormir; même si ses nuits n'étaient que rarement entières. Elle était fatiguée moralement, c'était une réalité. Mais elle lui avait promis de vivre... Alors elle vivrai.

- Pourquoi... Tu parles d'Liam? Il est plus là, à c'que j'sache.

Besoin d'air. D'air frais. Vite. Elle se fit force pour rouvrir les yeux. Rassemblant le peu d'énergie qui lui restait, elle souleva son corps; mais dût malgré tout s'aider des murs et des lavabos. Ses jambes étaient cotonneuses. En fait, elle avait la désagréable impression que ses jambes étaient en train de se dérober sous elle. Elle se dirigea laborieusement vers la seule fenêtre de la pièce et l'ouvrit en grand. Elle resta accrochée à la poignée et inspira longuement l'air nocturne. La nuit était pourtant si apaisante. Elle regarda un instant les étoiles, puis le ciel... Et remarqua qu'il n'y avait pas de Lune. La nuit était sombre. Un courant d'air s'engouffra dans la salle de bain : Visiblement, un(e) surveillant(e) avait dû ouvrir l'une des fenêtres du couloir. Bah, ça n'avait aucune importance. Elle se tourna à moitié vers le corps étalé par terre.

- Tu sais, j'ai jamais rien fait d'bien intelligent d'ma vie. T'as bien vu l'étendue d'ma connerie sur mes bras. Alors t'excuse pas. La plus c*nne d'nous deux, c'moi. Et c't'une certitude.

Elle soupira. Tiens, ses jambes lui semblaient avoir retrouvé un semblant de stabilité. Elle lâcha la poignée de la fenêtre, pour voir... Oui, elle tenait debout. Incroyable mais vrai.

- J'me répète, mais c'pas à toi d't'excuser. J'suis la seule fautive, même si tu t'persuades du contraire.

Sans s'en rendre compte, elle avait passé ses doigts à l'endroit où s'étaient trouvé les mains de Lulu ce jour-là. Quand il avait essayé de la tuer. Mais là aussi, c'était de sa faute. C'était elle qui avait essayé de se suicider, alors il lui avait ''remis les idées en place''. Pas de la façon la plus douce, mais tout de même. Il avait le mérite d'avoir tenté, lui, au moins.

- Y fait pas bon d'vivre avec des regrets, t'sais. Surtout pas à ton âge. Faut qu't'ailles d'l'avant. J'veux pas t'ralentir.

Ses globes oculaires avaient à nouveau dérivé vers l'immensité de la nuit. Elle avait enchaîné les gaffes, depuis qu'il l'avait ignorée. Et elle commençait à en prendre douloureusement conscience. Mais une chose restait indélébile : C'était elle la fautive numéro un. Pas lui. Elle se rejetait toujours la faute de toute manière, alors pourquoi cela changerait-il? Les habitudes ne se perdent pas en claquant des doigts, aussi fort soit-on.
Le Trèfle avait l'impression que la salle avait doublé de volume. Luca lui semblait bien loin, à elle qui était prostrée près d'une fenêtre. Elle s'appuya d'ailleurs contre, puis s'assit prudemment sur le bord. De sa poche, elle sortit quelques brindilles. De la paille. Cela faisait bien longtemps qu'elle n'en avait pas fumé. Elle les regarda longuement, puis en prit une entre ses lèvres. Après avoir fouillé dans ses poches arrières, elle en sortit un briquet et alluma le bout jaunâtre. Puis, elle rangea le briquet et prit une bouffée. Elle n'avait jamais essayé la cigarette, alors elle se contentait de paille. Même si ça paraissait très enfantin. De toute manière, elle n'en avait strictement rien à foutre, de ce que les autres pensaient.
Silence. Et elle tourna lentement la tête vers lui. Elle avait envie de le serrer dans ses bras, mais elle avait peur. Toujours cette peur indescriptible qui l'empêchait d'esquisser un pas vers lui pour aller le prendre dans ses bras. Sortant la brindille de sa bouche, elle la regarda se consumer avec lenteur. Tant pis, ce n'en était qu'une de moins. De toute manière, ça brûlait vite, ce genre de trucs. Une fois le petit bâtonnet presque entièrement consumé, elle le jeta par la fenêtre et laissa ses yeux dériver une nouvelle fois vers les étoiles. Ou plutôt, son seul et unique œil, l'autre étant recouvert du sempiternel as qui lui avait valu son surnom.
Et elle soupira. Elle secoua doucement la tête et descendit du rebord de la fenêtre. Elle s'approcha de l'adolescent. Lentement. Elle avait l'impression que même si elle faisait un pas de géant, elle n'avançait que de quelques millimètres. Une fois arrivée à destination, elle s'accroupit près de lui et le releva. Le prenant dans ses bras, le serrant contre elle. Une main dans son dos, l'autre dans ses cheveux. Elle ferma les yeux, un peu plus paisible qu'auparavant.

- Mais dis-moi, j'fais quoi sans toi, moi, hein?

Cette question, prononcée à voix basse, n'avait en réalité pas vraiment de réponse. L'essentiel, c'était qu'il était de retour. Il ne l'avait pas laissée, lui. Il était encore là. En chair et en os, bel et bien réel. Vivant. Entier. Elle resserra doucement son étreinte.

- J't'aime.

Ces deux mots avaient été prononcés si bas qu'elle doutait qu'il les ait entendus. Mais cela faisait maintenant trois mois qu'elle voulait les lui redire. Parce que ses sentiments ne s'étaient pas amoindris, bien au contraire. Et c'était peut-être ça le plus difficile à supporter. Pour elle, il était comme une drogue. Et quelqu'un qui n'a pas sa dose quotidienne pendant un laps de temps aussi long que trois mois sans être en cure de désintoxication, ça fait des conneries. Inévitablement. Et la ''drogue humaine'' ne faisait pas exception à cette règle.
Il fallait positiver. Ils se retrouvaient enfin. C'était déjà un bon point. Au moins, il ne l'avait pas abandonnée après lui avoir fait promettre quelque chose, lui.
Comme le dit le proverbe : « L'amour pur est une drogue dure ». Et même si l'amour était le plus laborieux des combats, il en valait la chandelle. Même si c'était un combat dont personne ne sortait indemne, et où personne n'était épargné. Le bonheur d'un amour partagé valait au moins mille combats, mille guerres sans merci. Et même si leur relation était tortueuse, ce n'était pas un amour à sens unique. Du moins, si les sentiments du jeune homme envers elle n'avaient pas changé durant tout ce temps. Elle huma son parfum. Le parfum du corps humain n'avait aucun prix. C'était un parfum inimitable. Et le parfum de la personne aimée était certainement celui qui sentait le plus bon. Et celui de Luca... Était plus qu'exquis, pour Rose.

[J'adore ton poste ♥ Mais le mien est un peu faible ... et court T-T]

Encore. Elle recommençait. Elle seule. Portant tout. Elle devait avoir fait quelque chose. Comme une maladie, comme une paranoïa chez elle. Comme si elle ne pouvait pas vivre en se disant que quand les choses tournait mal, ça ne pouvait pas être contre sa volonté, indépendamment de son être.

Extérieur.

Tu as du mal a respirer Rose. Tu me fait peur. Tu étouffe. Tu as de l'asthme ? Ça fait mal ?

Lulu resta collé la contre le sol, avec ses larmes sales qui lui barbouillait le visage en étant attiré par la gravité, force immuable tant qu'on a pas d'ailes, avec son front qui s'engourdissait au fur et à mesure qu'il se noyait sous l'hémoglobine. Les cheveux encore emmêlés. Il ne bouge pas quand elle se lève. Il ne bouge pas qu'elle elle sort sa paille, il ne bouge pas quand elle la jette, il ne fait rien qu'écouter. Écouter en sentant le poids sur ses épaules augmenté, comme pour contredire la jeune fille. Elle voulait tout prendre, et pourtant tout s'alourdissait sur lui. Cette pensée l'étouffait. Penser qu'elle s'enfermait l'étouffait.

"C'est justement parce qu'il est parti que je m'excuse."

Liam n'est plus là. Il faudra s'y faire. Et plus jamais de ton existence entière tu ne pourra le voir, le toucher, le sentir avec toi.

Plus jamais.

Gone.

Lulu réagit pas assez vite quand Rose le releva. Il était déjà entre ses bras avant de s'en rendre compte, il pouvait sentir et entendre le cœur de son amie battre, il pouvait sentir la chaleur de son corps contre sa peau. Une sensation d'autant plus douloureuse tant elle est douce, agréable, indispensable.

La sensation de Liam sur lui avait presque disparut. Parce que lui était parti.

Alors que Rose, elle, était là.

*Qu'est-ce que je ferrais sans toi ?*

Les bras ballants et les larmes pleins les yeux. Pas le droit de lui dire qu'on lui a manqué, parce que c'est nous qu'avons décidé de partir. Pas le droit de lui dire qu'elle t'as manqué.

"J't'aime."

Une nouvelle coulée de larme, puis des bras qui se referment sur elle.

"Merci"

Gratitude. Gratitude pour l'amour reçu, pour l'estime et les sentiments, pour être là.
Pour oser dire qu'on aimait sans condition.

L'étreinte se ressert. L'enfant pleure. Pleure sa faute devant une mère et une amie. Pardon. Pardon. Et merci. Merci infiniment de m'aimer comme tu le fais. Et pour seul réponse, un cœur un peu trop compliqué pour être exprimé par des mots.

"J'ai ... Rêvé de toi tu sais ?"

Un rire nerveux. Ne pas plomber l'ambiance. Être heureux. Par être aussi heureux qu'on le ressent au fond de soi, infiniment. Malgré la fatigue, malgré la souffrance, malgré l'envie de s'effondrer et de laisser couleur la douleur et les larmes, il fallait montrer qu'on était heureux. Lui montrer que tout allait bien.

Lui montrer qu'ils étaient enfin ensemble.

"C'était pas ... Des rêves d'enfants de cœur" Un rire presque expiré, nerveux. "Et je suppose qu'on fait pas ce genre de rêve avec des amis ^^'..."

Même si la voix éraillée tente d'être légère, les bras serrent, serrent, serrent serrent ... Cette fois, en même temps d'être heure,x on a peur.

Peur de ne plus pouvoir se tenir ainsi. Peur que cette sensation ne devienne un souvenir.

Un souvenir doux et douloureux, trop floue pour supporter les sentiments, tel que Fox l'était aujourd'hui pour Luca.

*J'ai tellement peur que ma vie se change en souvenir*

Il répondit à son étreinte. Joie. Elle était heureuse qu'il ne reste pas là à ne rien faire. Il pleurait. Elle passa une main dans ses cheveux, à l'arrière de son crâne. Pour lui montrer qu'il pourrait toujours pleurer sur son épaule. Même si elle n'aimait pas qu'il pleure. Elle n'avait pas compris. Elle s'était perdue. Elle se perdait toujours, d'ailleurs. Et il était là. Dans ses bras. A la serrer contre lui. A rire. Elle sourit en l'entendant rire, même si l'envie n'y était pas. De toute façon, il ne pourrait pas le voir. Elle ne comprenait pas pourquoi il l'avait remerciée. Tout était flou. Chamboulé. Mais malgré tout, elle était heureuse. Heureuse de l'avoir retrouvé. Heureuse d'avoir tenu sa promesse et d'avoir vécu pendant tout ce temps. Même si mentalement, ça l'avait détruite.
Et il poursuivit sa phrase. Son sourire s'élargit alors qu'il riait encore une fois. Puis... Douleur. « Amie ». Elle l'était, certes. Mais il lui avait dit le contraire, ce jour-là... Elle s'enfonçait dans les méandres de la difficulté. La difficulté de penser quelque chose, d'ordonner ses pensées, même. Son regard s'assombrit. Elle s'affaissa légèrement sur elle-même. Mais ne le relâcha pas. Il l'avait serrée contre lui. Mais elle avait mal. Encore. Pourquoi l'amour lui faisait donc toujours autant de mal? L'amour rendait faible. Être amoureux, c'était être faible. Et l'As était faible. Aussi bien maintenant que ce jour-là. Elle se tut. Ne sachant que dire. Restant immobile. Comme une poupée, une marionnette. Manipulable.
Et finalement, elle reprit la parole. Doucement. D'une voix légèrement éraillée. Presque dans un soupir.

- J'comprends rien à c'que tu dis, Lune.

Elle laissa ses paupières se clore une nouvelle fois. Lasse. Lasse de vivre, lasse d'être perdue. Lasse d'être ce qu'elle était. Et elle se sentait lourde. Comme clouée au sol. Mais elle poursuivit malgré tout sur sa lancée.

- J'comprends pas pourquoi tu m'parles d'Liam alors qu'il est même plus là.

Une petite pause. Elle se sentait fade. Pâle. Morne et terne. Et trop banale, aussi. Pourquoi elle, alors qu'il y avait d'autres délinquantes ici? Alors qu'il y avait même d'autres dépressives? Pourquoi tout cela lui tombait-il dessus?

- J'comprends pas pourquoi...

Elle ferma plus fort les yeux et détourna légèrement la tête. Mal au coeur. Un coeur qui criait. Qui se déchirait. Lentement et douloureusement. Elle avala rapidement sa salive. Il fallait qu'elle continue. Sans quoi, elle ne serait plus capable de le dire un jour.

- J'comprends pas pourquoi tu m'dis aujourd'hui qu'chuis qu'une amie pour toi alors que c'jour-là, t'm'as dit l'contraire.

Elle le serra un peu plus encore contre elle. Pour éviter qu'il ne s'enfuie, bien que ce soit elle qui ait envie de s'en aller en courant. Peut-être aussi pour sentir qu'elle était là avec lui, et qu'elle n'était pas juste du sable qui filait entre les doigts de quelqu'un. De quelque chose. Elle perdait pied. Aujourd'hui plus que jamais.

- T'm'as dit qu'tu m'aimais.

Elle ne voulait pas savoir s'il avait été sincère ou non le jour où ils s'étaient donnés l'un à l'autre. C'était peut-être mieux. Et puis après tout, s'il avait menti, ce n'était peut-être pas plus mal. Sa vie à elle n'était qu'un gros mensonge, quand on y pensait bien. Et elle était certaine que c'était elle qui aurait dû mourir le jour de sa naissance. Pas son jumeau. Timothy aurait d'avantage mérité de vivre qu'elle.
Et désormais incapable de stopper son flot quasiment ininterrompu de paroles, elle poursuivit. Pour dire ce qu'elle avait sur le coeur. Dire ce qu'elle avait retenu pendant trois longs et laborieux mois. Ces trois mois loin de lui. Ces trois mois où elle ne vivait presque qu'en se souvenant. Douloureux mois.

- Alors me r'mercie pas d't'aimer.

Il fallait qu'elle ajoute quelque chose. Il fallait qu'il y ait un « parce que », et qu'elle continue de parler. Pour contenir son envie d'hurler. De s'égosiller, même. Et elle continua de parler. Pas de la manière dont elle le voulait, mais elle continuait. Les mots fusaient de sa bouche comme les flammes d'un feu.

- Remarque, si j'dois êtr' qu'une amie pour toi, j'le s'rais. Tant qu'ça fait ton bonheur. Demande, je f'rai. Dis-moi d'disparaître et jamais tu me r'verras. J'veux pas qu'tu sois détruit par ma faute.

Elle le serra encore un peu plus. L'étouffant presque, tout en veillant à ne pas le faire. Tout en continuant de lui caresser les cheveux. Tendrement.

- Si t'as dit vrai y a trois mois, t'fais la plus grosse erreur d'ta vie. A bien y réfléchir, c'mieux si t'as pas été sincère. J'ferai que t'faire souffrir. Et ça j'veux pas.

Paradoxale. Voilà ce qu'elle était. Elle se contredisait elle-même et le pire, c'était qu'elle le savait. Elle s'en rendait bien compte. Mais ses dires étaient dans le même état que ses pensées : Emmêlés, désordonnés. Sans aucun sens. Sans dessus dessous.
Et aussi brutalement qu'elle avait commencé, elle se tût. Comme si une voix lui avait dit « ferme ta gueule ». Comme si c'était Arktos qui le lui avait ordonné. Or, pour une fois, il ne lui avait rien soufflé. Il ne la contrôlait même pas. Et pour tout dire, il n'était même pas là.
Elle relâcha un peu son étreinte. Elle avait l'impression d'être en-dessous de tout sans savoir pourquoi. Ni comment. Elle en avait juste l'impression. Et les impressions ne se contrôlent pas. Il faut les vivre pour les comprendre. Et là encore, ce n'était même pas sûr qu'on puisse y comprendre quoi que ce soit. Tels étaient les mystères des interminables dédales de la psychologie et des ressentis.

m*rde, m*rde m*rde.

On savait tous que Lulu n'était pas doué avec les mots. Mais quand même, ne pas arriver à se faire comprendre à se point, faire de telles bourdes à ce point, c'était assez fort. Comment expliquer tous ça simplement ?

Comment ne pas se tromper dans ses mots ?

Comment faire comprendre à Rose que pour lui, la seule chose qui comptait, c'était d'être avec elle ?

Respirer, fermer les yeux, Reprendre son souffle et chasser les larmes, chasser la douleur au creux du cœur et sourire, tout reprendre depuis le début.

"Tu n'as pas besoin de faire comme si t'étais mon amie. Tu l'es. Ce que je t'ai dis ce jour là, c'est parce que je trouvais que c'était pas suffisant. C'est vraiment ..."

Avale ta salive, pose toit sur tes deux jambes pour la prendre dans tes bras, plus doucement, pour te poser sur sa tête et respirer. Reprends ton clame.

"I think ... Now I think that "Ally" is a better word instead "firend". But at the end this is the same for the others. It's just for me. For me it's different."
[Je pense, maintenant je pense que "allié" est un meilleur mot plutôt que "ami". Mais à la fin c'est les même chose pour els autres. C'est juste pour moi. Pour moi c'est différent.]

Il faut que je te dise tout alors ? Que je t'explique la moindre parcelle de ma pensée ? Que je te fasse comprendre jusqu'à la dernière miette de mon être ?

Ça m'aurais fait peur.

Si ça n'avait pas été toi.

"Avant ... Avant ce jour là, non, jusqu'à ce que tu recommence à te mutiler sérieusement, tu as toujours été "là". Tu étais "avec moi". Je pense que je suis le seul à faire la distinction, mais j'ai beaucoup d'ami qui ne sont pas vraiment "là". Ps quand j'en ai besoin. Pas quand j'ai besoin de ressentir que j'ai quelqu'un à côté de moi."

Lulu se recule d'un pas et incline sa tête pour la relever afin de dégager une mèche de cheveux de son visage pour se mettre face à elle.

"Tu étais là. Alors avant de ressentir quoi que ce soit pour toi, c'est ça que je ne veux pas perdre. Plus jamais. Appelle ça de l'amitié ou de la confiance ou tout ce que tu voudras, je veux juste que tu sois là."

Une main glisse du dos de la brune jusqu'à son visage, caressant tendrement sa joue alors qu'il lui lançait un regard maladroitement mélancolique, inquiet et tendre :

"Et je veux que tu me dise comment puis-je être là comme tu l'es pour moi, c'est tout."

Cette partie là était tellement compliquée à exprimer ... Il n'était même pas sûr d'avoir été suffisamment clair. Il n'était pas clair. Il le savait. Mais rien n'était clair, et certainement pas dans sa tête, certainement pas entre eux deux.

Luca baisse enfin les yeux en avant sa salive, puis lance un sourire bêta à la borgne avec un rire un peu forcé :

"Après ça n'empêche pas que ouais, j'te kiff."

Alors là, c'était plus que clair. Plus que clair.

Oui, Luca était raide dingue de Rose. Après ce truc qui va plus loin, autrement plus loin qu'une simple amitié, il y avait le fait qu'il avait envie de passer son existence entière avec cette fille. Ne jamais perde le contacte qu'ils avaient. Ne jamais la perde, c'est tout.

Un autre rire jaune.

"Je suis prêt capitaine. Tu pourras me faire autant de mal que tu voudras, je renoncerais pas à mes rêves où tu est toute nue dans de la crème pâtissières ^////////^"

Lu, ou le mec (ou presque) vraiment pas doué.

Rose se perdait. Il n'y avait pas d'autre mot. Elle se sentait bien, là, contre lui. Elle n'avait pas vraiment envie de bouger de là. Tout avait beau être compliqué, flou, biscornu et emmêlé entre eux, sans dessus dessous dans sa tête, elle aimait être contre lui. Il se redressa légèrement et posa sa tête sur la sienne. Elle ferma les yeux, écoutant son coeur battre, écoutant sa respiration. Buvant ses paroles, aussi. Un sourire heureux se dessina sur les lèvres de la brune. Il lui releva la tête et lui écarta une mèche de cheveux du visage, avant de lui caresser tendrement la joue. Elle appuya doucement la joue contre sa main, posant sa main sur le dos de ladite main du damoiseau. Elle rit légèrement en entendant la suite de ses paroles.

- D'la crème pâtissière, carrément? Waow.

Elle ne l'avait pas remarqué, mais elle s'était mise à rougir un peu. Elle ne savait pas quoi dire, quoi répondre à chacun de ses dires.

- Je s'rais là. Et tant qu't'auras b'soin d'moi, j's'rais toujours là pour toi. Tant qu't'es là et qu'tu pars pas, ça m'va.

Oh, bien sûr, elle savait qu'elle était condamnée à partir de l'Institut avant lui. Pourtant, elle voulait y croire. Elle voulait penser qu'elle réussirait à rester un ou deux ans de plus, et qu'ils puissent partir ensemble. Vraiment... Cela suffirait à faire son bonheur. Elle ne voulait plus qu'ils coupent les ponts l'un avec l'autre : Même si dans une vie, trois mois, ce n'était rien; le temps vécu lui avait paru infiniment long.

- J'veux plus qu'on soit séparés, plus jamais.

Elle se redressa à son tour et le prit contre elle, le serrant fort dans ses bras. Elle prit une grande inspiration et poussa un soupir heureux. Après l'avoir gardé dans ses bras durant quelques longues minutes qui lui parurent trop courtes, elle s'écarta de lui et lui tendit son petit doigt.

- J'veux qu'tu me l'promettes.

Pour elle, c'était symbolique : Une promesse faite et jurée par l'entremêlement des deux petits doigts était vouée à être tenue. En tout cas, chaque sermon du petit doigt qu'elle avait effectué avait été tenu. Coûte que coûte. Et qu'importait si cela faisait gamin! Elle se contrefichait bien de l'avis des autres.

(HRP : Pardon pour l'immense retard v_v' Et la taille de mon post laisse à désirer, aussi T.T).

[pas grave, on connait ça ^^]

Plus jamais ce froid, plus jamais cette morosité. Ce qui était là était un cocon rougeoyant, l'avenir était flou, mais Lulu pensait y voir un arc-en-ciel.

Lulu le pensa aussi.

Oui, plus jamais.

Un éloignement, tout petit, trop grand. Un petit doigt qui se tend.

"J'veux qu'tu me l'promettes."

C'était tellement clair, tellement simple : il suffisait de faire pareille, et le pont qui enjambait le vide était complet, et ils étaient de nouveau ensemble. Et cette fois, pour toujours. Ce toujours qu'on ne sait plus trop ce que ça veux dire, qu'on ne sait pas si ça dure. Mais ce qui est sur, c'est que ce simple Toujours avait un poids si immense qu'on ne pouvait l'invoquer qui si nos sentiments avaient la taille, l'intensité d'une tornade, d'un ouragan. Ce toujours qui est là, qui se prélart, et qui nous envahit dès qu'on entre dedans. Ce toujours qui ne se termine jamais à nos yeux, qui n'a pas d'horizon, horizon emporté par le tourbillon. Peut être la tempête s'arrêtera-t-elle un jour, mais sur le moment, quand on invoque ce toujours, il est vrai, il est là. Le poids du mot Toujours est bien là.

Lulu lève la main, puis soudain :

"Attends"

Il lui fait signe de rester là, fait un pas vers sa mallette, s'agenouille, l'ouvre avec dextérité, cherche, fouille, retourne. Il se passe la main sur le front : sa main en ressort ensanglanté : son front saigne encore. Pourtant il est incapable de se concentrer sur la douleur. Il cherche, cherche ... Et trouve.

Une paire de ciseaux l'accompagne lorsqu'il se relève, se tourne au quart pour faire face à la glace.

C'est drôle. Ces cheveux longs, il s'y était presque habitué. Il sourit à son reflet dans le miroir, croyant presque voir Lucy enfance de lui : l'idée qu'il se faisait de la vrai petite Lucy : les cheveux longs et un sourire niais sur le visage. Il regardait presque ce reflet tendrement, il le sentait : Lucy était heureuse, là.

Lulu clos ses paupière, une main passe dans ses cheveux une dernière fois, puis passe par la nuque et les attrape en queue de cheval haute, tient le crin solidement et glisse les lames de métal tout près de son crâne.

Un coup, d'un seul.

Shlack

Lulu, debout, deux cheveux à ses pied, le reste dans sa main, à l'autre la paire de ciseaux. Les bras le long du corps, le corps droit. Un grand vide derrière la tête, les cheveux trop court. Lu relève simplement la tête pour faire retomber sur son visage les cheveux de devant. Quelques mèches longues encore ci ou là, un carré plongeant sale.

Plus de mèche de couleur.

Lulu ouvre les yeux et fixe le miroir, puis sourit et secoue sa tête pour faire tomber encore quelques cheveux isolés, perdus, puis se tourne avec un grand sourire vers Rose, un filet de sang sur le coin du visage, les cheveux en bordel, mais court.

Pour la première fois depuis près de huit ans, Lulu a l'entièreté de ses cheveux de couleur naturelle : châtain-roux.

Il laisse simplement choir la paire de lame sur le carrelage et s'avance vers la brune pour tendre la main vers elle en ployant tous ses doigts, sauf le dernier. Un regard vers elle, et puis sans plus attendre, il lui attrape le petit doigt ballant avec le sien et le serre fort, et secoue de haut en bas en rythme.

Un rire.

"♪ Si je brise ma promesse, ♫ ..."

Un regard, les yeux rieurs, puis simplement tendre. Comme une tinte d'inquiétude dans la lueur heureuse de ses yeux, son front un peu plissé entre les sourcils. Un très court silence. Un sourire étrange.

Pas triste. Comme celui qu'on fait à un enfant ou un ami qui fait des connerie et qu'on pardonne. L'espèce de sourire inquiet et triste qui ne l'est pas. On est heureux, et pourtant, ce genre de sourire ...

Puis sa bouche se clos, ses yeux suivent. Une voix douce, calme, puis un peu éraillé et tremblante sur la fin, comme de peur :

"... ♫ J'a-va-l'rais ♫ Mille ai-gu-illes ♪"

.

Lulu se penche, effleurent brièvement les lèvres de Rose des sienne et se relève en rouvrant les yeux. Un grand sourire. Un sourire de gamin.

"Plus jamais loin de toi. Je te promets."

Une promesse. Ce genre de promesse paraissait, pour Rose, si facile. Trop facile. Trop facile pour être vrai. Trop facile pour être réel. Elle avait du mal à y croire. Elle regarda la main de l'adolescent avec un regard plein d'espoir... Jusqu'à ce qu'il lui demande d'attendre. Elle se figea, un peu inquiète : Refuserait-il? L'incertitude était la pire des tortures. Elle tourna lentement la tête, le suivant du regard alors qu'il fouillait dans sa mallette. Le petit doigt toujours ridiculement relevé : Elle était incapable de le rabaisser. Elle ne pût empêcher ses yeux de s'écarquiller légèrement en le voyant prendre des ciseaux : Minute, qu'est-ce qu'il voulait faire? Elle le regarda. Attentivement. Sans bouger. Il se passa une main dans les cheveux, avant de les prendre en queue de cheval. Et que finalement, la lame ne vienne les couper. Quelques cheveux épars tombèrent au sol, alors qu'il restait les ciseaux dans une main et les cheveux dans l'autre. Cela lui faisait un peu bizarre de le voir sans sa mèche, mais le Lulu qu'elle connaissait était à nouveau là, avec ses cheveux courts. Un peu trop courts par endroits. Quelqu'un avait-il seulement déjà pu le voir avec la totalité de sa tignasse de la même couleur? Pas à ce qu'elle sache. Cela la flattait un peu d'être la première. Elle lui sourit, alors qu'il laissait tomber les lames d'acier au sol, après avoir secoué la tête. Elle fût un peu surprise de la vigueur avec laquelle il lui saisit le petit doigt, mais cela la fit sourire un peu plus. D'ailleurs, son sourire s'élargit encore quand elle l'entendit réciter la mélodie. Elle se sentait étrangement sereine. Étrangement bien. De son autre main, elle dégagea une mèche de cheveux derrière son oreille. Malgré les dernières paroles qu'il prononça, elle ne pouvait s'empêcher de sourire. Attendrie. Elle ne bougea pas quand il lui effleura les lèvres, et son sourire se fit le plus grand possible quand il lui en offrit un enfantin. Vraiment, ils étaient des gamins, quand ils étaient ensemble. Et ce malgré leurs âges. Elle pencha légèrement la tête sur le côté.

- Merci.

De son autre main, elle alla prendre les cheveux dans la main de Luca. Déliant à regret leurs doigts, elle se dirigea vers la poubelle la plus proche. Mais elle ne jeta pas le tout, non. Elle prit un petit élastique dans sa poche – elle se demanda d'ailleurs brièvement ce qu'il faisait là –, puis garda la mèche verte en main. Les autres cheveux, eux, finirent leur course au fond du récipient en plastique. Elle noua ensuite l'élastique autour du reste de la mèche verte, puis se retourna vers lui en l'exhibant presque fièrement. Un sourire d'enfant encore collé au visage.

- Ca t'dérange, si j'la garde?

Elle n'attendait pas vraiment de réponse à cette question – qui n'en était d'ailleurs pas vraiment une –. Elle ignorait même pourquoi elle tenait tant à garder cette mèche. Mais bon. Elle la glissa dans l'une des poches de son chemisier, bien qu'elles soient assez petites et discrètes. Puis elle revint vers lui, les bras grand ouverts, venant lui offrir un tendre câlin. Après quoi elle rompit l'étreinte et se mit à genoux devant lui, enroulant les bras autour de sa taille, appuyant la joue contre son bas-ventre. Juste par envie. Elle ferma les yeux, laissant un petit soupir d'aisance grimper le long de sa gorge. Elle se fichait éperdument de l'heure qu'il pouvait bien être. Elle voulait juste rester avec lui. Qu'ils se retrouvent. C'était dingue : A peine trois mois étaient passés, et elle avait l'impression que ça faisait un an. Elle resta un moment comme ça, le serrant contre elle. Profitant de sa chaleur corporelle, rien qu'un instant encore. Puis, elle rouvrit les yeux, redressant légèrement la tête sans pour autant que sa joue ne soit décollée du ventre de son ''ami''. Son si précieux ami.

- J'y pense! Si j'gardes une d'tes mèches de ch'veux, c'pas juste qu'tu gardes rien d'moi!

Non, il n'y avait aucun sous-entendus dans sa phrase, bien qu'elle puisse prêter à confusion. Elle recula doucement, cessant de le ceinturer et le regardant sans cesser de sourire. Elle posa les yeux sur le carrelage et parcourut le sol du regard, jusqu'à trouver les ciseaux. Elle allongea le bras et les prit, puis se prit une mèche de cheveux entre les doigts. Sans s'aider du miroir et en se servant uniquement de son œil valide, elle se coupa une mèche, avant de se redresser un peu pour poser l'ustensile métallique sur le rebord du lavabo. Elle tint ensuite sa mèche en l'air, avec toujours cet air un peu joueur plaqué au visage.

- Eh voilà.

Elle prit ensuite la main de Lu' dans la sienne, entrelaçant leurs doigts. Honnêtement, elle préférait largement avoir l'impression de lui être inférieure. Oui, étrangement, elle préférait qu'il soit plus ''grand'' qu'elle. Qu'il la domine, en quelque sorte.

- J'vais m'répéter, mais... J't'aime.

Comme quoi, quand elle s'y mettait, elle était pire qu'une gamine. Une véritable petite fille. Ils s'étaient promis de sortir ensemble de l'Institut. De repeindre ensemble le monde gris des adultes et de lui redonner toutes les couleurs, si pétillantes, de la vie. Elle n'avait pas oublié. Et elle n'oublierait jamais la promesse qu'ils venaient de se faire : De n'être plus jamais loin l'un de l'autre. Au pire, elle soudoierait le sous-directeur – après tout, c'était un homme, il avait des besoins à assouvir; même si cette perspective ne l'enchantait guère –, mais elle trouverait un moyen de rester avec lui. De toute manière, pour lui, elle était prête à tout. Absolument tout. Il pourrait lui demander de lui décrocher la Lune qu'elle ferait son possible pour exaucer ce vœu. Aussi dur cela puisse-t-il être.

(HRP : Désolée, c'est court... Et à nouveau, pardon pour le retard >_<.)

[Cours ?? Tu te fiche de moi xD C'est moi qui suis trop courte là ! C'est parfait. Et puis c'est le bon timing pour moi ♪
La mèche n'était pas rouge à ce moment là ?]

On va pas s'attarder. On va pas s'attarder à dire et à répéter indéfiniment l'immensité de la joie qu'éprouvait Luca en ce moment même. Parce que ce serait tout simplement trop long, et trop peu, trop léger à la fois. Comment décrire le poids, la grandeur infinie, incommensurable d'un tel bonheur sans alourdir de mots inutiles l'envolée des impressions fraiches et chaleureuses, comme une douce fièvre trop puissante, comment ne pas se perdre dans le faux et le vide quand il faudrait, numériquement, une infinité de mots et de signes pour faire le portrait d'un tel ressentit ?

Comme un déséquilibre constant. Parce qu'on respire trop, parce qu'on est trop heureux de flotter dans les airs, on se perd, on s'étouffe avec la joie et le bonheur, et le fait de s'étouffer avec nous rend encore plus heureux.

Les mots sont contradictoires.

Parce qu'il n'y a pas de vrai mots pour le peindre.

Et ce bonheur immense, sans mesure, sans fin, il trouvait son commencement dans quelques mots.

Dans un petit geste.

Dans une expression toute simple.

Dans une mèche de cheveux déposé dans sa main.

Elle pouvait tout faire de lui, il dirait oui à tout. Et chacun des souvenirs serraient gardés précieusement. Chacun de ses gestes et de ses sourires. Il avait peur de les oublier tant il les trouvait merveilleux et lui si défectueux pour ce qui était de sa mémoire ... Et de tant d'autres choses encore !

Autrefois, c'était sans doute le désir d'être materné qui l'avait amené à aimer Rose.

Aujourd'hui, comprendre qu'il avait "une fille à lui, pour lui", ça le rendait heureux. Ou plutôt non : il avait une rose, et c'était cette Rose qu'il désirait garder pour toujours.

*Parmi toutes les fleurs que l'on m'offrira, je ne chercherai que la tienne*

Tes sourires sont trop grands.

Tu aimes.

Lulu resserra ses doigts entrelacés sur les sien avec un sourire satisfait en l'attirant doucement vers lui pour embrasser son crâne avec tendresse. Son coeur était accroché à une montgolfière à des kilomètres de hauts, soulevé, encore tout battant dedans et hors de sa poitrine. Il ne savait plus vraiment. Il s'en fichait un peu. Il savait que sa fleur pouvait tirer sur la corde à tout moment pour le ramener et le garder, qu'elle avait le droit même de le broyer de ses jolies petites mains, de ses doigts de fée, qu'elle pouvait même le dévorer de sa bouche divine :

Et ce parce qu'elle prononçait ces tout petits mots :

"J't'aime."

Il souriait. Sans doute au fond de sa tête, la petite fille en robe blanche pleurait de joie. Lui, il n'avait plus le droit. Et tant mieux peut-être. Il avait envie de se montrer fort, fort pour sa fleur sanguine, fort pour qu'elle n'ait jamais peur. Un grand sourire élargit, un chuchotement :

"Bon d'accord tu m'as eu. J'te kiff pas, j'te voue un culte."

Dressez un temple à ma Déesse du bonheur, à ma Sainte guidant mes pas à chaque seconde, qui se tourne vers moi chaque fois que je me tourne vers elle, qui peu importe le nombre de fois où le temps que je lui tourne le dos, revient et me berce, revient et reste mienne.

Dressez un temple à me Déesse du Bonheur.

Avec moi pour toujours.
Avec toi pour toujours.

Le bonheur, nous, ce sera beaucoup de couleur.

La seule chose à dire, c'était que Rose était heureuse. Incommensurablement heureuse. Trop heureuse pour pouvoir mettre un mot sur ce sentiment : Elle était beaucoup trop heureuse pour qu'un seul mot suffise. Elle avait l'impression que des ailes avaient poussé sur son coeur, et qu'il lui avait transpercé la poitrine pour s'envoler au loin. Allégresse. Elle voulait que ces instants durent éternellement. Encore, et encore, et encore. Elle sourit encore d'avantage, si c'était encore possible, en le sentant resserrer leurs doigts, l'attirer vers lui. Un sourire qui s'élargit tellement quand il lui déposa un tendre baiser sur le crâne qu'elle avait l'impression qu'il s'étirait jusqu'à ses oreilles. Heureuse, tout simplement. Et elle n'avait jamais ressenti un bonheur si intense. Si indicible. C'était bon. Comme une sucrerie trop fragile et dont il ne faut pas abuser, mais qu'on dévore quand même comme un(e) sauvage. Tout en veillant à ne pas la casser, bien sûr. A son chuchotement, elle rit doucement, attendrie.

- Un culte? C'un peu fort, non?

Elle avait opté pour un ton léger. Un culte... Comment un mot si riche en significations pouvait-il lui être destiné? C'était délicieux. C'était exquis, de se sentir aimé(e). Bon sang, elle était dépendante. Dépendante à lui. Il était sa drogue, ou presque.


Elle ne voulait plus qu'ils soient séparés. Plus jamais. Ils en souffriraient trop, l'un comme l'autre. Ou bien pensait-elle cela pour se rassurer? Peu probable, m'enfin bon. Sait-on jamais, les esprits étaient si complexes. Elle voulait juste, présentement, rester comme cela. Longtemps. Pour toujours. Pour l'éternité si c'était possible, mais personne n'était éternel(le). Et le temps continuait de passer. Par la fenêtre ouverte filtrait une légère brise fraîche : La nuit s'était donc totalement abattue sur le domaine. Tant mieux, tant pis. Quelle différence, au fond? Ils étaient ensemble. Et c'était tout ce qui comptait pour elle à cet instant.

(HRP : A vrai dire, je sais plus xD Il me semble qu'elle était encore rouge oui... Quoique... Bref. Désolée, c'est lamentablement court >.> J'éditerais si il faut. Et j'ai un affreux retard >.<).

[Pas de problème, moi aussi je sais plus quoi faire et je suis en mode invisible @@]

Non. C'est même faible. Enfin j'aimerais bien dire que c'est trop faible.

Mais c'est exactement ça. Pile ce qu'il fallait pour décrire ce que je suis à toi désormais. Les gens comme nous sont les seuls à comprendre. Quand on s'attache à quelqu'un, c'est pour toujours, comme juré sur un organe, la main, l'œil, le foie. Et ça fait tellement mal quand ça lâche qu'on a envie de prendre un couteau pour reprendre notre du.

Toi, on a tout dit ; tout est dit, tout est clair. Je le promets. Je le promets. J'avalerais ces milles aiguilles où je réaliserais que j'ai cessé de t'apporter chaque jour l'offrande, le sacrifice que tu mérites. Tu es devenue la déesse de mon univers, et ta colère fera tout trembler dans mon monde : tu pourra abattre toutes les abominations possible, car c'est ton droit, ton droit de punir celui qui oublie qui a fait son bonheur.

Dans ses doigts entrelacés aux siens, Luca mit une légère force, une pression infime, comme pour accrocher, avec elle, bien plus qu'il ne le fallait, leurs mains. Respirer était d'un agréable ... Il se sentait brûler alors qu'il faisait si froid ici !

Lulu serra la mèche de cheveux ébène et s'éloigna légèrement de Rose :

"On s'les cailles. On rentre ?"

Yep. Il était grand temps de rentrer. Avec un grand sourire attendrit, Lulu attendit l'approbation de sa fleur pour prendre ses affaires et partir : elle avait peut-être quelque chose à faire ici, encore. Mais quand à lui, il n'avait plus rien à ajouter. Il était venu et ne regrettait rien. Il aimait Rose, la seule et unique Rose qu'il aimerait jamais, et la chérira comme le petit prince. Peu importe le champs de fleur, sa Rose était la sienne, et c'était ça qui faisait qu'elle était un trésor.

Et le plus drôle c'est que cette Rose, c'était une fille, c'était une femme. Un être humain, doué de sentiment. Comment s'imaginer qu'un être humain accepterait d'être la Rose de Lulu ?

Tu es bien folle Rose.

Folle amoureuse.

Peut-être que ça te passeras.

Pas lui en tout cas.

Rose aurait voulu que ce moment dure éternellement. Malheureusement le temps, perpétuel ennemi de tous et pourtant imbattable, jouait contre eux. Et pourtant... Elle serrait la main de son ami dans la sienne, fort, comme si sa vie en dépendait. Comme si sa vie ne tenait qu'à un fil : Le fil rouge qui reliait leurs doigts. Okay, cette légende avait l'air un peu légère vu le cas, mais tout de même. C'était exactement ce qu'elle ressentait. Son coeur était accroché à ce fil, qu'elle espérait impossible à couper. Même si d'un autre côté, elle savait que tout était périssable, condamné à disparaître, à s'évaporer d'une manière ou d'une autre. Mais elle voulait y croire. Elle voulait toucher le bonheur du bout des doigts, pour une fois dans sa vie. Malgré le lieu dans lequel ils étaient tous deux. Et malgré pas mal d'autres facteurs. Elle voulait croire qu'elle pouvait espérer, rien qu'un peu. Cela ne pourrait faire de mal à personne de toute façon, à part à elle. Elle redressa un peu la tête quand il se détacha, légèrement fort heureusement, d'elle. Et elle sourit en entendant sa remarque. Sans rien répondre dans un premier temps, elle hocha doucement la tête.

- D'acc'.

Elle se releva, lâchant à regret la main du jeune homme. Il était temps de partir, à présent. Elle se redirigea vers la fenêtre qu'elle avait ouverte un peu plus tôt et la ferma, avant de se remettre à marcher en direction de son ami, son amour. Un sourire étirant ses lèvres badigeonnées de noir. Un sourire semblait-il heureux. Elle récupéra ses affaires et attendit cet adolescent qu'elle aimait tant, qui occupait une si grande place dans son coeur et son esprit. Le jour où elle serait trop vieille pour rester à Teenagers... A vrai dire, elle n'avait même pas envie d'y penser. Parce que penser qu'elle pourrait le perdre la torturait, si fort et si douloureusement qu'elle aurait pu crier mille fois sa peine. Soit elle trouverait un moyen quelconque pour rester quitte à user d'une triche quelconque, soit elle se débrouillerait pour rester dans les parages et pouvoir malgré tout le voir. Cela lui ferait trop mal de le perdre. Et à dire vrai, si elle venait à le perdre, son suicide serait sans doute précipité, la douleur étant trop difficile à supporter. Dire qu'il avait été le seul qui avait failli la tuer, le seul avec lui elle s'était offerte à l'Institut... Non, vraiment, elle n'osait pas imaginer qu'elle pourrait le perdre. Ce serait une trop grande torture.

(HRP : Désolée, c'est court >< En plus, j'ai un affreux retard. Pardon, je ne suis pas excusable T.T).