La descente aux enfers est toujours la solution la plus simple, celle que les fainéants utilisent et dont les pécheurs s’efforcent d’atteindre avec hâte. Une descente lente et pénible, plongée dans l’obscurité du néant, on vous laisse seul face à vos problèmes, à vos peurs, vos angoisses et vos envies. La nuit révèle chez l’homme ce qu’il ne sait pas encore, ce que l’on garde pour sois, ce qu’on fait dans le noir et qu’on espère garder secret. Celui qui se transforme en bête se délivre de la douleur d’être un homme. Cela faisait déjà plusieurs heures que le ciel avait enveloppé les étoiles de son sombre manteau, la lune reflétait simplement la conscience d’être une bête chez l’homme. Tout va en se mourrant. La douce odeur de l’obscurité qui s’évadait à travers la nuit et même ce magnifique paysage ne pourrait rendre à l’homme son humanité. Un rayon lunaire se dessinait sur les épais rideaux qui masquaient la fenêtre. Un petit vent frais qui venait de la fenêtre les faisait valser légèrement, tels des voiles. Ce mouvement était le seul perceptible dans la pièce.

Regardant par la fenêtre, je ne bougeais presque pas, seuls mes yeux trahissaient mon enthousiasme à admirer l’intensité de ce ciel. Je semblais complètement ailleurs et j’étais un peu enterré dans mes pensées, sous ces questions existentielles dont la réponse ne sera sue que plus tard, voir jamais. J’avais appris à voir les choses comme elles étaient, je ne suis pas un de ces utopistes, pensant que le monde s’arrangera. Ce n’est qu’un mensonge et naïf de penser une chose pareille. On ne peut prétendre l’existence d’un tel paradis, le bien être n’est que dans les contes de fées et ici, personne n’en vit un. Peu importait, il se faisait tôt et l’ennui commençait à envahir la pièce, chose impensable. Il me fallait trouver une occupation et vite.

La buanderie... Quel endroit détestable ! Ce n'était pas une quelconque haine que j’avais envers la propreté, non, au contraire, seulement, que je lave « mes » vêtements été plus désolants. Je n’avais jamais fait ça de ma vie, c’était pas aujourd’hui que j’allais commence. Je sentais l’indignation de cette action qui pèserait sur ma fierté, mais j’en avais vraiment besoin, je me devais d’entretenir un peu mes petites affaires. C’est pourquoi, d’un élan, je pris une chemise blanche au passage, l’enfilant qu’à moitié s’harmoniant parfaitement avec un pantalon noir, je mis la pile de linge sal dans un sac pour enfin sortir de la pièce. Je me foutais pas mal d’avoir réveillé mon colocataire ou encore d’avoir fait trop de bruit, j’avais besoin de faire une lessive et personne ne m’en empêcherait. Tout était calme, rien ne semblait vivre, aucune respiration ne pouvait être écouté, il n’y avait rien. J’étais sûrement le seul levé et j’espérais ne croiser personne, sinon, je le plaindrais le moment venu ou mon humeur s’abattrait sur ce malheureux.

Entamant le couloir d’un pas festif, je marchais fièrement, triomphant d’avoir tuer l’ennui par une idée, détestable certes, mais pas inutile. Il me fallait prendre de bonnes habitudes pour survivre ici et avoir un minimum de classe contrairement au peuple. Une pause, un regard vers une porte, il m’avait semblé entendre un bruit intéressant, puis, plus rien. J’étais déçu. La curiosité est un vilain défaut que je n’arrive vraiment pas maîtriser, et un jour, ça me perdra. Je descendais maintenant les escaliers, marches par marches, un regard profond vers le sol pour ne pas me manger bêtement le sol et m’abîmer pour rien. Un soupir, j’étais enfin arrivé et ça m’avait sincèrement saoulé de marcher à cette heure-là. Ouvrant la porte, je fis un seul pas avant de la refermer par réflexe, je vis une ombre et à ma plus grande surprise, je n’étais décidément pas le seul à avoir eut l’étrange idée de faire sa lessive ce matin-là. Quand il vint à tourner la tête vers moi, je m’apprêtais à lui balancer quelque chose de pas spécialement gentil à la face, seulement son visage m’empêcha toute parole.

Je n’arrivais plus à parler. Sur le moment, je crus avoir une monté d’acide, me renvoyant ma paranoïa habituelle et déclenchant un tri d’images. Fermant et ouvrant les yeux, je pris conscience que cette fois je n’avais pas d’hallucination, c’était la réalité et elle paraissait beaucoup plus étrange que dans mes souvenirs, je ne comprenais pas. Mes yeux se figèrent sur le jeune avant que je ne le fusille froidement par l’intensité de mon regard. Je n’en croyais pas mes yeux, cela faisait bien longtemps que cet individu avait disparu de ma vue et dont le visage me semblait moins proche qu’avant. Finalement un léger rire vint à se faire entendre dans la pièce, accompagné d’un sourire en coin qui se dessina sur mon visage, je dis d’une voix plutôt ironique :

"Qui m’aurait dit un jour que je reverrais Kelly, ici en plus, quelle ironie quand même."

Un autre regard sur ce dernier avant que je n’avance vers lui calmement. J’aurais pu lui sauter dessus, lui arracher les yeux et les donner à mon chat pour me venge, mais je trouvais ça encore trop gentille et surtout bien trop rapide. Je voulais qu’il sache qui est le maître, il allait payer ce total manque de respect envers ma personne. Une certitude.