Seems to be empty. But it isn't. [Kaijuu]

Sujet: Seems to be empty. But it isn't. [Kaijuu] Sam 2 Jan 2010 - 21:47

Si quelqu'un lui avait dit qu'elle viendrait un jour manger dans une bibliothèque, Moon l'aurait traité de psychosé, et lui aurait dit d'arrêter de fumer la moquette. Et en général, le destin prend un malin plaisir à se jouer de nous, et à nous prouver à quel point nous avons tort. La spectrale jeune fille se croyait respectueuse du savoir des hommes et des livres dans lequel il était consigné avec soin. Mais elle n'avait trouvé d'autre endroit que la bibliothèque, boudée par les résidents, et qui était donc hors de la fourmilière qu'était devenue l'institut en cette période de fête.
En effet, même les plus asociaux des teenageriens étaient sortis de leur solitude et de leur somnolence, au moins pour goûter aux différents plats conconctés par chacun.
Même Sacha s'était laissé adoucir par les marrons glaçés. Et ceux qui ne goûtaient pas aux plaisirs de la gastronomie, ils se réchauffaient néamoins au coin du feu, ou erraient en ville à la recherche d'éventuels cadeaux. Pour eux ou pour leurs proches ? Beaucoup n'avaient pas de famille. Mais ils avaient logiquement tous quelqu'un de cher. Quelqu'un à aimer. Quelqu'un qu'il avaient le DROIT d'aimer. Mais pas Moon. Oh, elle avait quelqu'un à aimer, enfin... probablement. Mais elle n'avait absolument pas le droit. Et dans tous les cas, ça n'était pas un sentiment partagé. Alors... Elle avait évité le plus possible le grand blond, pour ce temps là.

Non, décidément, elle détestait les fêtes de fin d'année... Ca la faisait penser à tous les absents. Et en ce moment, notamment à Nikolaï. Et tout était brouillé dans sa tête.
Elle avait aimé par le passé Aleksandr, et tout ça s'était soldé par un échec. Elle avait aimé Gabriel, et elle l'avait carrément assassiné. Elle avait été attirée par Satochi, il avait disparu. Quant à Nikolaï, sa disparition ne tarderait pas à être officielle. Alors, si jamais il refaisait surface, elle se promettait de rester son amie. Même si elle risquait d'avoir du mal. Après tout, maintenant qu'il était parti, il l'avait laissée seule avec celui qu'elle avait aimé. Lui qui voulait pourtant défendre l'amnésie d'Alek contre vents et marées...
Qu'est-ce qu'il était devenu ?
Enfin, fermons le livre des exploits barbe-bleuesques de Moon.
Et reprenons où nous en étions.
Ainsi donc, La jeune et fantômatique fille se dirigeait vers la bibliothèque, une boite à bento pleine à ras bord de sushis en main. Oui, elle avait encore faim. Bien qu'elle se soit nourrie plus que de raison au sortir de sa dernière crise d'anorexie, elle avait toujours faim. Dans son sac hors de prix, obtenu avec un argent autre que le sien, nageaient un pain de tournesol, et une boite isotherme avec dedans un tuper contenant de la glace au thé préparé la veille par l'adolescente, un peu de wasabi, des cornichons polonais, et de la sauce poisson appelée par les romains garuo, et par les chinois et vietnamiens nuoc-nam, qu'elle avait assorti de sauce soja. Le tout dans des récipiens de taille adaptée et entassés les uns sur les autres. Et puis, comme elle n'avait qu'une main prise et qu'il faut de quoi boire pour faire un monde, une théière de fonte pleine d'eau bouillante, à laquelle pendait, au bout d'un morceau de rafia, un furoshiki rouge et blanc, replié sur deux petits bols et une boite à matcha, ainsi qu'un chasen. Oui, étrangeté de Moon, elle avait décidé ce jour là de faire spécialité japonaises. Enfin, si l'on considère les sushis, aliment que l'on trouve partout, de qualité plus ou moins médiocre, comme une spécialité japonaise. Sauf que ceux là étaient bons. Yep, excellents, même. Oh bien, sûr, ça n'était pas l'avis de Moon elle même. En effet, elle avait connu en son temps des maîtres du sushi trempant dans des affaires louches qui les préparaient, lui semblait-il, de bien meilleure manière. Mais comme la perfection n'existe pas, nous cloront cette parenthèse.

Ainsi donc, notre fantôme venait d'arriver à la bibliothèque (pendant que je baratine, elle fait son chemin), et priait pour que la salle soit vide. Ce qui était le cas. Ouf. Enfin, pour l'instant. Cela dit, il lui suffisait d'aller là ou personne ne se rendait. Pas la section alphabet cyrillique, elle risquait d'y rencontrer Sacha, à la recherche de livres pas trop difficiles à déchiffrer, ou de livres plus dur sur lesquels il comptait l'interroger. Oh-mon-dieu. Bon, pas non plus tout ce qui concernait les idéogrammes, il y avait eu dernièrement affluence d'asiatiques.
Evidemment, l'alphabet occidental ne valait pas le risque d'être encouru.
Alors elle opta pour la section langues mortes/arabe/hindi/hébreu et langues anciennes.

Elle posa tout son attirail qui fit un grand bruit sur le sol, et s'installa tranquillement sous une table. Avant de se redresser brusquement, et de se cogner violemment la tête contre le dessous du support.

"--Ah ! m*rde ! Putain ! Shit ! Cusso ! Fuck ! "

C'était sorti tout seul. Elle eut beau mettre ses mains sur ses lèvres rose poudré, le bruit était bel et bien concret. Elle s'enfonça sous la table, et joignit ses mains comme pour prier.
Oh. Mon. Dieu. Mais qu'avait elle fait pour mériter ça ? Heureusement, la table était large et longue. Elle déballa ses affaires, ses baguettes, se versa de l'eau et procéda à une cérémonie bâclé, but une gorgée de matcha... Et finit par ouvrir sa boite à sushis. Elle se pourlécha les babines, saisit un maki, le trempa dans la sauce soja, et allait le porter à sa bouche, avec un plaisir non dissimulé.

Sujet: Re: Seems to be empty. But it isn't. [Kaijuu] Dim 3 Jan 2010 - 4:46

Qu'y avait-il de si important aujourd'hui ? Kaijuu ne le savait pas, mais en tout cas le monde affluait de partout, comme si il était devenu vivant en un instant. Ca faisait un sacré contraste avec les déserts qu'étaient les couloirs à deux heures du matin. Et le monde énervait Kai, il n'était pas d'humeur, il n'avait pas envie de rire, il n'avait pas envie de participer aux conversations que les gens avaient. Il était triste. De plus sa dernière dose avait détruit une nouvelle barrière émotionnelle, il semblait maintenant incapable de faire semblant d'aller bien. Et ça n'était pas forcément très agréable de sentir les larmes menacer de couler à chaque instant, enfin, il faisait ce qu'il pouvait après tout.

Il n'empêche que le brouhaha l'ennuyait, l'indisposait. Pourquoi était-il là ? Il allait finir par ne même plus s'en rappeler. Le seul moment où il s'était posé c'était pour prendre une douche, et il était là depuis plus de 24heures. Il n'avait pas dormi, incapable de trouver le sommeil, incapable de fermer les yeux. Il n'était pas à sa place ici, il n'avait pas le sentiment qu'il pouvait se permettre de s'allonger dans un lit et dormir. Parfois le corps exprime ce que le cerveau pense, et à cet instant il avait atrocement mal à la peau, là où ses os la touchaient. Il avait l'impression d'avoir des coups de soleil, sauf que sa peau était blanche, très blanche. Il était mal dans sa peau, et raison était de le dire. Il était passé par plusieurs pièces pour trouver un coin où il pourrait se poser. Il commençait à fatiguer, il faut dire que tous ces chocs émotionnels n'étaient pas pour lui réussir. Il n'y a pas si longtemps il était encore chez l'homme qu'il aimait, non, qu'il aime. Il eut beau dire qu'il était parti et que cela appartenait au passé, il y pensait constamment. A chaque heure du jour et de la nuit il y pensait, alors pour combattre ça il marchait. Il n'avait rien trouvé de mieux que de tourner en rond, comme un zombie, il allait du point A au point B et il revenait au A. Mais ses jambes commençaient à protester, elles se plaignaient et manifestaient leur douleur par de sinistres craquements, qui avaient le don de déséquilibrer Kai.

Il fallait que quelqu'un réagisse si personne ne voulait assister à son suicide. C'était tellement facile pour lui, il lui suffisait de se tromper de dosage pour sa piqûre. Cela passait inaperçu. Est-ce que cela avait réellement intéressé quelqu'un de savoir qu'un nouveau était arrivé ? Est-ce qu'il était le seul à avoir été lâché ici en pleine nature sans aucune mesure ? Ou était-ce courant, un fait habituel ? En parlant de ça, il ne voyait même pas l'intérêt d'être envoyé ici si personne ne faisait rien. Comment voulaient-ils que quiconque s'en sorte ? Il n'avait pas envie de s'en sortir, mais tout de même ! Peut-être que d'autres avaient besoin d'un suivi. Mais pourquoi s'en souciait-il ? Il ne s'intéresse pas aux autres.

Il déambulait dans les couloirs, allait dans des pièces et en ressortait aussitôt, ses chaussures faisaient beaucoup de bruit sur le sol, mais il ne faisait rien, d'ordinaire il aurait fait le fier. Il aurait souri pour s'attirer les regards, mais pas aujourd'hui. Il était un fantôme parmi les fantômes, une âme en peine au milieu des autres. C'est vrai, il n'était rien ici, et ça n'allait sans doute pas changer.

Ses pas le menèrent instinctivement vers la cuisine, il devait avoir faim. Il avait souvent faim. Il entra, il y avait beaucoup de monde, on aurait dit que tout le monde avait décidé de venir se servir à manger à cet instant précis, comme pour l'ennuyer. Alors quoi ? C'était jour de fête ? C'était la seule raison valable qu'il trouvait. Il poussa plusieurs personnes pour arriver au garde-manger. Quelle que soit son appellation, pour Kai, c'était quelque chose de très important : Y'avait de la nourriture ! Eh ouais ! Il dévisagea le contenu de celui-ci pour se dégotter quelque chose de potable, il aurait pu aller se faire servir, après tout, rien ne l'en empêchait. Mais est-ce que quelqu'un avait préparé un plat froid pour lui ? Il s'empara d'un gâteau qui trainait par là, referma la porte et quitta la cuisine. Ses oreilles bourdonnaient déjà, non vraiment, il n'aimait pas la foule.

Enfin, pas toujours, et cette foule là était vraiment désagréable, bruyante. Le pire et ce qui l'énervait royalement c'était qu'il ne comprenait rien. Pas un strict mot.

Il détestait les fêtes de fin d'année, il les avait toujours détestées. Comme toutes les fêtes un tant [ Temps ? ] soit peu familiales. Sa vie de famille n'avait jamais été propice aux fêtes. Sinon il ne serait sans doute pas là. Mais il y avait eu son père, puis Kenji, puis l'héro...

Et voilà comment on fait un aller-simple pour les enfers. Il devait se trouver dans l'Aile Droite du bâtiment, il faut dire qu'il commençait à se repérer, à force de tourner dans tous les sens. Il ouvrit une porte, et le silence était si apaisant qu'il n'hésita pas longtemps. Il ne semblait y avoir personne. Jusqu'au moment où il entendit une sorte de fracas suivi d'une voix qui semblait insulter quelque chose. Quelqu'un avait dû se cogner.

Donc, il y avait quelqu'un. Logique, mais pour l'esprit embrouillé de Kai, ca relevait de l'exploit. Il avait sursauté en entendant le bruit d'ailleurs. Et son esprit un peu fou, ou un peu flou, s'était mis en tête de chercher l'origine du bruit. Généralement, les gens savent repérer le lieu d'émission d'un son. Lui, non. De toute façon, qu'est-ce qui est général ? Hm ? Il commençait à fouiller, à parcourir les rayons de livres. Il n'était même pas sûr de savoir encore lire, même si il relisait souvent son journal. De toute façon, ils devaient être en Anglais, ces livres. Il arriva devant un rayon, il essaya d'en lire le titre mais décidemment, cet alphabet n'était pas pour lui. Est-ce qu'il avait envie de l'apprendre ? Non, sinon il y arriverait. Mais s'investir là-dedans, très peu pour lui. Il n'avait pas l'intention de s'attarder, de s'habituer et de se faire des... Amis.

Bien qu'au fond, il avait un besoin fou de liens sociaux, de contact, il avait besoin qu'on le touche, qu'on lui fasse sentir que son corps était pourvu de limites. Qu'on lui rappelle qu'il existe. Qu'on lui parle. Et Kurai ne lui répond pas souvent. Bref, l'important n'est pas là. L'important est qu'il s'était arrêté devant l'étalage, le rayon, sans doute. Et qu'il remarqua quelque chose qui semblait être sous la table. Etant donné qu'il cherchait toujours le bruit, il s'approcha. D'ordinaire il ne l'aurait pas fait.

Mais peut-être qu'il avait trop besoin de parler pour se soucier des habitudes. Toujours est-il qu'il arriva devant la table. Il commença à esquisser le mouvement pour s'accroupir mais ses jambes, ravies de la perspective de se poser, le firent descendre plus vite que prévu. Il se retrouva donc à genoux devant la personne, qui était une jeune fille, et elle semblait être au beau milieu d'un repas. Cela lui fit penser qu'il devait toujours avoir le gâteau dans la main. Mais il avait enfin localisé le bruit, et la voix. Il ne savait plus vraiment quoi faire maintenant et était un peu gêné. Cet institut ne lui réussissait pas du tout, lui qui aurait d'ordinaire tourné les talons en piquant un ou deux sushis. Il s'exprima en Japonais :

- Ah pardon, euh tu manges ? Bah oui, logique. Bon ben 'scuse.

Il se rendit compte qu'il n'avait pas parlé Anglais et qu'elle n'avait sans doute rien compris. Quoi de plus normal ? Il haussa les épaules et entreprit de se relever, mais au final il ne bougea que très peu, pour se mettre face à elle. Pourquoi faisait-il ça ? Elle devait vouloir être seule, puisque sinon elle ne se serait pas isolée ainsi. Et lui venait lui foutre en l'air son repas ? C'était bien son genre, remarquez. Mais ce n'était pas à cela qu'il pensait à cet instant.

- Comment tu t'appelles ?

Son anglais ne s'améliorait vraiment pas, décidemment. Il avait eu du mal à sortir cette phrase bénigne. Il faut dire que bon, ce n'était pas des cours qu'il avait eu, mais presque un dictionnaire de phrases. Et il n'était même pas sûr que sa question veuille dire ce qu'il avait voulu dire. Il se gratta la tête puis décida qu'il ferait mieux d'y aller. Il se leva difficilement et entama un demi-tour.

Sujet: Re: Seems to be empty. But it isn't. [Kaijuu] Dim 3 Jan 2010 - 16:17

Un déjeuner culturel, quoi de mieux ?
Un déjeuner culturel tranquille, peut être. Sauf qu’à Teenagers, ça n’existe pas. Ca, non.
En réalité, il faut s’y accommoder, faire avec, et se débrouiller pour apprécier cela, je veux dire, la compagnie perpétuelle d’autres ado, pas nécessairement intéressants, pas nécessairement gentils ou sympathiques, pas toujours drôles, mais avec qui on a des points communs, notamment celui d’être enfermé dans ce trou à rat, avec comme consigne de rentrer dans le moule de la société actuelle.
Eh bien, voilà, le décor est planté. Trou à rats, moule, société, adolescents toujours présents. Il nous manque maintenant les personnages, et leur évolution. Nous allons tâcher de répondre à vos attentes.
A l’approche d’une paire de bottes surmontées de chaussettes, La spectrale jeune fille s’était recroquevillée un peu plus sous la table. Qui cela pouvait-il bien être ? Adena ? Pourvu que non, mais ces jambes étaient un cheveu trop masculines pour appartenir à cette péronelle. Quand un visage apparut juste sous la surface de bois, elle ne put que plaquer de nouveau ses mains sur sa bouche pour ne pas crier. C’était un inconnu, et dieu seul savait ce qu’il allait lui faire ou lui dire. Les membres crispés, Moon attendit la sentence.

‘‘— Ah, pardon, euh, tu manges ? Bah oui, logique. Bon ben ‘scuse.’’

Il avait parlé japonais ! Mais comment pouvait-il savoir qu’elle parlait le nippon-language ?
Elle commença à répondre en japonais également, mais fut très vite interrompue, et en anglais, en plus, avec un fort accent nippon.

‘‘— Ohayo…’’

‘‘— Comment tu t’appelles ?’’

Il voulait savoir comment elle s’appelait. Devait elle répondre en anglais ou en japonais ? Pendant qu’elle réfléchissait, elle le détailla de ses yeux doux de polonaise, ou de sauvage, comme on préfère.
Et, avant qu’elle ait eu le temps de se décider, Le jeune homme s’était relevé et avait tourné les talons. Non ! Il lui ressemblait trop pour qu’ils ne fassent pas connaissance. Comme elle, il avait une peau diaphane et nacrée et des yeux clairs, et il semblait plutôt assez maigre.
Il était en train de s’en aller, quand elle se releva, sous la table. Bong. Choc sur le haut du crâne, nouveaux jurons dans toutes les langues possibles et connues de la jeune fille.
Elle finit par s’extirper de sous la table, en évitant de renverser son repas, et courut pour attraper le poignet fi du jeune homme. Ils se retrouvèrent nez à nez. Elle, essoufflée, s’étant finalement décidée pour le japonais :

‘‘—A…Attends ! Je m’appelle Moon. Moon Namidakase. And it’s not a problem if you speak japanese, because I know nippon language, even If I am not japanese. Et tu es…?’’

le tout suivit d’un gentil sourire comme seule Moon sait les faires. A la fois compréhensif, curieux, et apeuré. Ben oui, pour elle, ce n’est pas une habitude de rattraper des gens par le poignet et de leur parler dans deux langues à la fois. Enfin, presque pas une habitude.
Finalement, entrainant le brun vers sa cachette de fortune, elle retourna vers ses sushis. Et lui tendit une paire de baguettes et un morceau de pain de tournesol.

Sujet: Re: Seems to be empty. But it isn't. [Kaijuu] Dim 3 Jan 2010 - 17:45

Il avait fait demi-tour et il s'en voulait déjà de s'être arrêté, il s'en voulait même d'avoir cherché l'origine du bruit. Ca n'aurait pas été un drame, si il ne l'avait pas fait. Ils auraient pu tous les deux manger tranquillement. De plus, il n'aimait pas le visage qu'il montrait, le "vrai" lui, Kaijuu. Mais Kai ne voulait pas montrer son nez, enfin si, mais il était affaibli. Alors peut-être que ça lui offrirait la perspective de parler à quelqu'un, non ? Il en avait eu envie, un instant, et la seconde d'après, il était empli de regrets. Il se maudissait. Il lui en fallait assez peu pour se maudire. Il avait cru entendre la jeune fille parler au moment où lui même parlait, et ça ressemblait fort à du Japonais. Il n'y avait pas prit attention, puisqu'il était sur le point de partir, pour aller quelque part. Où ? Ailleurs. Pourtant au moment où il allait quitter l'étalage pour vagabonder entre d'autres rayons, il entendit le même bruit singulier que tout à l'heure, suivi de la même flopée d'insultes. Un rictus étira ses lèvres, non pas qu'il soit content qu'elle se soit fait mal, mais au moins, il avait identifié le bon bruit, ce qui constituait pour lui, un acte réussi. Et c'était rare, d'habitude il y avait toujours quelque chose qui venait gâcher ce qu'il faisait. Et la plupart du temps... C'était lui même, lui seul. Il était doué pour ça. Toujours est-il qu'il s'était retourné, pour s'assurer qu'elle ne s'était pas blessée, évanouie, ou quelque chose du genre. Encore quelque chose qu'il n'aurait pas fait, il devait vraiment se ressaisir. Et là ses yeux dont la blancheur équivalait à celle de sa peau, s'agrandirent légèrement.

Il était étonné, la jeune fille s'était évadée de sous la table et elle avait commencé à lui courir après. Un violent tremblement le secoua, presque un spasme, mais il se calma aussitôt. Il eut un instant envie de courir, envie de s'enfuir, il ne savait pas ce qu'elle lui voulait, il ne savait pas ce qu'elle était en train de faire. Mais avant qu'il ait pu esquisser le moindre mouvement elle l'avait rattrapé, en saisissant son poignet, ce qui valut un nouveau tremblement au jeune homme. Il avait senti les doigts de la jeune fille, ce qui n'avait rien d'inhabituel, mais son esprit apeuré lui avait renvoyé une image. Une très sale image. Son regard se planta dans celui de son vis-à-vis, le sien tirait sur le rouge, et le sien était dépourvu de couleur, dépigmenté. Ce qui lui avait valut la haine de son père, bref, là n'était pas la question. Son bras entier était contracté sous les doigts de la jeune fille, mais son regard n'éprouvait pas la peur. C'était l'amusement qu'il tentait d'exprimer, y arrivait-il ? Sans doute pas. Il avait été pris au dépourvu à vrai dire. Et il n'en avait pas l'habitude. Elle prit alors la parole, en Japonais, alternant avec l'Anglais, qu'il ne comprit qu'à moitié :

- A…Attends ! Je m’appelle Moon. Moon Namidakase. And it’s not a problem if you speak japanese, because I know nippon language, even If I am not japanese. Et tu es…?

Ainsi elle parlait Japonais. Ce n'est pas qu'il avait compris la phrase en Anglais mais juste qu'il avait constaté que son Japonais était tout à fait correct. Alors là, il mit tout son bon sens à l'épreuve, la question était de se canaliser, il ne fallait pas qu'il soit méchant avec quelqu'un, l'une des seules personnes sans doute, qui parlait Japonais. Ainsi elle s'appelait Moon. Il y avait plusieurs manières d'interpréter le sourire qu'elle lui servit. Il ne savait pas quel sentiment il exprimait clairement, il ne lui rendit pas. Il n'avait pas envie de sourire, il ne savait plus le faire. Elle se retourna et partit vers la table, vers son repas sans doute. Mais il y avait un hic. Elle n'avait pas lâché le poignet de Kai, qui se voyait obligé de la suivre. Il n'était pas franchement obligé, mais il avait envie de se trouver l'obligation comme excuse. Pour ne pas se détester au point de s'arracher les cheveux.

Ils arrivèrent vers ce qui semblait être leur destination, et Moon s'était saisie d'une paire de baguette et d'un morceau de pain de tournesol. Et elle les avait tendus. Il ne savait pas si cela voulait dire qu'elle l'invitait à manger avec elle, ou si c'était totalement autre chose - bien qu'il ne voyait pas grand chose d'autre. La politesse aurait voulu qu'il refuse. Mais il avait les crocs, et il avait décidé de ne pas être mauvais. Il les prit d'une main hésitante puis répondit en Japonais, content de pouvoir utiliser sa langue maternelle :

- Merci, et moi c'est Kai. Ca te dérange pas ? Fin je sais pas, j'en sais rien.

Il n'avait encore pas dit son vrai prénom. Après tout, est-ce qu'on peut qualifier ça de prénom ? Le prénom est donné par les parents, non ? Et pourtant personne n'appelle son enfant "Monstre". Ce n'était pas vraiment humain, après tout. A la vue d'un bandage sur le bras de Moon, au niveau du coude, il frotta vivement le sien. C'était nerveux, il fallait bien qu'ils se manifestent, ces nerfs abîmés, non ? Ce n'est pas parce qu'une situation est singulière et nouvelle, que tout s'efface. Et là, tout revenait, il n'était pas vraiment en manque, mais pas vraiment bien. Il n'avait pas de dose entière, et il n'avait pas de substitut. Kurai se manifesta, il s'était enfoui dans les cheveux de Kai et il en sortit, pour venir se poser sur son épaule. Sans qu'il n'ait vraiment fait le mouvement pour ça - du moins il n'en avait pas souvenir, il s'était retrouvé agenouillé.

Il ferma les yeux quelques instants, en se mordant la langue, puis prit son courage à deux mains et voulut entamer la conversation. Les deux petits personnages dans son esprit réglaient leur compte à coup, et lui prenait une décision. Il ouvrit la bouche pour parler.

Mais il fut forcé de la refermer aussitôt. Il ne savait pas quoi dire, il n'avait rien à dire. Il ne voulait pas paraitre indiscret. Et puis parler, il n'avait pas l'habitude, jamais il n'avait réellement discuté avec quelqu'un d'autre que lui-même. Kenji lui disait sans cesse de se taire. Plus il pensait à lui, plus il se rendait compte à quel point il avait été stupide en se faisant avoir. Mais là n'est pas le sujet. Le sujet était qu'il n'avait pas de sujet justement. Et qu'il se demandait encore ce qu'il attendait pour laisser son caractère habituel reprendre le dessus. La situation en aurait été meilleure pour eux deux, il le savait. Il voulait surtout s'en persuader, mais il n'arrivait pas à y croire. Il soupira, dépité de sa propre imbécilité. Il aurait pu lui demander pourquoi elle était là, pourquoi elle parlait Japonais, tant de choses. Mais il ne voulait pas. Alors il attendait, c'est ce qu'il a toujours fait. Attendre. Longtemps. Pourtant, lui seul sait comme il est impatient. L'attente, il l'a en horreur. Il posa les baguettes devant ses genoux et il caressa doucement Kurai. Ca y est ! Il savait quoi dire ! Il rouvrit la bouche et cette fois, des sons en sortirent :

- Tu as peur des rongeurs ?

Pfff qu'est-ce qu'il lui prenait à lui ? Il devenait dingue. Il avait perdu tous les traits de sa personnalité, il ne se reconnaissait plus. Il grimaça à cette pensée. Néanmoins, il pouvait être fier. Il faisait rarement autant d'efforts. Il attendait la réponse de Moon.

Sujet: Re: Seems to be empty. But it isn't. [Kaijuu] Dim 3 Jan 2010 - 19:04

Finalement, Moon n’avait pas été si stupide qu’elle l’avait cru. En fin de compte, elle avait bien fait de rattraper le japonais, qui en était bien un, enfin elle supposait. Il avait la tête de quelqu’un qui allait se pendre, et qui n’avait pas dormi depuis une semaine. Comme elle, en fait. Les mêmes cernes délicats courant sous les yeux, le même regard farouche. Ca ne devait pas être quelqu’un qui avait l’habitude de parler, et encore moins de se confier. Tant pis. En plus, il était tout maigre, et même s’il tenait un gâteau, ça ne lui suffirait jamais, s’il avait vraiment faim. Et Elle, elle avait avec elle une énorme boite pleine de sushis frais faits main. Bien sûr, elle aurait préféré se goinfrer égoïstement le tout, elle avait si faim… Mais elle n’avait pas envie d’avoir une mort sur la conscience, ou pire, une dépression. Il fallait vraiment qu’elle révise l’ordre de ses priorités. Mais en même temps, un dépressif est bien plus embêtant qu’un mort. La macchabée ne passe pas son temps à se plaindre, elle. Alors que quelqu’un en dépression… C’est l’entourage qui se suicide.
Eh bien, voilà, elle avait bien de la compagnie. Il répondit à sa question sur son nom.

‘‘—Merci,elle supposa que ce mot était causé par le prêt de baguettes,et moi c’est Kai. Ca te dérange pas ? ‘Fin je sais pas, j’en sais rien.’’

Moon eut un doute. Quant à la question. Bien sûr que non, son nom ne la dérangeait pas. Seulement ç’eût été un peu stupide, comme question. Alors il devait parler de sa présence, et du partage du repas de la jeune femme. Ben, non, si ça l’avait dérangée, elle l’aurait laissé partir et aller se pendre, quelle question… Elle lui dit ce qu’elle pensait.

‘‘—Ben… Après tout, c’ est moi qui t’ai rattrapé ! Si ça m’avait dérangé, je t’aurais laissé aller te suicider tranquillement. Quant au fait de partager ma bouffe, j’en ai bien assez, pour ne pas te laisser crever de faim. Je prévois toujours trop, quand je cuisine. Notamment les sushis, je les dévore comme des bonbons, si vite que ça m’en donne la nausée ! Mais bon, je vais pas raconter ma vie. Sers toi, vas y, n’aie pas peur. J’ai appris à les faire au japon. Tu as un joli nom, au fait. Enfin… C’est un diminutif ? Oh, ça ne me regarde pas. Excuse moi.’’

Elle se rembrunit, et tenta un sourire gêné. Pour dissimuler la rougeur qui s’étendait sur ses joues, elle enfourna un sushi. Et tenta de sourire de nouveau. Sauf que la bouche pleine, ça n’est pas facile.
Alors, pour se donner contenance, Elle sortit un iPod Nano de son sac, et démarra une playlist au pif. De la J-électro. Décidément. C’était celle qui contenait toutes ses chansons préférées des vocaloid. Miam, avec ça, elle allait se régaler les oreilles. Elle finit son sushi, quand Un rongeur sortit de sous les cheveux de son compagnon. Oh-mon-dieu. Un rat, il avait un rat ! Que dirait Meowe ? Cela dit, elle lui avait toujours défendu de croquer des petites bêtes des environs, et l’avait habitué à la viande qu’elle-même mangeait, particulièrement au poisson. Il adorait les vairons crus, et dès qu’elle pouvait son amie aux cheveux clairs lui en procurait.
Elle lissa sa robe et tira un peu sur son jupon de dentelle. Puis enleva l’un de ses écouteurs, car uno, c’est malpoli de garder les deux en compagnie de quelqu’un, et deuzio, son interlocuteur semblait vouloir parler. Ce qu’il fit.

‘‘—Tu as peur des rongeurs ?’’

Intéressante question que celle là. Tout dépendait du caractère du rongeur.

‘‘—[color=darkred]Non, bien sûr que non ! Je les adore ! Sauf ceux qu’il y a dans le mur à la tête de mon lit, ils m’empêchent de dormir. Déjà que c’est la galère en temps normal… Le tien a l’air mignon… Je pense par contre qu’il vaut mieux que j’évite de lui présenter Meowe… C’est un chaton que j’apprécie particulièrement, et je crois que c’est réciproque, puisqu’en temps normal il traîne toujours avec moi… Et, euh… Kai ? Excuse moi, mais… Tes yeux, c’est une maladie ? Enfin, tu n’es pas obligé de répondre, je dois avouer qu’avec les miens je n’ai rien à dire…[/i]’’

Elle mordit dans un autre sushi. Enfin, dans un makizushi, pour être exacte. Après l’avoir préalablement trempé dans la sauce soja. Il était au concombre, et elle l’assortit d’un cornichon aigre-doux et d’une bouchée de pain. Ce qui eut pour effet de gonfler ses joues, et de lui donner un air de hamster. Elle fut désappointée, et eut un regard désorienté pour le rat. Elle avala sa bouchée, et reprit la parole.

‘‘—Comment est-ce qu’il s’appelle ? Il mange du riz ou du pain ? Il doit avoir faim, non ?’’
Eh bien, cela laisse un certain nombre de questions en suspens… Elle avala une gorgée de thé brûlant, et regarda bien en face son vis-à-vis, attentive à ce qu’il allait répondre.

Sujet: Re: Seems to be empty. But it isn't. [Kaijuu] Dim 3 Jan 2010 - 20:37

‘‘ Ben… Après tout, c’ est moi qui t’ai rattrapé ! Si ça m’avait dérangé, je t’aurais laissé aller te suicider tranquillement. Quant au fait de partager ma bouffe, j’en ai bien assez, pour ne pas te laisser crever de faim. Je prévois toujours trop, quand je cuisine. Notamment les sushis, je les dévore comme des bonbons, si vite que ça m’en donne la nausée ! Mais bon, je vais pas raconter ma vie. Sers toi, vas y, n’aie pas peur. J’ai appris à les faire au japon. Tu as un joli nom, au fait. Enfin… C’est un diminutif ? Oh, ça ne me regarde pas. Excuse moi.’

La jeune fille avait répondu à sa question de déranger. La réponse ne l'enthousiasma pas, bien au contraire. Normal me dira-t-on. Il analysa chaque partie de la réponse. En effet, si elle avait été dérangée de sa présence, elle n'aurait pas pris la peine de le rattraper, de se faire mal, en prime. Donc, ce point là était clair. Ensuite, comment ça ? Aller se suicider ? Il n'en avait nullement l'intention, pas pour l'instant du moins. Il fronça les sourcils, d'où elle se permettait de faire des suppositions comme ça ? Si l'idée de manger ne l'avait pas tellement tenté, il serait parti, après une remarque cinglante. Mais non, il n'allait pas le faire. Il ne fallait pas, et il n'en avait pas envie. Pas trop, pas du tout. En plus, à en croire ce qu'elle disait, elle avait trop à manger, et un rictus qui devait être interprété comme un sourire étira ses lèvres fines. Ainsi elle avait été au Japon, si ça se trouve il l'avait vue. L'avait croisée. Non, le Japon est bien trop grand pour que cela soit arrivé. Il ne voulait pas croire que c'était possible. Il ne la connaissait pas et ne pouvait pas supposer ça. Il n'avait pas le droit.
Quand elle lui dit qu'il avait un joli nom un rire jaune franchit la barrière de ses lèvres, il le reprit bien vite mais il lui avait bel et bien échappé. Son nom ? Joli ? Elle avait raison, ça ne la regardait pas, et il n'avait pas l'intention de répondre. Du moins pas la vérité. Durant le temps où il n'avait pas parlé, elle avait sorti un iPod, et avait commencé à manger. Mais quand Kurai était apparu et qu'il avait enfin trouvé raison de parler, elle l'avait arrêté.

Elle répondit à sa question, ainsi elle n'en avait pas peur, mais elle avait un chaton. Kai fronça de nouveau les sourcils, il avait toujours détesté ces sacs de poils. Ils étaient arrogants, moches, et en plus ils voulaient du mal à Kurai. Néanmoins il comprit qu'il n'était pas le seul à avoir adopté un animal tout autant que l'animal l'adoptait. Elle lui demanda ensuite si ses yeux, c'était une maladie. Il soupira et les baissa sur les sushis. Il posa le gâteau à côté de la boîte à bento, c'était par terre mais tant pis. Allait-il répondre à la question ? Peut-être, ou pas. Après tout, qu'est-ce que ça pouvait lui faire ? Il répondit sur un ton un peu plus froid qu'il l'aurait souhaité :

- Tant qu'ils voient clair, on s'en fout de ce qu'ils ont, non ?

Il se mordit la peau à l'intérieur de la joue, décidemment, ça ne lui réussissait pas de parler. Pour passer outre ce désagrément il reprit les baguettes et saisit un sushi, il l'engloutit rapidement. L'instant d'après, il n'y avait plus de sushi. Il releva les yeux vers Moon qui avait l'air d'avoir pris beaucoup à manger d'un coup. Elle devait avoir très faim elle aussi, elle n'était pas bien grosse, et les cernes qui ornaient son visage ne trompaient pas. Ils ressemblaient à des morts tous les deux. Elle regarda Kurai puis reprit :

‘‘ Comment est-ce qu’il s’appelle ? Il mange du riz ou du pain ? Il doit avoir faim, non ?’’

Elle posait décidemment beaucoup de questions. Est-ce que c'était normal ? Il avait la très étrange impression de passer un interrogatoire. Ses mains commencèrent à trembler. Et m*rde ! Il allait encore falloir qu'il combatte ce fichu manque qui revenait l'embêter dès que c'était possible. Il voulu prendre de nouveau les baguettes pour prendre un sushi, mais son tremblement eu raison de lui, et il se dit qu'il valait mieux qu'il arrête de manger sous peine de faire une catastrophe. Il en profita pour répondre à la question de Moon qui le regardait avec attention, semblait-il :

- Il s'appelle Kurai, il mange sensiblement la même chose que moi, et peut-être, il a mangé tout à l'heure.

Dès qu'il s'agissait de son rat il devenait à la fois protecteur et très enthousiaste. Ce qui donnait à sa voix l'étrange teinte paternelle. Celle d'un père qui parle à son fils. Pas un père comme le sien, un vrai père, qui joue au football avec son enfant et qui l'emmène à la plage. Non, non. Il fallait absolument que le fil de ses pensées soit coupé, qu'il cesse immédiatement de suivre son cours. Sinon... Sinon.

Il changea de position pour être installé plus confortablement que sur ses genoux, il commençait d'ailleurs à avoir des fourmis dans ceux-ci. Il s'assit donc en tailleurs. Il attrapa ses chevilles, à travers ses chaussures, pour donner à ses mains l'impression d'être utiles, et surtout masquer les tremblements singuliers qui les secouaient. C'était tout un périple. Il regardait les sushis, on devinait la faim dans l'expression de son visage, et pourtant, il ne bougeait pas. Décidemment, rien n'allait droit chez lui. Il ajouta, sur la défensive, faisant appel à la conversation précédente :

- Ah, au fait. Si j'avais voulu me tuer, j'l'aurais fait avant de venir, tu penses pas ?

Il commençait à avoir chaud. Par moment il avait froid, la seconde d'après il aurait pris un bain de glaçons ! Et là, il mourait de chaud. Il ne pouvait pourtant pas enlever le simple T-shirt qu'il avait, se promener torse-nu. Non, même si il aimait ça, il ne le ferait pas. Il partit entortiller ses doigts dans la chaine qui joignait sa lèvre et son oreille. Il la fixait de son regard sans couleur, sans même la vie. Il dit d'un ton détaché, il fallait absolument qu'il se calme. Si il commençait à laisser le manque prendre le dessus, c'en était fini.

- Tu écoutes quoi comme musique ?

Ce sujet lui tenait à coeur, et il pouvait vraiment avoir des effets positifs sur lui. Alors il essayait de le lancer. C'était mieux que de ne rien faire et de rester bête et méchant aux yeux de Moon.

Sujet: Re: Seems to be empty. But it isn't. [Kaijuu] Sam 9 Jan 2010 - 15:07

"-- Tant qu'ils voient clair, on s'en fout de ce qu'ils ont, non ?"

La phrase avait été prononcée sur un ton glaçé et acerbe. Le "fantôme de l'adolescente assassinée" se rembrunit et mordit sa lèvre inférieure si fort qu'une goutte de sang perla sur sa joue pâle.

"--Excuse-moi, je... Je suis désolée. Je ne voulais pas être indiscrète."

Mais déjà il répondait à sa deuxième question.

"--Il s'appelle Kurai, il mange sensiblement la même chose que moi, et peut-être, il a mangé tout à l'heure."

S'ensuivit un silence rompu simplement par des bruits de mastications très élgants. Mais le pain de tournesol n'est pas réputé pour sa moelleusité. Moon regardait le rat. Le sacnnait, plutôt. Et c'était réciproque. Enfin, de ce que Moon pouvait voir, les yeux de Kurai la dévisageaient.
Mais après tout, est-ce qu'un animal peut dévisager quelqu'un ?
Là n'est pas la question, de toute façon. Que le rat soit très intelligent ou que Moon soit complètement folle, dans tous les cas, c'était l'impression qu'elle avait. Elle finit par relever le visage. Les deux humains se regardaient en chiens de faïence. Avant que Kai' ne reprenne la parole.

"--Ah, au fait. Si j'avais voulu me tuer, j'l'aurais fait avant de venir, tu penses pas ?"

Moon le dévisagea d'un regard perplexe.

"--Certes. Mais on n'aurait pu t'en empêcher. Comme je ne sais pas pourquoi tu es ici, je peux supputer tout un tas de choses."

Il y eut un nouveau silence. L'adolescente trempa un sushi dans la sauce, et le porta à sa bouche. Elle avisa que son compagnon avait posé ses baguettes. Elle retira le sushi (qui était en fait un maki) avait qu'il ait pu toucher ses lèvres, et changea la direction des baguettes, offrant ainsi la nourriture au jeune homme brun.
Et puis en piqua un autre du bout des autres baguettes, qu'elle avait pris dans sa main gauche, tandis que la droite était toujours tendue vers Kai.
Et mangea un sushi à son tour.
Il reprit la parole. Il avait l'air de chercher des choses à dire, Moon ne comprenait pas pourquoi. Pourquoi il se forçait à mener une conversation potable. Mais bon.

"--Tu écoutes quoi comme musique ?"

La jeune polonaise lâcha ses baguettes, et porta la main à son écouteur.

"--Vocaloid. Tu connais ?"

Elle se replonga dans son silence, pendant qu'il répondait. Il n'avait pas l'air super dans son assiette. Des perles de sueur apparaissaient sur son front et il tremblait par moments. Elle avait vécu ça avec Sacha et Nikolaï quelques temps auparavant. Depuis, ça s'était calmé. Elle ne s'était fait qu'une seule injection entre temps.
Mais s'il était en manque, il ferait mieux d'aller s'enfermer quelque part. Elle n'était pas sûre de pouvoir porter un garçon, même maigrichon, surtout s'il gigotait et hurlait, demandant sa drogue. Elle préféra donc prendre ses précautions, même s'il n'avait pas l'air d'être de ceux qui se confient à une inconnue.

"--Ca va ? Tu n'as pas l'air bien..."

Sujet: Re: Seems to be empty. But it isn't. [Kaijuu] Sam 9 Jan 2010 - 17:50

"--Certes. Mais on n'aurait pu t'en empêcher. Comme je ne sais pas pourquoi tu es ici, je peux supputer tout un tas de choses."

Il grimaça légèrement. Il n’appréciait pas vraiment l’attitude qu’elle prenait vis-à-vis de lui. Le problème, c’est qu’elle avait raison, et que Kai détestait avoir tort. Surtout quand il ça se rapportait de près ou de loin à lui. Et là, c’était le cas. Il ne répondit rien, préférant ne pas s’attarder sur le sujet. Il remarqua avec un étonnement certain que son interlocutrice lui tendait ses baguettes, avec au bout un maki. Ca lui paraissait suspect. Mais il avait vraiment faim... Et il ne pouvait plus manger de lui-même. Enfin, il aurait pu, mais... Il n’était pas réellement dit que le sushi -ou quoi que ce soit- arriverait dans sa bouche en même temps que les baguettes. De plus, il aurait préféré que ses tremblements ne se remarquent pas. Mais il n’était pas sûr que ça soit parti pour se passer comme ça. Depuis qu’il était ici, toutes les lois qu’il avait appris là-bas dehors n’étaient plus valables. Comme si il avait plongé dans un autre monde, et il fallait qu’il s’adapte. Qu’il apprenne les coutumes locales en quelques sortes. Et il n’était pas sûr qu’il voulait perdre ses habitudes. Il avait peur de perdre ses habitudes, il en avait assez de s’adapter. Il ne voulait pas que tout ait changé. Si il avait pu garder au moins ça... Mais ça n’était pas à lui de décider. Et la vie est injuste. Tu joues ou tu meurs. Il n’y a pas d’alternative. Il faut changer de tactique parfois. Et même si il en avait assez de jouer, il n’en avait pas assez marre pour se laisser mourir. La vie était un défi, et il se devait de relever les défis. Enfin, il avait envie de « devoir » sinon il n’aurait aucune raison de le faire. Il n’était pas doué pour faire les choses de lui-même.

La faim l’emporta sur sa réflexion, et il se pencha en avant pour saisir le maki presque délicatement, et l’avaler en deux secondes. Il avait sans cesse peur qu’on lui vole sa nourriture, même quand elle était déjà dans sa bouche. Alors il avalait vite, très vite. Souvent trop vite. Il en oubliait de mâcher parfois. Paranoïa quand tu nous tiens. Maintenant que Kai avait englouti le sushi, il avait envie de détourner l’attention de ce qu’il venait de se passer. Parce qu’il n’avait pas envie que l’on s’attarde dessus, de peur de ce que lui même et Moon pourraient en penser. Il avait même peur de ses propres remarques. Toujours est-il qu’il avait lancé le sujet de la musique aussi dans ce but. Et son interlocutrice avait porté la main à son écouteur avant de répondre, le nom d’un groupe sûrement. Ou autre chose, il n’en savait rien, ne connaissait pas.

"--Vocaloid. Tu connais ?"

Il réfléchit, se demandant si il n’avait pas déjà entendu ce nom quelque part. Mais de ce qu’il avait pu entendre dans sa vie il n’avait pas retenu grand-chose à vrai dire. Comme il n’était même pas sûr de tout entendre quand on lui parlait. Comme si, par moment, son cerveau mangeait la fin des phrases. Mais comme les sujets l’intéressaient rarement ça n’était pas très grave. Il en conclut que non, il n’avait jamais entendu le nom de Vocaloid. Ou alors il ne s’en souvenait pas. Il hocha négativement la tête en disant :

- Nan, connais pas. C’quel genre ?

Voyant que l’adolescente comprenait et parlait bien le japonais, il commençait à raccourcir ses phrases. Bien content de pouvoir utiliser sa langue natale. Il se doutait que ça ne serait pas toujours comme ça. Pas avec tout le monde. Mais il allait apprendre, il ferait peut-être cet effort. Oui, peut-être... Mais il n’avait pas trop la tête à ca. Il avait beaucoup trop chaud pour réfléchir. Ses problèmes de thyroïde avaient aussi le don de mal réguler sa température, alors le manque mêlé à ça faisait qu’il avait très chaud. De plus, ses tremblements allaient de manière croissante. Et ça n’était pas vraiment pour l’aider. Kai aurait largement préféré que l’adolescente ne remarque rien, mais c’était peine perdue :

« --Ca va ? Tu n'as pas l'air bien... »

Kai, qui était étrangement fasciné par la couleur de ses chaussettes leva les yeux vers Moon en haussant un sourcil. Est-ce qu’il allait bien ? Bien sûr. On ne pouvait pas aller mieux que lui. Ca devait se voir pourtant. Que d’ironie. Il monopolisa toute son attention sur ses mains pour essayer qu’elles ne tremblent plus, rien qu’un instant. Mais c’était en vain. Alors il devait être convaincant. Quand bien même il ne le serait pas, ça n’était pas bien grave. Elle n’avait pas à s’en mêler. C’était presque comme si quelqu’un était suspendu dans le vide, qu’un autre arrivait en lui demandant si il voulait de l’aide. Si jamais le futur-mort répondait non, l’autre ne devait pas s’en mêler. Et j’ai bien dit presque car même si il disait non, il aurait peut-être été content qu’on l’empêche de tomber dans le vide. Fierté mal placée, décidemment.

- Ca va très bien, merci.

Il n’avait pas opté pour la technique « J’utilise des arguments pour sauver les meubles », ça ne servait à rien selon lui. Mais maintenant, il n’avait plus rien à dire. Absolument plus rien. Il avait dépensé toutes ses réserves de questions -très faibles, les réserves-, alors, soit Moon était aussi loquace que lui et leur repas se finirait dans un silence de plomb. Soit elle l’était plus et dans ce cas là, ils étaient peut-être sauvés. Mais peut-être seulement. Il reprit ses baguettes dans une main droite qui tremblait légèrement et tenta quelques instants de se saisir d’un sushi. Idée qu’il abandonna bien vite. Son regard incolore se reposa sur le visage diaphane de Moon.

Sujet: Re: Seems to be empty. But it isn't. [Kaijuu] Sam 16 Jan 2010 - 15:57

Il faut toujours tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler. Encore un précepte inconnu de Moon. Si toutes les parties de son corps faisaient la course, sa langue arriverait largement première, et son cerveau bon dernier.
Mais pour l'instant, je n'ai aucune raison de dire ça. Sauf une intuition peut-être...
Bon. On lui avait posé une question sur la musique qu'elle écoutait. Elle avait répondu, et relancé la balle dans le camp de l'adversaire avec une question. Et voilà qu'on l'avait contrée avec une autre.

"--Nan, connais pas. C’quel genre ?"

Alors là... Electro ? Rock ? Variété ? Ils donnaient dans tous les genres... Que devait-elle répondre ? Si elle faisait une réponse trop longue, elle risquait d'ennuyer l'interlocuteur... Mais si c'était trop concis, elle oublierai des informations essentielles... Elle finit par se décider.

"--Aucun, et en même temps tous. Ce sont des logiciels de synthétisation de voix humaine. Alors on peut leur faire chanter ce qu'on veut. Tu veux écouter ?"

Spoiler:

Elle tendit l'un des écouteurs à Kai. C'était une des chansons qu'elle aimait particulièrement. Le clip était beau aussi, et elle avait la chance de pouvoir le voir sur son iPod, mais comme il était dans sa poche, elle eut la flemme de le sortir, et ils se contentèrent de la musique.
Elle ne pouvait s'empêcher d'être triste quand elle écoutait cette mélodie, non seulement parce qu'elle s'appelait Doll, et que depuis sa "naissance" elle se considérait comme une poupée cassée, mais aussi parce que ces notes perçaient directement son coeur, elle ne savait pourquoi.
De rage -elle ne savait pas pourquoi, elle était énervée d'un coup-, elle embrocha un sushi à l'aide d'une baguette et le mâchonna furieusement.
Puis, quand elle demanda au brun s'il allait bien, il se referma sur lui même et lui répondit que bien sûr, il allait bien. Il aurait pu aussi bien dire clairement qu'il était en pleine crise de manque. Elle le regarda d'un air instigateur, mais n'osa rien dire. Elle tendit la main, et posa le bout des doigts sur l'épaule tremblante du jeune homme, pour inviter le rat de celui ci à se promener sur son bras, ce qu'il fit. Au moment où il atteignit son cou, elle ressentit des chatouillis là ou il passait, et ne put retenir un petit rire cristallin. Voyant l'air de l'adolescent en face d'elle, elle se tut, et attrapa la bestiole pour la rendre à son maître. Mais elle décida de s'accrocher, et, pour se rebeller, planta ses petites dents en plein dans le code barre de Moon, qui serra les dents, et finit passa son autre main sous sa lourde chevelure, pour décrocher les dents du petit animal. Elle le rendit à son maître, et passa son doigt sur la morsure. Elle observa un instant sa peau qui s'était teinte de rouge avant de réaliser qu'elle saignait. En plein sur son tatouage... Pfff... Bon, en même temps, ça lui apprendrait à kidnapper les animaux des autres. Elle attrapa une serviette en papier, et éponga le plasma qui coulait des petits trous sur sa nuque, et froissa le bout de papier, avant de le lancer dans son sac à quelques pas de là.

Sujet: Re: Seems to be empty. But it isn't. [Kaijuu] Sam 23 Jan 2010 - 1:11

"--Aucun, et en même temps tous. Ce sont des logiciels de synthétisation de voix humaine. Alors on peut leur faire chanter ce qu'on veut. Tu veux écouter ?"

Elle lui avait tendu un de ses écouteurs, sans doute du fait que la réponse était si vague qu'on ne pouvait se faire une idée précise. Et puis, la musique était toujours plus belle accompagnée d'un exemple. Enfin, là était l'avis du brun. Après, ce qu'il en était de la réalité, aucune idée. Il se saisit de l'écouteur et le mit dans son oreille. Mobilisant tout ce qu'il pouvait pour se concentrer sur le morceau qui déversait ses notes dans son oreille. Des logiciels ? Synthétisation ? Il n'avait jamais entendu ces mots là, surtout le deuxième. Bien oui, il avait déjà utilisé un ordinateur quand même. Enfin, utilisé est sans doute un trop grand mot, il en avait allumé un... Oui, enfin "logiciel" il connaissait. Mais "synthétisation" était un mot qui lui était parfaitement inconnu. Ca n'était pas quelque chose dont il entendait souvent parler. Synthétisation d'héro ? Non. Synthétisation de ? Non, définitivement, il ne savait pas ce que c'était. Mais ajouté à "voix humaine" cela lui laissait une drôle d'image en tête... A vrai dire, il avait l'impression qu'il existait une immense machine qui se chargeait d'extraire la voix des gens pour la mettre dans une chanson. Et ainsi, on pouvait leur faire chanter ce que l'on voulait. Il se gifla intérieurement. Non, ça ne pouvait pas être ça. Enfin, il espérait que ça ne pouvait pas être ça. Mais à vrai dire, il était un peu trop en manque pour en avoir conscience.

Décidemment, ça ne lui réussissait pas. L'image ne voulait pas sortir de sa tête. Il voyait la machine extraire la voix -Donc, quelque chose d'invisible entendons nous bien...- pour la mettre sur un air de guitare ou de quoi que ce soit. C'était complètement loufoque. Aussi, il imaginait la tête des gens à qui on avait enlevé la voix qui était sur cette musique.

Il avait réussi à se reprendre pile au moment où elle l'avait interrogé quant à son état. Eh bien, il était vrai qu'il n'allait pas bien. Encore moins maintenant qu'il savait qu'on pouvait lui arracher sa voix. Mais il répondit par la positive. Et tout son corps tremblait.

La chanson finie, il enleva l'écouteur de son oreille pour se rassoir convenablement. Même si il eut un peu de mal à attraper l'écouteur avec précision. La main de la jeune fille aux cheveux pâles s'avança vers son épaule, et se posa dessus, provoquant un violent sursaut chez le drogué. Il avait eu tout à fait le temps de la voir venir mais avait été surpris comme si on l'avait attaqué par derrière. Peut-être qu'il n'avait pas enregistré que c'était bien vers lui que la main se dirigeait. C'était tout à fait possible. Ses yeux s'étaient rivés sur la main de Moon. Son corps était toujours secoué de tremblements mais cette fois, c'est avec toute sa tête qu'il la regardait. Et il montra presque les dents quand Kurai progressa sur le bras de l'adolescente. Si il avait été un chien, il aurait grogné, clairement. Mais son regard s'était rempli d'une tension mêlée à de l'énervement et de la crainte. Lui voler son rat tandis qu'il était dans un état passablement second... Ca n'était sans doute pas une bonne idée. Son regard avait suivi les mouvements de l'animal et s'était arrêté sur le visage de Moon qui avait laissé échapper un rire qui mourut. Probablement dès que son regard croisa celui de Kai qui se gonflait de rage. Pourtant, il ne bougeait pas. De toute façon, elle était coincée. Ils étaient sous une table, entre deux étalages de bibliothèque, si elle tentait de s'enfuir, il n'aurait pas grand chose à faire pour l'arrêter. Même si il manquait cruellement de force. Alors, il surveillait. En somme, il faisait le guet. Puis, il n'avait pas tellement envie de bouger. Elle sembla vouloir attraper le rat qui, à en voir la réaction imperceptible de Moon, dut s'accrocher avec ses dents. Le brun se mordit la langue pour empêcher un sourire vainqueur de prendre possession de ses lèvres. Après avoir passé sa main sous ses cheveux elle rendit enfin Kurai à Kai qui l'invita à reprendre place sur son épaule, ce que l'animal s'empressa de faire. Il sentait légèrement le sang. Fort. Il avait dû la mordre assez fort. Elle s'essuya avec une serviette de papier.

Le brun aurait dû s'excuser. Après tout, c'était son rat. Même si pas vraiment. Et puis, jamais il ne l'avait invitée à le lui chaparder ! Enfin... Non. Il ne voulait pas s'excuser. Peut-être juste faire semblant de s'inquiéter. Oui, ça devait être la solution. Il se pencha légèrement en avant, essayant de ne pas s'étaler comme une masse au milieu de la nourriture, pour regarder si ça allait. Puis il ajouta la parole au geste :

- Ca va ? Il t'a pas fait trop mal ?

Oh comme il était content. Oui, il estimait qu'elle l'avait méritée, cette morsure. Mauvais ? Oui, il devait être mauvais. Il se réinstalla normalement. Et il avait froid, il commençait à avoir très froid. Il allait vraiment falloir qu'il se décide à faire quelque chose. Sinon il deviendrait même incapable de se lever pour aller en chercher. Enfin, il n'était déjà pas présentement sûr de pouvoir le faire. Ca devrait aller, il devrait pouvoir, mais rien n'était moins sûr. Enfin, il ne se sentait pas le courage de bouger. La nourriture par terre semblait avoir un effet... hypnotisant. Son regard ne s'en détachait tout simplement plus. Et il semblait... Hors d'atteinte. Comme si tout pouvait lui passer dessus et que rien n'aurait eu une quelconque importance.

"--Ca va ? Il ne t'a pas fait trop mal ?"

Il y eut un silence. Son compagnon semblait ravi, sans vouloir vraiment le montrer. Le contredire. Non, elle n'avait rien senti, alors si ça lui faisait plaisir qu'elle ait eu mal, il serait déçu. Mais tant pis. S'il était sadique, c'était son problème, elle ne comptait pas se plier en quatre pour le mettre en joie.
Le problème qu'elle avait était qu'elle avait peur que son tatouage s'infecte, donc. Elle fit donc un large sourire de folle au brun, et dit :

"--J'ai rien senti. Le seule problème est que j'ai moyen envie de choper la gagngrène où la peste, parce que rat plus tatouage donc plus encre égale moyen pour la santé..."

Le tout suivi d'une moue provocatrice. Il y eut un silence, et puis elle baissa le nez, penaude. C'était sa faute, après tout.

"--Excuse moi, c'est ton rat, et j'ai été horrible de te l'enlever sans te demander la permission. Mais... J'aime bien les animaux, alors... C'est venu tout seul, un réflexe..."

Elle s'interrompit, voyant le regard clair du jeune homme fixé sur la nourriture. Elle lécha son doigt, pour enlever le sang, et puis attrapa la boite à bento. Qu'elle tendit à l'adolescent, qu'elle voyait trembler. Il faisait une crise de manque, c'était impossible autrement. Si elle le distrayait, il y penserait moins, et elle aurait le temps de chercher en pensée un endroit où l'enfermer, si seds crises à lui était comme les siennes, c'est à dire dégénérescentes et violentes. La dernière fois qu'elle avait eu affaire à ce genre d'évnènement, et d'un elle n'était pas seule, puisqu'il y avait avec elle Nikolaï, qu'elle pleurait toujours actuellement, et Sacha, qu'elle considérait toujours avec effroi et détermination. Et Meowe. Mais Kurai ne lui serait sans doute pas d'une grande aide... Elle pouvait le séquestrer sous une tonne de livres, où alors... N'y avait-il pas un placard pas loin ?

"--Arrête de dire que tu vas bien. Tu ne vas pas bien du tout, tu fais une crise de manque ! Je sais à quoi ça ressemble !"

Elle se mordit la lèvre, et les larmes lui montèrent aux yeux.

"--Je sais ce qui t'arrive, parce que moi aussi... Je vis ça régulièrement. Long et douloureux est le chemin qui mène à la rédemption, pas vrai ?"

Elle se tut, plongea dans ses pensées. Elle explora d'abord les souvenirs de crises, puis les souvenirs de Nikolaï, qui l'amenèrent logiquement à ceux de Sacha. Dire que Nikolaï la haïssait parce qu'à cause de l'autre elle, il avait failli perdre le blond... Elle était vraiment nulle.

Sujet Abandonné ?

Oui, la même que pour les autres.
J'archive.
Si tu veux bien signaler... (comment, je suis une feignasse ? Non, j'ai juste pas envie de pourrir le code des sujets déjà signalés ><)

Sujet: Re: Seems to be empty. But it isn't. [Kaijuu]

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