Attrape moi si tu peux. [PV Ludovic][TERMINE]

J'avais couru toute la journée après moi même. Je me cherchais, je voulais me retrouver, voir à quoi je ressemblais avant ça. Où était passé mes couleurs ? Comment avait-je pu tomber aussi bas ? Je savais qui avait déclenché ma torpille infernale mais il restait un point d'ombre à éclaircir. Pourquoi ne m'étais-je pas accroché ? J'étais Aby Dan après tout. Je ne me ratatinais pas si facilement d'habitude.

J'avais ressassé tous mes souvenirs; les sourires des gens, les bastons, les engueulades, les virées en cachette, les beuveries et même ce soir là. Je me souvenais de chacun de ses gestes, de ses paroles, son regard désolé quand il m'avait dit qu'il ne m'aimait pas, ses soupirs épuisés. Que pouvait-il fait d'autre après tout. Il ne m'aimait pas et c'était tant pis pour moi. Ce n'était quand même pas de sa faute, ça ne s'explique pas, les sentiments. Je lui en avait voulu de m'avoir abandonné de la sorte. Maintenant j'étais triste et en colère contre moi même. Je détestais me voir dans cet état et les gens qui me souhaitaient bon rétablissement me prenait la tête. Qu'ils se mêlent de leurs fesses, elles sont déjà bien assez volumineuses pour faire attention aux miennes.

Sans vraiment y faire attention j'avais atterri sur le toit de l'institut. Il y avait des chances pour que je ne reste pas seule bien longtemps mais j'étais bien décidé à reprendre du poil de la bête. Au moins pour un temps. J'avais envie de me battre. Envie de mettre une bonne branlée à n'importe qui, une blondasse sur-siliconée de préférence. La pauvre petite serait obligée d'appeler son chirurgien pour qu'il lui refasse le nez, les lèvres, le front et tout le bataclan, quel dommage. J'en serais tellement désolé de la voir partir sur une civière, hurlant à qui veux l'entendre qu'elle me tuerait à son retour. Qu'elle vienne et je lui offrirais un nouveau séjour gratuit à l'hôpital.

De rage, j'avais fait mes griffes sur les tuiles du toit. Un son grinçant s'en échappait, un cri de douleur m'intimant d'arrêter. Je n'avais rien sous la main pour me calmer, j'avais envie de hurler. Mon corps était en feu, mes doigts bouillonnaient d'excitation, j'étais trempée de sueur à un point tel que mes jambes glissaient sur les tuiles. Des flammes affamées ravageaient l'intérieur de mon corps, léchant tout sur leurs passages, détruisant tout ce qu'il me restait de calme. Je ne pouvais résister plus longtemps à cette envie irrésistible de crier à pleins poumons. Il fallait que je fasse quelque chose ou j'allais me consumer.

Un cri bestiale sortit alors de ma bouche me décrochant la mâchoire au passage. J'eus l'impression que mes boyaux allaient me rester dans les mains et mon estomac avec. Je restai ainsi une dizaines de secondes, attendant que le calme m'envahisse de nouveau. Et ce fut la fatigue qui me prit, je m'allongeai brutalement sur le dos, regardant les nuages passer. Avais-je réussi à extérioriser tout ce que j'avais en moi ? La blague, il y en avait beaucoup trop. Peut être y avait-il un vingtième de ma colère qui était partis, et encore j'avais des doutes. Qu'on m'offre une pétasse blonde et vite !

Besoin d’air. De sortir, de voir les verts pâturages d’une Californie aride. Juste besoin de respirer. L’allemand avait passé sa matinée à errer entre son bureau et le laboratoire pour y donner les échantillons de sang. Prise de sang, étiquetage, enveloppe. Marre de ce boulot qui ne lui apportait pas cette satisfaction à l’hôpital. Il ne voyait des élèves que pour une consultation qui devait s’assurer de leur bon état de santé. Pas de plaie sanguinolente, ni de jambe en lambeau. Pas de rage, pas d’hépatite et encore moins le sida - bizaremment. Des patients lourds ça il en avait, sauf peut être quelques rencontres, qui se faisaient exceptionnelles, inoubliables.

Il avait donc entreprit sa marche dans les couloirs, ne sachant pas trop vraiment où se rendre. Parc, cafète, terrasse, shopping en ville ? Non au lieu de ça il avait gravit les escaliers de la tourelle jusqu’à arriver tout en haut du bâtiment. Il devait à tout prix prendre de l’altitude pour choper un peu d’oxygène avec ses petits poumons. Il arriva alors devant une porte, qui menait au toit de la tourelle. Pourquoi ici ? Il ne savait pas, c’était un moyen comme les autres de visiter l’institut. Il entrouvrit alors doucement la porte histoire de guetter s’il y a avait du monde. Pas envie de se retrouver avec une bande de petits merdeux. A sa surprise, il n’y avait qu’une fille. Elle semblait plutôt pensive, de mauvais poil, pas très accueillante, limite effrayante.

Alors qu’il s’apprêtait à poser le pied pour s’approcher, la jeune femme de mit à hurler. Cri qui venait des tripes, celui qui tente de libérer les maux de l’esprit. Il ne tombait apparemment pas au bon moment. Qu’importe, il attendit sagement que la jeune femme se calme et qu’elle s’allonge de tout son long. Soupira silencieusement en plissant les yeux. Encore un cas. Dépression ? Peine de cœur ou simplement rageuse ? Peut-être une meurtrière, une schizophrène, une trafiquante d’arme, une dealeuse ? Il resta planté un moment sur place, entre la porte de l’observatoire et le toit, laissant son imagination faire son travail.

Réflexion faite, besoin de discuter. Envie précipitée de savoir ce qui pouvait bien rendre la jeune femme dans un état pareil. Il laissa donc ses jambes le trainer, puis non loin d’elle il alla s’asseoir à ses côtés. Peut-être qu’il s’en prendrait une en troublant le repos qu’elle semblait essayer d’installer en elle. Tant pis, lui il avait de savoir, il finirait par tout connaitre, comme d’habitude. Il savait être attentif, parfois réconfortait, même si la plupart du temps il était plutôt cru dans ses dires. Petit chien prêt à briser la glace pour sauver une âme en peine, mais cela seulement si la personne lui plaisait, sinon il noterait dans son calepin pour s’en servir plus tard. Mémoire de poisson rouge surement. Fixant la jeune femme, il trouva inutile de se présenter dans l’instant, autant palper le terrain avant, sait-on jamais que ça soit une folle…

[Anglais] « T’as du coffre là-dessous ! »

Enjoués et plein d’entrain, ses mots venaient casser cette tension. Ne sachant plus quoi dire, il se mit à fixer devant lui. Les jambes légèrement repliées et les bras vers l’arrière, qui lui servaient de dossier. C’était plutôt sympa comme un endroit, même si le soleil tapait sur son dos. L’air était quand même plus respirable qu’en bas. L’établissement était plutôt bien situé, le problème était peut-être les résidents, trop peu fréquentables, ils avaient tendance à déteindre sur lui.

Et pourtant, il s’avoua aimer ce genre de compagnie, généralement il ne s’ennuyait pas, même si beaucoup des récidivistes étaient drogués, prostitués ou meurtriers. Ce genre d’établissement était en fait un bon moyen pour la société de se protéger de ces cas, que personne ne voulait avoir affaire. Dommage, beaucoup d'entre eux était tellement plus intéressant que bon nombre de bons citoyens. Il s’y sentait bien tout simplement, tout comme là, assis sur le toit en charmante compagnie.

Ma pétasse blonde. Oh oui petite poupée siliconée, viens donc que je te refasse le portrait. Deux ou trois coups de poing et ton nez sera d'une beauté étouffante. Quatre ou cinq coups de pieds et plus jamais on ne pourra critiquer ton fessier. Poupée de cire si fragile, petit minois si mignon, tu t'en sers. Tu comptes bien avoir raison des méchants en leur lançant un regard ravageur. Mais je suis Aby tu sais. Je déteste plus que tout les fanfreluches dans ton genre, tournant du cul (ce sont tes parents qui paient l'essence de toute façon), bombant la poitrine comme si ta vie en dépendait. Si ta vie se résumé à ça, prend du recul et change de voix, t'es mal barrée. C'est qu'un conseil, fais en c'que tu veux. Tu viendras pas te plaindre après en disant que je ne t'avais pas prévenue. Viens donc par là, tu mérites un ravalement de façade. Viens mon poing t'attend, il en crève d'envie.

Un grand brun.
Une grande brindille tenant par on ne sait quel miracle sur ses guiboles.
Des cheveux en pétard laissés à la merci du hasard.
Un enquiquineur.

Non, non, mon petit biquet, tu n'es ni blond ni siliconée, que viens tu faire par ici ? Tu ne voudrais quand même pas que je ravage ton si joli visage. Ce serait tellement dommage. File, il est encore temps. Tu veux te rendre utile ? Je comprends. Va me chercher une grande blonde, de gros seins, des lèvres trop pulpeuses et les yeux trop maquillés. Quand tu l'auras trouvé, que faire ? Ramène la ici en lui disant que le plus beau gars de l'institut souhaite la voir. Une grande perche, les cheveux brillant et les yeux en amande. Pour sûr, elle viendra. Du moment qu'il y a un coup en vue, y a pas de soucis. Crois moi, je sais de quoi je parle. C'est la loi en vigueur ici, tu baises et tu la fermes. Si tu suis pas le mouvement, t'es le martyre, la tête de turque, j'te jure y en a qu'on vécu ça et ils sont partis rapidement.

« T’as du coffre là-dessous ! »

Une voix chaude, presque trop. Grave. Tout de suite l'image de l'ours me vint à l'esprit. Une grosse bête pleine de fourrure, pas plus méchante qu'un agneau mais qu'on ne laisse jamais vivre assez longtemps pour le voir. Une irrésistible envie de me jeter dans ses bras, de caresser cette douce peau pleine de poils. De l'entendre murmurer quelques paroles rassurantes, entendre son rire puissant se moquer de moi à cause de ma tête affreuse, me brusquer pour me remettre les idées en place, me laisser raconter en faisant des commentaires inappropriés et me sentir soulagée. Dormir dans ses grosses pattes et reprendre le cours de ma vie, comme avant. Faire renaître Aby.

Tu veux de moi gros nounours ?

« Ouais et t'a encore rien vu ! Tu veux que j'te raconte ? Tu te serais déjà tiré si tu voulais pas savoir alors fais pas genre t'en as rien à foutre. Si ça t'emmerde, casse toi. Sinon, j'espère que t'a prévu de quoi bouffer, ça va être long. C'est quoi ton nom ?»

Il aurait très bien pu être le directeur de l'établissement, quoique, c'était assez rare de voir ce genre de figure se balader sur les toits. Un dépressif ayant une envie folle de prendre l'air, un camé croyant retrouver son dealer, un pervers pensant coincer une fille entre deux tuiles. Qu'importe. Si il avait du temps à perdre, soit.

Assis toi, prends un siège et prépare tes petites oreilles décollées à entendre l'histoire la plus pathétique qu'il te soit donner de connaître. Promets que tu ne diras rien et ce sera aussi bien. Ouvre ta grande bouche et tu finiras sans dents, comme ta mamie dans sa maison de retraite. C'est compris ? Bien commençons.

« Ludovic, mais je t’autorise à m’appeler Ludo »

Il souleva une de ses mains du sol puis la ramena doucement vers elle, prêt à se la faire serrer par une poigne enragée. Non, malgré que ça soit une femme il ne lui ferait pas la bise Elle était beaucoup trop caractérielle pour qu’il tente une approche aussi dangereuse. Oui, à cet instant elle respirait la haine, le meurtre et la douleur. Prête à massacrer n’importe quel visage qui se trouverait dans son périmètre. Et pourtant, elle souhaitait se confier à l’allemand. Ce n’était pas forcément le bon choix, soit dit en passant. Les présentations étant faites pour sa part, il fixa la demoiselle avant de lui demander son nominatif.

« Et ton petit nom, c’est quoi ? »

Il ramena ensuite ses bras autours de ses genoux, maintenant redressé. Tête légèrement penchée sur le coté, il n’attendait plus qu’elle se décide à commencer son histoire sans fin. Bien décidé à la laisser parler tant qu’elle le voudrait, Ludovic appréciait les récits dramatiques et pour que la jeune femme vienne se confier à lui sans même le connaître, ni même connaître sa profession, ça devait être pathétiquement douloureux. Soit, si elle en avait tant besoin, l’infirmier ferait son confident. En espérant seulement qu’il ne se mette pas à pouffer de rire comme une folle travestie. A cet instant il était souriant, rictus un peu pervers comme celui d’une commère qui s’apprête à apprendre le scoop du siècle et qui pourrait aller le crier sur tous les toits. Il ne manquait plus qu’à lui donner le signal.

« J’ai bien bouffé t’en fais pas, tu peux te lancer. »

Oui il s’était rempli la panse, le temps de finir ses visites à l’infirmerie. Il était donc bien, bien prêt d’ailleurs. Attentif comme jamais pour l’écouter déblatérer sur ceci ou cela. S’il s’agissait d’amour, il partagerait surement son opinion. L’amour et lui ce n’était pas la meilleurs relation qu’il avait eu, il ne savait s’y prendre que dans un lit. Oh il était déjà tombé sous le charme d’un américain, mais rien de fameux, quatre ans de vie commune avant de se jeter à la porte. Et en arrivant dans cet institut il s’était déjà entiché d’un vulgaire résident. Les sentiments ne se contrôlant pas, si la jeune femme souffrait à cause de la tourmente de l’amour, il lui apporterait peut-être un peu de réconfort en lui balançant les misères de son cœur bien trop égoïste. C’était un bon petit chien, prêt à briser la glace pour sauver une âme en peine. Ouais, il l’aimait bien, une personnalité avant une spontanéité décoiffant, un vocabulaire recraché comme il lui venait.

En attendant qu’elle se lance il glissa sa main dans sa poche et en sortit un paquet de cigarette. Il l’ouvrit en fit sortir une qu’il porta à sa bouche puis tendit le paquet à la jeune. Si elle comptait vider son sac, valais peut-être mieux pour elle qu’elle se mette en condition. Si elle fume bien sûr. Il rangea ensuite le paquet, sortit son briquet pour alluma le tube cancérigène. Pris une grande bouffée de carbone avant de laisser la fumée âcre sortir doucement de sa bouche. C’était bon, relaxant, encore une drogue qu’il prenait plaisir à consumer avec lenteur. Là, il était opérationnel pour une après-midi mouchoirs trempés, yeux rouges et défaillance.

(Désolé c't'un peu court...)

« Moi c'est Aby et c'est vrai qu'il est un peu court comme nom... »

« T'sais ça parle d'amour, de cul et de larmes. Un truc pathétique avec une touche de glauques. Tu connais Nathanaël ? Beh tout commence et finit par lui.. »

[C'pas bien long non plus, sorry...]

[C’est parfait ~]

La jeune femme serra avec énergie sa pauvre petite main. Et je tiens à signaler au passage, qu’elle aussi avait la peau douce, tout autant que lui. Donc il avait affaire une dénommée Aby. Original. Pas de suite, pas un prénom composé ? Juste… Aby ? Soit, au moins il n’y avait pas besoin de lui trouver de surnom, c’était tellement… court. Qu’importe. Il se contenta de sourire en récupérant sa main, qu’il posa sur ses genoux. Bon la blague était pas terrible, mais bon, dans son état, et vu son joli minois, on pouvait tout lui pardonner.

Il lut donc le résumé de ce mélodrame californien dans la page des programmes de ce soir. Avec Aby, dans le rôle de la pauvre et triste femme, et Nathanaël, le méchant tombeur, briseur de coeur : Amour, cul, larme, glauque ? Une comédie dramatique alléchante. Hé beh ! Ca promettait d’être beau. On connaissait déjà la fin de cette douloureuse histoire : mouchoir, insultes, tristesse, dépression, suicide. Mais ne changeons pas de chaine. Le résumé en était tellement salivant, que personne n’aurait saisi sa télécommande pour zapper.

« Pathétique, je n'en doute pas. »

Clope en bouche, allumée, il tira dessus. Elle ne fumait pas ? Il rangea donc son paquet la regardant se laisser tomber sur les tuiles. Et comme il allait jouer le rôle de la bonne copine, qui ne dit rien et qui se suffit à écouter, parce qu’elle, elle garde toujours tout pour elle. C’était un peu le sac poubelle, qu’on remplit de m*rde dont on a pas besoin. Il se joignit à elle avec élégance. Se laissant tomber, passa son bras derrière sa tête brune, pour se faire un petit coussin. Les tuiles étaient brulante, mais qu’importe, il prendrait un peu de couleur comme ça. Sa main se porta à sa bouche, pour retirer sa cigarette d’entre ses lèvres.

« Bon, commence par le début : tu le connais d’où, c’est qui – il est sexy au moins, parce que sinon j’vois pas pourquoi tu t’accroche -, il a quel âge… t’as quel âge ? Nan je demande ça, juste pour avoir le contexte ~ »

Non, il n’avait pas encore eut l’honneur de connaître cet adorable jeune homme. Tube cancérigène de nouveau en bouche, il cracha l’épaisse fumée vers le ciel, dans la même direction que son regard. Les dialogues aveugles, c’est sympa aussi. Le gros ours en peluche était en train de cuire.

« Abrège tes souffrances, je me la ferme.»

Non pas qu’il voulait en finir vite, non il en voulait des détails, encore et encore. Jusqu’à l’overdose. C’était juste l’impatience qui venait prendre le dessus. Et puis si elle continuait à broyer du noir, elle fondrait en larmes et lui ne comprendrait plus un seul mot entre les reniflements atrocement sex’ et la mâchoire crispée comme un broyeur. Elle semblait déjà au bord du gouffre. Un peu plus et elle tombait au fond du précipice, et ce n’était pas Ludovic qui pourrait lui offrir une grande aide. Même si Aby avait réussit un soupçon d’empathie chez l’allemand, il n’avait pas forcément les mots pour apaiser le cœur.

Au moins ça avait le mérite d’être clair. Il n’était pas là pour me tenir le même discours que toutes ces pauvres cruches qui tentent de vous consoler. Non, il allait être franc et c’est ce qu’il me fallait. Aujourd’hui pas de place pour la pitié et pour les « tu vas t’en remettre, ce n’est pas si grave que ça en a l’air ». Ludovic était un homme et par définition, assez nul dans les problèmes de cœur (avouons le xD). A peine au premier chapitre qu’il prend déjà la fuite mais lui, semblait bien décidé à rester au moins jusqu’à la première pub. Gentil nounours. Tu auras une sucette au miel à la pause, promis.

Il prit place près de moi, dans la même position mais avec un léger souci de confort pour sa part. Les tuiles chaudes n’avaient pas l’air de le satisfaire pleinement. Pourtant, prendre quelques couleurs ne pourrait surement pas lui faire de mal. Et si dans le cas extrême, il venait à prendre des coups de soleil par ma faute, je me ferais un plaisir de lui mettre de la crème sur le dos. Miam. Cet épisode d’Amour, Gloire et Beauté allait être croustillant, le seul me direz vous depuis le début de ce navet.

Il fumait tranquillement sa clope en attendant que les pubs pour capote et shampoing se terminent. Il n’avait pas l’air particulièrement pressé et se mettait étrangement bien dans l’ambiance tramatico-pathétique. Qu’il en soit ainsi, écoute mon enfant et prend en de la graine. Détrôner ce drame du 21eme siècle s’avérera difficile, prend note et apprend du maître.

« Beh on est arrivé en même temps à l’institut, ça fait 2 ans de ça un peu près. On nous a mis dans le même dortoir et depuis on se quitte plus. Il est terriblement sexy, pour qui tu m’prends ? J’ai un minimum de gout quand même ! Des cheveux d’ébène qui tombe doucement sur ses beaux yeux vairons, une petite gueule d’ange, pas bien musclé mais assez pour me porter comme une princesse de temps en temps. On a le même âge à quelques mois près, 19 ans. Je ne sais pas grand-chose de lui finalement, juste que je ne peux pas vivre sans. C’est un peu c** hein ? »

J’avais besoin d’une pause, parler de lui c’était comme marcher avec une épine dans le pied. Douloureux mais terriblement soulageant quand on parvient à s’en débarrasser.
Au début on est amis, on s’entend bien, tu tentes ta chance plus tard et tu te ramasses. C’est la dure réalité de la vie. Dans cet endroit, y avait pas mal de concurrence. Nath’ était bi et je ne pouvais rien faire contre ça. Tout est bon dans le cochon mais de la à bouffer les sabots… Faut être maso. Mais ne l’étions nous pas tous un peu ? Toujours désirer l’impossible, toujours plus, toujours mieux. Un pour tous et tous pour un. Chacun pour sa gueule ouais. La loi du plus fort plutôt.

« J’préfère que tu participes, hocher la tête comme un crétin ça va rapidement me gonfler. Dis c’que tu penses, t’a l’air plutôt fort pour ça non ? »

« Bon bah puisque tu m’y autorise si gentiment, je vais donc te faire part de mon sentiment. Alors oui effectivement c’est c*n, si ce n’est plus. T’as pas l’air d’une nunuche alors ça m’étonne un peu de constater que tu puisses ne pas te remettre d’une telle situation. Enfin je ne te connais pas, je peux me tromper, mais j’en doute fort. C’est quoi le problème ? Il a une autre nana, c’est un homosexuel ? Un amour à sens unique ? »

L’allemand resta dans sa position initiale, pas besoin de se regarder dans le blanc des yeux. Non, là il était tellement concentré que peu lui importait de voir la tronche de son interlocuteur. Il soupira, porta la clope à sa bouche, en tira une taffe puis relâcha la fumée en faisant apparaître des petits cercles avec la fumée âpre.

« Je suis sure que tu dois être du genre à grossir un peu les traits, est-ce que tu lui en a seulement parlé ? »

Il ferma les yeux un court instant. M’ouais les conseils ne faisait pas partie de ses habitudes même s’il savait être à l’écoute – pas forcement de façon bienveillantes d’ailleurs –, si elle insistait pour qu’il ramène son grain de sel, il se plierait à sa volonté et tant pis si ce n’était pas ce à quoi elle s’attendait. Elle n’avait qu’à pas avoir besoin de parler et se renseigner avant de parler à un simple inconnu.

« En même temps qu’elle idée de s’enticher d’un mec aux yeux vairons, si en plus il est sexy… »

Les trop beaux garçons c’était connus pour être des coureurs de jupon, des briseurs de cœurs, des mecs inaccessibles. Des personnes qu’on touche avec les yeux, mais pas avec la pompe de sang. Une pensée pour son américain. Qu’il avait été bien c** de faire le c**. A cette heure-ci il serait surement à une terrasse à boire comme un trou avec son ex. Mais non, l’allemand avait préféré faire le fou, jouer avec le feu. Et il s’était cramé les ailes. Mais qu’importe ! Il secoua discrètement la tête, faire sortir horreur au plus vite. Non pas que ça allait le faire chialer comme une fiote, mais il n’avait pas besoin de s’énerver.

Il reporta donc son attention sur la conversation, après ce bref égarement. C’était trop bête qu’à son âge elle se prenne déjà la tête avec des conneries pareilles. N’avait-elle rien d’autre à foutre que e se faire du mal. Elle ne le verrait surement plus en sortant de l’établissement. Ouais c’est un feuilleton bien triste, les mémés en pleureraient dans les chaumières. Que l’actrice principale était émouvante sous ses airs rebelles et crus. Ca lui en foutrait presque la gerbe ce trop plein de sentiment.

De toute façon il ne pouvait rien lui reprocher puisque lui-même c’était fait avoir comme un c*n. Mais avec le temps il avait appris à créer une barrière – qui n’allait pas tarder à se briser – pour éviter de s’attacher de façon trop importante. Il n’avait qu’une seule personne dans sa vie et c’était lui. Pas une autre entité qui viendrait lui grignoter son indépendance et se qu’il appelé être sa liberté. Penses-tu, ce n’était qu’un mouton comme les autres qui tentait de fuir ce qu’il devenait. Le produit d’une société qui nous amenait à l’individualisme pur, et prônant sex & drug. Il finirait comme un c**, seul mais content d’avoir baisé tout ce qui bouge pendant sa vie, sans n’avoir rien construit, ni trouvé un but dans ce foutu merdier. Aby avait encore le temps avant de se caser avec quelqu’un, fonder une jolie famille avec trois marmots braillant et un mari, au départ sexy, qui prend du ventre à vue d’œil devant la télé. Dis le ma jolie : quelle vie de m*rde.

Ce n’est pas une gifle mais une tornade que je me pris en pleine tête. A vouloir qu’il parle franchement, il avait sortis en trois phrases toutes les choses que je ne comprenais pas non plus. Pourquoi je ne pouvais pas m’en remettre ? Surement parce que ce n’était pas le fait de m’être fait jetée comme une m*rde qui me faisait du mal mais plutôt parce que je savais que notre relation ne serait plus comme avant. Et Dieu seul sait à quel point elle m’est chère. Entre se faire dégager et perdre une telle amitié, il y a de la marge. Et c’est bien ce fossé là que peu de gens comprenne. Qu’importe qu’il ne veuille pas de moi à son bras, s’il veut bien de moi près de lui en tant qu’amis.

« J’arrive pas à m’en remettre parce que Nath’ n’est pas n’importe quel mec qui me dit non, tu vois ? C’est comme si on se connaissait depuis toujours, on est comme les deux doigts d’une main. C’pas le fait qu’il m’ai jeté qui me fait mal c’est surtout parce que j’ai peur que ce ne soit plus jamais comme avant. Tout ce que je vais faire, il va croire que c’est par amour ou je ne sais quelle raison à la c**. Y a pleins de trucs qu’on faisait presque comme un couple mais en tant qu’amis et perso’ j’adorerais continuer ça mais lui va se montrer retissant, c’est sûr. Tu piges le souci ? »

Lui en parler ? C’est vrai que depuis cette nuit là, nous n’avions pas reparlé de tout ça. Mais je me voyais très mal avec lui, parler entre quatre yeux, pour finir sur quoi ? Des larmes, des « je suis désolé Aby ». Ce n’était pas ce que je voulais. Je voulais qu’il oublie ce que je lui avais dit et que tout redevienne comme avant. Que je garde mes espoirs pour moi, car l’espoir fait vivre hein ! Si seulement j’avais su fermer ma grande gueule.

« Non, on en a pas reparlé depuis. J’ose à peine croiser son regard t’sais. Il est désolé de ce qui s’est passé, mais ça je le sais et c’est pas c’que je veux. Que tout redevienne comme avant, c’est trop demander peut être ? Et pour répondre à ta question, ce serait amour à sens unique et je pense qu’il serait tombé amoureux d’un mec, un certain Jeremiah. Affreux quoi. »

Prononcer ce prénom était une véritable torture. Jeremiah, petite araignée maligne qui emprisonne qui passe sur son chemin dans sa grande toile blanche. Tu comptes en sortir vivant ? Rêve, Jeremiah t’a, il ne te lâche plus. Un serpent aux crocs acérés remplis de venin mortel. Il te paralyse de son regard et tu deviens son quatre-heures. Ne t’approche pas trop près ou tu deviendras sa future victime. Le souci, c’est qu’il est beau, peut être trop. Un de ces charmes extraordinaire que tu ne peux expliquer par les mots, il faut le voir pour le croire. A la fois flippant et terriblement bandant. Repenser à son visage que j’avais rapidement croisé à Halloween me donnait la chair de poule.

« Ouais terriblement sexy, tu ne peux même pas imaginer à quel point. Mais d’un autre côté si il était carrément moche, je ne vois pas comment j’aurais pu tomber amoureuse de lui, enfin bref. J’dois faire quoi à ton avis ? Défoncer la gueule de Jeremiah, ne plus parler à Nath’, me trouver un autre mec… »

Allongé sur le sol, l’allemand haussa légèrement les épaules, son bras toujours maintenant sa tête. Le mal était déjà fait chérie, en te déclarant tu venais de briser cette alchimie qui vous unissez. Quelques mots avaient suffit pour de minces barrières entre vous. Et comme Aby l’avait si bien dit, le moindre de ses gestes ou mots serait accueillit comme un élan d’amour, une déclaration qu’il interpréterait et qui n’avait pas lieu d’être. L’allemand n’ajouta rien. Il comprenait très bien dans quelle situation s’était fourrée la jeune femme. Lui en avait-elle reparlait ? Non, bien sur que non. Mais qu’il était idiot ! Comment pouvait-on discuter d’un sujet aussi sensible, qui finirait surement par des cris, des reniflements et quelques mots traduisant la gêne.

« Je pense que oui, t’en demande trop, surtout à un homme. »

Le brun joua un instant avec sa clope, plongé dans une profonde réflexion. Si en plus le mec aux yeux vairons était tombé amoureux d’une autre personne… mais quel mélodrame. Les mâles c’était connu pour fuir les situations délicates. Ils n’avaient pas les mots, ne savaient pas sur quel pied danser, et finalement ils préféraient se barrer la queue entre les jambes. Se sont des lâches, et qu’elle ne s’attende pas à ce que se soit celui de son cœur qui vienne lui en parler. Si les choses devaient être mises au clair, elle ne pouvait compter que sur elle-même. Ouais, il était désolé, cool. Mais désolé de quoi ? De ne pouvoir répondre aux attentes de l’amoureuse ou d’être désolé qu’elle soit tombée amoureuse de lui ? L’allemand tire de nouveau sur sa clope puis lança sa remarque. Et qu’eut-il en échange ? Une liste de possibilité que s’offrait Aby pour régler le problème d’un cœur tourmenté.

« Hm. C’est vrai que rendre Jeremiah bossu pourrait éventuellement te laisser une chance, après de là à ne pas t’attirer les foudres de Nathanaël pour avoir fracassé ton rival, faut pas rêver. Ne plus parler à Nathanaël, très mauvaise solution, ne t’y risque pas. Te trouver un autre mec… m’ouais »

La troisième solution était celle que l’allemand aurait choisi, et qu’il avait choisi. Mais à part courir à contre-sens n’était pas forcément la bonne solution. Et dans ce cas de figure, à part lui faire oublier le visage de Nath’, et encore, le temps d’une baise ne lui apporterait rien, si ce n’est peut-être un orgasme. Un sourire et une bouffée de fumée recrachait dans l’air plus tard, il soupira. Non de lassitude. Il constatait simplement la complexité de la relation d’Aby avec l’irlandais.

« Tu devrais lui en parler, même si ça n’aboutit à rien. Lui expliquer clairement que même si ton amour est à sens unique, tu n’attends rien de lui, que tu te contente pleinement de votre relation, que c’est celle là que tu veux. Ou alors, si t’es du genre à faire des blagues de mauvais goûts, et que tu es une bonne comédienne, lui dire que s’en était une. Que tu voulais tester sa réaction face à ton amour. »

Le brun écrasa sa clope sur les tuiles brulantes puis la jeta au loin. Il tourna son visage vers la jeune femme. Que c’était triste de voir une si jolie jeune fille, aussi colorée qu’elle, sombrer dans la tourmente. « 100 Years Ago », magnifique tableau de Peter Doig avec cette femme perdue en mer. C’était l’image qui lui était venue en voyant Aby dans une situation où elle ne savait plus quoi faire, où les évènements la dépassaient.

« Mais l’ignorer lui montrerait que tes sentiments sont vrais et que tu en attendais plus qu’une simple amitié. Donc si tu veux le garder, oublie. »

Surtout à un homme. Ils savent en jouer de cette saloperie de phrase. Notamment le jour où il faut leur apporter une bière devant la télé. On devrait être à leurs pieds et ne rien leur demander en retour ? La belle affaire, fragile et incapable de résoudre un problème un jour, viril et Marie-couche-toi-là le lendemain.
« Laisse moi passer femme, j’ai faim. Ne m’en demande pas trop, je ne suis qu’un homme. » La girouette tu connais ? Mettez-lui une barbe et deux tétons et vous aurez un homme parfait. Changeant de cap au gré du vent et jurant sur la tête de leur mère tous les quarts d’heure qu’ils sont innocents. Innocent aux mains bien pleines. Laisse-moi te dire une chose homme, le jour où tu assumeras vraiment les choses que tu fais subir aux femmes, tu pourras te venter à vie d’avoir des couilles (et toc).

« Toi aussi t’es du genre à partir la queue entre les pattes ? Non, bien sûr que non, j’suis certaine que t’es pas comme ça toi ! Pourquoi les hommes n’assument-ils rien hein ? Y en a pas un pour rattraper l’autre… Je lui en demande trop, mouais… Et j’dois faire quoi à ton avis, lui dire que je ne lui en veux pas, que après tout ce n’est qu’un homme minable parmi tant d’autres qui n’a pas su garder sa queue 24h dans son caleçon ? Si je frappe Jeremiah, il ne me dira rien, trop peur que je le frappe aussi ! »

L’idée même d’enfoncer mon poing dans le nez de ce sal voleur me fit l’effet d’une bonne cuillère de Nutella. Doux, chocolaté, terriblement jouissif. On se sent bien après avoir mangé du Nutella, tout comme j’allais me sentir soulagé après m’être défoulée contre son joli minois. Le nez en miettes, une bosse sur le front, quelques côtes et des doigts cassés, une jouissante petite liste des plaisirs que j’allais bientôt assouvir. A croire qu’il m’évitait d’ailleurs. Depuis plus d’un moi, je ne l’avais croisé nulle part. Ce rat ne fréquentait que les endroits les plus sombres afin de coincer ses proies contre un mur, sans témoin pas de preuve. J’allais le choper dans un lieu remplis de lumière afin que tous puissent voir sa tronche ensanglanté. La sanction ? Qu’importe, le soulagement de lui avoir mis une branlée serait tellement fort que la punition pouvait être des plus horrible, je la ferais presque avec le sourire.

« Un homme bossu, ça fait beaucoup moins bander. J’serais au moins sûre que ce salaud ne baisera plus avant d’être rétablis. Nath’ m’en voudrait peut être un peu, j’aurais quand même cassé son jouet, mais il passera dessus mettant ça sur le compte de ma pauvre petite douleur de femme rejetée. Il serait même capable de s’excuser. »

Nathanaël s’excuse toujours. Même pour les choses dont il n’est pas coupable. Il se croit parfois responsable de tout le monde, quitte à s’en prendre pleins la tronche pour rien. Chacun pour sa gueule m*rde ! Je ne me souciais que de lui, les autres… qu’ils aillent voir ailleurs si j’y suis. Ce pauvre petit papillon avait les ailes bien fragiles et ses maigres petits bras ne lui permettaient pas de se défendre contre l’envahisseur. Il avait besoin de moi pour le protéger, tout comme j’avais besoin de ses bras pour dormir.

« Une blague ? J’suis une bien trop mauvaise comédienne pour ça.
J’peux pas m’empêcher de l’éviter, c’est trop dur de voir son regard. Je lui ai déjà dit que je n’attendais rien de lui, mais j’peux pas soulever des montagnes non plus, faut qu’il y mette du sien un peu. J’attends rien de lui mais c’est déjà trop lui demander… »

Ne rien vouloir en retour c’est déjà en demander beaucoup, ce n’est qu’un homme ne l’oublions pas.

« T’restes une clope ? »

Lui partir la queue entre les jambes ? Naon. Il n’est pas comme ça – keuf. Oh, puis c’est un homme après tout, oui encore cette satané excuse qui permettait aux mâles de s’esquiver des situations un peu trop compliquées. Sourire un peu crispé aux lèvres, yeux légèrement plissés il se contente de fixer la jeune femme. Quoi, elle imaginait l’allemand sentimental ? Qu’il s’en voudrait de ne pas ressentir un amour passionnel pour un individu qui viendrait se déclarer ? Il était humain, peut-être un peu trop mégalomane, mais pour le coup il comprenait l’étudiant victime de l’amour de la jeune adulte qui se tenait à ses côtés. Mais il comprenait tout autant l’état d’Aby. Ha, ils ont déjà couchés ensemble…

« Aïe. Mais ça change tout si c’était ça les trucs de couple… »

Ouais, qu’il était bête ! Comme si les deux résidents allaient faire les courses ensemble… Non c’était bien de baiser qu’elle parlait, le message était maintenant clair. Mais la solution pour son problème en devenait nettement plus compliquée. Un simple baiser pouvait encore être réparé, mais une fucking-amitié c’était tout autre chose. Bien plus complexe et plus délicat. La nurse se concentra sur le débit du monologue de la jeune femme. Gobant chacun de ses mots à l’aide d’une cuillère à soupe. My god. Mais c’est qu’elle venait presque à en vouloir à l’irlandais de ne pas éprouver la même chose.

« Si casser Jeremiah peut te soulager… En même temps t’es dans une belle m*rde, ça serait presque excusable. »

Ouais, tout était dit. Elle était au fond du trou, et plus en tentant de s’en sortir elle glissait un peu plus profond au fond du gouffre. Au revoir Aby. Ludovic n’ajouta rien, il secoua légèrement la tête de haut en bas à la demande de la créature colorée puis sortit une cigarette de son paquet avant de la lui tendre. Mais c’est qu’il en reprendrait bien une aussi. Il prit donc une seconde clope, la porta à sa bouche, puis tendit son briquet à Aby. Les femmes d’abord. Valait mieux qu’il se rattrape, car son sourire tendu de tout à l’heure avait du trahir sa lâcheté. Il attendit donc qu'elle le lui rende.

Et pour patienter il se décida à faire son petit bilan, histoire de répondre aux sollicitations de la demoiselle.

« En même, sans vouloir te faire de la peine, bien évidemment, je ne vois ce qu’il pourrait faire. Si vous avez déjà couchés ensemble, c’est foutu. Enfin je ne vois comment vous pourriez retrouver une relation amicale. Vous avez déjà passé le cap, dans ce genre de relation les règles sont simples, pas de sentiments. T’as pas respecté le contrat, et même si vous avez cette impression de vous connaître depuis toujours, je crois qu’il vous faudra beaucoup de temps à tous les deux. »

Qu’elle se mette à chialer si c’était trop dur à entendre. Mais oui, sa relation avec Nathanaël semblait bien être compromise, à moins que le jeune homme puisse nier les sentiments de la douce Aby et que celle-ci puisse les ranger quelque part, loin de la case de l’amitié. De toute façon, même si elle ne voulait pas se l’avouer, retrouver l’amitié qu’elle avait eut avec lui ne serait que souffrance.

« Prenez peut-être vos distances pendant un petit moment. »

Solution facile. L’allemand alluma sa clope puis se saisi d’une bouffée de toxine mêlée à l’oxygène. Jouissance, comme d’hab’. Peut-être qu’il fumait un peu trop. Peut-être aussi que c’était toute cette histoire qui l’angoissait un peu, remuant des souvenirs qu’il avait pourtant jeté à la trappe. Non, il ne se mettrait pas à chialer. Yeux braqués sur elle il attendait une réaction, un geste, une parole, quelque chose quoi.

« Mais ce n’est que mon avis. »

Rame petit Ludo, tes mots ne feront rien. T’avais balancé, comme d’habitude, ce que tu pensais sans même te soucier de savoir si ça lui ferait de la peine. Si tu t’étais excusé pour ce que tu allais dire, mais t’aurais pu lui mentir. Lui dire que tout était encore rattrapable. Mais à quoi bon, il n’était peut-être pas très vieux, et ne détenait certainement pas la sagesse absolue, mais il pouvait au moins lui faire part de son ressenti. Au moins elle aurait l’avis d’une autre personne qu’une bonne copine qui positivise toujours tout pour ne pas avoir à ramasser le cœur en miette à la petite cuillère.

Le fait d’avoir déjà couché avec Nathanaël changeait la donne ? Je ne voyais vraiment pas pourquoi. Certes, je pouvais toujours me brosser pour retourner dans son plumard dans les années à venir, mais à part ça…

« Beh y avait ça, entre autre chose. J’vois pas c’qui y a de mal de coucher avec son meilleur ami, après tout il a toujours été dispo’ à n’importe quelle heure pour moi alors pourquoi ne pas en profiter hein ? Limite c’est lui qui me présentait ses fesses ! Bon j’aurais peut être pas dut lui déclarer ma flemme pendant qu’on baisait non plus… Mais ça... »

J’avais, de toute évidence, mal choisis mon moment mais avec un peu de recul je me rendais compte que tout autre moment n’aurait pas convenu. Ce jour là, il avait été à moi, rien qu’à moi pendant au moins quelques minutes. Il n’avait regardé que mes yeux et avait écouté ma voix seulement. J’avais eu toute son attention. Il n’y avait rien eu pour le distraire si ce n’est mon énorme poitrine remuant devant ses yeux. Ce jour là, nu comme des vers, nous nous étions retrouvé vulnérable l’un envers l’autre et ça avait été le meilleur moment pour ouvrir mon cœur. Il avait presque réussi à faire de même, ce qui était un exploit radical. Me parler de son passé ? Il ne l’avait jamais fait, mais ce soir là, j’avais enfin appris quelques années de sa vie. Je n’avais pas eu droit à son amour, du moins pas dans le sens où je le voulais, mais j’avais gagné un meilleur ami changé. Près à se confier, ou presque.

« Merci pour la clope. Et pour le reste aussi. »

Une bonne clope, miam.

Même si ma tronche ne reflétait vraiment pas du tout mon état, discuter pour la première fois du problème avec quelqu’un me faisait un bien fou. En plus, il avait des conseils vraiment utiles et n’était pas du genre à vous sortir les phrases bateaux pour vous remontez le moral. Parfait.
En gros pour lui, j’étais dans une belle m*rde jusqu’au cou mais je savais que tout n’était pas perdu. Si je prenais le taureau par les cornes et lui bottait le cul, je pouvais réussir à refaire quelque chose de ma vie. Nathanaël ne ferait assurément pas le premier pas, je n’avais plus qu’à le faire. Si je venais vers lui la première, il comprendrait surement que je suis terriblement désolé de ce qui s’est passé et que je regrette que rien ne ce soit déroulé comme prévu. Bien que je n’ai rien prévu du tout au final.

« Les gens baisent souvent sans sentiments mais nous non. Même si ce n’était pas de l’amour, au début, les sentiments étaient quand même là. On n’était pas là juste pour tirer un coup histoire de se soulager t’sais. On se respectait. C’était pas le même genre de contrat. Si c’était à refaire je le referais. Heureusement que t’es canon sinon j’taurais déjà démolis avec c’que tu viens de dire. Rien n’est perdu, je le sais.»

Je restais étonnamment calme. Me connaissant, j’aurais déjà fait bouffer quelques tuiles à cet insolent. Mais pas aujourd’hui. Peut être avais-je grandis finalement, il me fallait juste une bonne claque dans la gueule pour comprendre…
Je voulais faire des efforts, passer au dessus de tout et reprendre ma route. Ludovic y avait contribué et je ne le remercierais jamais assez. Ses conseils valaient de l’or et je m’abstiendrais bien de le dire, j’allais peut être avoir le monopole du 3615-bon-conseil. Je ne me faisais pas d’illusions, j’avais juste quelques espoirs. L’espoir fait vivre hein.

« J’peux toujours espérer. J’dois aller lui parler hein ? Non, non pas de distance. Ce serait pire. Je sais que si je m’éloigne de lui, il va se sentir encore plus coupable de m’avoir fait du mal et au moment des retrouvailles il va faire que de s’excuser. Et je déteste ça. Pardon Aby, pardon Aby HAAA ! Ce serait horrible. Autant battre le fer quand il est chaud hein ?
T’sais que t’es plutôt doué pour les conseils toi ? Ca faisait un baille que je n’avais pas autant parlé de moi. D’habitude j’ouvre ma gueule pour critiquer les autres, mais là c’était pour mon bien, merci. C’est cool.»

Un cri sourd sortit du fond de la gorge de l’allemand. Haya, mais en plus elle déclarait sa flamme pendant qu’ils couchaient ensemble. Mais c’est qu’elle était pire que lui. La nurse éclaircit alors sa voix qui avait plongée les pieds joins dans les aigus, tentant d’étouffer un rire – pas nerveux.

« Ha ! Excuse-moi, mais t’es pas très douée, t'as pas forcément choisi le bon moment. »

Ca en était presque burlesque. Sourire aux lèvres, bien qu’il tente de rabaisser les commissures de sa bouche, rien à faire il était figé. Scotché d’apprendre qu’elle faisait ses déclarations pendant la baise. Original. Critique lourdement lâchée, dans l’élan terrible de la spontanéité. Il y avait peut-être des moments plus appropriés, ou du moins plus conventionnels pour ouvrir son cœur, mais bon dans un moment aussi intime les corps ne font plus qu’un, alors pourquoi pas… Après tout, c’est l’union de deux êtres.

« Pas de quoi. »

Elle ne montrait rien. Rien sur son visage ne laissait présager la moindre ombre de son âme. Bon bah, elle ne devait pas souffrir tant que ça ou alors elle continuait de garder espoir ou elle attendait d’être seule pour pleurer. Après tout quand il était arrivé elle hurlait sa haine et sa rage. L’image même de la femme qui cherche à être forte, fuir l’image du sexe faible. Ouais, il avait beau y avoir eut un début de sentiment, ça n’en restait pas moins une amitié compliquée qu’il fallait manipuler avec des pincettes. Et ses sentiments, à elle, avaient évolués et non ceux de l’amant apparemment. Donc au final, il pouvait bien y avoir du respect entre eux quand ils se retrouvaient dans un pieu, amitié ou non ça ne changeait rien : ça n’était que de la baise et elle se retrouvait seule à affronter la situation.

« Et bien merci ! »

Grand sourire, légèrement contracté par la boule qui venait de lui descendre dans la gorge. Ah bah c’était bien la première fois que quelqu’un ne le frappait pas à cause de sa gueule. Avec son air de petit péteux généralement c’était à cause de ses yeux de cocker qu’il se retrouvait face contre terre à manger le goudron. Canon, han mais quel compliment qui venait d’avantage gonfler son égo. Oui il se faisait un peu plus silencieux, mais elle trouvait la solution à son problème toute seule. Au final à part lui avoir donné des possibilités, Aby c’était débrouillée, et au final il n’avait fait que la conduire vers ce qui lui semblait être bon à faire. Il ne la connaissait pas, ni l’irlandais, à part donner des pistes générales à suivre, elle avait trouvé le chemin.

« Parle lui, ou fait comme ci rien ne s’était passé même si ça semble un peu difficile. »

La nurse porta de nouveau sa cigarette à sa bouche. Il ne savait plus trop quoi répondre, mais pas de soucis à se faire, il finirait par reprendre la parole. Comme d’habitude.

« Doué, je ne sais pas, je ne suis pas une référence non plus. J’fais parti de ces lâches. »

L’allemand soupira puis tira de nouveau sur le tube. Ouais, dur de se dire qu’au final on faisait parti de ce beau tas de m*rde. Il était tout aussi pathétique que son histoire. Mais ça ne le dérangeait pas plus que ça, il aimait cette m*rde dans laquelle il pataugeait. Il pouvait encore croire qu’il était libre. Libre de ces feuilletons sentimentaux qui n’étaient bon que pour les autres.

« Mais content d’avoir pu t’aider. Sache que d’habitude je n’écoute pas ce genre d’histoire d’ados. Enfin si je les écoute mais sans bonnes intentions, t’as d’la chance. »

Vrai. Bizarre, étrange. Etrange qu’il puisse lui porter autant d’intention. En temps normal il n’aurait pas ouvert la bouche et ce serait contenté d’enregistrer. Pas cette fois. Aby était… spéciale. Pourquoi ? Aucune idée, il l’aimait bien, elle dégageait quelque chose qui éveillait chez Ludovic une certaine sympathie. Elle était marrante, plutôt franche et crue. Que du bon. Il passa sa main dans ses cheveux pour remettre les quelques mèches qui c’étaient fait la malle, puis cigarette aux lèvres reprit.

« Vu que tu me plais bien, si t’as besoin tu me trouveras à l’infirmerie, je fais permanence toute la journée. Sinon j’pourrais t’offrir un coup un de ces quatre, si t’as besoin de vider ton sac. »

Il tenta de retenir son rire, mais ce fut pire que si il avait rit la bouche grande ouverte. Oui je sais, c’était d’une nullité absolu d’avouer son amour à quelqu’un en pleine partie de jambes en l’air. Mais on ne peut pas être à la fois bon au pieu et en sentiments… Son rire nerveux était communicatif et insolent en même temps. Il n’avait pas peur que je le balance par-dessus les tuiles du toit, il prenait ça comme ça lui venait sans prendre de pincettes. C’était ce qu’il me fallait et je me mis à rire aussi. Cette situation était pittoresque. J’avais été nulle, je ne l’avais pas vu de cette manière avant. Maintenant, je ne pouvais qu’en rire. Je n’avais plus besoin de pleurer, c’était trop drôle. Pourquoi ne m’en étais-je pas rendu compte avant ? Je me serais mis des baffes.

Une bonne tranche de rigolade.

« Promis j’te revaudrais ça un jour. Si t’a besoin de quoique ce soit, n’importe quand. Enfin, j’suis sure que tu n’aurais pas besoin de moi si c’était le cas, tu dois avoir tout ce que tu veux quand tu le veux toi hein, mais bon c’est pour l’principe. »

Les lâches ? Certes, mais il y avait lâche et Lâche. Plusieurs catégories qui faisaient toute la différence. Certains de ces porcs ne prenaient jamais la peine d’aider qui que ce soit, défonçaient tout sur leur passage et laissaient les autres ramasser les pots cassés. Les autres, avaient un peu plus de considération pour autrui, prenaient parfois le temps, entre deux fuites, d’aider quelqu’un. Par quelques mots, un sourire franc, avant de partir une nouvelle fois la queue entre les pattes. Cette dernière catégorie de lâche n’était pas totalement désespérée, ceux là avaient encore un peu de cœur.

« Peut être lâche mais pas complètement c**, y a encore moyen de faire quelque chose de toi ! Mon histoire est tellement lamentable qu’elle ferait rire un dépressif, ça peut servir :p »

Je faisais donc partis de l’élite de monsieur Ludovic. Il avait posé ses jolies petites fesses sur le rebord de ce toit et avait pris de son temps pour m’écouter et m’encourager. C’était à marquer d’une croix rouge sur le calendrier. Peut être la faute à ma gueule ? Je ne sais pas, peut être c’était-il dit que je n’étais pas une de ces potiches pleurnichardes. Que cette fois, il y avait vraiment un problème à régler. Il s’était senti obligé de m’aider, la faute à la bonne conscience surement. Il n’empêche, que j’aimais bien ce type. Sa présence, son manque cruel de tact me donnait envie de le revoir un de ces jours. Et ce ne fut même pas moi qui en fis la proposition. Boire un verre ? A l’infirmerie ?

« Oh m*rde ! T’es l’infirmier c’est ça ? HAHA la vache, le temps qu’ça monte au cerveau… Et bien mec, tu fais sacrément bien ton boulot, ça en ferait pâlir ces salopards de psy tiens ! Et moi aussi j’t’aime bien. Ca te dérange si je m’installe cinq petites minutes ? »

Je n’attendis pas sa réponse, souleva son bras et posa ma tête sur ses cuisses. Douillettes les gambettes !
C’était assez confortable pour me permettre de piquer un petit somme. J’avais des heures de sommeil en retard et c’était d’après moi le meilleur endroit pour rattraper tout ça. Ludovic n’avait pas vraiment le choix, mais si Monsieur l’infirmier en chef savait lire entre les lignes, qu’il sache que mon sommeil était largement assez lourd pour qu’il se permette de m’abandonner sur les tuiles chaudes sans même me réveiller. Il avait parfaitement joué son rôle, j’avais les idées claires maintenant. Merci.

Les éclats de rire d’Aby furent l’élément déclencheur des ricanements de l’allemand, qu’il avait tenté tant bien que mal de contenir jusque là. Sourire colgate. Quelle gratitude ! Surtout pour si peu, en plus il n’avait pas servi à grand-chose mise à part faire la poubelle des solutions foireuses.

« Pour ce qui est matériel, je n’ai pas à me plaindre, je ne manque de rien. Après, je ne suis pas très costaud donc je me fais souvent taper. Peut-être qu’ici je finirais mes jours entiers. Mais c’est très gentil chou ~ »

Nan effectivement, de l’argent il en avait en veux-tu en voilà. Par contre ce n’était pas avec ses deux béquilles en guise de jambe et ses cure-dents de bras qu’il pouvait démolir quelqu’un. Aby, elle, elle avait l’air robuste et semblait aimer donner des coups. Elle donnait presque l’impression que si elle venait à mettre un coup elle en jouirait les crocs au vent. Han, bah s’il venait à avoir des ennuis il n’aurait qu’à aller la trouver pour la supplier à genoux de le protéger. Tapette ? Ouais peut-être – nan c’est certain. Il cherchait toujours la m*rde mais ne savait pas se défendre.

« Encore possible de faire quelque chose de moi ? Han ! Je ne sais pas comment j’dois le prendre… Je ne suis pas un cas désespéré. Et puis perso’ j’me plais comme je suis. J’vais pas changer pour les beaux yeux de ces chiens galeux. »

Ton peut-être un peu dur, mais il avait toujours ce rictus hébété aux lèvres. Ces mots ne signifiaient pas qu’il n’aimait personne –bah non sinon c’est qui, qui viendrait alimenter son égo ? – mais tout simplement il n’en avait strictement rien à faire qu’il plaise ou non. De toute façon il menait sa vie entre la baise et les bobos.

« Je peux un effort, mais ça ne sera que pour toi. »

Oui, qui avait-il de mal à proposer à une résidente de boire un coup ? Aucun problème, de toute façon ça ne serait pas la première fois. Il avait bien fait ça une fois et avait même dansé dans l’infirmerie avec des résidents. C’était pas interdit, si ?

« Oui je… »

A peine avait-il prononcé ses premiers mots que voilà que madame c’était confortablement installée sur les maigrelettes jambes. Bon. Ce n’était pas dans ses habitudes de prêter son corps – ou du moins pas de cette façon – mais qu’importe. Il avait un peu de temps à perdre, alors pourquoi pas. Si elle avait l’intention de dormir un peu, ouais il se ferait un peu chier mais tant pis, son paquet de cigarette était quasiment plein. Par contre si elle pioncer pendant deux heures, à son réveil elle verrait son oreiller s’être fait la malle. Il lui laisserait un petit mot – avec son numéro ?

La nurse reporta sa clope à sa bouche, laissant son regard se perdre sur la longue chevelure multicolore de la jeune femme. Quelle étrange créature. Une carapace d’acier sous laquelle se cache un petit cœur à moitié brisé, qui continue de se battre pour survivre au chagrin. Elle lui imposait le respect. L’allemand ne perdrait pas tant de temps à se poser des questions. Il tournerait simplement la page, en se disant que l’autre avait perdu quelque chose. Puis il irait voir ailleurs dans les heures qui suivent. Le brun prit le tube entre ses doigts, pour le tapoter autre part qu’au dessus de la tête de la jeune femme. Ce n’était pas un conn*rd non plus.

Une fois libéré de ses deux mains, esquivant la fumée qui venait assécher ses globes oculaires, il alla jouer quelques secondes avec la chevelure d’Aby. Ca serait ça sa dette. Il prit quelques mèches de cheveux, tressa quelques unes d’entre elles, puis recommença. Ca l’occupait. Oui, ça avait beau être un mec qui savait faire des tresses, et alors ?

Elle bougea un peu, peut-être gênée par les mains joueuses de la nurse, puis plus rien. Déjà dans les bras de Morphée ? OMG. L'allemand resta bien assis, enraciné sur le toit pendant une bonne heure. Mais voyant qu'elle avait du sommeil à rattraper, il n'allait pas la réveiller, si ? C'est pas qu'il s'ennuyait mais il avait vidé la moitié de son paquet de clopes et devait retourner à l'infirmerie. Il souleva donc légèrement la tête de la jeune femme puis la reposa avec douceur. Oui, il allait l'abandonner, là, maintenant. Mais ce n'est pas un goujat pour autant, il lui avait grâce de l'écouter et avait même donné son avis. Elle n'aurait qu'à venir le taper dans son bureau à son réveil. Bonne nuit Princesse.

Sujet: Re: Attrape moi si tu peux. [PV Ludovic][TERMINE]

» Ludovic Van Friedrich [En reconstruction totale!]
» [+16] Rendez-vous avec l'infirmier [PV Ludovic Van Friedrich]

Attrape moi si tu peux. [PV Ludovic][TERMINE]

Attrape moi si tu peux. [PV Ludovic][TERMINE]

Sujets similaires

Sujets similaires