Clic.
Fzzzt.

Lunami adorait ce bruit. Signification qu'une nouvelle fois, son œil acéré avait trouvé une petite gourmandise visuelle. Ah, la photographie... La jeune fille ne quittait jamais son appareil, plutôt que le contraire. Ce polaroid était un cadeau de son père lorsqu'il avait découvert qu'elle nourrissait pour cet art une passion fervente. Elle avait dans sa boîte à clichés des centaines et des centaines d'images. Des paysages, des scènes insolites, des animaux. Jamais de personnes. Sauf Son père. Et Ryan. Sinon, elle retrouvait à chaque fois cette lueur dans leurs yeux. Une mauvaise lueur. Ici, à l'institut, elle espérait remédier à cet état de fait. Elle avait déjà commencé par prendre cet Owen, dans le jardin. Par surprise. Elle aimait bien, prendre sur le vif, capter un détail qui serait aussitôt tombé dans les limbes sans son habileté photographique. Un regard qui en disait long, un baiser furtif...elle en voulait beaucoup pour sa collection, désormais.
Cette fois-ci, elle avait enfermé sur ce papier brillant un instant suspendu, dans le théâtre. Un art qu'elle appréciait beaucoup aussi. Mais plus que pour le théâtre lui-même, c'était la scène qui l'avait attirée là. La scène...elle l'effleura avec un doux bruissement qui résonna dans le silence de la salle.

*Tu étais sur scène quand ta mère est morte.
-Oui.
-Si tu n'avais pas dansé, cette fois-là, elle ne serait pas morte...*

C'était vrai. Elle en avait conscience. Trop.
Elle se hissa avec souplesse – on aurait dit un chat – sur le bois lustré qu'elle affectionnait tant. Elle s'allongea, le ressentit dans toutes les fibres de son être. Après ça, elle posa avec tendresse son appareil, accompagné du cliché réalisé plus tôt, sur le bord de la scène.
Elle lança un regard circulaire dans la salle, vérifiant que personne ne s'y trouvait. Elle ne désirait pas qu'un tierce la surprenne au beau milieu d'un des rares seul moment où elle se sentait bien. Où elle se sentait entière. Ou la voix la laissait en paix un instant.
Une mélodie emplit la salle, inconnue car improvisée sur le moment par la jeune fille. Ce chant s'accordait en même temps sur les mouvements qu'elle entama, fluides et harmonieux. Cela ne ressemblait pas du tout à de l'improvisation. Elle semblait voler, presque, de part sa légèreté et son aisance. Elle avait toujours adoré danser. Parce que la danse exprimait son ressenti sans qu'elle ait besoin de paroles. Parler, toujours parler. En dire beaucoup pour au final oublier l'important. Lunami avait renoncé à parler, ou bien ce n'était que dans des cas spéciaux. Elle décodait sans mal la langage des geste à présent et voyait certainement plus de détails que la plupart des gens. Mais elle n'en disait rien. Elle se contentait d'observer.

Elle ne cessait plus de virevolter sur scène, complètement perdue dans sa bulle. Lunami avait une fâcheuse tendance à s'égarer dans son art... Mais elle était belle à voir. Vraiment.
Essoufflée tout de même – chanter en même temps que danser n'est pas bon pour le souffle – elle s'arrêta. Quelque chose - dans l'air, ou dans l'ambiance – se brisa en silence. C'était fini.

*Comment peux-tu prendre autant de plaisir à danser? C'est ça qui a tué ta mère... *

Lunami tomba à genoux, comme si un poids nouveau l'avait surprise. Chaque fois, la voix prenait un peu plus de place dans sa boîte crânienne. Elle était fatiguée. Tellement fatiguée...
Elle tendit le bras pour s'emparer de la photo laissée sur le rebord. Se mit en position de fœtus et la serra contre son coeur.


[Hm...espérant que ça te plaise]

« Comme c’est… tragique. »

La voix se fait mielleuse, une patte de velours. Empattée par la barre de chocolat qu'il mastique lentement. Et son regard, de fer, enfermé dans ce corps qu’il occupe. Jeremiah fixe la jeune fille sans ressentir une once de pitié. A vrai dire, il est plutôt amusé. Il a regardé voleter ce curieux oiseau

- blonde -

qui chantait d‘une voix si belle. L’a regardé s’écrouler au sol, ramenant contre son

- sein, du bonnet c? -

cœur une photo, un trésor précieux. Tout ceci est affligeant, pathétique. Mais son sourire n’en est pas moins heureux. Chouette! Un clown rien que pour lui. Elle aurait du faire son numéro pour les pauvres petits cancéreux. Sa blondeur tel un rayon de soleil pour ces regards larmoyants. C’était à vomir. Pourquoi ne pas en profiter? Il avait du temps à perdre.

« Ma chérie, l’aile psychiatrique réservée aux abonnés de Walt Disney c’était dans l’autre couloir. »

Il lève les yeux au ciel avec un petit rire grinçant.

« Je plaisante. »

Si si.

Chantons tous ensemble Kumbaya.

Oh si, il adooore les comédies musicales. Hello dolly, Hair, tout ces ballets heureux, où les gens sourient en chœur. Synchronisés sur le bonheur. Tellement factices que cela l’émerveille. Tout cela sent bon le bois vernit. La sueur âcre collée aux costumes synthétiques. La mauvaise haleine des bourgeois qui s‘endorment dans les fauteuils rembourrés. Et elle, apporte la tristesse, la lassitude. Elle ploie comme une fleur sèche. La pauvre petite. Mélodie tristounette à l’appuie. Elle chante l’espoir qui vient de déserter son âme. Aussi stupide que la muse éplorée sanglote sur le tronc d’un arbre mort.

T’es fatiguée de la vie? Putain t’a encore rien vu. Me vois-tu?

Oops, l’araignée est là. Aiguisant ses crocs à coup de langue, gourmand. C’est un drôle de repas que la toile lui offre. Oh, merci Jeremy de te montrer si lâche. Il fait parfois de drôles de rencontres. Intéressantes, oui bon, il y a mieux. Mieux que rien. Aujourd’hui c’est le cas. Et Jeremiah s’avance, en grande classe.

Le regard amusé, l’allure fier. Sa grâce n’a rien à envier aux félins. Il glisse sur le sol comme un serpent hypnotisé. Contemple avec ravissement la chevelure claire de cette

- blonde à forte poitrine -

fille. Lorgne un instant sur la photo qu’il n’arrive pas à apercevoir. Et la pointe du doigt, faussement curieux:

« C’est ton... »

Il avale sa bouchée, fronce les sourcils. Comment on dit déjà...

« ... petit ami? Oh tu sais, tu mérites tellement mieux… »

Disons entre 40 et 50$ la passe.

Son sourire s’étire un peu plus. Bienveillant. Il s’approche, se fait charmant. Un prince près à lui tendre la main. Et ils s’éloigneront dans la nuit, traversant le parc. Elle posera sa tête sur son épaule. Il lui susurra quelques mots d’amour. Ils seront la moitié l’un de l’autre.

And thaaaaat is aaaaaaaaaaaaall… *

Il froisse le papier entaché de chocolat. Et le range dans sa poche.

Combien d’histoires romantiques naissent au sein de cet institut? Amusé, le petit garçon pouffe sous sa couverture. Et Jeremiah, requinqué par cette inattendue acceptation, s’agenouille près d’elle. Il y a un petit traumatisé à émouvoir dans le fond de la salle. Celui installé sur le genoux du grand monsieur. Il a le regard tellement vide que ça fait peine à voir. Mais à eux deux, ils pourront bien y faire quelque chose. Hm?

« C’est quoi ton petit nom ma puce? »

Papa sera bien sage avec toi. Il t’optimistiquera.

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*: "and that is all" - extrait des paroles de it only takes a moment ; comédie musicale hello dolly

Décidément, elle ne cessait de se faire surprendre. D'abord par luca, puis par lui... D'ailleurs, un détail accrocha son regard, la barre chocolatée – une bombe calorique- en possession du nouvel arrivant. Malheureusement, là s'arrêtait la ressemblance. Ce jeune homme-ci avait une toute autre allure... et quelque chose lui soufflait que cela n'allait pas être le même genre de rencontre agréable.

Surprise dans un moment qui d'habitude lui appartenait à elle seule, elle oublia instantanément la voix qui l'avait affaiblie l'instant précédent. Elle ne le remarqua pas mais ce fut une réaction instinctive, de celle qui appartienne à la famille des réflexes involontaires. Son corps se méfiait avant que sa tête ne le sache.

« Ma chérie, l’aile psychiatrique réservés aux abonnés de Walt Disney c’était dans l’autre couloir. »

Elle se releva précipitamment pour se redresser sur ses genoux, vrillant son regard profond, tel un gouffre insondable, sur cet inconnu qui maniait à la perfection le sarcasme. Il y avait dans sa démarche quelle chose de fascinant pour qui savait observer, et c'était le cas de Lunami. Il était...hypnotisant. En plus d'être très, très beau. Mais Lunami n'avait que faire de la beauté superficielle. Le charme profond avait plus d'importance... Ce mec-là en avait. Oh oui, il en avait et Lunami le soupçonnait de le savoir, même.

Le rire qui se fraya un passage à travers sa gorge rompu le charme.

« Je plaisante. »

Des mots franchissaient le seuil de ses lèvres et ses yeux les contredisaient.

« C’est ton...petit ami? Oh tu sais, tu mérites tellement mieux… »

Elle cacha la photo comme pour la protéger. Elle secoua la tête en baissant les yeux. Non, ce n'était pas son petit ami... Et puis, pourquoi employait-il ce ton si faux? Faussement mielleux. Pouah. Mielleux mais...il y avait autre chose. Lunami était fascinée. Sans tenir comte de la peur qui lui serrait le cerveau. Une peur instinctive, à nouveau. Celle de la proie qui est irrémédiablement attirée vers son prédateur...

« C’est quoi ton petit nom ma puce? »

« Tire-toi en courant » lui criait son esprit. Mais son corps ne semblait pas du même avis. Même si elle sentait que cette voix était vraiment, vraiment, vraiment mauvaise. Pour elle, en tous cas. Mais elle était clouée sur place, incapable de dire quelque chose – de toute façon elle était muette en temps normal... Mais là, elle avait envie de crier. Elle avait... peur?


[C'est...court, nul, pathétique, t'as le droit de me balancer des pierres.]

« Tu n’en as pas? »

Jeremiah s’approcha d’un pas. Gracieux. Tendant la main pour effleurer sa joue de son index. Mais lui laissant la possibilité de s’écarter. C’était amusant. Tellement amusant de lire cette fascination enfantine sur son visage. Et pourtant, son corps était tendu. Prêt à fuir en courant cette ignominie qui lui faisait face. Innommable ignominie. Jeremiah n’était qu’un surnom. Une étape. Viendrait le jour où ce corps, et son identité, lui appartiendrait totalement.

Et sa joue était douce sous son doigt. Si douce. Et elle si fragile malgré son regard fixe. Une poupée aux yeux de boutons. Même pas digne d’être de porcelaine. Une petite blonde adorable. Beaucoup trop. Oh elle allait avoir du succès ici. Une concurrente sur le marché des hétérosexuels frustrés. Pour son grand malheur, l’araignée n’avait pas de nichons.

Enfin, malheur…

« Qu’est-ce que tu fais ici ma belle? Tu ne t’es pas perdue quand même… Tu es venue rendre visite à quelqu’un? »

Jeremiah n’arrivait pas à deviner les raisons de sa présence. Il avait croisé des putes. Et elle n’en avait pas le regard. Il avait croisé des folles. Pourtant elle n’était pas dangereuse. Une petite danseuse tombée dans les bras d’un soldat… criblé de plomb? Crime passionnel? Elle serait allée en prison. Tentative de suicide? Son regard descend sur les poignets de la jeune fille fille.

Les cicatrices glissent sur sa peau. Anciennes.

Il sourit de plus belle.

Tel un oiseau qui étend ses ailes pour s'envoler... *

Sans doute une dépressive. Une pathétique et classique dépressive. Il eut une grimace amer. Comme un gosse à qui on présente un plat mainte fois préparé cette semaine. Mais il n’arrivait pas à être lassé. Il voulait savoir. Sans doute jouer un peu. En ce moment, il avait du mal à croiser Nathanaël.

« Tu chantes bien tu sais. Ta maman doit être fière de toi. »

Pas fait exprès. Qu'en sait-il au fond? Rien. Jeremiah n'est pas devin. Pas même maladroit. Ni gratuit. Ce sont simplement des phrases destinées aux tout petits. Il attend sans doute qu’elle fasse la fière. Les mains sagement croisées dans son dos. Petite première de la classe.

Promotion canapé, à ton âge?

Ah les enfants…

La seule raison (d'être) qui l'oblige à rester.

Planté devant elle. A demi penché en avant. Si seulement elle avait pu être petite. Il aurait posé ses mains sur ses genoux. Aurait sourit largement. Et se serait délecté de sa ressemblance frappante avec Oncle Richard. Quel homme. Aux mœurs bizarres, certes. Mais quel homme, la classe incarnée.

Bon allez. Sérieusement. Qui peut s'enticher d'une gamine pareille?

A part un pédophile.

Elle est tellement chou, si sérieuse. On a envie de lui tapoter la joue. De l’habiller de dentelles. De la promener dans le parc.

Si elle était pas gâchée dès le départ.

Trop de seins. Trop d’artifices adultes. Il la préfère les lèvres fermées. Petite poupée figée.

La demoiselle serait-elle encore pucelle? *

Il veut jouer à la coiffeuse. La maquiller. Déchirer son visage. La piétiner. Détruire. (Calmer la terreur. La sienne. Qui grandit. Trop vite, mauvaise herbe. Tout doit toujours grandir alors? La thérapie bordel. La thé-ra-pie)

Passer du temps. Avec le temps va, tout s’en va. Les remords, les regrets. Son ennui diabolique. Et la saveur chocolatée, si apaisante dans sa bouche.

Au loin, un sanglot hystérique. L’Araignée gratte la porte.

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*: on continue dans le registre des comédies musicales. extrait de belle, notre dame de paris.

« Tu n’en as pas? »

Toujours ce ton qu'on employait pour se faire comprendre d'un enfant. Un ton qu'elle détestait dans sa bouche à lui. Un ton que les psychologues et autres praticiens employaient aussi pour fouiller son cerveau. Elle haïssait ces médecins. Elle haïssait ces médecins qui ne voyaient en un elle qu'un cas médical. Ils avaient oublié qu'elle n'était qu'une enfant. Alors elle avait cessé d'aller les voir, et à la simple allusion elle pouvait faire des crises d'angoisses terribles. Elle détestait ce ton. Elle détestait ce ton...

Elle abhorra le contact de cette peau si lisse sur sa joue. Presque inhumaine. Peut-être inhumaine... Il ne lui semblait pas réel. Elle voulait qu'il ne soit pas réel. Pour sa santé mentale. Une personne telle que lui ne pouvait pas exister, oh non. Elle aurait voulu s'écarter, le repousser, s'enfuir... Ce doigt sur sa joue le retint plus sûrement qu'une cage de fer. Et son regard qui n'exprimait rien... un fort contraste avec ces yeux à elle, si expressifs, compensant sans doute le fait de son mutisme. Un tel regard, ça n'existait pas vraiment. Ça ne pouvait pas exister. Elle cligna plusieurs fois des yeux, faisant papillonner ses grands cils de bichette blonde, mais non, il était toujours là. Toujours aussi beau. Toujours aussi effrayant.

« Qu’est-ce que tu fais ici ma belle? Tu ne t’es pas perdue quand même… Tu es venue rendre visite à quelqu’un? »

Son regard la glaçait. Il l'analysait, décortiquait son âme. Comme si ce regard l'avait harponnée, elle se trouvait incapable de détourner le sien. Sa volonté se fondait dans le bleu de ses yeux à lui. Un bleu de glace.
Enfin, il laisse glisser ses yeux le long de sa peau. Elle suit son regard et tombe elle-même sur ces cicatrices. Il lui semblait les redécouvrir. Elle les cacha le plus vite possible, craignant toujours la réaction des gens à leur vue. La sienne fut une catastrophe: il grimaça. Une grimace malsaine.

« Tu chantes bien tu sais. Ta maman doit être fière de toi. »

Un hoquet lugubre la secoua. Elle en profita pour esquiver ces horribles ces yeux....ces si beaux yeux bleus. Si elle avait pu, elle aurait pleuré. Elle aurait voulu pleurer...
Ces grands yeux secs et profonds retournèrent se fixer sur cet inconnu. Et là, bam.


Elle était affolée. Pas ça, pas maintenant...
Elle sentait son sang battre aux tempes. Follement. Affreusement. Elle se prit la tête entre les mains et ferma les yeux pour tenter de juguler ça. La voix. Sinon, sa tête exploserait. Il lui semblait tout du moins, car il est physiquement impossible qu'une tête explose ainsi. Elle rouvrit les yeux, quêtant du soutien et tombant sur... L'inconnu irréel et inhumain. Si beau. Si loin.

Ah vous dirais-je maman. Ce qui cause mon tourment…

Elle panique. Panique. Un syndrome oedipien. Mh, endeuillée? Toute habillée de noir, le merle ferme les yeux. Se crucifie de souvenirs devant ses yeux glacés. Car oui, il se fout de ses détresses.

Comme de tout. Et comme du reste.

Pourtant, le visage de Jeremiah se fend d’un sourire compatissant. Il est près d’elle en un temps. La prend dans ses bras en deux. Et commence à la bercer. Sur le rythme d’une valse qu’il est le seul à entendre. Il caresse ses cheveux, baise son front. Sa généreuse poitrine s’écrase contre son torse. L’araignée se mord la lèvre inférieure, gourmande. Et murmure tout bas:

« Ca va aller, chhhhht, tout va bien. Tu n’es pas encore morte mon ange. »

Si beau. Si proche désormais.

« Arrête de cacher tes yeux. Tu vas les écrabouiller. »

Tout ses gestes sont lents, délicats. Il attrape ses poignets. Découvre son regard, affamé. Il y a tant de douleur dans ce petit corps parfait. Ses lèvres effleurent une cicatrice sur son avant bras. Et il l’enlace de nouveau. Guide son visage dans le creux de son cou.

Et son bassin se plaque contre le sien.

L’araignée est habile. Forte dans sa folie. Capable de lui broyer les côtes d’une étreinte. Il ne laisse aucune chance à sa proie.

Ah bon?

Qu’elle se débatte. Qu’elle martèle son corps de ses petits poings. Elle le fait rire, tellement rire. Petite plaisanterie, idiote. Une blague de blonde.

Il écarte ses jambes de la sienne. Force un passage en pliant les genoux. Sa main se pose sur ses reins, tandis qu’il la remonte fermement. Elle est à demi assise sur sa cuisse. Splendide. Et son nez vient se cacher dans ses cheveux blonds. Inspire longuement son parfum. Une fleur.

« Ca va aller mon cœur. Je suis là… »

Sa main passe et repasse dans son dos. La caresse sans douceur. Il redessine du bout des doigts la forme de son soutien gorge. Hésite à tirer sur ses vêtements pour dévoiler sa peau. Il a envie de mordre. Né d’un traumatisme, il cause la souffrance.

Maintenant, qu’elle panique. Lui en tout cas ne le fera pas. Nique? Baiser une poupée ne l’intéresse guère. Mais il y a tant de frustration dans son corps. Tant de rage à assouvir. Il aimerait fuir cet institut. Il ne le peut. Alors autant en profiter. S’amuser. Laissons la place au cirque! Arrachons les ailes des mouches. Fracassons la tête des merles à coups de pierre. Dur comme la pierre. Son entrejambe s’éveille sous l’ivresse. Broyer des têtes. Il perd la sienne. Comme s’il l’avait jamais possédé.

« Je ne te laisserais jamais… » En paix.

Ah vous dirais-je maman. Maman…