Sujet: Sondage : Concours d'écriture Dim 3 Jan 2010 - 22:36 | |
| Rappel des textes : - Kyllian Andews : - Spoiler:
« Abuse donc de ma confiance. Mais la question est… Serais-tu capable de me supporter ? Mes préoccupations. Serais-tu capable de supporter ma vérité ? Sombre et cruelle chose qui plane et tournoie autour de moi. Elle fait partie de moi, une grande partie. Je ne peux que m’y soustraire et apprendre à un minimum la maîtriser. La dompter pour mieux t’approcher. L’attiser pour mieux te croquer. Te tourner autour comme un électron libre, et pourtant, pas si libre que ça. Centre gravitationnel ? Toi. Et rien que toi. Ton nombril n’est pas le centre de la Terre. Mais ton esprit est le mien. Tes pensées, tes occupations, tes habitudes. Tes goûts, tes expressions, tes mimiques faciales. Ton logement, ta voiture, ton odeur. Ton parfum pour homme, le parfum de ton gel douche, celui pour tes cheveux. Tout ça, sont des choses que j’apprends. Pour mieux te comprendre. Ce que tu lis, ce que tu manges, ce que tu écris… Tout ça. Tout ce qui t’entoure, parce que je ne peux pas encore profiter de ce que fais ton être à part entière. J’appréhende ce qui t’aides à l’être. Dans un noir absolu, je me faufile chez toi. Je t’observe dormir avec cette haine qui me dévore l’intérieur. Qui me racle l’intérieur de mon corps, pour me faire cracher tout le dégoût que tu m’offres. Je t’observe, sans trouver une once d’imperfection dans ta beauté endormie. Mon regard se balade, nuit après nuit, sur ton corps dissimulé sous tes draps de soie. Ce détail me choque. Parce que c’est rare. Et j’ai ce caprice aussi chez moi. Sur ton visage d’homme calme. Sur tes lèvres rosées, closes sur ton monde de rêve que je perçois parfois… Comme espérant au plus profond de moi-même que mon visage puisse t’hanter, comme le tien le fait… Que tu puisses me témoigner un minimum d’intérêt, qui me donnerait raison d’y croire. Une raison, une minuscule, pour m’accrocher à ce fantasme féerique. Tu sais, cette chose étrange qui naît en moi, et qui n’arrête pas de s’amplifier à chaque fois que je pose mon regard sur toi … Cette chose que je brise à chaque fois que je suis froid, violent, sec ou neutre dans les propos que je te crache à la figure toutes les fois lorsque tu me témoignes… De l’intérêt. Ou … Du profit. Profiter de moi, de mon statut, m’accorder ta gentillesse, pour grimper plus vite les échelons dans le monde de la mode. Mon monde. Et lorsque cette idée m’érafle la pensée. Je suis énervé. En colère contre moi, contre toi. Je te déteste oui, parce que tu créés en moi des dysfonctionnements importants. Dans ma tête et mon corps. Que je ne me suis jamais sentis aussi faible, aussi fiévreux d’envie, cette envie que de te posséder, te serrer dans mes bras, te murmurer de doux mots au creux de l’oreille. Tenter de me fondre en toi, pour ne plus faire qu’un, et ainsi, ne jamais te quitter. Être dans ta tête et savoir enfin ce que tu penses, te comprendre – ou pas – pour mieux t’apprendre. Pour mieux t’aimer. Ou te détester. Parce que oui, malgré moi, je t’aime. Je n’ai rien demandé. Jamais. Jamais, ô grand Jamais, je n’aurais songé de prier les divinités pour recevoir un jour, la malédiction que de croiser mon âme sœur. Cet être qui est censé être ma moitié. Qui me retourne le cœur, et les tripes. Les neurones, et toutes raisons. Juste être aveugle de tous mes actes, de tous ce qui m’entoure, de plus rien entendre que toi, ne rien voir. Être aveugle, et sourd à tout. Au Monde d’aujourd’hui. Juste à un unique, qui me sera infini. Toi, toi, toi et toujours toi. Rien que cette idée, me fais t’haïr qu’un peu plus. C’est de l’égoïste. Pur et dur. Je suis le seul à souffrir dans cette histoire, le seul à devoir faire attention à ne pas trop respirer à tes côtés, à ne pas trop me pencher vers toi, lors de ton sommeil. Je m’autorise juste le droit de sentir tes cheveux… De les effleurer du bout des doigts. Et d’observer ton visage de plus prêt. Je n’ose le toucher. Le caresser doucement, ou encore le frôler du bout de mes lèvres. Glisser mes doigts sur tes lèvres. Juste vouloir en connaître le goût fruité, sucré, ou bien frais. Vouloir tenter tant de chose, vouloir tant de chose, qui cela m’épuise. Je m’épuise à t’écrire des lettres que je ne devrais même pas prendre la peine d’écrire, de parfumer et d’envoyer. Je devrais t’ignorer, et partir ailleurs, loin, ou bien te renvoyer… Mais… J’ai besoin de toi. Parce que tu es ma moitié invisible, inespérée, que maintenant trouvée, je désire, comme le plus beau joyaux qui puissent exister dans un univers. Tu es le mien… Et tu me crèves. Tu ne peux pas savoir comment. »
- Lucy Cantarella : - Spoiler:
Le petit garçon marche. Marche dans la rue, joyeusement. Il marche avec un si grand sourire que tout les adultes rient dans la rue commerçante. Ses pommettes rouges, ses yeux bleus et ses boucles noires de jais dans les cheveux, le garçon de petite taille qui ne comprend surement rien à la vie mais que l'on pardonnera : on pardonne toujours ses bêtises à un enfant. Celui-ci souriait, souriait comme si il était près à éclater de rire. Il souriait et on voyait bien qu'il n'y connaissait rien à la vie, à cette vie qui nous tue tous, nous les plus grands, nous qui comprenons à peine ou qui avons compris depuis longtemps que le combat est perdu d'avance. Son petit visage deviendra un jour celui d'un grand romantique, mais l'amour le tuera. Il le tuera de toute manière, il le tuera et le torturera si fort qu'il voudra abandonner : abandonner le combat de la vie. Il suffira d'un instant de faiblesse à ce pauvre cœur en peine pour avaler une cachet de trop, pour attraper le pistolet dans son tiroir et de se faire sauter la tempe ! Ah oui, ce petit être innocent deviendra un adolescent en peine, et si il ne perd pas le combat de la vie avant, il deviendra un adulte qui fait comme tout le monde de peur de se faire rosser de coup par ceux qui ne l'accepteront pas, de se faire huer, d'être écarté et seul, il se pliera à cette société. Il deviendra un vieillard, un vieux déchet qui n'aura pas eu le temps ni le cran de s'imposer et d'être vraiment lui-même tout au long de sa vie, qui n'aura que le regret, et que la peur de la mort pour exister réellement. Voilà ce à quoi il est condamné, ce petit. Ce petit ange souriant, innocent, vide d'expérience vide de tout, en réalité ! Condamné à être un vase de plus pour être rempli de nos vices, de nos haines, de l'envie, du désespoir ! Voilà ce qu'est un enfant : un condamné. Un condamné parmi des milliers d'autres. Tous désignés par la vie pour être amené devant la mort, pour être amener dans la salle, celle où l'on vous oblige à boire le poison qui tout au long de votre existence vous rongera, vous découpera de l'intérieur des nerfs, des veines et des tripes ! Ce sera le désespoir, ce sera la haine, ce sera la peine, ce sera les regrets et les remords, les envies de tout et de rien les envie de vie et de mort, de meurtre. Et à la fin, il ne reste plus rien. Rien qu'un cadavre aussi inutile que ce qu'il avait été de son vivant. Rien à part espérer, puis réaliser ce qu'est l'existence, puis détruire, se détruire, tout détruire. Ce petit garçon encore innocent, encore blanc, encore pure, encore vierge d'amour, de haine, de vie, est là, marche dans la rue, marche, marche en levant les genoux, marche en souriant à pleine dents, marche en chantonnant presque, il marche bien heureux et entièrement inconscient, s'arrête dans le passage piéton. Il se tient droit, il se tient fière avec son petit cartable sur le dos, avec son petit uniforme bleu et blanc, déjà rangé, déjà dans les rangs ! Déjà bien sage et pourtant, il est lui-même ! Il est lui-même car il n'est rien ! Il n'est rien, rien encore, et ne deviendra certainement rien qu'un de plus, un e plus dans ce monde, une molécule dans la mer, rien. Il n'a pas conscience, non, n'a pas conscience. n'a pas conscience qu'il n'est pas le centre du monde comme il le croit toujours depuis qu'il est né ! Il s'arrête devant le bonhomme rouge, comme tout le monde, et il sourit car il n'y a pas de raison de pleurer, il n'y a pas de raison de se plaindre ! Elle est belle la vie ! Elle est belle ! La vie est belle ! Surement plus belle que ce petit chien qui traverse la route, surement plus belle que cette voiture noire et rutilante qui arrive à une vitesse folle, foudroyante, trop ! la voiture arrive, le chien tourne la tête, elle s'approche, il se prépare à revenir, revenir vers le petit garçon ! Le petit garçon dont le sourire est fixé, qui le regarde dans les yeux, ce chien, qui le regarde du fond des yeux ! Ce chien qui dans un bruit de frein, de craquement, de dérapage, de chaire qui se détache des os : oui, la vision l'accompagne, la rencontre, le rendez-vous du pare-choc et du corps du la bête, du corps qui se déboite, laissant jaillir en fontaine la belle couleur rouge ! Le petit garçon aux cheveux noirs et aux yeux bleu ne bougera pas lorsque le feu passa au vert. Il restera immobile, les yeux rivé sur le cadavre que tous entouraient. Immobile, encore le sourire aux lèvres.
- Marguerite Mephisto : - Spoiler:
C’est de plastique qu’elles sont faites, bien pratique mais ainsi faites, aucune valeur ; on s’en lasse et défait vite. Vous en riez, mais quelle lâcheté ! c’est une véritable défection qu’aujourd’hui nous commettons. Nous qui promettions amour et attention, nous les abandonnons après atroce usucapion; c’est pire que les rejeter. Cessez donc de rire et de jouer les aveugles, nous les avons dépouillées et privées de leur beauté. Et pendant que nous les coiffions, en leur promettant de toujours les aimer, nous écrasions leurs seins contre la commode de la chambre-à-coucher. C’était sincère ! à n’en point douter. Mais ce n’était pas vrai, j’en suis le premier désolé. Qui aurait pu deviner qu’au soleil, elles jauniraient ? Que le soyeux de leur cheveu, après un lavage ou deux s’en irait ? Que leurs yeux se détacheraient et pendraient si misérablement ? Que sous leurs vêtements, des seins sans téton se cachaient et que dans ces seins-mêmes, rien ! Qu’elles se déboîteraient et s’évideraient des purulences enfantines dont nous les avons gavées ou exploseraient un jour que nous les maltraitions une fois de trop. Ayez honte. Niez, donc ! Dites que c’est elles qui vous ont trahis les premiers. Elles n’ont pourtant pas cessé de nous répéter qu’elles n’étaient pas telles qu’on les voyait. Ayez honte, moi, j’ai juré qu’on ne m’y reprendrait plus et ce n’était sans doute pas assez, me voilà être une figurine à mon tour, qu’on malmène et qui passe de main en main et qu’on échange et qui s’oublie. Et je dois dire que comme pénitence, cela me convient, peut-être qu’un jour, mes mots seront vrais et que je ressentirais cette culpabilité dont je vous parlais.
- Heloïse Clark : - Spoiler:
5h30 Drriiing. Drriiiiing. Pas déjà ! Je saute de mon lit, éteins le réveil et vais dans la salle de bain pour me doucher. Environ un quart d'heure plus tard j'en sors et me dirige vers la cuisine. Je sors deux bols, du lait, du jus d'orange et des cookies - Lola adore. Mes gestes sont mécaniques comme le sont ceux d'un automate tandis que je prépare le petit déjeuner. Je fais attention à ne pas donner de verre rose à Mathias. Histoire d'éviter les embrouilles dès le matin. Puis je prépare mon petit déjeuner. Un thé et des biscuits que j'avale en vitesse. Après quoi j'allume la télévision : Canal J. La seule chaîne dont les programmes mettent les petits d'accord.
Je jette un regard à ma montre dont les aiguilles indiquent 6 heures 20 minutes. Je vais encore être en retard ! Direction la chambre des enfants. Mathias d'abord. Je le secoue doucement. " Debout mon chéri... - Grmbl. - T'as école aujourd'hui. Tu viens ? " Il finit par m'avoir et je reste 5 minutes allongée près de lui, bien au chaud. Et il finit par se lever et se laisser mener vers la cuisine. Tandis qu'il prend son petit déjeuner devant un dessin animé, je réveille Lola. Une crème si l'on compare avec son frère... Elle saute immédiatement du lit. " Bonjour môman. " Elle va manger, Mathias a presque terminé. Pendant ce temps je m'occupe de leurs cartables respectifs. Puis je vais habiller Mathias, avec une seule idée en tête : dormir.
6h53 Mathias est prêt, devant la télévision. Je m'occupe d'habiller Lola. Vient le moment de choisir sa tenue. " J'aime pas cette robe. - Pourtant elle te va très bien ma puce. - Sauf qu'elle est moche. - Je la trouve très belle. - Pas moi ! Je la mets pas ! - Bon, vas-y, mets ce que tu veux. " Il est presque 7 heures 20, et Lola n'est toujours pas prête. Et Mathias a perdu ses lunettes... " Elles sont dans mon sac mes luneeetttes en fait !! " Ah non, plus maintenant. Je coiffe Lola en vitesse.
7h31 On est à peu près dans les temps. Je les dépose à l'école. Ensuite je vais chez Mme Boileau. 81 ans et toutes ses dents. Mais Alzheimer. Je suis chargée de m'en occuper - avec rémunérations, bien entendu. La journée passe comme ça. J'essaie de ne pas trop lui parler, pour éviter ses sautes d'humeurs. " Le couvre-lit est mal mit comme ça. C'est mal. " Et tenter de ne pas s'énerver. De comprendre ce qui fait que je supporte ce quotidien. Parce que cette journée vaut pour toutes les autres et que je m'en contente. Parce le fait de recevoir la pension alimentaire fait de cette journée la plus belle du mois. J'observe mon reflet dans le miroir de la salle de bain exigüe de la vieille. Tu avais des rêves, ma belle.
- Rim Suzuki : - Spoiler:
Avez-vous déjà sentit ce sentiment? Ou juste cette sensation que quelque chose vous traque ? L’impression d’être qu’une proie et que l’on ne va pas tarder à attraper? Celle qui finit par nous avoir lorsque l’on est seul au milieu d’un silence lourd et vide. Il ne faut qui penser une fois pour qu’elle nous attrape pour de bon. Je suis victime de la vie. Et elle me dévore lentement à chaque jour.
Je n’y ai pensé qu’une fois. Juste une fois de trop.. Mon monde ne sera jamais parfait, je l’es toujours su. Je suis née pour être seule. J’ai créé une coquille autour de moi pour empêcher les autres ne venir vers moi. Ils me font peur. Le monde me fait peur. Mon nom.. L’inconnu ou l’ange déchu.. Je suis juste une adolescente banale de 14 ans. Je me meurs dans ma déchéance. Je ne vis que pour me détruire.. C’est ça, ma pensée aujourd’hui. Pourtant, elle n’avait jamais été aussi profonde avant ce jour.. Il y a 2 semaines.
Mes parents n’ont jamais vraiment été présents pour moi. Mon monde ne les a jamais intéressé. Dès que j’ai eu l’âge d’apprendre, je ne suis devenue qu’une poussière dans leur tête. Mon premier jour à l’école, j’étais effrayé, mais eux, ils m’ont poussé de la voiture et c’est à ce moment que j’ai compris que j’étais maintenant seule. Que je ne pouvais plus courir me réfugier dans les bras de mon père. Que je ne pouvais plus pleurer sur les genoux de ma mère. Que je ne pourrais plus jamais leur demander de me pousser tranquillement sur la balançoire derrière la maison. Je devais grandir même si c’était trop tôt..
Gamine, je me suis créer mon monde à moi et maintenant, je suis devenue ça.. Tous les jours sont une routine sans importance. Tous les jours, la même chose sans un moindre changement. Je me lève, j’ouvre l’ordinateur et pendant ce temps je me glisse sous la douche. Je sors, me sèche les cheveux en faisant mes trucs habituels. Je regarde mes courriers, je discute dix à quinze minutes avec des gens venant d’un autre continent puis je ferme tout. Je finis les devoirs de la veille, m’habille puis descend pour aller à l’école. J’attrape une pomme dans la panier de fruit et part. Aucun au revoir. À qui pourrais-je le dire? Il n’y a personne ici.. Je marche jusqu’à l’autobus. J’allume mon lecteur MP3 et m’assit au premier banc et mettant mon sac pour que personne ne prenne la place à côté de moi. Je vais à mes cours. Le midi, je me prends une barre chocolaté dans la distributrice et retourne à mes cours ensuite. Le soir, la même chose, mais à l’inverse. L’autobus, le retour à la maison. Je fais mes devoirs puis lorsque 18heures arrive, je descend prendre un ramen au poulet rôti dans l’armoire, le prépare et remonte pour aller sur l’ordinateur. Puis vers minuit, je me couche pour refaire la même chose le lendemain.
Cependant, tout à changer quand ma vie a décidé qu’elle devait un peu empirer. Je me suis levé, en retard. Je n’es pas plus finir mes devoirs et quand je suis parti, il n’y avait plus de pomme dans mon panier de fruit. J’ai manqué mon autobus, je suis arrivé en retard. Il n’y avait plus ma sorte de chocolat dans la machine. Le soir, la batterie de mon MP3 était morte. L’ordinateur avait également rendue l’âme donc je ne pouvais le faire recharger. Bref, le signe déclencheur. La maison étant vide, il n’y avait que grand silence. Puis, lentement, j’ai pris conscience de ma situation. De tous ce qui se passait autour de moi. Du fait que je n’avais aucun ami. Que je n’avais pas vraiment une famille. Que ma vie était ennuyante. Que personne ne tenait à moi. J’ai pris conscience que j’en avais marre de la vie. Juste cette pensée m’a fait prendre conscience que je broyais du noir soudainement. Que le silence faisait trop réfléchir. Le suicide est un sujet que nous n’avons jamais abordé à l’école car ce n’est pas un truc utile j’imagine.. Et pourtant, ce soir-là, quand je suis allé prendre ma douche, le rasoir de ma mère semblait juste demandé que je le prennes et vérifie si je pouvais vraiment me faire mal. C’est ainsi que ma déchéance a commencé…
Je n’es jamais osé me couper les veines. Juste de petites coupures un peu partout sur le corps. Juste voir un peu de mon sang et ne pas souffrir pour autant me faisait du bien. Cette sensation que j’étais forte. Ce bonheur qui pourtant n’aurait pas dû l’être. J’aimais cette poussée d’adrénaline en moi. Il m’arrivait de prendre plusieurs cachets pour le mal de tête et de faire toute sorte de connerie pour voir ma résistance physique. J’en avais besoin. C’était une sorte de drogue avec le temps. Quand on se dit qu’on est faible depuis qu’on est petite et que finalement, on peut être forte, ça fait du bien. Ça me faisait sentir vivante. Je n’avais plus l’impression d’être une coquille vide. Et ça changeait les idées. Chaque jour, en allant à l’école, je remarquais comment le monde qui m’entourait était détruit. Je ne parle pas ici de la pollution, mais de l’homme. Du monstre qu’était l’homme et qu’il est encore.
Avez-vous déjà remarqué qu’une personne qui se fait battre à l’école n’aura personne pour venir l’aider? Qu’une personne qui demande de l’aide se fera cracher dessus? Que l’homme utilise toutes sortes de tactiques hypocrites pour arriver à ses fins? Que ce soit pour faire plus d’argent, pour montrer sa valeur ou alors pour pouvoir amener la fille de ses rêves dans son lit en lui disant les mots qu’elle veut entendre même si on n’y pense pas?Moi je l’ai remarqué et pourtant, je ne pouvais rien faire. Je me contentais de m’imaginer la souffrance des autres puis le soir, je me disais que c’était ma souffrance comme la leur que je libérais en me mutilant. Cependant, ce bonheur était éphémère.. Mon corps s’habituait avec le temps à la souffrance que je lui donnais et cela ne me faisait plus rien. Une nouvelle habitude. Je devais changer de méthode..
Et aujourd’hui, je pense avoir trouver. Une théorie que je veux mettre à l’épreuve. Ce ciel si magnifique qui n’accueille que les jolies oiseaux et papillons pourrait-il m’accueillir parmi ses nuages si l’homme l’a forcé avec l’avion? Les ailes d’un noir de cendre tatoué dans mon dos pourrait-elle prendre forme réelle et me faire planer? Il est midi, les cours du matin sont finis. Je me demande comment les autres vont réagir en me voyant ainsi? Et si je m’écrase contre le sol, que vont dire les gens? Et si je plane? J’imagine que dans les deux cas, ça reviendrait à un C’est qui celle-là? Debout sur le bord du toit, j’observe les petites fourmis. L’école est composée de cinq étages. Je devrais bien mourir si je venais à faire une rencontre avec le sol. Tous vivent leur petit bonheur. Tous parlent tranquillement avec leurs amis. Certaines sont en train de découvrir les bouches d’une autre personne et quelques uns se demandent ce qu’ils doivent faire pour découvrir la bouche de celle qui les fait rêver. Certains font du sport pour maigrir, d’autres mangent comme des porcs. Je ferme les yeux, respire une dernière fois cette odeur infecte qui entoure l’école puis m’élance en tendant les bras comme si je plongeais dans une piscine. Je sens le vent siffler dans mes oreilles, bloquant ma respiration et pourtant, je me sens enfin libre..
Comment je devrais appeler ce sentiment? Non.. Je me souviens maintenant qu’elle est son nom.. Le désespoir..
- Bob Olland : - Spoiler:
Mille et une pensées. Mille et une étoiles. Et si chaque pensée était une étoile? Cette idée m'effleure souvent l'esprit, bien que je ne puisse point donner de réponse à ce mystère. Mais... Et si, en plus d'être une pensée, chaque pensée était l'âme d'un défunt? Je secoue la tête, chassant cette idée morbide de mon esprit. Et maintenant? Je soupire. Maintenant, je suis seul. Seul avec une bouteille. Seul avec mes amis, au milieu d'une musique qui déchire les oreilles. Sur la table, il y a la "Poudre Blanche qui fait Rêver". C'est comme ça qu'ils l'appellent. C'est une nouvelle drogue, inconnue et de leur création. Elle ne porte pas encore de nom. Quand je leur ai demandé avec quoi elle était faite, ils m'ont répondu des choses invraisemblables telles que "des poils de loups", "des cheveux" ou "des os de morts". Quoique, cela expliquerai bien des choses. Mais je refuse d'y croire. Je refuse catégoriquement de me laisser divaguer à penser cela. Leur drogue fait rêver, oui, mais ils y sont complètement dépendants. De vrais abrutis. Il m'y ont fait goûter, et moi aussi j'en veux encore. Mais pas au point d'être défoncé vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Ils sont chômeurs, pas moi. J'ouvre la bouteille de whisky qui se présente à moi, et en avale une longue gorgée. Je préfère de loin l'alcool à leur satané truc. Mais les deux rendent dépendants.
- Allez, mec! Prends-en aussi!
Je hausse les épaules. Après tout, j'ai moi aussi envie de m'évader, ce soir. Alors, j'en consomme aussi. Une grande quantité. Et je laisse ma tête choir sur le dossier du fauteuil dans lequel je suis assis. Les yeux mi-clos, je pénètre un autre monde. Un monde où un enfant me sourit et m'appelle "papa". Un monde où une femme rit et m'appelle "mon amour". Sauf que tout ce bonheur est éphémère, à la fin du rêve, ça finit toujours mal. La preuve : Le gamin s'en va marcher sur la route. J'aperçois une voiture au loin et, alors que je veux m'élancer, la femme l'a déjà fait. Et bientôt le goudron est ensanglanté. J'essaie de courir pour voir s'ils sont en vie, mais je ne peux pas. Baissant les yeux, je me rends compte que je suis en fauteuil roulant. Et amputé. Le retour à la réalité est dur, à chaque fois. Cette fois, je reviens au monde réel en hurlant. Leur satané truc... Il y a un silence. Tous sont en train de rêver. Je fouille dans les poches d'un de mes junkies d'amis. Bingo, c'est le gros lot. Sur un papier plié je ne sais combien de fois, il y a un petit coeur noir. Je sais que c'est le signe qui leur permet de distinguer leur chère et tendre drogue des autres. C'est le moyen de fabrication. J'ouvre le papier.
"FABRICATION DU NECTAR BLANC (Notice écrite par Stefferson)"
Je m'arrête là et prend conscience du danger dans lequel ils se sont fourrés. Stefferson, ce n'est pas un drogué. C'est un avocat de renom. Ainsi, cette foutue poudre blanche serait son œuvre? Et en plus, elle aurait un nom? Le "Nectar Blanc"... Quelle cochonnerie. Je continue de lire ce morceau de papier écrit par un homme qui a encore toute sa tête, qui est sobre en toute circonstance.
"Premières opérations : - Déterrer le corps d'un défunt dans un cimetière - Abattre le loup d'un zoo - Cueillir du Crastol"
Alors comme ça, ils ne me mentaient pas? Le Crastol... C'est une fleur blanche extrêmement rare qui ne pousse que dans des catacombes. Une plante carnivore.
"Secondes opérations : - Arracher les cheveux du cadavre et le disséquer pour en sortir les os - Tondre le loup et lui couper la queue - Arracher les pétales du Crastol - Remplir un grand bol du sang du loup
Troisièmes opérations : - Mettre les pétales, les cheveux et les poils dans le bol - Réduire les os en une fine poudre - Découper la chair de la queue en petits dés
Quatrièmes opérations : - Rassembler le tout dans le bol et mélanger énergiquement - Mettre au congélateur durant quarante-huit heures
Dernière opération : - Une fois la préparation devenue poudre, la sortir du congélateur et la consommer le soir même
Veillez bien à ce que personne ne lise cette notice!"
Le papier tombe de mes mains et je vomis mes tripes. C'est trop glauque pour moi. Je regarde mes amis. Ce ne sont que des assassins et des profanateurs de tombes! A la télévision, on les recherche activement : Ils doivent payer pour leurs crimes. Je cours dans la chambre de Joey, celui qui organise toujours ces soirées défonce et qui possède l'appartement dans lequel elles se déroulent. Je sais que dans son chevet se trouve un neuf millimètres. Je le saisis en manquant de faire tomber la table de nuit et revient au salon en quatrième vitesse, trébuchant à chaque pas. A mon retour, ils sont tous réveillés. Je pointe le pistolet sur eux, les mains tremblantes et le regard effrayé.
- Pose cette arme.
Je me tourne vers l'origine de cette voix. Stefferson est là. Je lâche un grand cri d'horreur et l'abat de plusieurs balles sous le regard neutre de mes amis, qui subissent bientôt le même sort. Puis, je tombe sur les genoux et pleure comme jamais. Je suis pareil à une fontaine. J'ai tué mes amis, j'ai tué un avocat. J'ai consommé l'œuvre de meurtriers. Je plaque le neuf millimètres sur ma tempe. La porte est défoncée et je vois des policiers débarquer, vêtus de pare-balles. Ils restent un instant figés en observant le massacre et le sang partout. Même moi, je suis ensanglanté : Je me suis pris je ne sais combien de giclées d'hémoglobine au visage. Je regarde l'endroit où j'ai fait tomber la notice. Le corps dégoulinant de sang et sans vie de Stefferson gît à moitié dessus, mais on peut encore voir le papier. Je pousse un grand cri à m'en déchirer la gorge, et je tire. Je ne vois plus rien, et n'entends plus rien non plus. Noir. L'idée que chaque étoile soit une pensée ou l'âme d'un défunt m'effleure souvent l'esprit. Et je n'avais aucune réponse jusqu'à aujourd'hui.
- Allister McGaughn : - Spoiler:
C'est ainsi. Il aura beau hurler, gémir, haleter des pourquoi?, elle ne lui reviendra pas. Plus. La pluie est devenue tourmente. Des éclairs furieux déchirent de courts instants le corps lépreux du ciel. Des larmes sanglantes s'échappent de l'unique œil presque disparu de la nuit. Les rideaux blancs claquent, les fenêtres se frappent mutuellement, se reprochent une faute qu'elles n'ont pu commettre. Il tempête, orageux. Elle semble si frêle entre ses bras. La foudre compose son éloge funèbre. La pluie tambourine un Ave Maria. Et lui, il hurle sa détresse indicible. « Reviens-moi. » ordonne-t-il, implacable. Ses lèvres exsangues semblent esquisse un sourire narquois. Sa conscience effleure la folie et s'en va. Le dernier éclair n'ose pas s'afficher. Il suffit pourtant à découper une chauve-souris aux ailes tranchées dans le ciel d'encre. Le tonnerre s'est tu, l'orage s'est éteint.
- Kaijuu Iyashii : - Spoiler:
Ta peau que je touche du bout des doigts, est lointaine comme l’orage qui s’en va. Ton regard fondu dans le mien, regarde le vide de mon esprit mort… Prouve moi les méandres de mon esprit Que vois-tu au fond de moi si ce n’est le miroir d’une flamme éteinte… ? Je n’entends que tes soupirs dans le silence de nos conversations finies Ta voix aux inflexions surnaturelles ne semble s’adresser qu’au passé Pourquoi alors que tu as disparu de l’horizon même, mes yeux te reflètent, rieuse ? Je n’arrive plus à quitter mon esprit pour te quitter un instant Pourtant tu n’es plus là comme tu ne l’as jamais été Ce n’était que l’ombre de toi-même qui dansait devant mes yeux fatigués Et tu me regardais un sourire moqueur aux lèvres, tandis que je ne voyais rien de ce que tu étais vraiment. Tu t’approchais en pleurant et le sourire que je voyais sur tes lèvres était rayonnant.
Remplis-moi encore avec cette illusion fanée, Masque-moi les yeux de tes mains salies par les larmes, Le berceau vide a brûlé comme les restes d’une vie détruite Est-ce toi qui a invoqué les flammes ? L’horizon est vide comme un désert sans sable Pourtant l’air est lourd comme le fer qui se ballade sur ma peau. Je plisse les yeux pour t’apercevoir mais ton coup final me surprend L’horizon est froid comme une pluie d‘hiver, sans fin. Dans les méandres de mon esprit…
Tu as dû partir en chantonnant doucement, cette violente mélodie. Mais je ne te voyais plus depuis longtemps, je n’entendais plus que des murmures évanouis, dans les méandres de mon esprit. Tu marchais sur ma vie comme sur un plancher usé, Et je regardais du coin de l’œil l’ombre de ton corps se mêlant au sien Reflétés sur le mur de ma chambre à coucher, vos corps valsaient sous mes yeux Et moi tapi dans l’autre pièce, je vous regardais, impassible Croyais-tu seulement que je n’étais qu’aveugle ? Que je n’entendais pas le bruit du verre brisé de cette photo qui m’étais sacrée ? Tu me regardes comme on fait face à la Mort Pourtant quand je te regarde je vois ton visage souriant, C’est le seul souvenir que j’ai gardé de toi, mais ce sourire ne m’était pas adressé.
Vide mon corps de tous tes mensonges Laisse moi ouvrir mes yeux clôturés par ces espoirs anéantis Le berceau sauvé des flammes accueille à présent le fruit de ton corps Est-ce toi qui a invoqué ces flammes ? L’horizon est noir comme dans les nuits sans fin Pourtant aucune étoile ne brille dans le ciel abstrait Je ferme les yeux pour oublier ta présence, mais ton absence m’apaise Seul subsiste ce sourire flétri Dans les méandres de mon esprit…
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