Où était-elle donc? Dans une barque. Vêtue de sa tenue habituelle, Rose était assise dans une barque en bois sombre; qui filait sur une eau claire dont une légère brume blanche s'élevait. Non... C'était invraisemblable. Quelque chose ne collait pas. Elle chercha quelque chose du regard. Quelqu'un. Qu'elle trouva. Remontant son regard le long de la pagaie, elle trouva une personne. Arktos. Encore lui. Il se retourna et lui sourit. Elle ne savait pas où elle était, elle n'y comprenait strictement rien. Un pont de briques blanches ne tarda pas à se dessiner non loin du ''bateau''. Dessus, il y avait des gens que l'as reconnut. La barque se stoppa. Elle regarda chaque visage. Le premier fût celui qu'elle reconnut le plus facilement. Son oncle. Elle laissa ses prunelles parcourir l'autre visage. Au début, elle ne reconnût pas ce faciès. Ce fût ce que cette personne portait dans ses bras qui lui mit la puce à l'oreille : Il s'agissait de sa mère. Ses yeux s'embuèrent de larmes, tandis qu'un petit sourire mélancolique se dessinait sur ses lèvres badigeonnées de noir. Elle avait compris. Et elle commençait à comprendre que celui qu'elle avait pris pour un démon n'en était pas véritablement un. Une voix doucereuse s'éleva.

- Tu ne dois pas mourir, ma fille. Ton temps n'est pas encore venu.

Puis, une autre voix résonna. Doucement.

- Tu dois vivre, Rose. Ecoute.

Elle écouta. Des cris. Lointains, mais bel et bien présents. Luca. Elle ferma fort les yeux, laissant une larme couler. Luca.

- Ce n'est pas encore l'heure.

Les cris. Elle les entendait toujours. Les yeux fermés, elle ne parvenait cependant pas à en distinguer un traître mot. Mais elle sentait quelque chose entre ses poumons. De l'air. En très petite quantité, presque comme un souffle. Elle se sentit être déposée sur quelque chose de doux, tout en étant piquant. Un tapis? Peut-être.
Et... Des lèvres. Un peu rugueuses, comme... Sèches. Pas celles de Lulu. Des autres. Elle sentait qu'on lui insufflait quelque chose. De l'air. Une sensation étrange l'envahit. Comme... Si elle se possédait à nouveau son corps, qu'elle sentait engourdi. Subitement autant que brusquement, sa poitrine se souleva en de puissantes saccades. Elle repoussa cette personne inconnue, rouvrant les yeux, redécouvrant peu à peu les couleurs. Elle tourna la tête à droite et à gauche. Que de gens agglutinés! C'était horrible. Mais... Elle ne tarda pas à repérer une mèche rouge. Luca. Elle tenta de se défaire de cette étreinte inconnue. Sans succès, puisque cette personne la maintenait. Elle avait beau battre des bras, elle se sentait encore faible.

- Laissez-moi!

Une fois qu'elle eût cessé de se débattre, cette étreinte pesante prit fin. Et enfin, elle reconnût cette personne. Un infirmier.

- Très bien, je te laisse. Mais tu viendras bientôt me voir, je t'en fais la promesse. Je te garantis que tu auras aussi droit à un rendez-vous avec un psychologue.

La joueuse fronça les sourcils et soupira, avant de pencher la tête en arrière. Le poids la libéra enfin. Sitôt cela fait, elle se redressa et, se fichant bien de ce qui s'était passé, fonça dans tous les délinquants jusqu'à retrouver Lune, sur qui elle se jeta. Lui faisant un long câlin, le serrant aussi fort qu'elle le pût dans ses bras frêles et meurtris. D'ailleurs, elle se fichait bien que l'on voie ses mutilations. Quelques petites larmes coulèrent à nouveau.
Les séchant, elle se retourna, faisant signe aux résidents de s'en aller. Les chassant de la manière dont on chasse les mouches ou les êtres indésirables. Qu'ils s'en aillent, ils n'avaient rien à faire ici. Une fois le salon vidé de ces parasites, elle posa ses paumes sur les épaules de l'adolescent. Ses yeux étaient baignés de larmes, sans pour autant qu'elles ne coulent. Elle avait frôlé la mort. Peut-être même l'avait-elle été pendant quelques secondes? Allez savoir. Mais elle avait eu si peur! Si peur de ne jamais le revoir... Et ce, même si elle avait pu ''voir'' à nouveau son oncle, et ''rencontrer'' sa mère, portant son jumeau. Elle n'oublierait jamais ce qu'elle avait entendu. Hallucination? Elle n'aurait su le dire. Cela semblait trop vrai, trop réel. Bien sûr, elle ne pourrait cesser de se scarifier; et pour cause, elle n'avait jamais cessé de le faire pendant des années et des années. Cela faisait partie de sa routine, même si c'était très peu ragoûtant. Mais une chose était importante : Elle était en Vie.

(HRP : Désolée, c'est court >.>')

(HRP : Il y a plusieurs liens dans certaines mêmes phrases ^^-.)

Le cœur de Rose n'en pouvait plus de battre aussi fort. Elle l'entendait jusque dans ses oreilles. Et ces bras qui la serraient, cette tête qui se réfugiait dans ses cheveux... Un petit sourire se dessina sur ses lèvres. Elle le serra fort contre elle, fermant les yeux. Il pourrait toujours pleurer sur son épaule. Toujours. Elle le laissa parler, l'écoutant sans mot dire. Qu'il se laisse aller, qu'il exprime ce qu'il ressentait. Elle ne répondit pas tout de suite, rouvrant seulement les paupières une fois qu'il eût terminé. Le laissant sangloter, cherchant ses mots pendant ce temps. A vrai dire, elle ne savait plus où elle en était. Doucement, de la voix la plus apaisante qu'elle le pût, elle prit la parole.

- Tu n'as pas à t'en vouloir, Lune. Je t'ai cherché.

Elle ne voulait pas qu'il se culpabilise. De toute manière, quoi qu'il fasse avec elle, elle trouverait toujours un moyen de rejeter la faute sur elle-même.

- Vas-y, pleure, si tu veux. Crie même, si tu en as envie.

Elle parlait toujours de cette voix qu'elle voulait apaisante; une voix qui laissait clairement transparaître son âge. Dix-sept ans. A cette pensée, elle raffermit quelque peu son étreinte, venant poser son crâne sur celui de l'adolescent.
Si elle n'avait pas déjà épuisé tout son stock de larmes, elle en aurait volontiers versées quelques unes.

- Désolée d'avoir été si égoïste.

Si elle le pouvait, elle effacerait sa mémoire. Tout y passerait, sauf Luca. Et elle ferait pareil avec lui, en veillant à ce qu'il ne se souvienne que d'elle. Qu'ils puissent débuter une nouvelle vie ensemble. Mais elle était vraiment trop égoïste de penser à ça.

- Et... Excuse-moi de l'être encore en faisant ce que je vais faire.

Elle avala difficilement sa salive.
Doucement, elle le prit par les épaules et s'éloigna de lui. Elle essuya ses larmes à l'aide de ses pouces et, tout en le regardant droit dans les yeux, s'approcha doucement de lui. Elle posa presque tendrement sa bouche contre celle de Luca, puis referma les paupières. Avec tout l'amour qu'elle ressentait pour lui, elle l'embrassa, venant même timidement et après une grande hésitation goûter sa langue. Avec une lenteur démesurée, elle le fit reculer, jusqu'à ce qu'il soit contre le canapé. Non, elle n'allait pas le violer. Elle descendit ses mains avec douceur, puis vint délicatement glisser ses doigts sous le légendaire marcel dont il était revêtu.
Pour l'occuper, elle intensifia légèrement l'échange. Elle voulait en être certaine. Timidement, sa main remonta le long des côtes du damoiseau; avant d'arriver à sa poitrine. Aucun doute n'était possible. Elle ne s'attarda pas dessus, et fit passer sa main dans son dos en une douce caresse. Homme ou femme, après tout, quelle différence? Elle l'aimait pour ce qu'il était, au diable le reste. Son autre main suivit le même parcours, sans le passage par la poitrine. Là, elle le serra contre elle.
Puis, avec précipitation mais tout en veillant à rester douce dans ses gestes, elle rompit le baiser; rouvrant les yeux. D'ailleurs, elle le couva d'un regard enamouré. Rectification : Un regard enflammé par l'amour serait plus juste.
Un petit sourire heureux se dessina sur les lèvres de l'As de Trèfle. Elle enfouit la tête dans son cou et y déposa ses lèvres durant quelques secondes, avant de remonter son gosier vers l'oreille de Lulu pour y murmurer quelques mots.

- Je t'aime.

Maintenant qu'elle le lui avait dit une première fois, les autres paraissaient beaucoup plus aisées. Se détachant à regret de lui, elle alla prendre place sur l'un des divans. Un peu comme si elle voulait réitérer ce qui s'était passé à son anniversaire, lorsqu'il l'avait ramenée dans le dortoir en la portant et qu'il avait fini au-dessus d'elle. Sauf que, maintenant que chacun avait embrassé une fois l'autre, cela prenait des proportions bien différentes. Après tout, ne dit-on pas que l'amitié finit souvent en amour? Okay, le reste du proverbe n'était pas aussi rose. Mais ce n'était pas grave. Quoi qu'il arrive, elle savait qu'elle l'aimerait. D'une manière ou d'une autre. C'était inévitable.

- Je t'appartiens, Lu'. Tu peux faire ce que tu veux de moi.

Elle avait dit tout haut ce qu'elle avait pensé trop fort, mais cela n'avait guère d'importance. Maintenant qu'ils étaient seuls, il pouvait bien décider de son sort, elle n'en avait rien à faire. Elle s'offrait corps et âme à lui, elle lui faisait confiance. Après tout, il était le seul à savoir combien la Rose avait d'Épines.

(HRP : Désolée, j'ai piqué ton idée de phrases-images >w<' Mais c'était trop tentant. En plus, vu que j'avais la musique dans les oreilles hier soir en te tapant la réponse, je savais direct quoi mettre à quel endroit des paroles XD. Désolée du retard, aussi!).

Rose ne bougeait pas. Elle se contentait d'être là, à couver l'adolescent du regard. Et ce même si ses joues étaient aussi humides que celle de l'As peu de temps auparavant. Elle le regardait, impuissante, sans savoir comment réagir. Elle le laissait parler, même si elle mourrait d'envie de se relever et d'essuyer ses larmes. Elle restait là, comme si son corps pesait une tonne. En revanche, elle se redressa lorsqu'il s'enfouit la tête dans les bras; une mine inquiète plaquée au visage. Et il se pencha sur elle pour l'enlacer; étreinte qu'elle lui rendit tendrement. Il vint enfouir la tête dans son ventre, la faisant ainsi se rallonger. Elle l'écouta tandis qu'il dirigeait sa main vers sa chevelure. Un petit gémissement à peine audible, à la fois surpris et inquiet, franchit ses lèvres alors qu'il acheminait sa main vers sa jambe. Et il y eût la question fatale. Bien sûr, elle lui faisait confiance. La main s'avança dans l'entre-jambe, provoquant un frisson légèrement craintif à la joueuse. Son coeur manqua un battement lorsqu'il passa un doigt sur son sous-vêtement. Mais il y avait un point positif : Il ne pleurait plus. Il ne tremblait pas, non plus. Elle apprécia le court baiser qu'il lui offrit, le regardant ensuite s'allonger sur sa poitrine. Elle se tendit finalement lorsqu'il se mit à tenir sa nuque. Fort, mais sans brutalité. Elle se décida donc enfin à répondre. A lui répondre.

- B-Bien sûr qu'oui... J'te fais confiance.

Après tout, elle lui avait fait confiance lorsqu'il avait manqué de la tuer. Elle remarqua que sa respiration s'était légèrement accélérée. Mais... Elle n'arrivait pas à comprendre ce qu'il faisait. Ce qu'il voulait faire. Bien entendu, il n'y avait pas trente-six mille solutions. Elle se mit à gigoter un peu, pas très rassurée. Elle avait l'impression qu'il n'était pas dans son état normal.

- Mais... Qu'est-ce qu'tu fais?

Et elle s'immobilisa à nouveau. Elle lui faisait confiance. L'une de ses jambes se fléchit, tandis qu'elle agrippait son marcel.

- Pardon. J't'ai dit qu'tu pouvais faire c'que tu voulais d'moi, j'ai pas l'droit d'faillir à ma parole.

Elle n'avait qu'une parole. Et elle comptait bien la tenir. Elle pencha la tête en arrière, et ce malgré la paume qui maintenait sa nuque. Elle était légèrement crispée. Et surtout, elle ne savait pas comment réagir. Elle s'était piégée toute seule. Sa jambe fléchie reprit sa place initiale sur le canapé.

- Et... Si, t'as le droit. Si, j't'appartiens.

Elle avala – difficilement – sa salive.

- Par contre, nan... Tu m'appartiens pas. J'suis pas quelqu'un d'bien, et j'veux pas qu't'en souffres. D'ailleurs, tu l'as bien vu, non?

Elle jeta un regard circulaire à ses bras meurtris. Puis, ses yeux remontrèrent sur la mèche rouge de l'adolescent. Elle avait l'impression de lui voler quelque chose. Ses larmes le lui prouvaient bien. Son coeur se serra. Elle avait l'impression de lui voler son innocence. Et... Son coeur se serra d'avantage lorsqu'elle remarqua quelque chose. Il ne lui avait pas répondu. Toujours pas. A moins qu'il ne l'aie fait involontairement.

- Tu m'aimes? Si c'pas l'cas... C'pas grave.

Ca lui passerait bien avant que ça ne le reprennes. Elle préférait même jouer les amies que l'amante s'il ne l'aimait pas de la même façon qu'elle. Sa main se desserra un peu autour du haut de Luca.

- Lune... Dis-moi... Quel âge t'as?

Elle voulait s'en assurer. S'assurer qu'elle ne lui volait rien. Elle se sentait prisonnière. Prisonnière entre coeur et raison. Cela faisait un peu trop stéréotypé, mais bon. Elle laissa ses yeux vagabonder sur le plafond. Pour ne pas voir. Ne pas voir le mal qu'elle faisait. Même s'il ne lui restait qu'un œil, elle avait l'impression que c'était déjà trop.

(HRP : Désolée, c'est court... *se sent toute petite *. Pas de soucis pour le retard, je fais pire! Et merci XD. Au fait, joli, ton nouveau vava =3 (même si les cheveux plus longs donnent un air plus efféminé à Lulu... *SBAF*))

Elle avait beau lui faire confiance, elle ne pouvait se résoudre à le laisser faire : Elle sentait que quelque chose avait changé en lui; changé entre eux. Elle avait gaffé et d'une belle manière. Même si elle voulait réagir, elle ne pouvait se résoudre à bouger. Et finalement il lui répondit. Quinze ans. Deux de moins qu'elle. Après ce qu'il dit, elle se remémora les instants qu'il avait cités. Oui. Le trois Décembre. Où ils l'avaient retrouvé dans les bras d'un rouquin. Un rouquin qu'elle avait jalousé.
Elle s'efforçait de ne pas bouger, se laissant faire bien docilement comme un pantin auquel on aurait coupé les fils et tué le marionnettiste. Elle se mordait la langue, se faisant force pour se persuader qu'il ne lui ferait rien. Du moins, pas sans son accord. Elle sentit sa gorge et son coeur se serrer douloureusement à l'entente de sa réponse : Bien sûr, à quoi s'était-elle attendu. Soit, elle ferait l'amie. Elle s'en persuadait lorsqu'elle entendit la suite de ses paroles. Mais cela n'avait ni queue ni tête... Elle ne comprenait plus. Elle ne voulait pas l'obliger. Un faible sourire étira ses lèvres lorsqu'il parla de la vie qu'il voulait mener. Et soudain, il la lâcha, lui souriant, laissant sa main sur son genou. Elle rabaissa les yeux vers lui, son sourire s'éteignant. Il lui souriait et la regardait tendrement, comme elle avait toujours voulu qu'il la regarde. Mais pas dans ces circonstances-là. Elle ne croyait pas au prince charmant, et pourtant elle en avait rêvé. Elle avait rêvé de Lulu dans le rôle de ce prince. C'était risible. Il s'excusa, se releva et s'en alla; venant se poser sur l'un des autres fauteuils de la pièce. Elle se sentait vide quand il était loin d'elle. Vide comme une coquille. Et froide comme un iceberg. Oui, elle avait froid quand il n'était pas là. Plus froid encore que lorsqu'elle se mutilait. Et il répéta son âge.
L'espace d'un instant, aucun des deux ne fit rien. Statu quo. Et finalement, elle se massa les tempes; avant de se rouler en boule. En position fœtale. Dos à lui. Elle s'enfouit la tête dans les genoux. Perdue.

- Lu', j'y comprends plus rien. C'que tu dis a pas d'sens. Un coup tu dis qu'tu m'aime, l'autre coup tu dis qu'chuis qu'une amie... J'm'en sors plus. Sois clair, s'te plaît. Que j'sache à quoi m'en t'nir.

Elle enfouit un peu plus son faciès dans ses genoux, fermant les yeux; un petit soupir n'étant aucunement teinté d'une quelconque expression ou d'un sentiment quel qu'il soit franchir le seuil des lèvres de la joueuse. Une joueuse de cartes qui, pour une fois, avait enlevé ses artifices. Elle n'était pas maquillée. L'avait-il remarqué?

- J'lâch'rait pas l'morceau, tu m'connais.

Ses sourcils s'arquèrent tandis qu'elle se cambrait un peu plus, jusqu'à être complètement recroquevillée sur elle-même.

- C'pas qu'j'en ait pas envie, 'spèce d'idiot. Mais... C'tait ta manière d'le faire... Qui m'faisait peur.

Elle rouvrit lentement les yeux, laissant quelques secondes de silence après lesquelles elle se rassit décemment sur le canapé. Ses prunelles cherchèrent l'adolescent du regard. Une fois qu'elle l'eût trouvé, elle fixa la mèche rouge sans y faire vraiment attention.

- J'te l'ai dit, t'peux faire c'que tu veux d'moi. Tout c'que tu veux. J't'appartiens, j'te l'ai dit. Enregistre donc ça.

Elle se mit debout. Ses jambes lui semblaient être de coton. Elle se dirigea vers lui, pour finalement se mettre à genoux devant lui. Son œil valide fixant toujours ceux du jeune homme. Elle posa avec légèreté les mains sur ses genoux, détournant le regard.

- T'es l'seul à avoir l'droit d'me faire souffrir. D'me tuer, même.

Un frisson d'horreur parcourut son échine : Il avait failli le faire. Elle referma les paupières. Elle était au moins aussi têtue qu'une mule, il devrait le savoir.

- Si t'en avais envie, fallait pas t'arrêter.

Par la suite, elle enroula les hanches du jeune homme de ses bras; venant poser la tête sur ses cuisses.

- Mais tu vois, c'est c'que j'te disais sur l'toit : J'ai tout niqué.

Leur relation était devenue différente. Or, s'il y avait bien une chose qu'elle redoutait ardemment, c'était celle-ci. Elle soupira à nouveau, avant de rouvrir les yeux. Sans pour autant le regarder.

- Dis-moi d'faire un truc, quel qu'il soit, et j'le f'rais.

Elle ferait tout ce qu'il voudra, pour la simple et bonne raison que c'était lui. Lui, et pas un autre. Quoi qu'il lui demande, elle exécuterait sagement ses ordres. Pour lui. Elle quitta ses genoux, restant accroupie devant lui. Commençant doucement à défaire son nœud papillon.

- S'tu veux poursuivre c'que tu f'sais avant... Vas-y.

Elle ôta le ruban jaune, puis remit deux mèches des innombrables qui s'était échappées de sa queue-de-cheval derrière ses oreilles. Les paupières à nouveau closes, elle ôta son haut et sa jupe, se retrouvant ainsi en sous-vêtements devant lui. Ses joues s'étaient couvertes d'un léger rouge.

- J'f'rais absolument tout c'que tu voudras, t'as ma parole.

Elle n'osait pas rouvrir encore une fois les yeux, de peur de ce qu'elle lirait dans son regard suite à ce qu'elle venait de faire. Elle eût légèrement la chair de poule : Même si on était en Juin, le salon était un peu frisquet. Et sans un corps chaud contre le nôtre lorsque l'on est presque entièrement nus, il fait froid.
Rose ne pensait plus, se contenant d'agir. Elle croisa les bras dans son dos, baissant légèrement la tête comme pour prouver une sorte de soumission. Comme s'il l'avait ''asservie''. Elle défit entièrement sa queue-de-cheval, laissant l'élastique choir avec ses vêtements, avant de recroiser les bras sous ses omoplates. Agenouillée face à lui, prête à satisfaire le moindre de ses désirs. Même le plus saugrenu. Un peu plus et elle l'appellerait « maître ». Elle avait envie de pleurer sans trop savoir pourquoi. De toute manière, même si elle avait voulu pleurer, elle doutait d'avoir encore de quoi le faire : Elle avait déjà tant laissé couler de larmes aujourd'hui qu'elle ne pensait pas en avoir encore en stock.
Son attitude vous surprendrait-elle? Ne vous effrayez pas. L'as de trèfle est ainsi lorsqu'elle est folle amoureuse. Eh oui, car si elle était amoureuse tout court, elle réagirait différemment. Là, un amour dingue l'avait gagné; de sorte qu'elle n'était même plus sûre d'être encore maîtresse d'elle-même. Elle s'offrait à lui, corps et âme. Elle répondrait au moindre de ses désirs, faisant taire tout cet amour débordant pour être une simple amie s'il le voulait. Elle se donnait toute entière à lui : Son coeur, son corps, son âme, ses rêves, ses espoirs, ses envies et sa vie lui appartenaient. Il pouvait choisir de tout briser s'il le voulait. Il était le seul maître de la jeune fille. Il pouvait bien la posséder ou la rejeter que cela ne ferait pas de grande différence : Tant qu'il était heureux, elle était prête à tout. Absolument tout. Même arrêter cette curieuse drogue qu'était celle de la mutilation. A présent, elle avait l'impression qu'il lui était vital. Et même; qu'elle avait été créée pour lui. Lui, et lui seul.

Il détourna les yeux. A cela, elle ferma les siens. Sa question la surprit, mais elle ne dit rien. Ne fit rien, non plus. Restant là, sans bouger, comme une statue. Une statue de cire, qu'un peu de chaleur suffirait à faire fondre. Elle entrouvrit les yeux en le sentant se pencher sur elle, les lèvres sur son front. Ses bras se décroisèrent pour venir étreindre le jeune homme. Tout doucement. Il voulait trois choses. Très bien, elle était prête à les lui accorder. Elle pourrait tout lui donner. L'amour rend aveugle. Elle le laissa parler, frissonnant en sentant la main de l'adolescent dans son dos dénudé. Pour la première des demande qu'il lui fit, elle souria intérieurement : Il n'avait pas besoin de demander. Pas ça. A la seconde en revanche, elle se crispa légèrement; ses yeux s'ouvrant entièrement. Du temps. C'était d'accord, elle lui en accorderait. Quant au troisième vœu qu'il avait à formuler... Elle raffermit son étreinte, voyant la larme fine et cristalline qui vint fendre sa joue tandis qu'il la regardait dans les yeux. Elle ne voulait pas qu'il pleure. Elle écarquilla quelque peu les yeux en entendant le dernier truc qu'il voulait d'elle. Vivre. Il vint cueillir ses lèvres. Sans plus réfléchir, elle lui rendit amoureusement son baiser. Comme il le voulait. Et le baiser dura. Longtemps. Aussi longtemps qu'elle le pût, avant d'être coupée par un manque d'oxygène. Elle s'écarta un peu de lui, ancrant ses prunelles dans celles du damoiseau, repoussant la mèche rouge devenue longue – peut-être trop – derrière l'une de ses oreilles.

- C'est d'accord.

Elle n'avait pas besoin d'en dire plus. Doucement, elle ramena ses vêtements à côté d'elle. Avant de le câliner à nouveau. Comme auparavant, comme ils l'avaient si souvent fait. Moins innocemment cependant. Sans doute.

- Prends tout l'temps qu'y t'faudra. J'te force à rien.

Elle rendit sa prise un peu plus ferme; comme s'il était du sable. Elle ne voulait pas qu'il lui file entre les doigts. Pas maintenant.

- Mais...

Elle s'arc-bouta légèrement, enfouissant la tête dans son cou sans pour autant frotter la cicatrice. Lui faire mal était bien la dernière de ses envies. Elle laissa sa phrase en suspens durant quelques secondes. Le temps de choisir la meilleure formulation.

- ... M'oublie pas, j't'en prie.

Elle avait connu trop de gens qui, une fois qu'ils avaient obtenu ce qu'ils voulaient d'elle, s'en étaient allés. Des prétendus amis. Des lâches. Ou alors, des gens qui étaient tout bonnement disparus de la circulation. Comme ça, sans raison. Sans que rien ne leur arrive. Ils s'en étaient allés de sa vie comme ils y étaient entrés : En une fraction de seconde, même pas.
Vivre... Oui, elle le ferait. Elle vivrait. Pour lui. Elle avait quelqu'un pour qui compter ses jours, à présent. Mais... Même s'il lui demandait, c'était trop vague. Devait-elle cesser de se mutiler? Devait-elle ne plus tenter de mettre fin à ses jours?

- Par contre, pour l'troisième point... J'veux bien... Seulement... T'es trop vague. Qu'est-ce que j'dois faire, j'dois comprendre quoi? D'arrêter ces... Marques; sur mes bras? Ou simplement rester en stand-by? S'te plaît, j't'accorderais tout, mais explique-moi.

Doucement, elle posa ses mains sur les épaules de Luca, le repoussant sans brusquerie aucune. Le regardant droit dans les yeux, avant que ses iris ne se déposent sur le tas de vêtements. Ces vêtements, qu'elle était si peu habituée à porter. Elle ne savait pas quoi faire. Ou plutôt, elle ne savait plus quoi faire. Quel comportement adopter? Comment réagir? Que faire? Comment? Pourquoi? Tant de questions se bousculaient dans sa tête, lui donnant un mal de crâne infernal. Infernal certes, mais supportable. Des paroles lui revinrent en mémoire. D'Edith Piaf. Comme ça, cela lui venait sans qu'elle ne parvienne à expliquer pourquoi.
Quand on y réflechissait, ces paroles n'avaient pas grand sens : Il ne partait pas en voyage. Si seulement elle avait pu savoir ce qui se passerait ensuite... Mais non. Elle n'était pas devin. Elle n'était qu'une personne comme toutes les autres. Une personne normale, qui faisait des erreurs telles que perdre un oeil ou enfreindre la justice. L'erreur était humaine. Elle n'avait pas de quoi s'en vouloir de pouvoir aimer. Elle s'en voulait par contre d'avoir tué son jumeau en venant au monde. Mais elle ne voulait pas qu'on la prenne en pitié à cause de son passé. Surtout pas! La clémence, elle n'en voulait pas. Il en allait de même pour la pitié, et tous les autres sentiments approchants. Personne n'avait le droit de la blanchir de tel ou tel acte à cause de telle ou telle chose de son passé. Ce serait trop ridicule à ses yeux.

Rose avait promis. Elle n'avait qu'une seule parole. Elle répondit à son sourire, et ce même si elle voyait bien que c'était un sourire vide. Comme ceux qu'on esquisse sans s'en rendre compte. Tant mieux, tant pis. Son sourire s'étira encore un peu, se teintant d'une pointe de mélancolie, tandis qu'il venait à nouveau l'étreindre. L'envelopper dans cette chaleur qu'elle aimait tant. Sa chaleur à lui.

- Alors j'm'en sortirais. Pour toi.

Elle n'avait même pas remarqué qu'il avait fermé les yeux. Un frisson la parcourut alors qu'il passait une main dans son dos, une délicieuse petite chair de poule se déclenchant lorsqu'il passa un doigt sous son soutien-gorge. Que faisait-il? Elle ne comprenait pas. Ce n'était pas déplaisant, au contraire. Mais vraiment étrange. Et deux petits cliquetis se firent entendre, alors qu'elle sentait son sous-vêtement s'affaisser. Elle ferma à son tour les paupières, baissant très légèrement la tête. Presque imperceptiblement. Elle était prête à tout pour lui. Il pouvait faire ce qu'il voulait d'elle. Elle avala sa salive pendant qu'il venait mettre sa main sur son épaule, venant faire glisser la bretelle noire. Un nouveau petit sourire étira ses lèvres en même temps qu'il déposait ses lèvres sur sa joue, sa nuque, son cou; que son nez venait effleurer sa clavicule, qu'il croisait les mains dans son dos pour l'attirer à lui. Malgré les circonstances, malgré son incompréhension, elle se sentait sereine. Comme si elle avait retrouvé une paix intérieure. Le silence qui régnait à présent était assez doux, d'ailleurs. A moins que ce ne soit psychologique. Elle répondit tendrement à l'étreinte. Le gardant dans ses bras durant quelques minutes, sans rien faire. Juste à le sentir contre elle. Après quoi, elle ôta ce morceau de tissus qui, à moitié enlevé, la gênait dans ses mouvements. Il vint se joindre à l'autre tas de synthétiques, tandis qu'elle le reprennait dans ses bras.
Et, soudainement, comme si ses jambes étaient devenues trop lourdes, elle s'allongea. L'entraînant dans sa chute; sans l'inciter à quoi que ce soit. Lui prodiguant de ce fait un long câlin, avant de venir taquiner son oreille. Elle déposa un baiser sur sa tempe, après lequel elle alla doucement lui mordiller le lobe de l'oreille. Elle ne ferait rien sans qu'il le veuille. Elle le respectait trop pour cela. Puis, elle alla se cacher dans son cou, venant y répandre son souffle car ne sachant que faire. Avec les autres, elle aurait foncé tête basse. Avec les autres, oui. Mais pas avec lui.

- Pourquoi... Pourquoi j'ai l'impression qu'c'est un des derniers moments qu'on vit ensemble?

Cette étrange impression ne la quittait pas. Une impression désagréable. Elle ne voyait pas pourquoi ils seraient séparés. De tout manière, à Teenagers, impossible de s'éviter. On se recroisait forcément tôt ou tard. Elle ne savait pas pourquoi elle avait ce genre de ressenti. Il n'y avait aucune raison que le temps qu'il lui avait demandé les sépare. Elle raffermit quelque peu son étreinte, inconsciemment.

- Je... J'veux pas t'quitter.

Elle retint de justesse un « jamais » à la fin de sa phrase. Se contentant d'être là, offerte, prête à satisfaire le moindre de ses désirs, la moindre de ses envies. Tout ce qu'il voudrait. Elle était là pour n'importe quoi, du moment que cela venait de lui. Le fait d'être presque nue devant lui ne la dérangeait même pas. Comme si c'était la chose la plus naturelle qui eût été. Et elle restait le visage enfoui là, à humer son odeur. Le gardant contre elle, comme si elle avait peur d'avoir froid ou de s'enrhumer s'il s'en allait. On ne pouvait pas dire qu'elle tomberait malade. Cela, de toute façon, elle l'était : Elle était malade d'amour. Alors que pourtant, l'amour la dégoûtait en général. Mais pas là.
Timidement, l'une de ses mains glissa le long de son dos jusqu'à arriver à ses hanches. Elle enfouit encore d'avantage son faciès dans l'arabesque du cou de Luca. Deux de ses doigts parvinrent à passer sous le marcel. Elle alla ensuite avec une légère hésitation passer sa main plus loin sous le vêtement, sa paume s'aventurant jusqu'à effleurer la chute de reins du damoiseau pour enfin s'y déposer. Rendue là, elle caressa doucement cette partie de l'anatomie du jeune homme, sa seconde main restant autour des épaules de ce dernier. Son coeur eût un raté. Elle murmura quelques paroles du bout des lèvres. Des paroles qu'elle lui avait déjà dites, qu'il avait déjà entendues aujourd'hui. Juste deux mots.

- Je t'aime.

Elle frotta quelques secondes sa joue contre celle de l'adolescent, cherchant sa bouche. Une fois qu'elle l'eût trouvée, elle vint l'embrasser amoureusement. Refermant les paupières pour mieux profiter de cet instant, si unique. Elle voulait apprécier ces quelques instants à leur juste valeur, afin de pouvoir se les remémorer pour toujours.

(HRP : Pas de soucis ^^.)

Luca se laissa doucement glisser dans un demi sommeil, bercé par les gestes de Rose. Elle était douce, tout ce qu'il y a de plus délicat pour un être humain. Et malgré qu'il savait qu'il se compromettait en acceptant cela, c'était pour lui bien suffisant.

Pourtant il avait besoin de savoir s'il pouvait prendre plus. S'il était capable d'accepter plus. Et il le voulait. Dans ses bras il remerciait le ciel auquel il croyait si peu de l'entendre dire qu'elle s'en sortirait. C'était promit maintenant. Elle allait s'en sortir. Et un jour ...

Et puis Lu se mordit les lèvres lorsqu'elle titilla son oreille presque timidement. Sentir et entendre son souffle avec une telle intensité lui faisait une drôle d'impression, quelque part dans son corps, sans qu'il ne put vraiment situer où. Ce n'était pas désagréable ; c'était loin de l'être. Et puis ça s'arrêta, et Rose revint dans son cou, nichée contre lui, sa poitrine nu serré contre son corps. C'était bon de la sentir. La sentir avec si peu de barrière. La barrière des mots et des gestes que l'on donne d'habitude, la barrière de ses vêtements, et tant d'autre chose qu'elle avait décider de retirer pour n'être que là, près de lui. Rose, n'as-tu pas peur que je te blesse quand tu n'est protégée par rien ?

La question lui serra le cœur. Très fort, tout se tordit encore, sa misérable pompe à sang sans sentiment et son estomac vide de vrai chose, seulement rempli d'artifice : la honte. Une honte véritable qui n'est cachée par rien si ce n'est ce mur qu'il tente de dresser avec peine.

Il n'y arrive pas. Elle avait tout défait, s'était défaite de tout pour lui. Il la voulait encore avec elle, il ne voulait pas encore s'évanouir dans cette forme de conscience morte et stérile : celle de son regard sans lueur, ni de peine ni d'espoir, de ses mots sans emportement, de ce mur gris et vide qu'il devenait lorsqu'il avait peur que son être soit touché trop profondément. Non il voulait offrir un peu de sa chaleur, de son affection sans commune mesure, de cet amour trop pur qu'il tentait de salir pour le rendre plus porche, plus vrai pour qu'elle puisse avoir l'impression de pouvoir le toucher.

De toucher comme elle le serrait désormais. Le serrait un peu plus fort pour lui dire la vérité, la vérité double dans son cœur et dans le sien, son cœur de chaire, son cœur de vie, sa petite vie qui semblait maintenant entrelacé avec Luca, avec Lu Cantarella.

*Moi non plus, je ne veux pas te quitter.*

*Mais je vais le faire. Pour une temps.*

*Ce ne sont pas nos derniers instants Rose : ce ne sont pas les dernières fois. Il y en aura tellement d'autre après que j'ai franchi ce mur*

*Si je franchis ce mur*

*Si tu m'attends là-bas.*

L'étreinte dura longtemps sans qu'il ne fit rien d'autre que la serrer aussi fort qu'elle le serrait, son visage dans ses cheveux noirs, à respirer son air. Son air de femme, d'amie, de fille, de corps, de peau.Cette odeur, ce chaud. Et Rose fit filer ses doigts sur sa peau pour lui arracher un frissonnement de surprise ... Et de plaisir ? Il ne savait pas. Il n'avait pas envie de savoir. La seul chose qu'il savait, c'est qu'il avait tremblé, et il ne chercha pas à cacher son geste instinctif. Il la laissa faire, croisant ses jambes avec les siennes et la gardant tout près. Il avait peur. Encore.

De lui-même.

D'elle.

D'eux.

De tout.

De rien.

Et cette nouvelle déclaration se diffusa en lui comme une chaleur d'une douceur infinie, comme une vague légère d'apaisement chaleureux, sans que rien en lui ne brûle ou ne s'enflamme.

Et lorsqu'il la sentit sur sa joue, ses lèvres restèrent entrouvertes, sans respiration, dans l'attente, pendant de longue secondes. Son souffle s'était ralenti, voire stoppé. Et lorsqu'enfin il la sentit se rapprocher, il inspira et aspira les lèvres de la fleur, répondant à la quémande de cette danse plus enflammée, comme guidé par une envie soudaine de prendre, et non de donner. Celle de rafler, celle d'aspirer en lui une chose, tandis que son esprit encore éveillé lui chuchotait doucement à l'oreille son premier but : un échange. Ses lèvres se promenèrent sur celles de leurs sœur pour laisser passer sa langue qui vint chercher sa jumelle, tenter de l'enserrer, une nouvelle fois. Ses mains revinrent sur les côtes de la jeune fille pour plaquer son dos au sol, ses jambes encore entrelacés à celles de Rose, se penchant, courbé vers elle, et fit remonter ces deux mains le long de son corps dénudé, passant par ses seins, ses épaules et son cou pour attraper son visage et la ramener un peu plus fort vers lui, approfondir l'échange, approfondir ce baiser qui soudain devenait alors un peu plus virulent et brûlant que l'instant d'avant. Ses yeux à demi clos ne cherchaient plus rien, et après que sa langue ait cherché vainement à ne faire qu'un avec le corps de la fille à demi nue il rompit doucement le charme et se laissa reposer sur elle, une seconde, deux, puis glissa sur le côté, un filet de salive sur le menton qu'il essuya d'un revers de la main avant de coller son oreille contre son cœur et de glisser sa main sur son ventre, son bassin, sur sa hanche en passant par dessous sa culotte, continuant de faire glisser ses doigts le long de sa peau, tenant Rose de son autre bras sur son côté en passant au dessous d'elle. Il ne comprenait pas vraiment ce qu'il faisait, ni pourquoi il le faisait, mais il sentait qu'il aimait l'avoir dans sa bouche, sur lui, sentant que rien ainsi ne pourrait les séparer. Ils étaient dans leur monde. Pour quelques secondes encore, pour quelques minutes ... Quelques heures peut-être. Le cœur battant, il laissa le sous vêtement à mi-cuise pour remonter dans l'entre-jambe de son ainée, couvrant cette partie brûlante de son corps, dans oser l'approcher, la toucher. Il voulait savoir qu'il en était capable, il voulait savoir si elle le voulait bien, il voulait savoir tant de chose qui, selon un oui ou un non pouvait l'arrêter.

"Rose ..."

Il glissa se tête, gêné par ses cheveux, pour se mettre au mêmes niveau que les yeux de l'interpellée et la regarda profondément, des yeux cette fois luisants, larmoyant sans peine, sans émotion triste ou joyeuse, juste dans l'obscurité de leur proximité, leur chaleur.

"Moi je t'aime. Tu le veux ?"

Sa paume se posa sur son pubis et ses doigts sur sa chaire. Avec crainte, il attendait la volonté de celle qui ne voulait plus en avoir.

[Alors ? Lu se barre en courant où on met un +16 yuri ? Sachant que normalement j'ai pas le droit de le faire puisque Lulu à 15 ans et pas 16 ^^"""]

Rose était comme plongée dans une autre galaxie. Mais pas seule, non. Avec Luca. Son Lulu. Elle avait souri intérieurement en le sentant réagir à la mince caresse qu'elle lui prodiguait. Elle ne savait même pas pourquoi ce sourire intérieur était né. Elle avait l'impression de se sentir utile, au lieu de tenir la chandelle. La baiser qu'il lui offrit ensuite lui semblait légèrement... Différent. Elle le laissa faire sans broncher. C'était agréable. Leurs jambes entrelacées aussi. Elle frissonna en le sentant replacer ses mains sur ses côtes pour plaquer son dos au sol, avant qu'il n'effleure sa peau. Les seins, les épaules, le cou... Pour finir sur les joues. Un très léger gémissement, à peine audible, fût étouffé par sa gorge tandis qu'il intensifiait leur baiser. Approfondissant leurs jeux de langues et de lèvres. Elle passa sa main libre dans les cheveux du jeune homme, avec une certaine passion. Et au bout de quelques seconde qui lui parurent trop courtes, il mit fin à l'échange. Il se reposa sur elle, et elle osa respirer à nouveau. L'instant d'avant, ç'avait été comme s'il était devenu son oxygène. Il glissa sur le côté, esquissant un mouvement de main pour s'essuyer le menton tandis qu'elle se léchait les lèvres du bout de la langue, comme pour récupérer la salive qui y restait. Elle se mit à rougir doucement en le sentant lui caresser le ventre, puis de plus en plus intensément. Le feu à ses joues atteint son point culminant alors qu'il passait la main sous le dernier rempart vestimentaire. Elle se tendit légèrement en le sentant y entrer. Une tension très légère, qui n'avait rien de brutal et qu'elle apprécia même. Et il inversa la tendance. Elle se laissa sagement faire, les yeux un peu clos. Ses globes oculaires se rouvrirent pendant qu'il laissait choir la culotte noire sur ses cuisses. Elle inspira un bol d'air par pur réflexe. Ou plutôt, instinct. Elle eût un discret hoquet de surprise en le sentant déposer sa main sur son intimité. Un hoquet, qui se trouvait plus être un sursaut qu'autre chose. Elle analysa rapidement ce qu'il lui avait dit. Aussi rapidement qu'elle le pût; ce qui lui parut être une éternité. Il lui avait dit. Il l'aimait. Il lui demandait même son accord, alors qu'elle s'était offerte entièrement à lui. Un doux sourire se calqua sur ses lèvres.

- Oui, j'le veux, si c'est ton désir. Tout c'que tu voudras.

N'osant bouger de peur de le gêner et ne sachant pas quoi faire, elle resta immobile. Longuement. Et finalement, elle s'humidifia les lèvres, allant poser sa bouche sur la peau du jeune homme, venant ainsi parcourir son cou. De temps à autre, sa langue avait l'air de déborder de sa bouche, et venait elle aussi s'aventurer sur cette peau qui lui semblait si ardente. Elle alla embrasser ses amygdales, revenant à la charge pour mordiller son oreille avec tendresse.
Osant enfin bouger un peu, elle revint glisser sa main sous son haut. Remontant le long de son corps, de sa peau si douce. Venant même survoler l'arrondi de sa poitrine, cet endroit qui prouvait sa féminité quoi qu'il se passe. Et pourtant, elle l'aimait tellement qu'il aurait pu lui faire croire sans aucun mal que les hommes avaient des seins; elle l'aurait cru. Toujours était-il qu'elle se mit à caresser le corps de l'adolescent, tout en douceur. Tendrement. Après tout, ce qu'elle s'apprêtait à faire demandait souvent mûre réflexion. Mais eux, ils n'y avaient vraisemblablement pas réfléchi. Ils n'étaient même pas ensemble. Et pourtant, ils s'aimaient, d'après les dires de chacun. Alors, autant faire un peu au feeling. Elle avala sa salive.

- Luca... Tu l'as d'ja fait?

La question était sans doute indiscrète. Mais elle avait besoin de le savoir, afin d'adapter ses gestes en conséquence. Elle ne voulait pas qu'il la prenne pour une sauvage dans cet acte censé être agréable!

(HRP : Désolée, c'est court T.T').

Rose se laissait faire, sagement. Elle était heureuse de pouvoir apporter un plaisir quelconque à son interlocuteur. Cet adolescent dont elle caressait le corps, qui cherchait à se frayer un passage en elle. Elle ne fût même pas surprise lorsqu'il apposa sa main sur sa nuque, venant saisir quelques mèches noires avant de lui dérober un autre baiser. Non, il ne l'avait jamais fait. Elle se tendit légèrement, aussi imperceptiblement que possible. Inutile de l'effrayer. Le baiser se fit plus intense et sa langue, un peu plus virile – semblait-il – alors qu'elle le sentait peu à peu s'immiscer en elle. Elle étouffa de justesse un gémissement appréciatif. Et il stoppa l'échange durant quelques secondes, haletant un peu avant de revenir à la charge. Avec ce même genre de baiser doux mais brusque qui, dans le fond, était plutôt plaisant. Et, comme pour contraster avec tout cela, la main qu'il avait placée entre ses jambes était aussi douce et légère que la plus fine des plumes.
Elle laissa l'une de ses mains au niveau de la poitrine de Lulu, l'autre venant parcourir ses hanches avec une avidité qui n'avait rien de brutal. Doucement, elle alla défaire sa braguette : Il serait plus aisé d'agir ainsi. De toute manière, vu ce qu'ils s'apprêtaient à faire, les vêtements avaient une importance moindre. Elle alla ensuite timidement abaisser son jean déchiré, ne parvenant même pas à lui faire quitter les jambes du garçon à la mèche rouge. Elle avait trop peur de mal agir, sans doute. Plus rien ne serait comme avant, et elle le savait. Peut-être que, lorsque l'amour se serait tu, ils pourraient avoir à nouveau une relation amicale. Comme avant, sauf que ce serait sans doute différent quand même. Au fond d'elle-même, dans son for intérieur, elle le savait. Elle en avait conscience. Et pourtant, dans l'état actuel des choses, cela ne l'effrayait pas. Pas encore, tout du moins.
Elle osa tout juste s'aventurer dans le sous-vêtement. Venant caresser doucement l'intimité du jeune homme – phrase paradoxale, à l'image de ce qui se passait dans la tête de l'As –, sans pouvoir se résoudre à aller plus loin. Pas encore, non. Il était trop tôt. Elle répondit avec passion au baiser, l'approfondissant volontiers. Comme pour ne faire qu'un avec lui. Ce qui, en réalité, n'était pas loin de la vérité. Elle voulait qu'il la possède, qu'il la fasse sienne. De toute manière, elle lui appartenait déjà, dans un certain sens. La main qu'elle avait déposée sur la poitrine de Luca se fit légèrement plus fiévreuse, tandis qu'elle venait lui couvrir toute la surface d'un sein, le massant doucement. A l'instar de lui, elle s'appliquait à avoir des gestes lents, légers et emplis de toute la douceur dont elle était capable. Seul le baiser était légèrement fougueux.

(HRP : Nyah, là aussi, post lamentablement court; désolée >.<').

Rose se sentait frissonner, elle sentait son échine s'électriser à chaque mouvement de Luca en elle. Luca, qui ne tarda pas à stopper le baiser tout en douceur pour reculer un peu. Elle fit de même, bien que son coeur batte violemment la chamade. Ce moment, qu'elle avait tant attendu et, en même temps, redouté. Mais elle ne pût s'empêcher de se sentir un peu coupable en le sentant s'appuyer sur son épaule nue pour pleurer. Oui, il pourrait toujours pleurer sur son épaule. Mais elle ne voulait pas le forcer. La main dont elle usait pour s'occuper de son sein glissa dans son dos, venant se déposer entre ses omoplates alors qu'elle avait à peine remarqué qu'il était plus proche d'elle. Elle l'écouta parler, son sentiment de culpabilité s'accroissant quelque peu.

- Luca... Je t'force à rien...

Et aussitôt sa phrase terminée, elle poussa un petit cri de stupeur étranglé. Elle frissonna plus fort, sursautant même un peu en le sentant y aller plus violemment en elle alors qu'il la serrait encore d'avantage. Par réflexe, elle le colla encore plus fort à elle, alors que sa respiration se hachait. Elle le savait, après ça, ils ne pourraient plus rire comme avant. Leurs moments ne seraient pas teintés de cette claire innocence enfantine. Mais elle n'y pensait pas. Sa main glissa jusqu'à arriver au niveau de ses fesses, le temps que l'autre prenne le relais dans son dos. Elle vint enfouir la tête dans son cou, y répandant un peu de son souffle devenu ardent alors que sa paume venait épouser la hanche du jeune homme. Un simple petit mot, poussé dans un soupir à peine audible, alla passer les lèvres de l'As.

- Prêt?

Elle n'était même pas sûre que ce mot soit identifiable, compréhensible. Distinguable. Ses doigts, légèrement tremblants, allèrent doucement; presque tendrement; se glisser sous le barrage vestimentaire. Un petit gémissement s'échappa des lèvres de la joueuse alors qu'elle effectuait cela. De plus, ses mouvements à lui commençaient à lui faire un sérieux effet. Elle lui caressa lentement le pubis, comme pour le prévenir. Et, très timidement, elle glissa sa main dans l'entrejambe humide de son partenaire. Un doigt allant timidement s'immiscer en lui, ou plutôt en elle. La douce chaleur mouillée qui s'échappait de l'intimité de Lu' était agréable. Elle resta un instant comme cela, avant d'oser s'activer avec lenteur. Elle resserra l'étreinte qu'elle avait sur lui, tandis qu'une mèche de ses cheveux de jais venait masquer son œil invalide. Elle déposa un baiser, puis deux, dans le cou de son compagnon. Pas un de plus, elle n'osait pas. C'était étrange : D'habitude, elle ne se mettait pas autant de barrages. Mais ce n'était pas n'importe qui, en même temps. C'était Luca Cantarella. Son ami, celui qu'elle aimait. Bientôt, son amant. Au féminin ou au masculin, peu lui importait à présent. Et à dire vrai, c'était même mieux qu'il soit une femme. Elle se libérait plus, avec les femmes. Elle n'avait rien contre les hommes, bien sûr, mais elle se protégeait un peu plus, avec eux. Sûrement à cause de son père. Et en fait, c'était plus simple qu'il soit une fille. C'aurait été trop beau qu'un homme soit comme lui, qu'un homme la comprenne sur quelques soucis féminins. Vraiment.
Elle commençait à sentir son bas-ventre la chatouiller. Doucement. Rien de notable. En fait, tout son être frissonnait. Alors un peu plus, un peu moins. Sa respiration s'était accélérée, légèrement entrecoupée par des soupirs fiévreux. Elle sentait un peu de sueur courir le long de sa colonne vertébrale. Et, subitement, elle roula sur le côté. Le gardant contre elle grâce à sa main, elle finit sur le dos, veillant à ce qu'il soit au-dessus d'elle. Adieu, innocence et pureté. Adieu, rires sans gêne et discussions sans culpabilité. Car oui, elle se sentait vraiment coupable. Elle voulait prendre ses jambes à son cou et s'en aller rapidement, en courant. Mais elle n'en avait pas la force. Et pas l'envie, non plus. Comme si elle voulait lui faire goûter quelque chose d'aussi exquis qu'unique. Elle se passa la langue sur les lèvres, celles-ci s'étant un peu desséchées. Elle déposa un baiser sur la tempe de l'adolescent, avant de revenir à sa bouche. Elle ferma les yeux, lui offrant un tendre et amoureux baiser. Tout cela aurait dû la chambouler, et pourtant à l'instant présent, elle se sentait comme... Apaisée. Rassurée. Protégée. Il faudrait qu'elle aille voir Aby, elle ne tiendrait pas sans lui dire quelque chose. Sans avouer. Sans se confier à quelqu'un, une tierce personne. Elle risquait peut-être de se prendre une claque ou un bon poing, mais elle se fichait éperdument de cela. Elle l'aurait mérité. Et les coups ne lui faisaient pas peur. Une de ses cicatrices la chatouilla, comme pour lui rappeler leur présence, à elle et ses consœurs. Elle les avait presque oubliées, ces dames dont elle usait au début pour attirer l'attention de son paternel ou pour l'adrénaline. Ces demoiselles qui étaient maintenant pour elle similaires à une drogue. Une drogue nocive : Si elle se ratait, elle pouvait mourir. Car oui, elle veillait à ne pas toucher les veines. Seuls les muscles souffraient.
Elle étouffa un petit gémissement, comme pour se ramener à la réalité. Son doigt accéléra à peine, venant s'aventurer légèrement plus profondément dans le corps de Lulu. Tout en douceur, s'entend. Elle était certaine qu'il pouvait sentir son coeur battre tant il le faisait fort. Une force inouïe, et dont elle ne se serait pas crue capable.

Il faisait chaud. Mais une chaleur agréable, loin d'être assommante. Elle ne pouvait s'empêcher d'apprécier qu'il soit au-dessus d'elle. Elle préférait toujours. Malgré leurs bouches jointes, elle ne pouvait s'empêcher de laisser de grands bruits s'échapper de sa gorge. Il avait poussé un gémissement à ce qu'elle lui faisait, chose qui prouvait qu'il aimait. A sa plus grande satisfaction, d'ailleurs. En le sentant la ''posséder'' encore un peu plus, elle ouvrit brusquement les yeux, laissant grimper de longs gémissements hachés, presque effrayés. Mais elle n'avait pas peur, non. C'était juste la surprise. Et en réalité, c'était comme si elle était sur le point de s'échapper, sans vouloir stopper le baiser. Heureusement qu'il la retenait. Elle se cambra quelque peu, et le seul signe d'accélération respiratoire vraiment notable fût ses gorgées d'air, prises rapidement par le nez. Remarquant qu'elle s'était arrêtée, elle continua les mouvements qu'elle effectuait en lui, son dos devenu raide sous tous ces sentiments mêlés revenant se coller au sol. Ses doigts se firent un peu plus rapides, alors qu'elle s'empressait d'étreindre la langue de l'adolescent à l'aide de la sienne.
La main qu'elle avait infiltrée dans le dos du damoiseau remonta lentement, lui effleurant l'échine du bout des doigts avant de se libérer de ce morceau d'étoffe. D'une main, elle entreprit de le lui enlever tout en douceur, sentant qu'il s'était légèrement humidifié sous toute la transpiration qui devait couvrir le corps de Luca. Et une fois cela fait, afin de l'empêcher de s'en aller à la dernière minute, elle remit sa main sur son omoplate; collant à nouveau son corps au sien avant qu'à nouveau, son bras ne vienne entraver son dos. Couvrant ses deux omoplates. Elle savait qu'il était mal à l'aise avec son corps, et le moment était trop unique pour qu'il parte. Elle le laissa donc entièrement plaqué contre elle, poitrine contre poitrine. Il pouvait sans doute sentir son coeur battre, elle en était persuadée.
Les yeux à nouveau mi-clos, elle regarda autour d'eux sans bouger la tête, prolongeant ce baiser en quelque sorte bienfaisant qui étouffait leurs manifestations vocales. Leurs vêtements épars donnaient vraiment un air négligé à cette pièce habituellement si bien entretenue. Ceux qui s'occuperaient du ménage auraient bien du travail, surtout pour nettoyer les tâches qu'auraient faites leur sueur au sol, une fois cette que dernière aurait séché. Ne se souciant plus guère de ce qui se passait autour d'eux, elle referma les paupières. Elle voulait ne faire qu'un avec lui, avec elle. Et jamais encore elle n'avait ressenti un désir si ardent, si pressant. Presque vital. Si seulement elle savait ce qui se passerait ensuite. Le manque de rencontre, de paroles. Le manque, tout court. Mais elle lui avait promis. Et elle tiendrait cette promesse. Pour lui. Ce garçon au féminin, cette fille au masculin – merci Indochine pour ces paroles, héhé –.
Son pouce alla à son tour titiller le clitoris de Lu', alors qu'elle continuait ses mouvements de doigts. Parfois, ses gémissements se faisaient si forts qu'elle était sûre qu'on devait les entendre résonner quelque part, contre un mur du salon. Malgré tout, ce n'étaient pas des cris. Pas encore. Elle ne s'égosillait pas, non plus. De temps en temps, elle avalait sa salive en plein milieu du baiser, avalant sans doute aussi celle de Lulu. Mais cela ne la dérangeait guère, au contraire. Autant bien faire les choses. Et hors de question de stopper l'échange. Non.
Une goutte de sueur perla le long de sa tempe. Elle sentait également que sa nuque s'était mouillée, sous toute cette chaleur. Ses cheveux, plus longs qu'elle ne le pensait, se collaient à chacune des parcelles de peau de l'As qu'ils pouvaient atteindre, la transpiration agissant comme une sorte de colle. Elle était persuadée – ou plutôt, sûre à quatre-vingt dix-neuf virgule neuf pour cent – que certaines mèches rousses de son interlocuteur s'étaient mêlée à la cascade d'encre qu'était sa tignasse. Des mèches rousses, et probablement aussi quelques-unes rouges. Le noir et le rouge allait plutôt bien ensemble, en général. Mais nous nous égarons.
La joueuse avait presque oublié la cicatrice que possédait son compagnon. Elle espérait ne pas lui avoir fait mal, ou lui faire mal tout court vu comme elle le tenait contre elle. Quoique, avec les vêtements, cela ne l'avait pas gêné. Alors peaux contre peaux, ça ne devait guère être différent. Son doigt alla explorer un peu plus profondément le corps du jeune homme, avec la même vitesse, et sans que cela ne soit trop. Juste une bonne cadence.

Rose sentait qu'elle allait bientôt atteindre l'extase. Les mots étaient inutiles, ils ne suffisaient pas. Ils ne suffisaient plus. Le sentir contre elle, en elle... C'était vraiment étrange, dans le sens positif du terme. Elle rouvrit les yeux en le sentant se frayer un chemin jusqu'à sa nuque, et fût surprise de trouver le doigt de son interlocuteur dans sa bouche. Un violent spasme, à la fois de plaisir et de surprise, la secoua alors qu'il venait s'occuper de son sein. Sur le coup, sa main libre se leva légèrement, avant de se mettre dans la nuque du damoiseau. S'il voulait la faire craquer, c'était bien parti. Finalement, il se redressa, retirant son doigt, avant de venir à nouveau l'embrasser. Un baiser passionné, envieux et doux; alors qu'il laissait ses jambes se frotter tendrement aux siennes. Elle accéléra un peu ses mouvements en lui, ses muscles se tendant un peu alors qu'elle se cambrait : La jouissance était proche. Elle captura encore une fois la langue de l'adolescent, sentant certains de ses muscles secoués de soubresauts internes. Sa respiration était de temps à autre entrecoupée de petits gémissements étouffés, et elle s'appliqua à rendre encore plus rapides les mouvements de doigts qu'elle effectuait. Et soudain, sans crier gare, elle rompit le baiser. Les yeux fermés, elle alla cacher son visage dans l'arabesque du cou de Luca, y lâchant un dernier gémissement alors qu'elle laissait ses fluides se déverser sur les phalanges du jeune homme. Elle en rougit, d'ailleurs. Au moins, lui, il avait été consentant : Elle ne l'avait pas violé. Et heureusement!

(HRP : Désolée, mon post est ultra-court et en plus, il est à ch*er >.<').

Rose ne tarda pas à sentir la seconde main de Luca venir rejoindre l'autre dans son dos, alors qu'il poussait des cris aigus. Et bientôt, lui aussi céda. Alors qu'elle sentait leurs jambes couvertes de transpiration autant que de leurs fluides, elle ôta ses doigts. Il se releva et s'accroupit, les chevilles à côté des hanches, les fesses au sol. La brune se redressa, mais elle eût à peine le temps d'essayer de s'asseoir que déjà, il lui prenait les épaules et l'enlaçait. Elle répondit à l'étreinte, puis au baiser qui suivit. Elle se sentait... Vivante. Pour la première fois depuis bien longtemps, elle se sentait en vie. Bien plus vivante que lorsqu'elle se mutilait, que lorsqu'elle faisait des conneries pour avoir une poussée d'adrénaline. Ce soir, elle avait l'impression d'être entière. L'adolescent finit par rompre l'échange pour venir lui glisser quelques mots à l'oreille. Elle sourit, sans se douter que bientôt, toutes ses certitudes allaient être mises en doute. A l'instant présent, elle n'y pensait plus. Ou plutôt, pas encore.

- T'en fais pas. J'risque pas d'l'oublier.

Elle le serra un peu plus fort contre elle. Lui déposant un baiser sur la tempe, elle se détacha de lui, ramassant leurs vêtements avant de les ramener. Elle se remit une mèche de cheveux derrière l'oreille.

- Tu... Tu r'grettes rien, au moins?

Elle, non. Durant sa phrase pourtant, elle n'avait pas osé le regarder. Elle se mordillait nerveusement la lèvre. Elle ne s'en était pas rendue compte, mais sa voix avait légèrement tremblé durant ses paroles. Si présentement elle ne regrettait rien, plus tard, les remords la rongeraient : Il était si jeune! De même, lorsque le manque de dialogue viendrait prendre place entre eux, elle se persuaderait sans doute qu'elle était fautive. Parce que Rosie fonctionnait comme cela : Elle se rejetait toujours la faute dessus, même si elle était innocente. Parce que c'était dans sa nature. Si un(e) parfait(e) inconnu(e) se faisait écraser en traversant la rue, elle s'en rendrait coupable par une raison X ou Y. S'enfoncer, toujours s'enfoncer, encore et encore. Pour se rappeler qu'elle n'était pas un légume, sans aucun doute.
Elle farfouilla parmi le tas de textiles, jusqu'à retrouver l'uniforme ridicule qu'elle avait revêtu. Un uniforme avec jupe alors que pourtant, les jupes étaient l'un des habits qu'elle détestait le plus. En fait, elle détestait particulièrement les robes. Les jupes venaient juste après. Mais nous nous égarons. Toujours était-il qu'une fois l'élastique retrouvé, elle entreprit de rattacher ses cheveux afin qu'ils ne la gênent pas. Une fois le ruban jaune qui servait de nœud papillon retrouvé, elle s'en improvisa un bandeau. Pour cacher son œil invalide, cette immondice qu'elle possédait, avec les moyens du bord.
Elle n'osait pas dire un mot de plus, et n'osait même pas se rhabiller. Elle se contentait de tripoter bêtement les pièces d'étoffe qui composaient ces vêtements. Elle n'osait même pas remettre son soutien-gorge, c'était pour dire! Elle inspira un grand bol d'air frais, fermant les paupières, dans l'attente d'une réponse. Luca était encore si pur... Elle avait l'impression qu'elle n'avait pas le droit de lui voler comme cela ce qui lui restait d'innocence. Si l'on pouvait tout du moins parler d'innocence à Teenagers! Peut-être serait-il plus juste de nommer cela « insouciance ».

- Et... Que penses-tu... De c'qui vient de s'passer entr' nous?

Elle avait l'impression que cette deuxième question pesait lourd. Elle ne voulait pas insister, ni renforcer ou affaiblir un quelconque sentiment chez son Lulu.

Rose était là, à triturer ses fringues, écoutant son compagnon parler. Elle releva les yeux vers lui en le sentant déposer la main sur sa joue. Il avait un regard attendri et serein qui la perturbait grandement. Elle le laissa faire lorsqu'il entremêla leurs doigts, faisant de même. Elle secoua la tête une fois qu'il eût fini, la baissant quelque peu.

- Dis pas d'conn'ries. Qu'tu sois Lucy ou Luca, j'm'en fous. T'es l'même pour moi. Et qu'importe ton âge, t'es maître d'tes actions.

Elle soupira. Ses doigts serrèrent un peu plus fort ceux de l'adolescent dans les siens, comme si elle avait peur qu'il s'en aille. En fait, c'était elle qui avait envie de fuir, sans savoir pourquoi. Conformément à ce qu'il lui avait demandé, elle le regarda.

- T'as pas été mauvais. Quant à savoir si t'aurais dû ou pas... J'peux pas répondre. Ca t'concerne toi, pas moi.

Non, pour quelqu'un qui avait eu sa première fois, il n'avait pas été mauvais. De toute façon, d'une certaine manière, elle aussi venait d'avoir sa première fois.

- Et au niveau de c'que tu pourrais dire ou penser, c'est pas c'que moi j'veux. T'es l'principal concerné par ça aussi, j'peux pas répondre à ta place.

Elle récupéra doucement sa main et se rhabilla avec lenteur. Presque comme si ça pesait trop lourd. Pourtant, elle se sentait bien. Incroyablement bien.

- J'regrette pas, loin d'là. J'm'en veux juste que ça s'soit passé ici. T'aurais p't-être voulu l'faire ailleurs, dans d'autr' circonstances.

Elle s'était relevée. Elle était debout, à présent. Elle le regarda avec une tendresse presque maternelle, le couvant du regard.

- On pourra jamais m'faire dire qu'c'était une erreur, à moi non plus.

L'envie de partir était presque trop pressante désormais qu'elle s'était rhabillée. Elle s'accroupit et mit ses mains de part et d'autre du visage du damoiseau.

- J's'rais bien restée... Mais... Faut qu'j'y aille.

C'était un demi-mensonge. Son coeur et sa tête étaient sur le point d'exploser, elle avait besoin de parler à quelqu'un. Il fallait qu'elle trouve Aby, ou Kyllian. Quelqu'un qui serait suffisamment proche d'elle pour trouver les mots justes.
Elle le prit fort – mais pas trop quand même pour ne pas l'étouffer – dans ses bras, lui offrant le plus doux des câlins dont elle était capable. Puis, elle l'embrassa et se recula, lui posant les mains sur les épaules, le regardant droit dans les yeux. Elle était vraiment sur le point de craquer, et elle ne voulait pas qu'il la voie ainsi. Elle allait sans doute pleurer, oui. De bonheur, probablement. Et elle ne voulait pas qu'il l'interprète mal.

- Je t'aime.

Après un long regard amoureux, elle se redressa et se mit à marcher vers la sortie. Une fois à la porte, elle se retourna une dernière fois, sans se douter qu'elle ne le reverrait pas avant longtemps. Et l'image qu'elle garderait de lui durant ce long silence serait celle-là : Lulu vêtu de son T-Shirt mais les jambes encore nues, un peu ébouriffé et les cheveux plus longs que la normale, ainsi que la mèche rouge; un peu trop longue elle aussi. Elle lui sourit, avant de sortir. A bientôt, Luca.

(HRP : J'espère que ça ne te dérange pas qu'on stoppe là ^^-?).